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DICTIONNAIRE
DU
LANGAGE POPULAIRE
VERDUNO-CHALONNAIS
(SAONE-ET-LOIRE)
F. FERTIAULT (Veruunois)
TRADUCTEUR DES NOELS BOURGUIGNONS ET MAÇONNAIS, ETC.
PARIS
LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER
1896
Tous droits réservés.
EN VENTE À LA MÊ)JE LIBRAIRIE
Bibliothèque de l'École pratique des Hautes Études
(section des sciences historiques et philologiques).
Pour le détail des 113 fascicules publiés jusqu'à ce jour
(mai 1896), voir le Catalogue général qui sera envoyé sur
demande.
ALEXANDRE, R. — Le Musée de la conversation. Répertoire
de citations françaises, dictons modernes, curiosités littéraires,
historiques et anecdotiques, avec une indication précise des
sources, 2' édition. 1 vol. in-8°, cart. en toile, tr. dorées. 5 fr. 50
ARBOIS DE JUBAINVILLE, H. d. — Études grammaticales
sur les langues celtiques, 1" partie. Introduction, phonétique et
dérivation bretonnes. 1 vol. gr. in-8°. 8 fr.
— Les noms gaulois chez César et Hirtius, « de Bello gallico ».
1" série : Les composés, dont Rix est le dernier terme. 1 vol.
in-18 Jésus. 4 fr.
BRACHET, A. — Dictionnaire des doublets ou doubles formes
de la langue française. 1 vol. in-8''. 3 fr.
CHABANEAU, C. — Histoire et théorie de la conjugaison fran-
çaise. 1 vol. in-8". 5 fr.
Chrestomathie de l'ancien français (IX'-XV siècles), pré-
cédée d'un tableau sommaire de la littérature françaire au moyen
âge et suivie d'un glossaire étymologique détaillé. Nouvelle
édition revue et augmentée, par L. CONSTANS. 1 volume
in-8°. 7 fr.
DARMESTETER, A. — De la création actuelle de mots nouveaux
dans la langue française et des lois qui la régissent. 1 vol.
gr. in-8°. 10 fr.
— Traité de la formation des mots composés dans la langue fran-
çaise, comparée aux autres langues romanes et au latin, 2' édit.
revue, corrigée et en partie refondue, avec une préface par
G. Paris, membre de l'Institut. 1 vol. gr. in-8°. 12 fr.
DELBOULLE, A. — Les fables de La Fontaine. Addition à l'his-
toire des fables, comparaisons, rapprochements, notes littéraires
et lexicographiques. 1 vol. in-18 jésus. 2 fr. 50
ERNAULT, E. — Glossaire moyen breton. 2' édition revue et
augmentée. Tome I, 1" j^artie. (A. -G.) 1 vol. gr. in-8". 10 fr.
ERNAULT, E., et CHEVALDIN, E. - Manuel d'ortografe fran-
çaise simplifiée. 1 vol. in-S". 3 fr. 50
GILLIÉRON, J. — Patois de la commune de Vionnaz (Bas-
Valais). Accompagné d'une carte. 1 vol. gr. in-8°. 7 fr. 50
DICTIONNAIRE
DU
LANGAGE POPULAIRE
VERDUNO-CHALONNAIS
PRINCIPAUX OUVRAGES DE F. FERTIAULT
Les Noëls Bourguignons de iî. de La Monnoye, liaduction
littérale. 1" édition en 1842; î' édiiioii en 1858, augmentée
des Noëls Maçonnais et illuslrée de 24 dessins de J. Ber-
trand. 1 vol. in-lC), chez A. P>igaud et A. Aubry.
Les Rimes de Dante (Sonnels, Canzones, Ballades), traduc-
tion littérale. 1'' édition en 1848; £' édition en 1854. 1 vol.
in-16, chez V. Lecou et A. Delahays.
Histoire pittoresque et anecdotique de la Danse, chez
tous les peuples anciens et modernes. 1 volume grand iu-32,
chez A. Aubry, 1854.
Le Poème des Larmes (eu collaboration avec M"'' Julie
Fertiault). 1" édition en 1858; 2° édition en 1860. 1 vol. in-16
avec portrait, chez L. Curraer.
Les Voix amies (Enfance, Jeunesse, Raiion), poésies (en
collaboration avec M"" Julie Fertiault). 1 vol in-16. chez
Didier & C'% 1864.
Les Féeries du Travail, Conférences familières sur les tra-
YSLUX de dames. 1 vol. in-16, chez Didier & C'% 1873.
La Chambre aux Histoires, choi.v des Nouvelles. 1 vol.
in-lG. chez Didier iS: C ^ 1874.
Les petits Drames rustiques, Scènes et Croquis d'après
nature. 1 vol. in-16, chez Didier & G'', 1875.
Les Amoureux du Livre (.Sonnets d'un Bibliophile, etc.).
Superbe vol. grand in-6°, imprimé par Louis Perriu et illus-
tré de 16 eaux-fortes de J. Chevrier, chez A. Claudia, 1877.
Le Berger du Béage, roman-biographie d'un berger, Régis
Breysse, devenu sculpteur. 1 vol. in-16, chez Didier & C'', 1880.
Histoire d'un Chant populaire de la Bourgogne. Brochure
in-16. 1883.
De la Levée du Doubs à la Pointe du Pré, Promenade
V'erdunoise. Brochure in-4°, 1884.
Les deux Vignerons, Dialogue en patois bourguignon et
en vers. Brochure in-8°, 1884.
Les Légendes du Livre, complément des Sonnets des
Amouretiœ du Lirre. 1 vol. in-8°, chez A. Lemerre, 1886.
Le Garçon à Sylvain, roman rustique, dans le Journal de
Foroalquier, 1888.
Croquis d'après nature, Sonnets Verdunois, etc. 1 vol.
ia-16, chez A. Lemerre, 1893.
CHALON-SUR-SA JNE. IMP. L. MARCEAU
T^u4d'"
DICÏIONNAIRJ:
DU
LANGAGE POPULAIRE
VERDUNO-CIIALONNAÏS
(SAONE-ET-LOIRE)
F. FERTIAULT (Vekdunois)
TRADUCTKUR DES NOKLS BOURGUIGNONS ET MAÇONNAIS, ETC.
PARIS
LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER
1896
Tous droits résercés.
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ercùii./z - â^ur - c^^auùiO
- oJyaaâd
et
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/rtyorv iXTi^aJ cl éctucahan,
ABRÉVIATIONS
Adj., — Adjectif.
A liera.. — Allemand.
Alp.Frib.,-Alpes-Fribourgeoises.
Amplif., — Araplificalif.
Angev., — Angevin.
Angl., — Anglais.
Angoum., — Angoumois.
Anj., — Anjou.
Ard., — Ardennes.
Art., - Artois.
Aub., — Aube.
Auv., — Auvergne.
Aveyr., — Aveyrou.
Avig., — Avignon.
Bas-bret.,— Bas-breton.
Bas-lat., — Bas-latin.
Bas-norm., — Bas-normand.
Basq.. — Basque.
Béarn., — Béarnais.
Besanç., —Besançon.
Bourg., — Bourguignon.
Bress., — Bressan.
Bret., — Breton.
Bugist., — Bugiste.
Cambr., — Cambrai.
Catal., — Catalan.
Celtiq., — Celtique.
Chai., — Chalon-sur-Saône.
Champ., — Champagne.
Char., — Charente.
Chatill.,— Chatillon.
Cogn., — Cognac.
Dauph., — Dauphiné.
Esp., — Espagne.
Kspal., — Espaliou.
Exclara., — E.tcIamation,-ative.
F. , — Féniiinin.
Flam., — Flamand.
Fland., — Flandre.
Fr.-Cté. — Franche-Comté.
Frib., — Fribourg.
Gasc, — Gascogne.
Genèv., — Genève.
Guern., — Gueruesey.
Guien., — Guienne.
Hain', — Hainaut.
H"'-Alp. — Hautes- Alpes.
H"-Auv., — Haute-Auvergne.
H'-Main., — Haut-Maine.
ll.-de-P>., — Ile-de-France.
Il.-V., — lUe-et- Vilaine.
lutr., — Intransitif.
Isèr., — Isère.
Ital., — Italien.
Lang., — Languedoc.
Lat., — Latin.
Lièg., — Liège.
Lira., — Limousin.
Loc, — Locution.
Local, div., — Localités diverses.
Lorr., — Lorrain.
Lunév., — Lunéville.
Luxemb.. — Luxembourg.
Lyon., — Lyonnais.
M., — Masculin.
Mac, — Mâcon.
Marcig., — Marcigny.
Marn., — Marne.
ABREVIATIONS
Mayen., — Mayenne.
Merv., — Mervans.
Mess., — Messin.
Montr. , — Moiuret.
Morv., — Morvan.
Nam., — Namur.
Neufch., -- N'eiifcbàiel.
Niveni., — Nivernais.
Norm., — Normand.
Pers., — Personue,-nel.
Pic, — Picard.
Poit., — Poitou.
Pouih., — Poiulaieu.
Pr., — Pronom, -inai.
Prov., — Provençal.
Puy-de-D., — Puy-de Dôme.
Renn., — Rennes.
Rom., — Roman.
Rouch., — Rouciii.
Rouerg., — Rouergne.
S., — Substantif.
Saint., — Saintonge.
S'-.\m., — .Saint-Amour.
Santer., — Saïuerre.
Sav., — Savoie.
Solog., — Sologne.
Suiss., — Suisse.
Suiss. r., — Suisse romande.
Toul., — Toulouse.
'l'our., — Touraine.
Tr., — Transitif.
V., — Verbe, Voyez.
Valog., — Valognes.
Vaud., — Vaudois.
Vend., — Vendée.
Verv., — Verviers.
Vo«g., — Vosges.
Vx. fr.. — Vieux français
Wall., ~ Wallon.
Yen.. — Yonne.
NOTE CONCERN.\NT LA LETTRE C
Les trois premières lettres (A, B, C) de ce Dictionnaire ont paru
d'abord dans la Revue des Patois, deoenue la Revue de la Philolo-
gie française, — si remarquablement dirigée par le doyen de la
Faculté des Lettres de Lyon, M. Léon Clédat.
Arrivée à la lettre C, la Revue, qui est au nombre des organes
réclamant des ré/ormes ortkograpliiques, imprima cette lettre acec
les modijications découlant de son système. Il résulte de là que
le lecteur troucera, — mais dans cette lettre C seulement, — quelques
mots tcriniaés par un s au lieu d'un x (mystérieus,carreaus, cheveus,
eus. paresseus, etc.), et par un t au lieu d'un d (comprent. suspent,
etc.).
Devant cet état de choses, mon Dictionnaire ne poucant paraître
aocc une orthographe encore en esfjérance, j'eus le grand regret
d'être forcé de ne plus enooyer de cop'ie à la Revue, ce qui fut
cause du retard éprouoé dans la publication.
Maintenant le oolume est achevé... Tout est bien qui finit bien!
INTRODUCTION
Voici un Glossaire tout entier de création nouvelle.
Aucune publication spéciale n'existe, pour Verdun au
moins, ayant pu nous servir de point de départ. Nous
avons tout pris sur le vif.
Pour cette tentative nous avons donc dû puisera des
sources privées, et notre mémoire d'enfant du pays a
été secondée par celle de plusieurs compatriotes et amis
dévoués.
Les mots et locutions recueillis se succèdent assez
nombreux dans cet ouvrage. En grande partie ils sont
édités pour la première fois, et leur ensemble donnera
une idée très suffisante du pittoresque langage de notre
région Verduno-Chalonnaise.
Pour mieux atteindre ce but, nous reproduisons, à
l'aj^pui de presque tous les mots, des pin-ases du cru
dans lesquelles ces mots figurent, révélant ainsi leur
véritable acception.
Sans aucun texte imprimé où puiser des exemples,
nous avons dû nous contenter de ces autorités orales.
Toutes les formules citées sont de celles journellement
employées par nos populations, et partant, d'une authen-
ticité que nul n'aura la pensée de contester.
De plus, ces phrases répandent de la couleur sur ce
6 LANGAGE POPULAIRE
Glossaire, ethnologique autant que linguistique. Échan-
tillons fidèles de notre parler, elles font connaître la
physionomie, les allures, les us et coutumes de notre
« endroit ». A ce point de vue, elles doivent compter
comme documents et pièces justificatives.
Nous trouvant à même de mettre certains de nos
vocables en regard des vocables analogues d'autres
localités, nous avons, dans une assez grande mesure,
établi ces rapprochements, qui montrent les airs de
famille de nos ditîérents dialectes. — Cette liste compa-
rative pourra être considérée comme le spécimen d'un
travail auquel on doit tendre, d'un Vocabulaire synop-
tique complet des plus importants idiomes de la France.
Maintenant nous allons jeter un rapide coup d'œil sur
les principales particularités de notre prononciation, —
à la connaissance de laquelle nous pensons, d'ailleurs,
avoir aidé pnr la graphie des exemples choisis. Nous
donnerons ensuite une liste bibliographique des prin-
cipaux ouvrages qui nous ont servi pour les compa-
raisons dialectales.
à très bref et très aigu: hier à soir, àgà, etc.
à plus grave : al, allé, etc.
à long : f/rriô, «treaiix, aigneà, etc.
A Va français correspond parfois an patois: a/?-nimaLi,
etc.
A l'a français correspond parfois ai patois : ma/tin, etc.
A l'a français correspond parfois é patois : erai, e'miquié,
etc.
è ou\ert, comme en français.
A l'ef fermé du français correspond parfois à ou\ert : café
(pour café), etc.
VERDUNO-CHALONNAIS
è français peut correspondre à â du patois : pare, târre,
etc.
e français peut correspondre à o du patois : vôsse, etc.
e labial français peut correspondre à ou : mouner, etc.
i très net, comme en français.
Nous écrivons parfois l'yod par ï, au lieu d'y, pour éviter
une confusion possible : a-iant, etc. ^ *
i a un son prolongé, à la tonique finale de nos infinitifs en
ir : drenu, venî, sofr/, dont le /• est supprimé.
A Vi français correspond in dans ; /'n-nocent, etc.
La diphtongue ieii se réduit à en dans ben, ren (bien, rien),
„etc.
o bref, comme en français.
b très ouvert, dans la troisième personne singulier de nos
imparfaits : disôt, v'nôt, mingeôt, etc.
à très fermé et très long : d, dl, artd, etc.
U
ù bref : v'n?>, t'n?^ etc.
û long: v'tû ben, c't?Mà, etc.
A Vu français correspond eu patois dans e;me, pleàme,
aileàme, etc.
A ai français correspond ain dans : oin-mev, etc.
A ais français correspond âï dans : rdion, mdion, etc.
A al français correspond a« (moins long que d) dans : mau,
ch'vrta, etc.
eu prend souvent le son très ouvert : feà, neàt, beù, etc.
A la terminaison féminine ie correspond ile dans : \o\ite,
etc.
A il et ilit correspond i : i fait, i f'sont, etc.
A oi français correspond e, i, è : que, ma/.' drèt, etc.
8 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
A on français correspond oun : houn, etc.
A ou français correspond o : jor, for, por, tor, etc.
A la terminaison féminine lœ correspond aie dans : parda^e,
etc.
A la terminaison ui correspond parfois eu: newt, aujordeù,
etc.
A la terminaison un correspond parfois ein: ein, etc.
La région dialectale de notre Glossaire s'étend de
Verdun-sLir-Doubs à Chalon-sur-Saône. C'est une très
minime portion du département de Saône-et-Loire,
pour lequel on pourrait certainement dresser plus d'une
demi-douzaine de glossaires. C'est suffisamment se
restreindre. Cependant plusieurs lexicographes se sont
restreints davantage. Chaque village, chaque hameau
pourrait, en effet, fournir un recueil de mots; mais sur
cette échelle la lexicologie deviendrait excessive... elle
arriverait à ses trente-six mille vocabulaires. On ne
doit pas encore songera cet enfantement.
S'en tenir à nos anciennes provinces serait trop peu
diviser le travail ; établir deux ou trois dictionnaires
])ar département donnerait déjà, un formidable résultat.
C'est dans cet ordre d'idées que nous avons essayé notre
groupement. Quel qu'il soit, nous croyons avoir, en le
faisant, apporté notre petit caillou au monument que
préparent les dialectographes.
BIBLIOGRAPHIE
DES PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS
AUNIS
L\ RocHPXLK. — Glossaire du patois roc/iclais, suivi d'une liste
des expressions vicieuses usitées à La Rochelle, recueillie
en 1870 par M*** (édité par Burgaud des Marets). Gr. in-4",
Paris, Firmin Didot, 18G1.
AUVERGNE
Clermont-Ferrand. — La Pai/sadr, poème en vers auvergnats,
par C.-A. Ravel. Br. in-8", A. Veysset, 1838.
Clermont-Ferrand. - Le Tii-aijo des Soreiers; Le Maire
eonipâteiit, poèmes en vers patois; Les Jolis Maîtres; Le
Vaiii'/aear de Juillet, dialogue et histoire en prose, par J. Roy.
Br. in-8", A. Veysset, 1841.
BERRY
Centre. — Glossaire du centre de la France, par le comte
Jaubert. 2 vol. in-8% Paris, Nap. Chaix, 1855.
Centre. — Croj/anccs et Lè(jendes du centre de la France, par
Laisnel de la Salle. 2 vol. in-8", Paris, A. Chaix et C'% liS75.
Bourges. — La Bible des Noëls, étude bibliographique et
critique, par Ch. Ribault de Laugaidière. Br. in-8'', Paris,
A. Aubry, 1857.
Bourges. — Noëls nouciaux sus de vieux airs, par le même.
Br. in-8'', Bourges, E. Pigelet; Paris, A. Aubry, 1857.
10
LANGAGE POPULAIRE
BOURGOGNE
Ain. — Le patois de Colif/ni/ et de Saint-Amour, grammaire
et glossaire, par Léon Clédat. Dans la Reçue des Patois.
In-8°, Paris, F. Vieweg, juillet-octobre 1887.
Ain. — Chansons populaires de /'/l«/(., par Ch. Guillon. Gr. in-8",
Paris, E Monnier et C", 1883.
Ain. — Les Noëls Bressans (de Brossard de Montaney et Borjon),
texte et traduction par Philibert Le Duc. ln-16, Bourg, Martin
Brottier, 1845.
Ain. — Chansons et Lettres patoises bressanes, bugeysiennes
et dombistes, avec étude sur le patois de Gex, par le même.
Petit in-8°. Bourg, Martin Brottier, 188L
Côte-d'Or. — Contes, Fables, Lèçjendes en idiome bourguic/non,
parle D' H. Berthaut. Glossaire abrégé par E. B., qui s'est
servi d'une « accentuation toute nouvelle » pour « écrire
absolument comme on prononce ». Petit in-8% Dijon, Daran-
tière, 1885.
Côte-d'Or. — Noei borr/uignon, avec glossaire, par B. de La
Monnoye. Notre traduction, in-18, Paris, Lavigne et Gosse-
lin, 1842. — 2° édition avec les Noëls maçonnais., Paris,
A. Aubry, 1858.
Côte-d'Or. — Théâtre de l'Infanterie dijonnaisc (six pièces),
par J. Durandeau. In-18, Dijon, Librairie nouvelle, 1888.
Côte-d'Or. — Aimé Piron ou la vie littéraire à Dijon pen-
dant le XVir siècle, par le même. Petit in-8% Dijon, Librairie
nouvelle, 1888.
Côte-d'Or. — Vocabulaire raisonné et comparé du dialecte et
du patois de la province de Bourgogne, par Mignard. ln-8",
Paris, A. Aubry; Dijon^ Lamarche, 1870.
Côte-d'Or. — Histoire de l'idiome bourguignon, par le même
(glossaire étymologique). In-8", Dijon, Lamarche et DroouUe,
185G.
Côte-d'Or. — Virgille cirai an. Borguignon (glossaire), par
G. Peignot et Amanton. In-18, Dijon, Frantin, 1831.
Côtk-d'Or. — Noëls, d'Aimé Piron (glossaire), édit. par Mignard.
In-16, Dijon, Lamarche, 1858.
Côte-d'Or. — L'Ecaireman de lai peste, du même. Glossaire et
notes de Bourrée, méd. et biblioth. de Châtillon. ln-8", Chà-
tillon -sur-Seine, Ch. Cornillac; Dj::::on, V. Lagier 1832.
VERDUNO-CHALONNAIS 11
Saône-et-Loire. — Chalo/t-siir-Saônc, pulorcsque et démoli^
environs et légendes à l'eau forte et à la plume, par.!. Chevrier.
In 4% Paris, A. Quantiu, 1883.
Saôxe-et-Loire. — Notice /li.-^fnn'riuo sai- la coinm,(nc Je Mon-
tvC't (arrondissement de Louhans), par le D' B. Gaspard.
Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-
sur-Saône. Gr. in-4".
Saône-et-Loire. — Noè moconnai, du P. Lhuillier, à la suite
de notre 2* édition des Noëls l)oui-</iii(jiions. In-18, Paris,
A. Aubry, 1858.
Saône-et-Loire. — Glossaire du patois de l'ancienne Bresse
chalonnaise, par Jules Guillemin. Mémoiies de la Société
d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône. Gr. in-4", 1860.
Saône-et-Loire. — Statistique du département de Saône-et-
Loire, par C. Ragut. 2 vol. in-4', Màcon, Dejnssieu, 18.'^8.
Yonne. — Cuj-iositès de l' et ijnwlo'jie française, par Ch. Nisard.
In-j6, Paris, L. Hachette et C'% 18(33.
CHAMPAGNE
Marne. — Romancero de C/ianipagne, par Pi'osper Tarbé.5 vol.
in-8", Reims, Brissart-Binet, 1863-64.
DAUPHINE
Hautes-Alpes. — Dictionnaire des expressions cicienses. . . les
plus communes dans les départements n^èridionaux, par
M. Rolland, ln-8% Gap, J. Allier.
Isère. — ^^renoblo nuilhèroa et poésies en patois du Dauphiné,
par Blanc, dit La Goutte. In-16. Grenoble, A. Merle, 18.59.
Isère. — Noucelles Recherches sur les patois ou idiomes vul-
gaires de la France, et en particulier sur ceux du département
de l'Isère, par J.-J. CliampoUion-Figeac. ln-12, Paris, Goujon,
1«09.
FLANDRE
Lu. le. — Mœurs populaires de lu Flandre jrancaise, par
A. Desrousseaux. Petit in-S", Lille, L. Quarré, 1889.
12 LANGAGE POPULAIRE
LiLi.E. — Chansons cf. PasquiVes lilloises (vocabul.), par le
même. 5 vol. pet. in-8", Lille, L. Danel, 1881.
Lille. — Dictionnaire Rouchi-Français, par G.-A.-J. Hécart.
In-18, Valenciennes, Lemaître, 1826.
Lille. — Dictionnaire du patois de la Flandre française ou
wallonne, par E. Vermesse. In-8". Douai, L. Crépin, 1867. (Le
chansonnier Desrousseaux. de Lille, a beaucoup contribué à ce
Dictionnaire.)
FOREZ
Feurs. — Dictionnaire du patois J'oré^ien, par L.-P. Gras-. In-8'
Lyon, Auguste Brun, 186.3.
FRANCHE-COMTÉ
DouBS. — Recueil des Noc'ls anciens du patois de Besançon
(1" partie, du P. Christin Prost ; 2' partie, do François Gau-
thier). ln-8°, Besançon, Bintot, 1842 (édité par Tli. Belamy).
DouBS. — Noëls et Chants populaires de la Franche-Conttc,
par Max Buchon. In-16, Salins. Billet et Duvernois, 1863.
GUYENNE ET GASCOGNE
AvEYROX. — Dictionnaire (abrégé) du patois d'Espalion. Ano-
nyme. Manuscrit.
ILE-DE-FRANCE
Seine. — Étude sur le lanr/age populaire de Pans et de sa
banlieue, par Ch. Nisard. In- 8", Paris. A. Franck, 1872.
ILES ANGLAISES
GuERNESEY. — Dictionnaire franco- normand ou Recueil des
mots particuliers au dialecte de Guernesey, par Georges
Métivier. In-8% Londres et Edimbourg, Williams and Nor-
gate, 1870.
VERDUNO-CHALONNAIS 13
LANGUEDOC
Haute-Garonne. — Dictionnaire de la lanfjiic toulousaine,
par Doujat (A la suite des Œuvres de P. Godolin, trad.
par J.-M. Cayla et Cléobule Paul). Gr. in-8", 'l'oulouse,
Delboy, 1843.
LIMOUSIN
Limoges. — Poésie en patois limousin, par J. Foucaud
F. Richard, 'etc. (avec quelques traductions en notes). In-18,
Limoges, Th. Marmigaon, H. Ducourlieux, 1849,
lorralnr
Nancy. — Poésies populaires de la Lorraine (glossaire
signé L.-M.). Rullet. Société d'archéol. lorraine. In-8'', Nancy,
A. Lepage, 1854.
Nancy. — Diriionnaire des expressions •cicieuses usitées...
notamment dans la ci-devant province de Lorraine, par J.-F.
Michel. In-8", Paris, Le Normand, Colas ; Nancy, Vigneulle,
Bontoux, 1807.
Meurthe et Vosges. — Noëls patois anciens et nouveaux,
chantés dans la Meurthe et dans les Vosges, par L. Jouve,
ln-12, Paris, F. Didot frères, 1864.
Meurthe et Vosîes. — Recueil nouceau de deux Noëls
, inédits en patois de la Meurt/ie et des Vosges (glossaire), par
le même. In-S", s. l. n. d.
LYONNAIS
Lyon, etc. — Essai d'un glossaire des patois de Lr/onnais,
Fore^ et Beaujolais, par J.-B. Onofrio. In-8\ Lyon, N. Scheu-
ring, lb64.
Lyon. — Très liunible essai de phonétique Ij/onnaisc, par
Nizier de Puitspelu. Revue lyonnaise. Gr. in-8", Lyon, 1884.
PAYS MESSIN
Metz. — Le Lorrain peint par lui-même , par Jaclot de
Saulny, almanach pour 1854 (vocabul.). Iu-18, Metz, Loretta.
14 LANGAGE POPULAIRE
Metz. — Vocabulaire patois du pays messin, par le même
(2° édition, très augmentée, du vocabul. de l'almanach).
Paris, Dumoulin, Borrani et Droz, 1854.
NIVERNAIS
Nevers. — Le Morcan, ou Essai géographie]., topograph. et
historiq. sur cette contrée, par l'abbé J.-F. Baudiau. 2 vol.
In-8°, Nevers, J.-M. Fay, 1854.
Nevers. — Glossaire du Morcaii, par E. de Chambure. Gr.
in-4°, Paris, H. Champion ; Autun, Dejassi^eu père et fils, 1878,
NORMANDIE
Calvados. — Dictionnaire du patois normand, par Edéiest.
et Alfred du Méril. In-8% Caen, B. Mancel, 1849.
Calvados. — Essai sur le patois normand du Bessin (diction.
étymologique), par C. Joret. Mém. delà Société de linguistique
de Paris. Gr. in-8°, Paris, F. Viev^eg, 1881.
Eure. — Dictionnaire du patois du pays de Bray, par l'abbé
J.-E. Decorde. In-8', Paris, Derache, Didron ; Rouen, A. Le-
brument, 1852.
Seine-Inférieure. — Contes populaires, préjuyès, patois,
proverbes, par Fréd. Pluquet, etc. (glossaire), in-8'', Rouen,
Ed. Frère, 1834.
PICARDIE
Somme. — Glossaire ètymoloyique et comparatif du patois
picard, par l'abbe Jules Corblet. In-S", Paris, Dumoulin,
Didron, Techener, 1851.
POITOU
Deux-Sèvres. — Chants et cliansons populaires des provinces
de l'Ouest, par Jérôme Bujeaud. 2 vol. gr. in-8% Niort,
E. Clouzot; Paris, A. Aubry, 1866.
Deux-Sèvres. — Dictionnaire étymologique du patois poitevin,
par Gabr. Lévrier. In-8°, Niort, Th. Mercier, 1867.
VERDUNO-OIlALONiNAlS 15
YiENNE. — Glossaire du palais poilecin, par l'abbé Lalanno,
Méin. de la Société des antiquaires de l'Ouest. In-S", Paris,
Dei-ache, 18G8.
PROVENCE
Aix, etc. — Diclioiinalrc provençal-français, par J.-T. Avril,
ln-8", Apt, Ed. Cartier, 1839.
Ai.\. — Tableau histnri'jue et liltéraire de la lan;/ue parlée
dans le midi de la France, et connue sous le nom de langue
romano-provençale, par Mary-Lat'on. In-16, Paris, Mafïre
Capin, 1842.
SAINTONGE
Saintes. — Dictionnaire du patois saintongeais, par P. Jô-
nain. In-8", Royan, l'auteur ; Niort, L. Clouzot; Paris, Mai-
sonneuve et C'% 1869.
Cognac. — Quelques mots de patois cor/naçais, par Marcbadier
(vocabul. et correspond.), manuscrit. 1S60.
SAVOIE
^Albertville. — Dictio/ina.ire du patois saooi/ard, par
F. Brachet. In-8', Albertville, J.-M. Hodoyer, 1883.
SUISSE
Genève. — Glossaire genecois ou Recueil étymologique des
termes dont se compose lo dialecte de Genève. Anonyme.
In-8", Genève, Barbezat et Delarue, 1827.
Genève. — Chansons de l'Escalade, In-4°, Genève, Jullien et
fils, 1845.
WALLON
V^alenciennes et Liège. — Dictionnaire wallon-liègeois, par
Joseph Hubert. In-8", Liège, Verhoven-Debeur, 1852.
16 langage populaire verduno chalonnais
En outre :
Histoire de la formation de la langue française, par
J.-J. Ampère.
Les Poètes français depuis le XIP siècle Jusqu'à Malherbe,
par P.-R. Auguis.
Morceaux choisis des grands écrioains français du XVI' siècle,
par Auguste Brachet.
Chrestoniathie de l' ancien Jrançais, par L. Constans.
Essai pliilosopldque sur la forniation de la langue française,
par Edél. du Méril.
Mémoires pour servir à l'histoire de la fête des fous, par Du
Tilliot.
Les Principales Etgmologies de la langue française, par
B. Julien.
Dictionnaire de la langue française, par Littré.
Coutumes, Mgthes et Traditions des procinccs de France, par
Alfred de Nore.
Histoire littéraire, philologique et bibliograpldquc des patois,
par Pierquin de Gembloux.
Recueils de motets français des XH° et XIW siècles, par
G. Raynaud.
Tableau sj/noptique et coniparatif des idiomes populaires ou
patois de la France, par J.-F. Schnakenburg, etc.
Cette liste bibliographique ne contient l'indication que des
principaux ouvrages consultés. On aurait pu y mentionner, en
plus, nombre de volumes suivis de vocabulaires partiels ; des
revues, telles que la Romania, la Reçue des Patois, la Reçue
des Tradition'i populaires, etc., et surtout un nombre impor-
tant de Recueils de Noéls et de Chants populaires des diverses
provinces de France, sans parler de poésies et autres œuvres
locales. Mais nous avons trouvé cette nomenclature déjà bien
assez... peut-être trop longue.
F. Fertiault.
(Paris, avril 1896.)
DIGTIOi^NAIRE DU LANGAGE POPULAIRE
VEllDUNO-CIIALONNAIS
(Saône-ei-Loire)
A
A, pvép. fréquemment employée pour de : « La fillôte «
Jean; le garçon à Sylvain; la poule à Dodiche. » — Nous
disons encore « à boune heure » : « On t'attend por diner ;
veins à boune heu7~e ».
Genevois, id.
Sur la prononciation ai, voy. ce mot.
A, prép. redondante, employée dans certaines locutions,
telles que ; « Hier à soir; à c' matin ».
A, contract. de Aile. Pr. pers.. Elle. « A n' dit ran su son
compte. »
Rouchi, id.
Abeurnonciau, loc. à renoncement, en trop grande quantité,
trop : « 01 en a fiôlé abeurnonciau ».
Lat., ab renontio. Il -d'EL, abrenoncio (excl. de frayeur, de
dégoùl).
Abîmer, V. tr., frapper, meurtrir : « 01 ainme tant sa fonne,
qu'ô Vabime de coups! »
Ital., abissare. Berry, abisser. Bourg, abymai, Prov. abisser,
Savoie, ablmâ.
Abîmer, v. tr., salir, gâter, détruire : « En jouant, ôl a trop
couru ; ôl a tôt abimè sa culotte, é peu ô s'a étou abinic
V pied ».
Cette manière de dire s'étend au-delà de nos régions.
Abolir, v. tr., démolir, abattre : « O veint cV abolir sa cadole,
por la r' monter ».
Morv., id , Picard, id.
Le Rouchi dit; « Il l'a aboli d' cops ». Rouer de coups
quelqu'un, c'est aussi un peu le démolir.
18 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Abonde, s. f., quantité, abondance : « Mettez c'qui dans la
panière; i f'ra d' V abonde ».
Abossumer, V. tr., donner des coups de poings.
Abouchau, s. m., sorte de panier dont on se sert pour
pêcher.
Abouchon (à V), loc, sur le nez, par terre ; « En montant
su la levée, ôl a tombé à l'abouchon ». Cela se traduirait bien
par : s'est flanqué le nez par terre. Cette loc. a voulu dire
d'abord : tomber sur la bouche.
Esp., abocar; Ital., ahbocare. Dauph., à l'abouchon, Forez, id.,
Lyon., tomber, se coucher à bouchon.
On dit aussi : être en abouchon, dans le sens d'être courbé :
« C'te pauv' vieille, ail' marche en aboicchon ».
(V, A boucheton, bouchon).
Abouler, V. tr,, jeter, envoyer, amener en certaine abon-
dance. Souvent employé au jeu : « Eh ! m'n émi, j' t'ai gagné...
aboule ! aboule! »
Berry, id., Morv., id., Norm., id., Pic, id.
Abouris, s. m. de l'ancienne marine fluviale. Bateau d'un
train, où l'on attache les cordages et les amarres tirés par
les chevaux.
Abouter, V. intr., aboutir, toucher à : « Son champ aboute
su r mien ».
Berry, abouter, aboter, Saint., id., walI., ubosi.
Aboutonner, V. tr., boutonner : » Eh ben! t' n'aboutonnes
pas ta biaude »? — Un. qui avait emprunté la locution du
Berry, disait : « 0 s'aboiUonne avou des épingues », voulant
dire : « Il ne porte pas la culotte ».
Esp., abotonar. Berry, aboutonner. Champ., id., Genev., id.,
Morv., aibout'ner, ■svall., aboutonner,
Abre, s. m., arbre : « Les autres fois, y avot iqui de grands
libres ». Vaugelas dit que, de son temps, la Cour prononçait
ainsi le mot arbre.
Lat., arbor, Berry, âbe, id., Bourg., id.. Daupli., abro, Genev.,
ah)-e, Lim., àubre, Lorr., âbre Messin., abe, Morv., hâbre, Norm.,
âbre, Pic, id. Prov., aîbre aybre, Rouch., id., arps, St-Am.. abrou,
wall., id , V. fr., id., et aubre, haubre.
Abressiau, s. m., petit mât élevé sur un train de bois ou sur
un bateau, et à l'aide duquel les mariniers établissent une
voile, ou auquel ils attachent une corde pour tirer de là sur
le bord (ai^brisseau est-il étranger à ce mot?).
LANCxAGl-; POPULAIRl'; VEKDUNOCIIALONNAIS 11)
Abrivenï, s. m., sorte de paillasson tressé avec la paille du
panis. Il est utilisé pour les l'ours et les garnitures de
l'umiers.
ACAGNARDiR (s'), V. pr., s'acagnardcr.
Berry, id. Genèv., id., s'acagner, Midi.id., V. fr. accagnarder.
AcATER, V. tr,, acheter, faire emplette de.
Lat., acaptare. Boiivg, aichetai, échetai. Langued., recata, reca-
tar, recdloniar. Lille, acater.'L\m.., recota, Lyou., recoto. Norni.,
acater. Pic, id., Prov , rccatn, recatar, recatoniar, anaptar.
Rouchi, acater. Wall., id., vx. ff., receler, récolter, accater,
achatcr. (V. ageter).
A GAUSK QUE? loc. iuterrog., pourquoi?
On dit aussi : d'à cause que? — Lorsque cette question
semble indiscrète à la personne interrogée, on entend cette
dernière répondre volontiers : « A cause de pasque ». (V. ce
dernier mot).
Berry, d'à cause. Cognac, à cause. Genèv., à cause.
Accords, s. m,, accordailles, fiançailles : « La Tiennette
reveint prou à not' fieu; j' vons faire les accords dimanche. »
lè^ï-ry, accords, ^ovm., accords. Vx. h\, acort.
AcHATi, adj., habitué aux friandises.
Bourg, échaiti.
ACHATi, V. tr., allécher, montrer un appât, attirer, ama-
douer.
Bourg., échaiti. Morv., aichaiti. Vx. fr., agastir.
ACLES (en), loc. se dit d'étoffes, de linge, de vêtements usés
ou très déchirés : « Ah ! ce p'tiot drôle ! ô m' met toutes ses
afàres en âclcs ».
Forez, acle (écorce d'arbre, petit morceau de bois).
Ag'moder, V. tr., accommoder, préparer.
Berry, acmoder. Bourg., aiquemeudai, équemodai. Morv., aique-
inâder. Wall.-Liég., a/wniôdé, ak'muidé.
Acorci, V. tr , aceourcir, abréger : « En coupant po les prés,
j' ons brament acorci la route » (V. Pu court).
liai., accorciare. Bourg., aicùrci. Morv., aicorci. Pic, accourché
(retroussé). Prov., acorchar. Vx. fr. acorcier, acc-ourcer.
Acôrder, V. tr., accorder.
Bourg., aiqueurdai. St-Am., acourdé.
AcOTER, V. tr., fermer, étayer, soutenir. (V. Acoutcr).
Berry, accoter. Montrèt, coûter, Morv., aico^er. Poit., accoter. Prov.,
acotar. Suis, r., cottâ.
20 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
AcouTER, V. tr., écouter : « Acoide! acoutc! y xas t" bailler
quête chouse ».
Lat., auscultare; Ital., asroltare. Berry, acouter. Bourg., acoutai.
Bress., acouté. Biigey, écota. Lorr., acouter. Màcon., aquèlai.
Montr., acculer- Morv., acouter. Pic , id. Rouch , id. St-Am.,
écuté. Saint., acouté. Wall., acouter. Vx. fr. id.
On a même dit : s'accoutcr pour : prêter Toreille. Selon Pontus
de Tyard (De rtcéâ nominum imposit iotie), accouter étsài,
de son temps, l'express, popul. en Boiu-gogne.
2. Acouter, v. tr., accoter, accouder, appuyer.
Lat., cubitare. Geiiev., cotter. Lang., acoutar, acotar, coutar.
Lyon., acota. Norm , acouter. Wall., ascoler. Vx. fr., acouter.
(V. Acoter).
AcouTiAU, s. m., accotoir, rampe, appui, parapet.
Bourg., écotôrre. Montr., accoutieau.
AcouTEUMER une chose, loc. pour s'accoutumer à une chose :
« J'ai acouteûmé mon vare de vin blanc tos les maitins ».
Tournure également usitée dans le Midi.
Ital., accostuvtare. Bourg., écoutumai. Prov., acostumar. Vx. fr.,
acoustumer.
ACROUPETONER (s'), V. pr., s'accroupir (A'oir Aqueùler, Buu-
cheton, Crowpeton).
Vx. fr., agropir.
A g't'heure, loc. adv., en ce moment, maintenant. Formule
des plus usitées.
Bar-le-D., à c't' aoure. Berry, astetire. Bourg., aic'teur, &(eur.
Dauph., astheura. Lorr., estoure. Lyon. ,astura. Morv., aisleure.
Norm., asteure. Pic, à cit't'heure. Poit., ustoure. Saint., asteure.
Vx. fr., asteure astheure.
J. Guillemin écrit astheure, comme La Boètie.
Aculer, V. tr., éculer : « Ton p'tiot marche ben mau; 61 a tôt
aculà ses souleis ».
Bourg., écueillai, équelai. Genev., acculer. Midi, aculer. Vx. fr.,
esculer,
Adrèt, s. m., adroit, habile.
Berry, adret. Bourg, aidroi, Norm., adret. Pic, adrof. Roucli.,
adrot (adroitement). Wall., adre/ït.
Adroit, s. m., l'endroit d'une étoffe, d'un linge : Y et eùne
balle robe; en v'qui l'cnvar, j' vas vous en montrer
V adroit ».
Genev., droit. Mov\., droit. Norm., à l'adret de (à IVndroit de...).
LANGAGE POPULAIRE VEKDUNO-CIIALONNAIS 21
Afaire et Afare, s. m , ustensile, vêtement, nippe, et en
général tout ce dont on se sert : « Y et un a fa ira en bos qu'ù
m'a v'nu emprùter ». « Y é son vouésin qui Ti a baillé c"brave
petiot afaire » .
liai., rt/fare. Bourg., aifâi-e, a/faire. Daiipli., affare. Gasc, araire.
Genev., affaire, hang , aif'alve. Loiv., e(fdre. Prov., afar. Toul.,
afa. Wall., ajé.
Afaire, s. f., quantité : « Vous n'é point de poumes dans vot'
curti; moi, j'en ai éune boune afaire ».
Bei'ry, une 'petite affaire (un peu). Lim., ofdirê. Norm., afère.
Afaire de (/'}, loc. adv., environ, à peu près : « Y a Y afaire
d\\n mois qu'ôl é rev'nu » (ou r'venu).
Genev , afaire.
Afilée {tout d'une), loc, d'affilée.
Berry, d'affilée. Rouch., affilée (corde, chaîne). (V. Défilée).
Afiqué, adj., paré, qui a mis ses aiïiquets, qui est sur son
trente-six. Comp. affique (épingle), qui sert tant lorsqu'on
s'ajuste, et affîquet a désigné tout objet de toilette.
Pic, a f fi ké. ï\ovic\\\, afiqué {qui tient bien).
Afutiau, s, m., dénomination s'appliquant à toutes sortes
d'olijet. On dit : «Mes afùtiaux » pour : mes ustensiles, mes
outils, etc., tandis que le français affàtiau ne désigne que
des brimborions.
Lat., fuf!tis. Berry, affutiau. Bourg., a/f M^iance (Miguard?). Gogn.,
affutiau. Fr.-Gté., affutiau. Genev., affitiau. Jura, affutiau,
Lorr., affutiau. Morv., aifutiau. Norm., affutiau. Pic, affutiau.
Poit., affutiau, afutiau. Rom., affutiau. Rouch., afutiau. Suis.
affit, affetiau. Wall., affutiau.
Aga! excl., sorte d'impérat., d'A(jater : tiens! voilà! regarde!
« Aga donc! aga-lu! Le v'qui! » ("V. E<juè\)
Auverg., aagâ. Berry, aga. Bourg., aga. Espalion, ogotgca. Jura,
ogo. Morv., aga. Xorni., aga. Poit., agua.
Agacia, s. m., acacia.
Lat., acacia. Genev., agacia. Prov., acassia.
Agacin, s. m., durillon, cor au pied : « Quand l' temps veut
sanger, y é mou agacin qui m' fait mau ! »
Fore/, agacin. Genev., agacin. Liège, aguess. Lyon., agacin. Pic,
nid d'agach,e Prov., agacin, agassi. Sav., agassin.
Agasse, s. f., pie; au fig., femme qui parle beaucoup : « Oh!
c'te Claudine, aile bavarde .. Y et eime vrà agasse, quoi! »
— (J. Guiliemin donne sept ou huit étymologies de ce
mot).
Lat., pica; o.jaciœ; ItaL, gazza. Aveyr., ogasso. Berry, ageasse,
agace, aguiasse . Bourg., aigaisse. Fr.-Cté, aigaisse. Lang.,
22 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
agasso. Lille, «(-/«cAf. him. , jasso. Marne, agache, Morv., aigaisse,
agasse-tambourinette (pie-grièche). Norm., agasse. Pic, agache.
Poit., (7/7«55e, ageasse. Prov., agpassoun. 'Rora. , agassa. Vxonch.,
agache. Sav., saquelta. Toulous., ajace. Wall., agache, aguess.
Vx. fr., agasse, pagasse.
(Ce mot se trouve dans le Dict. fv.; mais il fournit une trop
notable liste de congénères pour que nous le négligions.
Quelques autres seront dans le même cas).
Agater, V. tr., regarder. (V. Aga, Aguéter et Ar'gca'der).
Genev., icaiter. Morv., agaiter. Prov., agaitar. Rom., agailer.
■Rouch., fl^?/e^ar. St-Am., gatyë. y<[a\.\., awaiti, waiti.
Age, s. f. Nous comptons un certain nombre de mots dont
nous avons changé le genre : « La belle âgel »
Cogn., belle âge.
Age (rf'), loc. adj., âgé : « L' père Ponsot, qu'é-ce qu'ô peut
beu avouer? — hum! ôl é d'âge l ».
Berry, d'âge. Pic, homme d'âge.
Agenoiller (s'), V, pr., s'agenouiller.
Morv., aigenoiller. Bourg., s'aigelognai. Norm., agenoillons (à
genoux).
AGETERjV.tr., acheter. Simple adoucissement de prononciation.
(V. Acate7-).
x\gissance, s. f., manière d'agir : « T' la veux? Prends garde;
aile a des agissances que j' n'ainmons point. »
Poit., agissances.
Agoniser, v. tr., agonir, injurier, outrager en paroles : « 01
é mauvais c'ment eiine gale; ôl agonise tout 1" monde de
sottises ».
\^s^.,agonizar. Bevry, agoniser. Genev., ago>iiser. Lang., agonisa.
Montr , agoniser. Morv. aigonir, aigoniser. Norm., agoniser,
n/ionir. Fie, agoniser. Hàm , ahon7tir.
Agorcer, V. tr., tromper, agir de mauvaise foi dans un
échange.
Agouter, V. tr., égoutter, faire tomber les gouttes d'un
liquide : « On va souper; sœurette veint d'agovter la
salade. »
Berry, agoutter (uriner). Prov., esgolar. Vx. fr., esgouter.
Agrains, s. m., mauvais grains, criblés et destinés aux
volailles.
Poit., agrains. Saint., agrain (des).
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CnALONNAIS 23
Agraper, V. tr., agripper, saisir, s'emparer vivement d'un
objet : « O s'a si ben agrapê à moi, que je n' pouvù pus
bouger. »'
lta.l.,a)^rupare.BeYrj, afjraper. Bourg., agrippai, gripai. Dauph.,
arrapa. Lang. vx., arrapa. Lim., f/raffé. Lyon., attrapa. Màcon.,
grôpé. Morv., agraper. Norm., grapper. Poit., agrippai. Prov..
arrapats. Rom., arrapar. Rouch., agraper. Sav., agrappa.Tonl.,
agafa, arrapa. IVaW., agrapper.\x. îr., agrapper.
Aguéter, V. tr., guetter, épier, être aux aguets : « 01 a bon
aguété sa p'tiote; ma ô n'a ran vu ».
Auverg. agueita. Morv., agaiter. Pic, aguidier. Piom., agiietier.
Rouch., aguétar. WalL, agaiti, awaiti. Wall.-Lièg., e.?5 â s'agai
(être aux aguets). Voy. Agater.
Agueuriabe, adj., agréable, qui convient.
Berry, agheriabe. Morv., aigueuriaibe. Prov., agradaole.
Ah! exclam, constamment placée devant le nom de la per-
sonne qu'on appelle, ou qu'on interpelle : « Ah! Gogote! Ah!
Jacquot! »
Ai, prép., à : « C qui et ai moi ». Cette prononciation vient de
la Côte-d'Or et n'est pas tout à fait générale. (Voir A).
A-iANT, prononciation de : ayant, répandue aussi dans le Midi
et le Lyonnais.
AiGNEA, s. m., agneau; au figuré, personne douce.
liât., «^'«j^^; Ital., agnello. Bas-Norm., a^.?i«ao({. Berry, aignean
igneau. Bourg., aigneà, aignid, ainille. Bress., aygneuz. Il.-Vne.,
igneau. Montr.. aigneau. Morv., aigneai. Pic, aigtiieu. Poit.,
agnea. Prov., agnel, anel. WalL, ognai. Vx. fr., aigneau,
aigtielet.
AiGUEURDON, s. m., édredou, couvre-pied rempli d'un duvet
très lin. Certains disent aigredon, aigledon. Dans nos cam-
pagnes on le garnit tout bonnement avec des plumes de
volailles.
Suèd., eider dun. Midi, aigledon. Genev., aigledon. Pic, aigledon.
Reims, aigledon. Rennes, aigledon. Valencien., aigledoti.
AiGUEURLOT, adj., aigrelet.
J'o7is goûté de ton lolot;
01 ètot ben aKtUeurlot.
AiN-MER, v, tr., aimer. Dans plusieurs de nos mots, à ai fran-
çais correspond aiyi.
Lat. et Ital., amare. Berry, émer, eumer. Bourg., eiimai. Bress.,
orné. Morv., ewmer. Prov., amar. St-Am., amé. Vx. fr., «mer.
AiN-MER (s'), V. pr , se plaire : « J' m'ainme ben iqui; y é
plasant ».
Vosg,, s'ainmer.
24 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
AiNS (que v's), que vous ayez.
Màconn., ains.
AiRER, V. tr., aérer : « Faut airer c'te chambre; aile sent 1'
renfarmé. »
Berry, airer. Genev., airer. Prov., ayreiar.
AiSEMENTS, S. m., vaisselle, ustensiles de cuisine, de ménage :
« R'iaver les aisemenés ».
Bas-lat., aisamentum. Bourg., aiseman. Forez, aises. Fr.-Gté.,
asemens. Genev., aises. Jura, aisements. Mâconn., aiseman.
Montr., aisements. Morv., adyeman. Rom , aisemens. Vx. fr.,
aisément (commodité, loisir).
Aises (les), s. m., les êtres d'un appartements : « 01 ira ben
vous q'ri l'afaire; ô sait tous les aises de la maïon ».
Berry, altres. Genev., les agets. Morv., aâyance. Rom., agi:, agès.
Vx. fr , aises.
AissELÉE, s. f., ce que le bras peut embrasser en se recour-
bant sous l'aisselle : « Ei^me aisselée de foin, de paille, etc. »
Cogn., aisselée.
Aisselle, s. f., étagère où la batterie de cuisine, les plats et
les couverts sont placés et tenus par des entailles.
Pic, aisselle.
AissETER, V. tr., asseoir ; « Eh 11' vieux ^'dVQ, aiss'tc.s-vows
proche du feu ».
Een-y, assidre. Morv., aichiler. Pic, assir. achir, Prov., assesar.
(Voir Cheùrter).
Al, pr. pers. m., il : « A/ o », il est.
Morv., .4/. (Voir 01).
Ale, s. fr., aile : « La p'tiote a cassé Vàle à sa poule ».
Berry, ale. Bourg., oie, aule, aide. Forez, alla. Fr.-Gté., aule. Jura,
ola. Morv., oie, orle. Prov., ala. St.-Am., ola. Vx. fr., ale,
éle, eele.
Alègre, adj., agréable, avenant. (V. Agiieùriâbe).
Alein-ne, s. f., alêne.
Ital., lésina. Berry, alég)ie, alogne. Lim , lerno. Prov., alena. S(-
Am., alèna. Vx. fr., alesne.
Alentor du {aux), loc. adv., environ, à peu prés : « Y é ben
aux alentor de c' qui ».
Aleron, s. m., aile de volaille, servant aux ménagères pour
èpousseter les meubles.
Norm., aleron. Vx. h., œsleron.
LANGAGE P0PULAIRI3 VEUDUNO-CFIALONNAIS 25
Aligher, V. tr., allécher, attirer : « La linaude! aile voudrot
prou allclier mon Plare ».
Ital., a/Ze^are. Berry, alléchnr.Y:^. h\, alechier.
Aliger. V. tr,, alléger, décharger partiellement pour rendre
plus léger, soulager.
Ital., alleviare. Pvqy., aleviar.
Alirent, 3° pers , allèrent : « 01 éteint m'nus leCi dire bonjor;
ma du cop ô s'en alirent ».
Bourg., alire.
Allé, All', A, pr. pers., elle : « Qua c'a qu'ùllc a qu"« crie?
— Allé a qn'àlle a chu ». Cette phrase bizarre peut avoir
besoin d'être traduite. La voici littéralement ; « Quoi c'est
qu'elle a, qu'elle crie? — Elle a qu'elle est tombée ».
(Voir A).
Bei'ry,àlle, àll. II. -Vue., tille, àll\ olle.
Allegrains, s. m., ridelles de charrette.
Centre, allegraiiis, ardes, alardes.
Aller aux,.., loc, partir pour ramasser, pour cueillir certains
produits : « Vons-jou aux champignons? aux sersilis? »
Juu, ici, remplace je. Vons-je, Allons-nous?...
Aller AUX portes, loc, mendier. Les mendiants vont parles
rues, et demandent à chaque ijorte.
(V. CJiercher son pain).
Aller aveg, loc, fréquenter : « Joset va avec la Benoîte; ben
sûr ô va la d' mander. »
WalL, aller avec.
Aller {s'en), v. pr., fuir, laisser échapper, en parlant d"un
vase, d'un ustensile de cuisine : « Allons, bon ! J'ai métu la
la sope su 1' feù, é pi v'ià mamarmite qui s'en va\ »
Norm., s'en aller.
Aloue s. f., alouette.
Lat., «ZaHf?«. Ital , lodola. Berry, alouvette. Bonvg., auhiôtte. Prov.,
alaiiza, alau^eta. Vx fr., aloe, aloue, aloeie,
Altise. s. f. (Voir Bcte noire).
Amadou, s. f. , large champignon, de nature très résistante,
poussant horizontalement sur les vieux troncs de noyers.
Analogue à l'agaric des chênes. J'en voyais, un jour, cinq
ou six énormes sur le même arbre : « Qu'est-ce que vous
faites de ça », demandai-je au jardinier qui les prenait.
« G' qui, me répondit-il, y é de Vamadou; on y brûle ». On
a féminisé ce mot, et l'on dit : « De la bonne amadou ».
Gencv., amadou. Sav., holà.
26 LANGAGE POPULAIRE VKRDUNQ-CHALONNAIS
Amadou [sainte], dénomination, qui fait partie d'une loc.
facétieuse. Se dit d'une personne présente. Ainsi : « Aile et
iqui en char et en os, tôt c' ment Sainte Amadou ».
Wall., amadou.
Amanvier, V. tr., mettre de côté, amasser du bien. (Mervans).
Amasser, v. tr., contracter, gagner : 01 a pris frèd; ôl a
a77iassé du mau ».
Ame, s. f. , personne, individu : « J' seû été cheù vous; n'y
avot âme qui vive ».
Amender, v. intr., grandir : « Ah! y é vot' petiot? Dépeù que
j' Tons vu, ôl a ben amendé ».
Amijoler, v. tr., cajoler, enjôler : « Aile sait s'y prendc, celle-
là! aile vous Vamijôle gentiment. »
Lille, amicloter. Pic, amignoter. Rouch , amidouler, amitouler.
(V. Emmiôler).
A MiTAN [louïa d'), terme de marinier. (Voir Louïa).
Amomon, s. m., pomme d'amour, fruit de la morelle, faux
piment. C'est exactement le mot grec {(xy.oiiJt.ov, aromate de
l'Inde). Le nom se donne à l'arbuste et au fruit. Les amou-
reux s'en offrent des bouquets .
Genev., amomon.
Amor, s. m., considération, égard : « J'ai fait c' qui po l'amo?-
de li ».
Bourg., uimor. Messin., 23'"' amou que (attendu que). Frow., per amor,
pramor (à cause de).
AMOUNER,v.tr., amener, conduire : » 01 a été genti; yamoune
mon gar à la fête. »
Amunition, s. f., munition. Employé seulement dans le sens
de fournitures militaires : « Un pain d\cuiunUion; un fusil
d'amunitioîi.
Lille, amonitio9i. MovY., aimunUio7i. Pic, amunition. Rouch., amo-
nition. Wall., amoiiinon.
Ancre, adj., tenace, opiniâtre, têtu; aigre, violent, âpre :
« N'y a pas mo-ïen d' li tare fâre c' qu'on vout; ôl et ancre
c'ment eùne mule ».
Montr., ancre. Morv., ancre.
And'lai, adv.de 1., au-delà, de l'autre côté, là-bas : « And'lai
l'ià » (de l'autre côté de l'eau).
Morv., dedelai. (V. Lavau et Liavan).
Andouilles (voir Dèpendeux) .
LANGAGM l'Ol'lILAlKM V lUiDlNo-ClIALONNAIS 27
Aneut, adv., aujourd'hui
Lat., adnoctem (les peuples du Nord comptaicnl par nuits). Dauph.,
anot. Forez, anot. Lang., anuech. Lyon., aney, anuy. Norm.,
nnieut, nnier, anuit. Prov., anet, aneit. Saint., aneut. Volay,
aneuy. Vend., anet. Wall , anuit (ce soir, cette nuit). Vx. fr.,
nneut, anuit, enuit, enquenuit {hac nocte).
(V, Auj'deû, Aujordeù).
Anguigne, s. f., femme de peu de ressource, qui ne sait rien
dire ni faire, et même quelque peu idiote : « Ta Mariette?
Laisse-me donc. Y et eùne jolite anguignel »
Anguille de buisson, s. f., serpent.
Lille, anwuille. Saint., anguille de buisson
Anichon, s. m., petit âne; au figuré, enfant qui n'apprend
rien.
Berry, aine. Lim., ané Mac, one. Montr., ai?ie (;ine). Prov., asne,
az-e. St-Am., onou. AVall., agne. Vx. fr., asne.
An-nimau, s. m., animal : « V'tu ben te côger! Côge-te donc,
lichu an-nimau ' »
Morv., annimau. St -Am., anima. Saint., anniinau.
An-n'mi, s. m. et adj., ennemi.
Lat., inimicus. Berry, i}inemi Bourg., atiemin. Morv., annenii.
Prov., enemic. Vx. fr., ininii, anemi.
An-n'miquié, s. f., inimitié.
Morv., annemitié.
Anprès, adv., après, et aussi : près, auprès.
Ital., oppressa. Berry, anpres. Bourg., aipré. Gogn., ancres. Pic,
eniprès. Poit., apras. Prov., après. Yx. fr., eniprès. aprez.
Apondre, V. tr., atteindre : « Aide-me donc. Mon bras n'é
p' assez long; j' peux pas apondre k la fenêtre ».
Bourg., avoijidre. Forez, appo7idre. Gren. , apondré . Lang.,
apoundre. Lyon., appondre. Morv., aivindre. Poit., aivoindre,
Prov., appoiDidre, aleigner. Rom , apondre., aponher. Wall.,
atère.
Apondre, v. tr., joindre, attacher, allonger : J'ai apondu eun
bout à ma ficelle ». (Voir Rapondre et Aponser).
Dauph., apondrer. Forez, appondre. Genev., appondre. Jura.
apondre. Lang., apoundre. Morv., aipondre. Montr., appondre.
Prov., appoundre. Sav., appondre. Vx. fr., aponre, apondre.
Aponse, s. f., allonge d'une étoffe, d'un panneau, etc. : « C'te
jupe é trop courte; aile a besoin d'eùne aponse ». — « Faut
mettre eùne aponse au bas d' ta porte ».
Fnrez, appoundaille. Genev , apponce, appondille. Lyon., aponse.
Montr., npponse. Morv., a/po?!ce. Vaud., apponce.
(Voir Raponse).
28 LANGAGE POPULAIRE A' ERDUNOCHALONNAIS
Aponser, V. tr., allonger à l'aide d'une pièce, d'un mor-
ceau, etc. Montr., apponser. (V. Apondre, Raponser).
Aport, s. m., assemblée, fête de village, où l'on boit, où l'on
mange, où l'on danse. Les aports sont, comme les veillées
et sur une plus grande échelle encore, des motifs à rappro-
chements entre garçons et fdles, et il est peu de ces fêtes qui
n'amènent quelque mariage.
Allier, apport. Berry, apport. Nivern., apport. Vx. fr. , apport, apors
(lieu où l'on déposait les denrées) -
Apotre, s. m., usité en accolement à l'adj. 60/1. Ainsi, dire d'un
gas : « Y et ein boun apôtre », équivaut à dire : c'est un bon
garçon.
Bourg., aipôtre. Pvox., apostol. WaU. , apôtt.
Aprentisse, s. f., apprentie, au fig., personne inexpéri-
mentée.
Bourg., épranti (au mnsc ). Genev., apprentisse. Prov., apprentiz.
Wall., aprendice. Vx. fr., apprentive.
Apres, adv., le long de, à : « 0 m'a dévoré toutes ses culottes
en gravichant après les murs vou ben après les âbres ». —
« T'as lassé la clé après la porte ». — « Qu'é c' que t'as donc
tôjor après moi? »
Ual., appresso. Bourg., aipré. Genex., après. Midi, après. Vx. l'r.,
emprès.
Après, loc, prép., en train de : « T'vas 1" trouver au bouchau
du carre; ôl et après boire ». — En français, ces deux
derniers mots signifieraient que le biberon a fini de boire;
chez nous, au contraire, ils disent qu'il est en train- de
boire.
Bourg., aipré. (V. Eprâs).
Aquand, adv., quand, à quelle époque, surtout pour inter-
roger ; « On t'attend cheù nous; à quand veindras-tu? »
Morv., ai quan, (V. Quand).
Aqueudre, v. tr., exciter le bétail à marcher (Mervans).
Aqueuler (s'), V. pr., s'accroupir, s'asseoir sur ses talons. On
prend fréquemment chez nous cette posture familière, pour
s'approcher du feu, caresser un enfant, etc.
Bresse, s'acabécher, s'aroufer. Vx. fr., aculer.
(V. Acroupetoner , Croupetons).
Ar, s. f., air • « I m' leùve de grand maitin, por aller prend'e
la boun d.r ». Mais une euphonie naturelle fait dire o.ir si
si l'on veut parler de « l'air fraîche ».
Lat., aer, aura. Berry, ar. Bourg., ûr. Bress., aura. Daiiph., are.
LANGAGE POPULAIUE VKRDUNO-CIÎALONNAIS 29
Forez, ora. Lang., awjvr, naro, noura. liOri-., «r Mac, dr.
Prov., aura, nuro, anura, aer. Rom., aura. Vx. fr.. aure,
acr.
Aragnée, s. f., araignée. Dans les villes, comme dans les
campagnes, on entend couramment employer ce proverbe :
Aragnée du maitin,
Y é du chagrin;
Aràgnée du soir,
Y é d' l'espoir.
liai., arar/na. Berry, aragne, iraigne. Genev., airag^iée, aragne,
iragne. Lim., roigno. Midi, aragnée. Morv., airgnie, ailgnie.
Pic, araigne. Prov., aranh, aranha. B.ou.ch. , araine, uraignie.
Sl Am , arenyeùla. Sav., aragne. Wall., aragnie.
(V. Arirjnée).
Araire, s. f., charrue sans avant-train, à soc triangulaire
garni de deux ailes.
Lat., aratrum. It., aralro. Berry, arriot, arriau. Dauph., araro.
Forez, arore. Isère, arari. Lan»., araire. Lyon , araire, socida.
Prov., araire. Sav., ârai. "Wall., érère. Vx. fr., araire, arère
areau.
Arboub (« /'), loc, au rebours.
Bourg., rehor. Cogn., à l'arbour. Vx. IV ,rehors, arrehours.
Ar'gommencer, V. tr., recommencer. Va préfixe, qui paraît
d'abord singulier dans ce mot, peut s'expliquer bien natu-
rellement. Supposons cette phrase : « C'est mauvais; c'est
à recommencer ». On voit sans difficulté comment l'oreille
populaire a perçu la chose et rattaché le a en vedette à son
verbe.
Ital., ricominciare. Berry, arcoumencer . Bourg., requemanc'-,
Morv., eurc'moincer. Prov , recomensar. Wall., rikmaiiisi. Vx.
fr., recormnencier.
Arengs (cori lé-^-), loc, courir les harengs. Promenade-
procession locale des plus piquantes, faite le mercredi des
Cendres, et oii jadis se mêlait une grande partie de la popu-
lation. Tous les acteurs, une chemise de femme par dessus
leurs habits, à la main une ligne à pêcher, au fil de laquelle
pendait le poisson symbole de carême, couraient les rues,
psalmodiant : « Un n'ûi^en g ! deux s'arengs! trois ^'arengs! »
Et les gamins de sauter, tâchant, presque toujours en vain,
d'attraper le gibier-saur. Quelques promeneui's, au lieu de
hareng, accrochaient à leur ligne un beignet, une gaufre
remplis de filasse. Et, quand le gamin mordait dedans et
tirait, quels rires! — Il y avait bien encore la cérémonie
de la moutarde... Mais nous la passons sous silence.
Bourg., airan. Morv., érang, hairayi. Rouch., éren.
30 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Ar'GARDER, V. ti'.. regarder. (Voir Ar'commenccr pour Va pré-
fixe).
Ital , riguardare. Berry, arfiarder, argader. Boarg., regadai.
Nonn,, arregarder. Prov., regardai', reguardar. Saint., ar garder.
Vx. fr., aguarder, agaitar, reguarder. (Yoiv Agater).
Argogner, V. tr., faire un travail difficile, ou ennuyeux.
Argolet. s. m., lioux.
Berry, argoulin. Jura, aigrilou. Morv., argolet, aigoujâ, aigru,
aigaeriau. Poit., ngrole. Sais, r., agrebblai.
Argonié, s. m., mauvais ouvrier.
Arichal (fil d'). s. m., fil d'archal.
Lat., aurichalcum. Lille ,fi d'acar. Norm., «rA'flZ. Rouch , fi d'arca,
fi d' fer. Vx. fr., aixhau, archail.
Arié! loc. expl. A le sens de mécontentement, d'ennui, deton-
nement, d'impatience : « V là-t-i i^as, arié! qu'j'ai pardu
mon échevette! » Se dit pour exprimer une contrariété, mais
parfois signifie : aussi, encore, cependant, tout de même.
Quelques-uns l'écrivent orrzc.' J.Guillemin ëcvliarrier, qu'il
traduit par : au contraire. Ce n'est plus guère notre acception.
Pour donner plus de force à l'expression, on dit souvent :
Arié mais!
Bourg., arié, arré. Champ , arrié. JNlorv-, arrié. Norm., are. Poit.,
are. Wall., oragu.
Arignée, s. f., araignée. (Voir Aragnée).
Arigner, V. tr., railler, taquiner, agacer, provoquer.
Bourg., argaignai. Fr.-Gté, arguenai. Vx. fr., aguigner.
Arlequin et Arloquin. s. m., barque très légère, ne pouvant
guère contenir qu'une personne, et destinée à la cliasse sur
l'eau. (V. Nëye-chrètien).
Ar'marcier, v. tr., remercier.
Morv., erninrcier.
Armona, s. m., almanach.
Ital., nlmanarco.BDUvq;., armana. Flaud., «rmenrt.Genev., armana.
Midi, armana. Mous, armonaque. Muntr.. arminaii,. Morv.,
airmana. Pic, armana, arménake. Roucli., armenaquc. Wall ,
armena. alinona.
Aroufer (s'), V. pr., s'accroupir, s'abaisser : « C'ment c' qui,
t' peux pas y voir; aroufe-te ». A beaucoup d'analogie avec
Se mettre à croxipctnn.
Morv., s'arouffer. (V. Croupeton, Egrouer).
Arpi, s. m., grande perche à l'usage des bateliers. L'extrémité
est armée d'une pointe et d'un crochet en for.
Dauph., arpi. Lyou., arpi.^ harpie. Sav., arpi. Toul., arpeto.
LANGAGE POPULAÎRl'', VKRDUNO-CHALONNATS 31
Arpion, s. m., griffe, ongle, serre, corne des pieds de
coclion.
Ital., arpignone. Forez, arpion. Genev., arpion. Gasc, arpiou,
Lyon., arpion. Poit., arpion, orpion. Rom., arpa.
Arra, adv. de mariniers, vite! : « Arrâ dou davant! Arrâ
dou d'arrié! Arrâ dou partout! Arrâ dou bou viri ! » (Vite
en avant! "Vite en arrière! Vile de partout! Vite, et tournez!)
Nos liommes de bateau emploient ces locutions lors([u'ils
ont à faire éviter aux chevaux qui tirent la maille un obstacle
quelconque au bord de la rivière. Quand la maille porte bien,
elle passe facilement par dessus tout.
Arria. s. m , embarras, obstacle, tracas, étalage, confusion :
« Ses afàresme donnont ben de Varriâ ».
Arden., aria. Berry, haria. Bourg., ariâ. Fland.. haria. Genev.,
aria. Lorr., arou. Mai'ne, aria. Midi, arriage. Monti'., aria.
Morv., haria. Norm.,œ;7'a. Pic, aria. Poit., aria. Roucli., aria.
Wall., aria.
Arrié! interj., arrière!
Bourg , areire. Morv., arrié, arri. Vx. fr., areire.
C'est aussi une des formes orthographiques de Ariô .
(Voir ce mot).
Arrié {louïa cV), terme de mariniers. (V. Louïa).
Suis., faire arri (ramer en arrière).
Arsouille,s. m. etf., personne malpropre, de mauvaise tenue,
et surtout de mauvaises mœurs. L'abbé Corblet et Ed. du
Méril y voient une apocope de « garsouille ».
Bourg., arsouille. GhàtilL, arsoaille. Norm., arsouille. Pic, ar-
sonle.
Artifaille, s. f. , ajustement, objet de toilette : « Aile se
fait bé brave; aile met toutes ses arti failles ». — Corruption
d'attifage.
Poit., artifaille.
Arto, s. m., orteil, doigt de pied, particulièrement le gros.
On a retenu ce fragment de couplet :
Y é r vieux pare Beùrno :
01 è su son dos,
Pasqu'ùl a bé mau
A sofi gros arto!...
Lat , articulas. Ital, artiglio. Berry, arté, artoii. Bourg., atô.
Bresse, e</o. Genev., artueil. îlainaut, arloil. Lang , artel.'Sloi\[\.,
artoi. Morv., artoué. Vx. fr., arto. (V. Ortillon).
Artuson, s. m., artison, insecte qui ronge les bois, les étoffes
les pelleteries, etc.
Montr., artuson. Movv., artoicëzon. Vx. fr., artuson, arluisuii.
32 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHÂLONNAIS
Artus'né, adj., rongé des artisons.
Mon 11'., artusené.
Ar'veni (s'il'), V. pr., ,s'en revenir : « J' Tons rencontré qu'ô
s'n'arvenot d' cheù vous ».
Morv., s'n'arvenir.
Ar'voyote (à V), loc, au revoir! « Allons, Piarre, portez-vous
ben... à l'ar^voyoée I »
Berry, à l'arvoyure.
AsAR, S. m., hasard, aventure.
Ital., azzardo. 'Bowvg., aza,asar. Vvow., az-ar. St-Am.,as^.
AscuSER, V. tr., excuser.
ItaL, sr.usare. Morv., ascuser, Prov., escitsar.
ASE, s. f., aise, aisance, bien-être : « Y et ein bon parti qu'
Jacot; ôl é bén à Vase ».
Ital., «720. Bourg., «56. Bress., e50.Fr.-Gte, a^e.Morv., adye. Prox,,
ais. WalL, âhe. Vx. fr., eise, at/se.
ASE, adj., aise, satisfait : « Jamà j'ons vu nun pu use que
lu ; ôl é ben hureux !»
Lille, ache. Morv., adye. St-Am., ejou.
Malgré cette prononciation, le Vcrdunois dit : aise dans un
autre cas. (V. Aises [les).
Aspergés, s. m., goupillon, comme en français, mais aussi et
surtout l'aspersion faite pour lutiner : « J' nous sons baignés
en Saône avou 1' petiot, et j' t'ii ai envoyé un aspergés/... »
(C'est le premier mot de la prière chantée à l'église pendant
l'aspersion).
Lat., aspergere. Norm., arpergès.Tou.\., esparsou. Vx. fr., arper-
gès.
Assassin, s. m., assassinat : « Y et ein un vrà brigand; ôl a
commis eun assassin ».
Norm., assassin. Rouch., assassin. Vx. fr. assassinement.
Assavoir {faire), v. tr., annoncer, publier par la ville. C'est
toujours le tambour attitré qui remplit cette fonction : « Eh!
v'ià r tambournier. Qué-ce qu'ô va xions faire assavoir^ »
Morv., aissaivoud. Norm., assaveir. Pic, assavoir. Wall., assavoir.
ASSEC [en), loc, une des manières dassoler les étangs. L'as-
solement en assec est en usage dans l'Autunois et quelques
localités du Clialonnais. — Lorsque les étangs sont restés
en eau pendant quelques années, on les dessèche (on les met
en assec) et on les sème ordinairement en avoine.
LANGAGE rOPULAIIlE VERDUNO-CIIALONNAIS 33
AsSETER fsy, V. pr., s'asseoir ; « T'nez, la brav" Connc, ass'tez-
vous dvant ITeù »,
liai., assetare. Berry, siter ,assiter, assidre. Bourg., e5.9e<ai, esseutai.
Bugey, acheta. Montr., asseter. Morv., aichetcr, aichiter, chiler,
chitre, ester, ster, sièter. Pic, assir, achir. Poit., assiter. Prov.,
assezar,assire. S^\xi\,., assiter. Sa.Y., achettd. Wall., assir.
(V. Asseyer, Cheùrtcr, Sisite).
AssÉYER (s'), V. pr., s'asseoir.
Genev., s'asseycr. J\o\\c\\., s'assir. (V. Asseter, etc.).
Assis (se mettre), loc, s'asseoir : « Mette.^-voiis donc assis;
j'vons causer un brin ».
On trouve dans Ronsard ; Assisons-7ious .
AssoTE (à l'], loc, à l'abri. On entend parfois dire : Essaie, et
môme A la soie : « I pleùvot; allé s"é métu à l'assoie sou
ein ûbre ».
Ital., alV asciutto. BeiTV, à la coi, à la coure. Bourg., ai l'aicoyau
à Vessote. Champ., à Vécoyau. Dauph., à la sauta. Fr.-Gté, à
l'aissoute. Fril)., à la sola. Genev., à la sioufe. Hain., al coiete.
Lyon., recoto. Mons, au coi. Montr., assote, à la soute. Morv., à
la coi, ai l'aicouau. Neufch., la chotta. Pic, à la coyette. Rom.,
essoute.V\.ovic\\.,aucau St-Am., acheùte. Sav., à la cheiitd. Y ■àiid.,
la chotta. Vosg., à lai chouai.
Ass'tot, adv., aussitôt, au moment que.
Bourg., aussitô, osseto. Lorr., astôt, ass''f6t que (sûrement que).
Morv., chutât. St-Am., chas t eu. (Voir Auss'tôt).
Atou, prép., avec, ensemble, aussi. (V. Éiou, Itou).
Atounant, adj., étonnant.
Morv., atounant.
Atout, s. m., coup bien appliqué : « 01 étot tôjor à me
r'chigner; j' t' li ai fichu eun atout!... » Les joueurs aux
cartes, prenant le mot au sens propre, disent : « battre
atout » pour : jouer atout.
Berry, atout. Cognac, atout. Genev., battre atout. Manch., atout.
Norm., battre atout. Pic, atout. Sav., atout. Wall., atott. Vx. fr.,
à tout.
Atraper {s'), V. pr., se heurter, se faire mal contre un corps
quelconque : « Ohl là là! j' m'é atrapè la main cont' le
mur ! y m'fà bé mau ! »
Bourg., étraipai.
Atrapote, s.f., piège, lacet disposé pour prendre les oiseaux.
Au fig., ruse, artifice,
resse, aîtrapote. Pioucli., atrape (pour les animaux).
34 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Atrapou, s. m., attrapeur, rusé, qui trompe.
Bourg., aitraipoù.
Atreaux, ou Atriaux, s. m., boulettes de foie, de cœur et de
mou de cochon, très agréables aux délicats. Ces boulettes
se confectionnent aussi avec des tranches de viande roulées
et grillées (Atclets).
Employé aussi dans le sens de : fricandeau.
'Bon.Yg., ûtraux. Bress. , otelets. Forez, autarianx. Genev., at7'iaux.
Norm., haielet. Vx. fr. , hdtereaux, astereaux, altereaux.
Atrinqué, adj., à son aise, ayant bien tout ce qu'il lui faut :
« J' sons été voir nout tante; iûV é ben atrinqucc ».
AucuEUNE, adj. indéf., aucune.
Ilâl. , alcuna. iionrg., auquène, iVlorv., dauqueune. Prov., alcun,
Vx. fr., alcun, alqiiens.
Au DROIT DE . . . , loc. , à la portée de. . .
Morv., au droit de.,.
Auj'DEU, adv.. aujourd'hui. — Contration d'awjorf/ew.
(V. ce mot).
AujORDEU, adv., aujourd'hui.
Lat., hodie (hoc die). Berry, anhui. Bourg., ojede'ù, aujoden.
Bresse, ozordi. Genev., aujord'hui. 11. -V., ani, anhui, anhé,
anhet. Lang., hiuèi. Lim., anét.Lovr., ajd'heu, ajeffueù, éméheu.
Lyon., huey, vuey. Mac, ajôrdic. Morv. ,hôcedé, ojedeu, ozedeu,
ûjedeu, azedeu, mâdeu, ozedé, ozourdé. Prov., Md, enqu'hui.
Rom., hey. Sav., voia'. ^ovl\., en-hui. TouL, owej/. Vosg., agedeu,
aigedeu. (V. Auj'deù, Aneiit).
AuNOT, s. m., oison sortant de l'œuf : « 01 é ben futé c'ment
ein axmot ».
Auss'TOT, adv., aussitôt : « Voui, auss'tôt qu' ses bas ont des
portus, ô t' les met au rancart ».
Bourg., aussitô, ossetô. (V. Ass'tôt).
AuTOR, prép., autour.
Ital., intorno.Bowvg., autor. St-Am., la tou, lou tou,utou. Sav.,
iteur.
AuTOUNE, s. f.. automne.
Lat., autumnus. Vrov. , autom.
Av', contraction d'avez : « Au' vous besoin que j' veiane? »
(V. Av' vous).
Avalée, s. f., descente, pente de terrain.
Lat., ad vallem.
LANGAGE POPULAIRE VEUUUNO-CIIALONNAIS 3.'
Avaler, v. intr., descendre : « A Vaval, aïo! » est le cri du
berger rasscml)lant son troupeau. On a dit autrefois « à J>ride
avalée » pour : à bride abattue.
Bourg., éi-aulai. Morv., aivaler. Nonii., avaler. Vx. fr., avaler, av al-
ler, s'avaler (s'abaisser).
Avaler, v. tr., quereller en criant fort, s'emporter brutale-
ment : » Je m' garderai ben d'il en parler; ô m'avalerot ».
Avale-tout-cru, loc. adj., goinfre, glouton : « L'inviter, c'gas?
Oh! côge-te; y et eun avale-tout-cru ». (V. Avale-royaume).
Avale-royaume, loc. adj., mange-tout.
{Y . Avale-tout-cru, dont il est synonyme).
AvANPLEUE, s. m., auvent, tente pour garantir de la pluie
(avant-pluie).
Morv., aicanpleue.
Avant, adj. et adv., loin, profond, profondément : « Por
avouer eun p'chot d'ombre, j'ai r'planté l'àbre pu avant ».
« J'ai vu r trou; ôl é ben avant ».
Lat., ab anle. Bourg., aivan. Morv., aivan. Pic, avant. (Voir Avau).
Avant [lonA'a cV), terme de mariniers. (Voir Louïa).
Avant d' lai, adv. de lieu, loin d'ici : « Y a biau jeu qu'ôl é
parti; ôl é ben avant cl' lai ».
Avanter, v. tr., aveindre : « Avante-me c'te bouéte; i n' seù
p'assez grande » .
Bourg., évoindre, ar oindre, Genev., avanter. .Jui'a, avanter. Lang.,
avéra. Lyon., arera. Montr., avanter. Sav., avêtâ.V^?à\., aveni.
(Berry, Nivern., Norm., Pic. ont le mot français).
Avau, te, adj., profond: « L'ià é frôche à mon pouit; ôl é
ben ava^i ».
Lat., advallem. Montr., avaitt. (V. Avant, Evaii).
AvÉNE, s. f., avoine,
Lat., Ital., avena. Berry, aveine. Bourg., aivona. Lim., avêno.
Morv., aivoigne. Norm., avena. Pic, avène. Prov., avena. Sav.,
avêna. Wall., avônn.
AvENiÈRE, S. f., champ d'avoine.
Avette, s. f., abeille.
Lat., apis. Ital., ape. Bevvy, avette, apette. Bugist., avouille.'DQ.u^h.
avilie. Lorr., mohatte. Lyon., aveille. Norm., avette. Pic, es,
eps. Prov., abelha. St-Am. , javulye. Sr\., avoellie. Wall., 77iofih
al Idmm. Vx. fr., avette, apette, aveille.
AvEUGLOTE (à l'), loc, à l'aveuglette, sans lumière, sans y
voir : « T'as ôbliè ta lantarne; V vas t'en r'torner c'ment
c'qui d l'aveûglote ». (V. Eveûglote).
36 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNATS
AvEULE. S. f., aveugle.
Lille, avide. St-Am., avulyou. Wall., aveûle. (Voir Eveugle).
AviER (s'), V. rèfl., se dit d'une machine, ou plutôt d'une montre
qui, après s'être arrêtée, s'est remise en marche seule : « Ma
montre s'étôt érâtée dans la neùt; àll' s'èaueée pendant la
preùmenade ».
Avoi, V. tr., avoir : « I voudro bon avoi V temps, j" te plain-
dro, vrà ! »
Lat., hahere. It., avère. Bourg., aivoi, aivoy. Il.-Vne, avai,ava.
Morv., aivouû. Norm., aver. Pic, avoër. Poit., avère, avouère.
Prov.,ai5er. Suis, rom., arai. Wall., aveur. {N . Avouer).
Avou, prèp., avec,
Berry, anc, anvec, aveiic. Bourg., aivô, aivu, aiveii, aicoue, avoue.
Bresse, avoui. Bugej'^, avoué. Gogn., avou. Dauph., avey, aveque.
Fr.-Gté, aivo, aiveu, aivoue. Il.-Vne, o, avé, ové. Lim., coumo.
Lorr., avou, evou, avo, aveu. Lyon., avoï, avouai. Mac, avu.
Morv., aivou. Norm., aveu. Pic, aveu, avé. St-Am., avioâ. Sav.,
avoai. TouL, ambe. Vosg., evo, awoti, Wall., avou. V.k. fr., oves-
ques, avoec. (V. D'avou, Évou).
Avouer, v.tr., avoir.
Lim., aver. (V. Avoi).
AvoL'RTON, s. m., avorton. Outre son sens propre, s'emploie
en injure contrôles gamins : « Sauve-te d'iqui avourton! »
Bourg., aivot07i. Vx. fr., advoiilton, advorton.
Av' VOUS? contract. de : avez -vous ? Parfois se contracte encore
davantage en : A' vous f
Vx. fr., avons. (Voir Av').
A VUE D' PATS, loc, coup d'oeil d'ensemble, aperçu général.
Signifie surtout : sans y regarder de trop près.
Gogn., même locution.
B
Baba [à), loc, à boire ! On emploie ces mots avec les enfants,
et les enfants les ont adoptés dans leur vocabulaire.
Morv., bubit, fére bubune. Sav., baba.
Babille, s. et adj., femme qui cause beaucoup, babillarde :
« N'crès pas tout c' qu'all'te dit; y et eùne grande babille ».
Berry, bagoulant, e.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAlS 37
Babo, s. m., bobo. So dit volontiers en |)arlant aux enfants :
« T'as babô ? Attends; jVas t' biser ». Le baiser compte ton-
jours pour le meilleur remède.
Berry, babiau, Genev., haf>o, Morv., hahn.
Babouin, s. m., qui a de grosses lèvres, lippu.
Ital,, bahbuino. Bourg , babouin, Morv., babouin.
Babouine, s. f., babine, grosse lèvre.
Berry, babiche, babonne. Bourg., babairpie, habeifjne. Flaiid.
babène. Genèv., babouine. Lille, bahan7ie. Morv., babouiyie. Pic,
babelne.
Bachot, s. m., dimin. de bac. bateau à compartiments troués
pour garder le poisson vivant : « J' voulons eùne meûrette;
vas qu'ri c' qu'i faut dans ton bachot ». Ce substantif désigne
le bateau tout entier.
Berry, bâche. Lyon., bêche, besche. Norm., bachot (petit filetj.
Wall., bâche, bac. (V. Bdchut).
Bachut, s. m., partie du milieu du bateau de pêche, fermée
et à jour, et dans laquelle le poisson reste en eau vive
jusqu'à ce qu'on le mette à la sauce ou à la poêle. Les
Verdunois emploient un peu indistinctement bachot et bâchut,
et pour les uns ils sembleraient presque synonyme, alors
que chez d'autres nous avons remarqué la nuance indiquée.
Bas-Lim., bachoun. Bresse, Serve (réservoir à poisson), p. syn. à
hûchu.Yovm, huchet. Liyon, bdchu, bôchu. (V. Bâchât).
Bâfrée, s. f., bâfre, repas copieux, abondant, et pris avec
gloutonnerie : « 01 a migé à la noce... Dieu de Dieu ! queiiee
bâfrée ! . . . »
Vx. fr., baiiffrée.
Bâfrer, v. tr., manger copieusement et gloutonnement :
« O bâfre, ô bâfre; j' sais vrâment pas queù ventre qu'ôl a ».
Berry, baufrer. Bourg., bâfrai, briffai. Lorr., bâfré. Wall., baffrer,
Bafrou, s. m,, glouton, bâfreur.
Berry, baufreur.
Baisselon, s. m., espèce de sarcloir.
Bresse, bacelon. Mac, bessale (pioche). Monlr., baisselon. (Voir
Fessou).
Baillot, s. m., soupir. Se dit des animaux : (■; O rend son
dârei bâillât ».
Baillou, adj., donneur, qui fait volontiers l'aumône.
Bourg., baillou, ze.
38 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Baliyer, V. tr , balayer.
Berry. halier. Genèv., halier. Midi^ id. Moi-v., haléger. Prov.,
halayar. Rouch., halier, Vx. fr., baloier, baller. (V. Remesser).
Baliyette, s. f., dim , petit balai.
Liy on., coueveta. Norm., haliette. Rouch.. haliète. (V. Remesse).
Baliyure, s. f., résidu du balayage.
Berry, &aiM<re. Genev.,id. Midi, id., Roucli., id.
Balant {ùtre en), loc, être indécis, ne savoir de quel côté
pencher. Une femme, qui avait des prétentions et voulait
quitter le patois pour le français, me dit un jour, répudiant
le mot balant : « Je ne sais vraiment que faire, je suis dans
le décis (l'indécision) ».
Gogn., balant.
Balivarne, s. f., baliverne.
Bourg., baallvarne.
Balonge, s. f., maie d'une forme spéciale pour la préparation
du pain de sarrazin.
Bourg., bailonge. Jura, halonge. Moulr., id.
En Bourgogne, la bailonge est un cuvier ovale, où l'on jette
les raisins vendangés pour les porter à la grande cuve. En
Bretagne, fcrt/op'cif est aussi un cuvier.
Balot, s. m., criblure de blé, d'avoine.
Montr., ballot.
Balote! s. f., terme employé par les paysans pour appeler les
oies.
Montr., balotte (belette).
Bambiner, V. intr., muser, flâner : « On' fait qu' bambiner po
les rues ».
Forez, bamband, banibardd.
Bamboche, s. f., babouche, savatte, pantoulle, chaussure de
chambre.
Genev., bamhnrhe. Pic, id. Jura.id. Metz, id.
Bambocher, v. intr., godailler, riboter, passer son temps en
plaisirs.
Genev., bambocher. Vaud., id.
Bamboches, s. f., se prend dans l'acception de plaisirs peu
modérés : « 0 fait ses bamboches ».
Ital., bamhoccio. Norni., bamboches. Rouch., id. Wall., ba.mbosch.
LANGAGK l'Ol'U I-AIUI': VKKDUNO-CHALONNAIS 3i>
Bambocites s. f., balivernes, dires de peu d'importance :
« Côge-te donc, te m' dis des bamboches ».
Baneire, s. f., bannière.
Ital , hdiidicra. Bourg., baneire. Prov., bandiera, baneira. Wall.,
banire.
Barbe, s. f., barbe.
Lat., et Ital., barba. Bourg., babe. Prov., barba. Wall. bâbe.
Barbette s. f., dim. de barbe, barbe naissante. Très usité
dans ce chant des enfants se tenant rècipro(iuement le bout
du menton :
Je te tiens, tu me tiens, 'par la barbette. Le premier de nous
deux qui rira, aura la tapette.
Morv., barbette .
Barboter, v. tr., salir : « Aile a joliment barboté sa jupe! »
Norni., varvoter.
Barboter, v. intr., bégayer, parler de façon peu intelligible :
« Qu'è-c' que f nous barbotes ? On n' t'entend pas » .
Barbouiller, v. tr., affadir, dc-ranger : « J'ons mingè l'oie de
la Saint-Martin; ma allé étot si grasse, qu'àll' me barbouille
le cœur ».
Barbouillon, s. m., qui ne sait ni parler, ni se tenir, décon-
tenancé : « 01 é sale. ô,n' dit mot; y et eun vrâ barbouillon ».
J.- Jacques a donné ce nom à un méchant musicien.
Genèv , barbouillon.
Bardoler, et Berdoler, v. tr., barioler, peindre de plusieurs
couleurs les œufs de Pâques.
Bourg., barrôlai. Genèv., baricolé. Montr., bardoller. Poit., bri-
galer. Jioach.., gdioler. Vx. fr., riolé.{Y. Barigoler).
Bardot et Berdot, adj., bariolé. Pour Pâques, les marchandes
mettent en vente les cocos bardots, c'est-à-dire peinturlurés
de diverses couleurs. On les dit aussi bardolès, du verbe qui
précède. S'applique aussi aux taches de rousseur : « C'te
fonne é bardote ».
Bourg., barrôlai. Montr., bardot. Hoiich.. ffaïolé. (V. Bardoler).
Barger, s. m., berger.
Bas Lat., berbicarius. Eerry, barger. Bourg., borgei, bogei. Bres.s.,
berzi. h'im , barger. Lorr., b6gé.M.&Q,., bregi. INIorv., beurger.
borgé, beurzé. Norm., bergier. Pic, berker. Prov , bergier.
40 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Bargère, s. f., bergère.
Bourg., borgeire. Morv., beurgére. borgére, beurzére.
Ce féminin est mis ici pour exemple. Le féminin des mots de la
nomenclature qui précède se forme naturellement.
Bargerie, s. f., bergerie.
Lat., berbicaria. Bourg,, borgerie. Morv., id. St-Am., brezei'i,
Vx. fr., ber chérie.
Barignon, s. m., chemin creux. (V. Conchisc).
Barigolé, adj., bariolé.
Genev., baricolé. Lyon, id. Morv. id., brigolé. Vaud., baridolc.
(V. Bardât).
Barigoler, V. tr., barioler.
Morv., brigoler. (V. Bardoler).
Barnager. V. intr., réussir, prospérer : « C'te famille a mau
torné: àlT n'a ])omibarnarjè ». S'emploie aussi pour produire,
fructifier: « Ces àbres ne barnagent point; la tàrre ne leû
convient pas. Les pommes de tàrre n'ont point bar nagé
c't' an-née ».
Morv., bairiiaiger.
Baronfler, V. intr., respirer bruyamment et péniblement:
« (31 a quéque cbouse qui le geinne; ôl en baronfle ».
(V. J on fier).
Barquot, s. m., petit bateau, dim. masc. de barifue : « Monte
au barquot; j' vons pocher ». Plusieurs l'écriraient barcot ;
mais devant Torthogr. de barque, d'où il procède, il n'y a
pas à discuter.
Bourg., baque (barque). Dauph., barqiiet. Rouch. barquète. (Voir
Fourquette. Arlequin).
Barre, s. f., le devant : « la barre du lit, la barre de la porte •".
On dit aussi : la barre du cou, pour : la nuque, qui n'est
plus le devant.
Bas (descendre en), amplif. incorrect, employé un peu par-
tout.
(Y. Bois, Chaud, Froid, Haut).
Basaine, s. f., basane, peau de mouton préparée,
Vx. fr., basane, bezane.
Bassin, s. m., petit vase en cuivre et à queue, accompagnant
toujours le siau qui contient l'eau à boire.
Bourg., baissin. Morv., bassin, baissin. Pic, bachin. Prov,, bacin.
LANGAGE l'OPULAlilE VEllDUNO-CUALONNAIS -11
Bassin-d'or, s. m., renoncule des près.
Morv., hassind'or. Poit., clair-bassin.
Bastringue, s. m., bruit dissonnant qui agace, tapage : « Vtu
ben, ch' ti botriati, fini ton bastrinf/ue; te m' casses les
orilles ».
Batafi. s. m., petit morceau de corde non tordue, dont les
mariniers se servent pour attacher ensemble deux autres
cordes, deux petits bouts de bois, etc.
Forez, batafi.
Batiau, s. m,, bateau.
ItaL, batello. Bourg., baitea. Dauph., batcu. Lurr., bèquià. Morv.,
baqitiau. Prov., batelh. Piouch., batiau. St -Am., batô. Wall.,
bâtai.
Batin, s. m., petit lait, résidu aqueux, qui s'est produit à la
battue du beurre.
Moatr., battain.
Batrasse. s. f., forte pluie, averse, parfois mélangée de grêle :
« La vigne a passé fleur, mais gare la bab^asse! » —
J. Guillemin suggère que « ce mot fait penser, par son éty-
mologie grecque (/5aTpa;/oç) [?J, aux prétendues pluies de
batraciens », où il voit tout simplement une pluie Luttante.
Gogn., batrasse. Montr., id. {y. Beùrée).
Bâtant, s. m., sorte de piège en planchettes pour prendre les
oiseaux, trébuchet.
Boarg., baitan.
Bateron, s. m., espèce de tresse formée avec le chanvre qu'on
ne ferrote pas .
Batou, s. m., batteur de blé, qui bat au fléau, en grange,
liai., batlilore. Movy., battoii. Prov., bateyre, batedor.
Batre, V. tr., pris dans une acception absolue pour : battre le
blé : L' pare Chose bat à Saint-Jean » . Une locution très
usitée est encore celle-ci : « batre en grange ».
Ital., battere. Bourg.. baitre.beutre.'MoYX., battre. Prov., batre.
Batre de la caisse, loc, tambouriner, fonction du « tam-
bournier ».
Sav., tambornâ.
Bauché, s. m., fenil. (V. foincau). (Mervans).
42 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Baular etBoLAR, adj., celui qui crie, qui pleure.
Morv , bolar, bolet.
Baulée et Bolée, s. f., cri, hurlement, mais aussi chant de joie.
Bauler et BoLER, V. intr., pleurer avec des cris, beugler:
« E'-ti mauvais, ce p'tiot! ô n'faitqu' bauler! »
Forey., beiirld. MovY , bauler, bôler (se dit des taureaux), Poit., id.
St-Am., bêlé. (V. bêler, beùler, rebauler).
Bauméri, s. m , nom que les mariniers donnent aux chevaux
de renfort qui, de l'autre côté de la rivière, aident au tirage
des bateaux.
Bavaroise, s. f., petit pont de pantalon.
Rouch., bavaroisse.
Baver, v. intr., bavarder, parler continuellement.
Bourg., baivai. Prov.. bavnr.
Bavette, s. f., bavardage, longue conversation : « Voù c'ét-i
qu'à' sont, nos tonnes ? — Cheû la Koussote. A' taillont
eùne fine bavette ».
Bourg., baivaite, baibillô. Wall., bavette. Vx. fr., baverie. (N .Tailler,
Causette).
Bavou, adj., qui bave, sens propre (?), mais surtout au fig. :
bavard, craqueur, menteur : « Y é pas vrai. Côge-te; t"ét ein
p'tiot bavou ».
Berry, bavoux. Marne, baveiir. Montr., bavou Morv., id. bavoichou.
Pic, baveux. Poit., bavou. Prov., bavec, bavet. Sav.,bavii, bavœu.
Bazaine. S. f., étoffe employée jadis dans les costumes de
femmes, et très goûtée de nos grand'mères.
BÉ, adv , bien, fort, beaucoup.
Bourg., bé, ben. Morv., bein. St. Am., bié. Saint., bé. Wall., id.
(V. Benj.
BÉATiLLE, s. f., bagatelle, débris, objet de peu de valeur ou de
minime format.
Bourg., béatille (bonne chose à manger). Lyon., id. Prov., beniilhas.
Beaune {?e trouver de), loc, être de reste, laissé de côté; n'être
pas suivi, pas pris au sérieux : «... Un tas de résolutions,
qui toutes se trouvent de Beaune devant la dernière, la meil-
leure qu'elle ait jamais pu prendre » (correspondance
de 1833). Cette locution chalonnaise était encore très usitée
dans mon jeune temps.
Bourg., Beane. Forez, être de Beaune.
LANGAGE POPULAIRE VKKDUNO-CHALONNAIS 43
Beaune a été raillée du temps de Piron, et surtout par Piron. Un
enfant de cette ville, M. S. Gautliey, Ta vengée dans une
pièce de vers liliale. En note, il ajoute que lîeaune vient de
g£//;vo; (le soleil;, et le prouve par ce calcul (en plaçant verti-
calement les lettres de ce nom mystérieux, et leur donnant
leur sens numérique grec) :
fi- 2
e — f)
À — ;^o
V; - 8
V — 50
0 _ 70
Ç — 200
oOÔ, nombre des jours de l'année solaire.
Beanc se prononce Biâne. Selon le compétent bourguignon
J. Durandeau, « c'est sans doute à cause de cette rime («ne,
Bidne] qu'on a dit : les ânes de Beaune ». — Selon La
Mésangère, il y aurait eu jadis à Beaune de riches marchands
appelés L'Asne, et les railleries, très imméritées, seraient
venues d'un malentendu sur ce nom.
Becfi, s. m., JDecfigue, oiseau qui béquette les figues et que
l'on trouve d'un manger délicat.
BÉCHELON, s. m., bêche. (Mervans.)
Berry, bisse, besse.
BÉCOT, s. m., baiser : « Allons, p'tiote. vein et fais-me eiu
bécot » .
(Hhanip , /;ec. Flaiid., besse. Lang., héquon. 'Slor\.,'bécô, boqiie .
Pic, bec. (V. Bicot).
BÉCOT, s. m., bec, petit bec.
Berry, bé. Bourg., &at. Lim., bé. Lorr., bac,beuc. Moutr., fe«. Morv.,
be. Pic, be Prov., bec. Rouch., bicque. Wall., bêche, be(j.
Bedon, s. m., bedaine, gros ventre. En français, signifie :
homme replet, le gros ventre s'appelant : bedaine. « 01 a
eun fameux èecion ; ma y é pas étonnant, ô bâfre tôjor ».
Morv., bedon, (petit ventrej. Poit., bedaille, bode. Wall., bodène.
Beh (mouton), loc, nom donné au mouton par les enfants qui,
toutes les fois qu'une ou plusieurs de ces douces bêtes
passent, conduites par le boucher, ne manquent jamais de
formuler ce petit dialogue ;
yioiiton bêh, — où vas-tu ? — -4. la boucherie, — Perdre la vie. —
Mouton bêh, — Quand r' tiendras-tu? — JoAnais... — Mouton
bêh!
44 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
L'apostrophe mouton bch, qui revient trois fois dans ce mor-
ceau, est prononcée avec rimitation la plus parfaite possible
du bêlement du pauvre animal. Le langage enfantin n'est
qu'onomatopées.
Norm., hais. Toul., mé.
Beiller, V. tr., bailler, donner : « Qu'é-ce que te m' beilles
iqui ? Y et eijne prou jolite afâre ! »
Lat., bajulare. Montr., beillir. M.ovy., beiller. Prov., hailar,baillir.
BÉLEiNiENT, adv., doucement, agréablement: «Eh ben! la
mère, ça va-t-i ? — Marci, tout bêlement ».
Bress chalonnaise anc, ballement. Jura, ballaman. Morv., halle-
ment. beiilement. Vosg.. hêleman. Toul., béloman. Vx. fr, belle.
ment.
BÊLER, V. intr. crier en pleurant. (V. Bcnder, Couiner.)
Belin, adj., gentil, beau, mignon. Expression caressante dans
le langage des enfants : « Veins m' biser, mon p'tiot belin ! »
M. Ragut dérive ce mot debellino, joli.
Belsamine, s. !.. balsamine.
Rouçh., heljamine, benjamine. Wal., benjamine.
Ben, S. m., bien, propriété. Ce mot a, dans les diff. patois,
les mêmes analogues que Ben. adv. (V. ce mot).
Sl-Am , lou ben.
Ben, adv., bien, beaucoup.
Lat. el Ital., bene. Bas-Norm-, biein. Berry, ben, bin. Bourg., ben,
bé. Bress., ?im. II. -V., ben. him. ,bei. Lorr. bin, bé, Mac, bian.
Morv., beiji. Norm., bé. Pic, be)i. Poit., ben. Prov., ben, he.
Rouch., ben. St-Am., bén. Saint,, be. Sav., bi^i. Wall., bin, bé.
(Voir Bé.)
Benissoire, s. m., goupillon ; « L' bon Dieu t' bénisse avou
son grand benissoire ! » Se dit à l'éternuement.
CogQ., bénissoére. (V. Asi^ergès.)
Benissu, part., bénit, bien conditionné.
Morv., bénissu..
Benne, s. f.. corbeille destinée au transport des fruits, légumes.
grains, etc. Elle est ordinairement tressée en jonc ou en
osier, et assez profonde.
Bas-lat., ôenwa, 6enna<a.; Ital., tenna. Berry, benne. Bourg., banne.
Bress., henna. Flam., &e««. Grenob', 6œ«a<a. Lyou,, fcena. Morv,,
benne. Pic, begneii, benieu, (tombereau;. Bouch., bentie, béne.
Valenc, beniau (tombereau). Wall., benne, béne.
(V. Benncton, Bouène.)
LANGAGE POPULAIRE VRRDUNO-CHALONNAIS 45
Benneton, s. m., dim. de Benne,
Berry, benaton. Bourg., bena(o)i.Ch(i\.\\l.,henet07i.Cxer\eY., henaiton.
Lyon., benoii, benot. Midi, bcDiastou, bcinaton. Sav., bi-nàlon.
Wall., banète. Vx. fr. banaston.
En Bourgogne, c'est le panier oblong qui sert à transporter
les raisins dans la balonga. (V. Benne.)
Bentot, adv., bientôt.
Berry, hentoùt. Bourg., bétô. Daupli., bientou. heliau. Forez, bcnio.
Il.-V., bentôt. Lang., benleou. Lyon., betou. Prov , beîeou. St.-
Am., bén dasteû. Sav., binstoii. (V. Bétôt).
BÉQUET, s, m., bouquet.
Ital., boschetto. Bourg., beuquai, boquai. Morv., baquet. St-Am.
bonkyë. Suiss. rom., boket. Widl,, buscai.
Berchot, s. m., brèciie-dents, à qui il manque des dents. Sans
trop s'éloigner de la prononciation, on pourrait écrire beùr-
chot. Cette remarque peut s'appliquer à plusieurs autres
mots.
Aveyr., bercat. Gogn., deurchut. Forez, barchu. Genev., berche
Lang., bèrgua. Lyon., bréchu. Montr., berchot. Poit., berchaud,
Bom., besca. Toul., endentat. Vx. fr. brcsce.
Bernauder, V. intr.. lambiner, musarder, perdre du temps.
Berry, bernauder.
Bernicle ! interj., bernique! « Teins! pasque t' Tas treùvée
jolite, i t'a r'semblé que t' peûvos la prende... ma bernicle ! »
Genev., bernicle. Morv., beurniqhie. Norm., bernicle. Vx. fr.
bernique.
BÉscu, loc, ironiq., baise-cul. Tient lieu de réponse au question-
neur que l'on trouve trop curieux s'il demande : « Qui' c'
qui é v'nu t' vouer ? » — « Béscu Y jeune, lui réplique-t-on ;
V vieux é mort ».
Fland., bescic. Norm. bescu (maladroit). Rouch. bescn (maladroit).
Besin, adj., lent, musard.
Besiner, V. intr., lambiner, musarder, aller lentement.
Besognou, adj., besoigneux.
Morvan, besoignou. Prov. besonhos.
Besoin {avouer de), loc, avoir besoin.
Gogn., même formule, Prov., besonh.
BÊSSE (à la), loc, au gré de l'eau : « Mon batiau s'en va à la
bêsse ».
Bestia, adj., sot, bête, maladroit, bestiasse.
Lat. et Ital., bestia. Bourg., béte. Comt , bestiasse. Prov.. bestia.
St-Am., 6ew(^ (benêt). Vx. fr. bestion.
4G LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Bestiau, s. m., bêtes, bétail, troupeau : « J'ons eùn bestiau
d" malade ».
Lat.. hestialis. Berry, bestiau, bestial. Daiiph., bestiau, bétie. Lim.,
beïtiàu, bétio. Morv.. bestiau. Norm., le bestial. Sav., bétiau.
Vx. fr. bestial.
BÉ SEUR, adv., bien sûr, certainement.
BÊTASSE, adj., bêta, simplet, naïf.
Ital., bestiaccia. 'Slovv.,bét6.
BÈTASSERiE, S. f., bêtise, simplicité, naïveté.
Sav., bêtise.
BÉTE NOUÉRE, S. f., ])ête noive, petit coléoptère qui dévore, au
printemps, les jeunes siliques du colza. On l'appelle encore
Altise, et Tiquet.
BÉTOT, adv., bientôt.
Lille, bèfot. Lorr., béteu. Wall., bétôt. (V. Bentôt.)
Beu, s. m., bœuf.
Berry, bœu. Bourg., beu. bô Bress , boua, bua. Dauph.. bou. Lim.,
biàu, bio. Lorr., bii, bûr. Lyon., bou. Mac, beu. Montr., bû. Morv.,
bœu. Pic, bu, bœu. Prov., bov, buou. Rouch., bue (monosyll.).
St-Ani..?>(ct% Sav., bou. Toiil., bioou. Wall., boùf.
Beugler, v, tr., regarder insolemment.
(V. Beûiller.)
Beugne, s. f., grosseur, bosse résultant d'un coup reçu, prin-
cipalement à la tête : « Jacquot m'a battu ; ô m"a fait eûne
beûgney>, Ch. Nisard. trouvant une res.semblance entre la
bosse et le produit culinaire, se demande si beignet et bcu-
(jnot ne viendraient pas de beignc et beûgne ?
Berry, beugne. Bourg., beugne, bcigne, boigne. Champ., beugne,
Cognac, beugne. Fr.-Gté, beussnieu. Lorr., beugne. Morv..
beugne, Norm., heigne bigne. Poit., cabeugne, queugne. Rom ,
bigne, bugne, bugnie. Saint., beurgne, beugne. Suiss., bougne.
Toul., bouigno. Yx.fr. beigne, bigue. (V. CabeùgneJ.
Beugner, V. tr.. frapper, heurter violemment, surtout à la
tête : « Que qu' t'as là? T' t'é beûgné le front ».
Gogn., beugner. Movy., beugner, bausser, Poit., beurgner, queugnai.
Saint., beurgner.
Beugnet, s. m. beignet, friture renfermant d'ordinaire une
tranche de fruit.
Berry, beugtiet, beugnon. Bress., bugno (les bugnos se mangent
pour les accordailles), Genev., bignef. bugnet, bugnon. Lim., bou-
nieto. Lyon., bugne, bugnie. Montr., bugnot. Prov., bougnetto.
St-Am., bugnëta, Toul., bougnetto. bouigneto, Vx. fr. bingne,
begne.
LANGAGE POPULATIIR VRRDUNO-CIIALONNAIS 47
Beuiller, V. tr.. regarder comme font les bœufs, de près et
fixement ; avec obstination, indiscrétion : « Qu'é-co (|uc fas
à m' beuiller c'ment c'qui ? »
^o\\.rg. , beuillai, beuyai. CjOgn., beuiller. Fr.-Cté. beuiller. Poit.,
gueuiller. (V. Bcùcler.)
Beuler, V, intr., crier, l^eugler. Se dit des enfants qui crient
par malice (V. Bauler.)
Beurbis, s. f. brebis.
Ital., &er62ce. Berry, berbis, barbis. Morv., barbi, beiirbi. Pic, ber-
bis. FroY., berbii^. Vx fr. berbis.
Beurcer, V. tr., bercer.
Bourg. ,breussai. Prov., bursar, bressar. Wall., bilsi. bilzi.
(V. Breùcer, Groter.)
Beurdin, adj., étourdi, brouillon, sot.
Berry, berdin. Morv., beurdais, ébeurdi. Poit., berde.
Beurdouiller, V. intr., bredouiller, mais dans un sens presque
contraire à l'accept. fr., qui est : causer avec difficulté. Chez
nous, beurdouiller veut dire : trop causer : « Quand ù sort,
ô n'rentre pu. — Je crès ben ; 0 beùrdouillc tout l'iong d'
son c'min ».
Vx fr.. bredir, bresdir.
Beure, s, m., beurre.
Lat., butyrum; Ital., burro. Bourg., bure. Bress., boaro. Lim.,
bure. Lyon., burr e.M.o\ïiv., bure. 'Pvoy. Jniire, boder. Pic, hure
Rouch., id. St-Am. beùrou. Sav., houre.
Beurée, s. f/. forte pluie, averse.
Genev., bouïofi. Monlr., beurrée. Morv., heurée. (V. Bâfrasse.)
Beurioche, s. f, brioche.
Morv., beurioge.
Beurland, s. m., salsifis sauvage, qui croît dans les prés, et
dont les enfants mangent avidement les tiges et les feuilles.
Morv., beurland (assemblée). (V. Sersifi.)
Beurlander, v. intr., courailler, perdre son temps, flâner.
Bourg., brelandai. Morv., &eurZa?irfer (jouer).
Le mot qui précède donne l'étymologie bien naturelle de ce
verbe. Aller dans les prés, cueillir et croquer le beiirland
constitue une jolie couraillerie et assez peu utile.
Beurlu, adj., qui a mauvaise vue, louche, borgne, presque
aveugle. Formé du subst. berlue.
Berry, berluqui?t. Bourg., beurlu, bdne. Dauph., bourliou, borlho.
Forez, borli, borlio, borliou. Lille, berlou. Lyoïr, borli. borlio,
borliou. Morv., beurlu. Pic, berlu, berlou.
48 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Beurot. adj., brun clair, couleur de beurre(?). Se dit des gens,
des bestiaux, des fruits : « Un garçon beùrot, une vache
beùrote, une poire beùrote ! »,
Bourg., heurrot. Montr., ici. Morv., beurau, beiirnot.
Cet adj . comme d'autres, devient un nom propre lorsqu'il
s'applique à un animal, boîuf ou vache surtout : Blanchot,
Grivot, Blondot, Noirot, Roussot, Bârè, etc. On voit que ces
noms sont tirés de la couleur de la bête. Le bârè a des raies
de div. couleurs.
Beurtaleb, V. int., bouillir trop longtemps: « Fais donc
attention, Mariette ; tasôpe beùrtale. AU' s'ra toutenpâte ».
Comme sens, a de l'analogie avec Reûtonner. (V. ce der-
nier mot).
Dans la contrée, l'assaisonnement classique de toute soupe
maigre est la crème, cette sincère et délicieuse crème que
Ion ne connaît pas à Paris et qui donne du beurre si parfait.
Notre mot ne viendrait-il pas de ce que, par une ébullition
trop prolongée, cette crème dans la soupe aurait l'air de
« tourner au beurre » ?
Beurtelle, s. f., bretelle.
Berry, bertelle. Vx. fr., bret.
Beurter. V. tr., tamiser, bluter : « J'ons beurté not" farine ».
Bas-lat., buratare. Bress., barteler. Montr., brelaller. Morv.,
beurter. TouL, 6arî<to.
Beurtiau, s, m., blutoir.
liai., bur alto. Bourg., èwrieaM. Champ,, id. Montr., breteau, Morv.
beurtoue, beurteau. Toul., baruto.
A Metz, Heurte est un sac de laine pour tamiser la farine.
BiAU, ale, adj., beau, bien mis.
Bas-Novm., biaou. Berry, biau. Bourg., bea, bid. Bress., biau, bal.
Il.-V., biau. Lim., bèu. Lorr., bé. Morv ., biau, bièle Pic, biau,
biel. Prov., bel. Rouch., id. St-Am. , bio. ala. Saint., id. Sav.,
id. Toul., bel. Wall., bai. Vx. fr., biau, biaur.
BiAuTÉ, s. f., beauté, bel arrangement.
Bourg., biàtai. Morv., biaicté. St-Am., biôtô.
Bibloquet, s. m., bilboquet.
BiCHET, s. m., mesure de grains, d'environ un double décalitre
(20 litres), mais variable.
Bas-lat., bichetus. Bourg., bichet. Bress., id. Forez, irf. Hte-Mne.
id. Lyon., id. (6û Uvr. de froment), Montr., id. Morv., id. (60Utr . ).'
Vx. fr., bichot.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 49
BicoT, S. m., baiser, embrassement ; « Eh ! la p'tiotc, fais-
me ein bicot ».
Lille, bâche baje. Liin., bicoiï. Morv., bise. (V. lii'col.)
Bidet, s. m., numéro un. Cette dénomination s'emploie dans
les jeux à numéros, tels que le loto, etc.
Jura, bidet. Rouch., bidé (as au jeu de dés).
BiÉ, s. m., blé,
Bas-lat., bladuni ; Ital., hiada. Bourg., bliai. Frov., blas, blat.
Vx. fr., blet.bleif.
Bigot, s. m., bigaut, fourche, instrument de fer à deux dents
(bident), emmanché comme un râteau, pour enlever letrèlle
en masses roulées.
Lat.. biaffo, ou bicornis.
Bourg., Bigot. Montr., id.
Pourquoi le Forez et le Morvan appellent-ils bigot une pioclie
à trois dents ?
Bigot, adj., engourdi de froid : « Ah! man-man, j' peux pu
t'ni r boinon; j'ai les dèts tout bigots ».
Montr., bigot. St.-Am., bigou.
BiLBOQuÈTE, S. f., bibliothèque, ou simple rayon de livres.
Rouch., biblothèque.
BiLOT, S. m,, veau tout jeune.
Pic, velot. TouL, bedel.
Ce mot devient un cri dont les paysans se servent pour appeler
leurs veaux.
Bique, s. f., chèvre : « ain-mes-tu 1' froumag' de biquet » Un
proverbe narquois dit : « J't'en ponds, du beùre de bique».
Lorr., bocate, Morv., bigue, Prov., hicJio. St.-Am., biqua. Sav.,
siiévra. Wall., bique. (V. Cheùvre).
BiQUE, adj. désobligeant qui s'adresse généralement à une
lille ou à une femme pour dire qu'elle est simple, niaise :
« Oh! la Nan-nette, y et eùne grande bique! »
BiQUER, V. tr., baiser, embrasser : « Ces amoureux, ô n' font
qu' se biquer ! »
Bevry, bicher, biger. Il.-V., becquer. Lille, bajer. Lim., bicoras,
bicas. Montr., Biquer. Morv., bicher, biquer. Fuit., biquer, biger
Saint., biquer, biciier, biser, bieuder. Vx. îv., bouquer.
(V. Biser, Boqiier).
BiQUET, S. m., chevreau.
Berry, biquiat, biquion. Jura, bequi. Lorr., biqui. Montr., bica.
Morv., biquot. Piém., bég. Poit., béquot, bequion. Vx. ir., hoquet.
50 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO -CHALONNALS
Biquette, s. f., petite chèvre.
Sav., stévrotta,
BiRÉ, S, m., cuvier pour faire la lessive.
BiSGANCORNE (à la), loc, à califourchon : « Oh! mon grand,
porte-me à la biscancorne ? » Un ami serait d'avis qu'on
écrivît biscpi.encorne, et J. Guillemin écrit bisquencone.
Guern., bincouaine. Montr., hisqu'eiicorne. Morv., Tjiscanquarre
(tordu). Norm., hiscomn,de kigne-en-coin, bisc-en-coin (d'un coin
à l'autre), caliJjerda. Orne, bicacoin.
BiscAREAu, S, m., bissac, besace.
Lat., bis saccus. Bcrry, Mscarriau. Toul., biassos.
Le Normand a bissaquet pour paysan, à cause du bissac que
portaient d'ordinaire ces derniers.
BiscoiN, adj., mou, lent.
BiscouiNER, V. intr., flâner, faire traîner sa besogne, passer
sur un ouvrage plus de temps qu'il n'en faut.
Bise. s. f., vent du Nord. Acception absolue. La bise souffle
parfois pendant des semaines avec une violence extrême.
Elle siflle. mugit à travers les arbres, dont elle courbe et
secoue les branches comme des vagues furieuses.
Morv., bie, bige. Prov.. bisa,biza. Wall.,6i7(e. (V. Vent, Travarse) ■
BiSER, v. tr. , embrasser. N'a rien de commun avec les violences
de la bise.
Lat., basiare. Ital., baciare. Berry, b'iger. Bourg., boisé. Prov..
baisar. Piouch., basier. (V. Biquer, Boquer).
Bisou, s. m., qui aime à embrasser.
BrsTEAU, s. m., saute-ruisseau : « Ubisteau et en courses ».
B'-sanç., saute-gouilla (valet), Norm., misteau (jeune homme).
B:te, s. f., chassie, humeur visqueuse de l'œil. S'emploie sou-
vent au fig. : « L'malinl ô n'a pas d' biée aux œuyes ».
î> Hirg., bite. DsiUTph., piquer7ia. Fr.-Gté., bigane. Genev., piquo-nc,
Montr., bitte. Morv., id. bôrbe. (V. Bitou).
BiTOU, adj., qui a les yeux chassieux. Au fig. : « Ah! c"té-ci
n'é pas bitou, dà ! ôl y voit elàr ».
BeA-v\ ,chachioux . Bourg. ,5i7oît. C\\2iïi.\\. ,big uenou . Fr. -Gié ,biganou.
Genev., piquerneux. Montr., bittou. Poit., chiassou.
Au lieu de bitou, Ch. "Nisard cite biguenou, que je ne me sou-
viens pas d'avoir entendu en Saône-et-Loire.
Blanc, s. m., ancienne monnaie de la valeur de cinq deniers.
Depuis longtemps ce mot n'était plus usité que dans la locu-
tion : six blancs (deux sous et demi), qui avait survécu à
l'usage même de la monnaie.
Berry, blanc. Nivern., id. Norm., id.
LANGAGE POPULAIRE VEllDUNO-CHALONNAIS 51
Blkterave et Blkïe, s. f., J)otlei'avc, belle à racine.
St-Am., héterûva.
Bliaude, s. f., blaude, l)louse : « 01 é r'venu du marché, sa
bliaude toule arrachée ».
Ital., biada. Berry, biaude. Bourg., id. Fr -Clé., blaude. Lorr., id.
Mac, blioda, Monir., RUiaude. Morv., bliaude. blnude. biaude. 'Pic.
bleude. Poit., biaude. Prov., blial,dliau, blisaut. Vx. fr., biaude,
Blo, SSE et Blot, te, adj., blet, talé, trop mûr : « AU" a gardé
trop longtemps ses pouéres ; àir sont venues toutes bloàses ».
Berry, blosse. Bourg., blo, blio. Forez, blet. Lyon, id. Morv., blos,
blesse. Norm., blèque. Viom., blesi, blasi.
Blonde, s. f., bonne amie, maîtresse, qu'elle soit, d'ailleurs,
blonde ou brune : « Voui, voui, j' Ions vu avec; àll' é sa
blonde ».
Bourg., blonde. Montr., blliande, Morv.. blonde.
Le gracieux nom! La blonde est le complément inévitable du
jeune gars. Celui-ci la courtise, en tout bien tout honneur:
il songe à en faire sa femme; il l'aime parfois tendrement.
C'est avec elle qu'il danse aux foires et aux assemblées;
c'est devant sa porte qu'il plante le mai; c'est chez elle qu'il
va causer et passer les veillées du tillugo ou du troquet...
Ah! la bonne et gentille fille que la blonde!
Blondes, {aller aux), loc, faire sa cour aux filles, assez sou-
vent pour le bon motif. J'ai aussi entendu dire : « Aller en
blondes ».
Blossir, V. intr., blettir, devenir blet.
Berry, blesser, Dauph., se blettir. Fr.-Gté., bloussi. Genev., se
blessir, se blossir. Morv., blessi, bloss'ner. ïoul., blasi. Wall.,
bleti. (V. Blo)
Blouque, s. f., boucle. De cet ustensile nos pères attachaient
leurs braies; maintenant ils en ferment, sur la poitrine, leurs
rudes chemises, sans que l'ardillon perce le linge.
Lat., buccula. Lille, blouque. Lyon, boclia. Morv., bouqhie,
bouclotte. Norm., blouque. Pic, id. Piouch., id., Wall., id.
Blouquer, v. tr., boucler.
Lille, blouquer (ainsi que toutes les localités qui ont blouque au mot
précédent).
Tout le Nord a nos deux mots, tandis que des contrées beaucoup
plus voisines les ont modifiés.
B'ni, te, adj., béni, bénit, consacré.
Bourg., béni.
BoBE, S. f., robe. Terme dont on se sert avec les enfants :
« La p'tiote a métu sa baie bobe des dimanches ». (V. Bobote).
52 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
BoBOTE, S. f., dim. de Bobe, robe d'enfant : « Ah! la Ninite, on
va li mett' sa bobote ! » (V. Bobe)
BôCHER, V. tr., bêcher.
Bcrry, bécer, bisser. Bourg , bâchai.
BocoN, S. m., bouchée, morceau : « 01 a tôjor faim; 1 faut
tôjor li fourer l' bocon. »
Ital., boccone. Genev., bocon. Sav., bocôn, boustia.
BocOTE, s. f., bouche, bouchette : « Faire bocote », embrasser.
Lat., bucca. Ital., bocca. Morv., boquotte, bouéce. Pic, bouqueté,
banque. Prov., boqueta., boca. (V. Boucote).
BoiCHEVAU (à la), loc, tête bêche, en sens opposé : « Quée
rangeouse.va! Dans son ormoire tout et à la boichevau! »
Berry, rt becheoet. Jura, -béchouet- Morv., -boigevau, liorn\.,bêche-
vêche. Suis, rom., -betzevet. (V. Abouchon, Bouchon).
BoiNON, s. m., petite benne, panier en osier, où l'on met la
pâte du pain à enfourner. A l'heure du four, on voit les
ménagères porter chez le boulanger leur boinon, où. tremble
la pâte levée et blanche.
Bugey, benos. Foi-ez, benon. 1.,\ on., bag non. Moniv., boinnon.
(V. Reùche, Bouéne, Bouénon).
Bois (bûche de), loc, redondante. Une bûche est toujours en
bois. (V. Bas, Chaud, Froid, Haut). Notre patois a bas. Bois
n'est donné là que pour la formule fautive.
Boisson, s. f., liquide fermenté, préparé avec des pommes,
des poires, des prunelles, etc., mais surtout avec le marc
de la vendange : « J'ons fait eûne feûillote de boisson, épeù
brament j' tirons d'ssus ». C'est la provision populaire.
Bourg., le boire. Gogii., boisson.
Boite, s. f.. liquide à boire. .Jadis, les crieurs de vin, pour
vanter leur marchandise, disaient, après avoir donné le
nom du débitant : « Ah! la boune boite au vin!... On s'en-
dremirot su la feûillote! »
Morv., bouette. Vx. fr , boiture.
Boitou, adj., boiteux, qui marche à cloche-pied.
Prov., boitas.
BoLE, s. f., boule, tout corps roulé en rond.
Bourg., bôle. Fr.-Gté, bioule. Genèv., biole. Prov., bola. Rom.,
bolle.
BoNDON, S. m., bourdon, grosse mouche.
Bas. -lat., bordonus. liourg., bondon. Prov., bordo.
BoNDONEMENT, S. m., bourdonnement, bruit de bourdon, rumeur
lointaine, ronflement de machines.
Morv., hondonnenian , bonrlenn'inan.
LANGAGE POPULAIRK VERDUNO-CIIALONNAIS 53
BoNDONER, V. intr., bourdonner : « ïe m' fais mau à la tête;
te nV bnndo7ics tùjor aux orilles ». On entend aussi dire:
bondoner, pour exprimer le sinioment d'une pierre lancée
avec force.
Berry, bondiner. Bresse, hondencr. Fi-.-CAq, rebondir. Jura, hron-
dener. Lim , bruhundi. Moiitr., hrondonner. Morv., hondener,
bordouner, bourdougner. Nonii., hrondir. Pic., bondir. Poit ,
bordiller. St-Am., burdouné. (V. Bronziuer).
BoNJOR, S. m., bonjour : « Ben 1' bonjor, vouésin! »
Lorr., boinjo. Montr., bonjeù. St-Am., bonzou.
BoNSOME, S. m., pieu, gros piquet.
BoNTAi, s. f., bonté, bienveillance.
Ital., bonta. Bourg., bontai. Prov., boutât.
BoQUÉE, S. f., becquée, petite portion de nourriture.
Berry, bêchée, p'chée. Bourg., baiquee. Genev., bêchée. Morv.,
boquée. Poit., bêchée. Sav., beccâ Smss., bêchée. Y\. îv., beschie,
bêchée.
BoQUER, V. tr., embrasser, caresser des lèvres.
Lat., bucca. Bourg., bôqiiai, faire boquotte ou bocotle. Bress.,
boqué. Forez, bouqiid. Fr.-Gté, boquer. Morv., id. St-Am,, beqiié.
TouL, picassa (becqiieterj. Vx. fr., boiiquer (baiser par force).
(V. Biser, Biquer).
BoQum. s. m., bouc, bouquin.
Montr., boqnin. Morv., bôquin. Suis, rom., bokan. Wall., bo.
BoR, s. m., bourg, bourgade : « Nout' farme n'é pas ben avant
du bor ».
Ital., borgo. Lyon., bor. Morv., bûr. Norm., bar, Prov., bore.
St-Am. , &o«, bourgûda. Suis, rom., bor.
Bor. s. m., bord, d'un champ, d'un bois, d'une route.
Ital , bordo. St-Am., bar.
Borbe, s. f., boue, saleté: « J' veins des champs; j'ai mes
sabots pleins d' borbe ». — « I fait eûne borbe!... j'en ai
jusqu'au c... ! ».
Berry, borbe. Bourg., borbe. Lim., faigno. Montr., borbe. Morv.,
bôrbe. Pic, baue, beiie. St-Am., goulye. Suis, r., borba, borbi.
Wall., borbou, porbou.
BoRBOu, adj , bourbeux, sale, fangueux.
Berry, bo7'boux. Bonrg., hôrbou. Daupli., bourboitso. Morv., bôrboii,
St-Am., bourbô.
Bordes, s. m., feux qu'on allume, le soir du premier dimanche
de carême, dans les rues d'un grand nombre de communes.
54 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
On danse à l'entour, en toute effervescence de joie. Ils ne
flambent pas sans occasionner quelques accidents.
Bourg., bode. Dauph., bordaluneiri. Haiite-Auv., byeurta. Jura,
beurdifaille. Morv., bode, bourde. Norm., bouj-guelée. (V. Bran-
dons).
Bordes (feù de), loc, grand feu : « ï' veù donc mett' le feii à
la ch'vinée, que t' nous fais eun feù d" bordes! »
Bordes (les), nom d'un village près Verdun-sur-Doubs . —
Trop tranquille maintenant, il était, au commencement du
siècle, envahi par le nombreux et bruyant personnel de la
marine fluviale.
Celtiq., borde (métairie, ferme). Basq., borda (maison sur le bord
d'une route). Toul., bordo (ferme).
BoRGEOiS, s. m., bourgeois, citadin.
Berry, borgeois. Bourg, beurjol. Prov., borges. St. Am , hourzâ.
BoRGEON. s. m., bourgeon, bouton à la figure.
Berry., borgeon. Bourg., borjon. Morv., Tjôrjon. Pic, hordon.
BORGER, v. intr., déborder, se répandre d'un vase trop plein,
mais en s'appliquant au vase lui-même : « T' remplis trop
ta casserole; àll' va bor'jer -•>.
Bourg., borgé.
BoRGUiGNON, adj., bourguignon : « Bonjuignon salé. »
Bourg,, J)Orgxiignon.
BoRLOT OU BoRELOT, S, m., bourrelet de porte, qu'on ne pro-
digue pas assez, l'hiver.
Vx. fr., hourel, bouriaiis.
BoRNAYOU, S. m., gros pieu, avec lequel les mariniers empê-
chent les grands bateaux de toucher le bord. Pour cela, ils
placent la pointe en terre et la tête contre le côté du
bateau.
BoRNOTE ou BORGNOTE, S. f., coin, recoin. niche, cachette
toute naturelle du paysan. C'est un des petits interstices qui
se rencontrent à l'intérieur des murailles, entre les pierres
mal jointes dont elles sont bâties. Un jour, j'entrais chez
une brave vigneronne. Je la trouve en train de se peigner.
L'opération terminée, elle tourne autour de ses doigts les
cheveux arrachés par le peigne : « Eh bien ! mère Thomas,
lui dis-je, qu'allez-vous en faire? » — « J' m'en vas les
mett' dans la bornotte. Là, i sont ben, et quand j' ressusci-
terons j's'rons seùre de les r'trouver ». Curieux indiee de
l'espoir en la résurrection des corps.
Berry, bouinotte. Genèv., cabourne, niote(a.\e verh, encabourner).
LANGAGE POPULAIRE VimoUNO-CHALONNAIS 55
Lyon., cahornc. Morv., ai lui bornot/e (à Ifitons). Pic, carni-
chotte. Poit., cahornea, cahrenole, boinoUt-, à la borriliette (:"i
tâtons). Rom., cabourne. ('capuchon). Saint., cabourrjne.
Le Berry et le Morvan ont bouinotlc (comme plus haut) etèor-
(jnon pour dire : rùclie. C'est toujours l'idée de trou, de pro-
fondeur.
BoRSE. s. f , bourse, petit sac.
Ital , borsa. Berry, borse. Bourg., borse. Morv., id. Prov., borsa.
Bos, s. m., bois, forêt ; « N' t'en vas pas cori les bôs. » On peut
citer ce refrain d'un chant dont l'histoire est connue :
Elio! ého! ('ho!
Les agneaux vont aux 'plaines,
Eho! ého! ého!
Et les loups sont au.c bôs.
(Voir notre Histoire d'un chant populaire bourguignon).
Artois, bôe. Auv., bou. Bourg., bn, boa. Bresse, boc, buec. Fr.-
Cté, bos, Gasc, bos. Liai., id., boue. Lorr., id. Lyon., boue.
Montr., bou. Morv., bos. Pic, id., bou. Prov., bosc. Rom., bos.
Rouch., id. St -Am., beù. Sav., boet. Vosg., bos. "WalL, id.
BOSCOT, adj., bossu : « As-tn vu passer 1' boscot'l 01 é drôle :
deux pouces de jambes, é pi 1' c... tout d' suite ».
Berry, boussu. Fland., bosco. Morv., bonssu. Norm., bosco, bochu.
Pic, id.,id. Roucii., bosco. St-Am., bouçu.
Bot, s. m., crapaud.
(Voir Botriau).
BoTiQUE, s. f., boutique. Se dit, en mauvaise part, de tout
groupe d'individus sans considération.
Bourg., bôticle. Prov., botiga. St-Am., buteca. Vx. fr., bouticle-
BoTON, S. m., bâton.
Ital., bastone. Bourg., bailon. Bresse, bôton. Fr.-Gté, bauton. Norm.,
vaton, gaton. Pvoy. , baston. St-Am., bâton.
Le bâton est presque toujours une branche coupée d'un saule,
droite et décortiquée.
Botriau, s. m., crapaud. Dans les environs de Chalon-sur-
Saône, on emploie volontiers l'abréviatif Bot.
Montr., bot. (V. Bot).
BouGAN, S. iTi., gronderie, bruit, querelle, tapage : « Drès
qu'ôl a levé l' coude, ô vous fait eun boucan d' tous les
diâbes ». Signifie également : un lieu mal famé.
Berry, boucan. Bourg., id. (et aussi l'accept, de : mauvais lieu).
Genev., id. Jura, id. Lille, id. Lorr., id. Montr., id. Morv., id.
Norm., id. Pic, id.
56 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIR
Boucaner, v. tr., gronder, quereller-
Les localités qui ont le substantif ont aussi le verbe. (V. Bou-
can).
Bouche, s. f. Se dit indépendamment de bocote, et à un sens
piquant dans cette loc. bien locale : « Etre sur sa bouche »,
pour : être gourmand. « Aile é ben gentite, ma aile é trop
su sa bouche ». (Voir Bocote).
Bouche-four, s. m., plaque en tôle fermant, jjouchant le
four pendant la cuisson du pain.
Morv., boueceau d' for.
Plusieurs mots ont en même temps la prononciation citadine
et rustique, comme fowr et for. Nous ne donnons les pre-
mières que lorsqu'elles tiennent à une locntion topiqne.
(V. Cleque).
BoucHETON («), loc, exprimant la posture d'une personne
accroupie : « O s'a couché à bouchcton por jouer d'avou 1'
petiot ».
Berry, à baucheton. Bourg., al boncheton. Champ., à bouchelon.
Morv., ai baucheton. (V. A Vabouchon, s'acroapeto?ier).
BoucHO, s. m., bouchon, bouchon de cabaret, touffe de paille.
de verdure ou de branchages pendue à la porte du débit pour
renseigner le chaland... qui n'en a pas besoin.
Bourg., bouchau (et aussi : cligne-mussette). Forez, bouchon, (caba-
ret). Morv., bouchon, (buissonj. Noi'iri., id. (cabaret). St.-Am.,
heiison. Wall., bouhon.
BouCHONfd), loc, sens dessus dessous, renversé : « 0 s'batteint,
Liaude a fichu eùne torgnole à Cadet, qu' a roulé à
bouchon ».
Genev., a bouchon. Lyon, id. Toul,, à bouca, de boucos en jouis.
(Y. A la boichevau, A Vabouchon).
Bouchot, s. m., buisson, bouquet d'arbres : « Eun bouchot d'
bois ».
Bas-Lat., boscus. Bourg., bouchot, bouchet, boucho,boûsson. 'Slorv.,
bouchon. Namur, id. Poit., boisson. St-Am., bwdchon. Suis.-R.,
botza. (V. Bouchure) .
Bouchure, s. f., haie vive, généralement celle qui clôt une pro-
priété.
Berry, boucheture. Lille, hayure, Morv., boucheure. St-Am., cliâ,
(Voir Bouchot).
Boucote, s. f., boucliette, petite bouche. Nous ne craignons
pas les diminutifs.
Lat., bucca. Bourg., boucote. Daupli., 6t)c7i«. Lyon., id. Toul., bouco.
Vx. îr., bouchette. (V. Bocote).
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 57
BouDRR, V. inlr., liouillir, ot au fig. s'emporter.
Lat., bullire. Bourg., /joifrt!. Bresse, baudr e.'^icniw, hoitdre. Morv.,
boùre. Sl-Am., hodre. Wall., boùr. (V. Botilir).
BouENE, s. f., corbeille, (Voir Benne).
BouÉNON, s. m., panier. (V. Boinon).
BouER [se], V. pr., se crotter, marcher dans la boue : « O se
boue tout du long des jambes ».
Genev., se boicer.
BouÉRE, V. tr., boire, et pas toujours avec mesure.
Lat., biberé. Ital., bevere. Berry, bere, beuvre. Bourg., borre. Il.-V"".
baire. Lim., beuré. Prov., beure. St-Am., bare. Toul., beure.
Vx.-Fr., boiore.
BouÉTE, s. f., boite, petit coffret.
Berry, bouète. Pic, boèle. Wall., hoiLt.
BouFER, V. tr., manger copieusement et gloutonnement, se
gorger : « Le goinfre! ôl a mingé tùte la jornée; o bouffe
e'menteun gouri ».
Bourg., hofai. Berry, bouffer. Forez, hoffâ. Genev., houffer. Lim.,
bouffas. Midi, bouffer Niverii., id. Norin., id. Pic, id. Prov.,
bufar. Rom., bouffer. Pioucii., id. bouf'er. Saint., id. Sav., bouffit.
Wall., bouffer.
Boufre! excl., demi-juron, qui remplace le mot malsonnant
bougre.
Bougnier, V. tr., tasser, presser, serrer, frapper fort : « J"ai
bougniè toutes mes afâres dans l'tirouér ». — « 0 f li a
bougniô des coups de poing su 1' nazô ».
BouiLLOT, s. m., bouleau.
Champ., billoux. Montr., bouille. Morv., bould. Pic , boule,
bouillet. Suis, rom,, biola. Vx. fr., T^oul., boust.
BoujON, s. m., bâton d'échelle, de râtelier; barreau de chaise,
petite traverse de bois qui en lie les pieds : « C'te chaire a
eun boujon d'cassé. »
Ital., bolzone. Gen^v., passet, passon. Lille, boujon. Montr., bou-
geon. Morv., boujon, -paichon. Rouch., boujon. Vx. fr., id.
BouLi, s. m., bouilli, morceau de bœuf qui a cuit pour le
pot-au-feu : « Ah ! par ma li ! mérote, v'ià eun fameux
bonli ! »
Genev., Coit?/. Rouch., id. St-Am., buli.
BouLiE, s. f., bouillie.
Lorr., boulie. Mac, bolie. Morv., boulie.
BouLiGUER, V. tr., remuer, agiter. S'applique peut-être trop
indifféremment aux personnes et aux choses. Il me semble
58 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
que notre hôtelière nous en a donné le vrai sens, un jour
qu'elle battait de la crème pour nous en faire du beurre :
« Ca prend-il? » lui demandai-je. «Tout bellement, répon-
dit-elle; y a des fois qu'i faut la bouliguer ben pus qu'
d'aut'es ». — Ce serait donc surtout remuer une prépara-
tion, un corps semi-liquide. Cependant on bouligue le blé
en le remuant à la pelle pour lui faire prendre l'air, et l'on
dit à un enfant turbulent : « Si t" fais tùjor ton polisson, j'
vas t' bouliguer ».
Berry, houleïer, bouléyer, boulanger. Daiiph., hoUca. Forez,
houlica. Lang., houlega. Lyon., bouliguer. Montr., id., Morv.,
emboulcr. Poit., bouêle, bouêre. Prov., boulegear. Rom., bûlegar,
bollcguar. Toul., boiilega.{Y. Rauger, Froitgôner).
BouLiR, V, intr., bouillir.
Lat., bullire. Lira., buillin, bouillante. Pic, boulir, bolir. Prov.,
bulhir, bolhir,buillir. Rouch., boulir. Wall., ici., boûr.Y. Bouclre
BouLOTER, V. tr., manger.
BouLU, part. pas. du v. boulir.
BouLVARi, s. m.,hourvari, confusion, désordre.
Norm., boulcari.
BouN, adj., bon : « Quant à c' qui é d' la Jaqueline, y et eino
boûne fonne », — « Tiénot èpeû Dodiche, y ôt eùn paire de
boûn' émis ».
Berry, boun. Bourg., b07i, e. Bress , ben, a. Lim., boti, na. Pic,
boin. Prov., bon. St-Am., bon, wia. Sav., boen, a.
BouNES [être dans ses], loc, être de bonne humeur, d'humeur
gracieuse, enjouée.
Lim,, dis s as bounas. Vx. fr., en ses bo7ines.
BouNOT, s. m., bonnet, calotte.
Berry, bounet. Bourg., bonù, bonei'i. Fr.-Gté, bounot. Lim., boîinet,
horr. , bouna, bouno. Montr., bounot. Movv., id. Prov., bo)ieta.
St-Am., bounë.
Malgré cette désinence franchement locale, on entend assez
souvent dire : bounet.
BouRDiFAiLLE, s. f . , bombauce, grande chère.
Bress., beurdifaille. Genev., bourdifaille (étourdi, canaille). Jura,
beurdifaille (borde, feu de joie;. (V. Boustif aille).
BouRENFLE, adj., enflé, bouffi; se dit d'une personne hydro-
pique, ou qui aune fluxion.
Bress., boudenfie. Bourg., boranfle. Fr.-Glé, bouranflou. Genev.,
bouranfle. Jui'a, bourre-enfle. Montr., bourenfle. Morv., bou-
ranfle. Prov., boudenfla. Suiss. rom., boreinflo. Toul., uflat.
Vx. fr., bourse.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 59
RouRi ! BouRi ! nppcllat. exclamalive dont ou se sert pour
faire venir à soi les canards. Les enfants disent bouri pour :
ventre (v. Bourillnt).
Genev., bouri. Montr., iioarri. Norni., boure (canne). Poit., bouri
(pour appeler les cochons). Rom,, bour, bourd (canard).
BouRiAU, S. m., bourreau, tourmenteur.
Bourg., borea. Bress., boriatt. Mac, bôrriau. Prov., borel, boyou.
Sav., boriau. Wall,, boie.
BouRiAUDER, V. tr., l'aire souffrir, tourmenter, torturer,
martyriser; malmener quelqu'un comme on malmène le
bourri en le frappant.
Bourg., borelai. Genev., boiirreauder. Piouch., bouriauder. Sav.,
boriôdd. Wall., bouriauder.
BouRiLLOT et Lambouri, s. m., nombril.
Berry, lambouri. Bourg., berullô, breuilln, anibreuille, lambreuille.
Bress., beurelion. Bress., Chalon.anc, lambeùro. Forez, ambirjiion,
Fr.-Gté., ambreuillou. Gasc, einbourigo. Genev., bourillon,
lambouro. Lang., embounil, embourigoii. Lim., embouni. Lyon,
embuny. Montr., beurillon, nombeureait, Morv. , nombeillot.
lanibeillot, rambillot. Poit., emboureil, enibouril. netnboîiril.
Prov., embouil, ernbourir/ou. Rom , amhouilh, Rouch., bondène.
Sav., ambroui. ïoul., embounil.
BoURiQUOT, s. m., bourriquet, ànon, au lig., enfant ignorant.
liai., bricco. Berry, bourri. Fr.-Glé,, bourru. Lang., bourou. Lim.,
bourico, Morv., bourou- Poit., bourrin, bourdin, Prov., bur-
çuier (écurie à ânes). (V. Bourri).
BouRiQuoTE, s. f., bourrique. Au lîg., iille ou femme ignorante,
Sav., borrica.
BouRNAïou, s. m., pieu servant à buter.
BouROT, s. m., oreiller d'enfant tout petit.
BouROTE, s. f., brouette '. « 0 promenot son frérot dans la
bouroto, é pi ôU'a cliaviré ».
Ital., biroccio. Berry, berouelte. Bourg., barra. Bress., borelte.
Genev., &arroie. (tombereau). M-oniv., bourrotte. Morv., beurouette.
Norm., berouette. St-Am. , cecire a reiira. Suiss. barote, barouctte.
Wall., barwète, berwète. Yx.h\, brouete, bourouaite.
BouROTER, V. tr., brouetter, transporter les terres des contours
sur rétendue du champ.
Lille, broutter. Morv., broter. Norm., bouroter. (marcher comme
un canard),
BouRRi, s. m., bourriquet, ànon.
Berry, 60 i(r/'i, Morv., id. bourou. (V. Bouriquot).
BousiLLON. s. m., petit travail de femme, de peu d'importance,
60 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNALS
l'ait à lahùte, et surtout mal exécuté (couture, broderie, orne-
ment quelconque) : «A^O v'iez que j'ii baille c'qui? n'y é ran
qu' des bousillons».
BousiN, s. m,, vacarme, bruit excessif et discordant : « V"tu
ben n"pas fàre tant d' bousin ! »
Augl, bowsirig (cabaret). Berry, bousin, Nivern., bousin, Norm., bousin
Wall., bousin.
Bousin, s. m., lieu de mauvaise vie.
Angl., bowsing. Genev., bousin. Nonn., bousin.
BousiNER. V. tr., bousiller, mal faire sa besogne.
Poit., rabousinai.
BousiNERiE, s. f., chose de médiocre importance, travail lâché
et mal exécuté.
Poit., rabousinerie.
BousTiFAiLLE, S. f., provisious de l^ouche, mangeaille i)Our
bons diners.
Genev., bourdifaille, Morv., houstifaille, Norm., boutifaillc. Pic.
bouslifaille. (V. Bourdifaille.)
Bouteille, s. f.. grosseur au cou, goitre.
Bonrg. bataille, bôtoueille, St-Am., bontelye (à vin.) (V. Goit)-on).
Bouteilles {faire des), loc, se dit des gouttes de pluies d'ora-
ge qui, tombant avec force, soulèvent des cloques sur les
ruisseaux et les pavés.
Morv., faire des dés (quand les gouttes font des trous dans la terre).
Bouteneire ; s. f., boutonnière,
^lorw., boutonère, St. Am. bo-utounire.
Bouter, v. tr., mettre, placer: « ôl a bouté son grand séchot
su la charote».
Ital., buttar. Berry, bouter. Bourg. botr-e (et non boutai ou bottai,
Bress., beto, betre.bute. buto,CAvs.m^.,boutre, Daupli., metta, bila,
YlSiXiù.., bouter, Fore^;, iietto;bouia, Fi-.-Clà. bouter, Gasc, boti, Il-Ve..
bouter. Jura, bouter, La.ng., boula, Lïm., bouta, Lorr ,bouter, Lyon.,
beto, betta, Mac, betay, Morv., bâte, boute, boutre, bouter, Norm.,
bouter, boutre. Pic, boutre, Poit., boutre, Prov., boutar, botar,
Rom., boutar, botar, bouter, Piouch., bouter, St-Am., beté, Suv.,
betd, 602<to, Suis, r., bota, boutd. bouëta, ValL, bouter.
Bouteroue, s. m., borne placée à l'entrée des portes charre-
tières, pour détourner le frottement des roues tles voitures.
Genev., boute roue, Sn.y., chasse roue.
Brai, s. m., bras : « D'avou c'coumarce, V li as métu cùnc
peùte afàre su les brais ».
Lat., hrachium. Bourg., brai. Pic, bros. Prov., Irrat:^. Sav., Ijrai.
Wall., brcs.
LANGAGK POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS «U
Brâimer, V. intr., pleurer fort, crier, gémir : « Pauv' peli(jL!
(")1 a mau; ô n' fait (pi' hrai)ner ».
liai., hrnmure. JBerry, bermer, bremer. Bourg., hramai, hramud.
Daiiiili., brama. Forez, id. Geiiev., bramer. Lang., brama. Lorr.,
brâi/er. Lyon, brama. Prov., bramar. PiOiu., id. Sav., bramma.
Vx. fr., bramer.
Braisil, s. m , résidu, poussière de braise. « Cliaiqucniailin,
àir prend ein sou de braisil porsa couvette ».
liai., bragia. Bourg., fresée, frezai. Fr.-Gtè., bré:-i (gàtouii dur cuit
sur la ])raise). Jura, bresi, fresiaic (poussière du four). Lyon.,
braisa (miettes). Morv., breïe.. brcge, braisé (l.)rasi('r). Vioucli.,
bresse. St-Am., brazi (brasier).
Brament, adv., ellipse de bravement, beaucoup, bien, conve-
nablement : " J' seù été cheù la Mag'rite; àll é bô brùmoit
arrangée !» — « T'ét iqui bé brament ». — « AU' m'en a
brament hsiûld, des cerises ».
Ital., bravamente. Berry, brament. Bourg., brdman. Brcss., bro-
vaman. Champ., brdme7it. Daupli., hravament. hsing., bravatiie 71.
Lim., bravotmhi. Lorr., brahiiian, Mac, broveman. Mons, bra-
mai7i. ProY., bravamens. Sl-Xm., brâvemè. Wall-, brdme7t,
Brandons, s. m., feu de joie. La « fête des brandons » n'a pas
encore disparu de tous les villages, et ce premier dimanche
de carême s'appelle « dimanche des brandons ». (V. Bordes].
Bas-lat., braiido. Prov., bra7ido.
Branlegoue, s. m., hoche-queue, lavandière, bergeronnette.
Lang., braiido-quido. Lorr., iiocJiccu. Morv., branlei'.oue . Norm.,
bacoaette. Poil., bassecouette. St.-Am., (jiic7iye couva. Suis., r.,
brainlakoiia.
Braquer, v. Ir.. monder le lin à la broie mécanique, après
l'avoir laissé une nuit dans le four (Voh l'on a retiré lé pain,
Brassie, s. f.,])rassée, ce qu'on prend entre les bras.
Ital., bracciata. Bourg., brassie. Morv., braissie, Pic, brachic
Prov., brassada.
Brave, adj., joli, beau, bien mis, endimanché, honnête, poli :
« Oh! ma p'tiote, coume te v'ià brave! ».
Bourg., brave. Bress., brovo. Genev., bravet. Lille, brave. Liai.,
braréi Lorr., brnve.^lkc., broce. Poil., brave- Prov., bran (ihir).
St.-Aui., brdvoa, a. Wall., brafe. Vx. fr., brave.
Brayes, s. f., braies, haut de chausses, culotte.
Bourg., brayôte. Lim., broijâs. Morv., brayette. Wall.,&)v?i"e. Prov.,
brala. braya.
Brei, s. m., berceau : « Eproch' le brei d' la taule ». —
«■ Porte donc V petiot dans son brei ».
Bas-Iut., bcrsa, bcrciolura. Berry, barciatt., berciau. Bourg , brei
62 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
bcrs, h)-essore. Bvess. , cruet. Gha.mp., hrés. Daupli., crr'il. Espal.,
brcs. Fr.-Cté, bré. Jura, bri. Lim., berçait. Lorr., béli, béye.
Lyon , cret. Mac, barcio. Maru., ber. Mou(r., bi-é. Morv., id.
Norm., ber. Pic, id. Voit., ici., bressiou. Vvov.jbres, bretz,brcssnl.
Rom , croille. Rouerg. anc, brés. St.Am., bri. Sav., bré. Suis.
r., id . Toul., brés. Vx. fr., berc, bércel.
Breiller, V. tr., écraser.
Brésille, s. f., branchette, bribe, menu morceau de Lois,
miette de pain, de gâteau, etc.
Berry, bressille,bretille. Dauph., brisi. Forez, bresa, breysa, bre:-a.
Lyon., id.,id., id., hrison. ôre^ow. Montr., brottde.
Brésiller, V. tr., briser en petits fragments.
Bourg., brésillai. Morv., brésiller. Prov., hrezillar. Suis, r.,
T)re:i.
Breucer et Brisser, v. tr., bercer.
Bourg., ^rcus^rtj, Morv., beurcer. Toul., hressa (V. Beiircer).
Breuler, V. tr., brCder.
Bourg., Tireulai, brelai. Morv., breuler. Prov., brular.
Breunot, adj., synon. de beurot. (V. ce dernier mot).
Bringuer, V. tr., boire avec excès, faire débauche de cabaret.
Bourg., bringvai.
Bringues, s. f., guenilles, fragments, morceaux : « C pauvre
houme I avou sa culotte en brinjues, a-t-i l'air minàl)c! »
Pic, bringue {gvaïide femme mal bàiie).
Bringues (mettre en), loc, détériorer, briser, mettre en
morceaux, dépecer.
Genev., mettre en bringue (cas.ser). Midi, id. Poil., id. Roucli..
mettre en brinque (cassfi').
Briques, s. f., débris, morceaux, brins : « L' gâtiau é cassé;
ma les briques en sont bonnes ». — « 01 a métu, d' rage,
.son tonneau en mille briques ».
ll'd\.,briccio. Bruss,. breque. Genev., brique. Jura, id. Lang., brico,
brizo. Lyon., brique. Vvo\ . ,Tjric , brisa, bresa, briga. Rom., briz-a,
briga. Xx. h\, bricJie.
Brisaque, s. m., qui fripe, qui use, qui brise : « Oli ! y et cun
brisaque ; sa culotte, ses sabots, sa biaude, tout y ôtùjor en
bringues ».
Rouch., brisaque. Wall., brisac.
Brocher, v. tr., tricoter : « C'te vieille, àH'vous broche des
bas, des bas, qu'y et ein plàïi d' la vouer ! »
Broches de bas, s. f.. aiguilles à tricoter.
Genev., bro:iics de bas. 'Mià'i., id. Pic., broqae. Wal., brohe.
LANGAGE TOPULATRE VERDUNO-CTîALONNAIS ('}'/,
Broches {jouer aux), loc. tirer à la eourte-paille.
Bronqukr, V. tr., heurter, toucher lortcmcnt : « 0 m"a bronquè
en passant ; ù m'a fait bé mau. »
Artois, huquer. Bourg., bonudi. Norin., brucher.
Bronquer, V. tr., buter, terme de batellerie : « Bronqucr de
pire », buter de gauche; « bronquer de riaume », buter de
droite. (Voir Pire et Riaume). — Sans faire de l'histoire,
on peut dire que la Saône fut souvent une frontière. Par
suite d'anciennes et successives délimitations géographico-
politiques, les contrées situées sur la rive gauche de la
Saône ont pris et conservé longtemps la dénomination de
terre d'empire. Dans la Bresse mâconnaise ou désignait
encore, de nos jours, la rive droite de la Saône sous le nom
de terre de France, c'est-à-dire de royaume. La batellerie,
dans sa tradition routinière, conserve un souvenir de cet
état de choses. Ces dénominations de pire et de riaume ont
été classiques sur le parcours de la Saône et du Doubs pen-
dant tout le beau temps de notre marine fluviale, et les vieux
mariniers s'en servent encore.
Toul., trabuca, tusta.
Bronziner, V. intr., bourdonner.
Lim., brandis. Rom., broyir. ïoul., hrounzi, hroiinzina. Vx fr.,
bordoner. (V. Bondoner.)
Broter, V, tr., brouter : « Drés 1' maitin, all'va faire broter
Noirote au long d'ia l'vée ».
Bourg., brotai. Vvoy., brostar. Wall., hroster.
Brouillarder, V. intr., brouillasser.
Berry, il brouasse. Mayeu,, brouillasser. NoriiT, brouasser. ber-
rouasser. Poit., brouillassai.
Brouillards {être dans les), loc, être dans les vignes, être
gris. Le cas est assez fréquent.
Broutiller, V. intr., s'occuper de choses minutieuses,
manger sans appétit.
Bourg., broutillai. Vxir., broasleler.
Bruchon, s. m., corbeille, petit récipient évasé, la plupart du
temps en paille tressée.
Fr.-Gté, brechon. Geaev., bruchon {hfiw de paille). Morv., id.
Brûlot, s. m., pyrosis, sensation de sécheresse, d'ardeur,
d'acidité au gosier et à l'estomac, causée parfois par le
pain de maïs blanc. Les paysans ne sont pas toujours fâchés
de cette propriété, qui pousse à boire.
Montr., brûlot.
64 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Brune, s. f., soir. « A la brune » veut bien dire : le soir,
mais plusieurs no craignent pas d'amplifier en disant ; « A
la brime du jour » pour : à la chute du jour.
Lorr., brune du jour.
Brusine et Brousine, s. m., bruine, pluie fine, brouillard.
Bevry, b'^roicée. Bourf?., bruene, breupne. Norin., crachinar/e. Pic,
hreuaine. Sl-Am., iiyi'-le. Wall., bruhène. Vx fr., bro'ine, brubi,
Brusiner, et Brousiner. v. intr., bruiner.
Midi, rousiner. Norin., crachiner. Rouch., bruèner. Wall., brouhi-
ner. Vx fr. briizina.
Rrut, s. m., bruit, tapage.
Anhe, briU. Berry, brut. Bourg., &ru. Gasc, britt.L?i\\g.,brii.\Àm.,
brxit. Lorr., bru. Marne, brut. Morv., brù. Poit., brut. St-Am.,
bri. Wall., brut.
BuANDiÈRE, S. f., lessiveuse.
Genev., houiandière. buynndière. Lyon., buyandiri, huandeyri.
huyandière, Sav., bociaiidiuza. Toul., labayro. Vx. fr., bouian,
dière, buyandière.
Bue, s. f. lessive. Soupçonnait-on les cabaretiers d'allonger
leur vin, on disait qu' « ô fesein la hiœ ».
ItaL, bucata. Berry, buie, huée, bujée. Bourg., buïe, buée, boule,
Bress., 6wî/«. Doubs. buie. F'r.-(_Ué. buyie, boulot. Genev., bouie.
Lang., bugado. Lorr., houeyc. Lyon., huya, buyat, buie. Mac,
buye. Marn., buaie, buée. Montr., buë, buye. Morv., ôac. Norm.,
buée. Pic, id. Poit., buje, bujie, bujade, buée. Prov., burjada.
Piouch., buée. St-A.m., &».va. Sav. boeia. Suis, r., bula. bouhia.
Vosg., houaie. Wall., buée. Vx. fr., id., buyée.
Buer, V. tr., lessiver, l'aire la lessive.
Bourg., buai. Lille, buer. Morv., id.
BuSENER et BusoNER. V. intr., musarder, llàner niaisement,
lambiner, et aussi bouder.
Berry, businer, bousiucr. Bourg., husenai. Mons, busier. Montr.,
busonner. Morv., bujouner. Norm., busogner. Pic, businer
bousiner. Poit., id., id .
BusON. s. m., musard, lambin, mou, mais plutôt niais et de
mauvaise humeur.
Bowvg., buson. Montr., id., (boudeurj. Morv., bulon, bujon, beujon,
Buter, v. intr., marquer le but, jeter son palet, sa boule pour
servir de but.
l{^\.,butlarc. Morv., buter. l:iov\n., 'péguer.
Butte, s. f.. monticule factice de terre, élevé dans le Jeu de
l'Arc pour y planter le collet.
Du temps de Montaigne, la cible s'appelait bute.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS 65
Butter, v. tr. terrer, o'est-à-dirc mettre de la terre au pied
d'un arbre, d'un arbrisseau, d'une plante.
BuvATLLER, V. tr. boire à toute heure. (Y. Bur^ochor.)
BuvoCHER. V. tr. pa.sser son temps à boire : « O n' fait ran
d' ses dix dùts ; ù buvoche tout 1' long du jor ». Il y en avait,
de ces « gueurnouîlles de cabaret » quand florissait le culte
de ce « gueux de p'tiot vin blanc ! « (V. Bnvailler.)
BuvoCHOU, s. m., buveur, surtout buveur d'habitude.
Berry, heuveur. Bourg., heiicou, buvou. Morv., beuvou. Prov.,
bevedov.
c
C'a, pr, déni., cela. Ce mot s'emploie de bien des manières
On dit d'abord : * Ça pleut, ça tonne, ça glisse » pour : il
pleut, il tonne, etc. On dit aussi : « Ça chien ! ça diâbe ! »
en maugréant contre quelque chose qui va au rebours de ce
qu'on désire.
Cabache, s, f., un des noms de la cliàtaigne d'eau.
Bress. clial., cabasse. (V. Escalibot).
Cabeugne et Cabosse, s. f., bosse à la tète.
Poit., cabeugne. {Y. Beùgne et Cabosser).
Cabeugner, v. tr., faire une bosse à la tête.
Artois, s'expigner, (se battre en se prenant par la tête). (V. cabos-
ser).
Cabeuriole, s. f. cabriole, culbute.
Bas-lat. et IlaZ., capriola. Berry, caberiole, calbasse. Bourg.,
cutimblo, cntumario Champ., c.antibouelle, tourneboile. Forez,
tracolla. Genev., cupesse. G'wvy, cambonillote. Ht-Main., tourne-
boile, tourne- fiche, tourne-moelle, tourne vire. Lorr., quicambôle-
Morv., cabeuriole, tourniboelle. Norm., trût, cumblet, cublé, cou.
plette, corbichée, cutrondelet, saucublette, triinboiielle. Tic, cu-
Iromblet, coiivercheu. Fo'il. , cormusia, reviro7t. Pouillj, carboiiil-
lote. Prov., toiimbareleta, cabirola. Roush., teumète, étumète.
St Atn , cabrieùla. Suis, r., batacu, belêcu. Toul., cabirolo
Wall., cumulet.
Cabeurioler, v. intr., cabrioler, faire la culbute,
liai., capriolare. Morv., cabeurioler. Toul, cabirola, cabussu. V. fr.,
caprioler.
Cabeuriolet, s. m., cabriolet.
Morv., cabeuriolet. Si-Am. , cabrienli.
Cabosser, v. tr., meurtrir, surtout faire des beùgnes ; aussi
9
66 LANGAGE POPULAIRE VRRDUNO-CHALONNAIS ._
bossuer : « O m'a tout cabossé la tète « , — « J'ar cabossé
mon cliapiau, ma montre ». (La gousse des amandes du
cacao s'appelle cabosse),
Berry, cabosse)', cambosser, cainboisser. Bourg., caibossai. Bre.ss.
chai., cambosser. Fr. -Clé., caboule)', cam'jouler, cabosser. Genev.,
caboter . Laus., cambosser. Lyon, cambosser. Morv., cambosser,
cabosser. Rom., cabouler, cambouler.Sa.v., cabossa. Tovd, cacha.
(V. Cabeùgner).
Caboulot, s. m., petit réduit, pauvre gîte.
Berry, cabiole. Forez, cabiotte. Genev., cabonie, cabounie, cahor-
ffnon. Jura, caboulot, cabeune, cabotte, cabonrot. Morv., cabarne.
Poit., cabasse. cabornea, cabourne.
Cabri, s. m., chevreau : « O gingue tô c' ment eiiu cabris.
Berry, caôt«. Bourg., cabri. Bress., cabri. Espal., cobrit. Gasff.,
cabre. Mac. cabri. Midi, cabrit. Montpell., cabri. Poit., cabri.
Prov., cabrel. St-Am., brekykn. ïoui, crabit. Le français a ce
mot pour dire : petit clievreau: mais nous n'observons point cette
nuance. (V. Cheûvre).
Cabucher, V. tr., assaillir, et principalement à la tète, à coups
de projectiles, pierres, boules de neige, etc.
Bress., garoucher. Guern., capuchier (frapper). Morv., cabeucher
(faix'e la tête des clious cahus). ?Norm., capucher. Rocliel.; garro-
cher. (V. Cadouner).
Cachot, s. m., cache-cache, jeu favori des enfants : « Allons,
veins ! j'allons jouer au cachot » . Appelé jadis jeu des répon-
nailles. (V. Coù, Coui).
Cachot, adj., cachottier, mystérieus : « Y et ein cachot; o
n' vous dit jamà ran ».
Montr., caicliot.
Cachote, s. f. , cachette.
Bourg., caicliôle. Lorr., coichatte. Movv. , caiche, caichotte.
Cadiau, s. m., cadeau, présent.
Berry, cadiau.
Cadet, s. m., petit domestique, garçon de café; également le
plus jeune d'une famille, qui garde presque toujours ce
nom : « Dis donc. Cadet, v'tu v'ni ! »
Montr., cadet.
Cadette, s. f., pierre plate, dalle dont on recouvre un mur,
un trottoir, etc.
Forez, cadatle, cadette. Morv., cadette.
Cadole, s. f., cabane, maisonnette isolée, baraque, retrait de
berger, de cantonnier : « 0 n'a pu ran qu' sapauv, cadole ».
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS fj7
(J'ai entendu appeler cadole la maison qui se trouve sur la
Pointe du Pré, à rextrémité de l'Allée des Soupirs. Ce nom
est sans doute donné là dans le sens de l'isolement plutôt
que dans celui de la dimension).
Bres., cadala. Fr.-Glé., caborne. Prov., 'cabana. Toul, cajaroeo.
Vx. fr., gaïole, gaole. (V. Caboulot).
Cadouner, et parfois Cadenbr, v. tr., poursuivre à coups de
pierres, de boules de neige, etc. : « 01 avot bu; les gamins
l'ont cadounè à coups d' carreaus ». — « Y avot d' lanouége ;
j' nous sons cadounês en sortant de l'école ».
M'iiv., aicaïouner.
Cadre, s. m., tableau, gravure : « ï'as d'ben jolis cadres
dans ta chambre ».
Café, s m., prononciation aiguë de café. Plusieurs sons fer-
més subissent cette intonation ouverte : « Veins-tu au
cafèf ».
Cafiau, s. m , mauvais café, rinçure de marc.
Lille, cafiaa, caftiau. Roiich., cafetiau.
Gagne, s. f.. mauvais chien, chienne paresseuse. Injure que
l'on donne volontiers à un individu, mâle ou femelle, qui ne
veut rien faire, à une prostituée,
Lat., canis. Ital., caçjna, Berry, cagnie. Bourg, cagiiar (fainéant
comme un chien). Bress., câgne. Morv., ici. Poit., cagne. Rom.,
ca)iyas.
Cagnias (les^, s. m., douleur que l'on ressent aus jambes par
suite de lassitude : « Avoir les câgnias ».
Bourg., cagnias, cpgnères. Champ., queignas. CA\?ii\\\ ., cag niais .
Forez, càgni. Morv., cagnias. Saint., la câgne (apathie). Yonne i
cagnia.'i.
Cahiè, s. m., cahier. Du groupe des sons ouverts, comme
cafc, etc.
Genev., ca(/er. Wall., calhier. Y^. fr., quaier, quayer.
Caiboche, s. f., tête. Aa fig. tête dure, où rien ne peut entrer :
« Queue fichue caiboche que t'as ! On t'dit quête choufe,
épeu du cou, là, y et oblié! »
Lat., caput. Berry, caboche. Bourg., cabioche. Forez, cabochi (don
à grosse tète). Fr.-Gté. . caboche. Lang. cabesso, cobosso (clou de
fer à cheval). Morv., caboiche, cabouéche. Prov., cabosso. Toul,
ici. Piouch., caboche.
Cailli, s. m., lait caillé : « .l'ai migé, à c' maitin, du bon
cailli ».
Mollir., cailli, St.-Am,, calyà. Vx. fr., coailliez.
68 LANGAGE POPULAIRE VEUDUNO CHALONNAIS
Cala, s. m., nois : « Vein-tu goûter ? J'avons des làïins, des
calas, épi du vin blanc ». J. Guillemin voit l'origine de ce
mot dans le verbe ècaler (on écaie les nois).
Berry, calott, chalon, échalon. Bourg., calô. calei/. Bress., nony .
Champ., caillot, écaloii. Cognac, ecalas. Eiir.-ot* l^i'.. callot.
Hl. -Maine, "alot. .Tara, cala. Liiu., calao, /lou. Lyon, noï, nuë,
noué. Mac, cala. Montr., ùLMorv., ici., éccalon, eshelon. Poit.,
calea, calau, chalafe. Roiicli . calo, gaille. Saint,, cala. Sav.,
niai. Toul.. nou:e. Veml., cale. Vx. fr.. calo>i.
Cale, s. f., bonnet porté sous la coitie, ancienne coiffure de
quelques vieilles femmes. Jadis « on appelait cale une fille
de basse condition, à cause de la cale qui lui servait de
coift'ure ».
Champ., cale (vieille fenune). .Java, caliron, câline. Morv., cale,
(maucalé, mal coiffé). Suis, r., calet, caletta. Tour., caillou.
Vx. fr., calefle, cale.
Cale, s. f.. abri : « I pleùvo; i m'seù métu à la cale ».
Montr., cale. ( V. Assole).
Cale, s. f. , le brou de la nois. qu'on enlève en écalant.
Poit. , cale.
Calé, adj., à son aise, riche, à son affaire; signifie aussi :
beau, bien mis : « C'ment te v'ià calé ! T'vas donc à la
noce ? »
Bourg., cale. Lille, id.
Caler, v. tr., coifl'er, meJLtre une cale : « Eh! ma pauv'Jean-
nette. coume te v'ià brave! ï'é, ma fi ! jouliment càléel »
Calibeurdaîne, s. 1"., calembredaine.
Champ., calember daine. Genev., caletnboiirdaine. Morv., calibeur-
daine. Pic, calembardaine.
Caliborgnot et Caliborgnon, adj., borgne, louche, qui a
la vue basse.
Ital., borno. Bourg., batie. Bress., bone. Cognac, calorgne.,
Fr.-Cté., biclou. Genev., biclœil. .Jura, fcowrwJcZer (loucher). Lim.,
. borli. Marue, caliborgne. Mayen., id. Morv., biquîet. Norm.,
calibor g nettes (lunettes). Pic, caliborgne. Poit., cabourgne.
bizeuil. Rouch., bigornieax, borne, bornibus. St.-Am., beurnou,
Wall., boigne.
Câline, s. f,, bonnet de femme noué sous le menton.
Bourg., caule. Jura, câline. Poit., id. (V. Folle).
Calle, s. f . , choc d'une bille contre une autre, dans le jeu
des écoliers.
LANGAGE POPULA.lRt: VEUDUNO CHALONNAIS 69
Calonier, s. m., canonnier.
Cognac, calonnier.
Calot, s. m., bonnet de femme, coille à barbes tombantes.
Bas lat., callui. Berry, calotte (bonnet d'enfant). Morv., calot.
Nonn., id., (bonnet d'enfanti Poit., calot. {V. Cale),
Calot, adj., câlin, caressant : « Ce p'tiot, ôl é calot ç'ment
tout ».
Calou, adj., qui cale, poltron, capon.
Morv., calou.
Cambole, s. f., enflure causée par contusion, ampoule qui se
forme sur le corps.
Bourp;., ca)nbàlf'. Morv., cainhole.
Uawise, s. f., chemise.
Lat., camisia. It., camicia. Bourg., cheniinze. Fland., quemisse .
Morv., chemle. Pic, kemise. Prov., camisa. Rouch., quemisse.
Wall., f/'tnie, (V. Chumise).
Campaine, s. f., cloche, clochette que Ion suspent au cou des
vaches et qu'elles font tinter en marchant.
Lat. et Ital., campana. Bourg., campéne, canpe une. Chsimp., cam-
panelle. Espal , compono. Lang., campa?io. Lyon., campana.
Midi, id, Monlr., campaine. Morv., id., cainpeune. Prov., catn-
pana. Rom., id. Sl-Am., chounëta. Sav., campan>ia, senaille. Toul.,
campano. V-x. fr., campane, cnmpanelle.
Campaine, adj ,bigotte, dévote exagérée : « Eh ! lass'-me donc ;
y et eùîie vieille campaine, qui quitte son chez eus po
d'meurer dans les églises ».
Campin, s, et adj., qui marche de travers, boiteus, bancal
(comme une campaine, qui oscille pour sonner).
Bovirg., campin.
Çan, p. dém.. ce, cela, toujours uni aus pr. poss. mien, tien,
sien, en sous-entendant qui est. Can mien, çan tien, can sien,
çan not', çan vot', çan leur : ce qui est à moi, à toi, à lui, à
nous, à vous, à eus. « J'ai pris çan mien; t'as çan tien; ôl
emporte çan sien » .
Genev., c'an Jiiien. Mac, san. Nonn., id. Lyon., sen mina, s'en
mien.
M. Onofrio dit que l'orthogr- primitive et rationnelle est c'en
mien (tout ce qui est dans le mien).
Cancan, s. m., canard : « Hé! p'tiot, vois les cancans qui vont
boire ». Faut-il chercher autre part les cancans des bonnes
femmes, qui sont bien des canards ?
Bourg., cainar, quène {ca.\\e). Lim., cana, Morv., cainaii:
70 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Cancoirne, s. f., hanneto:i. Dans la saison, les gamins en
ramassent pai" tas, par sacs, et s'amusent parfois, le soir, à
en jeter plein les boutiques.
Berrj% canroire. Biui-g., id., rziicouelle. Champ., id. Dauph., can-
coiro, cancouaras, cancouelh. Forez, ca?icorn, concor. Vr. Clé,
cancoire, cancoille, axticoudne, cancouainot. Isère, coiicouara.
Jura, cancoire. Loahsins, quinconie (quinque coniua). Moiitr.,
canquoirne. Morv., cancoirne, cancouelle.
Caneoon, s. m , caleçon.
'Pic, caneçon. Ronch., quenesson.
Çanser, V. tr., changer, remplacer, moditier.
Lat., cnmbire ; Ital., cambiare. Berry, sanger. Bourg , cheingeai.
Genev., s%ngp.r. hïm, changea. Pic, canger. Pvov., cambiar, cam-
jar. Wall., cangï, cambgier. Vx. fr., changier.
Çanger {se), V. pr., changer de linge, de vêtements.
Cognac, se cha,nger. Geiiev.,id. Liui., changea. Midi, se changer.
Cani, s. m., chenil : « Rentre Médor dans son cani, »
Lat., canis. Wall., chinis.
Caniforchon (à), loc. adv., à califourchon.
Berry., char!)iquion, à l'écarquillol. Da'iph., en carcailli. Morv.,
ai cailleton. Norm., à caliberd%, à calimoalettes. Saint., caille-
fourchon, caiUlfoiirchoii. Saiss., àc%coa. Vx. fr.,à cafourchons,
à calfourchons .
Çaniqui, loc, cela, ce qui est ici.
Bress., çaniqiiie.
Canne-major, s. f., tambour-major, militaire et civil. La
canne joue un tel rôle dans les fonctions de cet homme
grand, qu'elle a servi à le dénommer. La canne-major civile
est de toutes les noces, de toutes les fêtes, surtout de toutes
les promenades de cérémonie; elle précède le tambour et le
fifre, et livre son bâton enrubanné aus plus excentiiques
audaces de sa gymnastique.
Canot, s. m., petit canard, caneton,
Morv.. ca7ii.
Canoter, v. intr., aller de ci et de là, marcher à la manière
des canards : « Aile é prou gentite de ligoure; ma, mon
Dieu! c'ment ail' canote! »
Vx. fr., canoter.
Canquouin, adj., lent, trainard, paresseus.
Bourg., cancoin.
Cpite dernière orlhogr. devrait prévaloir, puisque c'est le nom
LANGAfllî POPULAIRE VKRDUNO CHAf.ONNAIS 71
propre d'un dijonnais qui est devenu noire adj. (V. le Glos-
saire des Noël s de La Mon noyé).
Canquouiner, V. intr., paresser, traîner dans son travail :
(i O n' fait ran d' ben brave; ù canquouino tout l' temps ».
(V. Catiquouhi, p. l'orthogr.).
Capitau, s. m., capital.
Morv., capitale. Prov., capdal, captai.
Capot, s. m., mantelet à capuchon, volontiers de couleur lilas,
ample, capitonné, élégant, que portaient jadis les laitières.
Comme toutes les parties du costume traditionnel, le capot
tent à disparaître. J. Clievrier l'a gracieusement dessiné dans
son beau livre « Chalon-sur-Saône ».
Berrj', capiche. Lille, capot. Morv., cape, chape.
Carbon ADE, s. 1"., tranche de porc, à griller ou grillée sur les
charbons. Ce mets, très goûté, fait, avec le boudin, la base
des réveillons.
'EiS'ç. , carbonada. Bourg., cha)'boii/iée, r/rtllade. Fr.-Gté, cairhou-
nade. Pic, c«r&o;î (char'joii). Pioucli., carbonate. Wall , carbon-
nnde.
Carcaillet, s. m., appeau pour attirer les cailles.
'Rouch., coarcaillet . Vx. fr,, carcaillet.
Onomatopée, ainsi que le mot suivant.
Carcaillote, s. f., caille.
Fie, carcaillo (cri des cailles). Ronch. , carcaliou.
Cargasser, v. tr., fatiguer, exténuer : « Par la nouége qu'i
fait, v'ià r piéton qui nous éporte les lett'; ôl é tout car-
casse. »
Çarcher, v. tr., chercher.
Lai., circare; Ital., cercare. Berry, cercher. Bourg., charché.
charchai. Bress.,porcé. Dauph., charcldé. Genev., cerche)'. Lim.,
chercha. Morv., çarcer. Nivera., sercher. Pic, cerquier. Prov.,
cercar, serquar.
(V. Sarcher, Charcher.
Çarcher son pain, sa vie, loc , mendier.
(V. Aller aux portes).
Çarcle, s. m., cercle : « Thouma a bouté tous ses gardes à
ses touneaus ».
Lat., circulas. Lille., cherqiie. Morv., cêqhie. Prov., sercle,
selcle.
Carein-me, s. f. , le carême. Carein-me a été dit dans un autre
72 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAÏS
sens: « Pro feminariun fluxu pêriodico dicitur. » On com-
prent Tallusion à ce moment d'abstinence.
Lat., quadragesima; It., quaresima. Lorr., cuérome. Morv., cai
raime, quiérânie, quéhâme (fém.)- Piov., carema, caresma, qua
resme. St-Am., la carènma.
Çarger, V. tr. charger, couvrir.
'iierv\\sarger.'Qo\ivg.,chargeai.^lov\.,chairger.V\(i..,carç)uer,carker.
Prov., cargar.
Carimentran, s. m., carême-entrant, fin du carnaval.
Auv., carmentron. Berry, cair' menlran. Bourg., cairmaatrcni,
Caire niantra7i. Lim., carmantran. Lyon., caramentrant, cara-
mountrant, carameintran. Montr., carimenlrant. Morv., cair-
mentrant Toul., carmantran. Vx. fr., caramantran, quarem-
pernant.
Çarimonie, s. f., cérémonie.
Bourg., çairimonie. Prov., cerimonia. Roucli., cerimonie. Vx. fr.,
cerimoiiie, cerymonie, sermonie.
Carlet et Carelet, s. m., petite mesure d"eau-de-vie. servie
dans les hôtels et les cafés.
Carnavau, s. m., carnaval. S'applique également à une per-
sonne masquée : « Oh! c'ment ôl é gônél Y é, ma li! eun
biau carnavau! »
ital., carnovale. Lim., cavnovar. yHovv ., cair naval . Pic, les carne-
vieux. Rouch., car7iei-al.
Garquelin, s. m., craquelin, sorte d'échaudé sec, que certains
trempent dans leur café au lait.
Bourg., quarquelin. Poit., carquelin. Rouch., craquelin. Sav
carquelin. TouL, chaudelet. Wall., carquelin.
Carre, s. m., coin, angle, foyer. Nous disons : le jeu des quat
carres pour : le jeu des quatre coins.
Lat., quadratus; Bas-lat., coronnus. Berry, quarre. Bourg., quâre,
câre,careneu.D3L\xph., carro. Forez, carou. Jura, quarre. Laiig.,
caire. Lyon., quare, carre, quore, c%rou. Luxemb.. cw^né?. Montr.,
carre. Morv., quarre, quaire, quarrie. Norm., quarre, carre.
Poit., quarria. Prov., cougnet, caire, caïre. Wall., quar.
Carre {de), loc. adv., de côté, de travers. Paroles de carre ;
regarder quelqu'un de carre : « Je n' vas pu V vouer; ô m'a
métu d' carre » (mis de côté).
Bourg., de quâre. Fr.-Gté, de carre. Prov., de caire.
Carreau, s. m., pierre. Sens absolu. Ce n'est pas sans sur-
prise qu'on entend dire : « 01 a jeté des carreaus dans mes
LANCJAGK POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 7.3
vitres ». Nous avons recueilli : « 0 va à la ruine du cluUiau;
ma y é por y prendre des carreaus por son mur. ».
Bourg., carid. Geuev., carro?î. Pic, cariau, cariea. Pi'ov., carel.
Carrke (fa), s i'., tente, logette en toile, parfois en planciies,
construite pour abri sur le bateau et le radeau.
Il-V., la carrée {Uou où s'élevaient les potences).
Carrer (se), v. pr., se ranger, se mettre de coté,
.Jura, se carrer.
Cartable, s. m., sorte do grand portefeuille en carton, dans
lequel l'écolier met ses cahiers et ses livres. On s'e-;t
inquiété de savoir si ce mot est français ou patois. La ques-
tion a été a demi tranchée; on a relégué le mot parmi les
vocables provinciaux. Quel que doive être le jugement en
dernier ressort, notre glossaire local maintient cartable, ce
compagnon indispensable de tout collégien.
Midi., cartable.
Cartée, s.f., quartier, gros morceau : « Yét eun fameus goulu;
ô vous mainge des cariées d' pain!... »
Çarvelle, s. f., cervelle, intellect.
Lat., cerebellum. Bourg., naj'velle. Prov., cervcla. St-Am., char-
vala.
Casaquin, s. m., camisole, courte et sans manches Se prent
fréquemment, au fig., pour le clos : « Attensl j' vas t'en
flanquer su l' casaquin ! »
Bourg., caisaiquin.
Casiau, s, m., vessie. Celle de veau sert à la confection de
la pressure pour faire prendre nos bons fromages blancs des
Bordes.
Lat., caseus. Montr., casieaii.
Casse, s. f., poêle à frire : « T'as breûlé ma casse en f'sant
ton om'lette. » On trouve ce mot dans une partie du x.fri-
casser, et le verbe entier semble contenir la contraction de
frire dans laçasse.
Bas-Iat., caza. Berry, casse. Bourg., coissô, quesse. Champ., casse
(poêlon). Forez, casse (poêlon à long manche). Genev., casse, caffe
'L\\\e,paôle.'Lyox\.., casse. Mâc.id. Montr., id. Morv., \A., quesse^
Norm., casse (léchifrite). Pic, casse (vase à boire). Poit., casse
(léchifrite). Rom., casse. 'S>a.Y.,pélâ. Vx. fr., casse.
Castgnade, s. f., cassonade.
G^nav, castonnade. Ixowch., casto7iate. St-Am., castonade. WalL,
castonnade.
74 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Gasuel, adj., cassant, fragile : « 0 li a baillé des bagues. .
N'empôche; y et eun amoureus ben casiiel. »
Norm., casuel.
Catarine, s. f., cantharide : « O li a métu des mouches
catarines ». A mettre à côté des mouches catholiques des
Berrichons.
Morv., cantine.
Gataplàme, s. m., cataplasme.
hdi\,., cataplasma. Bourg., cataplame. Genev., cataplâme. Morv.,
cataplame. Pic, catapleume . Rouch., id.
Catau, s. f., fille de mauvaise vie. Est aussi, comme catin, le
nom de la poupée d'enfant. Diminut. de Catherine.
Lille, catou. Morv., t-atow. Norm., id. (fille méchante).
Catéchime, s. m., catéchisme.
Berry, catéchime. Fland., catichime. Genev., catéchime. Lorr.,
catechisse. Midi, catéchime. Moutr., catécime. Morv., id. Norin.,
catéchime. Wall., catégiss, catrusème.
Cater, V. tr., jeter, lancer, pousser.
Br^ss.. caté.
Gatio, s. m., plat, pot, vase. J. Guillemin cite cette piquante
version d'un proverbe connu : « Tout catio trouve son queu-
clo ». Tout pot trouve son couvercle.
La.t., catinus; Ital., catio.
Caton (à), loc. adv., à quatre pattes, à la manière d'un
chat ; « L'boun houme, ô marche à caton pour obuyer son
p'tiot ».
Norm., à catons.
Gâtons, s. m., grumeaux qui se forment dans toute farine par
suite d'humidité, ou parce qu'elle est mal délayée.
Morv., casson, quiaisson. {Y . Grumelot).
Causou, adj., causeur, bavard.
Morv., causou. (V. Bavou).
CÉLÉBRALE, adj., Cérébrale : « 01 é parti d'eune fieûve cèlè-
brale. »
Gogn., célébrale.
Cemetière, s. m., cimetière. Dans un manuscrit verdunois
du siècle dernier on trouve siniitier; mais ce texte peut-il
faii'B autorité?
Ital., cimeterio. Berry, cemetière, cementire, cime?itiére. Bourg.,
cemeteire, cemeteyre. Bress., cimétiro. Gasc, cimetitéri. Lim.,
sémèntêri. Morv., ceumetére. Poit., citnantère, semenière. Prov.,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNATS 75
cementeri. Saint., cemantière. Toul., cementcri. Wal., remin-
tière, chementiére, chimmtière, chimetière.
Cendrei, s. m., cendrier, drap qu'on étend sur la cendre dans
le cuvier à lessive.
Morv., cenré. Vx. fr., cendier.
Cenise, s. f., cendre encore chaude.
hat., cinis. Bourg., cewre, sanre, carre. Champ., cenise. Fr.-Glé,
id. Jura, id. Eille, chinte. Morv., cenie, cenise. Pic, chaine. Prov.,
cenillas, cène., cetire.
Centime, s. f., centime : « Ta cli'tite afàre, à n' vaut pas tant
seulement euno. centime ».
Lat.. ceutesimas. Genev., centime {iâm .) .
Cequi, pr. dém., ceci, cela, ça : « Y é c'ment c' qui que f
t'éranges?... »
Bourg., celai. Bress., qanquie. Bugey, cin. Lim., cellé][ç,e?,), co (ce).
Lorr., celé, slè. Morv., çai, cequi. Sav.. citta (cette). Tout., aco.
Wall., soussi
CÉQUi, pr. dém., ceus-ci, ceus-là.
Bress., céquie.
Ceusse (les), pr. ilém., ceus : « .]' vouerons ben les ceiXsse qm
veinront ».
11- V.., les siuns.
Chag (faire), s. intr., rater : « Y ôt eun fameus chassou ; à
tôs les cops son fusil fait chac. »
Chafaud, s. m., grenier au-dessus delà grange.
Morv., chafmid, chaufau (èchafaud).
Chagne, s. m., chêne.
hvii., quercus. Bç.vvY, ch'ir/ne, chaif/ne. Bourg., châgne. Bress.,
chano. Lim., chone, rouvéï. Lorr., chaisne. Montr., chagne,
chaigiie. Movv., chdgne. Pic. ,quéne. Poit., chdgiie. Prov., casser.
Rouch., quèm. St-Ani., sônou. Saint., chdgne. Vend., chdgue.
Wall., quène.
Chain-ne, s. f., chaîne.
La.t., catena. Bevvy, chadaine. Lim., chodeno. Pic, caina. Prov.,
cadena. Tonl., cadeno. St-Am., sènna.
Chaintre, s. f., chemin autour d'une pièce de terre, ceinture.
Berry, cheinte. Forez, chintre. Montret, chaintre. Morv., chintre,
cinte. Poit., chaintre. (V. Contour).
Challion, s. m , la nuque.
Chalumiau, s. m., chalumeau.
Bourg., chailemine. Bas.-Norm., chaluniiaou. Fie, caiM/nîew. Prov.,
calamel.
76 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Chalureus, adj., chaleureus.
Genev., chaloureus. Morv., chaliïreu, céléreu.
Chambarder, v. tr. et intr., lancer au loin avec colère
vaciller, tituber : « J'ai chambarde c' chaudron au mitan
d" la rue ». — « 01 a trop bu, l'ivrougne ; ô chambarde. »
(Pour ce dernier mot, v. Chambiller) .
Chambiller, V. intr., aller de travers, tituber : « Voui, 1'
boun houme, ôl a trop pinte; quau ô r'veint clieù lu, faut
vouer c'ment ô f/îamèiV/e! » (V. Chambarder).
Chambillote, s. f., croc en jambe.
Chambleire, s. f., chambrière, servante.
B3rry, chambleire. Bourg., id., chambrillon. Fr.-Gté., chambelére.
hsLng.^ chambriero. 'Slorx., chambleire. Poil., chambrère. Prov.,
camarieria. Saiut., chambarière. Yx. h\, chatnbeinere.
Chambr'aute, s. f., chambre haute, pièce située au premier
ou au deuzième étage d'une maison. Elle est haute relativ.
au rez-de chaussée : « Pare et mare coucheint au bas; moi,
j' coucho dans la chambr'aute ».
Morv., chambr'aute.
Champer, v. tr., camper, placer, mettre, et jeter, laisser là.
Bourg., cham,pai, jampai.
Champignot, s. m., champignon.
Morv., champignot.
Champoyer, v. tr.. conduire aus champs les dilïèrents trou-
peaus.
Anjou, champaier. Dauph , champeier. Morv., champier, chani-
pouéyer. Poit., champayer, champéyer. Suis, r., champd. Wall.,
clMmpi.
Chandier, s. m., chandelier.
liai-, candeiliere. Morv., cha7idié. Prov., candelier. Vx fr., chan-
dellier.
Chanée. s. f., chênaie.
\ievvy , cliâgnaie . Saint., châgnace. \Ya\[., quesnoy.
Chanfriller, v. intr., se dit des paysans qui veulent l'aire
montre de parler français : « Aga, c'tu-là; l'entends-tu? ô
chanfrille ». Pris en mauvaise part.
Chani, adj., ehanci, rance, moisi.
Berry, channi. Forez, chani. Maine, Morv., id. Norm., chani, cani.
(V. Nazé).
Chanlit, s. m., (;liàlit. bois de lit.
Bas-lal., cadeletus; liai., cataletlo. Bcn-y, c/ialit, MonU'.. id. Morv.,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 77
iil. Ni)riii., id., qualit. Pic. cnlit. Pijil., rhalil. Saint., rhfiUs ,
c'ialut, chalosse. Vend., chalil. Wall., calit.
Chantou, s. m. et adj ., chanteur.
\iii\., canlatore. Lyon., chantou. Montr., id, Murv., id. Vvov., can-
taire, cant(\dor.
Chantrouiller. V. tf.et inti'., chantonner, fredonner, mais de
façon peu remarquable.
B^urg., fredenai. Lini., chanta. Pic, rotoner.
Ghapau, s. m., crasse, croûte qui se trouve sur le sommet de
la tête des nouveau-nés. et que les mères ont la maladresse
de respecter en vue de la santé de l'enfant. Ce mot n'a pas
la mouillure comme le suivant.
Chapiau, s. m., chapeau.
Ital., cappella. Berry, chapiau. Bourg., chépia, chaipi't Bre.s.s.^
çapiau. Dauph., chapet. Il.-V., chapiau. Lille, capiau. Lim ,
c/iopèu, chapeu, Lorr., chépé. Mac, chapiô. Morv., chapiaa,
chaipeai, chépiau. Norm., id. Pic, capiau. Prov., capel. Rouch.,
capiau. St-Am., sapé. Saint., chapid. Sav. , stapai. Toul., capél.
WiiU., capiau, cfuipai. (V. Chapau).
Chapler, v. tr., tailler, couper, mais surtout hacher : « As-tu
rhaplé tes harbes? la sôpe va boudre ».
Bourg., chapelai. Bress., çaploo e.D-Mjph ,chapla. Genev., chapler,
chaplotei'.Ls.ng., chapla. Lyon.,id., chappla. Mâc,po« chaplietire*
(ais pour attacher la viande). Prov., chaplar. Vx. fv., chapler, cha-
ployer.
Chapler, v. tr., abattre à coups de gaule, surtout les nois :
« 01 a chaplé les calas de ses grands neùyers. Y en a tant,
qu'ô n' sarotles compter ».
Bourg., chaipiai. Centre, jab 1er, fldber.
Chapouter, v. tr., couper à tout petits bouts, morceler, avec
hache, couteau, ciseaus : « La couturière m'a chapoidé ma
robe » — « Aboyons, drôlet, n' chapoute pas mon bâton... »
Lat., capellare. Berry, chapuser, chappoter. chapioter. Bress.,
chapoté, chapoto, chapota. Fr.-Gté, chaipla. Gren., chapota.
Lyon., chapoto, chapoula. chapoter. Montr., chapouter. Morv.,
chaipouter. Périg., chapusa. Poit., chapotai. Suis, r., capotta,
Toul., chapouta, chapouleja (laver, tremper). Vx. fr., chapoter.
(Y. Charpiller).
Char, s. f., chair, viande.
Bas. Norm., ché. Berry. char. Bourg., char, care. Lorr., cJià, ché.
Morv., char. Pic, id. Prov., carn. TouL, car. Wall., c/mr. Vx.
fr., char.
Char-a-glace, s. m., sorte de traîneau plus ou moins rudi-
78 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
mentaire, boîte longue en planclies sur laquelle s'assiet le
promeneur, et qu'il pousse à l'aide dedeus bâtons à clous.
Rouch., kar-à-glache.
Charbon de pierre, s. m., charbon de terre.
Genev., id.
Charbonète. s. f , petit charbon, braise qu'on retu-e du four,
qu'on éteint et qu'on vent aus ménagères pour allumer le feu.
Morv., chairhonette. Norm., charhonnette.
Charbouiller, V. tr., barbouiller, salir, noircir par le char-
bon, etc : « Que v' tu que j' bise ton p'tiot; ô s'étout charbouillê
la figure en migeantsa rôtie ».
\là\ ,barbugliare. Berry, charbouiller. Bourg., charbouillai. Ghà-
till., charboailler. Lorr., châbrouille. Morv., chairboiller,
Charcher, verbe tr. , chercher.
Lille, cacher. Montr., charchir. Rouch., querre. Vx. fi'., cercher.
(V. Carcher).
Chardonet, s. m., chardonneret.
Ita.1. , cardi7iello. Berry, char donnet,échar donne t. Bress., ecarcfo-
noayri. Flsind., cardonnet, cardo7ine7-et. Forez, chatri, zhatril-
lon. Genev , charditiolet. Morv.. châdouç/nera, chairdonneri.
Norm., chardonuet, r.ardronnette . Pic. cardounet, cadoreur.
Poit., chadrier. Prov., cardalina. Rouch., cardonète. Saint.,
chardounet, écharderi. Sav., cardinolin. Toul, cardi7io. Wall.,
cardonète, cherdin. V. fr , chardonnet.
Charote. s. f., charette.
Berry, . chairette, M.ovv., chairotte. Prov., carelta. St-Am., sarcta.
Wall., cher été.
Charpéne, s. f,, panier à provisions, à mettre la chair et le
pain.
Bourg, chairpaif/ne. Montr., charpe)ie (charmille).
Charpiller, v. tr., couper, mettre en morceaux.
Aunis, c/iarpitier, écharpiner. Berry, charpigner, assarper. Fiand.,
sarper. Genev., charpiner (tourmenter). Lang., charpigna, capi-
gna (quereller). Norm., serper. Poit., sarpander. Saint., sarpil-
ler, charpiller, écharpiller . (V. Chapouter).
Charpillère, s. f., grosse toile d'emballage, d'un tissu très
lâche, spongieux, et servant aux ménagères pour laver les
carrelages des chambres.
Charte, s. f., cherté.
Pic, querté. Vvoy. , car itat. ïoul., carestio. Vx-fr., chierté.
CHARTf, s. m , hangar où l'on range les chars.
Montr., charretis.
L\NG.\GR POPULA.IRE VERDUNO-CIIALONNAIS 79
Chassou, s. m , chasseur.
liai., caccialore. Bonrg. , chaissou. Pic, cacheiu:;. Prov., cassayre.
Vx-fr., chaceor.
Chat ! (Iiou), excl. pour faire déguerpir un chat : « hou chat !
hou chat ! J' vas t' faire mainger ma crein-me ! attend ! ».
Chat, adj., friand : « Aile 6 chate » se dit d'une personne qui
est « sur sa bouche » On a le vieux sobriquet : « chats de
Chalon »,
Artois, cat. Bas-Norm., id. Bourg., chai. Montr., chat. Morv.,
id., chatte. Pic, co, ca. Prov., cat. Wall., chet. Vx-fr., chatte^-
(friander.) (V. Achati).
Chataingne, s. f., châtaigne.
Genev., chdtar/ne. Morv., id. Pic, castaine, cataigne. Prov., cas-
tanha, castagna. Saint., chatagne, chatigne.
Chaterie, s. f., sucrerie, friandise, entremets.
Berry, chatterie. Bourg., chaiteric. Movy., cJiaterie.
Le Bourguignon a le verbe chaitognai (chatonner) pour : « don-
ner des friandises »,
Chatiau, s. m., château ; « Voui, voui, j'ainme meù ma
maïion qu' sou châtiau! »
Lat., castellmn. Bourg., chaitéa. Bress., cotiau. Lille, catiau,
Lim., châtéu. Lorr., chété. Morv., catiau. Pic, catiau, catieu.
Prov., castelh. B.ouch., id. St. Am., soie.
Chaton, s. m., ce qui reste de la grappe de maïs, quand on
l'a dépouillé de tous ses grains.
Chatouil, s- m., chatouillement. Aux apports, les fdlettes
disent sans gène à leurs amoureux : « Oh ! j' crains pas 1'
chatouil, moi! » C'est presque une invite aux témérités.
Brcss., chatillo ■ Cognac, chatouil. Montr., chàtillont. Morv.
chagriot. St.-Am., satelyë (chatouiller), Toul., gratilhous.
Chatouillot, s. m., dim. de Chatouil. (V. ce mot).
Chaucher, V. tr., chausser. A Châlon, l'ancien nom de la rue
aux Prêtres était : Chauche-chien (chausse-chien). On a le
nom Chauchefoin.
Lat., calcéare. Ital., cal^are. Midi, chaucher ('fouler, aflaisser).
Pic.caucher.Pvoy., caussar. Toul , caussat (chaussé).
Chauchéte, s. f. , chaussette.
Lim., chaosso (bas), Morv., id.
Chaud [breîder de), redond. fautive
(V. Bas, Bois, Froid, Haut).
Chaud DU lit, loc, saut du lit.
Genèv., chaud du lit. Roucli., son du lit.
80 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Chaudeur. s. f., chaleur.
Lat., caZor. Ital., calore. Pic, caleur. Prov., calor. St.-Am. saleu.
Chaud-frèd, s. m., pleurésie. La population a une grande
prédilection pour ce mot. Il n'est pas d'affection de poitrine
qu'elle ne désigne sous le nom de chaud-froid.
Cognac, chaiidfrèd.
Chauféte, s. f., chaufferette.
TouL, escalfeto. (V. Convoi).
Chaufeuse, s. f., lemme qui chauffe la lessive.
(V. Lissiveuse Laveuse).
Chausse, s. f. , bas, chaussette (Mervaus).
Chauveau et Choveau, s. m., mesure de liquide, contenant
environ le demi litre : « J"ons ben prou cori; veins-tu boire
èun chauveau ? »
Bourg., chôvéa, Morv., chauveau (1 litre).
Chavir et Chévir, v. tr. et intr., conduire, gouverner, jouir
de. S'emploie surtout négativement dans le sens de faire
obéir, diriger : « Ces drôles sont si dissipés que j' peux pas
en chavir ».
Chavùgne, s. m., poisson blanc, que prennent journellement
les pêcheurs. Dim., Chavorjnot.
Chai., chavène, chevaine. Dijon, chevaneau. Morv., chevanne,
cheveneau. En div. autres pays des environs, chevane, cheveiw,
chavene, chaboisseau, chabuisseau.
Chécun et Eun chégun, pr. ind., chacun : « V'Ià les marioûs
qui vont j'ter les dragées. Allons, p'tiots, corez! eùn chacun
en àra ».
Berry, chacun. Bourg., chaicun, eugne, checuu. Champ , id,
Genev., chécun. Lorr., chéquin. Morv., chaicun. Pic, cacun.
Prov., cascun. St.-Am., snkyun, ëna Saint., chaquyn. Sav.,
stâcon. Toul.. cadauti, cadun, quad'un. Vx. fr., chascun.
Ciieire, s. f., chaire, chaise.
Bourg., chaire. Champ., selle. Forez, sella. Fr.-Gté., sélot, seletot.
Qenev., selle. Mac, chire. Morv., chée, chéle. Ronch., quaière,
quéire. St. Am., chala. Sav., sella. Suis, r., id., sala, chola.
Ghenailler. V. tr., battre à coup de fouet, comme on fouette
les chiens [chienailler).
Genv., chenailler (secouer, tracasser^.
CheNevé, s. m., chenevis.
Lat., cannabis. Berry, cheneveu, chenouis, chenevoiiè. Bourg,
chenevai. Genev,, chenaver, chenevar. Guer., canivet, canivier.
Lang., canabou. Luxeml)., che7ieveuse. Morv., cheneoé. Norm..
chenev ieu, canioieu . Poit., ckcnebou,chcneboué. Prov., canaboun.
Saint., chenebar, chenevar. Toul., canabou.
LANGAGE POl'ULAIHK VRRDUNO-CHALGNNAtS 81
CnKNEVEY (bounoé), s. m., bonnet épais que portaient jadis nos
mariniers. Cette coiffure, excellente contre riiuniidité, était
ornée de trois glands ronds à gauche, et se serrait à volonté
du côté des glands. Le mot n'éclaircit pas la question
d'étymologie de ce i'ouvre-ch(>f, ([iii tient peut-être son nom
(le celui du fabrii-;iiil .
Chknkvote, s. f., allumette faite avec la tige du 'chanvre,
qu'on a dépouillée de son] filament par l'opération du teil-
lage.
Berry, chameiiotte, chenicnotte, chomeiielte. Boin-g., cheneveuille,
chenevotte.'Movy., ceinenolte, chevinotte. Norm., canivoUe. Semar,
chenevotle.
Cheni, s. m., ordure, petit corps étranger, balayure : « J'ai
un cheni dans Tùyot ». — « Y a des chcnis dans 1' coin de
ta chambre ».
Bourg., c/ié'M/.Ghàlill., chenil. Jura, cheni. Morv., id. Wall. ,c7a'/jj5
cliinèie (canaille).
Chenne et Chin-ne. s. f., chienne.
Muiitr., chenne. S'-.\in., sëna.
Chenot, s. m., chenet. Chenot est le dim. dé chen (chien).
Les premiers chenets représentaient volontiers des chiens ou
des têtes de chiens.
Berry, clienard. Forez, chanaus (grands clienels). Morv., chenot.
Poit., chenet (petit cliien). Saint., chenot (id.). Vx. fr., chisnet.
Chenove, s. m., chanvre. La plante même, et la filasse que
l'on retire de son écorce.
Lai., cannabis; Ital., canapa. Berry, chande, chambe, charbe.
Bvnfis. , chenavo. Dauph., chenevo. Forez, c/iinè(?e. Fr. -Clé, chenove.
Montr., id. Morv , chieifidre. Norm., cambre. Pic. ,canve. Prov.,
cambre, carbe. Rouch., Rame, Kème. Saint., charve. Sav.,
stenève. Wall., chainn, came. Vx. fr., charve, cherve .
Chenu, adj., bon, fort, cossu, solide, excellent : « I m'en a fait
goter; oh! y é du ch'nul »
Lat., caautus. Genev., chenu. Norm., id. Prov., canut. Très vx fr.,
chanu.
Chercher son pain, loc, mendier. Le'Morvan a comme type
le cherche-pain (cAerc/iou d' pain). (V. Aller aux portes).
Chère an-née {la), s. f., l'année de la grande cherté (1816).
— Petit, j'entendais toujours parler du pris exorbitant dçs
82 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAÎS
denrées en ce triste moment. Je me souviens du pris du sucre,
qui valait 6 fr. la livre, et tout à lavenant.
Morv., la ch'tite année.
Chésit, tomba, parf. du v. cheûdre.
Chesser, V. tr., sécher : « J' veins d' laver mes draps; j' les
ai métu kchesscr^ ».
Lat., exsugere. Lyon, essure, essiiire.
Chessot, s. m., lange pour les besoins des enfants. Parce
qu'ils servent à essuyer, à chesser le petit.
Bourg., chaissô, chaisselj. Montr., chaissot. Morv., cldaissot. Vx
fr., chainse (jupe).
Cheti, te, adj., pâle, maigre, cliètif : « V'ià des clitis mor-
ciaux! » — « T'é donc bé mau? T'as eùne ch'tite figure ».
Au fig., mauvais, méchant, vaurien : « Y et eun ch'ti
vouésin ». D'un petit polisson on dira : «, 01 é ben prou
ch'ti ».
Ital., cattivo. Beri'v, ch'tit. Bourg., cheti. Lim., chêti. Mac,
chetit. Montr., cheti. Morv., chéti, ch'ti, c'ti, s'tit. Pic, quetif.
Prov., captiu, caitiu. St-Am., cheli^ va. Saint., chetit. Vx fr.,
chuitif.
Ghetitement, adv., chétivement, médiocrement, [misérable-
ment.
Morv., ch'tit' ment, cHitement.
Cheu, prép., chez : « Qu' veins-tu fàre iqui? Va-t'en cheù
vous ».
B erry, c/ieuic. Bourg., ché. Bress., ce. Daupli., chien. lAm., châz .
Lorr., chù Mac. chi. Montr. ,cheux. Morv., cheuz. Pic, cheux, chu,
St-Ain., vé. Saint., cheuz. Vx fr., chiés.
Cheudre, V. intr., tomber, choir : « Prens donc garde; t' vas
m' fàre cheudre ».
•Lat., cadere. Berry, cheir. Bourg., chezai, chol. Daupli., charre.
Fr.-Gté., y ché (il tombe). Il.-V., cheir. Lille, que7're. Lorr.,
cheur. Loulians, chèdre. Lyon., cheyre, chayre, chère. Montr.,
cheure, cheudre, chédre . Movv. , chouer, tutnber. Norm., quaire.
Pic, tcher, hère. Poit., cheure, cheurre. Prov., toumbear.
Rouch., quéhir. Saint., chère. Vx. fr., cheoir.
Cheuler, V. tr.,. trop boire, s'enivrer, se saouler.
, Bourg., cheulai (aussi téter son pouce). Claamp., chûlai. Morv.,
chuter, siiler. Sav., se cheuld.
De c/tduéa, La Monnoye enregistre le verb. chôvelai et par con-
traction cheulai.
Gheu-nous, loc. employée substantivement, le groupe qui
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 83
forme la maisonnée '; « Cheû-noics sont sortis. Chcû les
François vont li fàre la conduite ».
Bourg., ché-nù. Bugey, chi-no. Lim., clici Picard. Poit., cheux-
nous.
Cheurter, V. tr., asseoir : « Eli! bràvc houme, cheùrtex-vous
donc eun brin su F ban » .
Bress., cheto. Movv.. cheAirfer. Sl.-\m,, c/teté. (V. Assefer).
Cheuvre, s. f., chèvre.
Lat. et Ital., capra. Berry, chievre, chieiive, chieuvre, chieube.
Cognac, chièvre. Forez, chiora, chiiére. Fr.-Gtè, cabre., caibre.
Lim., chabra. Morv., câpre, chière, cière. Pic, cabe, cabre, kève,
kèvre,cape. Poit. , chebra, cJieubre.'PvQV., cabra. St.-Am., sevra.
Toul. crabo. Vx. fr., chievre. (V. Bique, Cabri).
Cheuvreu, s. m., chevreuil.
Bourg., cheuvreii. Prov., cabrol, cabirol. Wall., chivrou, chévreu.
Chevau, s. m., cheval : « A c' maitin, j'ai m"né mon ch'vau
au marché ».
Lat.. caballus ; It., cavallo. Berry, gevau. Bourg., chevau. Dauph.,
chivau. F[a.nd., q'oaii. Lille., queva, q'va. Lim., chovàu, chavao.
Lorr., choufî. Morv., chevau, g'oau, ]s'vau, c'vau. Pic, kevau,
keval, gval. Prov., c«ya^/i. Roiich., qu'vau,quevau. %\.-Km.,sevô.
Saint., cAeyïM. Sav , stevau. Wall., queva, chivâ.
Chicanou, adj., chicaneur, chicanier.
Bourg., chaqaignou. Morv., chicanou. Vx. fr., id.
Chifon, s. m., morceau : « J'ai opetit; baille-me eun bon
chifon de pain ».
Midi, ch'iffon. Morv., chifon, grougnon. Toul., canchon de pa
(V. Guignon).
Chifon, Chifomeau, Chifonète, noms familiers et d'amitié
donnés à une petite fille.
Chifre {la), s. f.. l'arithmétique : « Mon p'tiot va déjà à l'école;
ôl éprend la chifre ».
Genev., ia chiffre. St-Am., sifron.
Chin, s. m., chien, au fig., avare : « Chin d' matin! » est un
juron familier à nos paysans.
Lat., canir. Berry., chen, chin. Bourg., id. Lim., chi. Montr., chin
Morv., chen, cien. Pic, kie)i, tchèn. Prov., can. Rom., can,canh.
Rouch., tie?i. St-A.m., sèn. Saint., chein. Sav., stiii. Toul., chi-
chichet, chichou. Wall., chen.
Chipote, s. f., chicane, subtilité, procès.
Bourg., chipote.
84 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Chipoter, v tr , chicaner, marchander, tirailler, asticoter :
« Y et eun tire-yards; ô chipàte su tout. »
Biarg., chipotai, chipouta. Geiiev., chipoter. Morv., id. Rouch.,
id. Saint., chicoter. Wall., kipoti.
Chipotou, s. et adj., chipotier.
Chique, s. f., (juignon, gros morceau de pain ou de viande :
« 01 avot faim; j' te li ai baillé eùne chique!... »
Bourg., c/iiVyue (aussi mine). Genev., chiqiiet. Pic., chike. Wall.,
chiche.
Chique et Chuque, s. f., bille à jouer.
Norra., chique (cliitïon).
Chiquer, v. intr,, jouer aus billes, lancer la bille, mais plutôt
être malheureus à ce jeu, et, par extension, à tout autre.'
Genev., chiquer (V. Poquer).
Chloffe (a//«r), loc, aller se coucher. Un des restes des pre-
mières invasions.
Allem., schlaffen. Wall., choffe.]
Chodotes, adj., chaudes. Qualiticaiion *des cliùtaignes cuites,
que le marchand crie : « Toutes chàdôtes! toutes frigolotes! »
(V. Frigolotes).
Chogne, s. f., bouse de bœuf, de vache, et surtout excrément
de cheval : « Ben marci! y en a-ti des chognes dans c'te
rue! »
Montr., chofine. '&ï-km.,hnja.
Chogniot, s. m., le derrière de la tète, occiput.
Chou! chou! excl. adressée aus poules que l'on veut chasser
d'auprès de soi.
Chougnier, V. intr., pleurnicher : « Qu'ol è donc dè.sagueù-
riabe! ù choagne tùjor. »
Bourg., chouinai. chouirjiiai . Morv., clionner. Poit., chfugnai.
(V. ClirOuiver, Couiner).
Chouiner, v. intr., pleurer sans motif, faire semblant de
pleurer : « Qu'é-ce qui f fait chouincr c'ment c' qui? »
Berry, chauler. Fi'.-(^té, couiner, id. Morv., chuuiner. Poit.;
chiouler. (V. Chougnier, Couiner).
Chouper et Cheuper, v. tr., hèler de loin, appeler fort pour
faire venir quelqu'un.
Berry, huper. Bourg., oupai. Bress., cheuper. Fr-Cle, huper,
heuper. Jura, hupper. Lorr., huchié. Mac, chupai. Montr.,
cheper. Morv., houper. Norm.Juper, huper. Pic., houper. Bom.,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 85
Jiupper. \[inn-h., houper. St-Am., creié. VValL, fiouper, houpeldr.
Vx. {v.,ji<per. (V. Hacher).
CnoupÈTE, s. r., boucle, mèche de cheveus.
Bourg., choupeute. Fv. Gté, chouquette. Morv., choiipet te.
(Y. Chourettc).
Chouréte, s. f., mèche de cheveus temporale, tournée en
virgule, et qu'affectionnaient fort les jeunes gens du premier
quart du siècle. (V. Choupéée).
GhouSe, s. 1"., chose, être. S'applique à nombre de substances.
Ital., cosa. Artois, cose. Berry, choiise. Bonvg., cheu^e. Dauph.,
chouse. Liin., chài'/so. Lorr., cheiise. Pic, cose. Prov , cosa.
Rouch. , coi'se. '&\, .k.m.,seùja. Saint., chouse. Sav., stieuze.
Chtourbe, adj., mort. Nous vient des premières invasions.
Allem., slorben. Fr.-(.Ué, aissouerbi. Morv., chtourbe.
Chu, part, de chcudrc, tombé : « 01 a bouèvu, ôl a chu. »
Il.-V., cJi'i, chête. liille, qu"u. Morv., choué. Rouch., quehu. Vx
fr., cheû. (V. Aile..,)
Chu, s. m., aire. Dans les cantons inérid. du dép. on bat à
l'aire, ou chû, en plein soleil, et non en grange.
St-Am., chiten.
Chumin, s. m.,cheminj route, sol et parcours.
Ital., cammhio. Bourg., chetnl. Gliauip-, chemi. Lim., chami.
Isioi'v., cheini. Niveru., semiti. Pic, camin. Poit., chemi. Prov.,
cami. St-Am., seraèn, (V. C'min).
Ghuminée, Chuinée et Chvinée, s. f., cheminée.
Ital., caminata. Bourg., chenerée. Morv., chem'née. Rouch., què-
ménée. St-Am., sf.menn. Sav., stemenâ, seminaïa.
Chuminer. V. intr., cheminer : « Lasse-le, ce p'tiot; n' li dis
ran; ô chumine son train ».
Bourg., chetnenai. Prov., caminar.
Chumise. s. f., chemise.
Lat., cmnisia. Hnnrg., criairniiige. h.-Sf ..cheminze. Lim., chemisa.
Pic, hemise. Prov., camisa. St-Am., semija. (V. Camise).
Chupe. s. f., liuppe, oiseau, et aussi touffe de plumes, de fleurs
sur la tète.
Montr., chupe. Morv., cheupe. Norin., i-hoiippe. Poit., supet.
CiARGE, S. m., cierge.
Lat., cereus. Ital., cero. Berry, ciarae, Br^'.'s . cira, ciarzo. Lyon.,
cirou. Prov., ciré, ciret, ciri. Kom., ciri, ciry. St.-Am., cirou.
Vx. fr., cerge, cirge, cierge.
86 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Cime, s. f., jeune pousse végétale.
Ital., cima. Berry, cimiaii (branchage). Metz, ceutnau. Morv., cime.
Norin., cAJwï.e. Pic., chimelte. Prov., cim, cima.
CiMOT, S. m., lisière du drap. Dans la Bresse, on l'ait des
chaussons en cimot; c'est ce qu'en français on appelle :
chaussons de lisière.
Dauph., c/MiouA'sœ. Forez,ci7nou,cimousse. Fi\-CÀé.,ceînon,cemousse.
Lyon., cimousso, Montr.. cimot. Morv., id.
Cinq SOUS, loc. : « Là, mon Diou! qu' t' é donc belle! T' é
gentite, voué-tu, c'ment c/»ç sousl »
Berry, ici.
CiOT, s. m., cep de vigne: « N" m'en parle pas; la mâtine
de p'tiote béte va piquer tous nos ciots. Je n' pourons ran
pu j'ter dans nos cuves ».
CiRUGiEN, s. m., chirurgien.
Genev., cérusirn. Morv., cirii:ien. Vx. ¥\\, cyrurgieri.
CisiAUs, S. m., ciseaus. Beaucoup de nos subst. ne diffèrent
du français que par le son mouillé. Sans songer à les
donner tous, nous prenons celui-ci parce qu'il amène une
formulette d'élimination employée par les enfants lorsqu'ils
se comptent pour un jeu où l'un d'eus doit être le dernier,
ou lorsque chacun doit y figurer par numéro d'ordre.
Petit cisiau
D'or et d'argent.
Ta ryhère t'appeule
Au bout du champ.
Pour y manger
Du lait caillé
Fait de la main
De Jésus-Clirist.
A chaque syllabe, l'enfant qui compte porte la main devant
l'un du groupe, et celui sur qui s'arrête le dernier mot est le
dernier. — En citant autre part cette formulette, nous avons
demandé si la variante oiseau ne serait pas bien venue à
remplacer ciseau ? L'oiseau pourrait être appelé par sa mère,
et manger du caillé Affaire d'o mal formé.
Ital., cesello.
CivADOU (à la) ! appel : au dîner! Cri des mariniers de laSaône
et du Doubs pour faire venir à table leurs camarades. La
terminaison de ce mot vient des contrées méridionales, où
pénétraient nos gens, vite faits à une accentuation familière.
VoveZfCivada (diner). (V. Margadou).
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIÂLONNAIS 87
Cla, s. m., feu follet : « Voui, ô s"é pardii. 01 a éporçu des
clas, é pi ôl a été, ùl a été. . . é pi ô n'é pas r'veindu ». La
croyance persiste encore.
Lat., clarus. Berry, cular. Bourg., rlia, quelar, fàleiô,feu foulleu,
Bress., queiila. Champ., cular. Daupli, culut (ver liiisatil).
Forez, cular, Jura. Ida, kela. Lorr.. cula, chandelotle, flanihart,
Midi, cla. Morv., queular, Norm., faulau, folio, fifolet, fourlore.
(V. Orju).
Clafouti, s. m., sorte de gâteau.
Poit., clafoti.
Glairer, V. tr., éclairer, luire, allumer. faire flamber : « J'vas
clairerV feij ». — « La chandelle claire ». — « I fait noir
dansl'escayé; c^a^re-me donc ».
Bas-lat., clarare. Borry, clairer, clnirir. Bourg., clairai, tiârai.
MovY . .clairer,quiairdi ,quiérer Norm., claironner. Sav., éclairer.
Suis., id. TouL, clareja.
Clairinéte, s. f . clarinette.
Genev., clairinette .
Clairté, s. f., clarté, lumière.
Lat., claritas. Berry, clairté. Bourg., datai, clertai. Fr.-Gté, cliata.
Genev., clairté. Lim., cliar ta. Lorr., clarta, kiertè. Morv., cliarté.
cliairté. Prov., claritat. Rouch., clerté. St-Am., lyaretô. TouL.
clarou. Très Vx. fr., clartet.
Clampin, adj.. lent, musard. négligent : « Quand ô va quête
part, ce clampin, ô ne r'vein pu ».
Pic, clampin (boiteux).
Glaque-bitou, s. m., fromage blanc, de qualité inférieure,
mou, maigre, que certains mangent, mais que l'on mélange
généralement avee de la farine de mais pour les volailles.
— Où chercher l'étymologie de ce surnom burlesque? Bitou
veut dire chassieus. Un déjeuneur emporté a-t-il, un jour,
claqué une portion de son fromage sur l'œil de son com-
père?... Mieus que cela, et voici la chose : On s'en sert
dans le Morvan, de remède contre la bite et autres maladies
d'yeus.
Bas. -Norm., clliaquer. Morv., quiaque-hitou. Roucli., claqucn
bièque.
Clar, adj., clair, luisant, lumineus.
Lat., clarus. Berry, clar. Bourg., clar. Jura, kia. Lim., char. Lorr.,
quiar. Morv., cliar, cliair, quiar. Prov., clar. St-Am , lyâ, ëra.
Sav., cliâr. WaU., clér. Vx. fr., cler.
Clée, s. f., clef.
Lat., cZayii- ; Ital., c/im»e. Bourg., clar. Jura, kiai. Lang., cldou.
Lim., cliao. Morv., quié. Prov., clau. Toiû., id.
§8 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Clèque, s. m., feuille de tôle, avec laquelle on ferme le four
dans les campagnes. (V. Bouche-fou?-).
Cleu. s. m., clou.
Bourg., clô. Fr.-Gié, kiô^ kiou. Lille, clo. Lim., clio. "Slow., quioii.
Pic, cleu. Prov., clau. Rouch., id. Wall., chu
Clia, s. f., claie, porte basse contre l'invasion de la basse-
cour.
Forez, cZt'o^. Genev., ciie. Lang., cledo. Lim., clédau. Maine, cZaw.
quiau. Metz, clieue. Morv., quiai, quiaii Norin., clas. Pic, cloie,
Pûit., die, clioti, cléon, cLingne. Prov., cléda. Suis., clUa, clédal.
To\x\., cledo. Wall., cleùae. Vx h-., cloie.
Gloiche, s. f., cloche.
^avvy, cloque. Boarg. ,cloicJie, tioiche. Guern., clloque. Lille, cloque.
Lim, cliocha. Morv., clenche, clieuce. Pic, cloque. Prov., cloca.
Vosg., kieuche.
Cloicher, s. m., clocher.
Bourg., tioichai, quiochey. Lille, cloquer. Morv., cleuché, quioclié,
clieucé. Norm., cliocher. Pic, ciokier.
Cmander, V. tr., commander.
Berry, c^niander. quémander. Bourg., quémandai. Morv., c'mander.
Prov., coinaudar. hoach., quémander. Saint., coumander.
G'MENCER, V. tr., commencer.
Berry, c'm,l/icer, c'^nencer. Bourg., quemançai. Lille, qu'mincher.
Lim., couminça. Morv., c'meucer, cotnoificer. Poit., coumincer.
Prov., comensar. Saint., coumencer. Suis, r., couminci. (V.
Coumencer, et C'm.ent).
G'MENT, conj., comment, comme. La prononciation élide al)SO-
lument om : « C'ment c qui .s" fait-i ? » — Certains
l'écrivent Quement.
Bourg., qaeman. Lim., coumèn, coumo. Lorr., c'/Jia, comaii. Mac
quenian. Morv., couman, c'ment, c'man. Poit., quemant. Prov.,
cornent. Sav., quemê. St-Am , kemé. (V. Coum,e).
C'ment C' QUE?..., loc, comment est-ce que?« C'ment c' qu'on
dit? » — « C'ment c'que t'as fait pour cheùdre ? »
Go, s. m., cou.
Lat., collum. Bourg., cô, cueu, quei't. Montr. , co. Pic, co. Prov.,
col. St-Am., cô. Sav., co.
Go, S. m., coup, fois : « Y a des cô que j' vas prou ben; épeû
des cô qu' la gigue me fâ prou mau ».
ItaL, colpo. Bourg., cueu, queu,cô. Pic, keu. Prov., cop, colp.
Montr., co. Sav., cou. St-Am., cô. (V. Cop).
LAXGAGK I'OPILAIKL; \ l-;HliLN(J CIIAIJJXNAIS 8'J
CoCHON-DE-CAVE, S. 111., cloportO.
La,t., porcelUo, ciUio. Uni., porcelctto. Anj., trce. Berry, ireac.
Champ., pout'cele/, porcclei, pou de s. Antoine. Daupli., caïon'
Fi'.-Cté., pou de s. Claude. Gasc, coussoun. Genev., clopotc
(fém.). Lang., pourcelct. Lyon, caïon. Morv. , troucuôde.
Norm., roclujii, (vre-plèc. VtQ\' ., poarquct de crota.
Coco, s. m., (t'iif.
Lille, cocodac. Moi'w, coco. Saint., cocot. Sa\'., coquet.
Coco, terme dérisoire, pris adjectivement : « T'ét encore eun
joli coco! )) — Dans une localité voisine, un vieil avare,
qui était borgne, avait reçu des gamins le surnom de
« Coco-bel-œil ». 11 avait un singulier moyen de déjeuner.
Les jours de marché, plusieurs fois par semaine, il se
rendait place Saint- Vincent, et avait l'air de regarder les
paysannes. Il s'approchait des vendeuses de fromages
blancs, marchandait et gmitait au frais produit. Aussitôt
la bouchée prise, il se détournait, portait vivement la main
sous sa redingote crasseuse, d'un croûton de viens pain
arrachait une bouchée... et avalait pain et fromage. Il
n'achetait pas^ allait plus loin, et recommençait son manège
jusqu'à extinction de sa provision cachée. Les bonnes
femmes n'étant pas toujours les mêmes, il pratiqua long-
temps avant d'être signalé.
CocoDÈTE, onomat. enfantine, imitant le cri de la poule qui
pont. Parfois on multiplie les premières syllabes : « Co-
co-co-codète! » Le cocodac lillois traduirait bien cette
formule.
CocoDRiLLE, s. m., crocodilc.
Lat., crocodifus. Prov., cocodvHh. Rouch., cocodrile. Vs. fr..
cocatrlr.
CÔDRE, s. f., courge.
Lat., cucarhita. It., cucu^.;a. Bourg., co^e. Jura, courde. Montr.,
codre. St Am., curda. (V. Côvge.)
CÔDRON, s. m. petite conrge. Dim. de fcjdve.
CÔGER (se), V. pr., se taire, se calmer, s'apaiser : (( Côge-te,
vou ben je!... » Ce fragment de phrase est tout bonnement
un Quos ego de village.
90 LANGAGE P(JPULA1RK VEUDINi )- (IIALONXAIS
Lat., tacerc, quiesccre. Bei'ry, se cougcr, s'accoiscr. Bourg., se
cogè, se couse, se cou:sai. Bress., se coiser. Bugist., se quaijé.
Dauph., se quésié. Forez, se quaisi, se caisid. Fr.-Cté., se coisi,
se coiser. Gasc, «cafe-?le (tiens-toi tranquille). Guien., ici., (id.)
Isère, se quaïsiè. Lang., .se tai;cr. Lorr., se couj'er. Lyon., caisi,
quesir, quiesir, qtiaiser. Metz, se culiier, couliiev. Montr., .se
coiiiger. Morv., cô;/er, i-ouijcr, rocluer. Prov.. telssc. Ylom., se
coiser, taiseï', tacer. Sav., se càijev. St Ani., rhe qtiâjë.
Cogne, s. ï. coin, angle retiré : « J'iai niétn dans la cogne
de la cli'\inée. ))
Bourg., cofjnc, cognoile. Wall., colne. Vs. fr., roiqnef. (Y. Bnr-
(piote. Carre, Counoi.)
Cogner, v. tr., battre, flanquer une correction : « Attens,
matou! j'ni't'n vas t'cor/ner po t'èprende à miger mon
heure! »
Berry, coar/Rci\ \\'aU., corinii.
CoÏEu, s. m. collier. (Prononcez cô-ïei').
Prov., colar.
CoLAFANE, s. f., colopluine : (( Voui dà! l'crincrin n'a jar
gros usé (Vcolafane; po la danse, ça n'va pas. »
Prov., colofania. Toul, colofonio, colofano.
Colas, adj., dim. de Nicolas; sot, niais.
Lille, colas. Poit., id. (V. Jan-Jan.)
Collet, s. m., espèce de cible rembourrée, formant un rec-
tangle élevé, et qu'on plante sur la butte pour recevoir les
flèches dans le tir à l'arc. Las! oii est le beau Jeu d'arc
d'antan !
CoMBEN, adv., combien.
Bourg., coinhi'. Lorr., cohin. Wall., comhen, labefi.
CÔMuxs(/e.s-), s. m., les cabinets d'aisance, les anciens retraits.
Toujours placés assez loin de l'appartement. On a, pour s'y
rendre, à traverser au moins une cour, ou un jardin...
Genev., comrnr(ns.
Companie, s, f., compagnie.
Genev., companie. Morv., co/n/tainrj/iic. Prov.. roinpaii/u'a.
CoMPAkÀïoN, s. f., comparaison.
Morv., ifl. Prov., cninparaso.
laN(;a(;i-: I'oi-claiui-: vkkdino ( ii \i,n\\ ais! ',)1
Compare, s. m., compère, poiu- un baptriiic; cainaratlc de
parties fines.
Bourg, Compdre. Danpl)., compare. Lorr., id. Pie., roprrc
Prov., cornpairc. Sav., ('(uriparr. WaW., copcro.
CoMPEURNOTE, S. 1'., conipivlKMisioii . facilité d'espvii, iniclli-
genee.
Berry, compronourro. INIorv., id. Pic, romprenoir. Poit., corn-
prenouére. Saint., cntcndocrc.'SNs.W., coniprrnos. (Y . Jtif)oô/e.)
CoMPEURNu, part, de coinprende, compris.
CoNCHisE, et CoNciRE, S. m. , cliemiu creus et plus étroit que
le contour (un mètre au plus) et servant à l'assainissement
de la pièce de terre.
Montr., consire. (V. Barifpion .)
Condition [être en), loc. Un garçon, une fille sont « eti
condition )) chez leurs maîtres. ( )ii dit logi(|uement
aussi (( Entrer en condition ».
CoNDURE, V. tr., conduire,
Lat., cu/a-ducere. It., condurre. hyon. ,condiirre^ cQudnirc. Mac,
condure. Morv., condeurc. Prov., rondurrc. Wall., I.idûre.
CoNFusiÔNER, V. tr,, donncr de la (îonfusion, de la honte,
rendre timide : (( Vrâ, mare Michaud, d'avou toutes vos
chateries, vous me corifui^iône:-. »
Genev., confusionner.
CoNRiER, V. tr,, broyer, travailler la terre destinée à faire de
la brique,
C0N.SCIENCE, s. f., plastron en bois, que s'applique le fal)ri-
cant de cercles, pour éviter les coupui'es à sa veste.
Montr,, id.
CoNSENTu, part., consenti, accepté,
Morv., i(].
Consulte, s. f. , consultation d'un avocat, d'un médecin ou
de plusieurs : « ôl é bé mau ; va y avouer, à c'maitin, eùiie
consulte. »
Ital,, consulta. Genev., consulte. Lvon. , id. Midi. id. Roucli., id.
Wall., id.
0'2 LAXiiAGK POPILAIHE VKHntNO-CHALONXAlS
CoNSTREURE, V. ti'., coiistruii'e.
Lat., consfj'uerc. Morv. , Constrcuvc. Mac, contilviivc. Prov.,
costvuire.
Contour, s. m., sorte de plate-bande ou chemin, de trois
met. environ de large, entourant la pièce de terre, et
donnant au laboureur l'espace nécessaire pour retourner
sa charrue lorsqu'il est au bout d'un sillon.
Montr., contour. Morv., contor. Norm., forivrc (V. Chainirc).
CoNTRARE, s. m. Ic Contraire, et adj.
Prov., contrari. St Am., coiitrcrou. Wall., contràrc,
Côp, S. m., coup, choc, blessure. Le p est muet : « Ah ben!
por cep'tiot côp, t'cries tôjor. Wy é ran que c' qui. »
Lat., colpits. Bourg., cô. Lim., couo. Tonl, rop. (N'empêche pas
ronp.) (V. ce dernier mot, et ro.)
CÔPER, v. tr., couper, séparer.
Bourg., rôpai, cucupai. Lorr., càpè, Ucupc. Mac, cùpcù . Morv..
copcr. Pic . copcv. Rouch.. id. St-Am., I.rcûpè. Sav., roppâ.
Wall., copcv.
CÔPEROT, s. m., couperet, couteau de cuisine.
Bourg., cùpcrù. Rouch., copcrcf.
CÔPLE, s. m., couple.
Berry., coube, couble. Bourg. scôp/c. Genev., coubic. Lsing.,coubU'.
Morv., copie. Prov., coubla,cobla. Suint., cotiblc. Wall., cope.
CÔPLER, V. tr., accoupler, mettre au joug, atteler.
Morv., copier. Saint., coubler.
CÔPURE, s. f. coupure, toutes sortes d'incisions.
Pic, copurc. Rouch., id.
CoQUARDiAU, s. ui., girollée.
Lang , coucardo. Morv., connardiau. Pic, cocarclcaii.
CÔQUELUCHOT, S. m. capuchou.
Lat., cuctillti.s. Bourg., côrjneluchô. Bren^. , cor/Kcluchon .Movx . ,\d.
CÔQUER, V. tr., choquer, heurter, frapper du talon; briser la
coque d'un fruit.
Bourg., côquai.
CÔQUEsiMARGouLN, S. m., vicus galautiu de campagne, viens
« coq de village ».
LANGAGE POPIILA1H1-; VEHDINOCH ALONNAIS 93
CÔQUERiLLE, S. (., coquiUe : (( De c'qiii? J"t'en bcillerô pas
tant s'ment oùne cocfrille d'û. » L'orthographe cocrllle,
adoptée par phisieurs, est moins logique,
Bourg., côqacrillc.^m'a., cocri/lc him., coi(quiUc.Sc\y.,corcài(lc
(V. Crcûsc).
CÔQUERiLLER {se) , V. pr., sc recroqueviller : « C'te corde
s'déroule mau; âll' se cbquerille tôjor. »
CÔR, s. f., cour, espace devant ou derrière la maison.
Bourg., cor, cô. Montr., co. Morv., coi-t. Norm., court. Frov.,
cort. St Am., cou.
CÔR, s. m., cours d'eau, cours des choses : « Que v'tu?
J 'pouvons pas empocher Vcor du temps. »
Bourg., cor. Prov., cors.
CÔRTE, adj. court : « J 'avons tiré à la carte bûche, é pis y
é lu qu'a gagné. »
Lat., curtus. Bourg., cor (au tem. cote). Genev., cor. Montr., eo.
Morv., cort. Prov., cort. St Am., eue, urta.
CÔRAGE, s. m., courage, persévérance.
Ital., coraggio. Bourg., coraigc. Prov., coratgc.
CÔRANDE, s. f., courante, danse du cru, qui a été fort en
vogue, — et aussi diarrhée.
Montr., courande. Vs. fr., courancc, {2' accept.)
CÔRBE, adj., courbe.
Lat., ctirmis. Montr., corbe. Morv., corbu- Prov., corb. (V.
Courbe).
CÔRBE, s. m., corme, fruit du sorbier ou cormier.
Lat., cornum. Berry, corbe. Genev., id. Morv., id. Poit., corme
(boisson faite avec des cormes).
CÔRBER, V. tr., courber.
Lat., curvsare. Berry, corber, corbir. Prov., corbar, curvar. St
Am.j croubi.
CÔRBiER, s. m., cormier, ou sorbier domestique.
Berry, cor^re/-. Morv., corbic.
CÔRBiAu, S. m., corbeau.
Berry, corbiii. Dauph., corbat. Wall., coirbd. Vs. fr., corbel.
corbiau-i. (V. Couâ, Crau.)
94 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
CÔRDiAu, S. m., cordeau, cordon.
Lille, cordiau. Rouch., id. Wall., coirdal.
CoRDouNiER, s. 111., cordoiiiiier.
Berry, cordounier, cordouf/ncr. Champ., cordouennter. Lang.,
courdoiignà. Morv., cordannic. Prov., cordonnier, St Am.,
Kyurdani. Suiss. v.ycordaïuj/ti. Vs. ïr.jcordouan. (V. Car'lou.)
CÔRE, adv., encore, de nouveau.
Bourg., ancor. 11. -V., cor. Lorr., co. Morv., encot, oiicouc. Norm..
co. Rouch., id., cor. St Am., encoure.
CORÉE, s. f., cœur, au propre et au figuré.
Lat., cor. Ital., coruta. Berry, corèe. Bourg., cœu. Lyon, cora.
Montr., corrèe. Morv., couàrèe. Narbon., coradc. Norm., corèe,
couréc. Rouch., id. Wall., id.
CÔRGE, S. f., courge.
Lat., cucurhita. Bress., cuerda. Lyon., corla. Sav., queurd.a
Toul., coujo. (V. Côdre.)
CÔRGiE, s. f., fouet pour les chevaux, et autre sorte de fouet
pour corriger (?) les enfants : (( Tâche d'êt'e sage, polisson !
Si te n'te tiens pas tranquille^ j'vas t'flanquer d'ia corgie )).
'L?d.,corrigia, corrigere. Arden., courçjic. Berry, corgeon. Bourg..
courgie, ècourgie. Jura, ccourgc. Lang., courèjo, courèjou.
Lorr., corjen. Luxemb., scorgia, couriau, couriettc. Maine,
courgeou. Morv., courgie, corgie, ècorgie. Norm.. courgée,
courgct. Orne, courgct (lanière de cuir). Poit., corgeon. Prov.,
courragea. Rouch., ccouric. Vend., courge, courgette. Wall.,
corie, coriète.
CÔRi, V. intr., courir. S'emploie aussi fréquemment que
couri : (( V'tu cbri! » dit-on, pour renvoyer un enfant qui
vous importune.
Lat., currere. Berry, courre. Bourg., cori, corre. Bress., id., id.
Dauph., id. Il.-V., coure. Lorr., couri. Lyon., codre. Montr.,
corre. Morv., cori, corre, couhi, courre. Pic, keurir. Prov.,
corrcr. Rouch., corir. St-Am., coure, couri.
Plusieurs localités ont la loc. « côrï tant qu'on ad'jambes.»
CÔRJON, s. m., cordon qui sert à tenir les tabliers, les
jupons, etc.
Bourg., codon. Prov.. vordo.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAI8 95
CÔRJÔNER, V. tr., attacher les cordons de son tablier, de ses
jupes : « Oh! l'anguigne! âll' ne cbrjone pas tant seLiTment
son d'vantei ! »
CORNE, S. f., cor, durillon : (( Mon esclot m'a fait v"ni eùne
corne. »
Lat., cornu. Boiug., co/ie. Moiv., corne. St Ani.. /,i/oà. Wall.,
coi/ic.
CORNER, V. intr., souâler, bourdonner. Employé dans cette
locution : « Les oreilles me cornent » pour : J'ai un boui--
donnement d'oreilles. « Le vent corne dans la ch'vinée. »
Bourg., conai. Prov., cornar. Wall., coirncr.
CÔRNiAus, s. m., gros nuages noirs, que Ton voit avant
l'orage : d I va faire un bigre de temps; v'ià ben des
corniaus qui v'nont. »
Charol., corniaus.
CÔRNiLLE, s. f., corneille.
Lat.j cornix. Bouvg., conouaille. \\.-\ ..cônille. cournaiUe. Prov..
cornclha.
CÔRNiOTE, s. f., sorte de petit gâteau aus œufs, ainsi nommé
parce qu'il est à plusieurs cornes.
Les Verdunoises le réusissent à merveille.
Norm., cornoite (espèce d'échaudé). Poit., cornue (autre gâteau).
CÔRNÔT, s. m., cornet.
Morv., cornot. Prov., cornet.
CÔROU, ad]., coureur, mauvais sujet, vagabond.
Morv., corou. Prov., corrcdor. Vs. fr., coreor.
CoRPORANCE, s. f., corpuleucc : « Padi! c'qu'ô dèt mainger
d'avou c'te corporance! »
Lat., corpulentla. Genev., corporencc. Lj'on., id. Midi, corpo-
rance. Poit., corporencc. Prov., corpulencia. Vs. fr,, corpo-
rance.
CORSE, s. f., course.
Morv., corse. Prov., corsa.
CÔRTisou, s. m., garçon qui fait sa cour à la fille qu'il veut
épouser.
Toul., courtisou.
k
96 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
CôsiN, E, S. m. et f., cousin, e. On dit, en Bourgogne : « Aler
vouer les côsines » pour : Aller voir les filles.
lià\.,cugino. Bonï-g., coscin, cigne, cotuain, aigne. Morv., côsin, c.
Pi'ov., cosrn, co^in. Rouch., cosen, âne, couscn, cnc. St-Am.^
cu.:i'n, a.
CôsiNAGE, S. m., cousinage, en parenté et en amitié : « Bénédi
et José sont prou d.'côsinage ».
Rouch., cosènache, couscnachc.
CÔT, s. m. mite, insecte qui ronge les laines : « Rang'ben
tout çan tien, s'coue tes lain -nages; t'sais qu'y a gros des
rots cheû nous. »
Berry, cosson. Fr.-Cté.^ co. Montr., cot. Morv., cô. Norm.,
cosson (chareneon).
CÔTÉ et Coûté, s. m., côté, bord.
Ital., costato. Berry, coûté. Bourg., contai. Bress., coûté. Lorr.,
coûté. Montr., côte. Morv., coûté. Prov., costat. St-Am., Igan,
Saint., coûté.
CÔTE (la), s. f., la Côte-d'Or. Dans le pays, pour désigner ce
départ., dont nous sommes limitrophes, on dit « La Côte ))
tout court.
Bourg., la Côte.
CÔTE (à ou d'à), loc. adv., à côté.
Montr., à côte.
CÔTEUME, et CouTEUME, S. f . , coutume.
Berry, cot urne, couteumc. Bourg., cueutuine, quetume. Morv.,
coteûme. Prov., costuma.
CÔTi, s. m., morceau de viande taillé dans les côtes de
l'animal, et que prennent souvent les ménagères.
Berry, coti (froissé). Bourg., côti. Poit., coti (meurtri). St Am.,
kyeûta.
CÔTÔNE, s. f., cotonnade : (( J'm'é écheté eùne bàle robe de
cbtbne. »
Genev., cotonnc. Lille, cotonnette
Cou, adj., caché, couvert. Ce mot, redoublé, est une des
exclamations les plus populaires parmi nos nourrices
jouant avec l'enfant : « Cou-cou!... ah! le voilà! »
Ital., cucolo. fV. Coui).
LANGAGE POPILAIRJi VERUUNO-CHALONNAIS 'J7
CouÀ, S. m., corbeau. Onomatopée.
Norni., couas. (V. Crait, Crû, Corbtaii).
CouÂRNE, s. t'., couenne, peau du cochon.
Genevois, couannc. Morv.. couarne. Norm., rouanc r/iioiiunc.
Poit., couofjne. Prov., codcna. Suiss., couanc. Wall., coiènc.
Couchettes, s. f., langes : « Aile a bon entoilillé Tpctiot
dans ses couchettes. »
Lim., couedgco (couche).
CoucHi, V. tr. , coucher.
Lat., coUocaro. Bourg., cochai. Lim., coudja. Pic, coukcr.
Prov., colgar.
Coucou {m... de), s. t., gomme des pruniers, cerisiers, etc.
Cogn., id.
CouÉE, s. f., suite, nichée, ribambelle, queue : (( Ah! c'te
Bertiaude, allé a QÙne couée d'enfants. »
Berry, couèe. Bourg., id. Moiitr., id. Poit., id., coûte, groucc,
grouic. Saint., id. Sav.,fo«à. Toul., coucto. couo. Vend., couée.
CouÉNE, adj., niais, imbécile : « T'ii as lassé prende tes
gobilles? Oh! qu'té couéne, va! »
Lille, coiiinc. Pic, couanc.
CouÉTE et Coite, lit de plumes.
Berry, cowete. Champ., cGucttc. Fr.-Cté., coutra, couctra. Genev.,
coitre,couatTe. Jura, coitrc. Morv., coucte. Norm., coetc, kcute.
Prov., cota.
CouGNÉ, s. m., cognassier.
Berry, couigaier. Morv., cotngnie. Poit., cougnai. Vs. fr., coi-
gnicr.
CouGNiE, s. f., cognée.
Lat., cuneus. Berry. cognie, cougnèc. Morv., coiagnic. Pic,
quignie. Rouch., qucunié. Saint., cougnèc.
Coui! excl. Les enfants, en jouant, jettent ce cri pour faire
savoir qu'ils sont cachés. (V. Coù, Cachot.)
CouiNARD, adj., pleurard, qui geint.
Morv., couinar.
CouiNcouiN, onomat., sorte de crépitement que font entendre
les souliers neufs. Les jeunes villageoises mettent ceus-ci
au rang de la plus attrayante parure. Elles en sont toutes
k
9S LANGAGE POPULAIRE AERDUNO-CHALONNAIS
fières lorsqu'elles entrent à l'église, vont à l'offrande,
emportent le pain bénit. Toutes font la cour à leur cor-
donnier pour en obtenir le couin-couin dans leurs souliers.
Coquetterie des campagnes.
Bourg., tiônai (faire ce bruit). Champ., riuiicr (ïd.). 'Lovi.,pii(-
chanf.
CouLNER, V. intr., pleurer avec affectation et en criant. Un
chien couine quand ou le frappe. Se dit du cri plaintif de
plus, animaus et, d'une façon triviale, du cri des enfants
que l'on corrige : (( C'bigre de p'tiot, ô n'fait qu'coidner! »
Berry, couiner j coidlcr. Boui'g., coi/mai. Champ., couiner ^ coui-
gner. Genev., coin/icr.Guevn.,couinaire.lite-M3iVne, couiyuer.
Jura^ couiner, coinner. ha,r\g., quinçar. Lim., quinquina. Lyou.,
qaino, quincr, quincher. Morv., couiner, coinner. Norm., id..
couineter. houincr, hinner. Poit., id., couinai, coinar. Rom.,
quilar, quillar. Sav., coinnà. (V. Bêler, Bôler, Chouiner,
Chou (j nier.)
CouissE, s. f., poule qui couve. Pour le verbe, nous l'avons.
Nous avons aussi grouer (v. ce mot) ; mais grouer n'a pas
son substantif.
Berry, couisse, couass^. Montr., id. Morv.. couette, couette.
CouissE, adj. fém., plaignarde. (V. Couissou.)
CouissER, V. intr., se dit du cri de la poule couveuse, et
signifie aussi : grogner, se croire malade, se plaindre sans
motif, geindre : (( Côge-te donc ; te couisses tôjor. »
Couissou, adj., celui qui couisse, femme qui geint, plai-
gnarde. A aussi parfois l'acception de gauche : « Voui,
d'avou Jacôte, j'évô ben eùne brave fille ; ma allé étô si
couissousel... » (V. Couisse, Couliche.)
CouLÂRE, s. f., colère, irritation.
Ital., collera. Bourg., quelère. Lang., coulèro. Morv,, coulére.
Prov., coulera, calera.
CouLEURER, V. ti'., mettre en couleur, colorier.
Ital., colorire. Cogn., côlcurcr. Genev.. colorer. Morv., coulourer.
CouLiBiN, adj., lent, maladroit.
Rouch.^ ambin. (V. Couisse, Couliche.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 09
CouLicHE, aclj., tatillon, niais, pas pressé. (V. (Jouisse,
Coulibin.)
CouLou, s. m., petit vase de bois troué, filtre n'ayant pour
fond qu'un linge fin, à travers lequel on passe le lait, qui
tombe dans le fjrielot.
Lang., couladoH. Lyon., coloa, coliiri. Moiv., id.
CouMÀRE, s. f. , commère, voisine camarade.
Berry, coumcve. Bourg., quenicire. Dauph.^ commarc. Piov.,
coinaivc. Saint., coumèvc. Sav,, quctnâre.
CouME, conj., comme, de même que.
Lat., quomodo. BasNorm., coumc. Beriy, id. Bourg., rotnc,
qucinc. Lira., cou/no. Loir., roume. Saint., id., hcurnc. (V.
C'ment.)
CouME, adv., en même temps que... : « 01 et érivé coumo
son p'tiot ». (V. C'tnent.)
CouMEAU, s. m., couche de bouillie laitée, œuvée, sucrée,
qu'on étent sur la croûte des flans, et qui fait le régal des
gourmets locaus.
Bress., cou/no, ca/nar.
CouMENCER, v. tr., commcnccr.
Sav., quemêchcr (V. C'mcnccr).
CouME TOUT, loc. adv., beaucoup : (( Aile é brave courue
tout. )) « 01 a de l'argent couine tout. »
Centre, id., Norni., id., Rouch., id., Wall. id.
CouNAissANCE, S. f., conuaissancc.
It., conosccn:sa. Bourg., qucneussaiice. Morv., qucusance, cunoi-
sance. Poit., queuneussance. Prov., conoissensa. Vs. fr., conois-
sancc, quenoissence.
CouNAissu, part, de counaitre, connu.
Bourg., queuneussu, q'neussu, q'nessu. Morv., coanessu.
Counaitre, et Counàtre, v. tr., connaître.
Lat., cogaosccre. Berry, couneùtrc. Bourg., queunoitrc,cueunou-
trc. Morv., qucûtre. Poit., queneutre. St-Am., coun/jâtre.
Saint., queneutre. Wall., kinohe.
CouNÔT, s. m., coin : « Le coûnot du feù. » — (f J'ons métu
l'siau dans l'coûnot. »
ï
100 . LANGAGE POPULAIRE A ERDUNO-f HALONNAIS
Lat., cnneiis. Bourg., carrenô. Fr.-Cté., counot. Lim.. coucii-
LoiT., coffiio. Lyon., ciiffiii, couffin. Prov., con/i, cunh. St-Am.,
rucn. Wall., coino. (V. Carre.)
Coup, s. m., fois. N'est guère usité que dans quelques locu-
tions : (( Por eùn coup. » — « Ah! pou Vcoup. » (V. Cop.)
CouRAu, s. L, courroie. L'écolier attache ses livres avec sa
courau.
Ital., correrigiu. Berry, cuarraic. Bourg., corruo.Movx., courcaïc
Pro-v., corrcr/a, coritja.
CouRAUD, E, aclj., coureur, coureuse; garçon qui court après
les filles, fille qui court après les garçons : « L'bestiâ !
v'ià-t-i pas qu'ô va parler à c'te couraude!... »
Berry, courandicr. Genev., couratié. Maine, courassier. Morv.,
courandiè. Norm., conrandier. Pic, coH/'«ir"t'. Wall., id.
Courbe, adj., courbé : (( L'pauvre houme! ô marche tout
courbe. » On trouvera, dans ce Glossaire, un certain
nombre d'adjectifs verbaus ainsi formés. (V. Cbrhe.).
CouRi, V. intr., entrer dans, en parlant des années : c 01 é
d'eùne bâle âge! ô court ses 95 ans. » (V. Cbri.)
CouRJON, s. m., branche d'arbre, baguette, tresse de jonc,
d'osier, dont on fait des liens.
Morv., courgeon, côrgeon. Poit., cuergeon (lanière).
CouTELER, V. tr., étendi'e, étirer et plier les draps, le linge
après la lessive.
CouTERiE, s. f., aiguillée de fil.
Louhans, coutrie. Mac, coutairi. Monti-.. coittorie. Morv., cou-
trie, cdgllie. Sav , cotdria.
CouTEURÉRE, S. f . , coccinelle, bête à bon Dieu.
CouTEURÉRE, S. f., couturièrc, ouvrière en robes.
Morv., coutrère. Prov., corduriera.
CouTiAU, s. m., couteau.
Lat., caltcllus. Berry, coutiau. Bourg., couteau. Flam., id. Fr.-
Cté., cutiau. Il.-V., coutiau. Lorr., coûté. Mac, côtiau. Montr.,
couîieau. Morv., coutiau. Pic, id., couticu. Prov., coltclh. St-
Am., cutè. Saint., coûta. Sslv., coètai. Suiss. v., coûté, couthi.
Toul.. coatel. Wall., coûtai.
LAN(;A(iK i>(»im;k.\iki-; \ iokdlno-ciialonnais loi
CoUTUE, s. t., oreiller.
Morv., contre.
Couvert, s. m., toit, couvercle : « 01 a fait ranger V couvert
de samâïoii. » Le co^rf^/'?' d'une tabatière, d'une boîte, d'une
marmite.
Lat., cooperculuin. Bouvg., rouvar, étoi. Dauph., corcrt. Genev.,
couvert. Lon., ta. Midi, couvert. Morv., id., qniécle. Sav., là.
Wall., couvicppc, couverture.
Couverte, s. L, couverture : « I fait f rèd ; faut m'mét<' ma
couverte d'iain-ne. »
Bourg., couvature. Bress., cuvertioxi. Fr.-Cté., couvathe. Genev.,
couverte. Liai., cuberturo. Midi, couverte. Morv.. couerte,
couvarteu. Pic, couverte. Poit., cuvertc. Prov., coopertura,
cubertura. Rouch., couverto. St Am, c^ff/'/'r/. Wall.^ couverte,
cofeteu. Vs. fr., covertor, murretoir.
CouvÉTE, s. f., chaufferette.
Rouch.. couvé. (Y. Cnurnf.)
CouvÔT, s. m., couvet, vase en terre tenant lieu de chauffe-
rette : (( Tout l'temps allé a son couvot sous ses jupes. »
Bourg., fôrô. Champ., couvet. Flam., couvé. Genev.. cové, covet.
Lorr., covet. Midi, couvot. Movv., cou veau. \Ya\\., coué, hawé,
couvé. (V. Chauféte, couvéte.)
CouvRi, V. tr., couvrir. Le part, e.st également cowi^W, comme
ouvri pour : ouvert.
Berry, covrir. Bourg., covri, côvre. Pic, cœuvrir. Prov., cobrir,
cubrir. Rouch., couver. Saint., chuvrir. St Am.. crevi. Wall.,
covri.
Crà, s. m., corbeau. (V. Corbiau. Couà, Cvau.)
Cràchie, s. f., résidu du beurre que l'on vient de tondre.
Les enfants, friands de ce produit, le demandent beaucoup
en rôties (tartines).
Bas-lat., drasqua. Genev., drùcliée. Montr., crachée. Norui.,
crdc/ie (graisse). Pic, crache (id). Rom., dra.'iche, dréche (marc
du grain qui a servi à la fabric de la bière).
Craicher, V. intr., cracher.
Berry, cràier. Bourg., cratchai, crcichai. Morv., craiUer. Pic.
rah'cr. Prov., earracnr. Wall., rachi, rechi .
lO'J laN(;a(;i-; popllairk ^■Kr^l)^NO-r•HALON^'AlK
Cramayère, s. f., crémaillère : « Quand qu'la mâïon sera
finite^j 'planterons la cramayère. »
Bas-lat.,cramac?i/u.s. 'Qow.vg. , cramaUlc . Brp,s%.,coumaclc, quemo-
Hio. Champ., C7T/ ma ?7. Genev., comâcle. Isère, coumaclo. Jura,
cramaxl. Lang., cramai. Morv., quiérâme, creinaiUc,creinillé.
Norni., crainillaie, creinillèe. Pic, cramailli, crcinaiUé.'Pvov.,
cuinascle. Rouch., cramèçjllc. crèmèf/lie. St Ara., kcmôlrjoti.
Wall., crama, cramion.
Cramper ij^e), V. réfl., se cramponner, s'attacher avec force :
(( Le p"tiot é ben genti ; drès qu'jérive, ô s'crampe après
moi, » A aussi parfois le sens de : se raidir, se révolter.
Fr.-Cté., se cramper.
Crapiau, s. m., crapaud.
Bas-lat., crapaldus. Berry, grapaud. Bourg., craipau. Lira.,
r/ropal,crapaos. Pic, crapcux. Pïox. ,grapat(f, crapaut. Wall.,
crapan. Vs. fr.^ crapo.:-, crapaut. (V. Bot.}
Craque, s. f., mensonge, hâblerie :« Vouah ! c'qu'ô m'dit, j'n'}
creis guâre; y é tôjor des craqueta. »
Norm., craque. Rouch., ici.
CR.4.QUER, V. intr., mentir : « T'airas biau dire, va, on n'te
creira pus; t.'nous craques du maitin au souér. »
Craquer, v. tr., déchirer, faire craquer : « T'as craqué ton
pantalon. ))
CrÀquiller, V. intr., produire un petit bruit : (( Y a eùn
grain de sâbe dans ta sôpe; ô mcraquille sô la dent. »
Morv., craquiUer.
CrÀquou, s. m. etadj., menteur, qui dit des a craques )).
Crasse, s. f., ladrerie, et mauvais tour : « Non, je n'ii parle
pus ; ô m'a fait eùne cràsae. »
Cogn , crasse. St Ara., crache.
Crasse, adj. crasseus, avare, malpropre : (* 01 ê crasse; ù
n'donne jamâ ran. »
Lat., crassus. Berry, crassous. Cogn., crassou. Morv., id., crais-
son. Saint., crassous. St Am., crâssou.
Crau, corbeau. "
Ital., grola. Bourg., crau. (V. Corbiau, Court, Crô.)
LAN(JAGK 1'0FM:LA1KK VKHDI'NO-CIIALONNAIS lO."!
Crèche, s. f., crèche.
Ital., greppia. Berry, ùcvéclie. Bourg., crcirhc. Bress., crèce.
Lim., cràicho. Morv., croiche, croui'clic. Pi'ov., crcpia, cvep-
clia, enipia. Wall., C7'cpo, cripc.
Crei, et Croué s. f.. crois.
l,at., crux. Ital.^ croce. Artois, crôe, croie. Berry, qucroix, quc-
ronè. Morv. croKc. Pic, cros. Pro\., crot.:-. Rouch., cro.
Wall., crctU. (V. Crotté.)
Crein-me, s. f., cièiiie, ce clélicieus produit qui nous doniH^
le beurre, mais qui le remplace IVé(|uemmeiit dans les pré-
parations culinaires.
Lat., crcnium. Champ., crame. Morv., crâine. Pïox., crernc(. Sf-
Am., rrénina. Sav., crcauna. Suiss. r.. crama, rrauima.
Creire, V. intr., croire, s'imaginer.
Lat. et Ital., credere. Auv., creire. Berry, id. Bugey, crère. Fr.-
Cté., creire. Gasc, id. Il.-V., craire. Lang., creire. Lim., crérc.
Lorr., crôre. Morv., craire, creire. Poit., creire. Prov., id.
Rouch., crère. St-Am., cràre. Saint., crère. Suiss. r., creire.
Toul., crer/re, cre,~e. Wall., creiire.
Creire (s'e/?), loc, se croire quelque chose, s'enorgueillir :
« Diou de Diou ! dêpeù qu'ôl a (?té noumé gard'champéte,
ô .s'en ci-eit prou!... »
Genev., s'en creire. Rouch., id., s'en crère.
Creuche, s. f., cruche.
Bourg., hrechie.
Creuiller, V, tr., creuser, surtout enlever le milieu d'un
fruit, poire ou pomme, pour une préparation culinaire,
beignets, compote, etc.
Prov., cro.~ar. Vs. fr., croser. (V. Creûillon.)
Creuillon, s. m., cœur de pomme, de poire, non lorsque le
fruit est entier, mais quand ce dernier vient d'être croqué
à belles dents jusqu'au centre : « 01 a maingé sa poume,
épi ô m'beillôt l'creùillon ! »
Bress., creuillon (bois enlevé en creusant les sabots). Genev.,
coraillon, couraillon. Montr., crcnillons (de sabotier). Norm.,
ràqaillon. Sav., cnjraillon. Suiss. r., corahlon. (V. Rongeon.)
Creuse, s. f., coque, coquille. Une « creuse » de cala; une
« crei'isc (Va. » Le mot contient une image de concavité.
lO-l LA.\(,A(.i; POI'LLMRK VEHDUNO-CH ALON.N AlïS
Berry, creuse. Bourg., id. Foiez^ creu (m.)- Fr.-Cté., crcuche,
cruUc, crosilh. Guern.. cruque. Lyon., creu (noyau). Montr.,
creuse. Morv., creuge, creuillc. Nivern., id. Poit., crucheas.
Suiss. 1'.. crutsche, crout^e, craisilla. (V. CoqucriUe.)
Creus, s. m., mare, dont le lit a été creusé accidentellement;
le (( C>eaj?-Carillon )), par exemple, qui se trouve à rem-
placement même d'une tuilerie emportée par une violente
inondation. (V. Crot.)
Crèyance, croyance.
Movv.,c7-((j/aace, crèi/ancr. Vs. iv. créance, croïauce.
Creyu, part, de croire : (( Vrâ! j'I'aurô pas créijn. »
Morv., crouèyu.
Crocher, V. tr., agrafer : (i Croche me donc ma broche ;
j'peus pas en v'ni à bout. »>
Genev.^ crocher.
Crochot, s. m., crochet, objet recourbé.
Bourg., creuclu).
Crôler. V. tr., agiter, remuer, secouer un arbre pour en
faire tomber les fruits : (( On a crôlé rpeîirnei. »
Ital., eroUare. Bourg., crôlai, craulai. Fr.-Cté., crauler. Lany.,
erolar. Marne, croUer. Morv.^ croler. Poit., crolinai. Sav.,
crulà. Vosg., crauler. Wall., croler. Vs. fr., croller.
Crompire, s. f., pomme de terre.
Allem., ;/ruiid-bir/i. Louhans, catroehe. Morv., compire. Pic.
crompire j cronipile. Rouch., cronpir. Wall., crornpir. Yonne,
compire. (V. Cul-de-poulot.)
Crosser, V. tr., malmener, maltraiter.
Norm., crosser. Vs. fr., rroissir.
Crot, s. m., creus, trou, fosse : a J't'l'ai fichu dans VcroL n
Aube, cron. Berry, cros. Bourg., crô. Montr., cr^ot. Morv.. crû.
crôdiau (creus plein d'eau). Pot,, cro. Prov., cros. Rom., crot,
Sav., croet, galet. (V. Crêtes.)
Crôte, s. f., croûte. Les enfants emploient entre eus ce mot
comme terme d'amitié :
(( Ma mie, ma crôte,
(( J^faiji-me autant qu'ein aut'e. ))
Artois, cruste. Boni-g., crôfe. Cogn.. croûte. Pï'o\.,crosta.'&{-.\.m..
creùta. ^^'all., crose.
LANGAGK POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 105
Crôtot, s. m., creux de la nuque. Dim. de crot.
Bas-lat., crotuin. Bourg., crôtô. Champ., crottot.
Crôton, s. m., crotte, crotin, boue sèche.
Prov., cvota. Saint., cvoton.
Crotou, adj., boueux, crotté, barbouillé. Se dit des personnes
et des choses salies dans la boue, mais surtout des vaches
et des moutons qui ont ramassé aux jambes et au train de
derrière une couche granuleuse de crottes en se couchant
dans rétable. Les paysans leur laissent complaisamment
cette couche comme preuve d'une bonne litière !...
Morv., crottou.
Croupeton [à] et A grepton, loc, accroupi, à genoux et assis
sur ses talons : « J'mé métu à croupeton por cuyer mes
fraises. » — « Pou s'chaufer, ô s'met à croupeton d'vant
l'feù. »
Berry, à croupeton, à cropcton. Bourg., à croupeton,
Bress., à crcpoton, à creupeton. Forez, en acroupeton, à
croupeton. Genev., à cropetons, à crepeton^. 11. -V., accropi,
s'accropir. Jura, à crepetons. Lille, à croucrou. Lorr. , à
cripoions. Lyon., à et en (jrahoton, à cacahoson. Morv., en
queurpoton. Neufch., à crepotons . Rouch., à croueroii. Sav., à
cr'pion, à çjr'bœgnon. (V. Acroupetoner, Aqueùler.)
Croution, s. f., croûton : « Quand l'pauv' vieux qui va aux
portes li dit qu'ôl a faim, âll' li beille eùn fameux création.))
Berry, crougnon, crouston, crousson. Genev., croution,
Morv., crougnon. Poit., crougnon, crei/non, corgnuun.
C'te, pr. démonslr., cette : « 6'7e foune! »
Bourg., c'teu. Mac, cela. Morv., ceute.
C 'té-là, pr. dém., celle-là.
Bourg., cetei-lui. Morv., cetele-qui.
C'téqui, e, pr. dém., celui, celui-ci, celle, celle-ci : « Qu'é-
c'quié que c'téqui^ »
Berry, ce li-ci. Bourg., cctu-qui. Forez, cetu, celui. Fr.-Cté.,
stequi, stieci. Morv., cetu-qui. Pic, c'ti-chi.
C'ti-là, et C'tu-là, pron. dém., celui-là : « Oh! c'tulù ! vous
a-t-i ein bagou! »
Bas-Norm., ch'tilà. Bourg., celu-lai, c'tu-lai. Forez, celui
Lorr., c'Iu-li'. Morv., ceti-tni, c'tu, c'Iu-qai.
13
106 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
CucHOT, S. m., extrémité supérieure, sommet, faîte, cime,
tas. Le cuchot de la tête; le cuchot d'un arbre; un cuchot
de blé, de trèfle : « C't'agasse a fait son nid au fin cuchot
du peûpier, » — (( L'foin étôt sec ; les foineuses l'ont métu
en cuchot. » Un petit tas de fourrage est un cuchot ; un
gros tas est une mate.
Ain, cuchon (de foin). Bugey, id. Forez, id. Fr.-Cté., quechot.
Genev., cachet. Lyon., cuchon, cnchoun, quichon. Montr.,
cuchot. Prov., cuchd. Roni.^ cuche, cuchot, cuchon. St-Am ,
kyeuki/clt/on.
CuEucuEUTE, s. f., bouillic que l'on prépare pour les enfants.
Mot bizarrement composé du masc. et du fém. de l'adj.
cueùt, e.
Lat., coda. Bress., queuqticuto.
CuEUDE, s. m., coude.
Lat., cubitus. Berry, code Pic, keutc. Prov., code, coidc.
Rouch., queute.
CuEUDRE, V. tr., cueillir : « N'y a qu'çà d'neuzilles; y é tout
c'que j'ai pouvu cueùdre. »
Lat., colligere. Berry, quillir. Bress., qncudre. Lim., couser/.
Montr., cueudvc. Namur, co?/rfe. Pro\. , coillir, cuelhir, culhii-.
Wall., code. V. fr., queudre, coillir. (V. Cucuicr. cùi/er).
CuEUDRE, V. tr., coudre.
Ital., cucire. Bourg., queudre. Lyon., codre. Namur., h'et'c^e
Prov., coser,co.sir,cusir. KoViCh.., queute, kcute. St-Am., codre.
Saint., cousir. Toul., cou^e. Wall., keûse.
CuEUDRE, coudrier.
Avden., caurier. Bourg., queudre. Morv., id. ,quieudrc, qucure.
Pic, caure. Poit. .,coure. Rouch., caurier .Wall., câre, cûri.
CuEuÏER, V. tr., cueuillir : (( J'ons cueùïé tous nos râïns. »
Genev., cullir. Lang., culi. Rouch., cueulicr. St-Am., culi.
(V. Cueûdre, Ciïyer.)
CuEURE, v. tr., cuire. Acception générale de cuisson pour
tout ce qu'on met sur le feu : « Mes faviôles ne voulont
pas cueùre. » — « Mon fricot n'é pas cueùt. »
Lat., coquere. Ital., cuocere. Bress., cueure. Dauph., coëre.
Fr.-Cté., qucure- Lor. , id. Lyon., couère. Moniv., cueure. Morv.,
qucure. Poit., quieiirc. Prov.. co;er,coirc. Saint., cheure. Sav. .
coaire. Toul.. l'oj/re. Wall., ciire. (V. le mot suivant.)
LANr.AGK POPULAIRE VEKDIJNOCIIALONNAIS 107
CuEURE, V. 11'., ciiiro. Acception rcstroiiiU; cl spécialisée
s'appliquant, chez nous, à toute la inaiii|)uIatioii du ]j;i,iii.
Quand on dit qu'une ménagère cuit, cela comprent depuis
le pétrissage jusqu'au retour du four, en un mot, l'opération
complète : (( Ah! vous v'ià, Nan-néte! Làvoù portez-vous
c'boinon? — ycaeù^ clieû l'grand Michan. » Certaines
disent : « Je fais au for », ce que dit aussi le Genevois, et
que le Savoyard ti'aduit exactement dans : faire i fomr
(faire au four).
Bourg., queûrc. Montr., ckchvc.
CuEURÉE, s. f., curée.
Morv-, r/t(eiirèe.
CuEURER, V. tr., écurer. Fig., mettre à sec, dépouiller quel-
qu'un. Terme de jeu employé par les enfants de nos con-
trées, qui ne manquent jamais dédire, lorsqu'ils ont gagné
toutes les gobilles d'un camarade : « Oh! j'iai cueûrél »
Les gamins de Chalon disent : caeàfn^er.
Lat., curare. Bress., r/ueiircr. Morv., id., c</t(i'i(rcr, èq ni lier.
CuEUSEisriER, S. m., cuisinier.
Bourg. ^ casenei. Pïov., cosiner.Ronch., cuiscnier. St-Ani.,
c»^e/i(. Saint., cheunicr. Sav., coe^enicr.
CuEusiNE, s. f., cuisine.
Lat., coq i(i lia. Bourg., cuscnc.Prov., co.:;ina. Rouch., cidi^cuc.
St-Am.j cac^ëiia. Saint., c/ieannc Sav., eoe:cna. Wall., con-
héiie.
CuEussE, et CuEUCHE, S. f., cuisse.
Lat., coxa. Bourg., cueùsso, quensse. Bress., qucusse,
quçuche. Champ., quenc/w. Cogn., Ideusse. Fr.-Cté., eusse.
II. -V., quêsse. Lille., ctiiclie. Lorr. , queuclie. Lyon., coissi,
couessi. Montr., cueuss/ics. Morv., qucuclie. Norm., qucusse,
cuusse. Poit., ceusse. Prov., cueissa, coissa. St-Am., cuic/ie.
Saint., chciisse. TouL, quéysso.
CuEussER, V. tr., dépouiller. Syn. chalonnais de cueùrev.
(V. ce mot.)
Norm., acusscr .mettre un joueur à cul sec).
CuEUT, adj., cuit.
Bontg., qr(et(t, cœu. Lim., kcicho. Lorr., eu. Morv. ,queu. St-
Am., ciii, ta. Wall., eût.
108 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS
CuEUTE, S. f., cuite, cuisson : « Tant d'miches que ça ! boufre !
y et eùne bâle cueùtel
Bourg., queute. Lorr., cueufe. Montr., id. Morv., queute.
Novm. , quisse, quisson. Poit., qussc, qucusse. Rouch., cuitie.
Sav., coaita. "Wall., cutéc, cuitêe.
CuGNOT, ad., mou, engourdi, un peu niais, qui manque
d'énergie, ou se remue sans rien faire : « T'n'as donc pas
fini? Que qu'te fais là? Rau du tout. Va, t'n'é qu'un
pauv' cugnot. »
CuGNOTER, V. intr., tourner sur place sans rien faire, mettre
longtemps pour n'arriver à rien, ne pas sortir d'une
besogne.
CuL-DE-POULOT, S. m., pommc de terre. (V. Cr-ompire.)
CuL-DE-SINGE, S. m., uèflc.
Lim., ni'pia.
CuLETON, s. m., coffret situé à l'arrière iVuim fout-quette.
Curie, s. f. , éruption de boutons fréquente chez les enfants
du premier âge.
CuRTi, CoRTi, et CouRTi, S. m., jardin. A la campagne,
c'était un champ entouré de haies; à la ville, un jardin
clos de murs.
Bas-lat., curtile. Arden., courtis. Avtois, g ardin. Berry, cour
tu. Bourg., curtils, cultib. Bress. , curti, coutillo , cortil.
Champ., courtis. Fi'.-Cté., couthi. Genev., corti, courti. Isère,
hucrt. Lang., courtial. Lim., cortit, courti, vargier. Lyon.,
curtil. courtil. Mac, curti. Marne, courtis. Mayen., courti.
Montr., curtil. Morv., corti, courti, courtil. Norm., courtil.
Périg., cortil, courti. Pic.,id., id. "Poii., courtil. Rouch., courti.
St-Am., curti. Sav., coerti, courtil. Suiss., curti. Toul., ort,
ortet, liort, horto, coudére. Wall., courti. Vx. fr., cortil,
courtil.
Cuver, v. tr,, cueillir.
Lim., culi. Morv., cuicr. (V. Cueùïer, Cueùdre).
CuYÈRE, s. f., cuillère.
Berry, riuitlcrc. Lang.. r-w/c.Morv., id. Prov., cul/iicr, cullcr.
Sl-Au)., ruhjc. Wall , rul.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-QUALONNAIS 109
D
DÀ! particule excl., qui donne de la force à l'expression:
(( Voui dà! » — S'emploie souvent seule, et surtout dans
un sens interrogatif, dà? voulant dire : vraiment?
Lat., dca. Forez, f/m, c/td (sans doute). Fr.-Cté, r/aî/î. Genev.,
r/à (merci). Lille, dà! Morvan, oui en dà. Wall., (^/a (sa'is-tu?).
V. fr., dwa, dca (contract. de dcablc).
D'abord, adv., vite, bientôt : « Aile é d'abord érivée. » —
(( O pousse; ô s'ra d'abord grand. »
Bourg., d'aibor. St-Am., d'abcù.
D'abord que, conj., puisque : « D'abord que t'fâs c'qui,
i'seû pas content d'toi. »
DÀDÔ, et DÔDÔ, s. m., lit, berceau, et aussi sommeil : « Où,
c'qu'é le p'tiot? — 01 é dans son dàdà. »
Il.-V., lot. Moi'v., dadô.
DÀDÔ [fàre], loc. enfantine, dormir.
Bourg., /à/'c dadô. Morv., id.
Dainger, s. m., danger : « Gare donc! gare donc, l'émi! —
Bah ! y a pas à'dain(/er! »
Lat., damnum. Bourg., dalngè. Norm., dangier. Prov. id.
Wall, dangî. V. fr., dangier, dangier.
Dames, s. f., même sens que Dragées (V. ce mot.)
Bourg., daime.
Dan-ner, V. tr., damner : « V'tu ben te t'ni, qu'te m'fâs
dan-ner! » Prononcer comme dans :
Lat. et Ital., datnnare. Morv., dan-ner. Prov. dan\pnar.
V. fr., id.
D'après, prép. , après. Deux gamins jouaient sur l'herbe.
L'un s'arrête, dit à l'autre : « Y é toi qui vas m'côri
d'après, )) et se sauve. (V. Après.)
110 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Dàrel prép., derrière : (( V'ià l'char à Toinot qui veint;
j'vas gravicher dàrei. » — « Y a eùn grô-t-âbre pô dàrei
cheû nous. »
Lat., de rétro. Bourg., darrei. Genev., les derrières (de la
maison). Lim., dorei. Mac, darri. Morv., dairè. Pic, da-
rlcre. Prov., dcrclre, dareijre. Sav.,c/éré. Toul.,rf«r/'c. Wall.,
derie. V. fr., darrlère.
Dàrei, s. m., le derrière : <( Aile a cliù su son dàrei, » ce
qu'on appelle : casser le verre de sa montre.
ItaL, diclro. Bourg., darrei, dàrè. Ga.sG., darré. ]\.-\.dére.
Lim., doré. Lorr., derri/. Marne, darrié. Pic, darain. Poit.,
darre. St-Am., dcri. Saint., darrc. Sav., darré. Toul., id.
V. fr., derrière.
DAreirement, adv., dernièrement.
Bourg., daréreinan. Morv., dairérerneiit. Pic^ daraine-
iitciit. V. fr., derraineineat.
Dàrié, et Dàrei, ad]'., dernier.
Aube, derraiii. Berry, dargaier, dargné, darrier. Bourg.,
darei. darèï. Dauph., darnié. Flam., darrain. Genev., en
dernier. Il.-V., darrain. Jura, aderri. Lim., damier. Lorr.,
dairé. Montr., derrie. Morv., dairé. Pic, dàrain, darain,
dcrne. Poit., deray. Prov., derrer, derrier, darrier. Rom.,
rej/re. Rouch., darrain. Saint., dâriè. Toul., darrié, dague.
Wall, dierain. V. fr., daerrain, darrain, deerain.
D'arrié, loc. adv., en arrière, de derrière : « Arra doîi
fi'«/v'(e.' )) Vite en arrière! — Langage de nos mariniers.
(V. Arra, et D'avant.)
Darte, s. f. , dartre, et presque toute maladie de peau.
Berry, endarde, endarce. Genev., darte, darde, dairde.
Lyon., darte. V. fr. dertre.
Dauge, s. f., pourriture, maladie qui attaque les troupeaux
de moutons. On l'appelle aussi : limace du foie. C'est,
dans le ventre, à peu près le même mal que le tournis
dans le cerveau.
D'avant, prép., devant.
Lat., nnte. Berry, davant. Lim. doran. horr.,dacan.Pvo\.,
id., devant. Saint., davan. Toul., dahan. V. fr., davant.
i
LANGAGE POIMJLAIRE VEUniNO-CH AI.ONNAIS 111
D'avant, loc. adv., en avant, de devant : « Arra doù
d'avant! » Vite en avant! — De notre marine fluviale.
(V. Arra et D'arrié.)
D'avôu, prép., avec : « V'tu v'ni cfavou moi? J'vons côrî les
champs. »
Bourg., d'awô, aicô. Dauph., d'avei. Morv., daicou. Toul.,
dan, danibc.
De, prép. parasite : « Que qu'te vôu que j'te dise? — J'n'en
sais ma fi, de ran. »
Débagouler, V. tr., raconter, parler avec abondance, laisser
couler le bagou : « Ah ben! si tTécoutes, ô va t'en déba-
gouler, voui ! ))
Bourg., dèbai.gô/ai. Champ., débar/otder. Guern., bagoulair.
Ma.rne, dcba(joulcr. Morv., id. (déborder). Poit., débagoali,
dcba;jfOulai. Suis, vom., dcbagoata.
DébÀrouler, V. intr., rouler en bas, dégringoler : « 01 a
débaroulé tous les escaliers de sa cave. »
Dauph., barricida. Forez, barouler, barroulà. Lyon., bar-
reula. (V. Dcribouler.)
DÉBAU, s, ra., suspension, temps d'arrêt, repos. J'ai été
longtemps avant de saisir le sens précis de cette phrase •
(( Je m'en dëbau, » fréquemment citée par les enfants fati-
gués qui veulent officiellement un répit dans leurs jeux.
M. le c^e Jaubert donne le mot dëbau et le traduit par :
interruption de travail. Quel travail plus important que le
jeu pour les écoliers? Donc la phrase en question, synco-
pée et que l'enfant s'occupe peu de comprendre, doit être :
« Je demande débau, » c'est-à-dire : Je demande à sus-
pendre la partie, à me reposer, — Les enfants du Berry,
dans le même cas, crient : O lu! (Oh! lui!) Les collégiens
du Limousin, de leur côté, crient : Défense!
Débiller, V. tr., déshabiller.
Berry, dôbUler (détacher la corde d'un bateauV Bourg.,
déhiUai. Mons, débiller. Morv., id. Namur, disbii. St-Am..
dèjabebjë.
Débitouser (.se), v. pr., rendre net, se nettoyer les yeux.
S'emploie au propre et au figuré. (V. Bitou.)
Bourg., dèbitousai.
112 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
DÉBONDENER, V. tr., débonder, ôter la bonde d'un tonneau.
Bourg., dèbondeiiai. Morv., dèbondener. V. fr., desbonder.
DÉBOUDRiLLER, V. tr., produire, jeter à profusion; parler,
chanter, jouer avec volubilité et sans fin. Un orgue de
Barbarie « déhoudrille un air », etc.
Bourg., déboudrillai.
DÉBOUDRILLER (se) , V. pr., sortir d'ennui ou d'assoupisse-
ment, et aussi se former : « Auparavant que d'se l'ver,
ô s'déboudrille û^ns son lit. » — « J'seù en r'pos; le p'tiot
s'déboudriUera prou. »
Bayeux, se dèbarncqner. Bourg., se déboudrillai. Pic, se
déberdouiller.
DÉBOUGER, v. intr., bouger. Superfétation d'un préfixe,
comme, un peu partout, décesser pour : cesser, etc.
Berry, débouger.
DÉBOULÉE, s. f., sortie précipitée; grande quantité, amas,
affluence : « Y en v'nôt, d'ces gas à la foire; y en v'nôt...
Queue déboulée! ... » (V. Trâlée.)
Genev., déboulée.
DÉBOULER, v. intr., décamper, partir rapidement, fuir;
dégringoler, s'abattre sur : « Allons, ch'ti drôle, déboule-
me vite d'iqui! » — (( 01 a graviché su l'mur, é pi l'mur li
a déboulé su l'dos. »
Genev., débouler. Morv., ébouler. Norm., r/(^6oH7r;'. Poit., id.
DÉCALER, V. tr., décoiflfer une femme, lui ôter sa cale.
Morv., décaler.
Décaniller, v. intr., au propre, faire sortir les chiens du
chenil ; mais employé chez nous au figuré : (( Ten'te leùves
jàmâ. Attends, j'm'en vas t'fâre décaniller du lit. » Fuir
comme un chien.
Lat., canis. Berry, décaniller. Lorr., dégucnillcr. Pic,
déqueniller. Morv., déc'noiller. V. fr., décaniller.
DÉCATIGNER, V. tr., démêler les cheveux. La fin du mot est
un visible fragment de tignasse. (V. Décatimèler, Déchar-
bouter.)
LANGAGE POPULAHîK VKRDUNO-CIl ALONNAIS 113
DÉCATiMÉLER, V. tr. , maiigcr goulûment : « Oh ! y é d'main
la fête; j'vons-t-i décatlméler ! » — « Faut l'vouér à table;
y é ça qui décatiméle! )) On voit le goinfre opérer. Celui
qui mange ainsi ne doit pas regarder à y mettre les mains
et à démêler les morceaux avec les doigts. Le vocable ne
serait donc pas éloigné d'avoir une parenté avec décati r/ner.
(V. ce mot.) Le Liég., dikmelé (démêler les cheveux),
confirme cette opinion.
DÉCHARBOTER, et DÉCHARBOUTER, V. tr. ,débarrasser, débrouil-
ler, désenchevêtrer, démêler le fil d'un écheveau : « Pôrra-
t-i jamâ dëcharhoter c't'afâre? »
Bourg., décharbôini.
Décharbouiller, V. tr., nettoyer la figure, débarbouiller:
« La Mag'rite? All'se décharboidUe tous les trente-si du
moue. »
Bourg., di'chaivbouUlai. Morv., déchairboiller.
Décirer, v. tr., déchirer : « Allons, bon! v'ià qu'ôl a déciré
sa chu mi se! »
Genev., éc/nrcr. Morv., dériver. Pic, dèkirer. Prov., r.squi-
rar, Wall., Iiircr^ dicluircr.V Av., (lessiver, decivcv, descirer.
DÉcizE, s. f., le cours de l'eau. (( Aller en décize, » descendre
le cours de la rivière. Les mariniers qui conduisent un train
de bois ou un bateau à Lyon « font une décize », « vont
en décize » .
Déclaration, s. f.,trou, fente, découture dans un vêtement:
(( Lèuve vouer le bras. Ah bon! y a eùue bâle déclaration
à ta manche ! »
De contre, prép., contre: « Voui, allé étôtdrè (/'contre moi. »
Morv., de contre.
DÉCROTER, V. tr., manger avec vif appétit : « O n's'é pas
putôt métu à table, qu'ôl a décroté son diner. »
DÉcuEUDRE, V. tr., découdre.
St-Am., décadré.
De depeu, prép., depuis : « Comme allé a poussé, de d'peù
l'an dârei! aile é ben gentite ! »
Morv., de d'peu.
11 i LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONXAIS
DÉDITE, S. f., dédit : u J'ons fait eùn marché; si ô n'tient
pas, y a eîine dédite d'un écu de cinq francs. »
Genev., dédite. V. fr., desdict, dcsdit.
DÉFAIRE, V. tr., s'emploie, dans un sens détourné, à expri-
mer maintes actions, maints travaux : « Défaire (écosser)
des pois; dé/aire (éteindre) le feu; se défaire (se casser) le
bras, » etc.
St-Am., défère (accept. ordin.).
DÉFAiRES, s. f.. défroques, vieux habits, objets hors d'usage:
« Aile é prou minabe; j'vas li beiller mes dé/aires. »
DÉFiciLE, adj., difficile.
Lat., difilci/is. Ital , difficile. Cogn., defficile. Prov., difficil.
Toul., defecible.
DÉFILÉE, s. f., file, longueur, grand nombre de personnes ou
d'objets : (( Voui, y en évôt eîme fameuse défilée. »
(V. Afilée.)
DÉFILER, V. tr., effiler : « Aile a défilé tous ses morciaux
d'vieilles robes, tous ses bouts d'vieux pan-nias. »
Prov., esfilar.
DÉFiNER, V. tr., chasser, expulser du finage, du territoire de
la maison, détruire, user : « C'gueùrdin d'petiot, ô
m'défine tous ses hébits ! »
DÉFRUCHER, V. tr., défricher.
Berry, défrcûcher, défrichcter. Morv., défreiichcr. V. fr.,
desfricher, dojfrlclicr.
DÉGAGÉ, adj., prorapt, vif, intelligent : « J'pens'ben qu'ôl
érivera; ôl é prou dégagé. »
DÉGAGER (.s-e), V. réfl., se hâter, faire vivement : « Allons,
v'ià l'heure; dégage-te. »
DÉGiGOUGNER, v. tr., disloqucT, disjoindre. Malgré le préfixe,
simplement euphonique, ce verbe esta peu près synonyme
de gigoagner, qu'il ne fait qu'accentuer : « C'te taule é
pis c'te cheire sont toutes dégigougnées. »
Lat., disjungere. Prov., desjonher. V. fr., des/oindre.
(V. Gigougner.)
LANGAGE l'OPULAIHF, VEI{DUNO CllALONNAIS
115
DÈGNE, S. f., tige de chanvre.
Berry, daigne. Bourg., id. Dauph., clagiiL Fr.-Cté, clagnc,
daigne. Jura, dègne. Mac, id. Morv., daigne. Suisse rom.,
dagna, degna.
DÉGÔNiCHÉ, adj. , liahilh' de mauvaises liardes, à moitié
dévêtu.
Morv., ({(''jouL'ilh''. Toal., dcgargaillat. {\ . Dcpanelé,
Dcniapc.)
DÉGÔRDi, adj., dégourdi.
Morv., dègordi. V. fr. degordeli, desgoitrdi.)
DÉGOUAiLLER, V. tr., dégoiseï', parler beaucoup.
Berry, dégoisiller. Norm., dègois (babil). Poit. dégouaiUvr.
V. fr. desgoiser, dcsgogser, dcsgoj/s (babil).
DÉGOULINER, V. intr., découler. Se dit d'un liquide qui coule,
plutôt lentement que rapidement : « Quand ô bouét, l'vin
li dér/ouline dans sa moustache, jeûsque d'su l'mcnton. »
Lat., colarc. Berry, dàgoaliner. Bourg., qucitlui. Norm.,
dégouliner.
DÉGREUBER, V. tr., remuer, dégourdir, réveiller, tirer d'un
endroit : « S'ô n'vein pas, l'drôle, ]n\ew\ixVdêgreùber. »
— (( Ma. vein donc, ch'lite panosse; te n'peux donc pas
i'dégreùher d'iqui? )) (V. Déf/ueùgner.)
DÉGRiGNER, V. tr. , détirer du linge, mais imparfaitement, car
ddr/rigner veut aussi dire : le mal repasser (V. Coateler.)
DÉGRLvioNER, V. iutr., geindre, marmotler, murmurer. —
Sens tr., tirailler, chagriner quelqu'un, le malmener.
DÉGUEUGNER, V. tr., battre, donner des coups, dégourdir,
faire marcher, activer, pourchasser : « Attends! attends!
j'm'en vas Vdégueùgner! » (V. Degrenber.)
DEHORS, adv., dehors. Employé dans ces locutions bien
locales : Entrer dehors; fremer dé/iors. a Tatigué! j'ai
pardu ma cléë; j'sus fremé dehors. » (V. Diors.)
Déjaul, s. m., dégel.
St-Am., désëlou. V. fr., desgiel.
116 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
DÉJAULER, V. tr. et intr., dégeler.
Bourg., dé/allai. St-Am., dc.:ëlé. Vieux fr., desgeler, des-
geller.
DÉLIBÉRER, V. tr., débarrasser : a C't'afâre m'ostinôt;... j'en
seû délibéré. »
DÉLIRE, V. tr., choisir, trier le bon parmi les légumes qu'on
épluche : « AWdélU les harbes por sa sôpe. »
Lat. , deliijere. Bourg., dcleive. Montr., délire. Wall-, élire.
DÉMANGÔNER, V. tr., déchircr. démancher, mal habiller. Le
gànerde la fin du mot a certainement une parenté avec/yd-
ner; mais l'un se prononce très bref, et l'autre très long.
Bourg, dèoningonai. Forez, mangon (manche d'outil).
Genev., démangoitné. Pic, déinagandé.'Movv . , détnantigoncr.
St-Am., déman^ouné .
DÉMÀRER, V. intr., bouger, quitter un endroit : « Bon sens!
J'ons-t-i évu du mau à Yikv&démârev ! »
Norm., démarer.
DÉMAUGER, V. tr., ôter la mauvaise chance, enlever un sort.
(V. Manger.)
DÉMiNGER, V. intr., démanger: « Dis, dis! on vouét prou
que la langue te déminge. »
Morv.. demingcr.^ d'inin^er.
DÉMiNUER, V. tr., diminuer, amoindrir.
Lat., diniiiiKere. Berry, déminuer, diminuiser. Cogn., dé-
miiiiier. Prov., dimiauar, demenir.
DÉMON, s. m., enfant vif, turbulent, lutin, mauvais sujet,
qui remue sans cesse.
hcLt., dœmoiiium. Lim., denioun. Poit., deinoniou. Prov.,
deinoni. (V. Demoniâcle, Diâbe.)
DÉMONiÂcLE, et DÉMOUNÂCLE, adj . , démoniaque. Mêmes ac-
ceptions que Démon.
Lat., demoniacus. Morv., démônaqhi. Prov., dèmoniaj/x,
démontât. Vr. fr., demoniaele.
DÉMORTiR, V. t.T., faire tiédir de l'eau (l'eau froide étant con-
sidérée comme mo/'^e),
Montr., deniortir.
I-ANHACE POPULAIRK \i:RDrNO ClIALONNAIS 117
DÉMOUNER (.se), V. pron., se démener, se donner du mouve-
ment.
Ital., tliinenarc. Morv., se dcnwnncf. Prov., dcmenar. Vr.
fr., demeinef, dcinainer.
DÉNiÂPÉ, adj., vêtu de haillons. (V. Dégàniché, Dépanelé).
Denrée (bonne), loc, eau-de-vie, liqueur, eau-de noyaux,
dont on boit un petit verre après le repas : (( Votre père est
arrivé à bon port, et déjà le bon vin et la bonne denrée
lui rendent un peu de gaieté...» (Correspondance de 1816).
DÉPÀiLLER, V. tr., déguerpir, se lever en toute hâte. En Bour-
gogne, on dit familièrement : (( Sortir de «a paille » pour:
sortir de sa paillasse, de son lit. (V. E pailler.)
DÉPANELÉ, adj., qui a sa toilette en mauvais état, presque en
lambeaux. (V. Dénidpé, DégonicJié.)
DÉPARTiAU {la), s. f., la Chanson de la Mariée, ainsi nommée
parce qu'elle a pour sujet le départ de la fiancée de chez
ses parents. — Ce titre doit se donner à plus d'une chan-
son, car nos chansons de noces sont assez nombreuses.
Tout à côté de Clialon, à Mellecey, nous en avons recueilli
deux (publiées dans la Romania), les Epingles, et le
Poumei. Le huitième couplet de la première dit :
Jeune lille, souveiiez-\ mis
Qu'il vous faut quitter père et mère.
Pour suivre partout votre époux.
Voyez ce que vous allez faire (bis).
Jeune fille, souvenez-vous
Qu'il vous faut suivre votre époux.
DÉPENDEU d'andouilles, loc, hommc mince et grand, se
tenant mal, dégingandé. Ce dépendeù n'empêche pas
dépondre. (V. ce mot.)
Berry, dèpcndclcux. Morv., dèpcndeu. (V. Gigue d'on-
douilles.)
DÉPEU, prép. et adv., depuis. S'emploie fautivement pour
de : « On l'entend bauler dépeù iqui. »
Ital., dopo. Berry, dépens, dcspai/e. Bourg., depcù, depô.
Bress., dinpi. Danph.. du dèpni. Lim., depeip Lorr., depe,
depeii. Mac, dcinpi. Moiv., dcpcn, dupeu. Poit.- dépca. Piov.,
118 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAlS
depos, depiteis, dcspuoig. St-Am., depi. Sav., dàpoai. Wall.,
dipeû, dispcû, dispôie. V. fr.. despuis, dcspus, dcspuj/s.
DÉPIAUTER, et DÉPIAULER, V. ti'., écoi'cher, enlever la peau :
(( All't'a pris l'iapin, é pi d'eùn tor de main, ail 'te vous l'a
dépiauté. ))
Moi-v., dépiotcr. Nivern., id. Norm., dépiaustcr. Wall.,
dépioter.
DÉPiGNER, V. tr., dépeigner, mettre les cheveux en désordre.
Berry. dèpiijner, dèpignàtrer. Morv., Dépigner.
DÉPLÂï, s. m., déplaisir.
Ital., dispidcerc. Lim., dèyplo^éï. Fie, dèplaisi. Prov.,
desplaq,er. V. fr., desplaisir.
Dépôcher, V. tr., dépêcher, hâter : « La sôpe é trempée;
dépùcheiQ. )) — (( V'tu beu Vdépàcher, train-nard! ))
Ital., dispaccidre. Bourg., dcpôchc. Morv., dépoischer,
dcpouéccr. Wall., disprr/ii. V. ïv., dcspeecher, despescher.
DÉPONDRE, V. tr. , dépendre, décrocher, enlever.
ha,t. depender-c. Forez, dèpondre (dégueniller). Genev.,id.
Lyon., id. Morv., id. Sav., id., décapa. Suiss. rom., dèpondre.
Toul., dcsac/rafa, desai-ra/ui. V. t'r., despendre., despondre.
DÉQUEUTENER, V. tr. , peigner, démêler les cheveux : « Jean-
nette, passe-me voué l'déqueùt'nou, que j'me déqueùteùne. »
(Fontaines, près Chalon-s-S.) (V. Décjueùtir.)
DÉQUEUTENOu, S. m., peigne, démêloir. (Fontaines, près
Chalon-s-S.)
Mervaiis, dèqiieâtichoK.
DÉQUEUTiR, V. tr., peigner, démêler les cheveux. Ce mot,
comme les deux précédents, vient du temps où l'on portait
la queue.
Louhans, dèqucàtir. (V. DèqKci'itt'ncr.)
De quoi, s. m., bonne position, fortune. Se prend dans le
sens absolu. Avoir (( de quoi », avoir de l'aisance, être
riche : « 0 vont marier sa fille; ôl a d'quoi. »
Berry, de quoué. Bourg., dequei. Bress., de quai/. Mac, de
'/««?'. -Sav., de que.
Der, adj., dernier. Les enfants ne sont pas verbeux. Toutes
LANGAGE POPUI.AIKE VKRDUNO-CFIALONNAIS ll'J
les fois qu'ils ont à établir un nuinérolage d'ordre pour
leurs jeux, ils comptent ainsi : (( pvp, .sp, der, » ce qui veut
dire : p/'emier, seconû, derx\\(iï-.
NoVln., dérala. Wall., dern. V. fr., dcraiii. (V. Pre, Se).
DÉRÂCHER, V. tr. , arracher, déraciner.
Ital., disradicare. Berry, dérachcv. Moiv. , dèraicher ,
dèraicer. Pic. dèrnchnr, dèracheiner. Poit., dèvdcher. Prov..
desrai/ffar, dcsvaj^igar. Tonl., dcrruja, darriga. V.ïw, desra-
chinner.
DÉRÀïoNER, V. intr., déraisonner, perdre le sens.
Morv., dèraïonncr. V. fr., dcsranier.
DÉRiROULER, V, iutr., dégringoler, tomber en roulant : « Les
charbons ont déribonlé su l'carreau. »
Prov., dègrUjouIer, dèringoter. Rouch., dèru'Oiilcv. St-Am.,
dègr'iigoulè. (V. Déharouler.)
DÉRÔTER, V. tr., dérouter, sortir un char d'une ornière où
sont engagées les roues.
Montr., dcrotcr. V. fr., doironter.
Désaboltoner, et Désabout'ner, v. tr. , déboutonner:
« C'drôle, ô cort tôjor d 'avou sa cueùlôte désaboutonée. »
V. fr., deshoutoiiner.
Désempiger, V. tr., dépêtrer.
Ital., spa^tojari'. Bourg., dcacmpijaL Toul., desempacha,
dcrra/nboitiUa, cissinja. V. fc, despesirer.
Des fois, loc. adv., parfois, quelquefois: <( Y a des fois
qu'j'ain-me ben causer d'avou âll', des fois qu'âll' jacasse
trop. »
Bas.-Alp., des fois. Cogn.. des fois. Htes-Alp., des fois. (V.
Coup.)
Dessiàler, V. tr., déboucher un tonneau, en ôter la bonde.
Moiv., dessiàler.
Dessô, adv., dessous, sous.
Ital., disotio. Beri-y, dessour. Bourg., de^ô^ deseù. deso.
Lyon., desso. Morv., dessos. Pic, de^ous, edsous. Prov., de-
sot:^, desost^. Rom., dojosf. St-Am., dec/wit. V. fr.. deso^,
d;; t:, l'.'iJ (5, d(;io:i.~.
120 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Dessur, adv., dessus : « J'étôs ben tranquille; ô m'a tombé
(Vssur. » — « Y é lu qu'a mau fait, é pi on m'y a métu
d'ssur le dos. »
Ital., disopra. Berry, dessur. Bourg., t/essu. Genev., dessur.
\[.-Y'., dessur. Morv., dcuchu. Norm., desur, dessur. Pic, des-
seure. Prov., dcsobre. Rouch., c/esew/-, dzeur. St-Arn., desu.
Sav., déchu. V. fr., dcsur, dessur, desor, dcsu^.
DèT, s. m., doigt : « L'maître d'école li a baillé suies dèts. »
Lat., digitus. Ital., dito. Bas-norm., de. Bourg., c/o(. Bress.,
daij. Flam., dogt. Il.-V'., da. Lim., dé. Loir., dcye. Mac, day.
Niver., det. Poit., det. Roucb., dogt (prononcé do). St-Am.,
dà. Saint., dèt. Sav., dà. Wall., deur. V. fr., det, doit, doic,
do g.
Détaicher, V. tr., détacher.
Ital., distaccare. Bourg., dèteichai. Prov., destacar. V.
fr., détachier, destaher, destacher.
DÉTÔR, s. m., détour: « J'étions su la levée, làvou c' que 1'
Doubs fait son détbr. »
Bourg., détor. Morv., dètor. St-Am., dètou. Vr. fr., destor,
destour.
DÉTORBER, V. tr,, troubler, déranger.
Berry, dètorber, détourbcr. Guern., destorbair. Maine, (/<^-
tourber. Morv., déteurber. Norm., détourber. Pic, déturber.
Poit., déturber. Suiss. r., aestorba.
Détorner, V. tr., détourner du chemin.
Bourg., détonai. Morv., détorner. V. fr., desiorner, des-
tourner, destur/ier.
Deijr, adj . , dur, rude.
Lat., duras. Ital., dtiro. Il.-V'., duss. Morv., deur. Prov.^
dur. St-.\m., du. V. fr., dure. (V. Dur.)
Deùrement, adv., durement.
Ital., durainente. Il.-V"., duss (commet/»/'). Morv., deùre-
ment. Prov., durainen, duranient. St-Am., durenié.
Deux-sou.s [un], loc, manière de désigner la pièce de dix
centimes: (( L'mossieu ôl a rencontré eùn pauve, é pi ô li
a beillé un deux-sous. »
Devant, loc. adv., de plus que: « 01 a deuxansc?'ra/ii moue,
l'Tiénot; n'empoche qu"ù trime tôjor. »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 121
Devant, prép. et adv., avant: « lïoani que d'parler, faut
ben des fois r'torner sa langue. » — « La Rose, allé a évu
son p'tiot d'vant la Jeanne. »
Morv., deoan. Toul., daban.
Devant [au, à son), loc. adv., à la rencontre: « J'vonsli
aller au cCvant. »
Bourg., deoan. Genev., au deoant. Poit., à la douant. Vx.
fr., à l'audccant.
Devantée, s. f., ce qui tient dans un « devantier », plein un
tablier.
Norm., deoantée.
Devantei, s. m., devantier, tablier: « Mets donc ton d'cantei:
t'vas barboter ta robe. »
Ai'den., deoantier. Artois, acouvcheu. Beri'y, dcvanteati.
Bourg., devantei, deoanté. Champ., devantrin. Forez, devan-
teau, deoanti. Hte-Auv., dcvantar. Il.-V"., dccaniiau. Jura,
décanté, decantie. Lorr., d'oantré. Mac, deoaati. Marn.,
decantier. Merv., d'vanti. Montr., decantier. Morv., devante.
Norm., deiiantet, dcvantiâ, devanteau. Pic, vaintieu. Poit.,
devant. Ponth., chinoiv. Rom., davantal. St-Am., devèti.
Saint., devanteau. Sa,v., foeudâv. Toul., dabantal, damantal.
Vosg., devaintri. Vx. fr., devanteau, devante:;, devantier. (V.
Devanteire.)
Devanteire et Devantière, s. f., tablier. Syn. du précédent.
Berry, devanteire. Poit., decantaère. Vx. fr., devantière.
(V. Devantei.)
Devar, prép., devers, aux environs de.
Bourg., decè. Lyon., devai. Morv., deoé. Vx. fr., devers.
Devargonder (se), v. réfl., se dévergonder, devenir effronté,
impudent.
Lat., de verecundia. Pvov ., desvergonhar, desverç/oignar.
Toul., debergougnai. Vx. fr., desvergogner.
Déveler, V. intr., dévaler, partir vivement: (( Drès qu'ô t'a
éporçu, ôl a drôl'ment dev'lé. »
Ital., divallare. Berry, devaller. Bourg., dévaulai. Forez,
devulla. Lorr., déceler. Montr., décaler. Morv., dévoler.
Norm., devaller. Poit., devaller. Prov., devalar, davalar.
Rouch., décaler, devoler. Suiss., décala. Vx. fr. desvaler.
(V. Découler.)
14
122 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Deveni, V. intr., venir, revenir. Se prononce indiÊféremment
deoni, ou deveni, selon la tonalité de la phrase: « D'iavoù
c'ât-i qu' te d'ceins? »
Morv., dceeai. -St-Am., deocni.
Devinerôte, s. f., devinette. J'emprunte celle-ci à Jules
Guillemin:
Qu'est-ce qui a cent têtes et cent cotillons
Et qui n'a pas de chair gt-os comme un mouchillon?
(Un Van.)
Morv., deoinotte. Norm., dcvlnaille. Vx. fr., devinaille.
Devinou, s. m. et adj,, qui devine.
Ital., dteinatore. Bourg, decignou. Prov., devinaire, devi-
nador. Vx. fr., demncotir, deinnceur.
DÉVIRER, V. tr. et intr., dérouler, détourner, faire un détour:
(( Ma grand' a déviré tout son fî. » — «01 a déciré du
cliumin. »
Fr.-Cté, daicirè. Liui., dèoira (retourner). Montr.;, devirer.
Morv., devirer. Poifc., devirer.
Dévirou, s. m., dévidoir.
Berry, déoidoué. Bourg., deeideà. Morv., devedeaa, deoedou.
(V. Virandiau, Ec/iavon.)
Dévorer, v. tr., déchirer: « Sa cueûlote et en âcles ; ô
m' dévorée tous ses ébits. »
Berry, dévorer. Morv., dèooirer. Norm., dévourer. Saint.,
dévoirer. Suiss., devoura.
Dévouer, v. tr., devoir.
Ital., dovere. Prov., dever. St-Am., devà. Vx. fr., delwoir.
DÉVOULER, V. intr., dévaler: « Allons, bon! v'ià mét'nant
mon chapiau qui déooulel... 01 a (iéoo?</é jeûsque dans la
fondrée du champ, » (V. Déceler.)
D'hasar, loc. adv., peut-être. Assez souvent prise dans un
sens dubitatif: « Vein'rez-vous pas vouer nout' fille? — Y
é ben d'hasar. »
Diâbe, s. m., diable. S'applique aux enfants bruyants et
indisciplinés.
Lat., diabolus. Ital., diabolo. Bervy, guiàbe. Bourg., diàle.
Jura, diale. Lim., diable, hovv., diàle. Morv., guiàbe. Rouch.,
LANCAOF. POPULAIRE VKRDUNO-CHALONNAIS 1^3
(Unie. St-Ain., duiblon. Saint., diàhe. \\^ nW . , d iale . Vx. fr.,
diaiile, diarl(\ dcahlf. (V. Dc/iio/i.)
DiAU, s. m., dé à coudre.
ltix\.,ditale. Anjou, dcuiit. Berry, diau. Genev., drrr. Gucrn.,
dâic. Jura, daiau, delaa. Lorr., daa. Moiitr., dican. Morv.,
dau. Norra., daiot. Poit., dna, diau, dianlc. St-Am., dune.
Saint., daa. Toul., didal. Vx. fi'., del, deel.
DiFÈRENCE, S. f., différence. Se prononce très ouvert.
St-Am., dijeranchc.
Dinde, s. masculinisé chez nous, comme plusieurs autres :
(( Por la fête, nout'fiUe nous a envié eùii biaa dinde. » —
On donne aussi ce nom, mais en lui rendant son genre
féminin,, à une fille ou femme bornée : « T'as causé d'avou
la Jaqueline. y et eùne fameuse dinde. »
Genev., dinde (ra.).
DiNOu, s. et adj., dîneur. On appelle dinous les convives
d'un dîner
Morv., duiou.
DiONT, et DisoNT, 3" pers. pi., disent: « O diont, é qui,
portant. »
Bress., dion. Sav., dion.
DiÔRS, adv., dehors. Prononciation monosyllabique et
très rapide.
Lat., forts. Ital., fuorl. Berry, diors. Bourg., hor, dcfcur.
Bvess.j dcfour. Dauph., defour, dchor. Genev., dehors, hang.,
Joro, dcforo. Lim., defùro, dèjbrè. Lyon, defour, de/or, four.
Morv., dor, dior. Prov., defora, dèfoucra. Rom., /o/'S,/oras,
dcfors, defora. St-Am., defeû, defou, dor/ô. Saint., dilwrs,
diors, dhoire. Saw, dèiôr, defour. Vx. fi'., defora, defors.
(V. Dehors.)
Diou, s. m., Dieu.
Lat., Deus. Ital., Dio. Bas-norm., Du. Bourg., Dei. Bress.,
Di. Fr.-Cté, Due.M-dc.,D(''. Montv., Diu. Pic, Diu,Giu. Pvoy_
Deus, Dieus. St-x\m., Die. Sav., Diu. Toul., Dius, Dious. Vx.
fr., Deus, Dex, Diex.
Dire, v. intr., sembler, paraître ; (( J'ai d'jà baliyé deux fois
à c'maitin; on n'y dirijt pas. » C'est-à-dire : ya n'y paraît
pas; c'est déjà sale à nouveau.
124 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Disons-Disettes, loc, causeries, bavardages, confidences.
Berry, disettes. Morv., disettes. Saint., disettes.
Disou, s. et ad]'., diseur : « 01 a dit c'qui ? Bah! y et eùn
disou d'ran. »
Lyon., dsi^ou. Morv., diou. Prov., disedor, di^^idor.
Dissiper, v. tr., désennuyer, distraire. Un vieillard de
95 ans nous disait ; « J'tra vaille tôjor eùn p'chô; ça
m'dissipe. »
Divarti, V. tr. divertir, amuser.
Lat., dioertere. Morv., dioarti. St-Am., dèoevti. Vx. fr.,
diccrtir.
Divartissement, s. m., divertissement, amusement.
Morv., dioartisseniciit. Vx. h'.., divertissement.
Diverse, adj., gai, diable, difficile à tenir, à élever : «Mon
Diou ! que c' petiot é donc diverse ! »
Bei'ry, dioars, dioarsieux. Bourg., dioars, digalice. Montr.,
dioers. Morv., diverse, dioarse. Poit. , divers, divarse. Saint.,
divei'se.
J. Guillemin éci'it divers, en disant que l's se fait sentir.
D'jA, adv., déjà.
Bourg., Jei, dèji, degy. Vx fr., dès j'à, desj'a, ja-dè-Jà
(V. Jà.)
DÔDÙ, adj., polisson, gamin : (( Boufre de dàdô, va! » On
voit que ce mot diffère du vocable enfantin qui veut dire :
lit.
Morv., Dôdo (Claude), chez nous, Dodiche (Claude).
Doguer, V. tr., attendre, toucher. Expression enfantine,
dont ne se privent pas les écoliers.
DoGuiN, adj., rogue, grincheux, qui a une humeur de dogue,
signifie aussi : polisson.
Morv., doguin (doux, facile, sans malice).
DoMAiN-NE, s. m., domaine, |)ropriété.
l.at., doininiuni. Morv.. dô/neii/ie. St-Am., dotnène. V. fr.,
de/naine, detnoigne.
Dormant, part, substantivé, qui, avec celui dérivant, donne
une saveur toute particulière à la formule du a Bonjour à
LANOAOE POPULAIRE VERDCNO-CHALONNAIS 125
Mars ». Voici cette formule : (( Bonjour, Mars! Comment
te portes-tu, Mars? Montre-moi dans mon dormant celui
que j'aurai dans mon vivant. » Il n'est pas une jeune
fille, villageoise et même citadine, qui n'attende avec im-
patience le moment de la prononcer. Quand Février va
finir, et à la première minute de Mars, elles ouvrent leur
fenêtre et, personnifiant le mois dans lequel on entre,
elles lui adressent l'invocation rapportée plus haut. Elles
se couchent ensuite, et le rêve de la nuit vient, la plupart
du temps, leur « montrer » l'image de celui qu'elles
désirent et doivent avoir pour mari. — Cette coutume,
comme fond est répandue presque partout; mais dans
chaque localité, elle diffère par les détails. En Morvan,
les jeunes gens des deux sexes, à la même date et toujours
à minuit, un pied dans la maison, un pied dehors, for-
mulent ainsi la même invocation. « Mair, joli Mair, di-
moué dan mon droaman, c'qui aire dans mon vivan. ))
Vx fr., donnant. (V. Vivant.^
Doter, v. tr., ôter : « Jean, dôte-te donc d'ià ; t'mempôch's
de passer. » — « Poui ! p'tiot mouchou ! y é prou peut.
V'tu ben doter les dèts d'ton nâz! » — « Avant d'ii beiller
l'saichot, ôl en a ben doté tous les sous. »
Berry, dater. Genev., doter. Morv., doter, oûtcr. St--Am.,
deûtè.
Doucî, v. tr., adoucir, attiédir : (( J'm'en vas fâre douci
d'I'iau su l'feù. »
Bourg., douci. Pic, doucir.
DouçoT, adj., doux, doucet, agréable.
Bourg., douçô, -ceute. Lille, douche (2 genres). Norm., dou-
cleux. Prov., dosset, dousset.
DouÉLE, S. f., douve de tonneau.
Bas-lat., doela. Berry, douelle. (3hamp., douille, doupcdn.
Maine, douelle. Morv., douelle. Norm., douelle. Pic, douelle.
Poit., douelle.
DouiLLOT, adj., douillet, délicat.
Bress., deuillan. Morv., deuillot. St-Am., doultjë.
DouMAGE, s. m., dommage, dégât.
Berry, demage, d'niage. Bourg., deamaige. Pic^ damage.
Vx. fr. damage, daumage.
136 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
DouNER, V. tr., donner, procurer.
Lat., et Ital., donavc. Berry, donner. Bourg., denai. Laiig.,
donna. Morv., donner. Prov., donnar, donar. St-Am., balj/c.
Wal., dincr. Vx. fr., doner, doguer.
DouTANCE, s. f., doute, soupçon, crainte, idée: « J'ai ben
eùn p'cliô doutance de c'qui. »
Ital., dotta. Bourg., dote. 'L\\\Q,dontance. Marne, dontance.
Poit., dontance. Pîo\., dopte, dnpte. Saint-, doutance. Vx. fr.,
dotance., dutan.ce, douhte.
DotivE, s. f., haie vive, sorte de clôture très usitée, établie en
forme de mur sur la terre extraite d'un fossé. On appelle
aussi cette terre : la douve du fossé.
Ital., doga. Norm., f/oMfc (grand fossé d'eau). Prov., dogua
(creux). Wall., dète. Vx. fr., doec, denve, doiihe, donvre.
Doux [du], loc. Liqueur « de dame )). S'offre à l'arrivée d'une
visite, et au dessert: « Eh ben! la Giraude, que qu'vôs
v'iez? Du doux, ben seùr? » — A propos de doux, un
paysan a dit un si joli mot, qu'on trouve bon de le répéter.
Il sirotaii un petit verre qu'on venait de lui verser. Après
l'avoir mis à sec, il le pose et, levant les yeux d'un air
extatique: « Y ôt gros bon, dà! On dirôt que l'bon Diou
vous descend dans l'garguillôt d'avou eùne cueùlote de
velors! » — A l'appui de ce dire, voici une variante prise
d'une note de J. Durandeau : « D'après M. Clément-Janin,
les buveurs d'un cabaret de la rue du Bourg s'écriaient, en
humant l'excellent piot qu'on y servait: C'a du velor, c'a
de lai miguée! On diro que le bon Dieu s'évaule dans vote
garguillô aivô sai cueuliote de péâ d'iaipin, » — La
première version marche plus rondement.
Lat., dnlciê. Ital., dolcc. Prov., doL, dos, dons. Vx. fr.,
dnlce, dnl^, don.;.
Dragées, s. f., grains de maïs, qu'on a fait éclater sur le feu
dans une poêle percée, et dont les parties gonflées présen-
tent une surface très blanche. La jeunesse les croque à
belles dents.
Ital., treggea. Bourg., draigèe. Morv., drengie. Prov.,
dragea. Vx. fr-, dragic. (V. Dames.)
LANOAGI'; POI'ULAIKE VERDUNO-CH ALONNAIS 127
Brailler, v. inlr., courir, se sauver vile : (( Atlenils ! attends !
i'm'en vas t'envier dràlller! »
Forez, drayà (patauger). Frov., draiia (loulci' en marchant).
Sav., dàillcr. (V. Drillcr, Dcveler.)
DrapL'Vu, s. m., drap d'enfant, lange: « Ole ben, r[)etiot ;
i'I'ai métu dans des drapiaux tout blancs. »
Ital., drapello. Aube, drapais. Berry, dvapiau. Bourg.,
draipèa. Lim., dropéàs. Lorr., drèpès. Mcâc, petà. Marne,
drapais. Morv., draipeai, drapiau. Norm., drapcf, drapcl.
Poit., di-apcas. Prov., drapcl. Wall., drapiau. Vx. fr.,
drapiau^ drapcl., drappcau.
Dremi, V. intr., dormir, être inerte, engourdi.
Lat., et Ital., donnire. Ardèch., drami. Béarn., drounii.
Berry, dearini, dourinir. Bourg., dremi, drcuini. Bress.,
drcuincr. Bugey, droini. Dauph., dormi. Lim., deur/ni. Lorr.,
dreumi. Mac., dremi. Montr., drcmir. Morv., drcu/ui,
dreume (sommeil). Prov., drouini, durmir. St-Am., dremi.
Sav., dremi. Vosg., drcuini. Vx. fr., dormir.
Dremoû, s. et adj., dormeur.
Ital., dormitore. Morv., drcinou. Prov., dormidor. Vx. fr.,
dormar.
Drès, prép. de temps, dès: « Drès que j'I'ai voyu, j'ii ai dit
la chouse. »
Lat., de ex. Berry, drès. Bourg., dô, dos ici (dès ici). Lorr.,
da. Lyon., dret que. Prov., des, deis. St-Am., dé. Vx. fr.,
dès.
Dresser, v. tr., servir, tremper. On entend fréquemment
dire: « Dresser la sôpe. ))
Bourg., dreussai. Pic, drecher. Prov., dressar, dreissar,
draçar. Vx. fr., drccier, dresccr, drcccr.
Dresser (se), v. pron., se tenir debout : « Eh! la belote,
dresse-te vouer eùn brin, qu'on ar'garde ta joulite mine. »
Angl., io dress. Berry, se derser (s'habiller). Midi, se dres-
ser. Norm., se drcchier (s'habiller).
Drèt, adj. et adv., droit, justement: « Drèt-là! v'tu v'ni! ))
*Lat., directus. Ital., diretto. Berry, drèt, dreit. Bouvg-, drai.
Bress., dray. Fr.-Cté., di-èL Genev., droit (juste). Il.-V% dret.
Lang., drè. Lorr., dro. Morv., dret, drci, drai-lai-lai. Norm.
128 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
dreit. Pic, drèt. Poit., drèt, dré. Prov., dref, droit, drcg.
St-Am., drâ. Saint., droit . Sav., droï. Toul., dret, droj. Vx.
fr., dret, droit.
Dreù, ad]., dru, fort, touffu.
Morv., drou. Prov., driit. Vx. fr.. dru^.
Driller, V. intr. , courir, vagabonder, jouer, folâtrer, et
aussi : avoir la diarrhée.
Bar-s-S., driller (ramasser de vieux chiffons). Berry, drillon
(homme efflanqué). Bourg., drillai. Bress., druifjer. Dauph.,
drugeior. Forez, drugi, drugior. Jura, drugcr. Lyon., drugi^
drugier. Maine, drugir. Morv., dreiiiller. Norm., drugor,
dragir. Poit., drugor. (V. Dr ai lier, Drouiller.)
Drogue, s. f., donné en épithète aux personnes de peu de
valeur: « Oh! côge-te donc, ch'tit' droguel »
ItaL, droga. Bourg., drogue. Prov., drogua.
Drôlasse, s. f. , fillette, jeune servante.
Montr., drôlasse. Toul., droullcto.
Drôlet, s. m., petit drôle, jeune domestique.
Bourg., drôlai, dreule. Genev., drôle (garçon). Lorr., dreule.
Montr., drôle. Toul., droullet. Vx. fr., dratilo, drolle.
Brouille, s. f., excréments liquides.
Berry, drille. Fiam., droule. Jura, drille. Lille, drisse.
Morv., drille. Pic, drouille, drinse. Rouch., droule.
Brouiller, v. tr., avoir la diarrhée, rendre des excréments
liquides. (V. Driller, et Brailler.)
Brouilloîi, s. m., qui a le cours de ventre, et aussi petit
drôle, jeune gamin.
Berry, drdloux, Flam., drouilloux. Morv., droillou.
Bu d'puis, prép., depuis, depuis lors.
ItaL, dopo. Berry, dopous, dcpuge, dèpuirc. Bourg., depeu,
depô. Prov., despuois, despucis, do.pos. Rouch., dudépuis.
\Vall., dipeû, dispeù, dispôie. Vx. fr., despuis, depugs.
BÛR, adv., fort, beaucoup: « O mainge dur, y é bé vrâ; niâ
ô' pioche diir itou. »
Lat., durus. ItaL, dura. Prov., dur. Vx.fr., dur. (V. Dciir.)
LANGAGE POPULAIRE VEIIDUNO COALONNALS 129
D'vAN HIER, et D'vAN-z HIER, adv., avaiit-hicr.
Lat., ante herl. Boui'g., airan-/,-hic. Cogn., iCcan Idcr. Vx.
fr., amantier^ avant ter.
D'vENiR (en), lo(\, venir de: « As-tu été qu'ri do l'iâ? —
Voui, yen d'tx'ins. »
E
E muet, glissé en parasite dans les conditionn. prés. : (( Je
prenderions, je suiverions, » etc.
É, 3® personne de l'auxil. être : (( Y ^ bon ».
Bress., <i. Bugey, é, Sav., é (V. àt).
É, 2^ personne de l'auxil. avoir : « Vous é bé boune mine,
auj'deù, la vouésine. »
Bugey, ay. Sav., eï.
Ébandoner, V. tr., abandonner.
Itai., abbandonnare. Bourg., cbaadenai. Movv. aibandouner.
Prov., abandonav. Vx. fr., abandaner, abandotner, haban-
donncr.
Ébatre, V. tr., abattre : « ôl a éhatu l'oïau. »
Ital., abbatere. Bourg,, aibaitre. Morv,, aibaUre. Prov.,
abatre. VJdiW., abate. Vx. fr., abaérc, abattre. (V. Èbôler.)
Ebeùrcher, v. tr., ébrécher.
Genev., èhercher. Jura, èbercher. Pic, éberluer. Rouch.,
èbercher. Vx. fr._, csbrcchier, csbrccher.
Ébeijrluqué, adj., distrait, évaporé, étourdi.
Pic, eberlukà.
Ebeùrlute, s. f., éblouissement : (( A quand jem'leùve, j'ai
des ébeùrlutes. »
Ital., barlumc. Berry, crbehitcs. Bourg., èbreluë. Lyon.,
èbarliaude, er/barliaudc. Maine, èbèluitlon. Norni., éber-
louctte, ber luette (étincelle). Poit., erbelutte, arbelutlc. Prov.,
èbarliaude.
130 LAN(iAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Ebeùrluter, V. tr. et iutr., ('Iilouir momeiilanément, frap-
per vivement la vue, presque aveugler, avoir des éblouis-
seraents : « L'élidema ébeurlaté. »
Berry, èberlutcr, erbclutcr, bcrlatcr. Champ., ébcrlncter.
Lim., étjblah.:;!. Montr., éberluter. Morv., èberUiter. Norm.,
èbèUter. Poit. , ébcrlaiai. Prov., ébrclioudar. Saint., hcrlidcr.
Ébôler, V. tr. , ébouler, renverser, démolir : (( L'bestiâ ! en
v'iant la côvri, ôl a éhôlé sa cadole! »
Bourg., èbôllai, èbôli. Montr., èboilcr. Vx. fr., esbouicr.
(V. Ébaire.)
Ébôbi, adj,, ébaubi, ébahi, étonné, stupéfait :(( Que qu'tas
donc, qu'te v'Là tout ébôbi? »
Lat., balbus. Berry, abaubis. Bourg., èbùbi. Pic, ébeubi.
Vx. fr., esbaubis. (V. Etaù).
Ébornifler, V. tr., éborgner, aveugler d'un coup do poing.
Genev., i'boriiiclcr. Pic, èbornijler. St-Am., èbonrnc.
Ébourifler, V. tr., ébouriffer les cheveux.
(V. Eveiirlucher.)
Ébraiser, V. tr., mettre en miettes, réduire en parcelles
comme de la petite braise.
(V. Éfraiser.)
Ébuyement, s. m., amusement, jeu quelconque.
Morv., aibuïcinaii. Vx. fr., ad musc ment.
Ébuyer (s'), V. pr., s'amuser. •»
Morv.. s'aibiiier. (V. Énutser, obiiser.)
Écafouiller, V. tr., écraser, réduire en bouillie : « 01 a
marché su c'te poume ; ô l'a écafouillée tout à plat. »
Bourg., écafouilli, èclaijorai. Bress., ècafoayria. Chatill.,
écafouiller. Fr.-Cté, cafouiller. Lang., foula, csfouia. Morv.,
écafoiller, éboudrlller. Rouch., cafoulier. Suiss. r., èboudrilU.
(V. Écrabouiller.)
Écagnardî, V tr., acagnarder. Rèfl., s'amollir, paresser.
Genev., a'acarjiuirdir, s'acagaer. Moiv., aicagnardi. Paysde
Caux, s'accai/nardir.
Écaille, s. f., morceau, rognure. S'applique à bien des
LANGAGE POPULAIRE VERDI'NO-CHAr.ONNAIS 131
sortes. On dit : des ècaillc^^ de l)ois, di; pots cassés, dNHof
fes, etc.
Ital., sccKjlla. Nam., scalc, Iloucli., ùcale. Wall., cscaillc,
haie. Vx. fi'., cscaillc, escale.
ÉcÀle, s. f., brou de la noix.
Ben-y, èc/talc. Ht-Maine, èchallc. Poit., cale, chalottc.
Roueh., ccak\ cca/Iion. (V. Cale.)
Égaler, v. tr., sortir de leur enveloppe certains fruits et
quelques légumes. On dit surtout : « ccaler des noix. »
Berry, écaler (du mais). Bourg., cc/iaillai. Ht-Maine, cca-
Icf, écjialer. Morv., ccaliic/icr, èclialoter. Pic, ccalotcr.
Rouch., écajlier. Valogn., ccaler {dn maïs).
(On trouve écalc et écaler, dans quelques dictionnaires fran-
çais; mais ces mots sont trop de chez nous pour ne point avoir
leur place ici). (V. Échailler.)
ÉcALOFE, s. f., cosse, enveloppe des pois, des fèves et autres
légumes. Ne s'applique pas, comme éccûe, aux coquilles de
noix.
Auverg., calojja. Fr.-Cté., èeorojfc. Morv., calojfe, écalofre,
gou. Norm., calot, èealot, écalofre. Poit., chalafe, échalafrc,
chalupe. Toul., teco. Wall., écajotte, clccafotie.
ÉcALOFER, v. tr., écosser, tirer de leur enveloppe les lé-
gumes à cosse : pois, haricots, fèves, etc.
" C\\?imp.,décafuloier. Morv., décalofrer, ccalofrer (lea noix),
ècorcer. Norm., écaloter, écalopper, décalopper. Poit., éclta-
luper. Toul., descalefa. Wall., décafoUer, écafotter. (V.
Êgousser.)
EcAROCHom, s. m., double maillet en forme de T, servant à
pulvériser les mottes sèches ou trop grosses On le désigne
aussi sous le nom de : brises-mottes.
ÉCARURE, s. f., carrure. L'e préfixe est commun à plusieurs
autres mots.
Lat., et Ital., quadixUurct. Prov., cai/radura.
Egayer, v. tr. , écarter largement les jambes : « Eh! c'pouv'
petiot ! c'ment ôl écàr/e les jambes ! »
Ital., scarlarc. Morv., écailler, écâjer.
ÉcHAiLLE, s. f., enveloppe, paillette des épis de n. aïs, grande
132 LANGAGE POPILAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
ressource pour les ménagères locales, qui en garnissent
copieusement les paillasses de leurs lits.
Ua\., sqaafjlia. Bresse, èckaUlc. Moiitr., cc/taille.
ÉcHAiLLER, V. tr., cnlcver que^ues-unes des feuilles qui
enveloppent la pa/zo;«7/e (les /)a?ircAe^6'), en n'en laissant
que ce qui est nécessaire pour la suspendre au-dessous
des toits et la faire sécher.
Bourg., èclidillnl (des noix). Bresse, écheillcr. Isère, eichaf-
liè (des noix). Jura, cchaillev. Montr. , ècheiller. (V. Écaler,
Épano'.iiUer.)
ÉcH.ÀLE, s. f., échelle.
Lat., et Ital., scala. Bevry, èchalle. Morv., échallre, école.
Nam., chaule. Pic, clœlle. Prov., escala. St-Am., esëla.
Toul., escalOj cscalou (échelon). Wall., Iiàle.
ÉcHÀLÉE, s. f., échalier, barrière fixe établie aux champs,
dans la longueur d'une haie vive, fait de bois en forme
d'échelons, de marchepied, et permettant d'être escaladée
par une personne sans toutefois laisser passer le bétail.
Bas-lat., sccllarium. Berry, écUaller., Montr., éeheillier.
Morv., écholèe. Norm., écolier. Orne, èchallcr. Poit., échalet,
Vx. fr., eschalicr.
ÉcHANDiR, V. tr., échauffer : « Aile aivot les dèts gobes; j'ies
y ai échandis. ))
Mac, èchandlv. Pic, ccaufer. Prov., escalfar. Vx. fr.,
cschaulfcv , c&chauffev.
ÉcHARBOTER, Encharboter et Encharbouter, V. tr., em-
barrasser, emmêler, embrouiller les fils d'un écheveau ;
« Que qu't'as fait d'mon échevéte ? Te m'ias toute échar-
hotée. »
Bourg., cnchairbôtai, cnchavbeutai. Bress., encharbouter.
Genev., encharbouter. Isère, eicharbota (éparpiller). Montr.,
éeharbouter. Vx. fr., cncharbotter, encharboter, cscharbotter.
ÉcHÀRER;, V. tr., échauder, arroser d'eau bouillante, net-
toyer. Dans la manipulation ménagère du sarrazin, on
échâre la farine que l'on veut pétrir pour la mettre en
pain : « I m'seû échàré la main d'avou d'iiau boulante, ))
Dauph., chara. Forez, échctra^ eschara. Montr., écharrar.
Morv., échorer. Prov., escaudar. Wall., hauder. Vx. fr. ,
eschaudcr, cscauder, eschaulder.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 133
ÉcHARPiLLER, V. ti'., coupasscr, mettre en pièces : « L'vau
ran! ô m'a tout du long ècharpillé sa bliaude. »
Norm., èc/ucrpillcr.
ÉcHAUFAisoN, S- L, pleurésie.
Berry, chaud-rcfvoldi. Morv., échaufaïon. Norm., èchauf-
faison^ échauffure. Div. local., chaud-froid. Vx. l'r., cschauf-
faison. (V. Purisi.)
ÉcHAVON, S. m., dévidoir à main.
Bourg., échaicon. (V. Virandiau. Dùoirou.)
ÉcHENEAU, s. m., chêneau, chenal, gouttière : « Uécheneau
a eùn portu ; l'iau j'icle à travar. »
Bourg., échcnet. Maine, acheiiecai. Morv., chameau, échc-
nau. Poit., achencau, achcnal. Saint., cheiiellc, aclicnau.
Sav., èsteiicau. Suis, r., chenau, eschencau.Yx. fr., escheiiet.
ÉcHETER, V. tr., acheter.
Bas-lat., accapitarc. Bourg., achetai. Norm., acater. Pic,
acatev. Prov., acaptav. St-Am., asetê. Sav., ââtâ. Vx. fr.,
achater, achapiev., acheptcv.
ÉcHEVELOTÉ, adj., échcvelé.
Bas-lat., excapillave. Berry, égêeé. Morv., èchereleuré,
Toul., espeloujit. Vx. fr., escheoelê, cscheoelede, deschevelé.
ÉcHEvÉTE, S. f.. écheveau : « Beill'-me eùne éch'vèt' de fî. »
Certain tisserand ne manquait jamais, quand la besogne
ou le vin blanc le mettait en colère, de jeter à la tête de sa
femme un écheveau de son gros lil. C'était si fréquent et si
connu, qu'on le surnomma Bernard-récheoête.
Bourg., épatie. Genev., ècheoette. Il.-V»., éché. Morv.,
échaootte. Pic, èki(jnée. ècagnoa, écaae., cchit. Rom,, esche-
vette. St-Ara., esatëta. Saint., échcviâ. Wall., éc/iù. Vx. fr.,
esches-, esc/iief, cschcoauLv, eschccetie. (V. Flote.)
ÉcHicLE, s. f., petite lame soulevée dans un morceau de bois,
écharde : (( I m'seû foré eùne écldcle dans l'dèt ; ô m'fâ bé
mau. ))
Ital., scardo. Berry, ciclc. Champ., csclice. Forez, échiroii.
Lori'., échâtrc, échade. Morv., èchic/ui', échiquia, échicle
(envie près des ongles). Rouch., ècliche. Sav., t''c/?o/;« (que
traduirait notre mot ùteUc). Vx. fr., escharde.
134 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS
ÉcHiGNE, S. f., échine.
Ital., schienn. Bourg,, échèiip, cchaigne. Prov., fsqaina.,
esquena.\sl?L\\., si/<reiiii. Vx. iw, eschinc.
ÉcHiGNER, V. ti'., échiner, éreinter : « 0 n'nous lasse point
d'répit; ôl échigne son monde. ))
Morv., àeheujncr. Vx. fr., échigner.
ÉcHiGNER (s'), V. pron., se fatiguer beaucoup : « D'peû c'télé,
Y in' échigne gros en sâclant. »
ÉcoicHER, V. tr., écorcher, fendre, casser, déchirer : « T'vas
écoicher c'te branche d'âbre. » — (( J'ai manqué d'écoicher
ma bout'neire. »
Ital., .•^corticarc. Berry, acorchcr. Nani., cJioirchl. Prov.,
escorgar, escortegcir. Wall., Ao//'.sf. Vx. fr., cscovchcr, escor-
chier, acorchier.
ÉcoÏER, s. m., écolier.
Lat., srholai'is. Ital., scolaro. Morv., ccoré. Prov., csrolar.
Wall., sicoU. Vx. fr., escolcr, eseolicr, escollier.
École, s. f. , école. (La jeune génération prononce école.)
Lat., schola. Ital., sraola. Bourg., ècaeule. Lorr., ikeule.
Lyon., écola. Montr., écoule. Prov., escola. St-Aui., équeûla,
Sav., écoula. Wall., sicoll, sukall. Vx. fr., escole, escoulc,
cschole.
ÉcoRDER, V. tr., accorder.
Ital., accordare. Bourg., ècodai. Prov., (icordar. Vx. fr.,
acordcr.
Ecosse, s. f., cosse, enveloppe des graines légumineuses, pois,
fèves, etc.
Flara., schosse. Nam., cose. Rouch., ècosse. Vx. fr., cosse,
cscossc.
ÉcoT. s. m., petit morceau de bois sec, mais plus gros que
Véchicle : (( Oh! le ch'ti drôle! ôl é sec coume eùn écot. ))
Esp., escoio. Geuev., écot. Jura, éco!", Sav., écô. Vx. fr. ,
escot.
ÉcÔTEÛMANCE, S f., accoutumancc.
Ital., accostu/nuii^a. Morv., aicouteuinancc. Pic, acoutn-
inaiichc. Prov., acosduinaitsa. Vx. fr., accoustu/nancc, acous-
tumancc.
LANGAGE POPULAIRE \ EKDUNO-CHALONNAIS 135
EcÔTEÛMER, V. U'., accoutumer.
Ital., accostainarc. Bourg., ècoaininai. Movv., aicôicumev,
Pi'ov., acosldinar. Vx. i'r., accoiisiii/Dcr, acoustumer.
ÉcoucHÎ, V. tr., accoucher: (( Voui, la Glaudine, allé et
écouchie d'eùn gros garçon. »
Bourg., écouchai. Pic, aconhcr. Vx. fr., acoucher, acou-
c/iier.
ÉcouPiAux et ÉcopiAUX, s m., copeaux : « Va m'qu'ri des
écoupiaux, et claire le feù. »
Bas-lat., coipclliis. Berry, couplau, conpeau. Cogn., ècou-
peaif. Fr.-Cté, chequilloi, Genev., conpeau. Htes-Alp., èco-
peau.r. Morv., coupiaux. Norm., coipeau. Pic, copieux.
Suis, r., copiau. Toul.^ tapèl, tuquél. Vx. fr., coi/piaulx, col-
pd, cscoupeaux.
ÉcoussÉ, s. m., batteur en grange. Peu usité. Le verbe
écoure (battre à la grange) est donné par Jules Guille-
min et le B^ Gaspard. Je ne le crois pas employé chez
nous.
Montr., ccousscrcij. Vx. fr., écoure. cscoure.
ÉcouTRER, V. tr., accoutrer, habiller grotesquement.
Berry, ccccoustrer. Bourg., ccouirai. Prov., aeotrar. Vx.
fr., acoutrcr, accousirer.
ÉcRABOuiLLER, V. tf., broycr, écraser.
Bas-lat., exbocllare. Berry, ècarbouiUer. Bourg., escar-
boulllai, ècarhouiUai, ècapour ai. Uresa., écarm.alia. Champ.,
ècrabouiller. Forez, ébouillâ. Genev., écaraflev. Mac, écar-
bôilli. Morv., ècrabouiller, èquair moi lier. Nomi., ccrabouiller,
escarbouiller. Pic, ècrainouler. Poit., ècrabouillai. Renn.,
écabouiller. Saint., èbouillè, ccarboui/è. Toul., caglanda.
Vx. fr., acrctbiller, ècarbouiUer, escarbouiller. (V. Écafouil-
Icr, Escarbouiller.)
ÉcREiGNE, adj., chiche, parcimonieux, avare :« 0 n'doune
ran, é pi ô s'prive de tout, l'gouri à'écreignel... » L'idée
de parcimonie et de pauvre réduit pourrait rapprocher ce
mot de Vécraigne dijonnaise, pour lequel nous renvoyons
au Glossaire des Noëls Bourguignons.
Montr., ècraicjne. Norm., chinçp-c. Wall., ècrèpc.
ÉcRiGNÔLE, s. et adj., souffreteux, chétif, ratatiné, malingre.
136 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
amaigri : « Qu'é-c qu'y ét-i que c'gas-là? 0 n'peut ran fâre.
Y et eijne espèce d'écrlgnâle. » — « As-tu vu l'fieû à la
Dôdon? Oli! c'pauv' petiot! d'avou sa mine écrignôle, à
quoi c'qu'ô r'ssembe! »
Bourg., ècrignôlc.
ÉcuEuiLLER et AcuEuiLLER, V. tr. , rassembler, chasser
devant soi à l'aide d'une baguette: « Allons, écueuille les
vaches! )> Ce que font les bergers de tous les troupeaux.
Morv., èqueuiUcs (balayures, ordures, épluchures).
ÉcuEÛiLLON, s. m., chiffon humide, emmanché au bout d'un
long bâton, à l'aide duquel les ménagères nettoient le four
chauffé au moment d'y mettre à cuire le pain. Au fig. ,
personne dont les habits sont très sales : « T'é prou brave,
ma fi! d'avou ta jupe tout' tachée; te r'ssembes à eùn
écueùillon. »
ÉcuEÙLE, s. f., écuelle, eu bois ou en terre. Il y a la grôlote,
écuelle de bois dans laquelle on fait tiédir le vin devant le
feu, l'hiver.
l^diX. scutella. \ta,\. , scodellit. Bourg., ècuèle, équéle. Flam.,
étielle, èquielle. Loah., étlùle. Montr., équialle. Morv., étuelle.
Nam., sicuale, chuèle. Poit.^ èqueullc. Prov., cscwrfe/^a. St-Am.,
ècuala. Wall., liièle. Vx. fr., escudelle.
Écueûler, V. tr., éculer ses chaussures.
Bourg., cqtœlai, ècucuillai, éqiieulai. Morv., aiquelcr. Vx.
fr., csculer.
Écueûler (s'), v. pron., s'asseoir bas, s'accroupir.
Écueûmouére, s. f., écumoire.
St-Am., cL'i/ernj/cûre. Wall., Jioumerèse. Vx. fr., écuinoir
(m.). On ne manque pas, au figuré (on pourrait dire au défi-
guré) d'appliquer ce terme à toute face ponctuée de petite
vérole : « As-tu vu e'peùt drôle de Nicou? Ses deux joues n'
font qu'eùne vrâ ècucàmoucrc. »
ÉcuEiÎRiE, s. f., écurie.
Bas-lat., scuria. Moi-v., éculdc. Prov., escura, cscuria. Vx-
fr., escurjrie, ascuiric.
ÊcuEÙRJOU, s. m., enfant chélif, mal portant, étiolé, sale.
Lat. , cxcoriare. Bourg, ccucijou, escarjou. Rom., es-
quirar.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIl ALONNAIS 137
ÉCUEÙRVI9SE, S. t., écrevisse.
Ht-allem., scrcpi^:. (jeiiev., ccririssc. Morv., ùqueurcissc,
Nam., graiiasc. l*ic., écrèoic/ic. Houcli., grariehe. Wall.,
(jvèoèsc. Vx. l'r., ci'ooicc, escrecisse.
Éfiler, V. tr., affiler : « Prôt'me ton coutiau ; ôl é bcn ineû
éfilé que 1' mien. »
Ital., affilare. Prov., afdar. Vx. fr., afiler, effiler.
Éfraiser et Éfreûser, V. tr., émietter, rompre en menus
morceaux : « Pour mon quat' heures, j'ai éfraisé du pain
bis dans mon lolot. » C'est un régal des goûters d'été.
Lat., cJfriiKjcre. Berr}'. c [fraiser. Bourg., emiauUai. Fr.-
Cté, é fraser. Morv., e/fréscr, eff'riger, ejfrilh'r, freser. Norm.,
éniier. Pic, èmier, èmioclwr, elfroiwr. Saint., fraser. Suis.
T., fresa, fresouiKi. Vx. fi'., ejfriser, ei^mier. (V. Ebraiser,
Éinioter.)
Égalir, V. tr., égaliser, aplanir, rendre uni.
Douai, agaler. Pic, égalir. Wall., égalir.
Égancher, V. tr., fatiguer, harasser, assommer : « J'ai tant
sâclé, qu'j'en seù tôt égancJié. )) — « 01 a êganché son
chin. » — Signifie aussi qu'on a détérioré son travail par
sa maladresse.
Égandiller, V. tr., vérifier, contrcMer, poinçonner les poids
et mesures. Ce qui plaît peu aux débitants.
Montr.j égandiller.
Égarade, s. f., erreur, méprise, — et aussi promenade
mystérieuse du soir... ce qui est souvent la même chose.
Bourg., égarade.
Égaiidir (s'), V. pron., se réjouir : « Enr'venant d'ia fête, ô
s'éf/audissein prou. »
Lat., gaiulere. Wall., si gaadi. Vx. fr , se gaudir. gaudgr.
Égenôïer (s'), V. prou., s'agenouiller.
Ital., aggiiiocchiare. Bress., s'a:eiioiller. Prov., ageiiolltar,
aginoUar. Uouch., s'agligner. St-Aui., a:^enoubië. Wall.,
s'aglégni. Vx. fr., ageiioiller, ageloingner .
Égoùsiller (s'), V. pron., s'égosiller.
Bourg.. s'égoaslUal. Lang., s'esgoasia, sesgargamela.
15
138 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS
Maine, s'cgoider. Morv., s'ègoasilU'i: Poit., s'esgonsser. Vx.
h'., esfjossiller, esgoiiller.
Égousser, V. tr., soi'tir un légume de ses gousses : (( É gaus-
ser des pois. ))
Cogn., égnusscr. Morv., cgoiisser. Vx. t'r., osgousscf. (V.
Écalojer, Vogi'er.)
Égoutlau, s. m., écope, égoutte-eau.
Lyon., agotuiK.
Egrafigner et Grafigner, v. Ir., égratigner, écorcher :
« D'ià-vou c'que te d'veins, d'avou ta figure tùte égrafi-
gnée ? »
Bei'ry, gnijiiwr, vgrftjhjiter. Hourg.. ègi-oifignai. Bress.,
ègrajinfr. Cliamp., cgrajlgiwr. Chatilt., grafiyncr. Genev.,
grajflgiier. Isèr., cichai'ognic. iuva, grqfîner, ègrafincv. Lang.,
graotifigna. Lini., ci.ngràugnias. Lyon., égrajinc-, gra(figiicr.
yicivn., g l'd/Jhj ne r. Morv., ègrq/igiicr. Norm., grujfiner. Pic,
(^'grajïgnrr. Poit., cgra fegnai. Prov., grajlgnav. Roni., ,'/''«/?-
iiar. SAÏnt., grq/igncr. Sav., égvafcnà. TouL, èscarraagna,
gruupigiia. Vx. tr., graphiner, ègrafigiior, csgratigher.
Égrafigneure, s, t'., êgratignure, écorchure.
ItaL, graffuituva. Berry, égraftgnure, ('grajignassc. Bourg.,
cgraifignic/'c. Lang., gi-aoupigiKido. Lim., eiigrangnaclo,
Lyon., ègrajîniire, grajjîgnuvc. Morv., ègraJigncHrc. Poit.,
ègvafegiinre. Prov., csgrajjigiiadura, gfaffîgnadura. Toul.,
graiipigiiado. Vx. t'r., ègvafenenre, ègrajineure, esgruti'
giicnre.
Egraper, V. tr., enlever les grains de la grappe de maïs.
En Bourgogne, ce dépouillement s'opère en frottant vive-
ment la grappe au coupant du fer d'une pelle, sur le
manche de laquelle on s'est assis, après l'avoir horizon-
talement adapté à une chaise. Un van est le récipient où
l'on fait tomber les grains dru comme grêle. Eu Poitou,
on frotte la grappe de « garouil » contre le manche d'une
poêle à frire, et l'on dit : égarouillai.
Égrouer (s'), V. pron., se baisser : (( Te n'pou pas rémasser
c'qui ? Egvoue-ic, vouéyons ! » (V. >Ç Avoufei'.)
Egrimgner, V. tr., arracher le chiendent [grirnon] avec une
fourche, ou mieux une pioche à dents.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS VV,)
Égué! excL, même acception que Arja. (V. ce dernier mot.)
Eguenillé, adj., déguenillé, couvert de guenilles.
Forez, deplat. Lyon., depio. Sav., ègncnùilln. Vx. fi-., dè-
picr.
Egueûrner, V. tr., égrener.
Morv., èglic.urncr. Vx. fr., esgrener, csgrainer.
Éguye, s. f., aiguille.
Lat., acas. Ital., arjngliu. Berry, agneillr, ar/idlc. Dauph..
eulte. Forez, ciilij, ciiilli. Lille, aiiouille. Morv., aif/nlle. Nam.,
awie. Pic, agoaille. Prov., arjuilUi. Rouch., éœile. St-Am.,
oijle. Sav., aooellio (com. ahcille). Wall., aicéie. Vx. fr., es-
icille, agdillc.
Éguyée, s. f. , aiguillée de fil, enfilée ou non.
I^WIq* aiicullléc. Rouch., éwilic, éwiliêc. Vx. fr., aiguillie.
(V. Coatcrie.)
Eguyon, s. m., aiguillon, arme du bouvier.
Ital., aguglione. Berry, agiilloa. Genev., avouillon. Morv.,
aigâllon. Prov., agiiUon. Rouch., èwllloa^ t'iolgllon. St-Am.,
egulyon. Wall., awion. Vx. fr., aguillon, agiiil/ion.
Egûser, v. tr. , aiguiser, sur la pierre ou la meule.
Ital., agu^^are. Bevry, agniscr, agitsc/% agacr. Bourg., é/;»-
sai. Morv., aiguïer, aigiijev. Norm., agucher. Poit-, agusai.
Prov., agusar. Rom., agu^ar.WaU., awehî. Vx. fr., agidser.
agidsiev, acuiscr.
EiN, EiNE, adj., un, une: « Tôt por ein côp. )> — « A c'
mai tin, y avôt eine fête. »
Lat, uiius. Berry, in, eiiii, ieiin. Bourg., ein (f. ène). Lyon.,
in, ijon. Morv., aia, eiin, i. Norm., eun. Pic, cane, cinc, ène;
f/ic (une). Poit., i. Vx. fr., ung. (V. Eîui.)
Éjâfré, adj., très étonné, stupéfait.
Bourg., èjaJJ'ré, crajfrè.
Éleûmer, V. tr., allumer, faire briller.
Ital., alluininarc. Bourg., èlentai, êlitinai, êleuniai. Morv.
ailcrncr. Prov., alnnicnar, alhuntnav. Roucli., aleuincr.
Wall., ctlouiner. Vx. fr., aluincr.
140 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
Éleùmote et El'mote, s. f., allumette.
Bourg., élcinùtc. Mon*., allerneUe. Rouch., aleiinu'éc. Vx. fr.,
aliiincttc.
Élexir, s. m., élixir: « La vieille a tôjor dans l'ormoire son
élexir de longue vie. »
Arab., al aksir (la quintessence). Genev., élexir. Rouch.,
eU'xir. Vx. fr., elisslr.
Elicher, V. tr., frictionner. Quand le rebouteur frictionne le
membre qu'il vient de remettre, il Véliche.
Élide, s. f., éclair de chaleur: « I fait des élides, ma n'y ara
point d'taboulot. » Néanmoins les paysannes ne manquent
pas, à chaque éclair, de faire le signe de la croix pour se
préserver de la foudre.
Berry, élide, alide. Bourg., claide, èleiirle, èlo'ide, èlouaide.
Bugey, èclav. Champ., èlende. Dauph., eiloïdo. Forez, èlieude--,
êliiède, èliouse. Fr.-Cté, èltidc, àlude. Fiib., èliu;o. Genev.,
élieuda. Isère, eiloeido. Lang., liaus, liens, lieussa. Liui.,
eiclia, éj/lausi. Lorr., alade, ùlàar. Montr., élide. Morv., élàde,
Norm., eali/i. Poit., étoise, éleude. Prow, eslioas. Rom., eliou-
Rouch., éeliire. St-Ani., élude. Saint., éloése. Sav., élliuide.
Suis, r., élieuda, élipa^o. Toul., belet., lambrec. Wall., édite.
Vosg., élaide. Y,x. fr., cloise, ehnline.
Élider, V. imp., faire des éclairs: « Boufreîau mitan d'ia
neùt, y élidbt brament! »
Lat., elucere, eliderc. Berry, élider, alider. Bourg., élider,
élaide/', ét(->idiT. Champ., éleuder. Montr., élider. Morv.,
élader. Poit., éleuder. Saint., éloiser. Sav., éi-lidrà, étdiàrié.
Suis, r., eiiilut:;i. Toul., beleja. Wall., écliter. Vx. fr. ,
csloider.
Élonger, V. tr., allonger, étii'er.
\i?i\., allonijere. Bourg., éloiifjé. Prov., alonr/ar, alonj((r,
aluiihar. Vx. fr., alo/u/ier, alnuçier.
Élourdî, V. intr., étourdir, tourner la tête, donner le vertige:
« Je n'sais p;is c'que j'ai; j'seû tout éloitrdi, j'peux pas
m'tenî. ))
Berry, alordir. Gcik'v., éhalourdir. Muntr., élourdir.
Morv., ailoiri, ailordi. Poit., allouri. Saint., élourdir. Vx. fr.,
alourdir. (V. Etordi, Entracirer.)
lan(;a(;k populaire vkrdpno-ciialonnais 141
Éluré, adj., déluré, vif, dégourdi, hardi: (( (j(!tt'-là, j'en
réponds, y et eùne élarée. ))
Vx. fr., délearrè.
Éluter, V. intr., l'aire des ell'ortspour vomir : « Oii ! l'pauv',
ôl elatôt, ôl élatôt et i n'pouvôt rau v'nî ! »
Lat., elucùari. Monte, éluteiier. Morv., cititer.
ÉiMAGiNER, V. tr., imaginer.
Lat., iinctijinavi. Ital., tnuna;/tnafe. Morv., êiiiuL~i/i(:r.
Prov., ifuugiiiar, c/na;jiiKU\ Wall., iiiâgr'ricr. Vx. fr., i//jia-
(fuier.
Émarveiller, V. tr., émerveiller, étonne»' grandement.
Bourg., émori' aillai. Vx. fr., csmei-cciller.
Émasser, V. tr.^ amasser, des ehifîons comme des écus.
Ital., ainniassarc. Bourg., amassai, èiaasscij. Prov., cmassar.
Vx. fr., amasser.
Embabiôler, V. tr., flatter, tromper.
Poit., embabigeolai. (V. Embobeliaer.)
Embaisure, s. f., baisure, la touchée de deux miches dans le
four: « Oh! man-man, beille-me Vembaisure; j'y ain-me
gros. » Fraîche, elle est très recherchée.
Genev., bdiscr. Morv., cmbaillcare. Noriii., baisciil. Pic,
baisure. Toul., bai/sarluro. Vaud., baiser. Wall., baijure.
Embeùrlificoter, V, tr., embarrasser, engeôler, prendre
dans un piège.
Espal., entroba. Forez, e'nbrin(/t(â. Norm., emberlijicoier.
Pic, emberlificoter. Rouch., emberlificoter, emberlafer (mettre
tout pêle-mêle). Local, div., cmberlaiider, cmbcrlincr. Vx.fr.,
emlxirelicoquer, embarcUicocquer.
Em«eùrner, V. tr., barbouiller, salir, souiller.
Berry, emberaer. Bourg., ambreiiai. Morv., embeurner.
Norm., embernouser. Pic, emberaer, imbrançjer (noircir).
Poit., embenêtrcr. Rouch., cmbcrncr. Vx.fr., embrencr.
Embobeliner, V. tr., persuader, enjôler, subtiliser : « Y et
eùn r'naré; ôl embobeline brament son monde. »
Norm., embobeliner (s'envelopper la tête d'un linge). Toul.,
cmbelina, embabouti, embalaïui. (V. Embabiôler).
142 LANGAGE POPULAIRE VEPwDUNO-CIlALONNAIS
Emboconer, V. intr., sentir mauvais de la bouche.
(V. Empôsciicr.)
Emboquer, V. tr., embecquer, donner la pâtée aux petits
oiseaux, aux volailles; faire manger les petits enfants.
Bress., aboco. Chai., aboquer. Moiitr., embouqner. Pic,
Emborner (s'), V. pron., entrer avec difficulté dans quelque
endroit, corridor, allée tortueuse, etc. ; passer à travers
des voitures : « Y f'sot neùt; ô s'ét emborné dîms la bou-
chure; ô s'é tout égrafigné. »
Embouche, s. f., lieu clos, pâturage fertile dans lequel les
paysans enferment certains bestiaux pour les engraisser.
Berry, enihcuiclœ (engraissement des animaux ; pré à'cin-
haachc). Morv., embauche (engraissement des animaux ; pré
iV embauche).
Embrasse, s. f., récipient contenant la provision de fourrage
pour une journée. Uernbraase se composait de deux demi-
cerceaux, tenus aux extrémités par deux cordes formant
charnières, et garnis d'un filet à larges losanges par lesquels
bœufs, et chevaux tiraient le foin fermé dedans.
Montr., embrasse.
Embrouiller (s'), v. pr., courir, s'élancer, se mettre en tr:i in,
donner l'impulsion : « Y et ein vrâ démon ; quand i s'agit
d'côri, y é tôjor lu qui ■:-,'' embrouille le premei. ))
Jura, s'embruer. Montr., s'embruer. Morv., s'embeurioler
(prendre son embrue, son élan).
Embiier, V. intr., mettre le linge en lessive.
Lat.j imbuo, Montr., embuer. (V. Buë.)
Émeùner, V. tr., amener, conduire vers.
Lat., adducere. Bourg., èmeunai, émeiié. Lorr., amoiter.
Lyon., achiure, addure. Morv., aùnougncr. Prov., amenar.
Vx. fr., amcincr.
Émi, s. m., ami. « "loi, t'é ein émi. »
Lat., amicus. Ital.. umico. Berry, aiml, cmi. Bourg., aimin.
Fland., ami. Fr.-Cté, ai/ni, émi. Lim., omi. Lorr., aiml, émi.
Montr., aimi. émi. Moiv., aimi, èmi. I-'rov., amie. Suiss. r.,
émi. Toul., amistous. Vx. fr., amj/.
LANGAGK POPULAIHE VERDUNO-CIIALONNMS 143
Émie, s. f. amie : « L'vauraii! o vous a d'jâ eîme bonne
émie! ))
Lat. et Ital., anùca. Boui-g., aiinie. Piov., a/nuja. Rouch.,
amissc. (V. Éini.)
Émioter, V. tr., émietter, réduire en parcelles.
Berry, è/nioier. Bourg., ('nuaullai/. Morv., émioter. Pic.>
émiocher, cmicr.Yx. fr ., èinier. (V. Éfraiser.)
Émiquié, s. f., amitié.
Lat., aniicitia. Ital., amista. Berry, amiqdiè. Lira., oniita.
Lyon., amlquié. Morv., aiiniqaiè. Pic-, ainikié. Prov.,
amislcUs. Rom., aniicicla. St-x\m., aniitija. Toul .^ arnistniico.
Vx fr., (tniiste.:;, ainistic, ainiàiè.
Empige, s. f., entrave mise aux jambes du bétail. Au fig.,
personnequi gêne, qui embarrasse vos mouvements comme
vos projets : « Dôte-te donc d'iqui, empige. » — « Ah ! j'ai
des einpiges plein les jambes ! )) Pège {'^oix) n'est-il pas
pour quelque chose dans le mot ? Être pris comme dans
de la poix.
Lat.j irnpcnyerc. Bourg., ainpir/c. Montr., empifje. Morv.,
empige, empeigc. Toul., empac/ie. Vx. fr., empcsche.
Empiger, V. tr., entraver : « 01 a empige son ch'vau. »
Bourg., ampi/ai, cmpinjai. Maine, empaiger. Montr., em-
piger. Moï-v., empiger, cmpeiger, empierner. Suiss. r., einpéja.
Toul., ergrafaïa.
Empiger (s'), v, pron., s'embarrasser,* s'enchevêtrer dans
quelque entrave. N'est pas loin d'impedire.
Berry, s'empiger. Montr., s'empiger.
Empinte, s. f., gouvernail de bateau de canal, formé d'une
longue pièce de sapin de 15 à 20 mètres, aminci parle gros
bout et placé à l'arrière.
Localit. voisin., impenie. Forez, empcin (attaché à).
E-MPÔCHE, s. f., empêchement, obstacle : (( J'irô ben Tvoué;
ma son frâre é d'avou lu ; y et eime empoche. »
Lat., impedimeiitam. Morv., cmpoichement. Saint., empêche.
Vx. fr., cmpedemeiit, eiiipesc/iement.
Empocher, v. tr., empêcher, faire obstacle.
Lat. impedicare. Bourg., ampôchai. Dauph., empâchié.
144 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Morv. empoicher. Prov., empedcgar, enpac^ar, empachar. Wâll.,
cpéchi. Vx. fr., einpcc(ci\ cinpesehicv. eiupccclicr. {\ . Eràtev.)
Empôgnes, s, f., poignées d'un meuble, secrétaire, commode,
etc. Ces poignées sont toujours métalliques, et le plus
fréquemment en cuivre- Plusieurs ont de la valeur comme
ciselure. On dit aussi Veinpàf/ne d'un fer à repasser.
Morv., luDipodgnc.
Emporter, v. tr., emporter.
Lat., indc portarc. Bourg., ampôtai. Lim., ampoiirter.
Morv.. cnipotirter. Prov., emportai-. V.x. f r. , caporter.
Empôsener, V. tr. et intr., empoisonner, infecter, sentir
fort et mauvais : « Le c'hti drôle ! ôl einpô>i'ne le vin. »
Bourg., ampoùenoi, eniporfsenai. Genev., empoisonner .
Morv., cmpoaillcner. Prov., empoizonar. Vx. fr., cnpiiissn-
ner. (V. Emlwconer.)
Empougner, v. tr., empoigner, saisir vivement.
Berry, cnipoi//icr. Rom., empougner. Vx. fr., en.pognei\ ein-
pid g/lier, einpoiiignier.
Empour, adv., en échange de. S'emploie sans régime : (( Aile
avôt deux casses. J'ii en d'mandis eùne, é pis j'ii beillis
eùne tarine empour. »
Berry, en-ponr. lîourg., anpor. Biess., en-pour. Cogn.,
enpeur.
Emprôter, v. tr., emprunter, ustensiles et argent.
lUil. , improntarc. Bevvy, emprôter, empreiUer. Morv., e/n-
p/inler. S'dint., ernprêler, empriii(ei\ Sav., èprontâ. Wall.,
épronter. Vx. tr., cniprater, emjironter.
Émuser, v. tr., amuser, cajoler.
Bourg., émusai. Bresse, abouijer. Lorr., éiinsc. (V. Ebuger,
Obliger.)
Émusou, s. m., amuseur, musard, tk'ineur, cajoleur : « Eh !
p'tiote, Jacot n'é ran qu'eùn émusou. »
Berry, runusoux. Morv., aimttsar. (V. t'u/ôlcn.)
Émusôte, s. f., amusette, objet de distraction.
Bourg., èniusôie.
LANGAGE POPULAIKt; VKRUUNO-CII ALONNAIS 145
En, prép., à la, aux : « Batlre en gi'angc. » — « Aller en
champs. ))
Marv., en (V. Es.)
ENCALFiiÙTRER, V. ti'., onvcloppor avec précaution : « 1 fait
donc bén si frèd, qu'vous v'ià tôt ennalfeàtvé'^ y>
Vx. fr., calefrclcf , Cidlrcter, calfctrei-.
Enchain-ner, V. tr., enchaîner, attacher salideraent.
Ital., incatennre. Morv., ciic/iàncr. Prov., cncatlen<ir. V'x.
t'i'., eachaeiiKT, eacacnci-, an'huicniicr.
EnchÀi^ler, V. tr., frapper sur la lame d'une faux, pom-
l'amincir et la faire couper; la rabattre.
Monti'., cncluippk'v.
Enchifûner, V. tr., enchifrener : « J'ai pris rrheùtne; j'sis
tôte enchifônée. »
Norm., ench{(f'oniier. Vx. fr., ciic/ti/eriicr.
EncleùmE, s. f., enclume.
Lat., inciis. Ital., incndinn. Morv., cnqulriime. Nam.,
égluinc. Pic, iaglainc, encleume. Prov., ('ncliif(/c. Roiich.,
entjlennio. Wall., églome. Vx. fr., ancli(/iie, c/I'/Ikiih-.
Encoche, s. f., encoche, coche. Entaille faite sur la taille du
boulanger, et à la flèche pour y introduire la corde de l'iirc.
Morv., encoiche, c/iqiipur-nc.
Encontre, adv., en face, au-devant, à côté : « Tôt d'ein côp,
j'iai vu c'ment c'qui encontre moi. J'ii f'sô ran, é pi ô m'a
fait m an. »
Ital., iiK'ontra. Lorr., ancontc. Morv., encontre. Norm.,
encontre. Pic, a l'uieonte. Prov , cncontra. Vx. fr., encontre.
Encroire, s. m., chose faussse que l'on \eut faire accroire '•
« Y n'é pas ein encroire; y é, pardine, bé vrâ ! »
Berry, ancreire, accrcirc. Bugey, ancrayré. Genev., en-
croire (accroire). Lorr., rècreurc (accroire). Morv., encroire,
eacrnnère. Prov., acrelre. Wall., acreûre. Vx. tr., acroirc,
à croire.
ENCRomE (faire), loc, faire accroire, conter un mensonge :
(' Ah ! t'voudrô bon va y f are encroire. ..\ » (V. le mot pré-
cédent.)
146 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
Encroter, V. tr., enfouir, mettre clans un trou, enterrer :
(' J'I'ai encroté; voui, j'ii ai métu l'nazo dans l'crôt. *
Bei'iy, cncrotter. Bourg., aiicrotai. Genev., cacrottcr. Jura,
encroltor. Morv.j encroter. Suiss. r., eiiicrotta, tincroJL
End' çai, loc. adv. et prép., en deçà.
Bourg., an deçai. Morv., endeçai. Vx. fr., desà, dechà.
Endeiver, V. intr., endiabler, être contrarié : (( L'marniôt?
0 nous fâ prou endeicer. »
Bourg., aadérai, aiidainai . Morv., ciidorcr. Pic, eridèi:cr.
Wall., iiidéecr. Vx. fr., cndcsce/-.
Endémouné et Endém'né. adj., espiègle, entêté, évaporé.
Lat., démens. Norm., endènicnà, entèmené.
Endeùrer, V tr. , endurer, supporter, mais dans le sens
agréable :« I fait e un frèd d'ioù; Jean-nète, j'endeàrro
ben eùn brin d'feù. »
Ital., indurare. Bourg., endurai. Prov.^ endurcir. Vx. fr.,
endurer.
En d'lai et And'lai, loc. adv. et prép., au delà : « En dHai
l'iâ, » dé l'autre côté de l'eau. On dit aussi : « Liâv'en-
d'iai, )) là-bas au delà, loin au delà.
Ital., di là [delfiiune). Daupli., dés-de-là. Forez, allai (là-
bas). Lyon., dès-dc-là-l'eau. Morv., endelai. Neufchât., dès-
delà. (V. Làran, Liàcan.)
Endreimi, part., endormi, engourdi, paresseux.
Bourg., endrenti. Morv., e/idi-eunii. Prov. endurmi. Sav.,
eniniàrti, endronnii. Toul., endroumif. Vx. fr., e/idornii/.
Endrèt, s. m., endroit, lieu : d JTai choupé, épeù j'ii ai
montré l'boun endrèt. »
Berry, adret, endreit, adroit. Bugey, indra. Morv., endrei.
Prov. endreit, endreich. eiidiei/. Rom., endres. St-Am., edrë.
Toul.. dr<\i/. Wall., idreùt, édreùt. Vx. fr., endreit, endroiet.
Endrèt, s. m., endroit, beau côté d'une étoffe : « 01 ôt béte;
ô n'sait pas tant s'ment mét'e sa veste à Vendi'èt. »
Artois, indrùe. Berry, adreit. Dauph., endrèt. Lini., endrè.
Loir., andro. Norm. endreit (envers!). St-Am., edra. (V.
Adroit.)
LANGAGE POl'ULAIRE VEROUNO-CH ALONNAIS 147
l*ÏNFANTiAu, ;i,(lj. , oiir;Lntin, qui se livre à des enfantillages,
qui dit ou l'ait des bêtises.
Genev., ciifaiillaii. Prov., vJJ'anti. \\. \v.,cnJantLS,cii.lantin,
cnfantlf.
Enfàr, s. f., enfer, milieu intolérable.
Lat., infcri. Ital., hiferno. lierry, eiijar. j-JoiU'g.j anj'av.
Morv., rnfdr. IMc, infcr. Prov., infcni, njcm, enjcvn, (•IJ'erii.
St-Am., cfà. 'l'oul., KJcr, Ijcr.
Enfle, adj., enflé : u I ni'seù tapé d'îiAOu mon martiau ; j'ai
l'dèt tôt enjle. »
Lat., Intlaluà. Ital., injiato. Artois, iiifU, (/i/li'ïc. (jen.,
cnjlc. H'°"-Alp.. cnJJc. Lim., u/flado. Prov., r/kc, enjla, iijla.
' (V. Gon/lc, Trempe, Troalde.)
Enfondrek, V. tr., eflFondrer, enfoncer, défoncer : « ()1 a
e/i/onf^/'e la porte. » — (( V'iu ben n'pas monter d'ssus;
t'vas enfondrer l'touneau. ))
Localités voisines, a/fonder. Bonvg., effonf/rai. Prov., esfon-
(irer, csfon(l(ir,efi(nrU(r.'Ro\\ch.^ e/if'oiu/rer. Vx. i'r., enJ'oiulrei\
affondrcr, esfnn drer .
Enfôrner, v. tr., enfourner, mettre au four pain, pâtisserie'
et viande ; mais surtout pour le pain.
Ital., iafornare. Morv., enfôrner. Prov., enfornar. Vx. fr.,
e/iforner.
Engabourer (s"), V. pron., se salir en mangeant, aussi bien
qu'en marchant : « Tôt côp qu'ô sôpe cheii son fiyeù, ô
s'engaboure c'ment eùn goret. » — <( Pou s'en r'veni, ô s'a
enf/aboicré; i l'sôt si ch'ti temps! »
Engelure, adj., qui a des engelures.
Bourg., anjaitinrè. Pour ejigelure, La Monnoye a entendu
dire : èçjelure.
Enger, V. tr., féconder, introduire, communiquer, ense-
mencer. La rougeole enge, est contagieuse. Employé pro-
nominalement et dans un sens particulier par le paysan,
qui dit : « J'voudreiii ben nous enger de c'te grain-ne, »
c'est-à-dire nous voudrions bien en ensemencer notre
champ. — Fournir de l'espèce, de la race : « J'vous engerai
d'mes pois, d'mes poules. » A donné engeance.
148 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Lim., eiul^à. Montv., aiigcr, cnr/cr. Norm. enge (espèce,
race). Vx. fi*., ac/ifjicr, e'/if/irr.
Engiveler, V. tr. , enjaveler, rassembler les diverses poignées
d'herbes coupées à la faux ou cà la faucille, pour en former
une gerbe.
Montr., ('iKj'waler. Toul., ciigahcla.
Engouler, V. tr., avaler voracement, ingurgiter.
Montr., cnfjoider. Pvov. , engolir,engo((ller. Yx. iv., e/icjolcj-,
cnr/onlcr.
Engueûser, V. tr., tromper, amorcer, enjôler comme une
gueuse : (( Ali! p'tiote coquine, te Vengueùses joliment! »
Bourg., anjôlai. Genev., cngncitser. Norm., engueûser. —
Rouch., engueûser.
EnjÀrber, V. tr., engerber, entasser gerbes sur gerbes.
Morv., enjarber.
Enjôleù, ad]., qui enjôle : « N'ty fie pas, ma pauv' petiote;
ton Cadet et ein enjôleu. »
Bourg, r/y/'ô/r'H. Vx. fr., engeoirur. (V. E/nusou.)
Enmiôler, V. tr., caresser, flatter, câliner.
Bourg-, éininlai. Morv., ainiignoder, {Y . Amijôler.)
Enmistoufler, V. tr., emmitoufler, envelopper.
Bourg., animistoflal, emniUôlal.Yx. fr., cnimojler.
Enm'ni et Env'ni, v intr., aller, venir, se rendre à quelque
part. S'env'ni, s'en venir.
Berry, enm'ni.
Ici le m remplace le n, comme da.ns nt'e/w il remplace le p.
Enmouner, V. tr., emmener.
Movv. , enrnougjier. Vx. fr., en mener, en nielncr, ammoiner.
En-neù, s. m., ennui, chagrin.
Ital., noja. BeiTy, rnneu, Lim., egnei. Marne, ennuir.
Morv., anneu, enneu. Poit., enneii. Pi'ov -, eiu(eg, enuet^enuoi,
enut. St-Am., eiiui. Toul., anccli. Vx. îr., anois, anui, ennug.
En-niûant, adj., ennuyeux. C'est surtout à cause de la bi-
zarrerie de sa prononciation que l'on signale ce mot, dont
LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCII ALONNAIS 149
les deux syllabes lina,les sonnent coranic la (in de chat-
liuant, légèrement mouillées devant Va.
Ital., aiiiioloso. Morv., aliiaiaa. Pi'ov.^ cnojos, enucijus. Vx.
11'., eiticu, aiiaiea.
En-niûer, V. tr., ennuyer. (V. Enniàaal, \)0\xv la remarque
sur la prononciation.)
Ital., atmolavc. Berry, cuiiicr, cnnaei/ci'. Bourg., étùnai.
Prov., enolar, eimjar, c/tHc/a/'. St-A m., ènouijë. l'oul., (iiiiija.
Vx. ft'., eiiider, audicr, c/inoicr.
Énorcer, V. tr., embarrasser, engorger : « Èti'e cnorcé »
veut dire : avoir la gorge embarrassée par quelque chose
qui ne veut pas descendre : (( Arrange donc ton i'eù; c'te
feùmeire m'e/io/'ce. »
Auv., oijnoussa. Cluimp., ènosser. Genev., onitosser. Morv.,
cnnosscr, cnsoitcer. Noi-ni-, ènosser.
)■
Enque, s. f. , encre.
Ital., laclnostro. Moi'v. , c/ir/dc. Prov., ciicant. Suiss. r.,
clc/ie, cliit.;i\ Wall., citclie.Yx. tr. , cm/iic, aiiic/\', ancre.
ENQUEÛrui, V. tr., emmêler les cheveux.
Moutr., cruiuentir. (V. Dèqacàtir .)
Enrevâr (à 1'), loc, à l'envers.
Ital., mrt'/'so. Artois, inrers. Cogn., à renreoar. Pic, à
m'a entiers {(i vùon è^anX). Prov., ennes. Wall., itier\ éeier',
(V. Enoàr.)
Enrheîimer, V. tr., enrhumer, donner mal à la gorge.
Moiv., enreunier. Roucli., enrhciuner. St-Am., èreniè. Vx.
fr,, aiu-imer, enrnniei\ enreuiner.
Enrôté, part., pris dans une ornière, en parlant, d'un char
dont les roues enfoncées ne peuvent plus tourner.
Lat., rota. Bourg., anrôtai. Cliamp., anhotlé. Morv., en-
rôlé.
Enrouer, v. tr., enrouler, env(dopper, entourer : (( 0 s'a
copé; j'vein d'ii enroner l'dèt. »
Bourg., enrouer, Champ., enrôler. Montr., enroaer. M-orv.,
enrlrotder, enrouler, enciroler. Norm., rolter.
Ensâcues, s. i., échasses. Tous les gamins s'amusent à
150 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS
tro.tter perchés sur leurs (( ensaches ». Ils vont par les rués
et surtout aux bords vaseux du petit Doubs. La boue,
qu'ils vont chercher, justifie selon eux l'usage de l'objet.
Fland., schaetse. Lille,, ècassc. Montr., enàache. Nam.,
chache. Rouch., ècachc, écase. Wall., ècachc, hèse.
Vx. fr., cschace, esc/iasse. (V. Épotalcts.)
EnsArer, V. tr., serrer, enfermer dans : « L'vieux chin,
làvou y ét-i donc qu'ôl ensâre ses écus? »
Ital., inserrarc. Berry, ensarrer. Moi'v., easarrcr. Prov.,
easer/'ar, issarrcif, eserar. Vx. tr., ciiserei-.
Ensauver (s'), v. pron., se sauver, détaler sans attendre :
« Oh! le ch'ti ! V'tu ben l'ensaiwer ! »
Morv., s'cnsùKcer.
Ensembé (s'mét'e), loc, se dit volontiers des unions où
M. le Maire n'a point passé : (( O s'sont métu ensembe;
ma i n'allôt guère, »
Lat., in siinal. Ital., insieine. Bourg., ansanno. Lille, in-
senne. Nam., èchône. Pic., ensane, insiane. Prov., enserns,
ense/nps- Rouch., ensane, enc/ien. Wall., èsône. Vx. fr., an-
sa/nble, ensanle.
Ensei^ite, adv., ensuite, après.
Bourg., anscute. Sav., êchuita. Vx. fr., ensuite de.
Ensorciïer, V. tr., ensorceler, jeter un sort.
Morv., ensoreiller, enoancioueiller. Poit., ensorciller. Wall..
sorcier. Vx. fr., ensorcercr^ ensorcelJcr.
Entamer, v. tr., blesser, déchirer : (( J'ai les mains tôt
entamées. » — « 01 a chu, é pou ô s'a entamé l'genô. »
Lat., atidininare. Berry, ento/ner, enfen/nrr. Nam., èdauiner.
Prov., entamenar. Rouch., adainer. Wall., edarner. Vx. fr.,
entanpner, endarncr, entoin/uer.
Entàmeijre, s. f., ent;ime, entamure, premier morceau
coupé d'un pain.
Berry, entoine, eiiionuire. Morv., enfôineure. Saint., entou-
miire.
Entârer, v. tr., enterrer, enfouir profondément.
Bourg., antarai, antarré. Prov., enterrar.
LANGAGE POPULAIHH VERIJUNO-CII ALONNAIS 151
Entàrer l'feù, loc, le couvrit' de (;endi'es, afin qu'il se
conserve pour rallumer le l)ois le lendemain.
Entemi, adj., engourdi, presque pamlysé.
Monti'., cnleini.
Entendue, s. f., entente, accord survenu entre personnes
dissidentes : « O s'a r'métu d'avou sa fonne; y a êvu eùne
bonne entendue. »
Moi'V., cnicndue. Prov., entcnia. Vx. fr., entente.
Enter, y. tr. \'est point le synonyme de greffer, et ne s'em-
ploie guère que dans cette phrase : « Enter des bas, »
pour : remonter des bas. La ménagère a-t-elle vu, dans ce
travail, une sorte de greffe?
Genev.. enter. Prov., emjx'ltar, eiipentar. Vx. fr., enter.
Entoneau et Entouneau, s. m., entonnoir.
Berry, entounouè. Morv., eiifonnoué, aigiteriot. l\ouch.,
entonan.
Entôi:, adv., autour, à l'entour.
Bourg., caitor. Morv., entor.
Entravirer, V. tr., fatiguer, tourner la tête : « Ah! la
bavarde ! AU' m'en a dégoisé si long. . . àll" m'a tôt entraciré.))
(V. Étourdir.)
Entremi, prép., entre, parmi, au milieu de : (( J'ons m'né le
p'tiot à la fouére entremi nous deux. » — (( Mon chapiau
a, chu entremi la cheire et la porte. »
Lat., intermx'dius. Ital., intra. Berry, entre/ni, entermi.
Bourg., ainini. Bre.ss., entre/nier. Gasc, entre/nié!/. Jura.
entremi, entermi. Lim., intrè. Mac, entrein'i. Morv., entearini.
Pic, iuter. Poit., entremi. Prov., entre. St-Aru., etre-mi.
Suisse r., eintreini.
Entrepris, adj., embarrassé, qui a perdu contenance, malade:
(( L' pauv'gas! ôl é tôt entrepris; ô pourrôt ben rester pou
la façon d' s'a mare. »
Envâr, s. m., envers d'une chose.
Bourg,, anoar. St-Am., ôcâ. (V. Enrecàr.)
152 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Envarimer, V. U\, envenimer.
Ital., iiive/iolire. Berry, enoolimcr.Boarg., anoairi/nai. Morv.,
cil roui mer. Norra., cnoclimer. Pic, iaorimc. Pvoy.,encerinar,
cscerenar. Vx. fr., cntyelimcr.
Enveùrner (s'), V. pron,, être attaqué par les vers. Se dit
des fruits, des étoffes, des viandes : (( J'I'avô portant raétu
dans l'sau; ma mon lâr s'a tôt d'mein-me enveùrmé. »
Moi'v., cnociinncr.
Enviyer, V. tr,, envoyer, faire partir.
Ital., inviare. Berrj'', e/icivr. Bourg, anvuii. Fr.-Cté,
envier. 11. -VV, enoéi/er» iuva, i/ieier. Moiv., eiwier. Norra.,
envier. Pvox. , envi((r. Suisse r., einvia. St-Am., etv'e/'. Wall...
invier. Vx. fr., encoicr.
EpÂiLLER, V. tr., démarrer, éloigner une embarcation du
bord : « L'barquôt touche tare; épâille-\e. » Un jour, nous
allions pour entrer dans le bac, lorsque nous le vîmes trop
loin pour l'enjamber. Alors nous entendîmes : (( Qui'c'qui
a donc épaillé? » Se dit aussi dans le sens de poursuivre :
(( Attends, polisson! j'm'on vas Vépailler. »
Bourg., dèpaiUai (déguerpir, quitter la paille où l'on dormait).
(V. Dé pailler.)
Epâilléte, s. f., rame pourvue d'une monture [chaple] en
fer, pour pouvoir ramer assis dans le bateau. Sert-elle, de
préférence, à épaillerf En tout cas, ce mot est bien le
substantif du verbe.
Epanguilleii, V, tr , dépouiller de leurs enveloppes les
grappes de maïs {les panonilles).
(V. ÉchaiUer.)
Epantau, s. m., épouvantail, mannequin planté dans les
champs pour faire peur aux oiseaux.
Bourg., èpontai'i. Prov., espaventulh. Vx. fr., espoantail,
espon vantail.
Épante, s. f., peur, frayeur, épouvante.
Bourg., èponlc. Lorr., (ipovanfe, pou. Montr., épante. Morv.,
épante. Prov., cspaven. Vx. fr., c.yjavantc, cspouvante.
Épanter, V. tr., troubler, épeurer, épouvanter : «Lu! l'ta-
rihc! ô n'a épante qu'h^s poules. »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 153
Lat., expacescere. Bas-lat., cxpavantarc. Ital., spacaniarc.
Berry, apanter. Bourg., èpontai, csseurfantai. Bress., épan-
ter. Bugey, èpoeanta. Champ., cpanier. Fland., épanter.
him., éypàuridas. Lorr., épocoti/i, apovanter. Mac, cpantai.
Montr., épanter. Morv., cpanier, époulcander. Norm., èpen-
ter. Pic, èpaxiter, èpavander, épeuter. Poit., èpontai. Prov.,
cspaventar. Rom., cspavantar. Rouch., enpanter. Toul.,
espauri. Wall., épanter, spawter. Vx. fr., cspoenicr, cspaoïi-
ter, espantos (tremblant).
Épàrçu, et Epôrçu, part., aperçu, entrevu.
Berry, aparçu. Bourg., éporsu. Lorr., épcrçcu. Morv.,
aiparceu. Pic, aperchu. Vx. fr., aperceil, apparzu.
Éperau, et Éprau, s. m., sorbe, corme, fruit du sorbier, ou
cormier.
Morv., èpeuriau. (V. Éprulcu.)
Épetit, s. m., appétit : (( Voui, j'mainjons ben; j'avons prou
d'Vépetit. ))
Ital., appetito. Prov., apetit. Vx. fr., apetit. (V. Opctit.)
Épeû, et Épi, loc. adv., et puis. Tantôt on écrit d'un seul
mot, comme ici, tantôt on sépare Vé initial.
Lille, et péc. Lyon., pouai, poué. Poit., apeu. Prov., apci/.
St-Am., pi. Saint., et peux. Sav., e poué. (V. Peu.)
Épeûiller, V. intr., éclore, en parlant de l'herbe qui sort de
terre, des bourgeons qui se montrent.
Toul., espeli. (V. Epûijcr, Trésir.)
Épeûler, V. tr., appeler : (( Qu'é c'que t'as donc dans la
caboche, de n'pas v'nî? V'qui trente six foués que
yVépeùle! »
Lat. et Ital., appcllarc. Bourg., cpelai, epeulai, aipelai ,
Lim.., opeler. Prov., appelar. Vx. fr., apclcr, appeller.
Epeiine, s. f., épine. On applique aussi ce mot à la grosse
arête de poisson.
Lat. et Ital., spina. Berry, épeignc. Bourg., épcigne, épcne.
Bresse, épeune. Fr.-Cté, apeune. Lim., épino. Morv., épeune.
Prov., espina. Rouch., épène. St-Am., cpëna. Toul., espinas.
Wall., sipeinn. Vx. fr., espine.
16
154 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNALS
Épeùrer, V. tr., épurer, faire sortir l'eau d'un objet mouillé,
égoutter : (( J'nous sons métues à l'tord'e, épeii j 'avons ben
épeùré i'iinge. »
Berry, è[icurcr, pnrer. Fr.-Cté, èpoucri, épounta. Guern.,
purair. Lang., espâouri. Morv., cpcurer, èpouéri. Norm.,
piirci\ puroter, èpouver. Pic. , cpeuter. Prov. , espaoavir.
Suiss. r., pouairi, épouaivi. Vx. fr., espurer.
Épiïer, V. intr., épier, monter en épi.
Ital., spigare. Berry, cpirjer. Montr., èpeudre. Poit., èpigé.
Prov., espigar. Rom., ospigar. Toul., espiga. Vx. fr., espier.
Épingue, et Epiône, s. f., épingle.
luSit.jSpinula. Ital., s/)i7/o. Bourg., èpindlc. Cliamp., èpUngue.
Fland., èpciane. Fr.-Cté, épcing/ie. Genev., épingue. Guern.,
épile. Il.-V% èpille. Lang., espingo. Lille, épeinnc. Lim.,
éypïnlo, égpïngo. Mac, èpaiiiglie. Morv., épingue. Norm.,
cspèche, affique. Pic, épicule, épiule. Prov., cspingla. Rouch.,
cplinquc. St-Am., épènlge. Toul., espillo, csplingo. Vx. fr. ,
espille, espingle.
ÉPLÈuë, s. f., étincelle, point qui brille subitement.
Bourg., èpluc. Bress., éprue. Champ., épeleure. Dauph.,
cipelut. Forez, bèUœc. Fr.-Cté, âplue, èplue, épclue. Jura,
éprille. Lang. , belugo. Morv. , èpluë. Norm., berluette,
beliicttc. Prov., béluga. Sniss. v . , épèlua, épelura. Toul., belugo.
Wall., blaicette. Vx. fr., èpluc, espelue, cpluctte. (V. Epvu'ic.)
Épleûer, V. intr., étinceler, briller tout à coup.
Bourg., éplcué, épluai. Fr.-Cté, àpluev. Lang., bélugucja-
Morv., épluer, épluier. Prov., bclugar. Saint., bcrluter.
Suiss. r., épclua.
Épôfer (s'), V. pr., s'époufîer, pouffer : « 0 disôt tant
d'bétises, que j'nous épofions d'rire. »
Bourg., s'épojfitl. Rouch., s'époufer. Vx. fr., s'csbofcr,
sesbou(fer.
Épômôner (s'), V. pr., s'époumoner, trop parler, crier tort.
Rouch,, s'èpomoner.
Épôrter, V. tr., apporter.
Lat., apportare. Bourg., cpotai. Lorr., épôté. Prov., aportar _
Vx. fr., aportcr.
LANOAGE POPULAIRE VKRDUNO-CIIALONNAIS 155
Épôs, ôsse, adj., ôpais, lourdaud.
Ital., spesso. Bourg., cspoo. Moi-v., espoo. Prov., cspes.
Wall., spcs. Vx. h-., cspes, c.spels, cspais.
Epùssî, V. tr., et intr., épaissir, prendre du corps.
Ital., spcssare. Bonrg-, nipôssi. Movv., épossi. Prov., es-
j)cissar, cspicssar. Vx. fr., esprisscr, espcsscr.
Épotalets, s. m., hautes échasses : « 01 é fin hébile; avou
ses épotalets ô côrttôt cment d'avou ses pieds. »
Chai., pantalets. (V. Ensaches.)
Epoussoter, V. tr. , épousseter légèrement.
Wall., èpoùsetcr. Vx. i'r., cspoussetcv.
Époustaler, V. tr., chasser, pourchasser : « Qu'é c' que t'
fais iqui, ch'ti crapiau ? Attends, j'vas \' époustaler. »
Époutî, V. tr., écraser, aplatir : « J'ni'é épouti l'dèt d'avou
mon martiau. »
Lim., èt/poû(i. Tonl., csponti.
Épràs, prép., après : k 0 s'é métu dans eùne jolite al'àre !
Epras c'qui, qu'é-c'qu'ô va d'venî ? »
Ital., appresso. Berry, auprès. Bourg., aiprc. Lorr., cprè.
Pi'ov., après. Vx. h\, emprès^ âpre.::. (V. Après.)
Épràter, et Eprôter, v. tr., apprêter, disposer, préparer.
lta\. , apprcstare. Bourg., cprôtai, éprétai, aiprôtai. Lorr.,
cprôté. jMorv., aiprôter. Prov., aprcstar. Vx. fr., aprcstcr,
a pp rester.
Eprende, V. tr., apprendre, enseigner.
Ital., apprendere. Bourg., èprare, cpâre, aiprârc. Bresse,
nprandre. Lorr., eprandre. Prov., aprendre., aprener, apcnre,
Vx. fr., aprendre, apcnre.
Épris, adj., appris, élevé, en parlant d'un enfant, d'une
personne : (( 01 é, ma fi, bon épris; o dit bonjor à tôt
l'mondo. »
Bourg., aipri, épri. Bress., apraip Lorr., èpri. Vx. fr.,
apris.
Éprôche, s. f., approche.
Ital., approccio. Bourg., cprucJie, cprùchc. Prov., apro-
chf. Vx. fr., approche.
156 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Éprôcher, V. tr., approcher.
Lat., approximare. Ital., approcciarc. Bourg., èprôchai,
Prov., apropchar, apropjar. Wall., apvèp'i. Vx. iï-.,aproecier.
approchicr, aproicr, aprcuc/iicr.
Eprôprî, V. tr., approprier, tenir propre, nettoyer.
Lat. et Ital., approprlare. Berry, appropéïr, appropsir.
Moi'v. , aipropri. Prov., aproprlav. Vx. fr., apropricr, appvo-
prer.
Éprûïe, et Eprùle, étincelle. Quand on tisonne la bûclie, on
en fait sortir des (( éprûïes. »
Montr. , cpreutUc. (V. Êplcûë.)
Épruleû, s. ra., fruit du sorl>ier. (V. Épereau.)
Épûyer, V. intr., éclore. Ne se dit qu'eu parlant des
œufs d'oiseaux. (V. Épeàiller.)
Équiter, V. tr., acquitter, tenir quitte.
Bas-lat., acqtdtare. Morv., aiquiter. Pvov. , aquitar. Vx.fr.,
aquiter, aqiicr, aquitier.
Érang'ment, s. m., arrangement, combinaison.
Bourg., airangetnan.
Éranger, V. tr., arranger, terminer.
Prov., arengar, arcngar, arrenjar. Vx. fr., arciiger, ar-
rangier, arcngier.
♦■
Ér.vte, s. f., arrêt, répit : « D'avou toué, on n'a pas eùn
p'tiot moument d'éràte. »
Ital.. arresto. Genev., èrâlc. Prov., arrest. Vx. fr., arrest,
arest.
ÉrAte, s. f., arête, épine, mainte chose piquante.
Ital., r es ta. Movv., fiir-ôdc.Na.m.,èràsc. Pvov. ,'arisia.'yVaU.,
(irirse, ricss. Vx. iv., arcsie, arrcste. {Y . Epcùiic.)
Érâter, V. tr., arrêter, empêcher, faire obstacle.
Ital., avrcstarc. Bei-iy, airlcr. Bourg., cri-tai. Movv., aivtcr.
Pic, id'tcr. Prov., ai-r<'sUi7\ arcsiar. Vx. fr., aresfer, arrcs-
tcr. (V. Empocher.)
Érécher, V. tr., arracher, enlever de force.
Lat., exracUcare. Lorr., èrèchi. Prov., araigur, arai;ar,
arasignur. Vx. fr., csrachier, csraccrer, arnc/ticr.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 157
Érhes, s. f., arrlios.
Lat., arrha. Ital., arre. Berry, alrrlics. Genev., airrhcs,
crrhes. Pic, err/ie. Prov., arrus. Kouch., erres. Wall., aires.
Vx. fr., arrcs, erres, ares.
Ériaule, s. m., érable.
Lat., acer arbor. Berry, arabe. Bourg.. ô.serau(e. Fr.-Cté,
isei'aiile, eu^eraulc. Genev., iscrablc. Morv., criaule, ouriaule.
Nain., ataub. Prov., arabre. Wall., aioabe. Vx. fr., érable.
Éricôt, s. m., haricot.
Morv., ericot. (V. Faviùle.)
Éricôt, s. m., souci, tracas, ennui, inquiétude.
Bourg., airirjo.
En cherchant l'étymologie de « boire à tire-larigot »,a-t-on
songé à Vairi(jô bourguignon ? 11 donnerait une solution bien
naturelle : boire jusqu'à chasser l'ennui. On n'impose pas l'idée,
mais on la propose.
Éricoter, V. intr., haricoter, chipoter, faire des difficultés.
Bourg., airifjôtai. Morv., hargoter, haricoter.
Éricotoû, adj., difficultueux, tracassier.
Bourg., airigôtou. Norm., haricotier. (y.Éri(/noâ.)
Érignoû, adj., querelleur, hargneux.
Berry, Aar^y/ic (querelle). Bourg., c'raf</nou. Morv., airaiijnaii.
Vx. fr., hargne, hcrgne, herne (mauvaise humeur). {V. Érico-
toû.)
Érisipère, s. f., érysipèle.
Ital., risipilo. Prov., cri^ipila. Wall.^ rèc-ipcl. Vx. fr.,
Iierisipillc, ertjsipele.
Ériver, V. intr., arriver, parvenir.
Ital., arrivare. Berry, anricer. Bourg., arrivai, crrioé. Lorr.,
crici. Prov., aribar, arivar. St-Am., arecé. Vx. fr., aviver,
Érivage, s. m., arrivage.
Bas-lat., arripaticum. Morv., airrioaige. Vx.fr., arrivaige,
urioage.
Éroûser, V. tr., arroser, aussi bien les fleurs que le gosier.
Lat., ad ras. Berry, ccrrouser, enrouser. Bourg., érô^ai.
]Morv., airouser, aronher. Pic, arouser. Prov., arrosar,
158 LANGAGE POI^ULAIRE VERDUNOCIIALONNAIS
arrosai'. St-Am., areu;c. Wall., arrouser. Vx. fi"., arrouscf,
aroser.
Errière (en), loc. adv., en arrière : (( Mon diâbe de ch'vau,
ô va tôjor en errière. »
Lat., ad rétro. Berry., rière, en airière. Bourg., arcirc.
Genev., en errière. Pic, en errière. Prov., areire, areijre,
arreire. Wall.;, cri. Vx. fr., arere, ariere, errière.
Ertùson, s, m., artison, teigne, mile, ciron. Les bois, les
étoffes, les livres en sont rongés : (( La poutrôle a craqué;
allé étôt dévorée par les ertùsons. ))
Bourg., arioisin. Forez, mite (acarus du fromage). Morv.,
artouè^on. Vx. fr., artuison, artuson, arte, artre.
Es, prép,, aux : (( Le p'tiôl Dodiche s'en va-t-es champs. »
Morv., es. Vx. fr., as, ans. (V. En.)
EscALiBÔT, s. m., châtaigne épineuse, mâcre flottante, châ-
taigne d'eau, dont l'enveloppe est entourée de pointes très
piquantes. On la partage avec la lame du couteau, on en
sort la chair farineuse, aqueuse parfois, et on les mange
par passe-temps en se promenant, surtout en allant aux
foires. — J. Guillemin la nomme ca//6o, et cite Marchangy
qui l'appelle caillebote. Ce dernier ne connaissait donc pas
les « caillebotes » saintongeaises? Le docteur B. Gaspard,
de Montrèt, transcrit calibot, signifiant « corps dur comme
mâcre ». (V. Cabache.)
EscARBOuYER, v.lr., écartcr, étendre, éparpiller, disséminer:
{( La bise souflôt c'ment l'diâbe; allé escarboar/ot les
fetîyes beùrotea au long d'ia place. »
Vx. fr., escarbouiller (écraser). (V. Éerabouijcr.)
EscARGuiN, s. m., escargot. Quand les enfants prennent un
escargot, ils lui chantent, en le tenant par la coquille :
Escar(juin,
Escargot,
Montre-moi tes cornes.
Je f enseignerai
Ton père et ta mère
Qui sont su la Saône,
Qui fesont des gaufres:
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS IbO
T'en auras ta part
Aussi bea qa'les autres.
Escarguin,
Escargot!
Ce couplet a de nombreuses variantes. Nous en avons
cité plusieurs dans la Retme des Traditions populaires.
St-Aai., escanjou. Sav., Icinacc. Toul., escagarol. Vx. fr.,
escargot,
EscARMOUCHER, V. iutr., synonyme comique d'étarnuer. (V.
ce dernier mot.)
Escarpin de bôs, loc, sabot. (V. Esc-lot.)
EscÀYER, s. m., marche : « Monter les escùjjers. » On monte
les marches de l'escalier.
EscLÔT, s. m., sabot.
Ardèc, esclot. Auverg., csclop. Bourg., esclot, Dauph.,
esclop, aiclop, ciclop. Forez, csclop, èclot. Lang. , csclo, esclôp.
Lorr.,.so6o. Lyon., éclot. Midi, csclop. Morv., esclo. Puy-de-D.,
esclot. Rouerg., esclops. St-Am., cabcù. Toul., csclop., esclou-
pet. Vx. fr., esclos, csclop, esclot. (V. Escarpin de bôs.)
EscROPioN, s. m., scorpion. Ce mot a dû être d'abord escor-
pion, puis, par métathèse, le mot actuel.
Lat., scorpio. Ital., scorpionc. Berry, escorpion. Montr.,
cscorpion (chrysalide du gros papillon.) Prov., escorpion.
Vx. fr., escorpion, scorpiun.
Espérer, v. tr., attendre, craindre : « ye.spèrons la mâre-
grand', qui doit v'ni tantôt. » — « 01 é mau ; ôl espère la
fieîîve. »
La.t.,spcrare. Bei-ry, espérer. Lang., csperar. Lyon., espcrar.
Norm., espérer. Prov., csperar. Wall., espérer. Vx. fr.,
espeirer, espoirer.
Esquinter, v. tr., fatiguer, épuiser, exténuer : « J'n'en peux
pus; j'ai tant fait d'chumin, qu'je m'sis esquinté. »
MovN. ,csquintcr.^oi'm.,csquaintcr. Prov., esf/atn('«r. Wall.»
esquinter.
EsQuiÔMÔ, s. m., bizarre prononciation locale de: Eccehomo,
personne à la figure immobile, atone, maladive, et volon-
160 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
tiers pauvre d'intelligence : « Ma fi ! ô n'sait ni entend'e,
ni dire; ôl é là, c'ment c'qui, ...y et eùn vrâ esquiômô. »
EssAPER, V. tr., enlever l'humidité d'un linge mouillé:
(( Maugré l'vilain temps, not'bué é jâr ben essapée. » Le
mot ne signifie pas complètement sec, mais encore un peu
bumide.
EssETER, V. tr., asseoir. Plus souvent pronominal.
St-Am., cheté. (V. Cheàrter.)
EssEÙRANCE, s. f., assurancc, sécurité.
Movv .^ alsscaraiice. Vx. fi'., asseurancc, asseurcment.
EssEÙRER, V. tr., assurer, affirmer.
Ital., asseeurare. Bourg., cssurni. Morv., aisscnrcr. Pic,
asseurcr. Prov., assegurar. Vx. fr., asoûrer, asseûrer.
EssiSTANCE, s. f., assistance, secours.
Morv., essistancc. Vx. fr., assistance.
EssoPER (s'), v. pron., se heurter, se butter par inattention
les pieds contre une pierre, un morceau de bois, et man-
quer de tomber : « I m'seû essopé cont'l'escàyé d'ia Glau-
dine; i m'seù fait bé mau. »
Merv.,, êcheper.
EssouMER, V. tr., assommer, ennuyer à l'excès.
Ital., assomarc. Morv., aissoumer. Prov., assomar,asoiJiar.
Vx. fr., asomer, asomincr.
EssouRDiLLER, et EssoRDiLLER, V. tr., assourdir, fatiguer les
oreilles : « V'tu ben pas tant couiner; f m'essourdilles. »
Lat., exsurdare. Ital., stordire. Berry, assoj'dir, assourillcr
(écouter avec attention). Forez, cssourlie. Genev.. essourdeler.
Lang., elssourda. Lyon., essor li. Morv., aissorder, aissoit-
riller. Prov., aissouvdir. Toul., cissoiwba. Vx. fr., essourder,
assourdir .
Esteûle, s. f., paille.
lidkX., ètoppia. ^QMvg., ècaule, ètoule. Norm., ètau. Prov.,,
csiobla. Wall., steûl. Vx. fr., estuble, esteule. (V. Etoule.)
E-STOC, s. m., coupd'œil, esprit, intelligence, jugement.
Ital., s^locco. Genev., es^oc. Lorr., estoc. Prov., estoc. Vx.
fr., estoc. {N . Jugeote.)
LANGAGE l'OPULAIRIi VERDUNO ClIALONNAIS 161
EsTOUMÀ, S. m., estomac, poitrine : « 01 a pris cùn chaud-
frèd, êpeu rrhcûrae li a tumbé su Vestoumâ. »
Bourg., cstcuinâ. Morv., asioinac, asioniac/i. St.-Ani., cs-
touinà.
EsTRANGOuiLLER, V. tf., étrangler, comprimer.
Lat., sirangularc. Ital., àtrangoU(fc. Morv., ètroinijuicr.
Pic, ètrancr. Prov., estringular, slrdinjlar. Rouch., esiriii-
guler. St-Am., ètrcli/ë. Wall., sic roue. Vx. i'r., csiraiifflcr,
estranler.
EsTREÙPi.siE, s. f., liydropisie.
Bourg., cslreupulc. Vx. fr., idrophie, jjiro/iire, hi/drupcsie.
E.STRONGEON, et EsTuoNJON, S. m., esturgeon. Est surtout
employé au figuré pour critiquer, — à tort, — la petitesse
d'une personne ou d'un animal. L'esturgeon étant d'un
gros format, par quelle bizarrerie sert-il de point de com-
paraison avec un être chétif et petit ? Par antiphrase, sans
doute : « Va donc, espèce à'eatrongeon! »
Ital., siorionc. Morv., eslfuiigeoii (avorton). Vx. fr., cstur-
gon.
Étaiche, et Étécue, s. f., attache, cordon, agrafe, etc.
Berry, ùtaclic. Bourg., ailèche. Morv., aitaichc. Pic,
attakc. Prov., aiiacha. Wall., atèche (épingle). Vx. fr.,
atache, cstachc.
Étaigher, et Étécher, v. tr., attacher.
Berry, ciacher. Bourg., ciaic/tc. Lille, at(i(/iu'.r. Lim.,
églachas. Morv., aiiaicher. Pic, aikikcr. Prov., aliachar.
Vx. fr. , atacher, atachicr, esiachcr.
Étendre, v. tr. , attendre, être prêt : « Dépôche-te; le fricot
nous étand. »
Lat. et Ital., attendere. Bourg., éta/ire, ctandre. Prov.,
atendre. Vx. tw^atetub^e.
Étarnuer, v., intr., éternuer.
Lat., sterimtare. Ital., staniatarc. Berry, étourncr. Bourg.,
ètarnuè. Morv., éiarimer. Prov., cstovnudar, cstrunidar . St-
Am., étarnei'è. Sav., ètarni, ètarnâ. Toul.^ csiournuda.
Wall., stieriii. Vx. fr., estevnucr. (V. Escar/noucJwr.)
162 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
États (être dans tous ses), loc, situation affairée, tourmen-
tée, tumultueuse : « La bigre ! âll' va s'marier; aussi âlle^
dans tous ses étais. »
Genev., même locution.
Étau, s. m., dessus de l'ancienne entrée extérieure des caves.
Les portes de ces caves étaient inclinées à 45 degrés, et,
sur l'épaisseur des murs triangulaires qui en soutenaient
les gonds, garçonnets et fillettes grimpaient pour atteindre
le sommet. Ce sommet, c'était VÉtau, pierre horizontale
sur laquelle les jeunes joueurs se dressaient, se tenant par
les mains et chantant des chansons. « V'nez gravicher su
Vétau ! » criaient les intrépides. Et ils montaient.
Celtiq., èteo (grosse bûche). Pic, é^a«(souche morte).
lu'étau, était-il formé anciennement d'une souche équar-
rie et poséeàplat? C'est possible. Ou, laissant cette hypo-
thèse, faut-il rapprocher étaa d\Haule, en supposant une
ressemblance entre les dessus de caves et les seuils
d'étables ? Voyons encore :
Bourg., étau (table de boucherie).
C'est notre étal. Il est probable qu'à un moment donné
les bouchers étalaient leurs viandes sur la pierre, sommet
de l'entrée de cave, laquelle pierre aura, de là, pris et
gardé le nom à.' étaa.
Ital., stallo. Lorr., eitauque. Prov., estai, estau. Wall., sta.
Vx. fr., estai.
•Étaû, adj., surpris, étonné, stupéfait : « De c'qu'ô m'a ra-
conté, voué-tu, j'en pouvô pas r'veni ; j'en seû rasté tout
étaù. ))
Bourg., étau, étuiï. Wall., estcnè, cstonè. Vx. fr., cstunè,
càlonè. (V. Ebahi.)
Étaule, s. f., étable, écurie. Dans notre littérature popu-
laire, il n'existe presque pas de Noëls où il ne soit ques-
tion de Vétaule, où bergers et villageois se rendent pour
adorer le Saint Poupon.
Lat., stabulum. Berry, étaule, ètoule, étabe. Bourg., étaule.
Biess., étohlo. Dauph., établo. Fr.-Cté, aitaulc. Lim., eitable.
Lorr., étàbe. Mac, étrobiie. Pic, étaule, étale, ètace. Prov.,
estable. Rouch., étaule'.' Tonl., estable. Wall,, stâf. Vx. fr.,
estable.
LANGAGE l'OPULAIKE VERDUNO-CllALONNAIS 1G3
Été, V, aux., être, appartenir.
Lat., es,->c. Ital., csàcrc. Bourg., ùlc Morv., clc. Prov., C6àer.
Sav., csrê. Vx. h'., cslfc.
Éteinde, et 1]tuindk, v.tr., éteindre.
Lat-, oxtingucra. Ital., estinfjiicre. Bourg., cti)indt\ Piov.,
t'sicn/ier, eséeiii;jc'-. Y s., t'r., cstaiiidrc, extaindrc, càtcui<lre.
Éteindoir, s. m., êteignoir.
Rouch., ùtciio.
Éteindii, et Étoindu. part. iVéteindc.
Bomg. , ctoiltilUi. Fr.-Çté, ditcndu. Murv., ùioimla. Prov.,
estetiKiu. Roucli., èii/u/a.
Ételle.s, s. f., éclats de bois, gros copeaux en lamelles, déta-
cliés par la hache des troues et poutres (|u'on équarrit.
Elles servent au chauffage.
Lat., hasiclla. Bourg., étùle. Daiipli., eitello, eltcla. Forez,
ctclla. Fr.-Cté, altellc. Isère, cite/a. Lille, èqucttes. Lorr.,
(JteUc. ^Lune, atc.Uc. Montr., ctc/lcs. Morv., ((tùlc. Nam.,
astalc. Norm., atcKc, /ial,'l. l'rov., asieUa, asicla. Suiss. r.,
claH((, cIcUa. Toul., cstclo.-i. Wall., esiiiJa. Vx. fr., aslelc,
asielle.
Etention, s. f., attention, soins, ;ij)plieation.
Morv., èteiition.
Étention, s. L, intention, volonté.
Morv., èlcailon.
Eteùrne, s. f., étrenne, non celhi du jour do l'an, mais la
première vente faite, la première aumône reçue : (( Dion
bénisse la main qui m'éteùrne! » dit toute marchande en
se signant dès qu'elle a vendu son premier objet.
Lat., strcna. Ital., streniia. Prov., estrc/ina, cslrc/i/ia. 8t-
Am., ètvcnna. \A^all., stfciim. Vx. fr.^ estreg/ie, càiruinc,
cstrine.
Éteùrner, V. tr., étrenner : (( Éteùmez-moi , mon bon
mossieu, » vous dit la mendiante en vous tendant la main.
Et, si vous répondez à sa demande d'une façon afliimative,
elle embrasse le sou que vous lui doni>ez, en vous disant:
(( Dieu vous l'rende! )) ,
Prov., cstreiiar. Wall., strinc. Vx. fr., cstrcner.
164 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Etifer, \-, tr., attiffer, parer avec affectation.
Mon-., aitifev. Vx. fr.. atuffcr, afifcr.
Étiver, V. tr., faire tremper la lessive dans l'eau de cendres.
Corruption de : étuver.
Monti'., Hiccr. Prov., csttibar, stuvar. Wall., sitoncè. Vx.
fi"., cstuvcr.
Etoile (faire), loc. employée par les jeunes patineurs.
Pendant la période d'apprentissage, on ne garde pas très
bien son équilibre, et, toutes les fois qu'un commençant y
va de son derrière, la glace ploie sous le choc et s'étoile.
Alors les camarades de rire et tous d'arriver, leur casquette
à la main, et de simuler, à tour de bras, un ironique
balayage de la place étoilée, en se livrant, mais sans fiel,
aux plus cocasses formules.
Étômi, adj., lourd, engourdi : « R'mue-te donc; t'as l'âr
d'ein vrâ étomi. »
Bress., ècomi.Nonn., untoini. Pic, cntomhi. Kowch.., atotnie
(maigre). Wall., étomhi
Étouner, V. tr., étonner, surprendre.
Bourg., cloanai. Wall., cstciicr, estoner. Vx. fr., csloncr.
Étôpe, s. f., étoupe, filasse pour attacher à la quenouille.
Lat., s^«</)/>«. Ital., s^o/)/)a. hyoïi., étopo. Morv., étape. Prov.,
estopa, stopa. Wall., sitop, stop. Vx. fr., cstoupe. (V. Etou-
piau.)
Étordî, V. tr., étourdir, importuner.
Ital., siordirc. Bourg., iiodi. Norra., àtaudi, èiauL Prov.,
stofdir. Vx. fr., cstordir, cstourdir. (V. Elourdi.)
Étôt, imparf. du v. été, était : « 01 étbt bé brave. »
Lorr., atôt., otot.
Êtou, adv. , aussi, pareillement.
Montr., ctout. Morv., ctou, ouchi. (V. Atou, Itou.)
Étoule, s. f., éteule, chaume : « Dans l'pays, les couverts
des mâïons sont t»ut en étoule. »
Lat., stipulai. Ital., stoppia. Berry, ùtrouhle. Bourg., ètoules,
cteulcs, csteulcs, étaules. Chatil., ètrouhles. Dauph., ectoublo-
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 165
Genev., ctronblc. Liiu., èf/tuuillas (cliamp de blé). Morv.,
ètoide. Novm.. ctoi(lCyèioab[c,è(au.PiG., èlculc. Prov., cstohla.
Toul., rastoul. Vend., cstouhic, cstculc. Wall., sieûl, ètcule.
Vx. fr., csioublc, cstablc. (V. Etroable.)
Étoupi, part., étoupé, éteint, bouche : « L'feù î'Xêioupi. )>
Ital., stoppato. Morv., ctotipi. Pic, Houpé. Wall., s/opê.
Vx. fr., estupé, estouppù.
Étoupiau, s. m., étoupe. (V. Étape.)
Étoupon, s. va.* bouchon fait d'étoupes, de filasse, de linge,
de paille, etc.
Berry, étoupon. Flandr., ètoupèlc (bonchoir de four). Forez,
étoupon. Guern., étoupon (bouehoir de four). Morv., étoupon.
Norm., etoupas (bouehoir de four et fagot de broussailles).
Etourniau, s. m., étourncau, garçon léger, étourdi. « T'ét
eùn fameux ctoàrmau, va! »
Lat.^ sturnellus. Ital., stomcllo. Berry, ètourgnenu. Prov.,
cstornclh, cstorncu. Vx. fr., cstornel, cstoumcau.
Étranger QuÉQu'uN, loc., le traiter en étranger, lui vendre
plus cher qu'à une pratique habituelle : « Ah! ben voui!
ô m'a brament étranrjée! »
Être FORCE, loc., être d'obligation : « Que v'iez-vous ! jjé
ben force que j'y fasse. ))
Étrèt, adj., étroit, borné, resserré.
Lat., strictus. Ital., strctto. Berry, ètret. Morv., étrei(_
Prov., cëtreg, estreit, estrcch. St-Am., étt-d. Wall., sitrcu.
Vx. fr., estrei-, estreit, estroit., cstroirt.
Étrouble, s. m., blé coupé, dont il reste assez de paille
toutefois pour que le chanvre et le sarrazin sècl;ent sans
trop toucher terre ; chaume, champ de blé moissonné. « Le
chanvre, après avoir été roui, est séché sur l'é^7'o?<^/e. » —
(( Sarrazin d'éi rouble.^, c'est-à-dire semé sans engrais ni
labours préliminaires. » Le Verdunois dit plus volontiers
Étoale. On connaît ce conseil agricole, sous forme de
proverbe :
A la Saint-Martin (4 juillet),
Sème ton 8arra::in.
166 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Lat., cstolilar/iiim. Ital., stoj'pia. Berry, ctrouhle. Bourg.,
r'tiutle, éioulc. Forez, rctronblo. Genev., éironble (eau trouble).
Isère, eitoublo. Lim., ci/iotiillo. Lori"., ètouhlc. Lyon., étroblo.
Midi, restoablo. Montr. , ètrublle, étniblliou. Norm., ètos,
étoublc, ètau. Poit., rctcuble, rciublie. Prov., csioabloun,
cstobla. Sav., ctrœubla. Suiss. r., ùlraiiblle. Wall., steûl.
Vx. i'r., cstitble, cstculc. (V. Étoale, Freti.)
EU, s. m., œuf.
Lat., oous. Ital., uoco. Berry, œu. Bourg., c?g Jura, n. Lim.,
//«?7. Lorr., ?', «, ien. Morv., œa. Pic, né. Prov., tioii, oc, uod,
rictf. Rouch., né, wè. Sav., coquet. Toul., i/oort. Wall., où.
Vx. fr., uej] oef, cuf. (V. [/.)
EÛJON, s. m., oison, au propre comme au figuré.
Lat., auca. Borry, oc/ion, oi/oii. Bourg., ô^roa. B ress., 0//0/;.
Pic, CKSon. Vx. Ir., oi/soii. (V. Oifon.)
EÛLEVER, V. tr., élever, instruire, éduquer.
Lat., lecare. Ital., clccare. Morv., cnlrcr. Prov., r.slecar.
Vx. fr., cslcvcr, clleccr.
EÙN, EÙNE, adj., un, une.
Lat., unus. Ital., iiiio. Berry, icu/i. Bourg., rin, ciiii. Il.-V,
euti, iun. Lorr., can. Morv., t'ii. Norm., ciin, Pic, ein. Prov.,
tins, M.s', u. Rouch., etin. Sav., ion, iena. Wall., on, onk. Vx-
fr., nns, un;j . (V. Ein.)
EûvRE, S. m., filasse, chanvre adapté à la quenouille pour
être filé. Filer était l'œuvre par excellence des femmes. On
disait de la Romaine laborieuse : Lanam texH. En Bour-
gogne, nous avons le proverbe : « Avouer de Veûvi'e à sa
quouneille. » — Les peigneurs du Bugey convertissent le
chanvre en trois espèces d'œuvre : teillons, tètes, f/rands
cœurs. (V. ces trois mots.)
Bourg., euovc. Fr.-Cté, onëcre. Jura, œncre. Montr., œuvre.
Morv., œuvre. St-Am., eùrra. Suiss. r., œucra.
ÉVAiRRR, etEvÈRER,v. tr., elîraycr, chasser, mettre en fuite.
Bas-lat., varare. Berry, courte. Bourg,, coairai. Forez, éca-
raclti. Montr., èoerrcr. Morv., ci'airer. Vx. fr., esaerer. (V.
Lou-Doirou .)
Le Bourguignon a oairai pour : varier, et applique ce mot
LANGAGE POPULAIRK VERDIJNO-CHALONNAI S 167
au grain du raisin quand celui-ci, gonflé, passe du vert au
rouge :
Le dur raisin se gonfle et la (jr unie ourle (J. Durandeau).
ÉvANCE, s. f., avance : a Oh ! j'ériv'rai prou; j'ai d'Yéuance.
Morv., awolnr/e. Prov., aoaiisa. Vx. fr., avance, adoancc.
ÉvANCER, v.tr., avancer.
Ital., avianzare. Bourg., èvancè. Dauph., acangler. Maine,
aoanger. Morv., aiooinger. Poit., avaingcr, aioonji. Prov.,
aoan^ar. Vx. fr., aeancier. avanger, acloanccr.
*■
EvANTURE. S. f., aventure, événement.
Ital., acnentura. Bourg., aioantare, aidoenturc. Prov.,
aventura. Vx. fr., adocnture.
ÉvÀRER (s'), V. pron., s'égarer.
Bas-lat., uarare. BQvry, égairer, engairer. Bourg., s'éeaîrai.
Chatill. , s'èvarber.Wall., éicarêr. Vx. fr., csguarcr, csgarcr.
ÉvARTiR, V. tr., et intr., avertir, faire signe.
Lat., adoertere. Ital., aovertire. Bourg., èoarti, cpati. Morv.,
aioarti. Prov., avertir. Vx. fr., adoertir, adoertyr.
ÉvARTissEMENT, S. m., avertissement, signal.
Ital., amertiinento. Bourg., èeartlsseman. Morv., ainartis-
semcat. Prov., acertimcn. Vx. fr., adpcrtissement.
ÉvAu, adj., profond. (V. Avau.)
ÉvAULER, V. tr., avaler, mettre en bas, et aussi manger avi-
dement.
Bourg., ciiaulal. Vx. fr., avaller.
ÉvERMOucHE, S. m., cliasse-mouclies, filet spécial, généra-
lement employé, jadis, par tout possesseur ou conducteur
de chevaux, et des plus efficaces pour éloigner les mouches.
La bête en avait sur le front et tout autour des flancs. Le
travail en était ingénieux, d'une coquetterie simple et d'un
effet très pittoresque.
Lat., oarare inascas. Bourg., èoaire-inôehe. Il.-V', êmoucher
(chasser les mouches). Midi, paramouchc.
ÉvEÛGLÔTE (à r), loc., à l'aveuglettc, à tâtons, à travers
l'obscurité: « La pauv'fonne ! âll' ii'é point hureuse; âll'
168 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
n'a ran, épeû âll' va à réveùglbte » (Dans cette loc. le ^^
reparaît).
Morv., aioeughiotte, awcidllottc. Pic, à Vaiiuglette. (V-
Aiseûglote.)
ÉvEÙiLLiE, s. f., liseron sauvage, qui a de profondes racines
et multiplie avec ténacité dans les allées des jardins :
« Quasi tous les maitins, à c'te éDeuillie, j'ii fais la guàre
d'avou mon coutiau ; pas moins que l'souér j'en vois d'jà
la tête parcer l'gravier. »
Louhans, aveuilbj.
ÉvEÛLE, S. m. , aveugle.
Ital., avocolo. Bourg., éceugle. Flànà., acule. ^nra,, ave uillo.
Lille, avale. Lorr. , cceule. Morv., aioeughie. Pic, avetde,
anale, avagle. Poit., aoeille. Rouch., aceule. Wall., accule.
Vx. fr., aoagle, anale, acegle, aicgle. (V. Aoeûle.)
ÉvEiiLER, V. tr., aveugler.
Berry, aoeailler. Bourg., èceuglai. Morv., aiveughier, ai-
veuiller. Prov., avogolar. St-Am., avulgë. Vx. fr., aoagler,
avaler. (V, Aceâler.)
EvEÙRDiN, et EvEiàRDON, s. m., caprice, lubie, idée subite,
action inattendue et instantanée : « Depeù qu'allé et amou-
reuse, âir ne sait pu c'qu'âir fait; aile a les éveardins. »
Pourmit venir de s'éoarer.
Poit., ccredon. Saint., èceardin. (V. Vcàrdin.)
ÉvEiàRLucHÉ, adj., dépeigné, ébouriffé.
Morv., èvoarlact'. (V. Eboarlfler.)
Évis, s. m., avis, conseil : « M'ét éois que... » — « J'sons
prou à.' éois.. . »
Lat., visam. Ital., aociso. Berry, èols. Bourg., aivi. Morv.,
aicis. Prov., avis. Vx. fr., adois.
ÉvisER, V. tr., aviser, conseiller.
Ital., avoisare. Bourg., èoizai. Morv., aiviser. Pic, adviser,
awisier. Prov., aoisar, aoi^ar. Vx. fr., avisier, adviser.
ÉvoiLLER, V. tr., éveiller, appeler l'attention.
Lat., ecigilarc. Ital., svegliare. Morv., évoiller. St-Am.,
écebjë. Prov., esoelhar, esceillar. Vx.vfr., esveillcr.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 169
ÉvoNS. 1'" p. ind. pr., avons : « V'tu v'nî à la fête? réoons
prou l'temps d'iious ébuyer. ))
Vx. fr., ècons.
Évoù, adv., de 1., où. Tantôt une contraction enlève à un
mot une ou plusieurs lettres; tantôt, au contraire, le mot
s'amplifie d'une ou de plusieurs lettres redondantes. Voit,
écou, fournissent un exemple du dernier cas : « H'évoù
qu'te d'veins ? »
Lat., ubi. Ital. ooe. Berry, uo», èoou. Bourg., toù. Prov., o.
Vx. fr., u, oui.
Évou, adv., avec. (V. Avou.)
ÉvourAcher, V. tr., brouiller, mêler.
Bourg., édourdchai.
Évu (j'ai, ôl a), passé indéf. d'acouér : « J'ai éou mon mour
ciau; ôl a évu l'sien. Y é d'aicord. »
Il -V*, oyu. Rouch., eu.
ExEMPE, s. f., exemple. On entend souvent : « Oh ! por
exempe! »
Sav., esemplo.
ExEiàpRÈs (par), loc, exprès : « J'y ai pas fait par exeù-
près. » Cette locution (par exprès), qu'on doit éviter, n'est
point une faute, mais seulement un archaïsme. [Ecseùprès
représenterait mieux la prononciation.)
Genev.,/)ar exprès. Prov., exprès. Vx. fr., exprès.
Fâbe, s. f., fable, récit douteux. Se dit maintenant plus cou-
ramment (\\xQfaule.
1.2,1., fabula. Bourg., faute. Wall., fâve. Vx. iv., flave,
fable, fauce. (V. Faule.)
Fâche, s. f., fâcherie, grondée, réprimande : « L' vieux a év^u
eùne grande /àcAe à rencontre d'Jean-ne. »
Vx. iï.ffascherie.
17
170 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Fâcher, v. intr., être pénible, faire de la peine : « Ili fâchbt
gros d'nioui'i. » — <( Not'dame, i n'me fâche point d'fâre
vote ôvraige. »
Fâcher, v. tr., gronder, réprimander, faire des reproches :
(( J'avô tout dévoré ma cueûlote ; la mare m'a/âché. n]
Movv., fâcher.
Fâr, s. m., fer, chaîne, demi-cercle cloué au sabot des che-
vaux, et aussi jadis sous certaines chaussures.
La,t., fcrnun. Ital., /c/vo. Berry, fur. Bourg., far. Bress.,
far. Genev.,/t'r. Lille, ^e;\ Màc.,/â/\ Morv.,/à7-. Prov.,/t'r,
/c/v.St-Am.,/â. WalI.,y?e/\ Vx. îr., fer.
Fàrau, adj., faraud, fier, orgueilleux, et aussi coquet, endi-
manché.
Beny, faraud. Bourg., /«rô. Norm., faraud.
Fârer, v. tr., ferrer, clouer le fer aux pi<îds d'un cheval.
Lat. et Ital.,/t'/va/-e. Morv., /b/V6v\ Pwv., ferrar. Vx. l'r.,
ferer.
Fàreûre, s. f., ferr\ire, garniture de fer.
Ital.,/(;rr«^«7"a. Movy., forreure. PfOV.,fcrradura. Vx. fr.,
ferrcurc.
Farce, s. et adj., farceur, plaisant : « É-t-i farce, c'garçon !
O nous fâ mouri d'rire ! » — Une chanson populaire du
temps de Louis XI contient notre mot :
Un fars qui se laissa/rtrcer.
Fâre, v. tr., faire, fabriquer.
Lat. ,facere. ltal.,/a/r. Berry,/t7'e, fée. Bourg., f are. Bress.,
fore. Dauph., /«re. horv. ,Jare. 'Movv.,férc, fée. Pic, fouère.
foalre. l^vov., far, f air, faire. TouL, fa. Wall., fér. Vx. fr.,
Jare, fere, faire.
Fâre c'tuqui..., loc, feindre, faire celui qui... faire sem-
blant : « L'feignant ! bfâ cHu que mau ! »
Fâre DE BESOIN, loc, être nécessaire, manquer :« J'ai ma
casserole qu'a tapé su l'feù ; eùne aute me /a d^ besoin. »
Fà pardon ! loc, pardonnez-moi !
Berry, fates-mouè pardon !
LANGAGE POPULAIUK VERDUNO-CHALONNAIS 171'
Farfouiller, v. tr. ctintr., chercher avec indiscrétion. Se
dit ensuite des aliments qui ont de la difficulté à digérer et
font mal au cœur : « C'morciau d'iard que j'ai maingé,
ô n'pass'pas; ô m' farfouille. »
Bourg, /n7;/bf?î7/ai (fureter). Lim., farfouiUàs. Maine, feu-
trer. Po'it., farfouillai (faire du bruit). Sav., farfolUcr. Vx.
fr., fi(rillcr,fironcr. (V. Reprocher.)
Farfouillou, adj., curieux, chercheur indiscret.
Sav., /or/b//fOrt.
FÀRME, s. f., ferme, métairie.
Bas-lat.,y//vj)rt. Fie, farine. Vrov. , fer/na. Vx. ir., ferme
Farme, adj., ferme, solide, compact.
ha.t., Jir mus. Ital., fermo. Bourg., farme. Tviorv., farine.
Prov. , ferm. \x.iv.,fers,ferm.
Fàrmei, s. m., fermier, métayer.
Vx. îr.,fremicr, fermier.
Farmer, V. tr., fermer, boucher une ouverture. (V. Fremer.)
Fartachou, s. m., peigneur de chanvre.
Auxerg. , fartachou.
Fa tira ! loc impér., fais tirer ! Cri des mariniers pour acti-
ver la 'marche des chevaux qui tirent un équipage. (V.
Louïa.)
Fau, s. m., hêtre. Nous avons plusieurs mots pour désigner
cet arbre.
Lat.,/a/7ws. Bourg., fô, fotéa. Genev., feu. Gnern., fauc.
Lille, /rtM. Movv., fau, fauta le, fautalc, fautcai, foucl. Rouch.,
fau, féiau. TouL, fay. Vx. îv., fousteau. (Y. Foijardfoutcau.)
Faubôr, s. m., faubouig.
ha.t. ,foris-bargus. Bouig., fauhor. ^leas.Jaubor. Pic. ,for-
hou, forbourg. WaU., f(ibor(j. Vx. fr., forbourg, Jourbowe,
Iwrsbores, faalbourg.
Faucheù, s. m., faucheur.
. BsiS-norm^, faour/uea. Pic, fauf en. Rovich., fauqueux. Vx,
iv.yfaucheor, (V. Foinoû.) ■.
172 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS
Faule, s. f., fable, conte, menterie.
hat., fabula. Ital., fola. Bourg., faulc,fa((lou(mentem').Fr.-
Cté, facioule (récit invraisemblable). St-Am., fàbla. Wall.,
face. Vx. îi\, fauce, flave.
Se disait jadis. Aujounlhui on dit plus volontiers /aie. (V.
ce dernier mot.)
Fauter, v. tr., mal faire, commettre une faute, faillir.
hcit., fallere. Mal., fallirc. Montr., fauter, '^iiovv., fauter.
ISÎorm., fauter. Prov., faillir. Vx. iv.,faillîr.
Faviôle, et Fafiôle, s. f., féverole, haricot.
Lat., fascolus. lta,\., fagiulo. Berry, feuocrole. Bourg., fai-
ciôle (fève). Camhv., fa geôle. F\and., farjcole. Genev., fajole,
fajule, faciole (sot). Hain., faoelote. Jura, faiviole. Lang. ,
favioous. Lyon., fafîola, ^flageole. Montv. , faoiole. Morv., fai-
viole. Norm.,feuce (lève blanche). Prov., faca. Rom., faviou.
St-Am., fafîcûla. Sav., /a^-o». Suiss. t., faoioula. Wall., fa-
vète. Vx. h'., fazcol, faseol.
Faviôlon, s. m., petit haricot, diminutif àQ faviôle.
Genev. j faviôlon.
FÉCHALE, s. m., forme à fromages.
1^3.1., fiscella. Mevy., fèchale. Bervy, fescelle.
Fendure, s. f., fente, lézarde: « Vrà! t'as eùne fameuse
/endure à ta robe ! »
Morv., fendeure. Vx. tr., fente.
Fernaule, s. f ., part, provision de noix offerte à quelqu'un au
moment de la récolte. Ce mot ne s'applique pas à une
autre espèce de fruits : « J'vons chapler les calas; j'te frai
tsifernaule. »
Montr. , farcnolle (pour tous les fruits).
Féroter, V. tr., frotter le chanvre contre un instrument de
fer planté dans le mur, afin de le préparer au peignage.
Fessou, s. m., houe carrée pour sarcler le maïs et les
pommes de terre. Dans les régions proches de la Saône et
du Doubs, elle est plus large vers l'emmanchure que vers
le tranchant.
Bourg., /essoMj/esso, fe::ô (fessourou de ceigne, vigneron).
Indre, /fssof'r. Toul.,/oMS5oa. Vx. fr., fossouer.
LANGAGE POPUI-AIRE VERDÛNO-CHALONNAIS 173
FÊTE, S. f., fête, réjouissance, réunion : « J'vons fare Va fêle, »
disent les gens dès qu'il s'agit de se régaler, dès qu'on va
à la foire, à l'apport, à la noce, etc.
l{ii\.,festa. Y^ovLïg-, fête. Mac, fêta. Morv., fcle. Prov.,
/esta. St.- Am., fêta. Wi\\\.,fiùse. Vx. U\, fesic, Jiestc.
Feli, s. m., feu, ménage, incendie. C'est pour sa prononcia-
tion que ce mot figure dans notre patois; il sonne absolu-
ment comme ye, le, de.
Lat., /bcf<s. \i?i\.,fuoco. Artois. _/«. Bourg., feu, fù. Bress.,
fae. Lille, /m. Lyon.,/«é. Montr., j'ù. jMorv!, feu. Pic, /«.
Prov., /oc, /t<oc,/HCC. St-Am., /irrt. Toul., /oc. Vx. iv. fou,
feu.
Feîîgère, s. f., fougère.
Lat.,^^/f.r. Champ., feuchicrc. Hain., felicrc. ll.-de-Fr.,
feugèrc. Morv., fouchcre, fou^irc,foui^irc. Na.m., féchêre. St-
Am. ,fieàre. Wall., fèclùze, fùcid. Vx. iv,, feucicrc, fouchiere,
Jof/iere,fcugicre.
Feûgnée, s. f., prise, ce que peut contenir le nez; une feù-
gnée de tabac : « T-i-pas, vieux pare, qu'ôs évez pris eùne
boune/e?<^n^e.^ ))
Feûgner, V. tr., priser, flairer, chercher, fouiller la terre :
« Que qu't'as donc envie d'treùver aujordeù ? T'jeùgnes
partout. » (V. Feùgnon.)
Berry, feugner. Genev., fougncr. hang., fougna. Lille,
fouiner. Metz, fûgncr. Movv., feugner. Poit.. feugner (repous-
ser avec dégoût). Suiss. r., founna. Suiss. vaud., founer.
Wall., fougncr, fougni.
Feûgnon, s. m., nez, museau, groin de porc, avec lequel il
remue la terre ou les détritus pour y chercher sa nourri-
ture. De \k feugner. — Signifie également : flair. Avofr
An feùgnon, c'est deviner les choses.
Fr.-Cié, freugnot La.r\g., fou g no. Morv.^ feugnon. Rouch.,
founiou, fou gnou.
Feùmaillon, s. m., jeune drôle qui fume.
Sa.v., femaiUon, fcinastiu. (V. Feùnwu.)
Feùmei, s. m., fumier, tas d'ordures.
Lat., Jimus, Berry, fombragc, fonihreau. -Bourg., femei,
174 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
foinhviev. Montr.,/c«jê. Morv., feuniè. Poit., /«/» fcrof. St-A m. ,
faini. Vx. h'., feinter, fe/nbricr.
Feùmer, V. tr. et intr., fumer, jeter de la fumée; fumer la
pipe; se dit aussi des mauvaises cheminées.
Lat. et Ital., /«marc. Bourg., fcinai, feuinal. hovv. , feii/ncr.
Morv.,feuiner. Norm. , fctimer. Pvov., ftiinar. W ail., feuinar.
Feùmer, v. tr., fumer un champ, une terre.
Prov., /emor. Vx. fr., femer.
FEiàMÉRE, et F'mère, s. f., fumée : « 0 liche trop; toutes ses
tares s'en vont en feùmére. »
BoviVg. , fcmeire. Bress., femrre, feinivc. Fr.-Cté, fcnière.
Guern., _/}</)!. Montr., /t'/iit'/'(7. Morv., feumèc. Poit., fnmail
(brouillard). Prov., fmnado. St-Am., fiimire. Sav., femà,
femière. Toul., fum. Wall., fournée. Vx. fr., fiim, fumcle.
Feùmerée, s. f., lie du fumier.
Montr., fcinerèe.
Feùmoù, s. m., fumeur, celui qui fume la pipe.
Morv., /c'«moM. (V. Fciumdlioii.)
Feùrdonement, s. m., fredonnement, petit murmure.
Bourg. , fcurdencinan.
Feùrdoner, V. tr., fredonner, chantonner.
La.t., fritinairc. Bonvg., fciirtlonnai. Vx. l'r., fredonner.
Feiîrgon, s. m., fourgon, tige de fer pour tisonner, perche
pour remuer (fourgonner) la braise du four.
liai-, forcone. Movv., fcurgon. Vx. fr., fourgon.
Feùrgoner, V. tr., fourgonner, remuer la braise, chercher
sans ordre, retourner, comme avec une fourche en mettant
tout sans dessus dessous.
Lat., frangcrc. Artois, randoulcr. Berry, Jorgonner, fou-
gonner. howrg. , fcargucnai, fôrgônai. Champ., fcurguigncr.
iiQiwx ., f'ourgouner. .îura, f'regonner. Lang., furga. Lori'.,
fcurgneuner. Luxemb., fourgulner. Movv., fourgonner. Nain.,
forguiner. Novm., fourgoter. Rouch., 7-angoner. Suiss. r.,
fou.rguonan. Ton\., furga. Wàll. , forguini.
FsÙHNÀcuER, V, tr,, farfouiller, fureter, sans trop savoir, ce
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 175
que l'on veut. On dit aux enfants qui vont et viennent en
cherchant : « Que qu'te feùrnàches donc par iqui ? »
Konch., four aaq lier. VthiM., four/Ku/iicr. (V. Ga fouiller .)
FeiIirtiller, v. intr., frétiller, s'agiter vivement.
Lat., fritillarc. Berry, fertiller. Flam., fcvtiller. Moiv.,
feurteillcr. Norm. , fcriillcr. Pi-ov. ,fre;ilhar. Vx. fr., f'redllicr.
(V. Fregidllcr.)
Feûsseint, 3*^ pers. pi., inip. subj., fussent : « Les p'tiots
ont piâlé ; y érôt foUu <,[\\' 6 feûsseint d'avou toué. »
Feiive, s. f., fève, celle qu'on mange, et celle qu'on met
dans la tabatière.
Lat., faba. Ital., faen. Cogn., feuve. Norm., fcuoe. Prov.,
/awa. Sav., fàva. Vx. h-., feoe,fchoe.
Feûye, s. f , feuille d'arbre, de livre.
ha.t. , folium. \ta,\.,/o(/lia. Lim., felio. Lyon., folli. Pic,
fuetle. Pvoy.,folha, fusilla, fuelha. St- Am., fouU/c. Toul.,/é/,
félho. "Wall.,/ol''e. Vx. tv.,fuil, faille^ fuel, fuelle.
Feûyôte, s. f., feuillette, mesure de liquide, de la contenance
de 100 à 140 litres; environ 1/2 du tonneau.
lta,\.. fogliotla. Bonvg., fillotfc. Fovez, folietta, foulieta, foul-
leta. Lyon., folieita, foulieta, foalleta. {1 /'-Idii piate, Langued.,
chopine, Pavis.)Montv., fillette. Movv., fillette. Pvov., fulheta.
Vx. îr., fillette.
Fi, s. f., foi : (( Eh! parma/L' y é prométu. »
Lat. i^^f/fs. Ital., /e^/<?. Berry, /o(/é. Bourg., ma fi. Bress.,
mafiou, ma fioagai. Fr.-Cté, /«//. Guern., ma fégue, ma
finge. hovv., fi. Morv.,/c', mai fi. Pic.,y<. Prov., fe. Rouch.,
mafique. St.-Am., fœâ. Suiss. r., mafika, mafiga. Toul., fé.,
perinofés. Vx. h\,foi, foy, feid.
Fî, s. m., fil : « Passe-me eùne couterie d'/";. »
l^sAi.^filum. lidtX.yfilo. Boarg., f g, fillai (Il mouill.). Bress.,
/(. Lim., fiii. Mac, fî. Morv., A\ Prov., fil. Rouch., fi. St-Am.,
fi. Sav.,^. Vx. tv.,filc. (V. Fil.)
Fiance, s. f., confiance, foi en quelqu'un.
It3i\.,fidansa. Berry, fiance. Morv., fiance. Poit., fiance.
Pvov., fiansa, fîsan^a. Rora., conftsansa, confisansa. Toul.,
fi^ajiço, fiso. Vx. fr., fiance. (V. Fiàte.)
176 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
FiÀR, adj., fier, arrogant, dédaigneux.
Lat.,/t77ts. lta\.,Jicro. Bourg-, Jlè. ViOV.,f<n\ Vx. fr., fer.
FiÀRDE, et FuARDE, S. f., petite toupie massive en bois,
conique, terminée par un fer, autour de laquelle ou enroule
une ficelle, et qu'on fait tourner en la lançant adroitement
à terre. Triomphe de nos gamins.
Bourg., yiarfe. Bress., ^jarfo^. Morv. ,fiarde.
FiÀTE, s. f., confiance. A son synonyme plus haut.
Eure, /a. Manch., fiante. 'M.o\:v.,Jiate. Novm. ,fiat. Rouch.,
Jiate. (V. Fiance.)
Fichant, adj., dépitant, contrariant: «01 a-t-i pas pardu
son ch'vau. Vrâ, y é gvos Jichant tout d'mein-me. »
Ficher, v. tr., donner, flanquer : u N'piaûl' pas, vou j'te
Jiche eùne claque. »
Ital., fîccare. Pic, /Iker. Prov., ficar. Vx. iv., fichier'.
FiERJOLET, s.' m., flageolet, instrument de musique.
Bo\xrg.,flaijôlai. Prow., flautol, flaujol. St-Am., frajoulë.
Vx. h\,Jîajox,flajol, flaiol.
FiEÙ, s. m., fils : « Y et un ben jauti gas qu'ton^ei<. »
Làt. yjilius. UsLl.,/iglio. ArtoiSjJîea,Jîa. Bourg., fi. Lille,
. fieu. Lim., /i. Lorr., feu. MovY.,fiau. Novm. ,fieu. Pic, fieti,
fia. Poit., feil. Rouch. ,y?eM. Suiss. r., fieu, fiou, Je. Wall.,
fieu. Vx. fr., fih.
FiEÛVE, s. f., fièvre, agitation : « Dà ! ô v's a eùne chiéne de
fieûve... ôl et à bas. »
'LaX., fehris. liai., febbre. Berry, fieuve.fieuvj'e. Forez, fîôre.
Lille, ^'êoe. Morv.,^t'oes (les). Pic, fièee. Prov., febre. Vx.
fr., flebvre, les fiècres.
FiGNOLOÛ, s. m., celui qui fignole, qui prend des manières,
élégant et aussi blagueur : (( N'I'écoute donc pas; y [et eùn
ch'iifignoloù. »
Berry, fignoleux. Bourg., fiôlan. Lang., fignoulur. Morv.,
fignôleu, fignôlet. Norm., fignoleux. Poit., fignoleux. Sav.,
fignolet. Wâ\l.,fignon. Yx. ir., finioler.
FiGuÉ, s. m., figuier.
Movv., figue. Pro'<J. , figilieyra. Vx. ir.. fieis, Jigier.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 177
Fil, s. ni., (ileldcMa langue : (( Jarni! (jii n'a pas oblii'' (fli
côper r///; ô jacass' prou. » — Pour du fil à coudre, on
dit : du /?; pour le filet de la langue;, ou dit bien : couper
le//. (V. Fi.)
FiLÉTE, S. f.j.roue destinée au filage du chanvre. Générale-
ment on préfère le filage au fuseau.
FiN-DE.s-FiNS, loc, fiu absoluc : (( J'ii dirai tant, qu'à la ^fin-
des-Jlns i faura ben qu'ù marche. »
Lim., fi-dè-las-Jis. Vx. fr., parjin.
Finition, s. f. . fin, achèvement, conclusion.
Lat., ///i?;3. \id\., fuie. Morv. ,JiiiUion. Pi'ov., //, Jin. Vx.
ii'..Jîns.
FiÔLE, s. f., fiole, petit flacon.
Lat., phiala. Ital., fiala. Bouig., Jlciile. Morv., fiaule-
Peov. ,Jiola. St-Am., /ft'»/«. Vx. fr., phiolc.
FiÔLER, V. tr., boire, boire à petits coups, boire sans soif '•
« O n'é content que quand 6 fiole. C'buvochoû là, ôl a tant
fiole, qu'ôl en a dégobillé. »
Bourg., fiôlai. Bress. , floulo, fioitlé. Champ., fioulev.
Dauph., /o?</c7'. Forez, y?o/rt. ¥v.-Ctè,fioulei\JJoula. Genev.,
fiouler, fiulcr. Isère, fionla. Lang. , fioular. Lyon., fiola.
Neufch., fîouler. Norm., fioler. Prov., fioular., fiolar. (V.
Flcùtcv.)
FiÔLAN, S. m., fendant, beau, blagueur, poseur, fanfaron, et
aussi buveur.
Ital., y a/i/a/io. Bourg., /ô/«/i.
Fioû, s. m., faiseur, presque toujours en mauvaise part.
Bas-lat., /actetor. Bourg., /e^eii. Montr.,/oM. Morv., fiou.
Pic, foiscux de fagots (menteur). Wall.,/e«. Vx. îv.,fascor,
faisiere, faiseresse.
Fiston, s. m., garçon, garçonneau : « Eh! dis donc, fiston,
v'tu v'ni? ))
Caen, fiston. Norm., filset. Vx. fr., inescin.
FiïEÛ, s. m., filleul.
Lat,, filiolus. Berry, fillcux, fillol. Bourg., fillô. Bress.,
18
178 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
fiilol. Genev., jUliol. Lyon., JiUiou. Montr., fdlou. Morv.,
JUlô. Pic, Jîllol. Po\t., Jj/lol, Jlidau. Pvov., filhol. St-Am.,
feii/eùloa. Sav., fclliou. Toul. ,Jîlol,^ftlhiol. Wsi[ï.,Jiou. Vx. fi-.,
fillcu, Jîllol.
FiYÔLE, S. f., filleule.
hàt. ,Jilio(a. Bervy, fi II io le. Biess. , ^fîllolo. Genev., filliole.
Lyon.,Jlliola. Pic, fîllole. Voïi., Jillole. S!iv. .^Jellioula. Wall.,
Jioulc. Vx. iv., filiale .
FiïoT, s. m., petit-fils, petitgarçon. Pour certaines localités,
se rattacherait kjitjeù.
Boni'g., fil lô. Lorr., /(', Jieu.
FiVÔTE, s. f., petite-fille, fillette.
La,t., fi lia. Ital. ,/igHa. Bo[irg.,Jlllôte. Dauph., Jlllet. Lim.,
fiUa. Lorr., féije. Poit., feillaude. Prov., Jïlha. Wall., fèie,
Vx. fi'., fillette.
FL.4.BER, V. tr., abattre les noix. Le mot vient-il de^a6e//Mm,
la gaule exécutant un mouvement d'éventail?
Poit., Jlabé. (V. Chapler.)
Flâche, s. f., lacune défectuosité, creux. Les Jïdches d'un
terrain, d'une route.
Bevcy.,Jldche. Champ., Jlac/te. Moiv., /lâche. Pic, Jloi/eu,
/le yen.
Flamanche, s. f., lucarne d'un grenier, petite fenêtre d'une
mansarde : « 0 s'balançôt. 01 a été trop fôr; ôl a dévaulé
par \[x flamanche. »
Movv. , fianiaiiche. tluDiunge.
Flamb', s. f., flamme, lueur vive.
Lat., yZ(.(//i/na. Ital., fiuimna. Morv., fanihc. Prov., /lama.
Flàmer, V. intr., flamber, flamboyer, luire, brûler.
hat. , fa/n mare. liB.\.,fammave. Morv., fam mer. Vx. îv.,
f orner.
Fl.àmusse, Flémussë, Flameùsse, petit pain, gâteau des
campagnes, pétri à la farine, au maïs, au sarrazin et
assaisonné d'œufs, de lait et parfois de courge. Toutes ces
pâtisseries locales ont une saveur des plus agréables. Les
ménaijrères les réussissent à merveille.
LANGAGE POPUT.AIRE VERDUNO-CHALONNAIS 179
Bourg., Jlaimckssc. Jura, flamusse. Montr., Jliammusse.
Movv. ,Jlaimei(sse. Novm.,Jîam/ntc/ie. Pic, Jlamtche. Rouch.,
Jlamiche. Vx. fv., fia miche. (V. Covniolc, Gânote.)
Flate, s. f., flatterie, louange, caresse intéressée.
Bourg., fialUe. ^lonY.^JlaUlc. Vvov.,Jlataria.
Flatoù, adj., flatteur, qui dit des paroles trompeuses.
Bourg., fiaittoH. Morv., flaUtoa. Prov., Jlalairc, floiador.
Vx. iv.yjlatcre, Jlatcor, ^flatcotir.
Fléme, s. f., flegme, mollesse, paresse, accablement, maladie
de l'ouvrier qui ne veut pas travailler. — N'est pas
inconnu, même à Paris.
ltcil.,fle/nma. Bevry,/lcfnc. Bonrg., Jleàme. Genev., Jlenmc,
la molle. Norm., Jleamo (pituite). Prov., flcgma, Jlcmma.
Ssiint, Jlemmc. Wa,\[.,Jlcmme. Vx. fr., flcumc^flumc, Jleugmc.
Fleur, s. f., fleur de froment. Ce mot s'emploie seul, et a
un sens absolu : « J'ai écheté d'ia fleur; j'vons fâre des
flamusses aux ûs. »
Lat., _//os. lied., fîove. Bourg., fU'U. Montr., fliciir. Norm.»
flea, flieu. Pic, flour. Prov., flor. St'Am.,flcà.
Fleûtaine, s. f., école buissonnière : « C'crapaud là, ô
n'éprendra jamâ ran; ô fait quasiment tôs les jors la
Jleùtaine. »
Ital., fustagiio. Bourg., feteiae, futàne. Champ., futaine.
Morv., fatal ne. Pic, fai^tanc, futane. Prov., fastoni. Toul.,
fastani. Vx. fr., fustainr/nc, fustaine.
En Bourgogne, coari lai fcteinc, c'était jadis tenter le prix
de la course, pour lequel on octroyait au vainqueur une pièce
àe futaille. La course est bien l'affaire de l'école buissonnière.
Nous avons simplement ajouté un /au nom de l'étoffe. M. de
Chambure tire le mot de « fuite », avec un suffixe de diminution .
Fleùte, s. f., flûte, instrument, et petit pain pour le café
au lait.
Ital., lïauto. Bourg., fle((fe. L\m.,/ieuta. Lovr. ,Jîeùte. Mac,
Jlicâte. Pia., Jlahute.Pvow., flauta. Sav., flufa. Tovû. , f'/au(o,
flautot. Vx. ir., fleùte, frcstel.
Fleûter, V. intr., jouer de la tliîte.
Lat., //u^(7S. Morv., fleu ter. Prov., flaular, Vx. ïr., fleûter,
flauter,floastcr, fluster, frcsieler.
"180 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Fleûter, V. tr., boire avec complaisance et à bonne dose.
(V. Fiôler.)
Fleûtiau, s. m., flûteau, petite flûte d'enfant : « 0 n'ain-me
qu'à sôfler dans son fleûtiau. »
Berry, flatèrlau. Cha.m\:)., fin tôt. Fr.-Cté, flouëtot. Morv.,
flctitcau. Prov., fl autel, fraustcl. Vosg., fieuteau.
Fleùtoû, s. m., joueur de flûte. Figure dans les orchestres
des fêtes de village.
Moi'v., flcutott, flcutcu. Vx. iv., flcutcrc, flcnsteor.
Floche, et Flochon, s. f., filoche à prendre le poisson,
petit filet.
Flocher, V. tr., prendre dans la filoche : « J'seû été d'avou
l'vieux André, qui poche. J'ii aijtochê eùne carpe. »
Flon, s. m., fil formé de plusieurs crins, tordus ensemble
pour attacher un hameçon.
F^loquer, V. intr., flotter, osciller. Ne s'emploie qu'en parlant
de l'effet des pieds dans des chaussures trop larges : « Ses
pieds floquont dans ses saibots. »
Bourg., ftoquat, floquai. Champ., floquci\ '^îovv., floqucr,
Jîoqaer. '^orm. , floqucr. Pic, floquer.
Floquet, s. m., grappe de fruits ou de fleurs tenant à la
même branche.
Bourg., floquai, floquai. Vx. iv., floquer.
Floquéte, s. f., nœud de cravate, coquettement disposé.
Côte-d'Ov, floquette. Lorr., floquette.
Floret, s. m., fleuret, arme, et fil de soie.
\ta\.,fioretto. Rouch., floret. Yx. iv., floret.
Flôte, s. f., écheveau de fil, de soie, etc.
Mâ.G. ,fliote. Sa.y.,flauta. {Y. Échevéte.)
Flûuî, v. intr., fleurir.
Lat.,//o/'^/r. liai., florin e. Morw, flùri, effluri. Pic, flourir.
Pvov.,florir. St-Am., li/uri. Vx. fr., florir, flurir.
Fô, adj., fou, badin, enjoué, excentrique.
Bas-lat., /b///s. ltal.,/b//o. Bourg.. /ô. Morv., fou. Prov.,
JoUfolii. Vx. iv., fol, foui, fox.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 181
FoiNEAu, S. m., fenil, grenier, grange où l'on rentre le foin:
(( 01 a couché dans Vfoineau. »
hat., fœnile. Berry, foui, fcriiau, fenean. Champ., fuinticr
Fovez, fo'iieiron. Montr., foincau. Morv. , /omea». Saint., fo-
rt ion.
FoiNAisoN, et F'naison, s. [., fenaison.
hât. ,foMni(ni. Montr., foinaison. Mov\'.,foiiaisoa.
FoiNER, V. tr., couper lefoin.
Berry, /c'/it'/'. Genev., /e/ie/'. Montr., foiner. Morv., foiiier,
foiicr. Norm. jfoner. Pvov. ,fonar. Wall., ftani. Vx. h'.,foncr.
FoiNOÎi, s. f., faneur.
Bevvy, fc no ux. Morv., foi aoa, fonou. (V. Fauchcâ.)
FôïoN, s. f., foison, abondance : « Des peùrnes, des poires,
des calas, j'en avons à foïon. »
Lat.,/«sto. Bourg. , /ofiso/i. Morv., foïon, fouïon. Prov.,
fusion. Vx. h'., foison.
Fois (des), loc. adv., parfois : « T'é si jantiie, vois-tu, qu'y a
dea fois que j't'embrasserô. ))
Ital., voce. Dauph., vei. Genev., fois. Hain., /o.s, /«;<. Nam.,
fié. Prov., vct.^, fots, cegada, vogada. Vx. fr., foi::;, foiede,
fiée, foi:;.
FoLiGÔt, adj., folâtre, folichon, d'humeur trop gaie : « Oh !
lap'tiote/o/f^o^e.' all'ne fait qu'rire. »
M.oniv., fouligot. Prov., fou ligaudo.
Folle, s. f., bonnet de forme légère et avenante que portaient
naguère les jeunes filles, et qu'à tort elles remplacent
maintenant par des coiffures plus (( à la mode ». (V.
Calme.)
Folloir, V. intr., falloir, manquer : (( Cor ein p'chô, ô gâ-
gnôt; i s'en é psiS fallu gros. »
W.-y, il foillit (il fallut).
Fondrée, s. t., fond, résidu aussi bien de terrains que d'us-
tensiles : (( J'sons descendus dans la fondrée du parc. » —
(( J'ai ramassé Vdfondi-ee de la marmite. »
h'dt., fundds. lta.l.,fonilo. Berry , fondrée. Genev., fondrail-
lon. Morv., fondrée. Nora^.jfo/uli-ille. Poit., fondrée. Wall.,
fondraillc.
182 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS
FoNGEANT (papier), s. composé, papier buvard.
hat., fungosds. Midi, papier-fou.
FoNNE, s. f., femme : « Y é pas lu qu'é méchant; y é sa
fonne. »
hât., fomiiia. \t^\., feni/nina. Berne, forinc. Bourg., fanne.
Bi"ess.,/t'/i/ia Bugist.,/c-'/i/ie. Dauph.,/c'/ta,/e/i(?. Forez, fciia,
fcne. Hte-Auv.,^/ina. Lang., fciino,femo. Lim., fc'nno,fcnna.
hovr. , fôine, founic. Lyon., feiia,fcnna. Mac, fenna. Montr.,
faune. Morv., fonae. Nivern., fonna. Poit., fennec. Prov,.
fena, fcninia. Rom., fenina. St-Am., féna. Sav.,/c/t/t«. Toul.,
fcnno. Wall. ,/t'a/nc. Vx. fr., famine, famé, feine.
FoNNELÔTE, s. f., femmelette.
Bourg., /«/ue/oi'e. Tonl., fanhouno,fennarou. Vx. fr., feni-
mette.
FoNTENÎ, s. m., terrain marécageux, entretenu par une
quantité de petites sources. Givry a un lieudit /es- Fonte-
nottes.
Lat. ,,/o«s. Montr., fonteni. Morv., fon(ainr/ne. Prov., fon-
tanil, fontanilha .
FÔR, s. m., four. (Pour la loc. : C( Faire au four, » voir
Cueùre.) Le Genev. Ta comme nous.
Lat.,/f</'/if<.s. Ital., f'orno. Bourg., for. Bress., for. Fr.-Cté,
foïiot. Lyon., /or. Montr., fo. Morv., l'ôr. "Sorm., foui. Prov.,
forn. St-Am., fou. Sa.v., fœur. Vx. iv.,forn.
FÔRCHE, s. f., fourche, à dents en bois ou en fer,
Lat.j/ftrcrt. Ital-, forci. Berry, forclie. Bourg., forchc.
Lyon., forchi. him., fourcho. Mkc, fôrc/ie. Montr, forç-hon.
Morv., forche, fource. Pic, fourque. Piov., J'orca. St-Am.,
fourse. Wi\U. ,foge. Vx. iv., forche, farke, firche, fourc/ue.
FÔRCHÉTE, S. f., fourchette.
Berr}', forchette. Genev., forchette. Mac, fôrdiète. Morv.,
forehcite, forcetle. St-k\ï\.,fourëéta. Vx. iv.,. forchette, fur-
cheste, fourcele (creux de l'estomac).
FoRCHC, ad]., fourchu.
Berry, forchu. Movv., forchou.
FôuçoN, s. m., fourche en fera deux pointes. (V. Bident.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 18lj
FORER, V. tr. , fourrer, introduire de force.
lia.\ ,fodi'rarc. Bonvg., forai, J'orrai. Prov., folrar. Vx.fr.,
forrer.
FÔRMi, s. f., fourmi. {V . Frémi.)
FORMÉE, s. f., fournée, ce que le boulanger met de pâte pour
emplir son four.
Ital., fornata. Bevvy, Jbriiée. Bonvg., Jonée. Prov., Jornada.
FÔRNÎ, V. tr., fournir, livrer.
lia]., foriiire. Bei'i'y,Jornir. ]iou.v^.,Jbr/ii. yioïv., feurnitro.
Pfov., fornir.
FÔRNi, s. f., fournil, endroit où se trouve le four.
Fovez, J'oiir/iac'. Movv., J'omié. Poit., fonrniou.
FÔRNiAUi S. m., fourneau, portatif ou à demeure.
Lsit., furnellu.f. It'dl. ,Jbrnello. Berry, Jorniau. Bourg , fo-
nèa.Montv., foriiieau. Pic, forgneu. Prov., foraelh, fornel.
Vx. ir., Jorniau.
FORMER, s. m., fournier, le maître d'un four, boulanger.
Bourg., fonci. Wall., J'onrnicr.
FoRTEÛNE, s. f., fortune, biens : « Oh! j'ons pas compté
d'avou lu; ma ôl a d'ia. forteùne. »
Lat. et Ital., fortuna. Bourg., fotèiigne, fotugne. Morv.,
forteune. Prov., fortuna. Vx. îv.,Jortunc.
FouÀTER, V. tr., fouetter, les fesses et la crème.
St-Am.,/{<,"«^t'.
FouEiLLER, V. intr., ployer, fléchir. Se dit surtout delà glace
trop faible pour porter ceux qui sont dessus, et qui va
craquer : « Oh! j'vons pas glisser par iqui; y é trop mince,
y fuueille. »
FouÈRE, s. f., foire, apport, marché : u Y é d'main IsL/ouère;
y veinras-tu? »
Lat., /erta. Ital., fiera. Morv., fouere. Prov., ficijra, fcira.
Vx. fr. , foire.
FouiLLON, s. m., individu sans ordre et sans soins, qui
dérange tout.
Champ., foillon, foj/on. Morv., fouillon. Suiss. r., fouon.
Wall., J'ouan,foyan.
184 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Fouiner, v. intr. , fuir comme une fouine, s'esquiver,
décamper : (( L'sans-cœur! quand les autres s'batteint,
ôl a/ota'në. ))
Bourg., fouinai. Genev., fouiner. Montr., fougner. Moi'v.,
fouiner. Norm., fouiner. Poit., fougner. Rennes, fouiner.
Suiss. V., fouinna. Valogn., fouiner. Vx. h'., fouiner.
FouLÔT, s. m., tourbillon de poussière, coup de vent, bour-
rasque. Au figuré, exaltation du cerveau : « Y é v'nu ein
foulât, je n'pouvô pu me t'ni su la levée. » — Le bour-
guignon fouleire (feu d'artifice) ne se rattacherait-il pas à
notre mot?
Bevvy , foulot. Forez, foullët. Genev., fait le t. Montr., foulot.
Morv., foulot, froulot. Norm., folle. Suiss, v., fulet.
FouRQuÉTE, et Frouquéte, s. f., sorte de petite barque de
pêche, dont l'arrière est façonné en pointe. (V. Barqubt,
Arloquin.)
Fourte! interj., dehors 1 « Fourte! va-t-en! sors! » Nous
est resté des invasions.
Ailem., fort! Ronch., fourte! WnW., fourte.
Foussé, s. m., fossé : « 01 a tant bouévu chopine, qu'ôl a
chu dans V/oussé. »
Lat., /ossa. ital., fossato. Berry, foussé. Bowvg., foussai.
Champ., foussettc. Dauph., foussé, fousseij. Lorr., foussé.
Morv., foussé. Prov., fossat. St-Am., tera. Saint-, fausse.
Vx. fr., fosset.
Fouteau, et FouTiAU. (Voir Foyard, et Fau.)
FouTiMASSER, V. \\\Xv . , s'occupcr à des riens, agir comme
un imbécile, faire quelque chose avec nonchalance.
Berry, foutiniasscr (tourmenter). Norm., foutimasser, fou-
timer. Kouch. , foutimasser.
FouTRÔT, s. m., jeu de cartes. Au figuré, chose légère, peu
consistante. J'ai entendu un lettré bourguignon dire, en
parlant d'une œuvre plus brillante que solide : <( Il y a
dufoutrbt là-dedans. »
llouch., I n'y a An fout r au (il y a quelque chose là-dessous).
FoYARD^ et Fayard, s. m., hêtre. Des sabots de foyard.
LANGAGE POPULAIRK VRKDLNO-CIIALONNAIS 185
C'est, avec le bouli'au, un des arbres que les sabotiers
mettent le plus à contribution. On a û.\\.Jbaieaa et/outiau..
Ce mot a subi des modifications nombreuses.
Latin, f/jjic^. B;is-latin, J'(;/<i. Bourg., J'ô, J'oleà. Clenev.,
fai/ard, Joj/urd. Isère, J'af/ur. Morv., foatlau. Savoie, Jbeu,
Jaidr. Vx. îr. , Joui llard , Jd ijaii , Jdia. (V. Faci.)
Frâ, Frâche, adj., frais, fraîche. ^
\\:\x\., fresco. Bourg., //•«/, frôche. Lovv. , fra/i. Morv., frô,
froaàdc, frâche. Nam., frèche. Norm., //r, frei. P i'0\., J'rcsc.
St-Am jfrè. Ton\. , fi-(;se,frcsquet. Vx. îr. , frès, frcscho, Jrc.::.
Fràches, s. f., tiges de plantes : frâches de pommes de
terre, de betteraves, etc. Branchettos entourant les jurons
et complétant le fagot. Les fagots de fràclies sont des
fagots de branches d'arbres.
iwïK, /raclions. Morv., frd te. Poit.,J're((c.
Le bourguignon a le verbe frdchai (rompre, briser), et le
Jura le yerhe frdc/icr (même sens).
Frâgne, s. m., frêne.
Lat. , fraxinus. Berry, frâ</ne. Boavg. , frâgne. Dauph.,
fragnio. Isève, Jragnio. Montv., frâgne. Morv., frâgne. Poit.,
frâgne, frane. Sa.int., fragno. Vx. h'., fraisae, frasne,freisne.
Fraîche, s. f., fraîcheur, humidité, frais du matin ou du
soir : « Je m'ieîive de boune heure; j'aime ben de marcher
à la fraîche. — Ce mot n'empêche pas frâche. (V. Frô
et Frâ.)
Loi'v. , frochou. V^'nU., frèc/tc.
Fraisi, et Fresi, s. m., fraisil, petite braise.
Berry, frasil. Champ., /r-asm. Voit., frasail, frasi.
Frâre, s. m., frère.
La.i., frater. Itsil., fratcllo. Beny,frèe. Morv., p-cc. Prov.,
fraire, fratre. Sav., frarc. Vx. iv., f-adre.
Fràrot, s. m., frérot, petit frère (dim. de frâre).
Xvtois, frérotin. Movv., frérot. Rouch., frérot.
Frèd, adj., froid : « Oh! qu'i fait donc frèd! que temps! »
(V. Froid.)
Lat., frigidits. Ital., frcddo. Berry, freid. Bress., frag.
Dauph., //-c'^. Lira. ,//■«. Lorr.,. frôd, frcu. Morv., //-é. Prov.,
19
186 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
freg.frey. Rouch.,//-0(/. St-Am., //'.(. Sav., frâ.J'rùi/et. Vx. fr.,
fi'oit.
Frèdî, V. ti". et intr., refroidir : « Vciiis donc, t'vas lasser
frèdi ta. sôpe. » — « L'dèt m'breûle; j'vas rtremper dans
l'iau por lefrèdi »
Berry , frcdlr, ferdir, Jrède;lr. Bourg. , frèdl.
Frèdure, s. f., froidure.
Ital., freddura. Prov.^ freidara, fre/ura. Wall., frodare.
Vx. fr., frtdorc.
Fregon, s. m., fourgon, râteau de boulanger pour remuer la
braise dans le four, tisonnier.
\tci\., forcoiie. Fr.-Cté, fregon. Moniv., fregon.
Fregoner, V. tr., fourgonner, tisonner, remuer sans motif.
Berry, forgonner, fougonner, fougotiner. Bourg., freguenai,
feurguenai. Bress., frogonè. Fi'. -Cté, fregonner. Geney., four-
gonner. Montv. , fregonmr. Na,m. ., forguiner. Sa.v., fr' g aenâ.
V^SiU., forgdini. Vx. fr., fourgonner. (V. Frougouncr, qui ne
ditîère que par une nuance dans l'acception.)
Freguiller, V. tr. , frétiller, remuer constamment : « Aga
donc c'poisson, coume ô freguille! » — « C'te p'tiote, ail'
freguille tôjor. »
Berry, fertlller. Bourg., freuguillai. Fr.-Cté, freguiller.
hwa,, freguiller. Prov. , fre^^il/iar. Vx. fr., fretillicr., freteller.
(V. Feàrtiller.)
Freguillôt, adj., remuant, frétillant :
O bouge, à r'inue,
O cor la rue . .
Oh! l'drôV de p'tiot.
Tout freguillôt !
(V. Ver pillât.)
Frement, s- m., froment.
Lât., frun^cntum. liai., fr unie rJo. Bervy, froument. Montr.,
frement. Morv., fronme/it. Prov., fromcn. Wall., frouniint.
Vx. fr., froniniant, frument, fournxent.
Fremer, V. tr., fermer, clore, entourer.
Lat. et Ital., fernxare. Berry, froumer, fromer, freunier.
Bourg., /"ro/xaf". Bress., //•of<«u''. Fv. -Cté Jremai. Guevn. fruniaïr.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 187
Moi'v., fromcv. Norm., fvuincr, fromev. Pic, freiner. Prov.,
fcrinar. Rouch. , frcuDicr. St-Am.,Jrounié. Sav.,//-emtî. Wall.,
freiner. (V. Fariner.)
Frémi, s. f. (jadis m.), fourmi : « Méchant comme un frémi
roussot, )) dit un vieux proverbe cité^par Jules Guillcmin.
(( On dirôt qu'jai des /remis dans l'dos. »
Lat., formica. Uu\., formica. Berry. fromi, frotiini. Bordelais,
hourmie. Boarg., frémi. Fr.-Cté, /remî..Hainaut, fourinissc,
fourinic/ie. Il.-V"e, fromi, frorimi. Marne, frcutni. Montr.,
frcini. Movv., feurmingn', frcini, formi. Nain. , frimouc/ie,
frontnoucho. Norra., formi (ni.)- Pic, frcumion, formion,
forini. Poit., freinie. Prov., formiga. Rom., fromi. Rouch.,
fourmiche. St-Am., froumi. Sav., Jr'inia. Wall., frumiche,
fronrnic/te. Vx. îv., fro/ni^, forinis, fromis. {Y. Formi.)
Fremiyement, s. m., fourmillement.
Berry, froinion, fromilleinent, frouiniUrment. Morv., frc-
inillement. Pic, fremion, fremillon. Prov., forniigamcnt.
Vx. fr. , foarmiement.
Fremiyer, V. intr., fourmiller, démanger.
Ital., forinicaro. Aunis, freniigor. Berry, fromiller, frou-
tniller. Bontg., freinUlai. Montr., freniillvr. Morv., fremiller.
Pic, frcinioner. Prov., formicar. Suiss. r., fremilli, fremcilli.
Tonl., fourni ig ne/a. Wall., Jrume/n, frouniehi. Vx. fr., for-
inillcr, formicr.
Fremiyère, s. f., fourmilière, et foule nombreuse.
Ital., forniicain. Berry, fromillière, froinllle. Genev., fron-
mllière. Metz, fi'cu m ièye. Morv., frcniillère. Poit., frcmillcre,
fremigère. Prov ., fromiguier . Rom., frotnilière. Sav . , fr'inicr.
Vx. ir., frontière, foriniUerc.
Freti, s. m., et Frétille, f., paille, chaume, terre en
chaume. A peu près le même sens qiVEtoale. (V. ce mot.)
Bourg., frctaille (menue chose). Montr., freti.
Freùber, V. intr., chercher, fureter, déranger : « Que c'que
t'veux donc? Tùjor te freùbes partout. »
M-Axne, feutrer. Vx. ir., furi(lcr,flroncr.
Frigolés, adj., rôtis. On appelle ainsi les châtaignes et les
marrons tout chauds sortant de la poêle trouée. (V. Cfo-
dàtes, Frigolliies.) *
188 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Frigoler, y. il'., faire griller, rôlir des niarron.s des châ-
taignes.
Genev., fer(.5'o/cr, brcsolcr. Morv.. frigoler. 'Sovm, frioler,
Poit., frioalcr. Sav., bri^old.
Frigolôtes, adj. f., rôties, grillées. Ne s'applique qu'aux
châtaignes seulement. (V. Chodôies.)
Frigousse, s. f., Iriture, cuisine, fricassée : « Jeanneton
n'nous fait pus d'ia bonne frigousse. » Ne se prend guère
en bonne part.
Bourg, frigousse. Geaev., ')'igonise. Pic, frigousse.
Frigousser, V. tr., faire frire, fricasser, cuisiner tant bien
que mal.
Bourg., frigoussai.
Frilieux, adj., frileux : « 01 é si/rilieux, qu'ù tient le poile
entremi ses jambes. »
hat., frigidus. Berry, fredillcux,frc(.lollûux. Bonvg., frillci'i.
Genev. , frilicu. Morv., frcdillou , frillou. Nam., fi-uleux,
frilcu?. Norm., Jrilou. Wall., froûleûs, fruslcùs. Vx. fr.,
frieuleus, froidaillous.
Friller, V. tr.^ brûler avec de la paille la soie d'un porc
que l'on vient de saigner. Ce feu d'artifice vulgaire est
toujours une fête pour les gamins, qui ne manquent pas
d'accourir aussitôt qu'ils entendent les cris aigus de la
bête au boudin. — Le poitevin dit frilai pour rendre le
pétillement de l'eau dans laquelle on plonge un charbon
ardent, de l'huile qu'on verse dans la poile, etc.
Berry, friller (être frileux). Midi, usclcr. Montr., friller.
Morv., friller. Wall., /rouler (avoir froid).
Frillôte, s. f., cuisson particulière de l'estomac, bien connue
des trop assidus buveurs de vin blanc : « Prends garde,
Jacot; t'chopines ben souvent. . . Gare à \a.frillbte! »
Fripouille, s. f., gens de rien, chose de rien. Terme de
mépris : « Eùne vrâë fripouille que ce gas-là! » — « Sa
marchandise? N'yé que cVlâ fripouille! »
Frisons, s. m., rubans de bois qu'enlèvent le sabotier et le
menuisier'dans leur travail de rabotage. En elïet, rien ne
LANGAGE POPULAIRP- Vi.RDUNO-CHALONNAIS 180
resseml)le plus aux bouclettes dv la frisure des femnios.
Les enfants s'amusent parfois à s'en faire des coiffures
comiques.
Berry, frilon, frillon, frison. Fovcz, frcsil le. Fr.-CtA, frison.
Gencv., frison. Movv. , frillo/i. Nonn., frison. Prov.. frisonn.
*
Frô, adj., frais : (( Dis donc, not'belle couraude, ail' n'é jà
pu ^\ frùcjicl » Ce mot n'empêche pas notre locaition (( à la
fraîche. » (V. ce dernier mot.)
\io\x\"^., frô, frai. Montr., frô. (V. Frd.)
Frôgner, V. intr., remuer, se remuer, se caresser par un
petit mouvement ondulatoire : « 01 é bê si content, qu'ô
s^en /rogne les épaules. »
Bourg., frog ni. Forez, se froagni (se frotter).
Froid, s. f., la froid. Certains citadins, pour mieux parler
que les paysans, disent //"o/c/ [Y .frèd), mais en féminisant
ce mot : « Oh! la, la! brrr! je grûle la froid. »
Bourg., frai. Bress.,//'«^. Genev., froid. Saint, //'t'^. Wall.,
frod.
Froid (geler de), locut. redondante et fautive. Quand on gèle,
c'est toujours de froid, (V. Bas, Bois, C/iaud, Haut.)
Front (avoir du), locut., être effronté.
Ital., sfrontato. Bourg., cto e^ff'rontoii. Prov., csfroiifat'
St-Am., été cfronlô. Vx. fr., csfrontc, effronté.
Frontonière, s- f., fronteau, bandeau formé de plusieurs
tresses, au milieu duquel est fixé un petit joyau de plus ou
moins de valeur, et dont les jeunes femmes s'ornent le
front. Sorte de ferronnière. Mais ce n'est point dans ce
dernier mot qu'il faut chercher rurigine du nôtre, qui dit
simplement (( ornement de front ».
\%^\., frontale. Berry, frontiau. Prov., frontal. Vx. fr.,
fronteaulx.
Frotée, s. f., croûton de pain frotté d'ail, qu'on mange pour
déjeuner, ou qu'on met dans le fond du saladier.
MoYv ., frétée.
P'rougouner, V. tr. , remuer, mais d'une façon ennuyeuse:
(( Ah! p'tiot, que qii'iQ frougo unes donc tôjor à coûté
d'moi? )) (V, Fregoner, BouUguerj Ranger,)
190 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
Frouille, s. f., fraude, tricherie.
Genev., frouille. Montw, /rouille.
Frouiller, V. tr. et intr., tricher, tromper son adversaire au
jeu : « J'quitte la partie; te n'fais qu'/rouiller. »
Genev., frouiller. Montr., /rouiller. Movv., /riper, frouiller,
Sav., frouiller.
Frouillon, et Frouilloû, adj., tricheur au jeu, trompeur:
(( Te gagnes, mais pasque t'ét nn frouillon. »
Fovez, /rouillon. Genev., frouillon. Montv., /rorùllon. Sav.,
frouilloa.
Froumage, s. m., fromage.
\ia\., Jorinaggio. Boiwg., forniaige. Forez, fourma, frou-
mageou.W-Anv., forma, himons. ,/rounia/e. Montv, freniagc.
Morv., fromaigc, froumaigc, frcumaige, forniaigc, froumai^e.
Pic, formiige. Pi'ov., formalge. St-Am., /rouma^-ou. Vx. fr.,
froumage, froumarhe, Jourmage.
Froumageôt, et Fromageon, s. m., fruit de la mauve, dont
la forme capsulaire figure un petit fromage, que les gamins
mangent avec avidité.
C\\:im\)., /romageot. inra, froumaidgeot. 'M.ov\.,/romaigpot,
/roumaiijcot. Ronch., fromageon. Saint., /romageoii. Wall.,
frumejoa. (V. Froumagère.)
Froumagèhe, s. f., mauve à feuilles rondes, dont les enfants
recherchentle fruit.
Bevvy, /ro/)>agère. Monti'., frcmagère. (V. Frouniageot.)
Frût, s. m., fruit, de n'importe quelle nature.
Lat., fractus. Ital., /rutto. Bervy, fru, friiL Bourg., fru.
Montr., Jrut. Morv., /reu. Prov., /rut, Jrug. Toul., /ruio.
Vx. iv.,/ruis, fruict.
FOard, s. m., pigeon. (Le vieux mot fuie voulait dire
colombier.)
Lat., /«(/a. Bouv^., fuar. Rres.s., fuiard.
FuiTER, v. iutr., fuir, couler [)ar une fissure : « Ma tarine a
faite; j'ons pas évu d'bouillun. »
'Lht. , fugcre. Ital., fuggire. Ban'y, fuigfr. Dauph., /'^/f«.
Moi'v., /^^(7t7', ]^i'QV.,/ugir. Vx, h'.,Ju'ir, f'ougr.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CII ALONNAIS 191
FuMÉLE, S. f., remolle. Le paysan ne niarehande pas pour
ce mot; il le donne carrémenl h sa f(Miime, que cependant
il appelle aussi safonne.
Lat-, J'cniclla. Berry, finnollc. Hainaut. , finnèlc , fcumélc.
Morv., fiiniclle. Nain., faniàle. Pic, fainolle. Prov., fcinel.
Ronch., feu mêle. SA\.,J'cniala. \VaU.,//'«/>!6'/c'. Vx. fr., fuinelc,
/'innclle.
FuMOÛÉRE, échelle clayonnée pour le transport du fumier.
FusiAu, s. m., fuseau. Les grand'môres l'emploient encore
en filant au rouet : « La grande Glady, all'vas'casser; aile
é mince coume ein funiau. »
Lat., /usas. Ital., fnso. Bourg., fusid, fii. Bress., Jf(sé,
Il.-Vne,/»s«a«. M-dc, fuse. Montr., feseuu. Movv., feu hiaii.
feujau. Cujd. Poit.,/«.sert. Prov., ///s. Vx. tr., f'inssel, ftiiseau,
fuislax , fuseiau, fuseaulx .
G
Gaban, s. m., blouse, roulière, synonyme de hliaude. (V. ce
mot.)
Montr., gaban.
Gadou, s. m., gadouard, vidangeur.
Bourg., gadoi. Lyon., gâthuc.
Gadoue, s. f., matière que remue le vidangeur.
Wall., godau (eau de fumier).
Gadrouille, s. f., eau sale, boueuse, vase, et aussi boisson
désagréable, sauce mal apprêtée, etc.
Genev., Montr., Poit., même mot.
Gadrouiller, V. tr., gâcher, salir, barboter dans l'eau,
marcher dans la boue.
Genev., gadrouiller. Lyon., gabouiller. Poit.. gadrouillai.
Rouch., watroulier.
Gafer, V. intr., patauger, mettre les pieds dans l'eau de
manière à la faire jaillir. Se dit des gens, des chevaux, etc.
Prov., gafar (accrocher). (V. Gaugcr, Gassoulller, etc.)
192 LANGAGE POPULAIRE VERDLNO-CHALÛNNAFS
Gafouiller, V. tr., remuer, agiter en tous sens et en désordre.
Chàtill., (jaffjoiiillui. Dauph., (joboriUev. Geiiev., (jaj'ouillcr,
Limons., fjadouilUa. Pic, padouillcr. Piov. , gafuuillar.
(V. Fcùrnàchcr.)
Gaige, s. m., gage, garantie.
Ital., gaggio. Moi-v., gctr'gc. Prov., ga/gc, goje. Vx. fr.,
icage, guagc, goJe, gaige.
Gaiger, V. tr., faire une gageure.
Boarg., gaigé. Moi'v., gaiger. "Sorm. , gagier. Pvov. , gaf.gar,
gatjar. Vx. fi\, gagier, gaiger.
Gaigeùre, s. f., gageure, pari.
Morv. , (jaigenre. Wall., wagciir. Vx. fr., gaigeùre.
Gaille, s. f., Iruie. (V. Treuë.)
Gaite, adj., fém. de gai : « Aile é prou gaite, all'rit tôjor. »
Berry, gailte. Morv., gaite. Vx. fr., gage, gnage.
Gale, s. f., employé adjectivement pour qualifier une
méchante personne : « Oli! n'vas point d'avou aile; y et
eùne vrâ gale. »
Lat., callus. Bourg., gaule. Sav., gala. Vx. fr., galle.
Galine, s. f., poule.
Lat. et ital., gallina. Kvt., gleine. Bourg., galeigtie. Dauph.,
gialiiia. Forez, jaleiia., salciia. Langued., galiiio. Morv.,
galine (truie qui a porté plusieur.s fois). Norm., guerne. Pic,
glaine, glaig/ie, glane. Prov., gallina, galhina. Rom., galina.
Rouch., glène. Vx. fr., geline.
Galine, s. f., petite pierre et caillou plat. Les enfants jouent
(( à la galine » en tâchant, à une certaine distance, de
renverser une pierre avec une moins grosse. Ce jeu s'exécute
aussi en sautant sur un pied, et poussant devant soi la
pierre avec le pied qui est à terre. Dim. de galet.
Berry, galline, galine (jeu du bouchon), inva, galine. Norm.,
galoche, galine (jeu du bouchon).
Galipia, s. m., galopin, vaurien, rôdeur, vagabond; qui ne
travaille pas. Certains donnent ce mot avec un s ou un t
final.
Bayeux, galapian. Berry, galapiot, galopiot. Bouvg. , galapia.
Orne, ganipiou. Pic, galapiat.
LANGAGE l'OPL'LAIHK N'KRDUNO-CIIALONNAIS 103
Galon, s. m., croule d'une plaie. Sorte de raascul. de gale:
(( Pouih! j'veu.x pas Tbiqucr; (M a des galons sur toute la
figure. »
Galoù, adj., galeux, pi'iiieipalcuient celui (^ui a de la crasse
sur la tête. Aussi ce c|ui est inégal et rugueux.
Berry, (jaloux. \\. fr., f/allcnx. (V. Galouse.)
Galouse, s. f., bon gâteau local, dans la pâte duquel on
mêle abondamment de petits cubes de courge. Après la
cuisson, ces cubes, quoique très attendris, restent saillants
à la surface, qui se trouve ainsi garnie de reliefs granuleux
faisant disparaître le poli de la croûte. De là le nom :
galouse, c'est-à-dire rugueuse. (V. Galoù.)
Gamache, s. f., vieille chaussure, savate, soulier dont on a
plié ou coupé le talon pour en faire une sorte de pantoufle.
Les Normands nomment ainsi des morceaux de toile dont
les paysans s'enveloppent les jambes.
Forez, gamache. Genev., ijamache. Il.-Vne, ^a/nacAe. Morv.,
f/amachc. Poit., f/aniachc. Saint., f/amachc (guêtre). St-Am,,
chatata. Vx. fr., t/arnachc (guêtre).
Gambe, s. f., jambe. (Le français en a encore gardé gambade
et gambader.)
Bas-lat. et Ital., gainba. Pic, c/anibc.Prov., cainba. Roucli.,
rja/npe. W aW. , f/ainbe.Y\. h., qambe., /ame,f/cnbe. (V. Gambi.)
Gambée, s. f., enjambée, grand pas : « Pour passer l'gouillat,
i m'a folu fâre la gambée. » Quelques-uns, fautivement,
prononcent cambée.
Berry, ajambèe, èjainbcc, èfjainbée. Vx. fr., aïKjainbùe.
Gambi, adj., bancal, qui marche de travers, qui boite d'un
côté : « 01 a chu d'Ia mate, é pi 61 en é resté gambi. )i —
« 01 é gambi; ma c'qui n'I'empôche pas d'ginguer quand
ô joue. »
Berfy, gambi/. Bourg., gambi. Genev., gambion. Jura,
cjambg. Lang. , gambio. Montr., gambi. Morv., gnmbi. Norm.,
gambicr. Sav., gambie. (V. Gambc, Jarréard, Toj'tampion.)
Gambille, s. f., jambe. Synonyme moqueur et ditn. de
gambe : « 0 n'se tient pu su ses gambilles. »
Bas-lat., gamba. Chnm\). , ga/iibillc. Vx. fr., gambille.
20
194 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Gambiller, V. intr., agiter les jambes de travers, boiter. Se
prend toujours ironiquement.
Bourg., ganihillaî. Champ., traîner la gamhiUc. Lang.,
(janxbèja. Morv., gambiller , gamUiiicr. ^ovm. , ganibcler. Pic,
gainbillonncr. Poit., être do gambillon. Wall., gambier.
Vx. fr., gambier.
Gandôleu, V. intr., remuer ondula toirement, balancer:
(( Quand ô marche, ô gandôle. »
Norm., gaadoler. Prov., gancillar. Vx. h'., gandiller.
Ganif, s. m., canif.
Angl., knifc. Genev., ganif. Vx. fr., keainet, canitot.
Gànote, s. f., sorte de gâteau, de forme ovale, tenant de la
flamusse et de la corniote, mais se rapprochant un peu
plus de la brioche. (V, Corniote, et Flamusse.)
Gàpian, s. m., employé de l'octroi, gabelou, rat-de-cave.
Terme volontiers injurieux. — Signifie aussi drôle,
polisson.
Bourg., gaibelou. Forez, gapian. Genev., gapion, gaillepaii.
Lang., gabian. Lyon., gàpian. Moiv., gàpian. Rom., gahloux.
Sav., gàpian. Suiss. r., gàpian.
Garaude, s. f., grande guêtre de toile.
Bress., garoude. Dauph., garoda. Forez, garaude, garodon.
Màcoa., garode, garoude.
Garaude, s. f., coureuse, fille de mauvaise vie.
Forez, guiraude. Genev., garaude. Morv., garaude. Piém.,
garaude, garûlla. Rom., carauldo (vieille sorcière).
Garauder, V. intr., courir, mener mauvaise conduite:
« Tous les soirs ô s'en va. On n'sait point c' qu'ô fait...
O garaude. »
Genev., garauder. Morv., garauder.
Garaudeû, s. m., coureur, garçon qui se dérange.
Dauph., garaudié.
Garcenôt, et Garçounôt, s. m., garçonnet, petit garçon.
Dans nos vieux Noëls, le petit Jésus est fréquemment
appelé garcenôt.
LANGAGE POPULAIRE N'ERDUNO-CllALONNAlS l*J5
Beri'y, (jarcniuiidji. Bouig. , //(ircciiô, (/acciiô , gaickenô,
gaclt'iicn. Lorr.. (/(ÀchenoL Pic, (jacrchonet. Vx. fr., cjav-
çonet, (jarsonnct .
Garçouniaude, et GARçouMÈFtE, s. f., iillettÇ qui joue trop
volontiers avec les garçons : « Ta Jacole, prends-y garde ;
aile é prou garçouniaude. »
Lang., garçounlalro. Montr., f/tirçouniaudc. Morv.. (jur-
çoiignièo. Pic, (juci'chonière. Vx. ïv., garsonitièrc.
Garderobe, s. m., armoire, meuble, et non pas chambre à
renfermer linge et habits. Se dit concurremment avec
or moire.
Bress., garda-robha. Gaiiev., (jardcroUc. Vx. fi'., garde robe.
Càre, s. i., guerre, lutte, bataille.
Ital., guerra. Bourg., garre, gare. Dauph., (/«er/vi. Mac,
gaarre. Prov., guerra, gcrra. St-Am., gara. Vx. fr. , guerre.
Gare, adv., guère, un tout petit peu.
Ital., gari. Bourg., gare. Pic, onère, wère. Prov., gaire,
guaire. Wall., wair. Vx. h'., guaircs, gaire, gueres.
Gareau, s. m., pluie abondante, averse : « En r'venant d'ia
noce, j'avons reçu un fameux (jareaa. » Faut-il voir là :
gare eau?
Berry, garaude. F'iaud., gruot. Lille, gruau. îvlerv., gou-
niau. Montr., garrot. Morv., gtièrot.
Gargaméle, s. f., gorge, gosier. Nous trouverons plusieurs
mots ayant une double signification.
Aube, garguette. Poit. , gargainé. Prov., gargamella. Saint.,
gargamelle. Toul., gargamèlo. Vx. fr., gargainela. (V. Gar-
gouLèie, Garguiltàt, Garguillote.)
Gargôillon, s. m., ciiarançon minuscule, qui fait son nid
dans les grains : fèves, pois, lentilles, etc.
Lat., curculio. Lyon., gonrgniUon,
Gargôiller, V. intr., gargouiller.
Maine, gargoidller (gazouiller). Morv., gargouèiller. Toul.,
gargouta. (V. Gargoter.)
Gargoter, v. intr., barboter, presque synonyme de gar-
gouiller.
196 LANGAGE POPULAIRE VERDL.NOCHALONNAIS
Genev,, gargotcr. Pic, f/argoter (bruire en bouillonnant).
Prov., ijarrjoutar. Rom., garijotier. (V. Gargôiller).
Gargouléte, s. f., gosier.
BovLY'^., gargoulette, margoalette. iuta, gargoulette. Montr.,
garquclottc. Vosg., gargolette. Vx. fr., gargouiller (se gar-
gariser). (V. Gai-naniclc, Gargulllùt, Garguillùre.)
Garguillot, s. m., gosier, gorge.
Bourg., gairguiUô, gargarl. Champ., garguillot. Fr.-Cté,
gorgoillot, gourgelin , Lang., gargaillol. Morv., garguillot,
qairc;eillot, garlutrot. Toul.. gargailhot. (Y. Gargutllùte.)
Garguillôte, s. f , gorge, gosier. Après le maso, qui précède,
il a fallu encore ce fém. pour dire la même chose : (( Se
ranfrôchir \d. garrjuillbte, » c'est boire un coup. On se la
rafraîchit souvent.
Lat., gorgulio. Aunis, garguma. Berry. gni-gane. Champ.,
garguette. ¥v.-Cié, gargnillotte, gargotte. Genev., gargataiiie.
Lang., gargatà, gargantc. Lim.. courgniolo. Movv. , garguille,
Pic, gargate. Poit., gargane, garganato. St.-Am., gueurse.
Sa.int. , guarguenail. Sav., gour.~e. Vosg., gargolate. YVa,U. ,
fjarguète.
Gàrî, V. tr., guérir.
Ital., guarirc. Berry, garir^ guarir. Bourg., gairi. Gasc,
guari. Lim., gorl. Morv., gâri. Pic, garir. Poit., guari.
Prov., garir, guarir. Rom., garir. St-Am., gari. Vx. fr.,
garir, guarir.
Gâriyon, s. f., guérison.
Ita!., guarigioiie. Morv., gairïon, gâriso/i, Prov., guerizo.
Vx. fr., guarisun, garison.
Garlet, et Garlôt, s. m., étui à aiguilles. D'autres penchent
pour garrelet.
Bourg , garlù, garrelôt, garcleiï. Chami)., garitiau. Haut-
Maine, garillet. Montr., garlot. Morv., garlot, guerlot.
Garniment, s. m., garnement : (( T'pourôs ben garder ton
p'tiot; y et un prou ch'ti garniment. »
Ital., garniinonto. Cogn., garniment. Prov., garnimen.
Vx. fr., guarncment, garniment.
Garmpille, s. m., coureur, maraudeur. Ch. Nisard eu
LANGAGE POPULAIRE VERDU.NO-CHALONNAIS 197
cloune une étymologie piquante : « Guerne et guernillier
voulaient dire, en normand, poule et poulailler. Ce dernier
se disait aussi poidlier. On comprend donc comment
pilleur de f/uernes a pu iovmer fjuarnipilk,i)uh garnipille. »
(V. Gueùrnipille.)
Garôille, s. f., truie salie. Se prend souvent, au ligure,
pour désigner une fille de conduite peu propre.
Bress., garoiUc. Monti'., garôille. (V. Treuë.)
Gàrot, s. m. .garrot, gros bâton court, gourdin, trique.
Montr., garrot. Vx. fr.. garrot.
Garouiller, V, intr., courir salement, mettre les pieds n'im-
porte où. Au figuré, vagabonder, hanter les mauvais lieux.
(V. Guèreyé.)
Gàs, s. m., garçon, jeune homme. Se prend aussi bien en
bonne qu'en mauvaise part.
Berry, gas, gasin, gason. Il.-Vne, gâs. Maine, demigâs (tout
jeune domestique). Morv., gâ. Pic, ga.
Gasser, V. intr,, marcher dans l'eau, passer à gué avec
éclaboussures.
Montr., gasser. (V. Gajjer, Gassotnllcr, Gaager,eic.)
Gassouiller, V. tr. et intr,, salir en marchant dans la boue,
répandre de l'eau, barboter.
Ital. et espagn., gua:::sare. Bourg., gassouillai. Chàtill.,
gassouiller. Genev., gouiller. Pic, gassouiller. Poit., gas-
souillai. Saint., gassouiller. (V. Gasser.)
Gâter, v. tr., salir, déchirer : « Le ch'ti morveû! ô m'a
tout gâté ses hébits. »
Lat., Kastare. Ital., guastare. Berry, gâter (blesser). Pic,
water. Poit., gâter. Prov., gastar, guastar. Saint., gâter.
Vx. fr., guastcr, icaster. (V. Gassouiller.)
Gâtiau, s. m., gâteau, désigne volontiers toutes sortes de
pâtisseries.
Berry, gàtiau. Bress., gotiau. Mac, gâtiau. Pic, œastel
Prov., gastal. Rouch., wateau. Wall., tcastai. Vx. fr.,
gastiau. gasteau.
198 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
G ATI AU (père), loc. familière, pour désigner le grand-père
qui gâte ses petits-enfants.
Gâtre, s. f., guêtre.
Bourg., Quatre.
Gau, s. m., coq. A plusieurs synonymes.
Lat., fjallus. Lang., ijal. Morv., gau. Norm., gau. (V. Jau,
Jagar.)
Gaudes, s. f., bouillie préparée avec la farine du maïs, soit
au lait, soit à l'eau et au beurre. Mets des plus usités et
des plus goûtés en Bourgogne. Avec addition de sucre,
recommandé par les médecins aux convalescents. Ce
potage pourrait aspirer à être classé comme mets national,
si toutefois il ne l'est déjà. — Sert pour la polenta des
Italiens. — La farine la plus renommée se tirait du village
d'Echenon, près Saint-Jean-de-Losne. Aujourd'hui on en
a partout d'excellente.
Montr., gaudes. (V. les Sonnets Vevdunois.)
Gaudi (se), V. pron., se gaudir, se réjouir.
Lat.. gaudcre. Bourg., se gaudi. Toul., se gaudina. Wall.,
si gaudi. Vx. fr., gaudjiv.
Gaudrille, s. f., libertine, fille de mauvaise vie : « C'te
feignante-là, n"y é ran qu'eùne peùte gaudrille. »
Bourg., gaudrille.
Gaufrei, s. m., gaufrier, ustensile dont l'emploi réjouit
toujours les enfants.
Bourg., gofreï. Vx. fr., gauff'ricr.
Gauger, V. intr., mettre les pieds dans l'eau ou la boue:
« Dieu de Dieu! j'sui-t-i fait! En v'nant, j'ai gaugé tout
mon soû. » — Un certain nombre de nos mots se retrouvent
dans le patois des Charentes, entre autres celui-là. Un de
nos compatriotes le croyait tellement local, qu'un jour,
l'entendant prononcer dans une ville éloignée, il se
retourna et dit à la personne qui venait de s'embourber :
(( Oh! vous, vous êtes Bourguignon! » C'était vrai; mais
la personne pouvait être de La Rochelle ou d'Angoulême.
Berry, gauger, gaucher, gouiller. Bourg., gaugé. Fr.-Cté,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 199
(jaugic. Monti'., gaiiger. Morv., r/auccr. rjoueillcr. Saint.,
f/aurjer. (V. Ga/J'ar, Gassouillci\ etc.)
Gaumer, V. inti". . séjourner troj) longtemps dans l'eau, dans
la sauce, sur le feu : « Ton linge f/aunW dans l'baquet. ))
— « L'niainger gaume su l'forniau. »
Gaupe, s. f-, coureuse, fille ou femme dont la conduite laisse
tout à désirer. Notre patois est riche pour désigner ces
créatures.
Bour^. , cjaupe. Forez, gaupa, gampa. Fr.-Cté, gaupot.
Genev., gaupe. Jura, gàfjc. Morv., gaupe. Suiss., gopa. Toul.,
gaupas. Vx. ir., gauppe.
Gausseû, s, ra., gausseur, qui fait le malin : « J^n'ain-me
pas d'aller nous deux lui ; tôjor ô s'moque. Y et ein
gausseû. »
Bourg., gausseû. Vx. fr., gosseur. (V. Gosse.)
Gayôt, s. m., gros bâton, rotin pour se défendre, et dont
nos gas savent souvent trop bien jouer.
Lorr., guèijo. Vosg., gayot.
Gein-ne, s. f., gêne, physique et financière. Dans plusieurs
de nos vocables, le son aigu è ou ei se trouve remplacé
par le son nasal plein : gène, gem-ne; peàie, pem-ne;
Madeleme, Madeleùi-ne, etc.
Maine, géliaigne. Morv. ,jâne. Vx. h\,gehine, /aïne, géhenne.
Gein-ner, V. tr., gêner, contraindre.
Movv. , Jdner. Vx. fr., gehennei\ geiner, gesner.
Gelô, adj., gelé. Indépendant du v. Jauler. (V. ce mot.)
Lat., gelatus. Bourg., jaulaî, feulai. Bress., xrc/o. Prov.,
gelât. Sav., :xclà. Wall.,y«/é. (V. Glas, Jaulce.)
GÉMÎ, v. intr., gémir.
Lat. et ital., gemei-e. Berry, génier. Pvov., gémir. Vx. fr.,
gemiT\
GÉMissu, parf. de gémi : « Aile a tant gémissu, qu'aile en a
tombé mau. »
Gençôts (les), s. m., agacement des dents produit par des
fruits verts, ou des aliments acides : « Tes peîirnes sont
200 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
pas meùrtes ; ail' m'ont baillé les gençots. » (On dit :
donner les gençots, avoir les gençots.)
Bourg., ai/ance. Bress., geasos. Champ., f/ences. Lyon.,
la dciice. Montr., les geiiceaax. Morv., le gciiciot. Prov.,
enter Igo.
Gendre, s. ra., genre, sorte, manière : (( F vorô ben por mon
gàs eùne fiUote dans Vgendre d'ia vôt'. » Est dit par
l'Italien qui parle français.
Lat. et ital., génère. Morv., ;inre. Prov., gendre. Vx. fr.,
gendre, gerre.
GÉNiLiER, S. m., gélinier, poulailler.
Bourg.; geneleï. Montr., genUier. Morv., gelnlère. (V. Gar-
nlpilte.)
Genô, s. m., genou.
Lat., genu. Ital., glnocchio. Bourg., germon. Bress., ceneii
him., Jo no uèï. Lorr., geno, Jnou. Morv., geno^ ynoit. Prov.,
genolh, ginolh. St-Am., ^enô. Sav., ^enoeu. Vosg., geno.
Vx. fr., genoill, gcniiil, genol, genonil.
Genti, adj., gentil, agréable, gracieux. (V. Gentite.)
Gentite, fém. de Genti, gentille, jolie : « La p'tiote, j'ia
prendrôs hen; aile é gentite à croquer. »
Lat., gentilis. Ital., gentile. Berry, gcntie. Bourg., Janti, te.
laitn., j'ènté. Morv., gentite. Vx. fr., gentis, grntile.
Gevri, s. m., givre, frimas.
Bonrg. , gècre. Lang. , Jalibre. Morv., geori, genccrl. Prov.,
gihre. St-Am., ^ëora. Toul., gibre. Wall., gicronde.
Gevriller, v. intr., se dit du givre qui tombe.
Morv., gei'i-iller, genecrillcr.
Giboulôte, s. f,, gibelotte, fricassée.
Montr., giooulotte. Wall., giblè d'aioe (abatis d'oie).
Giclôt, ou Giquelôt, s. m., loquet Constitue encore dans
maints villages toute la fermeture des portes. Les paysans
vont aux champs, pour la journée, et se contentent de
laisser retomber le loquet; ils n'ont point de cambrioleurs
à craindre.
LANGAGE POPULAIRE VERDCNO-CHALONNALS 201
GiCLOTER, V, tr., loquoter, agiter, faire tourner le giclot.
GiFE, s. f., gifle, soufflet.
Bourg., giffla (joue). Genev., gifflard (joufflu). Nara., gi/c
Norm., gilJl'-', j'-ff'c, Jafjc. Vosg., giffle. Wâll., ^ehife (joue).
GiGiER, S. m., gésier. Se dit aussi de l'estomac d'un ivrogne,
d'un goinfre : « S'en é-t-i fourré dans le gigier! »
Lat., gigeria. Berry, gigier. Genev., gigier, gisier. Hain\
gigier, gigé, csisier. Lille, giger, gigier. Lorr., gigier. Pic.,
gigier, giger. Rouch., gigé. Wall., gigi. Vx. iv., juisier, jusier,
jugicr:
GiGouGNER, etGiGOGNER, V. iutr., gigoter, remuer les jambes :
« Pendant tout l'bal (M a tant gigougné, qu'ô n'en peut pu. »
— V. tr., tirailler, secouer en disloquant : « T'veux donc
l'éracher, que t'gigougnes si fort la porte? » — « T'as biau
gigougner l'manche du martiau, te l'démanch'ras point. »
Genev., ckicougner, sigougner. Lang., cigougna. Morv.,
gigortner, gigoigner (travailler maladroitement). Poit., gigou-
gnai. Saint., gigougner. (V. Dégigougner.)
Gigue d'andouille, loc. Se dit d'un homme mou, qui se
laisse aller en marchant, qui n'a pas la jambe (gigue) plus
forte qu'une andouille.
GiNGois (de), loc. adv., de guingois : « Drès qu'ôl a bu eun
varre de vin, ô va tout de gingois. »
Berry, gimboise. Bourg., de guingoi. Forez, de gingois _
Genev., de giiingoinc Lhu., de bigouéï. Pic, de guingoin.
Poit., de ginguois. Toul., de guingoués. Vx. fr., à ggngogs.
(Le Berry et le Morvan ont le verbe Guincher, aller de côté
et d'autre.)
GiNGUER, et Giguer, v. intr., sauter, courir, danser outre
mesure, s'amuser bruyamment : « C't étourniau ! tout le
temps ô n'fait quginguer. )) — (( T'sais, ta mère veut ben
que t'joues; ma à n'veut pas qu'te gingues. » On a nommé
ginguet du vin à faire sauter les chèvres.
Lat., joculari. Berry, ginguer. Bourg., fringai, gipaillai.
Bress., zingaé. Champ., giguer. Fr.-Cté, ginguer. Genev.,
ginguer. Jnra,, jinguer. him., Jùig lia. Midi, / ing uer. Montv.,
ginguer. Morv., ginguer. Norm., ginguer. Pic. , jingler. Poit.^
jinguai, ginguer, giguer. Rom., fgnguer. Rouch., gingler-
Toul., guiniba. Wall., gingler. (V. Requinquer, Gipaillcr.)
21
202 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
GiPAiLLER, V. intr., sauteriller, gambader en faisant sauter
ses jupes.
Bourg., glpaillai. (V. Ginc/ucr.)
GiRiES, s. f., plaintes sans grand fondement, manières de
plaignarde, et aussi simagrées, grimaces, affectations
hypocrites : « Ah! mon Dieu! en fait-elle des giries! ))
Berry, gj/rie. Bourg., gei/re. H'e-Marne et Marne, giries.
Morv., giries. Norm., giries. Pic, giries (tromperies). Poit.,
giries. Rouch., gyries (mauvais tours).
GivÉLE, s. f., javelle. Ce qu'on coupe d'herbes (blé, orge,
seigle) avec la faux ou la faucille, et qui attend d'être mis
en gerbes.
lta.1., g cwela. Bourg., Jaivélc. Champ., javeau. Morv., Jai-
vale, zaicéle. Pic, gacellc. Prov., gavéoti. Suiss. r., clzécala.
TouL, gabèle. Vx. fr., garnie, gacelle^Javaulx. (V. Javelles.)
GivELER, V. tr., javeler, couper, faucher des poignées de
céréales.
Aunis, Jaoouiller. Movv.,jaivaler. Poit., Javasscr.
GivELÔT, et GivELÔTE, S. m. et f., petite javelle, et petit
fagot de sarments.
Berry, javelotte. Morv., javelot], jaivelot. Poit. , jacelon,
javelot.
Glaice, et Glas, s. f. et m., glace.
Ital., ghiaccia. Berry, gla. Bourg., glaice, cliaice. Gasc,
glas. Lim., glia, gliaço. Lorr,, guiace. Montr., glliaiche.
Morv., guiaice. Prov., glas, glats. Rom., glat^, St-Am.,
lyache. Sav., gliais. Toul.^ glas. Yoiig., cUaise.Yx. iv.,glachey
glas. (V. Jaulèe.)
Glaiçon, s. m., glaçon.
Bourg., glaiçon, diaiçon. Morv., guiaiçon. Pic, glachon.
Vx. fi'., glason.
Glener, V. tr., glaner.
Bas-Iat., glcnare. Aunis, glicnncr. Berry, liêner, glainer,
glener. Genev.. glêner, glainer. Morv., guainer, giiieuner.
Norm., Itanner. Pic, glainer. Poit., lienner. Prov., grenar.
St-Am., hjenè. Vx. fr., glener, glainer.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 203
Gliâ, s. m., glas, tintement lugubre de la cloche pour
annoncer une mort.
Ital., c'iiasso. Bourg., clas. Morv., ïàs. Prov., clas. Vx. fr.,
g la.;, clas. ^
Gliand, et Gliand-Dô, s. m., gland, et gland-doux.
Lat., glandis. Ital., ghianda. Berry, aillant, lland. Bress.,
i/an, tjan-do. Genev., aglan. Maine, guian. Manch., lion.
Montr., glliandu. Norm., Han, lion, glian. Prov., glant,
aglan. St-Am., Ujè. Suiss. r., aillan. Vx. fr., glande, glan.
Glissière, s. f., glissoire : « 0 s'é flanqué le c... su la
glissière; ôl a fait étoile. »
Bourg., ruea. Genev., glisse. Pic, glinchade. Poit., glis-
souère. Rouch., dégrioloire, glichoire. Toul., leguenadou.
Wall., glichoire.
Glonfer. V. tr., gonfler, distendre.
Lat., conflare. Ital., gonjîare. St-Am., conlgè. Vx. fr., con-
fier. (V. Gonfle.)
Gloriéte, s. f., cabinet de verdure dans un jardin. A Chalon-
sur-Saône on a encore le rempart « de Gloriette ».
Esp., glorieta. Lille, gloriette. Rouch., gloriéte. Vx. fr.,
gloriéte.
Glu, s. m., « du glu », pour de la glu.
Lat., gluten. Ital., glutine. Berry, llu. Forez, (jlun, clœu.
Genev., glu (m.). Prov., glut.
Glû, Glus, Gluix, s. f., et Glin, s. m., paille de seigle de
l'année précédente, qu'on emploie souvent à faire des liens
et surtout à couvrir les maisons.
Lat., glas. Aunis, glieu. Berry, glotte. Hotte. Bourg., gleu,
glô. Bress., glu. Fr.-Cté, glu, glou, ghieu. Guern., gllic. Hte-
Auv., clud 3: ad a (^toit de chaume). Montr., gllieux, gllius. Morv.,
gaieu. Norm., liot, gleu, glu. Pic, glui. Poit., glin, gleu, glieu.
Prov., clui, glueg. Rom., gleng. Rouch., glui. Saint., glcux.
Vend., gilu. W^all., glui. Vx. fr., glugon, glutj, glui.
Gniaf, et Gniafe, s. m., cordonnier, mais pas de premier
ordre, resseméleur. Expression dédaigneuse.
Marne, niafre. Norm., gniaf. Poit., niaj. Wall., gniaf Vx.
fr., gnaf
204 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Gnieû, s. m., nichet, œuf couvé laissé dans le nid pour que
la poule y vienne pondre.
Auv., nto, griiau. Bevry, g nie u. Forez, niât, niron. H'"-Maine,
niau. Jura, gnicu. Morv., gniau^ niau. Norm., gnieu, gniai^
niau. Poit., nio, nion, nioue. Prov., niau. Suiss. r., /tiô,
gniô. Vend., gnieu.
Gniole, s. f., tape, coup : « Si te n'me lâches pas, j'vas
t'envoyer eu ne gniole. »
Bourg., gniole. Lorr. , niole, gnole. Morv., gniole. Pic,
niolc, gnole. Rouch., nieule.
Gnognôte, s. f., bagatelle, chose de peu de valeur : « Qu'é
c'qui é que c'qui? Y é d'ia gnognôte I »
Berry, gniogniot (niais). Chatill., (//u'oi! (dernier né). Montr.,
nioniot (niais). Norm., ^/»'o^ (niais).
Gnôle, adj., crédule, niais, simplet : « Côse-te; t'é ben trop
gniole. »
Genev., begnule. Guern., niolle. inra, gniolle. Morv., gnole.
Norm., gnole, gnolu. Vaud., gnagnou, guegnule. Wall., noie.
Gobe, et Gobôt, adj., gourd, engourdi par le froid : (( Je
n'peux pus t'ni ma pleùme; j'ai les dèts gobes. »
Aunis, gobe. Berry, gobe, gobourd. Bourg., gobe. Dauph.,
gobio, goubio. Isère, gobio. Lyon., gobo, goba. Morv., gobiot,
gouble. Norm., gobot. Pic, bande. Prov., gobi, gobia.
Gobelôt, et GouBELÔT, s. m., gobelet, vase à boire, et liseron,
fleur qui ressemble à un gobelet.
Bân-lat... g ubel lus. Berry, gonbelet. Bourg., gôbclle (petit vase).
Prov., gobelet. Rouch., gobclot, gobant. Vx. fr., gubulet, gon-
belet.
GoBRiCHER, V. tr,, gober, avaler vile, croire à la légère:-
(( Tout ça qu'on li dit, ô Vgobriche. »
God'lurô, s, m., débauché, jeune libertin.
La.t., g audere. Bourg,, gaudelurô, galurô. Vx. fr., gaudc-
lureau, goguclureau, galureau.
Godiche, adj., plaisant, bizarre, ridicule : « D'avou sa cane,
ét-ti godiche., c'ti-là! » Altération de Cdaude, qui, comme
Jean-Jean, veut dire : nigaud.
Rouch., godiche.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONiNAIS 205
GÔDRON, S. m., goudron.
Berry, gàdron. Genev., qodroa. Morv., (jôdron.
GoGÂYE, S. f., bon repas, copieusement -arrosé : « Voui,
l'fameux gas! ôl é prou bon pour faire la gogàye. »
Bourg., gùg aille.
GÔGUE, s. f,, plaque de fer attenant au bateau, et où se
place Vépaillète.
GoiFFON, s. m , goujon. D'un apprenti pêcheur on dit : (( 0
n'prend qu'des rjoxffons! ))
Bourg., ^OMt/fo/i. Bress., goifon. Rouch.j/yowojon, gouvlioii.
GoÎTRON, s. m., maladie du cou, qui décime souvent les
troupeaux de moutons. On la nomme aussi bouteille. —
Ces deux noms la désignent assez clairement.
GÔMON, s. m., mélampyre, plante des terrains calcaires, qui
colore le pain en rouge vineux. Se dit aussi de l'avortement
du grain de froment, maladie plus locale que le charbon.
GÔNER (se), V. pr., s'habiller de travers, sans goût, et aussi
se travestir, se déguiser pour les jours de carnaval. A
propos de ce mot, disons qu'en Bourgogne il a signifié :
1° Se mal vêtir; 2° se vêtir avec soin : « Pou l'mardi-gras,
ô s'a goné. )) — « Eh! dis donc, coum' te v'ià gànée! »
Ital., gona. Berry, gounef, gauner. Bourg., gonai, gaunai,
gounai. Chât.-Chin., gôncr. Dauph., gonella (niaise). Fore/,
goncr. Jura, gôiié. Lang. , gonela (tunique). Lyon., gôner.
Montr., gôner. Morv., gôner. Toul., gounél, gounelo (robe).
Vx. fr., gône., gonel, gounela (jupe de femme). (V. Gônot.)
Gonfle, s. f,, musette : « J'vons danser; Simon va nous
jouer de la gonfle- »
Lim., chobrèo. (V. Musote.)
Gonfle, s. f., bulle, ampoule ; (( Faire des gonfles de savon.
Avoir des gonfles dans les mains. »
Bress., gonfle. Genev., gonfle.
Gonfle, adj., gonflé : (( 01 a tant buvoché, qu'ôl en é gonfle. ))
Quand un bœuf a trop mangé de trèfle mouillé, il est
gonfle et crève. Alors on \q fait assacoir, et on le vend au
206 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
rabais, sous la garantie du vétérinaire. — Un certain
nombre d'adjectifs prennent chez nous cette formedépouillée
de l'accent : enfle, trejjipc, trouble, etc. Pontus de Tyard
a délivre pour délivré. Le genevois a cure pour curé (mis
à sec).
Genev., gonfle. Lim., t/ofèls. Morv., gonfe.
GoNGÔNER, V. intr., murmurer, se plaindre : « C'te vieille^ ail'
n'é point drôle; ail' gongbne sans fin. »
Dauph., gongonncr. Genev., gongonner. Lyon., gongoiincr.
GÔNiÀ, s. m., chiffon, loque, et aussi la personne qui en est
vêtue. (V. Gônot.)
GÔNÔT, et GÔNiÔT, s. m., personne travestie de façon gro-
tesque et triviale : « J'sons en carnavau ; les génois côront
les rues. »
Fr.-Cté, gôna (équiper). (V. Gôner, et Gonia.)
GoRDER, V. tr., quémander, mendier : (( T'n'as donc pas
honte, d'aller c'mentc'qui iàjov garder cheû les vouésins? »
GoRGÉTE, s. f., petite gorge, gorgerette, col de femme.
Ital., gorgierctta. Bourg., gorgeirc. Bress., gor:;ira. Mac,
gorgeire. Morv., gorgcire. Poit., gorgcire. Prov., gorgegrcfa.
Vx. fr., gorgette, gorgcrete.
GÔRi! goret! exclamation des campagnardes pour rassembler
leurs petits cochons. On entend aussi parfois : Gouri!
(Y. ce mot.)
GoRMAND, adj., gourmand, qui a l'appétit d'une chose, qui
mange beaucoup.
Berry, gormaiid. Bourg., gornian. Mac, gôr/nan. Morv.,
gornian. St-Am., groumi;. Saint., gormand.Vx.îv., gourman,
goiir nient.
GoRMAND (être), loc, être désireux, avoir besoin : « 01 é
gormand d'soumei. » — « C'te tare é gormande d'iau. »
GoRMANDiSES, S. f., friandiscs, sucreries : (( Y évôt eun biau
dessert; 5^ étôt plein de plats d'gormandi.ses. »
Genev., gormandises. Morv., gormandies.
LANGAGE POPULAIRE VKKDUNO-CHALONNAIS 207
GôssE, S, f., gausserio, mensonge, bourde; jacasserie, potin :
(( Côse-te; l'é tùjor à nous conter des gosses. »
Bei'i'V, gausse. Bourg., fjaussc. Norm., gosse. (V. Gausscû.)
GôssER, V. intr., mentir, conter des blagues.
Bourg., gaussai. Chatill-, gausser. Poit., gosser.
GÔTE, s. f., goutte, ration de '( dur d, que l'indigène multiplie
avec trop de complaisance.
Lat., gulta. Ital., goccia. Bourg., gôlc, gueûte. Morv., gotte.
Pvov. , gota. St-Am., goûta. Sav., gotta. Vx. fr., gotc, goûte.
GÔTER, V. tr. et intr., goûter, discerner les saveurs, et aussi
tomber par gouttes.
Lat. Qi liai., gustave. Bourg., gâtai. Morv. , gotter. Prov.,
gostcr. Vx. fr., gosier, goustcr.
GouDÔT, s. m., jeu d'écolier consistant à courir d'après
certaines règles, et à s'attraper : (( Veins-tu jouer au
goudotr »
Gouî, s. m., serpette de vigneron.
Bourg., goût. Montr., goyard (grosse serpe). (V. Gouisot,
Sarpe.)
GouiLLAFRE, et GouLiAFRE, S. m., goinfrc, glouton, qui
mange par gourmandise.
Berry, goulaffre, galq(fre. Bress., galafre. Genev,, galtau/re,
gouliafe. Lille, galafe. Lorr., goulafre. Marne, gouliaret.
Montr., gouillafre. Norm., galqffre. Pic, goulafre. Poit.,
gouhifria. Rouch., galafe, galoufe. Sav., gaillôfra.lowl.,
galhofre. Wall., galafe. Vx. fr., gali^lfre, goulafri.
GouiLLAT, S. m., flaque d'eau qui reste après la pluie, creux
d'eau sale, bourbier : « N' pass' pas dans Vgoidllat! » —
« J'ai, dit J. Durandeau, entendu une Bourguignonne qui
partait pour l'Amérique dire simplement : « J 'allons
passai le grand g oui liât! »... Appliquer le mot gouillat à
l'immense océan! Chez nous on appelle aussi Paris le
grand village.
Berry, gouillat, gargoille, gargot. Bourges, gouilla. Bourg.,
gouillai. Chatill., gassouillat. Cogn., g assouil. Dauph., goliat.
Doubs, gouillat. I^'orez, sabouliat. Fr.-Cté, gouillct. Montr.,
208 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
(/0'illle,ciouilla. Morv., gorjat,!joueillâ, gargouilla. {V.Gouillc,
Margouillat.)
GouiLLE, s. f. de Goaillat, flaque, boue, sale ruisseau.
Alp. rom., gouillc. Bom-g., g ouille. DeiU\)h. , gouille. Fr.-Cté,
gouilla. Genev., gouille. Morv., gouaille. (V. Gouillat.)
GouiNE, s. i., fille, femme de vie méprisable. Qaean (kouine),
truande, laissé aux Bourguignons par les Anglais au
commencement du XV*^ siècle. « Singulière fortune des
mots, dit J. Guillemin; le même veut dire ici i^eine., et là,
femme perdue. » Dans la Table ronde, la reine Goïne,
complétant les deux acceptions, trompe et tue son mari.
Bourg., gouiiie, gouigne. Bress., gouine. Forez, gourrine.
Lang., gourrine. Morv., gouine. Sav., gouina. Rouch., gouine.
GouisÔT, s. m., et Gouisôte, s. f., serpette de vigneron.
Lat., gœsum. Berry, goué, gouet, gou^. Bourg., goi, goui,
gousô, gouisot. Forez, goye. Fr.-Cté, goillot. Genev., goiset,
goa^et, goyarde. Isère, gouï. Lyon., goyeta, goyarde. Mac,
goyete (hachette). Morv., goyar. Poil., gouet. Rom., goi^
(épée). Sav., goyet, goieita. goyarde. Tour., gouet. Vx- fr.,
gog, goiart. (V. Goui, Sarpe, Roiràtc.)
GoiiLE, s. f., gueule. Se dit désobligeamment pour bouche.
Lat., gula. Ital., gola. Berry, goule. Norm., goule. Prov. ,
gola. Vx. ir.., goule, gole, gueulle.
GouLÉE, s. f., gueulée, gorgée, grosse bouchée : « Gare! si
Toinot s'met en coulâre, ô n'f ra d'toi qu'eùne goûlée. »
Genev., golée. Lim, , gourjado. Lorr. , goulèye. Morv.,
gueulée. Pic, goulèe. Poit., goulèe (petit morceau). Prov.,
golada. Wall., goulèe. Vx. fr., goulèe. (V. Goulon.)
GouLERÔT, s. m., goulot, ouverture par où l'eau s'écoule,
petit canal de pierre pour conduire les eaux.
Morv., goulerot. Rouch., gulo.
GouLERÔTE, S. f., pli dans le terrain pour l'écoulement des
eaux pluviales.
Morv., goulerotle.
GoÛLON, s. m., même sens que Goûtée. (V. ce dernier mot.)
Bourg., gaulon. Champ., gaulon (bon morceau).
LAiNGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 209
GouNÉLE, S. f., robe, dans le sens peu élégant. Se dit aussi
d'une fille mal attifée, sale, effi'ontée et de conduite
équivoque.
Bas-lat., gitiina, (jonclu. Ital., '/onria. Boui'^., r;onèle. Lim.,
gounelou, gounèu. Midi, goncla, goiinella. Montr., godncllc.
Nonn., goiuiello (jupon). Rom., gjiia. Vx. fr., gonnc, gonelte.
(V. Gôner, Gônàt.)
GoÛRi, s. m., goret, porc. On emploie volontiers ce mot
pour qualifier un enfant sale : « Oh! le p'tiot r/ouri! va
t'en! )) Ce mot sert encore à appeler les pourceaux.
Lat., aerres. Bas-lat., vorretns. Berry, gouvis gourct. Bourg.,
gotiri, gorai. Forez, gonrri. H'-Maiiie, gorin. Jura, gouri.
Morv., .70/7". Toul., gonrri. Yx. fr., corct, gorret, gouret.
(V. Govl.)
GoÛRiN, adj., coureur, vagabond, libertin.
Montr., gourrain.
GoiÎRiNER, v. intr,, vagabonder, rôder, libertiner.
Bas-lat., gorrinare. Forez gourrina. Lang., gourina, gour-
rinar. Montr., gourriner. Prov'.. goui-rlneja.
GoûsiER, s m., gosier. D'un qui mange dru : a Ah! le
boufre! ôl a eun rude gousier! »
Bourg., gouslè. Lorr., gosic Morv., gousié. Vx. h\, goslllier.
GoiiT, s. m., odeur : « Queiî drôle de ^oà^ qu'ea sent por
iqui! )) Faute locale invétérée et des plus caractéristiques.
Lat., gitstiis. Ital., gusto Bourg., flairure. Prov., gost-
Vx. fr., goust.
GôvARNER, V. tr., gouverner, diriger.
Lat., gahcrnaro. Ital., goceniare. Bourg., gôaané, gouoanai.
Prov., gooernar. Vx. f r. , gooerner, guoerner , quoverner,
gouvrener.
GoYÔTE, s. f., poche, bourse, gousset.
Bourg., goilleutc. Lorr., gosso.SsiV., Jata. Vx. fr., gouchot-
Graboter, V. tr., retourner le bois, attiser le feu dans le
poêle. — Greùbe voulant dire : bûche, ne serait-ce pas
cjreùboterf
Grâces (faire des), loc, faire la coquette, l'aimable.
Norm., faire des grâces.
22
210 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Grafer, V. tr., agrafer : « Eh! p'iiote, v'tu m'grafer ma
robe? J'en peu pas v'nî à bout. ))
Vx. fr., ijrajfcr, a(jraj>peir.
Grainge, s. f., grange.
Bas-lat., graiiica. Bourg. ^ grainge. Lini., granjo. Morv.,
groiage. Prov., graiija, gvaiiga. Vx. fr., gragiic, grandie.
Grainger, s. m., métayer qui exploite une propriété rurale.
Daupb., granger. Genev.; grangcr.
Grainjons, et Grinjons, s. m., petits joncs, oseraies qui
poussent au long des rivières, et dont sont garnis les bords
des lions et du Petit-Doubs.
Graipin, s. m., grappin, tisonnier : « Là vou donc c'é qu't'as
foré V'graipin du poêle? »
Ital., grappo. Champ., crape. Morv., graipin. Pic, crapc.
Prov., g râpa.
Grand, s. m., et Grand', s. f. : « Mon grand, ma grand' »
s'emploient elliptiquement pour : mon grand-père, ma
grand'mère. — Dans une des notes dont il a enrichi les
poésies de Bonaventure Desperriers, né à Arnay-le-Duc,
le bibliophile Jacob se demande ce que peut bien signifier
ce mot grand. Que ne me l'a-t-il demandé, à moi! En vrai
Bourguignon, je l'eusse vite sorti d'embarras.
Lat., grandis. Ital,, grande. Mac, grand. Montpel., grand.
Montv., grand. Prov., gran. (V. Màre-grand\ Pdre-grand.)
Grands cœurs, s. m., fils de chanvre de la première finesse.
Gran'ment, adv., grandement.
Lat., grande. Ital., grandemente. Bourg., granman. Morv.,
qran'nicnt. Norm. , gran'ment. Pic, granmeint. Prov.,
granmcn. Saint., granment.
G RAPE, s. f., ustensile en fer, à trois dents courbes, pour la
pêche.
Grasse (terre), s. f., terre glaise. Utilisée pour les tuiles.
G rate, s. f., démangeaison.
Morv., graite. Poit., graleUe. Saint., gratte.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNALS 211
Gratecu, s. m., fruit de l'églantiei' et du rosier, surtout la
bourre piquante qui entoure ses graines. La jeunesse des
campagnes, habituée aux grosses farces, répand parfois
de ce singulier duvet dans les lits des jeunes mariés. On
est toujours riche en mauvaises plaisanteries.
Sav., gvattacu.
Graton, s. m., petit morceau de viande rissolé, résidu du
lard qu'on a fait fondre. Les enfants s'en régalent :
(( Manman, donne-moi des graions! »
Berry, (/rilloii. Champ., rjraton. Forez, graton. rjréton.
Fr.-Cté. (jrelon, firabson, grah.son, r/rabençoii, qrnhcnsoiL .
Genev., greubon, graton (aspérité). Montr., gratton. Morv.,
greille, griblaude, grillaude. Norni.. creton. Poit., graton.
Suiss. r., grenhon. Vx. fi'., erefonni; (friture dans la graisse).
Graule, et Grôle, s. f., grêle. Pris adjectivement dans le
même sens que gale : (( Ah ! que ch'tite graule que ça fait,
que c'te coraude iqui ! »
Bourg., graille. Movv. , grôlc. Pic, grieu, gris. Prov., grcs.sa,
grcza. Vx. l'r., grcsie.
Grauler, et Grôler, v. intr., grêler.
Bourg. ,///-«(Hrt/. F. -Cté, groin. Morv., grôlor.Vx. tr., greslcr,
grausler. (V. Crouler, qui a encore une tout autre acception.)
Gravéles, s. f., petits cailloux, gravier : (( T'as cori sur les
bords de Tiau ; v'qui tes sabots pleins de gravéles. »
Bress., graoale. Morv., gracelle, graicale. Nam., graoale.
Prov., graoel. Wall., grarale, grcvale. Vx. fr., gracclle.
Gravicher, v. tr. et intr., gravir, grimper, monter : « Que
brise-tout! ô m'dévore ses culottes à gravicher su les
âbres. »
lta[.,gradire. Bevry, g raviger, graviller^gravouiller. Bourg.,
graivi. Morv., gravicher. Poit., graver, graviger. Saint.,
gravocher, graver. Tour., gravouillcr. Vx. fr., graver.
Gravichôt, s. m., lierre, parce qu'il grimpe après les arbres
et les murs. — Les enfants donnent aussi ce nom h l'épi
de blé qu'ils s'introduisent sous la manche de chemise, et
qui graviche tout seul jusqu'à l'épaule.
Morv., gravissot. (V. Gravicher.)
Gravichoù, s. m., enfant qui monte aux arbres. Le grim-
212 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
pereau est surnommé gravisson. Rabelais dit : (( l\ gravait
as arbres comme ung chat. »
Morv.. grai'ichon.
Gravière, s. f., sablière, carrière de sable.
Champ., graciére. greciére. Pfov., gracier. Wall., ^rar(.
Gremau, s. m., noyau de fruit.
Gremélons, s. m., petites saillies, d'une espèce particulière,
que l'on remarque sur la terre après une forte pluie d'orage
mêlée de gi'èle. Répond, par l'idée et la forme, à l'adjectif
grumeleitjc. Simulerait presque la contraction de « gru-
meaux formés par les grêlons. »
Lsit., gruiiiellus. Ital., grunio. Vx. fr.. gruiniel. greineaux.
Gremillons, s. m., petits grumeaux, parcelles coagulées :
« Ton lait veint d'torner dans ton café; ôl é plein iVgre-
millons. n
Berry, gremille, greinilloii. Genev., greniaillon, grcmoUion.
Morv., greumillon, giiourinillon. Poit., grc/nillon, gremcitloii.
(V. Caton, Grumelàt, Matons.)
Gremuchau, s. m., peloton, petit paquet de fil. J. Guillemin
donne le plaisant verbe engramuchaler (pelotonner).
Bourg., gremisséa. Bress., gremuchau.
Greùbe, s. f., souche, grosse bûche, fragment de tronc, que
l'on chosit pour mettre au feu avant la messe de minuit,
qu'on arrose de libations de vin, devant laquelle on
réveillonne en chantant des Noëls, et qui pisse bonbons et
friandises pour les enfants sages. On dit à un enfant lourd :
« Te n'bouges pas pus qu'eùne greùbe; )) et d'une personne
grosse et molle : « La grosse greùbe! »
Bourg., seuche. Bress., grèbe. Genev. dit : Faire caqucr la
tronche. Metz, treffan. Montr., grèbe. Norm., tre^feu, trejffouel.
Sav., grœuba.Yx. fr., treffouel. (V. Queùrle, Seiiche, Rossi-
gnon.)
Greùmage, s. m., grappillage. La vente du raisin en détail
demeurait interdite, ainsi que le greùmage, avant l'expi-
ration des quinze jours qui suivaient la vendange (le ban
de vendange était jadis d'une grande importance en Bour-
gogne^
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 213
Greùme, et Grume, s. f., grain de raisin : (( Ah! l'biau râïn!
donue-moi-z-en eùne ou deux yrumes. »
Bei-ry, grime. Bourg., (jrciinie. Champ., f/rcunic. Chùtill.,
gi-ea/nv. Lang., (jraino. \iovv., grêinc, </reuni^. TouL, ;/ri(.
Greùser (se), V. pr. , se plaindre, raconter ses ennuis, ses
misères. Dans le même sens, on dit aussi : « Faire ses
greùses, » (V. ce dernier mot.)
Montr., se tjreuscr.
Greûses, s. f., ennui, contrariétés, griefs, plaintes, lamen-
tations : (( 01 a été li faire ses (/reùses. »
Montr., <ji-euscs. (V. Se (jreùser.)
Grïau, Gruau, etGRuïAU, s. m., seau de sapin, petit baquet,
destiné, dans tous les ménages, à recevoir de l'eau, du
linge à laver, etc. Ce mot, qui désigne le contenant, désigne
aussi le contenu : « Ein grïau d'iau. »
Montr. , //riea». (V. Grlèlot.)
Gribiche, s. f., femme méchante, maligne : « C'te peùte-là,
y et eùne vieille gribiche; ail' ne décesse de dire du mau
des gens. »
Genev., gribiclie. Norm., gribiche.
Gribouiller, v. tr., tracasser, tourmenter, obséder: (( Ah!
j'ai ben la tête prou gribouillée c'ment c'qui, »
Moiv., gribouiller.
Gribouillon, s. m., gribouilleur, grifîonneur.
Bourg., gribouiUi (trempé d'eau).
GRmouiLLONER, V. tr . , gribouiller, mal écrire, gri filon n er :
« Le p'tiot é r'venu d'I'école; ma, le ch'ti, ôl avôt gri-
bouilloné tous ses devouérs. »
Hain', draboulier. Wall., grabouillcr. crabouii. (V. Gri-
fouiller.)
Griélot, s. m., petit grïau, vase de bois dans lequel on
reçoit le lait trait des vaches. (V. Grïau.)
Grifouiller, v. tr., grifitonner.
Rouch., grifoulicr, yrafoulier. (V. Gribouilloncr.)
214 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Grigne, adj., maussade, grincheux, chagrin : « Dépeû qu'ôl
a été rnauportant, ôl é grigne en diâbe... »
Berry, grignaud, grigne (qui grimace). Bourg., greigne,
graignc, gr^igne, grlonchc. Bvet., grignoux. Champ., grigne.
Cogn.,grtg ne (croûte de i:>a.\n).F[a.nd., grigne, graingne. Fr.-Cté,
grigne. Genev., gringe, grningc.iu.va., grigne. Movv. , grignon,
graingne, grigne. Norm., grigne (croûte de pain).
Grignedent, adj., rechigné, de mauvaise humeur, aigre,
qui grince des dents.
Rouch., grineden, grcneden. (V. Grigner.)
Grigner, V. intr., grincer : « 0 la treùve si peùte, qu'ô li
grigne de.'i dents. »
Ital., digrignare i denti. Chàtill., grigner des dent.<. Morv.,
groingner. (V. Grignedent.)
Grillôt, s. m., grillon : « Ugrillbt é dans la ch'vinée; ô
chante darrei les cenises. »
Lat., grillas. Ital., griilo. BeiMy, grelet, grillet. Bourg. i
grilleiï, gresillon, grilla. Forez, grelet. Jura, grillât. Midi,
griilo. Montr., grillot. INIorv., greillot. Poit., grelet. Sav.,
grillet. Suiss. r.. grellet. Vx. fr., gresillon.
Grillôt, et Grûlôt, s. m., grelot : « 0 s'émuseàfâre souner
son grillot. »
Lat., crotalum. Centr. , greland, grelot. Montr., grillot.
Morv., greillot. Vx. fr., grelet.
Grilloter, V. intr.^ faire du bruit à la façon d'un grelot.
Grimon, s. m., chiendent.
Bourg., grimon.
Gringe, adj., qui s'applique au blé. Le blé est gringe quand
les épis sont maigres et les grains petits.
Gringuenoter, V, intr., gringotter, fredonner, chanter
comme le pinson, comme le rossignol. H' Estienne dit :
(( Gringuenotter une messe. »
Bourg., grainguenotai , gringaai (faire sonner). Vx. fr.,
gringotter, gringoter (se moquer). (V. Rossignoler.)
Gripe, s. f., grippe, catarrhe épidémique. Au fig. femme
brusque, mauvaise, emportée : « Voui, ces fonnes iqui, y
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 215
é des vrâ gvipes. » On se souvient de la trop fameuse
tournée européenne de cette maladie, en décembre 1889.
— Plus d'un siècle auparavant, Voltaire écrivait à Cha-
banon : « La grippe, en faisant le tour du monde, a passé
par notre Sibérie, et s'est emparée un peu de ma vieille et
chétive figure. » Je me rappelle ce couplet, qui doit dater
de ce temps :
Maman, quel mal (juefai!
J'ai la f/ripettc,
J'ai la gvipette ;
Maman, quel mal qite j'ai!
J'ai la gripette
Du mois (le mai,
Grispin^ ad]'., disposé à griffer : (( Méfie-te : y et eùne
grispine. ))
Bress., grispin. Morv., grispin.
Grispiner, V. tr., saisir des mains et des ongles.
Bress., grispiner. Forez, grispignà. Genev., grisper. Morv.,
grispiner.
Grissoler, V. tr., rissoler, jaunir. Faire grissoler un morceau
de viande, c'est le « faire revenir », le dorer au feu.
Genev., hrcsoler, brisolcr. Noi-ra., roussoler.
Grivolôt, adj., grivelé, tacheté de gris et de blanc, comme
la grive.
Bress., gricale. Bugey, gricola. Morv., gricot. Vx. fr.,
grivolé.
Grognoû, et Grougnoû, adj,, grognon, grondeur, pleureur.
Une femme grogneuse, grondeuse, on l'appelle Marie-
Grognou.
Morv., groingnon. Rouch., grèniou, grignou, engrogné,
cngraigné. (V. Groûgner.)
Grondée, s. f., gronderie, reproche, réprimande : « D'avou
lu, tôjor des grondées ! »
Genev., grondée. Morv., groingnerie.
Gros, adv., beaucoup : (( Y é gros bon; j'y ainme gros! »
Bas-Iat., grossas. Ital., grosso. Berry, grous. Bouvg., grô.
Lira., gros. Mac, gryju. Pic, rros. Vx. fr., gro;, gros d'eau
(grande marée).
216 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONN AIS
Grosses dents (parler des), loc, parler sévèrement : a Aile
étôt ben penaude; son pare l'i a parlé des grosses dents. »
Grôter, V, tr., bercer : (( Jean-néte, veins g roter l' petiot,
qu'ô peùrne ein c6p l'seûme. »
Bourg., breussni. Bress., grotè. Lyon., croassa. Montr.,
gratter. Prov., barsar, bressar. St-Am. , gôurti-. Sav., bricher.
Vx. fi'., borser, brrsier.
Groûer, V. tr., couver : « N'vas pis déranger not' poule;
air g roue. » Ce mot a-t-il un lien avec égroùer (baisser)?
La poule se baisse bien pour couver. — Se dit aussi dans
le sens de : croupir.
Lat., cubarc. Ital., cooare. Berry, couer. Bourg., rouer.
Forez, coua. Fr.-Cté, rjouiocr. Genev., gourer. Lang., coua,
couga. Monti'., grouer. Morv. couer. Norm., couer, acouer.
Poit., couer. Prov., couar, grounr, coar. Saint., coder. Wall.,
cocer, couer. Vx. fr., queuver, coter. (V. Conisse.)
Groûlée, et Grôlée, s. f., forte secousse donnée à un arbre
chargé de fruits : « Oh ! la bail' gronlée ! toutes les peùrnes
ont chu. Si t'en veù, en v'ià. »
Sav., sagroUà.
Groùler, et Grôler, v. tr., secouer un arbre pour en faire
tomber les fruits : (( Dis donc, Jacot, veins-tu groider
l'poirei? »
Ital., crollare. Beri'y^ grouller, grouiller, grouler. Bourg.,
grôlai. Dauph., se^/'o/a. Forez, grôlui. Genev., greuler. Lyon.,
signaler. Màc..,gucgni. Montr., crouler. Morv., sigôler, Norm.,
croller, grouer, groller. Poit., sigouiller, segellier. Sav.,
branla. Vx. fr., crouller, croller. (V. Croler.)
Groûgner, V. tr. etintr., gronder, grogner.
Lat., grnnnire. Ital., grugnare. Berry, greugncr. Bourg.,
grongnai. Prov., gronkir, groiiir. Wall., grogni. (V. Grognoû.)
Grousèle. s. f., groseille.
Berry, groiselle, grouselle, ègraselle. Guern., grouaise.
Hain', gruzièle, groisièle. Movv. , grouelle, groualle, grouzale.
Norm., groiselle. Poit-, gre;;ollc. Koach., gruzièle, grusièlc.
St-Am., grujàlâ. Toul., agrassol, "Wall., gruzale. Vx. fr.,
groisele .
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONN AIS 217
Grouselei, s. m., groseillier.
Moi'v., grouzaU', f/rouaillô. Toul., agrassoulic. \x. fr..
groiselicr, grousclier. •
Grû, s. m., brome {bromus secatinus), parasite du seigle^
qu'il rend moins farineux. Donne un fourrage vert abon-
dant, mais durcit à sa maturité.
Champ., gril (son). Genev., gras (orge mondé). Lorr., gru
(avoine). Prov., gras. Vx. fr., gru, grust (orge préparé pour
labière).
Grue, s. f., plante vénéneuse.
GrCer, V. tr., écorcer l'orge sous la meule verticale du
battoir.
Genev., gruer. Prov., gruar. (V. Rchatc.)
Grûgnôt, s. m., morceau de pain, ce qui reste de la miche,
ou du morceau que l'on grignote.
Berry, grigne. Forez, groiignou. Jura, greqnon. Maine,
grigne, grignette. Morv., grougiion. Pic, grigniote. Poit.,
grigne, gregne, grlgnon. Saint., grigne, grignotte. Vx. fr.,
grignette.
Grûgnoter, v. tr., grignoter, manger lentement, mordiller.
Montr., grûgnoter.
Grûler, V. intr., trembler, greloter : « A c'maitin, l'vent a
torné. Y é la bise; i'grûlons d'frèd. »
Bourg., grullai, griboulai. Bress., grêlé, gruiller. Dauph..
gromolà. Fr.-Cté, gruler. Genev., greboler, greuler. Jura,
gruler, grouler. Lorr., greuU. Mac, grelai, croulai. Morv.,
grebaler, grecaler. Poit., gresoulai. Sav., grecolâ. Toul.,
tridoula, tredoula. Vx. fr. , grouiller. (V. Grûziller .)
Grûlot, s. m., ampoule. Analogie avec la sphéricité du
grelot.
Grumelôt, s. m., grumeau, petit grumeau.
Lat., grumellus. Ital., grunio. Vx. fr., grumiel, grenieaux.
(V. CatonS, Grcmillon.)
Grûziller, V. intr., avoir froid, trembler de froid. Dim. de
gruler. (V. ce mot.)
Pic, guersiller {jeter des pierres). Poit., grenouiller.
23
218 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
GuEÙNiYou, S. m., guenilleux, mendiant sale, vêtu de gue-
nilles- (Le bourguignon a mauhué pour malblanchi.)
Morv., fjucneillou, guèrcillou, cjoueillou . St-Am., dègiicnelj/u.
GuÈRLLN, S. m., onomat., bruit d'une sonnette, d'un grelot.
Poit., guerliii.
GuÈRÉYÉ, adj., crotté, couvert de boue. Semble bien être le
partie, de notre verbe garouiUer, et devrait être garouillé;
mais le patois a ses corruptions. (V. Crotou, Gaugé.)
GuEiiGNE, S. f., syn. de beùgne. C'est aussi le nom d'une
sorte de jeu de gobilles : « V'tu jouer à la gueagne? »
Jura, gagne. (V. Beùgne^ Gueùgnon.)
GuEÙGNER, V. intr., attendre longtemps, traîner, lambiner:
K Dis donc, hier t'é pas v'nu ; t'm'as joliment idiitgueùgner,
pus d'eùne heure, o
Morv., giceugner. Poit., gueiier. Saint., gueiier, qaener.
GuEiÎGNOiN, s. m., jeu de gobilles. (V. Gueùgne.)
GuEÙRDiN, s. m., gredin, franc mauvais sujet.
Berry, giieurdia, guerdiii. Bourg., giieurdin, guerdiii. Lorr.,
gorrlrn, gourdin.
GuEÙRiÔTE, S. f., griotte, cerise aigrelette.
Genev., griotte. Lang. , agrioto. Morv., gueriote. Piov.,
agriota. Wall., griaine, grinche, grinque. Vx. fr., agriote.
GuEÙRLOTER, v. intr., greloter.
Morv. , gueurloter. Rouch. , gargoter. Suiss. , gribolà.
(V. Grùler.)
GuEÙRLu, S. m., drôle, garnement.
Berry, querlu. Bourg., grdu. Jura, grclu. Morv., gueurlu.
GuEÙRLUCHON, S. m., péjoratif du mot précédent, amant de
cœur des drôlesses, Alphonse de province.
GuEÙRNAÏON, s. f., grenaison, développement du grain. (Le
savoyard a le verbe grinnû pour dire que le blé a un bon
rendement.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 219
GuEÙRNiER, et GuEÙRNEi, S. ui., grenier.
Lat., granarium. Ital., (jranaio. Berry, gi/ernlcr. Bourg.,
grenei. him. , groiiic:^. Lorr., gucrnicr. Morr., gurrcrné. Pîc,
guernier. Prov., graniev. Rouch., guernier. St-Am.. giirni.
Wall., guernier. Vx. fc, grenier.
GuEÙRNiPiLLE, S. m. et f., vaurien, homme de peu, coureuse :
« Tous ces cli'tis drôles, qui nous fesont des niches, y é
d'ia vrâ gueùrnipille. »
Bourg., guenrnipille. Dauph. , ganippa. Fore?:, ganipe,
giienipe, gucrnipille. Movv. , gueùrnipille. (V. Fripouille,
Garnipille.)
GuEÙRNOuiLLE, et Gueùrnoille, s. f., grenouille : « Non,
moi j'n'ainme pas l'iau ; ail' vous met des gueùrnouilles
plein l'ventre. »
Lat., rana. Ital., ranocc/iia. Berry, gr-enoille, gueraoille,
Bourg., renouille. Fr.-Cté, renoille. Lorr., guernouille. Morv.,
eurnoueille, gueurnoueille. Pic, guernouille. Poit. , greneuille.
Prov., granoilla, granolha . Vx. fr., reine, reinoille, renoulle.
(V. Rânotc.)
GuEiiRNouiLLER, V. intr., aller de ci de là, perdre son temps:
(( Te crès qu'ô travaille? Ah ben ouiche! ô gueûmouiUe
tout riong des rues. » Dans ce cas, ce mot contient aussi
l'idée de buvocher. (V. Veùrneùler.)
GuEÎiRzi, et Greûzi, s. m., grésil.
Fiandr. , gue.^i. Liég. , gru:;ai. Mons , guer::in. Morv.,
gueurc'i, gucurji. Wall., gré:;in, guerain. Vx. fr., grésil::,
gresliz, grisille.
GuEÎiRziLLER, et Greùziller, V. intr., grésiller : « Dà, y a
gaeùrzillé su nos vignes ; j'n'àrons pas grand vin c't'an-née. »
Berry, crésiller. Fiandr., guerMler. Luxemb., gurzeler-
Mons, guersiner. Morv., gaeurc^iller. Prov., gra::ilher. Vx. fr.,
grediller.
GuiBOLE, s. f., jambe longue, mince. Se dit ironiquement.
Norm., guibolle, quéolle, quiolle.
GuiNDÔLE, S. f., vase contenant une portion exagérée : « 0
mainge, ô mainge... I l'y faut des guindôles de sope! »
Dauph., gandola. Forez, gandola (tasse en bois). Isère,
220 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
gandola (tasse en bois). Lang., f/andolo. Morv., cjandaule,
Prov., gandola.
GuiNDOLÉE, s. f., contenu de \a guindôle.
Forez, gandoulée.
H
Habile! excl., vite! va vite! : « Allons, habile! cors! Le
mâtre te d'mande. »
Lille, habile.' Rouch.. acite-habile (accours promptement).
Hachon, s. m., petite hache, pour couper tiges, branchettes
et autres menues pousses. Le paysan, bien entendu,
n'aspire pas la première lettre du mot, et dit : « Vhachon,
mon n-hachon. »
Ital., accia. Champ., asse, assau. Dauph., aissetto. Lim.,
hochou. Montr., haichon. Morv., asciaii. Poit. , ascieau.
Prov., apcha, agssa. St-Am., achon. Sav., aston. Yx. fr.,
haiche.
HÂë, s. f., haie, buisson, clôture d'épines.
Bas-lat., /ia_9a. Bourg., has. Dauph., agi. Lorr., hd. Morv.,
hâ. Norm., haion. Suiss., adz-e. Wall., hâh, hùhe, hahai,
hâte. Vx. fr., hasel, haseau, haison, heugue, hage. (V. Soî.)
Haïssu, part, de haïr.
Haït, v. tr., pour hait : (( Oh! j'I'Aai-t-i! » Très usité, mais
guère à d'autres temps.
Hàrbe, s. f., herbe, herbage.
Lat., herba. Ital., n-ba. Berry, harhc. Bourg., harbe, arbe.
Hain*, hierbe. Lim., hevbo. Montr. ^ harhc, primes harbes
(petites herbes). Morv., harbc. Prov., erba, herba. St-Am.,
arba. Wall., ièbe. Vx. fr., erbe (parfois mascul.).
HÀRBou, adj., herbu, herbeux : « J"veins d'mon pré; ôl é
prou harbou. »
Morv., harbou. Prov., herbut.
LANGAGE POPULAIRE VERDINO-CIIALONNALS 221
Hardi! excl. pour exhorter, stimuler : « Courage! allons !
rondement ! Malheureusement ce mot sert souvent à exciter
les personnes qui se querellent ou se battent : « Hardi!
hardi les enfants!... » C'est le macte animo latin pris dans
le sens méchant.
Ital., (irdito ! Bress., arvi! Cogri., hardi! Lille, liardi!
Morv., Iiairdl! Prov., ardit! Saint., ardit! Wall., luivdÂ!
Vx. fr., liardjj!
Harigner, V. tr., tracasser, chercher querelle : « Ole mauvais
coume eùne teigne; ôl hariyne tout l'monde. »
Bourg., /iari/ai(j/i.ai. Fr.-Cté, argiienai. Montr., Iiaregner.
Pic, anjucher. Vx. fr., liargne^ Iier(j!ic.
Harignoù, s. m., hargneux, qui cherche querelle, mauvais
coucheur.
Bress., harlijncuv . Poit., liavgnou. Vx. fr., Iiar/jnc, licrae,
hergne (querelle).
Harnoi, s. m., harnais. Se disait jadis pour toutes sortes
d'appareils de pêche, d'agriculture, de mine, etc.
Ital., arnese. Berry, amas. Bourg., Iiarnois. Morv., liair-
nois. Nam., hernè. Pic, harnus (attelage de quatre chevaux).
Prov., arnes. Wall., Iiema. Vx. f r. , harnois , Iiarnei^,
Iiarnas, Iiarnoj/s.
Harnoicher, V. tr., harnacher, accoutrer.
Morv., hainioicher. Prov., arncscar, arncsar. Vx. fr.,
aharnaskier.
Haut (monter en), loc. redondante et fautive. Quand on
montej c'est toujours en haut.
Mac, hiaut. (V. Bas, Bois, C/iaud, Froid.)
Harse, s. f., herse.
Lat., hirpex. Bas-lat., Iicrcia. Ital., erpice. Dauph., Jierpi.
Haint, hierse. Montr., Iiarclie. Nam., hipe. Wall., ipe. iprc.
Vx. fr., herce.
HÉBiLLÉ de soie, S. ui., porc.
Bourg., haibillai desoo. Cogn., habillé de soie. Jura, habillé
de soie. Morv., haibillé de soie. Norm., vêtu de saie (un noble,
un monsieur). Pic, habillé de soie. Sav., habelia de chuai.
HÉBiLLER, V. tr. , habiller.
Bourg., aibillai. Montr., harhillir. St-Am., abehjë.
222 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Hèbit, s. m., habit, vêtement quelconque.
Lat., habitas. Ital., abito. Bourg., haibi, aibi. Lim., liohi.
Lorr., ébi. Morv., hèbit. Prov. ,^abit, habit. Vx. fr., abit, habis.
HÉRiTANCE, s. f. , héritage, transmission qui ne va pas
toujours toute seule dans les campagnes.
lta,\., ereditaffijio. Morv., hèritation. Prov., hcretatge.Yx. fr.,
ei'ifaf)e.
H BÛCHER, et HoucHER, V. tr. , hucher, appeler d'une voix
perçante et de loin.
Lat., hucriare. Berry, hucher. Bourg., hue hai, nulai. Bress.,
ucé. Lim., hucha, huckas. Morv., heuchcr. Norui., hucher,
huchier. Pic, huquer. Poit., heuchai. Prov., huchar, uchar,
ucar. Rom., huker. Suiss. r., hutschi . Wall., Iiuquer, houkl.
Vx. fr., huscher, huchier. (V. Chouper.)
Heure, s. f., heure, division de la journée que le paysan
devine sans montre ni horloge.
Lat., hora. Ital., oro. Prov., ora, qora. St-Am., ora.
Vx. fr., ure, hure, cure, nore.
Heï'rler, V. intr., hurler, crier avec force.
Lat. et Ital., ulularc. Berry, hûler, ûler, ioû.ler. Morv.,
heuler, caler. Norm., lia 1er, neûlcr. Pic, heuler. Poit.,
heuler, hauler. Prov., ulular, udolar. Suiss. r., nia. Wall.^
hoûler. Vx. fr., uller, uslcr, heurler.
HïÂR, adv. de temps, hier.
Lat., herl. Ital., ier. Berry, hiar. Bourg., lé, hié. Morv.,
hiar, l/'ar. Prov., lier, er, ier. Vx. fr., er, her, ar, hjjer,
Histouére de, loc. familière : « Conte-nous donc c'qui,
liistouére de rire. »
Lat., hlstorla. Vx. fr., Istoire, estoiro, hestolre, hystoire.
HivÂR, s. m., hiver.
Lat., hibernus. Ital., Intcrno. Bourg., hlvar. Forez, huoar
(la neige). Morv., hloar. Prov., ioern. St-Am., evâ. Saint.,
hioar. Wall., Ivier' . Vx. fr., Ivern, Icer, i/cer, hi/ver.
Home, et IIoume, s. m., mari : (( Ben sûr, ail' va y dire à
son hourne. »
Lat-, hoinu. Ital., uonw. Bourg., home, hourne. Bress.,
orne. Jura, liouinntoa. Lira., home. Mac, home. Morv , honme,
LANGAGE POPULAIRE VKRDUNO-CIIALONNAIS 22IÎ
Jioutne. Nivern., honmr. Poit., honme. Prov. , oni , ho/i>,
home. St-Am., oumou. Saint.. Iiouiiic. Toul.. home. Vv. fr.,
home Jionme, hoiime, hons. •
rioNTOU, adj., honteux, timide : <( Ta p'tiote n'ose pas parler;
aile é hontoaae devant Tmonde. »
Ital., on^oso. Morv., hontoit. Prov.^ aiictos. Vx. fi'., hoii-
toiis, honteus.
IJÔPiTAU, S. m., hôpital. Suit la même règle que clCoau et
autres.
Lat., hospltalc. Ital. , ospclulv. Doubs, cpctau, opciaK.
Lorr., opità. Prov-^ hospifai, cspifal. St-Am., epetô. Vx. ir.,
hospital.
HÔTELÉE, s. f., hottée, le contenu d'une hotte.
Rouch., hotelcc.
HÔTRiAU, s. m., hotte plus mince et plus allongée que la
hotte ordinaire ; surtout la hotte de vendange.
Bourg., eïUe^ hottriot. Lim., honàto. Morv., houtte (hotte).
HouxNÊTE, et HouNÀTE, adj., honnête : « Vos êtes ben hoa-
nùte, not' moussieu, » répond invariablement, en portant
la main à son bonnet de coton, le vigneron ou le fermier
au passant qui lui dit bonjour et lui demande de ses
nouvelles.
Lat., honestus. Ital., onesto. Piov., honest. Wall., o/iics.
Vx. fr.j honcste, houneste, oneatc.
Hounét'tê, s. f., cadeau, présent.
Morv., hounèteté. Prov., Iionestat, honestetat. Vx. fr.,
honestet, honesté, onncsté.
llouNEUR, s. m., parfois f., honneur, politesse : « Vos êtes
ben boune, not'dame; vos me faites ben d'Vhouneur. »
Lyon., honour. Prov., honor, oaor. Vx. fr., horwr\ oiiur,
honor, onor, oneur.
Housse! excl. impérat., va-t'en! file! S'adresse surtout aux
gamins, aux enfants qui vous fatiguent : « Y a prou long-
temps que t'é là; t'm'ennuies. Allons, housse! » Cette
injonction s'adresse aussi aux chiens que Ton veut ren-
vover. On leur dit également : « V'tu côri ! ))
224 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
HÛREUSEMENT, adv., heureusement.
Rouch., ureusemen.
Hûreux, et Heûrou, adj., heureux.
Berry, hurcux. Bourg., hctirou, carou. Lim., htiroà. Morv.,
hureu, hircu, hihicU. Pic, hurcux: Rom., /icuros. Rouch.,
(ireux. St-Atn., crcu. Wall., ureu. Vx. fr., curoux.
Hûssier, s. m., huissier, peu aimé dans les campagnes.
Lat. , ostiari.us. Bevvy, hnssier. Bourg., huchier, Jiussiè.
Genev., hussiev. Morv. , hussier. Nam., uchir. Wall., ouhî.
Vx. fr. ussier.
HÛTEAU, et Housteau, s. m., hutte, baraque, maison:
« Entrer à Vhùteau. »
Wall., haute.
I, pr. pers., je, il : « /seû bé content d'vous vouer. »
Lat., ego. Ital., io. Bourg., ;:, el. Forez, i, io. Liég., i, ji.
Nivern., i. Pic, ege, ef , eu/'. Poit., i. Prov., eu, icu, io.
Suiss. r., i, io. Y.x. fr., eo, io, jo, ge.
Ia-ïa (faire), loc, caresser, particulièrement passer dou-
cement la main sur les joues : « Allons, mon geiiti p'tiot,
fais-me ïa-ïa, » dit la maman à son bébé. — N'aurait-on
pas là une réduplication du oui allemand, resté des diverses
invasions?
Iau, et lÂ, s. f., eau : « 01 ôt maugé; en travarsant l'Doubs,
tout çansien a chu dans Vïau. » Comme en bien d'autres
syllabes, prononciation très mouillée. — Pour ce mot,
donnons, exceptionnellement , un exemple curieux des
transformations survenues, par un long usage, dans la
prononciation et l'orthographe. De Veau, substantif actuel,
le nom a été jadis : ère, algue, âge, aque (sans parler de
notre patois). Eoe s'est conservé dans évier; aiguë, dans
aiguade, aiguière ; âge, dans la locution être en âge (en
LANOAGK POPULAIRK Vr^RDUNO-CHAI.OMNAIS 225
eau), qu'on écrit à torl en narje; a(jue, dans aqueux:,
aquatique , aquai'elle.
Lat., a({ua. Ital., acqiia. Esp., af/ua, Aveyr., at/o. Berry
tau, aie. Bourg., eà, ià. Bress., aigrie, édie. Daupli., aiqua.
Forez, aigua, ei/gua. Fr.-Cté, ijaa. Lang., ny /a. Lille, ïau,
aiae. Lim., àigo. Lyon., aiguë, aiguy. Moiitr., icau. Morv.,
aâ, eai, iatie. Norm., iaou, iau. Pic, iau, icu. Poit., aiguë.
Prov., aïija, algua. Rouch., iau. St-Ara., égiïge. Saint., èi'C.
Sav., aiga. Suisse, égue, ègoue. Wall., iau, aiire. Vx. fr., ère,
aiguë, âge, aque, ewe, iave, auge, gnue.
Idée (une), adv. de quantité, un peu, fort peu, un soupçon :
(( J'tâterai ben d'ton vin blanc ; ma j'n'en veià pas lourd, tant
s' ment eùne idée. » — « 01 et eùne idée pu grand que sa
seûre. » (V. Miette (eùne).
lÉ-T-i? loc. interrogative, est-ce? c'est-il? (( T'ias pas vu
ginguer? Yé-t-i donc qu'ôl é fou? »
Ieîi, pr. pers., leur, à eux : « Attends, attends! j'm'en vas
ïeù-z-j dire... ))
Lat., illi. Ital., lovo. Berry, icux. Bourg., /o, lotc. Morv.,
ieu. Norm., leux. Prov., lor, Ihor, luv. Vx. fr. , (or, lur.
(V. lôte, Leûs.)
lÈVE, s. m., lièvre.
Laf*., lepus. Berry, licuve, lieubc. Genev., {la) liêere. Maine,
lèvre, gucuorc. Morv.,_ ièoe. Pic, lieuve, r/euve. Wall., lie.
Vx. fr., lèvre.
Ilai, adv. de lieu, là : « 0 n'fait, jar, pas grand ôvrage; ôl
é tôjor por iqui, por ilai. »
Lat., illac. Ital., là. Bourg., ilai, lai. Morv., ilai. Nivern.,
Ict. Prov., lai, lag. Vx. fr., là.
Ilons (les), dénomination locale de terrains situés aux extré-
mités de Saint-Jean, et qu'entouraient jadis des bras factices
du Doubs, aujourd'liui desséchés. Là se trouvent l'Allée
des Cordiers, la Levée de Chauvort, etc. — Une dispo-
sition analogue se remarque aux extrémités de Verdun,
entourées du bras artificiel nommé le Petit-Doubs, et
couvertes de pittoresques oseraies poussées naturellement
dans les alluvions. L'eau un peu stagnante qui circonscrit
24
226 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
ce dernier terrain est garnie de joncs [grainjoncs] et de
nénuphars ; et l'angle qu'elle termine est la Pointe-du-
Pré. — Le premier de ces terrains est dit les lions de
Saint-Jean; l'autre, volontiers, le Pré, tout court.
Imeùr, s. f., humeur, au sens physique et au sens moral;
« 0 n'é pas ben ; ôl a des imeùrs plein le côr. » — « Aile é
prou gentite; aile é tôjor de bonne imeùr. ))
Lat.j humor. Ital., umore. Berry, hinieur. Bourg., hcuincu.
Pic, himeur. Piov., huinor, iinior, ynior. St-Am., inieû.
Wall., imeùre. Vx. fi'., liuinoi\ huincav.
Imparfait, adj., mal élevé. En parlant d'un enfant, on dit:
« Qu'ol é donc imparfait, c'raorveux-là! ô n'fait qu'des
malices à tout l'nionde. »
Lat., inipcrjecius. Ital., imper fetto.
Incou.modé, adj., malade, infirme : (( Not' pauv'Jacot, ôl a
chu du foineau ; ôl é ben incoamodë . »
Morv., incouniodè.
Inducation, s. f., éducation, que nos braves gens confondent
avec instruction.
Lat., educatio. Morv., inducation.
Induquer, V. tr., éduquer, élever et instruire.
Lat. et Ital., educare. Norm., induquer.
In-nocent, adj., dépourvu d'intelligence, idiot. A le même
sens dans plusieurs localités.
Lat., innocuHS. Ital., innocente. Berry, ènoeent. Bourg.,
igneuçan, ignoçan. Bress., inancent. Liég., ènoccinn. Morv.,
énocent. Prov., ignoccn. Roueh., inochen, énochen. St-Am.,
énoucè. Vx. fr., inoccnt.
Inseûlance, s. f., insolence.
Lat., insolentia. Bourg., inseûlance.
Inseûlent, adj., insolent.
Lat., insolens. Bourg., insealan.
Instreîîment, s. m., instrument, et parfois ustensile.
Lat., instrurnentuni. Ital., struniento. Bourg., inatreuman.
Morv., estreunient. Prov., estrunient, estrunieii, esturinen.
Vx. fr., estruman, esfrunien.
LANGAGK POPULAIRE VKRDUNO-CHALONNAIS 227
Inventioner, V. tr., inventer, découvrir.
Lat., iiweaire. Ital., inventarc. Morv., cc(^itionncr. Poit.,
inventionnai.
Invitance, s. f., invitation, provocation : « Cheû la Jean-ne
va y avouer le batein-nie du p'tiot; je compte ben su
Vinvitance. »
Lat., iiuvtaUo. Ital.^ iiivito.
lÔTE, adj. poss., leur : « Ible mâïon ; ià(e chin. » (V. leù,
leû.)
lou-cou-cou ! cri de joie, qui termine la plupart des chansons
et des danses. Certains y voient un équivalent à l'ancien
lo hiimenœe! — On le trouve, sous la forme lou-hou-hou!
en Saintonge d'abord, puis dans les vers de deux poètes
bretons, Brizeux et Lenir.
loup-LÀ-LÀ! autre cri de joie, que poussent fréquemment les
jeunes gens, quand ils courent, et surtout quand ils
dansent.
Poit., houp! (V. le mot précédent.)
Iqui, adv. de lieu, ici : <( Eh! dis donc, veins-tu por iqui? »
Lat., hic. Ital., qui. Esp., aqui. Arden., iqui. Artois, ichi.
Berry, èct, écit. Bourg., iqui. Bress., iqui. Champ., iqui, ichi,
ichc. Dauph., iqui. Fland., chi, ichi. Fr.-Cté, qui. Jura, hique,
hiche. Mac, iquc, iquiè. Mars., aqui. Montr., iqui. Morv.,
ichi, iqui., itrhi. Norm.j icliin, ichite. Pic, ?'/.;, ichi. Poit-,
itji, itchi, iqui, iquit. Prov., aici, aissi. Saint., ichi, ikit.
Sav., itie. Suiss. r., ice, ike, ihi, inhi. Toul., cnjci, cnça.
Vx. fr., issi, icr/, iqui.
IsQUE, s. m., X, lettre de l'alphabet.
Rouch., isque.
Itou, Étou, Atou, adv., aussi : (( Te vas à la fouére, moi
itou. » — (( T'en as baillé au p'tiot; baille-moi-z-en étou. »
Lat., ita. Bourg., aità, et ta. Champ., (itoui. Fr.-Cté, aitou,
aitout. Genev., et tôt. Jura, étou. Mac, ctou, étô. Montr.,
atout. Morv., aitou, auchi. Norm., atout, étou, itou. Pic,
atout. Poit., étou, itou, itout. Rouch., ètout. St-Am., étou.
Saint., ètou, ètout, litout (lui aussi"). Sav., r^oc. Suiss. r.,a/ot.
Vendée, aétou. Wall., ato. Vx. fr., et tord.
228 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
IvRER (s'), V. pr., s'enivrer : « Qu'vous-tu fàre de lu? O
.s'f'rre quasiment tô les jôrs. »
Lat., chriari. Berry, s'icrer. Bress., s' lever . Genev., s'icrer.
Montr., s'iivcr. Norm., s'icrer. Poit., s'ivrer. Prov., enieurar,
eniurar. Suiss. r., icrâ. Toul., s'ijUroufina. Vx. fr., ciii/orer,
eniiwrer.
JÀ, adv., déjà, maintenant, à présent.
Lat., /ani. Ital., (jta. Bourg., degj/. P'r.-Cté, dcjai. Morv.,
dije., diji, Vx. fr., ja, dc^ja, dés jà.
Jabot, s. m., estomac : « Hïâr ôl étot d'noce. 01 a maingé,
ôl a maingé... ô s'en a fouré plein V jabot. »
Poit., ya^or.
Jâcin, s. m., aiguillon d'abeille, et même de serpent. On le
dit aussi d'une mauvaise langue de femme.
hcit., Jaculam. Berry, (jêçon, gësson, fjuêsson. Bvess., J ne in.
Champ., ya/'pon.. Fr.-Ctë, f/^a/ço/i. Isère, jar (aiguillon de tout
insecte). Montr., j'as. Morv. , Jaiçon, jaiceron.
Jacôte, s. f., jaquette, vêtement.
Bourg., jaicotte.
Jacote, s. f., pie. On baptise de ce nom la femme babillarde.
'^lonU., jacqiiette. (V. Agasse.)
JÀCRiAU, et Jaque, s, m., geai.
Berry, jaie. Bourg., /«</«<(?. Montr., jacquot, jacqucricau.
Movv., jâqac. Norni., gai. Pic, gai. Prov., gai.Jai. Vx. fr.,
Jàdi, adv., jadis.
hat., Jam dies. Boui'g., jaidi. Prov., Jadis. Vx. fr., jadis.
Jalouserie, s. f., jalousie.
Lat., aelotjipia. Ital., gelosia. Prox. , gctosia, gdosia. Rouch.,
jalouserie. Vx. fr., gelosic.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCIIALON.NAIS 229
Jamà, adv., jamais.
Ital., çjiaminai. Bourg., jaimol, /ci. Bress., mimai. Dauph.,
jamei. 11. -V% Jamains. Lim., joniài. Lorr., j'cmàs. Morv.,
^ainià, jama, Jcuniâ. Niv., /'aimas. Prov., jamais. Rouch..
jamù. Rom., jamvs. Vx. h\, Jà mes.
Jânei, adj., moisi : « Ton pain n'é pas hé cucût; ô sent
Vjdnei. (V. A'azc.)
Morv., janci. (V. ^\uè.)
Jan-Jan, adj., ironique, niais, imbécile. (V. Colas.)
Japillard, s. m., petit chien qui aboie toujours, qui ne cesse
de japper.
^lon\r. , Japillav. (V. Japillcr.)
Japiller, V. intr., japper souvent. Se dit des petits chiens
qui se font toujours entendre.
Berry, japillcr (parler aigrement). Bourg., j'aipè. Montr..
japillcr. Morv.. :raippcr. Poit., Japiller (criailler). Prov.,
papar.
Jâr, s. m., oie mâle.
Berry, j^rs. Bonvg. , Jair. Champ., iars. Morv., Jair, Jâr,
^air, sâr. Norm., qars, gantier. V\c., gars. Poil.. /crc. "Wall.,
gear. Vx. fr., 'jarce. Jar.
Jarbe, s. {., gerbe, spécialement celle du blé.
Berry, gearbc, gear bande (la. maîtresse gerhe). Bonvg., Jarbe.
Hain", garpc. Morv., Jarbe, sarbe. ^a.m. . Jaabc. Pic, giierbc,
garbe. Prov., garba. Rouch., garbe, garpe. St-Am., jdrba.
TouL, garbe. Wall., Jâbc. Vx. fr., jarbe, garbe.
Jarbée, s. f., gerbée, botte de paille.
Pic, gtierbéc. Rouch., garbéc.
Jarber, v. tr., mettre en gerbes. Fin fêtée des moissons.
Bourg.,y«ï^a?'.
Jardinage, s. m., réunion de fruits, de légumes : « Un plat
de jardinage. »
Gene\., Jardinage. Ro^ich. , gardénache. Vx. h\, frnvtage,
fruit âge,
Jàre, adv., jà, certes, ma foi! pardieu ! Excl. complétive
230 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS
à sens multiples : « Y é jàre ben vrâ !» — « J'en ow&jàre
prou ! » etc.
Bourg., jarre. Morv., jair, jar.
Jargouner, V, intr., jargonner, parler un langage corrompu.
Morv.., :;argo(incr, jairgoner. Prov.,Jarr/ouiiegcar. Vx. fr.,
gardoncr, jurgotiillcr, gergonner.
.Tarni! et Jarnidié! juron assez familier aux campagnards.
Quelques chercheurs y voient la contraction de : « Je renie!
Je renie Dieu ! »
Bourg., y'ar/it/ Poït-, Jarnidic ! jariiongoi! Yx. fr., harni-
bieu !
Jâron, s. m., nom de chacune des deux grosses branches
constituant la partie principale du fagot. Le breton appelle
jaron une espèce de vesce. Le cognaçais dit jarron de via
(de veau) le morceau pris dans le bas du fémur et avant le
genou.
JÀRRÉARD, adj., claudicant, qui, par suite de vicieuse con-
formation naturelle, se dandine en marchant. (V. Gambi,
Tortampion.)
JÀRELÔT, et Jarlôt, s. m., sorte de baquet : a Y é prou
engageant, ma fi! Je n'ii prêterai puran; ô m'a crevé mon
jàrelbt. »
Berry, jarlèe, jâlais, jàlot. Bress., jcrlc, gerlon, jarlot.
Champ. ,yarZe. Forez, ^er/a. Genev., /arlc,j crie, jarlot. Lang.,
gerlo, jhcrlio. Lyon., gerla. Maine, ya^o^. Morv.,y<;<r/6'. Norm.,
jalot. Prov., gerla. Rom., Jar le.
Jârteire, s. f., jarretière.
Angl., ganter. Artois, garretier. Berry, jarretier. Bourg.,
jaéeire. 'Mà.c, Jartire. Morv., jairtère. Novm., Jarretier. Pic,
gartier. Rouch., gartier. Vx. fr., jartière, gertier, gartier.
(Y. Jàrter.)
Jârter, v. tr., mettre des jarretières. A côté de cette acception
propre, s'emploie couramment au figuré par les rouliers
et conducteurs de voitures, quand ils ont à menacer un
gamin qui les ennuie : « Attends, morveux! Si te n't'en vas
LANflAOE POPULAIRE VERDIINO-CHALONNAIS 231
pas, j'm'en vas te Jârter, » c'est-à-dire t'eiivoyer un
coup de fouet qui te fera des jarretières.
Artois, garreter. Moniv., j arrêter. (V. Jartel^e.)
Jârtoû, ad]., cagneux, qui a le pied bot, la jambe tordue
à l'endroit des jarretières.
Genev., Jarretod. Jura, jarroutu. Lang., jarreUè. Morv.,
j arrêta. "Poit., Jaruuillou.
Jâsées, s. f., causeries, syn. de Jasons. On réunit souvent
les deux ; « Depeû quéque temps, n'y é cheû nous qu'des
jasons et àesjasées, )) ce que nous appelons encore des
disons-disettes. (V. Jasons.)
Jasons, s. m., syn. et souvent complément du précédent,
causeries, bavardages, cancans. Fournissent une occupation
assez assidue aux ménagères. (V. Jàsées.)
Jâsoû, adj., jaseur, babillard, potinier.
Morv., y«soH. Vx. tr., ja:-ard, ja^eresse.
Jaspiner, et Jaspiller, v. intr., bavarder.
Bevry, japper, j'appiller. Genev., Jaspiner (disputer). Poit.,
japper, jappiller. Kouch., jaspiner. Vx. îw, jaspiner.
5aù, s. m., coq, et personnage qui fait l'important.
Bevry, jau. Bourg., yari/a/i. Champ., jau. Forez, j«i, Jau.
Lang., gala. Lim.. jàii. Lorr., jan. Lozère, jal. Morv., Jau.
Norm., Jau. Poit., Jau. Saint., Jau. (V. Gau, Jagàr.)
Jaulée, s. f., gelée.
luSit.^gelu. Ital., gelata. Bourg., Jaulée. Prov., gelada,gilada.
Vx. fr., gelede, gielèe. (V. Gela, Glas.)
Jauler, V. intr., geler.
Lat.et Ital.,^e/a7'e. Bourg., Jaulai,Jeullai. Lorv. ,Jâlc. Prov.,
gelar. St-Am., selé. Wa.\[.,Jaler. Vx. fr., gieler, geller.
Javéles (tomber en), loc. Se dit d'un objet formé de douves
et entouré de cercles (tonneau, cuvier, baquet, etc.), et qui,
par suite de sécheresse, se disjoint et laisse tomber ses
planchettes de côté et d'autre. (V. Givéle.)
Jayâr, s. m., coq. Syn. de Jau.
Forez, Jaillar. (Y . Jau, Gau.)
232 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
JÂZERON, S. m., jaseran, chaîne de cou à mailles fines en or.
Bijou de fondation, dont le nombre de rangs indiquait la
fortune du ménage.
Ital.. tjliia^^crcno.'Boiug., gorgolre. Lang., J ha: eran. Lyon.,
jascron. Prov., jaseran. Rom., jaseran. Vx. fr., ja:crant,
jascrcnc.
Je, pr. pers., nous : (( Voui, voui, /"la marions; dans huit
jôrs je fons la noce. »
Il.-V',y6'. Nivern., i. Pic, ege, ef, eiij'. Prov., eu, ieu, io.
Vx. fr.,,/o. (V. Jnu.)
Jean-néte, s. f., narcisse, fleur. Aurait aussi, d'après un
Noël, servi à désigner les cocottes de l'ancien temps :
Vous acie.:: donc mal es J/cux,
Èties sans lunettes,
QuittanI un lys gracieux
Pour une Jeannette.
Même vocable en Bresse et en Morvan.
Jeîi, s. m., jeu. Prononciation très ouverte; comme feù.
Ldit. ,joeus. Ital., giuoi'o. Bonrg., jeu . Lille, y«. hjon.,Juè.
Pro\. , joc, j'uec, l'uoc. TouL, yoc". Vx. i'r., giu, geu, gieu, ju.
Jeûn-^er, V. intr., manquer de... : « L'pauv'! Sa fonne li
ta.\t jeùn-per Vpa.\n. O b'sogne portant prou! » Pour la
prononciation pourrait s'écrire y^m-z^e/', comme un.
hdit. , jejunare. Movv., jeûner. Pvov., junar,jeon.ar. Vx. fr.,
jej'uner, Juncr, gciincr.
jEiàRER, V. intr., jurer, faire serment.
h'ài., juron'. H^lX., giurare. Morv., .seurer, jeurcr, scuher,
Prov., Jui'ar. Vx. iv., jurrer.
Jeùrement, s. m., jurement, juron, serment.
Lat., juramentnm. Ital., giuramento. Morv., Jeùrement,
:zcùment, jeu ro n . Prov . , juranien t .
Jeùriau, et Jeùroû, s. m., jureur, qui a l'habitude de jurer.
h2i.t., jurator. liai-, giuratore. Morv., jeurou. Prov., juraire,
jurador.
Jeûsque, prép., jusque.
Lat., usifue. Bourg., jcuciue, jeiisque. Bress., ta nqu' .Morv.,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 233
jeusquc. Pic, dasquc. Prov., fiiscas, duesca. Saint., dusque.
Vx. fr., usqiic, j'uïsc, josquc, dcsque.
Jeùsqu'à temps que, loc. , jusqu'à ce que : « Te resteras iqui
Jeùsguà temps que j'aie moudu mon grain. »
Genev., jusqu'à tant que.
Jeûste, adj., juste, d'accord.
Lat., Justus. Ital., giusto. Berry, Jusse, Jut, Jute (nivelé).
Bourg., jeuste. Prov., /ust. Vx. h\,juss.
Jeûstement, adv., justement, exactement.
Bourg., Jeusternan.
JiCLE, s. f., petite seringue en sureau, qui sert d'amusette
aux enfants.
Berry, gille. Bourg., chlclc. Bress.,jiccle. inra, gicle. Maine,
cannegiloire. Montr., gicle. Morv., jighi, j:icle. Norm., giloire.
JiCLÉE, s. f., jet, jaillissement : « En passant proche de la
voiture à Jacot, j'tai étrapé eijne jiclée!!... » Quelques-
uns, comme pour le verbe, pencheraient pour Gicler.
Plusieurs patois leur donneraient raison; mais pourquoi
s'éloigner àejaculari?
hsit., /actum.' Berry, jille. Dauph., «/tcZée. Genev., regiclée.
Jura, gicle, jicle. Lang., gisclàda. Maine, gilée. Midi, rejiscle.
Morv., gighiot. Norm., jilée. Prov., giscle. (V. Jiclot.)
JiCLER, V. tr., lancer de l'eau, de la boue, etc., et v. intr.
jaillir avec force d'un jet d'eau, d'une petite seringue,
d'une flaque. Très imitatif.
Lsit., jaculari, regicere. Berry , jillcr, giglcr, zigler. Bourg.,
j'iclai, chiclai. Dauph.. rejicler. Forez, jiclà. Fr.-Cté, chiclâ.
Frib?, zicliar. Genev., gicler, gigler, rejicler. W-M-oXne, giler .
Jura, gicler, giler. Lang., regiscla. Lyon., giclo, jiclo. Midi,
rejiscler. Montr., gicler. Morv., jighier, zicler, :;ig(er. Norm.,
ziguer, ziler, giler. Poit., giler. Vro'v., gisclar. Suiss. r.,
dgicla. Toul., regita. Vend., gilâer. Vx. fr., /alir. (V. Jiclot,
Jicleràte.)
JiCLERÔTE, s. f., petite seringue que se façonnent les enfants,
à l'aide d'un tube de sureau et de tampons de chanvre
humide. Comme cet instrument ne peut avoir le luxe d'une
douille, on pratique un trou près du haut du tube, qui par
25
234 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
ce moyen aspire très bien l'eau et la renvoie encore
mieux.
Berry, jillouére. Bourg., chiècle. Bress., jlclote. Cogn.,
fchliquetoére. H'-Maine, gilée. Jura, gicle. Morv., zicle.
Norra., éliençoure, éclisse. Poit., éciissouère, siclouère, gui-
choire. (V. Jicle, Taperiau.)
JiCLÔT, S. m., et JicLÔTE, s. f., petit jet d'eau, ce que peut
envoyer une Jicle, ou un corps frappant dans l'eau; tache
de boue qu'on se fait en marchant, ou qu'envoie la roue
d'une voiture, le sabot d'un cheval, etc.
Lat., jactus. Ital., getto. Berry, gitte. Bourg., chicclô.
Montr., giclot. Prov., get. Vx. fr., g es, g test, giet, gect, gees.
(V. Jiclée.)
J'ment, s. f., jument. Le paysan n'emploie jamais Va dans
ce mot : « Ma j'ment. »
Lat., jumentum. Ital., giumeato. Berry, Jernent. Bourg.,
jeman. Montv. ,je/nent. Morv., s' ment. F low., jument. St-Am.
cavala. Vx. iv., jumen.
Jôë, s. f., joue, que notre jeunesse montre si souvent fraîche
et rosée.
Ital., gota. A-unis, j'otte. 'Ben'y,jotte. Morv.. jô. Poit., jotte,
Prov., gauta. Wall., joé. Vx. fr., jode, joe.
JoiGNU, part, dejoinre, joint, réuni.
Morv., joindu. Saint., joignu.
JoiNRE, V. tr., joindre, réunir.
hat. ,ji(ngere. Ital. giugncre. Prov., janher, junger,joinchcr.
JoiYoû, adj., joyeux.
Ital., gioioso. Bourg., joyou. Vrov. , Jogos. Vx. tr., joùs,
joious, joieus.
Joliment, adv., beaucoup, exagérément : « Dis donc, ô n'é
pas gein-né; quand on li a olïri des dragées, ôl en a joli-
ment pris! »
Cogn., Joliment. Prov., Joliament. Vx. ir., jolicment, joli-
vement.
JoLiTE, et JouLiE, adj., analogue de gentite.
Ital., giulivo. Honrg, , joliôte. Morv., soulic. Saint., Jolitc.
Vx. fr., joliue, jolye, joliete.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 235
JoNFER, V. intr,, occasionner une douleur sourde, que l'on
comprime. On dit d'un mal de dents : « Ça jji '^on/e. »
Bress. fjonfer. Montr., jonfcr.
JoNFLER, V. intr., souffler, respirer, ronfler. Se dit en parlant
d'une fiarde, d'un diable, d'une toupie.
Norm., /o/i/Zer. (V. Baronfler.)
JÔR, s. m., jour, clarté, lumière : « Vtu bente l'ver, feignant;
y fait grand y ôr. » — « Que brusine! I n'fait tant s'ment
pas^ôr pou lire. »
Lat., diurnus. Itai., giorno. Bourg., joi\ jô. Bress., zor.
Lorr.jjo. Lyon.,yor. Mac, jor, Joa. Montr., yeM. Morv., ^ôr,
20ur,so. Niv., zor. Vie, jauv, j or, àjou fait (à la chute du
jour). Prov., /orn,jor. St-Am., ^o?<. Sav., ^eur. Vx. iv.,jurz,
jor, Jorn.
JÔRNÈE, S. f., journée : « La pauv'fille, aile va enjornée;
ma à n'gagne pas gros. » Indépendamment de jornée,
nous avons journau. (V. ce dernier mot.)
ItaL, giornata. Berry, jornée. Bourg., /o/iée. Dauph., jonrna.
Lira., journado. Morv., zornce. Prov., joraada. St-Am.,
zournô. Sav., zeiirnâ. Vx. fr., jornée.
JÔT, Jou, Juc, s. m., juchoir, perchoir.
Làt, jug uni. Berry, yac. Bourg., juchai, guiche. Champ.,
jouque. Fiand., joutjuc. Genev. , Jot. H'°-Auv. , dzu. Montr.,
JOU. Nam., yoc. Norm., juc. Poit., j'u. Toul., Joue, jouquié.
Vx. iv., juc, joue. (V. àJàt, Jouchoù.)
JÔT (à), Jou (à), Juc (à), loc. adv,, juché. S'emploie en parlant
des oiseaux qui sont sur le juchoir : « La poule et àjbt. »
Bress., àjou. Genev., à jot. (V. Jàt.)
Jou, pr. pers., je.
Lat., ego. ItaL, io. Toul., jou, j/eu, yu.
JoucHER, V. intr., jucher, se hisser sur le perchoir.
Berry, gucher, gueucher. Bourg., juchai. Lim., juchas.
Morv., jeucher. Nam., joker. Norm., hucher, huchier. Toul.,
enjouca. WaW. ,jouki. Vx. ti\, joquier, juchier.
JoucHoû, s. m., juchoir.
Berry, guche, juche, gueuche. Montr., juchou. Morv.,
jeuche. Fie, joukoir. Vx. h.., jucheoir.
236 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCHALONNAIS
Jouer de la musique, loc. redondante, jouer d'un instrument
quelconque.
Saint., même locution.
JouERiE, s. f., jeu, amusement: « L'feignant, ô n'ain-me que
les joueries. » (V. Jeu.)
JouEÛ, adj., joueur.
Ital., giuocutore. Bourg., juea. Bresse, juriau. Morv.,
j'ouraU. Vvov., joguador. Vx. tv.,jouere.
JouFLARD, adj., jouflQu, rebondi des joues, bien nourri.
Geney.,joufflard.
JouPER, V. intr., gambader, sauter.
Morv., jouper (sauter à pieds joints). (V. Ginguer.)
JouRNAU, et JoRNAU, S. m., journal, feuille périodique.
Ital., giornale. Morv., zornau, ^ournatt.
JouRNAU, et JoRNAU, S. m., journal, mesure agraire d'environ
cinquante ares. Équivaut à peu près à ce qu'un homme
peut labourer en un jour. Quantum vt<o die per boum avare
poteat. (( 01 é prou chiche; ô se m'sure le pain por se
bailler eunjornau d'târe de pus. »
hat-, diu ma lis. Ba,s-\a.t., Joraalis. Bervy, j'ournau. Cogn.,
jôrnau (1/3 d'hectare). Marne, journel. Morv., j'ornau. Prov.,
jornau, j ornai. "Wall., Journel.
Jouter, v. intr., bégayer : « J'ii dirai son fait &3ins jouter. »
— (( Quand ôl a qu'ét'chous' qui l'tracasse, ajoute, ajoute,
qu'ô n'peut pu parler. »
Bress., jeter. Monir., joter. St-Ara., pequelyë. TouL. que-
queja.
JuGEÔTE, s. f., jugement, sens droit, intelligence : « Que v'tu
qu'ô fasse? 0 n'a pas por deux yards de jugeote! »
Ital., giudicamento. him., juj a mén. Prov., jutjamen. Xoul.,
jutiomen. Vx. tv., j aise, jugement. (V. Estoc, CompetXrnote.)
Jûi, V. intr., jouir.
Lat. et Ital., gauderc. Genev., gaudir. Morv., jui. Prov.
gaudir, jausir, gau^lr.
JÛISSEMENT, s. m., jouissance.
MoTV., juissance. Prov., gaudensa.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 237
Labôr, s. m., labour.
Bourg., laibor. Morv., laihôr. Vx. fr., lahor.
Labôrage, s. m., labourage.
Bourg., laibor aige. Morv., laiboaeraige, laiboulmize. Prov.,
laboratge. Vx. fr., labôrage, labouraigf^.
Labôrer, V. tr-, labourer.
Lat., laborare. Ital., Icworarc. Bourg., laborai. Morv.,
laiboucrer, laiboiiher, rabourer. Pic., rabourcr. Prov., la-
hor ar, laorar, laarar. Vx. fr., laborer.
Labôreu, s. m., laboureur.
Lat., laborator. Ital., lavoratore. Bourg., laborei, laihorei.
Metz, rèborous. Morv., laibouèrou, laibouliea. Prov., Inbo-
rador. laboralre. Vx. fr., laborcor, laborcre.
La CELLE, pr. dém., celle-là.
Pic, cholle-lo. (V. Les ceux.)
Lâcher de l'iau, loc, uriner. J'ai entendu souvent les
paysans d'une localité voisine dire : « Faire de l'iau. »
Norra., gâter de l'eau.
Laçôt, s. m,, lacet, à l'usage des corsets, et aussi filet pour
prendre certain gibier.
Bourg., laissa. Nam., lasèlc. Prov., lassai. Wall.^ lèèète.
Vx. fr., lasset.
Lagosser, V. tr., laver, mais mal : « V'ià du joli linge, ma
fi! y é prou lagossé. ))
Morv., lagocher.
Lagôt, s. m., lavoir, petite pièce d'eau, flaque.
Béarn, lagot. Moutr., lagot. Morv., lagô. Poit-, lacquasse.
Suiss. r., lagot.
Lai, art. et adv., la, là. Plus usité dans la Côte-d'Or.
Lat., illac. Ital., là. Bourg., lai. Il.-V% illé. Mac, liaumou
(là-haut). Montr., lai. Morv., lai. Niv., let. Prov., /a//, lai.
Vx. fr., là.
238 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
LÈë, S. f,, lé d'étoffe, de toile, etc. : « J'engraisse; i m'faut
mét'nant eùne lèë d'pus à mes jupes. »
Lat., latus. Ital., lato. Prov., lat. Vx. fr., lèe, let, lai.
Lain-ne, s. f., laine. Cité pour la prononciation nasale.
Lat., Ital., Esp., lana. Prov., lana. Sav., la/ma. Vx. fr.,
laine.
Laitusson, s. m., tithymale, plante qui se mêle au foin, et
qu'il faut en séparer au moment de la récolte, parce qu'elle
lui communique une mauvaise qualité.
Monti'., laitusson.
Lambroche, s. m., lambruche, petit raisin sauvage (Mervans).
Lat., labrasca. Ital., lambrusca. Berry, lambroche, larn-
breuche. Prov., labrasca. Vx. fr., lambrusche, lambrusque,
lambrunche.
Lande, s. f., lente, œuf de pou, que les mères ne craignent
pas assez et laissent sur la tête des enfants.
Bas-lat., lens. Berry, tende. Bourg., lens, lente. Dauph.,
lande. Genev., lande, landine. Hain', lin. Lang., lande. Lyon.,
lande. Nam., tende, lène. Poit. , lande. Prov., tende. Wall.»
len. Vx. fr., lente.
Landin, s. m., landier, ancien chenet à tige, dont l'extrémité
évasée pouvait recevoir une tasse où tenir chaude une
boisson quelconque. Mot qui a pris l'article.
Bas-lat., anderius. Berry, languet. Forez, ander. Jura, andin
(l'andin). Monte, andier (Tandier). Morv. , landiè. Poit.,
lande, landin. Wall., andi. Vx. fr., cndier, andier.
Langue (repasser sa), loc, babiller à cœur joie. Manière de
dire imagée et bien dans la couleur, dans l'esprit du pays.
C'est comme le régusou, qui repasse son couteau pour
qu'il coupe mieux.
Languir, v. intr., désirer, attendre impatiemment, ou dou-
loureusement : « y languis d'vous vouer. »
Lat., languere. Ital., languire. Vx. fr., languir.
Lantârne, s. f., lanterne, d'un usage constant pour aller eu
veillée les soirs d'hiver.
Ital., lanterna. Prov., lanterna. St-Am., lètarna. Vx. fr.,
lanterne.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 239
Lâr. s. m., lard, et au figuré embonpoint. D'un qui engraisse :
(( 0 fait son làr. »
Lat., lardant. Ital., lurdo. Bourg., là. Prov., lar, lart.
Vx. fr., lar, lart.
Lardanche, s. f., mésange bleue. Espèces nombreuses.
Bas-lat., mc^cn^a. Hain', masinque. Lièg., masincic. Montr.,
lardanche. Pic, masingue. Ponth., imbesiiigue. Wall.,
mazenye. Vx. fr., mcsang/ie.
Larme, s. f., goutte, petite quantité : « V'iàdu bon riquiqui;
peùrnez-en eùne larme. »
Lat., lacri/ma. Ital., lagrima. Fr.-Cté, larmoitc. Morv.,
lairine. Nam., larme. Prov., lacrima, lacrema, lagrema.
Wall., lame. Vx. fr., lairme, larme.
Larmier, s. m., soupirail de cave.
Bourg., larmei (coin de l'œil). Fr.-Cté, larmie. Morv., lair-
miè. Wall., lar mire di cave.
Larmuse, s. m., lézard gris, lézard de muraille.
Lat., lacerta mari. Dauph., larmuse. Lyon., larmu;si,
larmouésl, larmise. Vx. fr., larmi(i;xc. (V. Lisard.)
LASSER, V. tr., laisser : « Zà.s-.se-me donc tranquille! »
Lat., laxare. Ital., lasciare. Mac, laissi. Pic, laieher,
laissier. Prov., laissar, laisar. St-Am., lâche. Vx. fr., lazsier,
lesser, laissier.
Lavasse, s. !., forte ondée, et aussi soupe, tisane, boisson
trop allongée : « 0 m'a fait bouére eun cop; y étôt, ma fi!
d'ia vrâ lavasse. »
Bourg., laivaisse (et réprimande sévère). Nam., lacanye.
Prov., laoaci. Wall., lavas'. Vx. fr., lavace.
La-vau, adv., là-bas, au loin.
Fland., la-vau. Montr., là-vau. Morv., daivau. Rouch.,
lavau, lauvau. (V. Liavan, And'lai.)
Lavier, s. m., évier. Encore de la famille des mots qui ont
pris l'article : l'évier, levier, lavier.
Basq., auger. Champ., lavier. Forez, aigïiie. Liég., aiwi.
Mons, aitteu. Montr., aguicr. Morv., agie, lévié. Norm.,
lavier. Pic, lavier. St-Am., lavicû. Wall., aivi (puisoir).
Vx. fr., euwier.
240 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
LÀ-vou, LÀ-vou c'que? adv., où, là où, où est-ce que?
(( Lù-vou cqué la p'tiote?' AU' patevôle cor por iqui, bé
seùr! »
Berry, làoou. Bourg., lai-rou. Bugey, uo. Lorr., lavoù, doii.
Mac, qua, quevâ. Montr., qoua. Morv., laicou. Poit., Icwon,
lacour. Vend., Icœoure.
Lequeùl, Laqueùle, pr. rel., lequel, laquelle-
St-Am., louquôlou, laquôla. Vx. fr., liquel, li quel.
Les ceùs, pr. dém,, ceux-là.
Morv., le ceu. (V. La celle.)
Lét'e, s. f., lettre de l'alphabet, épître, missive.
Lat., littera. Ital., lettera. Berry, lètre. Bourg., lôttre.
Morv., lette. Prov., lettra, letra. Vx. fr., Ictre, leitre.
Leû, s. m., lieu, endroit, pays.
Lat-, locus. Ital., luogo. Bourg., ieû, lei. Fr.-Cté, lue. Lorr.,
leâ. Montr., leu. Morv., len. Pic., lia. Prov., loc, luoc, luec.
Wall., lue. Vx. fr., liu, leu, lieu.
Leû, et Leûs, pr. pers., leur, à eux : « Je leùs-j dirai. »
Berry, leux. Bourg., la, los, lote. Il.-V% leu, lou. Lim.,
lours. Lorr., zote. Morv., lieu, ieu. Norm., leux. Prov., loj\
Ihor, lur. Wall., leu. Vx. fr., lo7\ lur.
Leûmeire, s. f., lumière.
Lat., lumen. Ital., lumiera. Bourg., lemeire, lemayre. Bress.,
lemire. Hain', leumière. Lim., lumieir o.. horv. , eulmève,
Imère. Prov., lumera, lumeira, lumneiva. Rouch., leumière.
St-Am., lemire. TouL, lum, lumenario. Wall., loumire. Vx.
fr., lumière.
Leûmeire (éleùmer la), loc, allumer la lampe, la bougie.
Solécisme des plus familiers à tous, et caractéristique.
Toléré cependant par Littré.
Le Midi, et d'autres régions, disent aussi : « Allumer la
lumière, w
Leûmerôte, s. f., lumignon, petite lumière, petite lanterne.
Berry, luminon (bougie de résine). Lille, leum'rotte (ver
luisant). Pic, lumion, lumichon. Rouch., leumeurete (feu
follet). Wall., leumeroite. Vx. fr., limignon.
LANGAGK l'OPUt.AIllE \KRDUNO-CII ALONNAIS 241
Leûne, s. f. , lune : (( Au chu' da la Icâne... » ^u figuré, trou,
vide, etc. A un qui n'avait pas mangé depuis la veille :
(( Vos devez avouer eùne fameuse leùne dans l'venlr'. »
Lat. et Ital., laiia. Houri:;., U'iifjiic. Lim., /kiih. Lyon., Iiiii((.
Morv., leiinc. Pic, Icitiic, lèiiiy. Prov., imiu, Ihuna. St-Ain.,
luiia. Sav., lena. Roacli., U'iiue. Wall., leùne. Vx. l'i-.. lune.
Leùver, V. tr., lever, soulever.
Lat. et Ital., lecare. Bourg., leiicai, lecai. Genev., lever la
table (la desservir). Lini., lècas. Lorr., loucè. Morv., leuver.
Prov., lecar. Vx. fr., lerer, liccer.
Leùver (se), v. pr., se lever, sortir du lit : « 0 fi'leno'' tard,
é pi ô va bouére... »
Bourg., st' learai. Lorr., se lucer. Mac, se lircr.
Lî, s. m., lit (le distinguer des deux mots suivants).
Lat., lectus. Ital., letto. Bourg., /r.'j'. Nam., leit. Norni., Uct.
Prov., leit, leich. lie;/. Wall., lat. Vx. l'r., llct.
Li, temps de verbe, lu : (( J'ai // ma lei^'on. »
Bourg., li. Morv., li. (V. Lisu.)
Li, pr. pers., lui, elle : « J'vons li dire. »
Il.-V% /r", lu. Morv., li. Poit., //, //^. Wall., In. Vx. fr., li,
lei, ///, lu;/.
Li.ÀvAN, adv. de lieu, là-bas.
Forez, layan. Montr., liaucans. Morv., laàoan. (V. Là-vau^
And' lai.)
r
LibÀrté, s. f., liberté, permission, hardiesse.
Lat., libertas. Ital., libcrtà. Morv., libarlè. Prov., libcrtat.
Libre, adj., déluré, leste, étourdi : « Aile é prou gentite; ma
aile é trop lihi^e. »
Lat., liber. Ital., libero. Morv., libe. Prov., livre, Hure.
LiCHÉE, s. f., lapée, lippée, ce que la langue prend en
léchant, en buvant, en lapant : « Je l'y é tendu la tasse;
ô vous en a pris eùne fameuse lichée. »
LicHER, V. tr., lécher, avaler, boire avec trop de complai-
sance : (( Le gas, ôl a liché toute la boutoille! »
Ital., leccare. Berry, licher. Bourg., lâchai. Bress., lécer.
26
242 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Maine, lichcr. Morv., liclœr. Norm., lie lier. Pic, licher,
léker. Poit., lichai (manger avec gourmandise). Prov., lecar,
leehar. Wall., lècid. Vx. fr. , Icchier, leschier, leicher.
(V. Loichçr.)
Licher, v. intr., glisser : « Prends garde! y a pleùvu, y é
mau ; t'pourôs beii licher.
Flam., glitscn. Vx. fr., (jlicicr, glinscr, (jlneicr.
LicHERÔTE, S. f., glissoire : « Si t'voux, en sortant d'clâsse,
y a eùn endrèt oùsqu'y a jaulé; j'y pousserons eîin'
licherote. »
Pic, glincliade. (V. Glissière.)
LicHoii, s. m., lécheur, qui aime à boire, qui caresse trop
souvent la bouteille.
Berry, lichc, licheax. Champ., llchard. Forez, Uche, H'-
Maine, lichoux. Morv., liehou.
Licô, s. m., licou, ou licol.
Bourg., licô. Vx. fr., licol.
LicÔTE, s. f,, loquet de porte; suffit aux paysans.
Morv., licotte. (V.. Loijact.)
LicÔTER, v. intr., osciller, se dit d'une porte dont la licote a.
trop de jeu. — Siguifie aussi : soulever le loquet de la
porte.
Morv., licoter.
LiGNÔL, s. m., ligneul, fil poisseux des cordonniers. La pro-
nonciation supprime volontiers le l, ce qui, à l'oreille, fait
ressembler ce substantif à l'adjectif lignât, qui suit.
Berry, lignou. Bress., ligno. Cogn., lignou. Genev., Ugnu.
Il.-V% ligneux. Midi, lignol. Montr., ligna. Morv., ligneau.
Norm., ligueur. Poit., lignou. Prov., lignoou. Rouch., queu-
dejî. Wall., linioule, Ugnau. Vx. fr., lignel.
LiGNÔT, adj., poli, uni, glissant : (( Méfie-te! t'vas licher; la
gliace é ben lignite. »
Limace du foie, loc. (V. Dauge.)
Bourg., leniaisse. Morv., lémaice, clniaice.
LiNCiô, s. m., linceul, drap de lit. A Saint-Usuge, une
LANCAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS 243
mariée reçoit toujours, de sa mère, U) matin de ses noces,
une pièce de toile, destinée à lui servir de lincîeul. Malheur
à qui la taillerait pour s'en faire du linge!
hat. . lin ieolam. Bas-lat., Ic/ulolas. Ital., linc^uolo. Berry,
Uiicieux. Bourg., laiiccu. Daupli., Iciiwieu, Icnccu. Forez,
lencio, leiisio. Lang., leasoou. Lyon., li/içou. Merv., lansu.
Montr., lança. Pic, llncheux. Prov., linsooii, linsol, lanssol.
Rom., linsol. St-Am., lèça. Vx. fr.. liuvicux, linchiiis, linsuel,
linceu.
LisÀR, s. m., lézard : (( Le p'tiot drôle! ô s'chaute au soulô
c'ment eùn lisdv. »
L?Li.,' lacer tus. Ital., luccrta. Ben-y, li^ard, liserd. Bourg..
lii^ar. Genev., liu:^ard. Morv., Injàr. Prov., lazert, lausert.
Vx. fr., Icisavde, lisardc, li^ari. (V. Lanunse.)
Lisoû, s. m., liseur, mangeur de livres sans profit. On cite
plaisamment lisarde, que nous ne recueillons cependant
pas.
Bourg., Vucà. Vx. fr., leisor.
LissivE, s. f., lessive : « La Jean-néte s'é métu à couler sa
lissive. )) (Ed. du Méril voit dans couler une aphérèse
d'écouler.)
Lat., lixiei.a. Ital., liscicia. Genev., lissice. Vx. fr., lexive,
lecive.
LissivER, V. tr.. faire la lessive.
LissivEusE, s. f., laveuse, lavandière, femme qu'on loue
pour donner ses soins à la lessive.
Berry, lessircusc. Bourg., lairandeirc , laiisoasc. Lim. ,
biijandièro. Morv., lairoacc.
Lissu, Lussu, et Lussiau, s. m., eau de lessive.
Lat., lixieiam. Berry, lesn'f, Icssti, lissu. Bourg.. ler(ssu.
Bress., lissu. Champ., lèc/iu, lessu. Chatiil., léchu. Cogn.,
lessit. Fr.-Cté, Icssu, lissu, lisiè. Genev., lissu. H'^-Marne,
tcssa. Jura, less((S. Midi, lissieu. Montr. , lissu. Morv., rdiu,
luc/ii, lussu. Voit., lissi. Prov., lissiu, Icissiu. Sav., lècliu.
Suiss. r., lissu, linsa, lien;u. Yon . , Ivssu. Vx. fr., Icssieu.
Lisu, part, de lire : « Mon live ôt tout li.'^u. » Quand il faut
244 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
dire : lu, le paysan dit : liau; mais quand il faut dire : lui,
le paysan dit : lu, ou H.
Berry, Usa. Rourg., li. (V. Li.)
Liv'e, s. m., livre.
Lat., liber. Ital., libro. Lorr., lice. Morv., Uv'c. Prov.,
libre. Vx. fr. . livre.
LivRÔT, s. m., petit livre. Ici le r se prononce.
Ital., libretto. Bourg., livra. Vx. fr., livret.
LoiCHE, s. f., lèche, tranche de pain assez mince, pour
tremper ou faire rôtir.
Ital.,^/sc«. Berry, liche. Bourg., loiche. Daupli., leichi,
letclto. Montr., lauche. Morv., loiche. Norm., lèche. Pic,
lékc. Poit., liche. Prov., lisco, lesco. .Sniss. r., letsche.
Vx. fr., lesche, lèche.
LoiCHER, V. tr., lécher.
Ital., leccarc. Berry. lichcr. Bonvg., lochai. loichai. Morv.,
loicher. Pic, lèLer. Prov., lecar, Icchar. Wall., léchi.
(V. Licher.)
Loin, adv., longtemps : « 01 é proche de descendre; ô n'en
a pas pour loin. »
Bourg., lôgne. Lille, loin.
Loisi, s. m., loisir, bon temps.
Bourg., loisi, lé;i/. Dauph., lei.ri. Lim., lèc^ei. Pic, laisi.
TouL, lec-e. Wall., lôr/i. Vx. fr. , Icisir, loi/sir. (V. Louâiji.)
LoLÔT, s. m., lait; quelquefois pour indiquer une boisson
douce.
Lat., laetifi. \{a\., latte .Yiouvg.., lai ssca, /a/sseaa (petit lait).
Bress., las.'^nj/. Bugey, Ira^sa;/. Fr.-Ctë^ /ra7ro?! (lait inférieur).
Hain', lachau, lassait. Lorr., laicè, là. Montr., laissieau.
Nam., lasia . Prov., lach, larj, lai/t. Rouch., lassau, lolo.
St-Am., le. Sav. lassai. Wall., lésai, lolo. Vx. fr., lot, lalct.
♦■
LoPER, V. tr.. boire beaucoup, avec excès.
Morv . , loper . (V . Loquer . )
Lopoû, s. m., qui boit trop, ivrogne.
Morv., lopou.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 245
LÔQUENCE, S. f., éloquence, beau parler. Ce mot, que nous
avons encore entendu, est rarement employé; il appartient
plutôt au patois de La Monnoye. *
Lat. , cloqncntia. Ital.; eloquoiula. Bourg., lôquancc.
Lorr., louquance . Poit., loqtceiiGe. Prov., cloquencia, cto-
quensa. Saint., loqncnce.
LoQUER, V. tr., boire, lever le coude : (( Lu? la jôrnée
durant, ôl a loqwUVcWOw les aimis. » (V. Loper.)
Loquet, s. m.^ hoquet. Encore une fois l'article fondu avec
le nom. On entend fréquemment dire :
J'ai l' loquet.
Dieu m' In fait.
Vie' Jésus!...
Je n'iai pus.
Les bonnes femmes apprennent cette formulette aux enfants,
prétendant qu'on fait cesser le hoquet en la prononçant.
Cogn., loquet. Genev., loquet- Lira., sa/ir/u. Morv., cliicot.
Poit., loquet. Wall. hiHfe.
Dans ce mot, absolument rien du loquet de porte.
LÔR, adj., lourd, qui a le vertige. Se dit du mouton qui a le
lordbt. (V. ce mot.)
Berry, lovdaud. Bourg., lor. Morv., lor^ lardais. Vx. fr.,
lur, lurd, lor, lour.
LoRDÔT, s. m., vertige des moutons. Les bêtes ont les indis-
positions des gens, et les gens les indispositions des bêtes.
Je me rappelle un vieux bonhomme qui, lorsqu'il avait la
tête un peu prise, me disait : « Auj'd'heù, i n'vas pas;
j'ai Vlordbt. )) On appelle aussi lurdijt la pesanteur de tête
que le buveur éprouve après l'ivresse : « Ah! lasse-me
donc! te n'vaux pas deux yards; t'as Vlordbt. »
Berry, lordéne, lorderie. Bourg., nirô. Forez, la. lourde.
Lim., louèijno. Midi, lourdun. Montr., lordot. Morv., ailoi-
risseman, ailordiiion. Wall., lourdcrie, lourdi.<e. ^'x. fr.,
lourderie. (V. Tournis.)
Loij, s. f., loup, et personne qui vit retirée : « r)n n'ie vouét
jamâ; y et ein vrâ loù. »
Lat., lupus. Ital., lupo. Art , Icù, leup. Bevvy, loube. Bourg.,
246 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO CHALONNAIS
loù. Lorr.. ha. Pic, /eu. Prov., l/i/i, lop. Rouch., Icu. St-Am.,
Icà. Sav., locu. Wall-, Ica. Vx. fr.. In, (oa, leu. (V. Loù-
vairou.)
Loua ¥[, s. m., loisir, délassement.
Morv, . loua ni. (V. Loisi)
LoûEiN, s. m., lien, attache.
Lat., Itgamen. Ital., legamc. Berry, lian. Bress., loin.
Montr., loin. Morv., louâteuve. Norm., lian. Prov., liani.
Wall., loien. Vx. fr., loien. Hem. (V. Loj/cùrc.)
Louer, v. tr., lier, attacher.
Lat., ligare. Ital., legare. Hain'., loier. Montr., louer. Pic,
leuj/er, loj/er. Prov., lif/uar, liai-. Wall., loii. Vx. ir., loiej\
Ijjcr. (V. Lor/er.)
LouGER, et LoiGER, V. tr. et intr., loger, habiter.
Lat., locare. Morv., loir/e/-, loigicr. Lorr., lougè. Vx. fr.,
lof/icr, lojcr.
LouïA..., première partie de trois locutions fondamentales
employées par les mariniers dans la direction de leurs
bateaux : Loida cVavant, maille en avant! Louïa (Vamltan,
maille au milieu ! Lon'ia d'arriè, maille en arrière ! Celle-ci
retient quand l'équipage traverse un courant. — Ces trois
mailles, utilisées pour la traction des bateaux lourds, se
tiennent d'un seul côté de la rivière; mais souvent on a
besoin de faire tirer la maille sur l'autre bord. (V. Bcnu.-
méri.) — Ce mot louïa. ne peut guère se traduire. En
reprenant cette phrase de notre glossaire : Tira louïa la
maille, je ne puis m'empécher de voir dans louïa une con-
traction de là où. il // a. Ce serait donc : 1 ire là où il y la
maille. Tout cela est de l'a peu près. Ces expressions sont
d'une syncope assez obscure. (V. Fa tii^a!)
LouRDL^u, adj., lourdaud, simple, idiot. Épithèr<' qu'on ne
ménage pas à qui la mérite.
Bcrry, alordc. Bourg., tor. Moiv., lôràai^ (feni. date).
Wall., lourdô. Vx.fr., lounlault, lonràu.^.
Loù-VAiROu, s. m., loup-garou, loup errant. Et sorcier, dont
le rôle a défrayé bien des légendes. 11 errait, voulait-on, la
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 247
nuit, transformé on loup. Au figuré, individu farouche et
fuyant le monde.
Art., leup-icaroK. Berry, loup-beroii, loup brou. Bourg.,
leu-ooirou, lou-coirou. Hain'. leu-icarou. Morv., loiip-cârou,
vérou. Norm., earoa. Pic, leuwavou. Wall., Icu-warou,
lèœarou. Vx. fr., leuwarou, garou. (V. Loïc.)
Loyer, v. tr., lier, attacher.
Bourg., loi/ai. Bress., louer, Icijer. Fr.-Ctê, loijie. St-Am.,
kujc. Vx. fr., lo'icr. (V. Louer.)
LoYEÛRE, s. f., lien, attache.
Mac, laijcure (lien pour les bœufs. (V. Loûeiii.)
Lu, pr. pers., lui. N'empêche pas, dans certains cas, la pro-
nonciation Lui. (V. ce dernier mot.)
Bourg., li, lu. Lorr., lu. Morv., lu. Wall., lu. Vx. fr., li,
lei, lij, lui/.
LuGNÔTES, et LuNÔTES, S. f., lunettes, besicles : « T'n'y
voués d'jà pas prou ; mets donc tes lugnutes. »
Bourg., tiignôte. Lille, leunette. Rouch., leunete. St-Am.,
lunëta. Tout., mcricles. Vx., fr., lunecte.
Lui, art., le : « I faut lui empocher d'faire ça. » Très excep-
tionnel, mais très local et très usité chez les paysans.
LuïÔTE, s. f., lueur légère, lumière naissante ou mourante.
Berry, lieur. Morv., luïote. Prov., lugar. (V. Lusàt.)
LuizERNER, V. intr., luire faiblement et par intervalles.
Lat., lacère. Bourg., lu;anai. Forez, lusarnà. Maine, lui-
serner, luisarner. Morv., luiserner. (V. Lure.)
LuNÔT, LuNÔTE, et LuNÉTE, S. m. et f., linot, de ce que,
dit-on, cet oiseau aime la graine de lin. Le masculin
Lunbt nous suffit parfois pour les deux genres. La pro-
nonciation va de lanbt à lagnbt.
Berry, linot, lunotte, lunette. Genev. , ninotte. Montr.^
lunette. Morv.^ uluaette. Nam., Une. Norm., siffler la linotte
(perdre son temps). Wall., linièr^û. Vx. fr., leinote.
LÛRE, V. intr., luire.
Lat. et ital., lucere. Morv., lur-e. Prov., /î<»tv, lu^ir. Toul.,
lusi. Wall., lure. (V. Luiserner.)
248 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
LÙTER, V. tr., terrasser, vaincre. Lutter quelqu'un, pour
lutter contre quelqu'un, mais avec l'idée de succès. Un
marinier, confectionneur de radeaux, parlant d'un sien
camarade assez fort, disait : « J'I'aurôs ben lùté. >>
Lat., lactarl. Ital., luttare. Midi, ne lutter. Morv., se leiiter.
Noroi.. litev. Prov., lochar, luchar, loltar. Vx. iv., laitier,
laitier, lucter, luicter, Hier.
LuzÔT, et LuzÔTE, s. m. et f., petite lumière, lampe qui
donne peu de clarté, tison restant du feu, lumignon restant
de la chandelle : « Dépôche-te d'ralleùmer ton feù ; n'y a
pus qu'eùn luzbt dans les c'nises. » — « N'y avôt qu'eine
luzdte su la taule, j'n'y vouéyôs pus ran. »
Bourg., lusote (feu de paille, et ver luisant). Moiitr., iuxot.
(V. Luïote, Reluzàt.)
U
Ma, conj., mais.
Bourg., ma. Hain'. iné. Lorr., mû. Prov., nmi, nias, ma.
Rouch., rnê. St-Am., rné. Wall., main, mâie.
Mâbre, s. m., marbre, au propre et au figuré.
Lat., marmor. Ital., marmo. Bourg., mâbre. Morv., mâbre.
Prov., marme. Suiss. r., mabro. VJ^àll., marm.Yx. iv., mabj-e,
malbre.
Mâchedrl, adj., mâche-ferme, qui mange avec avidité,
gourmand.
Bourg., mâchedru. (V. Maingeoâ.)
Màcheùre, s. f., barbouillage de noir, tache quelconque.
Genev., mâchure (masc).
Màcheùrer, V. tr., raâchurer, barbouiller de noir. Avant
l'invention des masques, on se barbouillait de lie de vin.
Ital., mascherarc. Bourg., mâcherai, màchurai. Champ.,
machuver. Forez, machurâ. Ht«-Auv., matsara. Lorr., ma-
cherer. Morv., mâcheurer. Prov., mascarar. Suiss. r.,
mat^ura, matschera. Toul. , mascara. Wall. , maherer,
mahurer. Vx. fr., mascurer, maschurer, mascerer.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 249
MAcHEÙRON, S. m., tout objet qui clcvieQt noir, suie, lumi-
gnon, papier bmlé, etc.
Genev., mnc/uiroii. Morv., macheuroii. Suiss. r., mat^uron.
Wall., inacuvian, noiret.
Mâchoû, adj., qui mâche, qui remue quelque chose entre
ses dents : « Que qu'te voux qu'ô parle ben, c'vieux
màchoù-\k\ »
Morv., mâchoure.
Mâchouiller, v. tr., mâcher difficilement, sans appétit,
mâchonner : « Dépeû qu'ôl a été enrheûmé, 61 a tôjor
quête chouse qu'ô mâchouille. »
Bourg., inàchouillai. Cogn., matrouiller. Forez, matroulie,
matrollie. Genev., nulchillcr. Lang., mastulia, mastuthar.
Lyon., mâchiller. Midi, mdchoter. Morv., màqueiller. Poit.,
inatouiller, maeJiouinai. Rouch., maqucdier. "W ail., marjul lier.
Vx. îr.,machoiller, inachotler.
Ma fi! excl., ma foi! revient fréquemment dans les conver-
satiou!? : « Ma fi voui! ma fi non. »
\.z.\,.. fides. \\,^\., jcde. Bourg., ma foué! Bress., ma fa y !
Fr.-Cté, /a//. Lorr.,^, mèfoû! Mac, ma faï, mafion! Novm.,
ma fonge.'mafinguette! Pic, fi. Prov., fe. Vx. tr.,feid, fcU,
foy-
Magnin, Magnan, Magnier, s. m., chaudronnier ambulant:
(( As-tu des castroles à rac'moder? V'ià Vmagnin qui
passe. » Ce mot a autant d'orthographes que d'étymologies
différentes.
Bas-lat., magninas. lta.\., ma g aano. Berry, mlgnan. Bourg.,
maignié, magnieii. Champ., maignien. Forez, magneii. Genev.,
magnin. Jura, magnin, magnié. Lorr., magniake. Montr. ,
magnin. Morv., niaignin, mignin. Norm., magnan, maignin.
Pic, magniake. Poit., maignin. Sav., magnin. Vx. fr., mai-
gnen, magnan.
Mâgre, adj., maigre, défait.
Lat., macer. Ital., magro. Bourg., magve, moigre. Prov.,
magve. Wall., maig. Vx. fr., magre. (V. Maigriàt.)
Mai, adj. poss. f., ma.
Lat., mea. Ital., m«a. Bourg., mai. Pic.,e«?', ème, emn'.
Prov., ma. Vx. fr., m' (m'ame, m'espée).
27
250 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Maie, s. f., grand récipient en bois, dans lequel chaque
ménagère pétrit le pain de la maison. Orthographe peu
fixée et variant à l'infini.
Lat., tnactra. Bas-lat., ina'Ua. Ital.. madia. Anj., mette.
Berry, met. Bourg., tnai. Champ., met. Dauph., amat. Forez,
amat. Fr.-Ctë, mxdt, rneii. Gasc, mach. Guien., mack. Jura,
maid. Lim., ma. Lorr., ma. Lyon., amat. Midi, mèo, maie.
Montr., maie. Morv.., mai, arche. Norm., met. Pic, maie.,
moic. Poit., met. Prov., macj, mastra. Rova.^mag. Rouch.,
mée. Saint., tnet. Wall., mets. Vx. ïv.^mect. (V. Pétrissoire.)
Maigriôt, adj., maigret, maigrelet, chétif, qui a mauvaise
mine.
ItaL, magvetto. Genev., maigrolet. Morv., maigrichon.
Pi-ov., magret. Rouch., maiguerlol. Vx. fr., mai grelin,
niegret. (V. Mâgre.)
Mailla, s. f., terme de marine fluviale, corde tirée par
l'équipage de chevaux remorqueurs.
(V. 7V/'â, Louïd.)
Maillot, s. m., maillet, petit marteau solide.
Genev., maillot. Prov., maihet. Wall., niaiet. (V. Mar-
luche.)
Mainche, s. f., manche de vêtement.
Lat. et Ital., munira. Bourg., mainche. Morv., moinche,
niance. Piov., mangtta, mancha. Vx. fr., mance.
Mainche, s. m., manche d'outil.
Bas-lat., maiiiciiin. Ital., manico. Bourg., mainche,
moinche. Forez, mango, mungun. Morv., moinge. Prov.,
margue. Wall., main.
Mainchôt, s. et adj., manchot.
Lat., mancus. Bourg., mainchô. Morv.,' mainchôt, moin-
chot, manguin. Poit., mancrot. Vx. fr., nianc.
Maingeoû, et Migeoû, s. m., mangeur.
ltdLl.,mangiatore. Bourg., main'jeii, mcijoà. Lyon., mi/ou.
Moev. , mcgcou, migeoa, maingeon, m';:ou. Prov., manjaire,
manjador. Vx. fr., mangear. (V. Mdchcdru.)
Mainger, et Miger, v. tr., manger, absorber, faire dis-
paraître.
LANGAGE l'OPULAIRE VERDUNO-CH ALONNAIS 251
Lat., manducarn. Ital., manqmre. Berry, fuir/ner. E^urg.,
maiatjc, mningeai, incijai. Bress.. inan^é . Dauph., niigic.
Hain', /nif/ner, mcfjnar. nionntwr. Lille, mi.er. how. , minier .
Monti'., monrjlr. Morv., minier, mige'^, mogcr, mtgtter,
ni'^er. Nam., inotinii. Nivern., mesiv. Norm., manjasser.
Poit., niigner, mignoter. Prov., manjar. Rouch., mengcr,
niéiiier, mier. St-Am., mcV/îié. Sav., mejsâ. Suiss. r., nicdji
inidjl. Wall., mier, iii.igncr, mougnicr, inanii. Vx. fr.,
inangicr, nien/icr, manjur.
Mainger la cape à Diou, loc, se dit d'une personne sans
ordre, d'un dissipateur : « Lu? On l'iaiss'rôt fâre, ô
inangerbt La cape à Diou. » Sent son méridionaL
Main- ME, adj. et adv., même.
HaI., medesimo. Bevry, matnmc . Bourg., molnie. moèinc.
Movv. ,nioinrne. Prov., rnedcsme, mcscsine, mcicssme. Vx. fr.,
meïsme., rues/ne.
Main-mement, adv., mêmement.
Bourg., moimeman, inasmernent. Morv., moinm'ment. Prov.,
me^eisamen. Vx. fr., mecsmem.cnt, miesmoincnt.
Màïon, s. f., maison, habitation, intérieur : « T'é pas
gein-née, toi; t'vas t'preiàmener pendant que j'garde la
màïon. ))
Lat., mansio. Ital., mngione. Arden., inan/on, ma/on. Arden.,
manjon, ma/on. Art., mason. Berry, maihon, maïon. Bourg.,
moison, nidson, mdgcoii, mâglon. Charent., méjon. Flandr. ,
ma/on. Fr.-Cté, mason, moësoii. Hain', mason. Jura, mahon,
Lim., meijon. Lorr., ma/on, mojon, mohon, mahon. Mac,
moaison. Montr., mas-hon. Morv., màjon, mdion, mâzon,
maihon. Nam., manjo. Norm., moison. Pic, mason, mahon,
mansion, mageon, mon. Prov., maiso, magson, maiso, maio.
Rouch., mason, maon, mon. St-Am., majon. Sav., ma~on,
ma/on. Suiss. r., maison, moaaison. Verv., mâhon. Wall.,
mason, mohon, mocho, mochoice. Vx. fr., maïo.
Maïs (paille de), loc. On appelle paille de maïs les feuilles
qui servaient d'enveloppe à la grappe. On les fait sécher,
et on les emploie à rembourrer les paillasses.
Maitin, s. m., matin; de très bonne heure.
Lat., matutinus. lta.\., mattino. Bourg., maitin. Lorr., métin.
Moi'v., maitin. Prov., mati. St-Am., matèn. Vx. fr., main-
252 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Maitk«iaule, adj., matinal.
Berry, matlnau. Morv., matiiiaule. Prov., matinal.
Mait'nant, et Mét'nant, adv., maintenant, à présent.
Ital. , manteneiite. Bourg., mointenan. Morv., inùCnan.
Prov., manteiierit. Rouch., métcnant. Vx. fr., maintenant.
Mait'née, s. f., matinée.
Ital., mattinata. Morv., maiienée, mait'nelle. Prov., mati-
nade. Vx. fr., matinée.
Maitoû, s. m., matou. Appellation moins bienveillante que
rninbt, minoù.
Morv., maitou. Norra., marcou. Pic., marlou.
Malère, s. f., tige de chanvre mâle.
Malice, s. f., contrariété, vexation : « Ah! qu'j'ai donc
malice que vous seûtes venue, la chamb' pas faite! »
Latin, malitia. Ital., mali:;ia. Bourg., maglice. Prov.,
malicia, malissa. Rom. nialecia. Vx. fr., malisse.
Malûr, s. m., malheur.
Prov., malahur. St-Am., maleù. Vx. fr., nialeurfè, maleur,
mal ëur.
Malûreux, adj., malheureux.
Berry, malharciix. Bourg., maulhurous. Bress., molourieu.
Morv., mal/lieu, malùrea. Pic, malluircux. Prov., malauros,
malahnros. Wall., mal'luiratls. Vx. fr., maleurè, maleiïreus.
M'amie, s. m. et f., mon ami, mon amie. Appellation cares-
sante, qu'échangent réciproquement le frère et la sœur, le
mari et la femme, etc., et sans différence pour les deux
genres : « Veins-tu, in amie? Marci, m'amie! » — << Faire
des inamies, » caresser, cajoler. On écrit aussi ma mie,
mais c'est moins correct. Un chant du XII le siècle donne :
« Mamée dame. »
Berry, m'amie. Bress., m'amia. Morv., manmie. Rouch.,
amt'sse (amie). Vx. fr., ma mie.
Manéte, s. f., anse, poignée transversale qui termine le
manche du rochet ; est posée à l'ouverture d'un vase, d'un
panier. N'est point le diminutif de manne.
Genev.j manille. Lang., mania, manillo. Lyon., manillon,
manille, manelli. Prov., manelha. Rom., manette.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 253
Manquer, v. intr., acception particulière de être absent:
(( Y a ben longtemps cVjà qu'toii fieù manque de clieû
vous. ))
Bas-Iat., mancarc. Berry, wanqner (être dans le besoin).
Prov., mancar, manquar. Wall., manker, ruâker.
Mantiau, s. m., manteau.
Lat., mantilc. Ital., manteUo. Berry, mantiau. Bourg.,
maiitèa. Morv., tnanqtilau. Piov., niantel, inantcth, rnantcu.
Vx. fr., inantel, mantiau.
Ma que, conj., pourvu que.
Bourg., ma que. Bress., mai que. Dauph., ma que. Forez,
ma que. Lyon., ma que. Morv., mû que (lorsque). Prov., mes
que. Vx. fr., pouroeu que.
Mâr, s. f., mer. Peu usité, les voyages lointains n'étant pas
dans les goûts du pays.
Lat. et Ital., mare. Bourg., mar. Prov., mar. St-Am., mère.
Vx. fr., mers.
Marande, s. f., repas de midi.
Lat., merertda. Esp., mcrieada. Berry, mùvande. Bourg.,
maraude. Forez, /)}areiida. Fr.-Cté, maraude, mèrande, mouè-
rande, marandon. Genev., mèrende, mêrcndon. Montr.,
marande. Morv., marande, mèrande. Poit., marandon. Saint.,
marandon. Suiss. r., mareindon.
Marander, V. intr., dîner, faire le repas de midi.
Esp., mercndar. Alp.-Frib., marendar. Champ., marander.
Cogn., marandonner. Fr.-Cté, mer end à. Lim., morcndas.
Morv., marander, mèrander. Rom., marender (goûter).
Suiss. r., marreni'i, niarreitidd.
Marchoû, s. ni., marcheur. Le piéton est un marchoà.
Morv., marc hou.
Marci! s. m., merci! remerciement.
Lat., merces. Ital., nierce. Berry, marci. Bourg., marci.
Lorr., marci. Prov., merce, mercey. Sav., maci. Vx. fr.,
mercit, mercj/. (V. Marcicr.)
'Marcier, et Mercier, v. tr., remercier : « Vlâ l'afatiau
qu'vous m'aveins prôté; j'vous marcie ben. »
Bourg., rcmarcié. Prov., rcmarcier. Wall., riniersi. Vx. fr.^
mercier. (V. Marci!)
254 langage: populaire verduno chalonnais
Mardéle, et Maréle, s. f., margelle de puits.
Berry, inardellc. Morv. , incurgcalle.
Mardiéne! interj., parbleu! pardi! etc.
Forez, mni'ffia. Morv., mardiennc, mar'lié. Poit. , /iterdc,
merdlngne. Suiss. r., mardi.
Mare, et Mère, s. f., mère. On donne ce nom à toute vieille
femme : (( Eh! mare eùne télé. »
Lat., mater. Ital., madré. Bourg., moire Bress., more.
Dauph., mare. Lim., mdi. Movv., m ée.Pvov., ma ir'c. St-Am.,
mère. Sav., nidre. Suiss. r., mcmèe. Vx. fr., niedre, tnere.
Mare, s. m., maire : « Y ét-i bentôt, Jean-not, que j'vons
aller d'vant mousieu Vmâre "? »
Lat., major. Bourg., moire. Mac, mare. Morv., mare.
Vx. fr., meor, mère, majenr.
Mâre-Grand', s. f., grand'mère.
Bourg , meire-grar... (V. Grand'.)
Margadou (à la) ! loc. exclani. de nos mariniers, réplique à
l'appel : à la civadou! — Par ce mot, dont le sens littéral
. nous échappe, — car il ne doit rien avoir du normand
rnarga signifiant : ordure, — les camarades répondaient aux
appelants, et il est certain qu'ils voulaient dire : « Allons
dîner! » On peut remarquer la désinence méridionale du
mot.
Margôlon, s. m., homme d'affaires véreuses, marchand de
vieux chevaux, mauvais boucher, etc. ; en général terme
de mépris.
Montr., margaloa.
Margouillàt, s. m., margouillis. Même sens que goidllàt.
(V. ce mot.)
Lat., marga, marguillum. Berry, margoille, margouillàt.
Bourg., margouitli, gargouilli. Jura, margouille. Lang.,
margouillis, margoulhar (tremper dans l'eau). Morv., mar-
gouèilla. Norm., mm-gn^, inargasse, margouiiler (sdilit). Sav.,
margottd (patauger). Vx. fr., niarguiller, margoillcr (rouler
dans la boue).
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 255
Margouléte, s. f., mâchoire : « O t'I'i a flanqué eîine
moniitle par la margouléte... »
Bourg., martjouicttc (gosier). Champ., niargoulctfe (bas du
visage). Cogn., mnrgotilcUe. Norm., m ari/ouletta (bouche sale).
Pic, margouléte. Rouch., marijoiilete . Wall., niarfjoKlete
(gosier, estomac).
Margoulin, s. m., vaurien, vagabond, qui rôde et court les
chemins.
Marichau, s. m., maréchal-ferrant.
Lat., inare^caleus. Ital., maniscallo. Berry, nuilichau,
rnaréchau. Bouig., mairchaii, riiairechan. Cogn., niarlcknu.
Hain', marissiau, maricaa, marichau. Lorr., marcha. Moiv.,
maiceau, marchait. Nam., marichau. Norm., marèchaud,
Pic, marichau, maricha. marissaa. Prov., maiiescale, ma-
nescal. Rom., marescaux. Rouch., marissiau , maricaa.
Suiss. r., marteau. Wall., marihâ, marèchau. Vx. fr.,
muro.'^r/iaus^ mariscliax, niari.ssal, mui'eschal.
Marichauder, V. tr., faire métier de maréchal, travailler le
fer, forger.
Norm., marèchauder.
Marignier, s. m., marinier.
Ital., mariniero. Piov.^ marignier. Vx. fr., maroider.,
maroimier.
Marîïer, s. m., marguiller.
Lat., matricularius. Berry, mariUier. Bourg. , marillei.,
marullai. Montr., maridicr. Nam., maurelî. Pic, mairier.
Wall., mardi. Vx. fr., marregliier.
Maringôte, s. f., sorte de voiture longue, autre qu'un
camion, et emplo3'ée jadis par les charretiers des maisons
de roulage.
'!^ovm., ' maringotc (mauvaise voiture). Saint., maringôte.
Màrle, s. m., merle. On dit d'un triste garçon : « Y et ein
biau marie ! »
Lat., merula. Ital. merlo. Berry, marlaud. Bourg., marie,
miàle. Fland., marie. Fr.-Cté, malou. Juia, mairie. Montr.,
miarle. Morv., micrle (fom.). Norm., melle. Pic, ormerle,
curmerle, ermele. Prov., merle. St-Am., marlou. Sniss. r.,
marlot. Wall., miel (loriot). Vx. fr. melle.
256 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Marloû, s. m., rusé, retors; aussi souteneur. Au commen-
cement du siècle, les gamins gratifiaient de ce surnom les
perruquiers. Le Dictionnaire Savoyard de F. Brachet
donne le mot inerlou comme abrégé de merde de loup.
Marluche, s. f., gros maillet, mailloche.
Lat., maliens. Berry, malluche. Bress., inarleache. Guern.,
inaillachc. Morv., mailluèche. Vx. l'r., niaiihoche. (V. Maillot.)
Marnife, et MoRNiFE, s. f., morniflc, soufflet, coup de la
main sur la joue.
Pic. mai'g/iouf'o, horniflc. Rouch., marnioufe.
Mâronier. s. m., marchand de marrons. L'homme qui les
vend a pris le nom de Tai-bre qui les produit : « J'vons
mainger des nuirons; Vmâronier a v'nu. » (V. Frigolés.)
Marôt, s. m., marais : « Por aller la vouer, j'ons pris par
le pré des marots. »
Lat., rnariscus. ItaL, inarese. Haln', marache. Morv.,
mailla. Norm., marc/as. Suiss. r., niara. Wall. maras\ Vx. ïv.,
marais, mares, niarcsqs.
Martiau, s. m., marteau : « Faura donc t'fâre entrer c'qui
dans la tête à côps à! martiau? »
Bas-lat., marias. ItaL, niartello. Bourg., martea, malca.
Morv., mairteai, marteai. Nam., maurtia. Pic, martiau,
martieu. Pvov., martel, martell. S>t-Am., marte. Sav., mariai.
Wall., martiau, mariai. Vx. fr., martel, martiax, martiaus.
Martiau, s. m., dent molaire. Dans quelques localités on
dit correctement : marteau.
Genev., marteau.
Marveille, s. f., merveille, toute chose extraordinaire.
Lat., mirabilia. Ital., maraciglia. Berry, marveille. Bourg.,
niorcaille. Bress., mor avilie. Lim., miràudio. Lorr., merveille.,
mdrvôije. Morv., marveille. Prov., meravalha, meravilla.
Rom., meravella. Vx. fi-., mercclle.
Marveilloû, adj., merveilleux.
Ital., maravii/lioso. Berry, marceilleux. Bourg., marvillou,
morvouillou. Prov., mèravillos, meravillios.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAFS 257
Mâskûrk, s. f., masure, bicoque.
lîas-lat., m a ii;i ((!•(.'. Bourg., ma^eire. Morv., mûgnc, masu'c're,
meur:;('illo. Suiss. r., rna.se, /nu^ot. Vx. fr., /nature, inisiùvc,
mf!;sière, inasaille.
Masques (côri les), loc, se déguiser, en Carnaval, aller par
les rues, et pénétrer par bandes dans les maisons. Tous les
travestis ont ce privilège durant les jours gras, et ils sont
toujours bien reçus.
Masques (mots ébillés en), loc, mots défigurés par une
prononciation fnutive(au point de vue des gens) : « Ah!
c'té-ln, quand all'parle, tous les mots sont ébillés en
masques. ))
Mataflan, et Matefaim, s m., sorte de crêpe, que nos
ménagères sautent habilement dans la poêle, et qui paraît
fréquemment sur la table.
Bress., nuitafan. Bugey, inaiafdn. \)i\u]}h.. iiKifufan. Forez,
matafdtn. Genev. , nuitafan, nKitc-Jaim. Lang., tndtofan.
Lyon., niatdfan, niaênfon, niutcfain, UHitcjui. Mac, nuttafan .
Montr., matafan. Piov., niat(i/((n. Sav., inatafan.
Mate, s. f., meule. Des inaies de foin, de blé, de paille, etc.
Genev., mutolle (pain de beurre). Montr., mate. Sav.. moclla.
Matéuaux, s. m., matériaux : u Ovafàre bâtir; ôl ad'jàtous
ses mater aux. »
Uouch., matèrcaux.
Matons, s. m., grumeaux du lait tourné, d'une sauce id.,
du savon non dissous dans l'eau, etc.
Champ., niallun. l'iand., maton.. Lorr., maton. Norm.
mattc. Poit., mate, maton, matiUon. Rouch., maton (froma'ï-e
de crème et d'œufs). V. fi-., mat/ion, mattc, maton (lait caillé).
(V. Gvemillons.)
Matons, s. m., tourteaux formés du résidu des fruits, et
des plantes oléagineuses dont on a extrait l'huile. Les
Bressans les utilisent, pendant l'hiver, à augmenter la
qualité nutritive de leurs foins. Ce fait se produit par la
quantité de matière caséeuse ou albumineuse que con-
28
258 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS
tiennent les tourteaux. Le maton de calas est surtout
recherché par les enfants comme gourmandise.
¥ove'i, pain inaloa. l'Aère, maton, pallUoa. Mont'r., maton.
Morv., malton. Wall., maton. (V. Trcalllot.)
Màtre, s. m,, maître.
Lat., maf/istcr. Ital., maestro. Bourg., moltre. Lorr., mâtc.
màitc. Montr., mâtre. Movv. , niàti'c. Pic, mète, moUr, moètc.
Prov., niaicstic, majcstre, macstre, mcstre. Rouch., mcéc.
St-Aïu., nirtrc. Wall., mais'. Vx. fi'., maistrc, ine.<trc.
Mâtrgsse, s. f., maîtresse.
Ital., maestra. Bourg., moiti-rfisc. Montr , /natrossc Morv.,
niatro^sc.Pvov.jna/c.^ti-a, maistra. St Am , mètrcc/ia. Vx. fr.,
m a'r stresse, /ii ai stresse.
Mau, s. f , mal, maladie, empêchement : « Les dents me
font mau. » — (( 01 a ben du mau à joind' les deux bouts. »
Lat., inalarn. Ital., malo. Ardèch., maon. Berry, mati.
Bourg., mau, maul. Bress., mau. Bugey, md. Dauph., md.
¥\3t.\.w., inaa. Il.-V% maa. Lille, md. lim., iiu'iu. Lorr., ma.
Morv., mau. Pic, mau. Poit., mau . Piov., mau, mal. St-Am.,
mô. Sav., ma. Rouch-, mau. Wall.; mau, ma. Vx. fr., maus,
mal.
Mau, adj., malade : « Oh! l'pauv' garçon! ôl é bé mau;
ô n' passera pas la neùt. »
Ital., malalo. Bourg., mallalde. Lille, malva. Lim., molaudo.
Morv., mallalde. Prov., mal apte, matant. St-Am., ntaladou.
Wall., inalàd. Vx. fr., lualabde, mallade.
Mau, et Moû, adj., mouillé : c( Je r'veins par la pleiie ; ma
cote é tote maule. )) — ((A la fête, not' Cath'rinea dansé...
aile en étôt moule. »
Berry, mollliè. Bourg., /»ô. Champ., mou (le mou, le temps
humide). Lim., moulin. Morv., mO. Rouch., ino. Sav., mollia.
Wall., mo.
Maubon, adj., mauvais (mal-bon), mais qui renchérit sur le
sens de ce mot, méchant.
Ital., malcaylo. Bourg., maucoi/. Bress., maubon. Ilain',
niait, metj, moucais. Montr., maubon. Nam., muab. Pic,
maonais, niau'ais. Prov., maleais. Wall., marà. Vx. fr.,
ma Irais, maires, m((urès, mauraijs.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 259
Maucoifée, ad]., mal-coifTée, mais surtout femme de mœurs
trop faciles.
Bourg., tnaucoi/fèc.
Maucontent, adj-, mécontent.
Bress., maucontent. Morv., maucontent. Lorr., niaiicontant.
Maufeçant, adj., malfaisant.
Berry, maufais'ant. Morv., niaufè^an. Poit.; inaufa^ant.
Vx. fr., nialfesan, mcfaisa/d.
Maufait, adj., malfait.
Bourg., maufail. Montr., nxanfuit (méfait, s.). Morv., niaiifc.
Suiss., mnffi. Vx. fr., nianfait (le diable).
Mauger, V. tr., ensorceler, jeter un sort : « N' m'en parlez
pas; j'craisqu'ô m'a maar/ee. » Scarron appelle la sorcellerie
l'art de maugis.
Montr., mauijcr. (V. Dcmauger.)
Maugré-, prép., malgré.
Ital., nialgrado. Berry, mauijrè. Besanç., maiiQva. Boiirir.,
n^augrul. Bress., nuiiigcè. Daupli., niai/gra. Lim., maiigia.i.
Lorr., mâ'jrc. Morv., maugré. Pic, maugré, margrè. Poit.,
maugré. Prov., malgrat. Rouch., maugré. St-Am., màgrô.
Vx. fr. , maugré, maugréerie.
Mauladrèt, adj., maladroit.
Bourg., mauialdrol. Bress., mauluitrct. Morv., maulaidrouè.
St-Am., môlailrâ.
Maulépris, adj., mal appris.
Morv., maulaipris. Vx. fr., /nal~appris.
Maulendeùrant, adj., malendurant.
Beriy, malendurant. Bress., maulendeùrant. Morv.. mau-
paitient. Vx. fr., malendurant.
Maulentendu, s. et adj., malentendu, parole mal interprétée,
et personne peu intelligente.
St-Am., môl-étédu. Vx. fr., malentendu.
Mauler, et Môler, v. tr., mêler, emmêler, confondre.
Lat., miscere. Ital., mlschiare. Berry, micheler. Bourg.,
maulai. Morv., moler. Prov., messlar. Vx. fr., meslei\ inedler,
nieller.
260 LANGAGE POPULAIRE VKRDUNO-CHALONNAIS
Mal'lin-Maulô, adv., mêli-mêlo.
Bourg., inaulin-nintilo. Moi'v., niôlln-môlo.
Maupardu, adj., mal employé : « D'avou toutes ces bavétes
qu'air s'en va tôjor taillant, en v'ià-t-i du temps tnaa-
parduf ))
Mauparlant, ad]'., médisant, et aussi grossier, brusque.
Vx. fr., malparlier.
Mauprôpe, adj., malpropre, répugnant.
Mac, sole.
AIauvi, s. m., mal vif, peu ingambe, invalide. J. Guillemin
rapporte ce jeu de mots, qu'il a entendu d'un vieillard:
« J'seù pus maavi que grive. )) (Le mauvis est une espèce
de petite grive. )
Mauvoulance, s. f., malveillance, mauvais vouloir, humeur
contraire.
Lat., malcoleniia. \t^\.,maliro(/li('ii.za. Mow.,mauco{(Uiiicr,
madcoi/la/icr, nudiroidoir. Poit., innui'clnnco, maloonlaiico.
Prov., malcolensa. Vx. i'r., iiuilcoilUuicc, mnl-ccillcncc, mnl-
nicillancc.
Mauvoulant, ad]'., malveillant.
Lat., malccolciis. Morv. , iiiancolUaii. Prov., inalvolcii,
mali'olcnt. Vx. fr., inal-i-uilldn:., inalcnclUaat.
M'cHÔT, s. m., un peu, adoucissement de p'chot. (V. ce
dernier mot.)
Me, pr. pers., moi.
Lat., rnc. Rouch., iiu'\ mi. Vx. fr., me, moi/. (V. Moue.)
Mèdi, s. m., midi : (( Su l'cô d'médi v'nez m' vouer; j' f" rons
la marande. »
Bas-lat., medifllcs. Ital., mc^.::odi. Berry, mèdi. Bourg ,
mèdi, mi. Champ-, meldi. Dauph., mcijour. Forez, mè/ofir,
meinJoin\ mejouo. Genev., mi-;eur. Guern., me/eu . Lorr.,
mcidij. Lyon., mèjout\ meiijoiir., mojouo. Morv., met'/t. Norm.,
me/eu. Prov., inie-Jour, metjouv, média, micgdia. Rom.,
mieQ-jorii, mieçj-dia. Sav., mic^eur. Vx. fr., mesdi, /nic-dis,
miedi, medi, midij.
LANGAGK POI'ULAIKE VKRDUNO-CII ALONN AIS 261
MFîni (Ifis), loc,., tournure redondante usitée eoneurreninient
avec le mot précédent : « Dépôche-to ; len médi sont sounés. »
Parfois aussi : « Les médi ont souné. » — (( Su les médi. »
Cogn., les médi. Gencv., midi ont soiiiiè.
Meilloiî, adj., meilleur.
Lat., riirlior. Ital., tnir/liorc. Bas-nonn., niiltcur. Rerry,
nièlic'ur. Bourg., iiioiuok , nioilloa. ilain', melicn. Lorr.,
maillon, maïou. Mac, indilliou. Prov. , iiicllior, mcillor,
meil/icr. Rouch., milicrt. Wall., incicûs. Vx. l'r., Diccllor,
melleur, mcdlor, iniadrc.
Meine, s. f., mine, air, figure.
Ital., iDiiui. Bourg., mci/j/tr, iDoirjtie. Sl-Am., nirna. Vx. fr.,
mine.
Mein-.m'ment, adv., mémement, même.
Berry, meinme. Bourg., /nosn^ement. Cogn., meinmemcnt
Prov., m(\~eis(U}}en. Vx. fr., niesmeiuent, maisnïeinent.
Mêle, s. f., nèfle.
Lat., ine.-<f)iliis. Ital., ne.<pola. Berry, /iiêle. Bress., nèple.
Champ., nielle. Genev., m'-fe, neife. Haiii'. nèpe, nèf'e. Morv.,
T'ièlc. Nam., inespe. Nonn., niète. ineille. l'ic, uiexle, nierl'',
niedle. Poit., H/r/r-, nu-rèli'. l^rov., nesple. Saint., nièle. Siiiss. r.,
nièlé. Wall., mes/'. Vx. fr., ne;de, ne/li\ inesle.
MÊLiER, S. m., néllier.
Berry, //)r//(7-, nièplicr. Ilaint, nèpier. Mons, mesplle. Moi-v.,
mèlié.^ mèlè. Norm., inèliei\ meillei\ meslier. Pic, nierlier.
Poit., mêlé, mèlicr, niérclier. Suiss. r. , mèlei. Wall., mespli.
Vx. fr., nespliee, t)iespli('r. nielliee.
Melin, et M'lin, s. m., moulin.
Bas-lat., moliniiA. Ital., molino. Beny, tnolin. Bourg.,
nielin. Morv., /)irlin///i\ /nUi/iij/i' . Pic, niolin, mèlin, nteiitiii.
Prov., nio/i/i, niu/i. ^^'aIl., mo/i/i. Vx. fr., molin.
MÉMER, y. tr., embrasser : « Mcmer papa, manman. »
Semble contenir le mot aimer (m'aimer).
Bress., mèmcv. St-Ani.. niàniù. (V. Miclicicv.)
MÉNETREi, S. m., ménétrier.
Bourg., nienctrei, nieunetrei. ]\Iorv., luènetrc. ^^'all., niestrc.
Vx. fr., meneslricr, meneslve^.
262 LANGAGE POPULAIRE VERDUNOCILVLONNAIS
MÉNEÙT, S. m., minuit : « J'iroiis à la messe de méneùt, é
peu, en rentrant, j'ferons rossignon. »
Lat., incdia noctc. Ital. , lue^^a notie. Berry, mènult,
rncinmat. Bourg., mcneu, inainiwu. Bresse, minai. Fr.-Cté,
maiiineu. Forez, mcj/not, niciiot. Il.-V, mènuil. Lim., mici-
jo-ne. Lorr., mèiieu, inènciuje. Montr., minet. Morv., mèncu,
mena, mingnau. Norm., menait, mcinnuit. St-Am., mina.
Saint., minent. Sav., mièniuai. Wall., mé/mit, mèie-nute.
Vx. fr., mce-nnt. mic-nidt, miniiict.
MÉNEÙT (les), redondance qui fait pendant à les médi : « Vé
les méneùt. ))
Genev., les minuit.
Mensonge, s. m., petit carré ou petite étoile de carton ou de
bois mince, sur quoi l'ouvrière pelotonne le fil de son
(( échevéte ».
Poit., mensonge.
Mentoii, s. et adj., menteur, diseur de bourdes.
Ital., wentitore. Morv., menton. Prov., mentidov. St-Am.,
inékijeâ. Vx. fr., menteor.
Menusserie, s. f., minutie, bagatelle : « Bah! ô s'émuse à
des menusseries qui ne sarvont d'ran. ))
Lat., minniia. Genev.. mcraitic. Hain', mcnutè. Wall.?
minuté.
MÉQUÈURDL s. m., mercredi.
Lat., mercurii (lies. Berry, mèquerdi, meincredi. Bourg.,
mâci-cdi. Genev., mrcreili. II'-Maine, minquerdi. Morv.,
mèqucurdi. Pic, mécredi. Prov., mercre. Rouch., mer<juèdi.
\\'all., miekr, dimieh'. Vx. fr., merquedi, mccredi.
Merdaillon, s. m., blanc-bec, bambin, bonhomme qui fait
l'important et n'est que ridicule.
Lyon., mardou. Sav., merdaillon. Vx. fr., merdou.
Merde de coucou, s. f., gomme que l'on recueille sur certains
arbres, principalement sur les pêchers et les pruniers,
Bress., merde de coucou. Morv., mède. . .
Merlusine, et Mère-lusine, s. f., corruption de Mélusine,
fée qui apparaissait lorsqu'un membre de la famille de
Lusignan devait mourir. Alors elle remplissait l'air de ses
LANGAGE POPULAIRE \ERDI 'NO CH ALONNALS 263
géniiss(Mnriils. ( )n diloiicorcî inuinlenanl. : a Pousser dos
cris do Merlasi/ie. »
Bourg., /ii((r(((.i'(i(jiu'.
MÉROTE, s. f., diiiiiii. dft mère, petite niôro, nom caressant
que les enfants donnent à leur maman.
Rouch., inenicrc, inerotle.
MÉSAisE, adj., mécontent. Mésaise, en français, signifie
malaise; nous avons détourné ce vocable de son acception
propre.
Bress., iiKitiJciisc. Vx. fr., lucsai/sc, nièsnisiè.
Mesure, s. f., nom spécial d'un petit vase cylindrique en
fer blanc, muni d'une longue queue à crochet, et dont se
servent les laitières pour puiser le lait et le mesurer aux
pratiques : « Comben tV mesures vous faut-i? »
Lat. , incnsitva. Ital. , inisuia. Prov. , mesura, incsitra.
(V. Tvpciiiic .)
MÉsusE, s. f., abus, mauvais usage-
Morv., iiicm. Vx. fr., inc^usdijc.
Mét'ni, V. tr., maintenir,
Ital., maiitciwre. Morv., vièteni. Prov., niaiitencr, inculener.
Vx. fr., nxiintcnir.
M'ÉTOu, syncope de moi-étou, moi-itou, moi aussi.
MÉTU, part., mis : « Te n'crains pas l'iau? — Non ; j'my é
métu tout d'gô. » — ((0 n'é pas manchot; ô s'é métu tout
drèt à son ôvrâge. »
Morv., incita.
Meû, adv., mieux.
Lat., ineliiis. Ital., idcijUo. Bourg., mcii. Lorr., inàs, mrux.
Nam., inia. Prov., iiicls, meils, rniclhs. Sav., miu. Wall., inî.
Vx. fr., tniciilx, /nt'/Lr, inlcx, /nias, etc.
Meûguet, s. m., muguet.
Bourg., ineuguaj/. Genev., mnrrjuct, mcnrguct. Morv.,
meu.jact. Wall., murijnè. Vx. fr., iimgcit, inasijuet.
Meuillenot, s. m., linge dans lequel on lace un nouveau-né.
(Mervans.)
264 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CFIALONNAIS
Meûlé, et Meûnei, s. m., nieuniei'.
Morv., niciilc. St-Ain., inonni. (V. Mi'ujiiler.)
Meùr, adj., mûr : (( Catli'rine, faut miger c'te pouére; aile
é meùr Le. d
Lat., mainriis. Ital., matiiro. Berrv, meùr, menx. Bours;.
nieur, inen. Biess., iiiciir. Genev., tueur. Hain', nirur. Lira.,
inotiuro. Lori'., niitr. Moiv., tueur., rneu. Nara., irieùr. Nonn.,
meur. Pic, ineur. Prov., madur. St-Am., mù. l'oul., rnudur.
Wall., nicar, niatceur. Vx. fr., meùr, un'ur.
Meure, s. f., saumure.
Lat., inurla .\Ui\. ,S(da mo/'a. Bvess., meure. Genev., mouare,
moire. Wall., sumcur. Vx. fr., suumuiji-c.
Meure, s. f., mûre, fruit du mûrier et de la ronce : « Y fait
biau rioiig des foussés; voiis-jou cuyer des meûre.'f? ))
J. Arayot dit rneùrte pour mûre (fruit) ; nous, nous le disons
pour ynàre (adj. fém.).
Lat. et Ital., mora. Auv.. moura. Berry, meùse, meure,
molle, /uôse. Genev., meure. Hain', meurle, meure, maure.
H'-Maine, more, moure. Lang. , amouro. Lim., motiro. Morv.,
moue, moure. Nam., meure. Norm., moure, mouj'et,' morct.
Poit., moure. Prov., mora. Rouch., moure. Toul., amouro.
Wall., /»o»/-t', 'ueule.Wx. îi'.,meu/'e, mure, muere.{\. Meùi-on.)
MeÙrei, s. m., mûrier.
Genev., meurier. Rouch., moùrier. Toul., amourlè. Vx. fr.,
morier, meurier.
Meûrer, V. intr., mûrir : « Y aura pas gros d'vin c't'an-née;
les raïins n'meûront pas. »
Lat. et Ital.. maturare. Berry, meùrer, meùser, meùrlr.
Bress., mcurer. Genev., meurir. Hain', mûri. Morv.. meuri.
Nam., mûri. Prov., madurar. Rouch., meurir. St-Ani., môrè.
Wall., meurer, maicouri, maœeri. Vx. fr., meùrer, murer.
Meûréte, s. f., préparation de poissons assaisonnés au vin
rouge. Mets recherché presque cà l'égal de la pôchouse.
J. Guillemin donne môretie, que je n'ai jamais entendu.
Lorr., meurotte. Monti'., meùrcite. Morv., meureiie. (V. Pô-
ehouse.)
Meûréte (fiairer la), loc, chercher à découvrir quelque
LANGAGE IM^PULAIIUO VKUDUNO-CIIALONNAIS 2(J5
cliose, ei aussi lâcher de so faire invit(>r à dincr : (( (Jué
qu'le vourôs bon savouér, (iiio l.'veiiis c'nieiit c'(|ui flairer
la ineài'éley » C'est l'analogue de : tourner autour du pot,
lâter le terrain.
' Lori'., iiu'Hfètt'.
Meûron, s. m., mûre sauvage : « 01 a niigé des mcnrons en
s'preùni'naut ; ôl en a la bouche toute gafouillèe. »
Bress., incdron, iiivo", nioiwon. Geiiev., nicùrou. Montr.,
mouron. AIoi'v., inuron. Pic, niuiiron. (V. Meure,)
Meùsiait, s. m., museau, laide figure.
Ital., iitiiso. Hain', inusidn. Nain., iiucla. Pic, tnit.-<è,
rnoiiijuon. Pi'OV. , mus, mnrsel, ntfwsol. St-Ain. , miu-è.
(V. Musiaii.)
Meùsique, s. f., nmsique, tout son plus ou moins discoi'dant.
Lat. et Ital., muslcd. Boui-g., mimcle. Piov.^ mti.;ica.
Meùsir, V. intr., moisir.
Lat., macère. Itai., mtiJJ'nrc. Daupli., mu.-^ir. Piov., mo.:!r.
Vx. fr., tnuiàir, moi'ij/r.
Meùsse, adj., déconfit, penaud, décontenancé, mortifié,
attrapé, boudeur : « Quand aile a vu c'qu'alle avôt fait,
ah! voui, qu'aile a été meùsse! » — a 0 veint d'casser son
biau vâre; ôl en é cor tout meùsse. »
Berry, mousse. Bourg., measse. Biess. , n}(usso. Champ.,
mousse. Fr.-Cté, moussu. Lille, mof(sse. Moi'V. , /neussc,
meussot. Poit., mousse. Suiss. r., moûts, mou(:.o. Wall.
musse, muchi.
Meù.sser (se), V. réll., se taire, se cacher, se coucher.
Lat., mussare. Ben-y, musser (glisser). Boui-g., meussui.
Norm., mue/ter^ muehier. Pic , unicher. \x. fr., inuccr
muccher, /ïiussier, /aucoa^er.
MiÀLET, s. m., homme de petite stature.
MiAUNER, et iSIiÂLER, V. intr., miauler : (( C'matou et
enniuant; ô n'fait qu' mianne/-. »
Berry, miûler. Bress., miaiicr. Genev.. minier. Morv.,
miûncr, miâler, mionner. Noi-iii., miuner, miuuder. St-AnT
mi/aiié. Sav., mionnù, miould. Vx. fi-., mio/er, mijauder
mlaulder.
29
266 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALONN AKS
MiAUNOÙ, adj., miauleur. Se dit d'un cliat, ou d"ua qui
imite le chat.
Moi'v., iniâiwii. Vx. fr., inioleur.
MicHÉTE (faire), loc., caresser la figure avec les mains. On
dit aux enfants : « Allons, ma p'tiote, fais-me michete. »
Bourg., inichaile. (V. Mùincr.)
MiÉTE (ei^me), adv. de quantité, un jjeu : « Te n' m'ain mes
pas tant s'ment eùne miéie. » (V. eùne idée.)
MiGNARDER, V. tf., parcr, mettre en toilette : « La Glady
vont aller au bal; faut vouer c'ment ail' se mignardc. »
Beiiy, nïiijnardev (jouer). Morv., /////y/iOî'/Y/'er (faire le câlin.)
MiGNÔT, adj., gentil, gai, caressant.
Cliaiup., viigiiot. Morv., miijnaU. Suiss. r., nicgnot,, inè-
(jiKinl. Vx. fr., niirjnot.
MiGNOTER, V. tr., caresser, cajoler, flatter, faire des bonnes
grâces.
Bourg., /iu;)/iôta(. Vx. fr., /iiiij/ioUT, niiij/ioniicr.
MiLSipnn (à), loc. adv., bien loin, au diable. Manière de
parler prise du nom du Mississipi, qui, en efïet, n'est pas
très proche, ou plutôt allusion à la C'^^ du Mississipi,
établie en 1716 par La\\', et qui jeta une si terrible per-
turbation dans tout le royaume. ( )n ne s'est pas contenté
du mot, et, comme on rit de tout, on a forgé la locution :
« A milaipipi les gneûrnoilles.)) Qu'est-ce que les batraciens
avaient affaire là-dedans?
Bourg., niissipitL Cogn., iinlslpipi. Morv., missipipis (en
mille morceaux).
MhNÉTE, s. f., petite luzerne.
Berry, miijuoaneltc. Morv., ininettc.
MiNÔT, et MiNoû, s. m., minet, petit chat : (( Veins, mon
p'iiot minai! » — « Peilite chate lait d' joulis minois. »
Berry, ini/iun, ini(jnoii. Lille, iiiinou. Morv., inlnoii. Rouch.,
imiiou. Toul., in'uiaut, inlnuudo, inincto. ^^'all., niinon.
(V. Miton.)
MiNÔT, adj., tout ce qui est velu et doux, comme le velours,
■ LANGAGE POI'ULAIKR VERDUNO-CIl ALONNAIS 207
comino les chatons des fleurs mâles des anientacées
(ormes, bouleaux, saules).
Mêmes congénères que le précédent.
MiNÔTE, S. f., menotte, petite mniu d'enfant, de fillette.
Ital., iiuinciia. Herry, mciictlo, meiiiltc. Giiern., m'uiottc.
Jura, mcni/ic. ]^:\n^.. inc/ioto. Morv., iniuotc. Pnit-, iiiciictic,
rneiilttc. Prov., inanctd. Suiss. r., iiicucuki. Wall., muriote.
MiÔT et MrÔT, adj., muet.
Lat., mutas. Hain', niuaii. Lille, iniiof. Montr. , intint.
Morv., inlot. Nam., ntoia. lloucli., mnaii. St-Am., moue.
Wall., ii)oai/an, mtii/ati, maot, mouœai. Vx. fr., /iikcI, miiUiii,
mue.::, ntnenn.
MiÔTE, S. f., miette, parcelle de pain, d'un corps quelconque.
Beri'-y, mi/e(f.e. Bourg., mlciittc. Morv., /;*/o/! (miette), miotte
(mie). Norm., miotc Pic, miotte \\'all., iincU\ milcic. Vx. l'r.,
i))icc(p, ml etc.
MiRoû, s. m., miroir, souvent un fragment de glace cassée.
Berry, tiiimn, /mroné. Bourg., ///'/'o, miroiia', niirùlù^ mirou.
Lille, miro. Lim., mirèï. I orr.. mirieii, mcrca. Mans, mlreux.
Morv., miroiu'-. Piov., mirocr, miroiter, mirador (mireur).
Rouch., miro, inirlrt. St-Am., merc. Vx. h-.,miroavr, miraour,
miroer, miri-or.
Mise, s. f,, corde fine et serrée, que charretiers et cochers
mettent au bout de leurs fouets.
Miser, v. tr., mettre l'enchère sur quelque chose : « J'n'ai
ran mi-'^é h c'te vendue. »
Genev., miser.
Misère, s. f., peine, mal : « Jarnigué! que j'ai donc èvu
à' misère pour m'en r'vcmî! >)
Lat. et ital., /ni.-<eria. Berry, misère. Prov., miseria. \x. fr.,
miserie, /nisere.
MisÈKER (faire), v. intr., occasionner de l'ennui, delà peine
à quelqu'un : « Ah! le ch'ti gas! ô m'a prou /h// misàrer
d'après lu ! ))
MiSTiFRisÉ, adj., élé'gant, muscadin, beau, petit-maître, tiré
à quatre épingles.
Bourg., mistifrisé. Vx. fr., miste.
268 LANGAGE POPULAIRE VERDUXO-CHALONNAIS
MiTAN, et MoiTAN, S, 111., milicu : (( Mets c'qui au milan
d'ia taule. » — « J'vons partager c'gâtiau pô Vinitan. » —
(( 01 a chu au biau mitan du gouillat. » Chez Du Cange on
trouve laiiiitan.
Lat., in mcd io. Beviy . /nifan. Boiivg., mitan. Bress., nioitan.
Dini/tan, nietftii. Fni'e/, im'', invij^ nicijlnn. Fr.-Cté, nioidint.
Genev., mcildn. ll.-^'^ niittin. Lang . niié, 'dc;/. Lille, milan.
(/(•mitant. Lim.. mi('i. Loir., moj/tnn. Lyon., mifan. nx'', mr;i.
Mac , mitdii. Moiili'., mnihai. Morv., milan, imitan. Xo-m . ,
ni'j/cn, m(\//('n, mit((n. l'ic., mitan. Vo\l., mitant . Prov., initan,
/iiicf/. Roiicll., mitant., m('[ir((. dcmitant. Sî-Am., nn(:((té.
Saint., mitan. Sav., na''t('-. Wall., dcniitan. Y.\. fi-., nujittai,
niof/i((i. mci/, n}i. ((mmi/. (Y. Milanteire.)
WiTANTEiRE, S. f., moitié, ce qui est au milicu, intermédiaire:
« Faut côper c'ie bande, é peu en prend'e la mitanteire. »
Boui'g., initie, mitanteire (mitoyenneté). Bi-ess., niri/tia.
Chaïup., 'uei. Dauph., mdta. Forez, meta. Lim., nnajta.
]Montr., moitié. Morv.. mi tanlii'i-e, nnlantu', mitié , monlii'.
Prov., /nitat, miec/i. Roucii., (/emotié. St-Am., matià. Sav.,
niatia. Vx. fr., mi/tic-. (V. Mitan.)
Mite, .s L, ni taine : (( Por s;i fouére, j'ii ai éclieté eùn jouli
paire de mitca. »
Has-lat., mitelhi. Berry, mile, l^ouig., mite. Genev., mite.
H''-.-\nv., mita. Moiv., mitaii/ne. Poit., mite. Suiss. v.,/nitta,
mitann.a. Vx. fr.. mittame.
MiTON, S. m., chat, et aussi manchon.
Lat., miti.<. Jura, mitan. Morv., miiou (maiiche de gilet)-
Xorm., init<ni. Vx. fr., miiouin. (Y. Mi/tôt.)
MrroNihc, s f. . panade, soupe mitoimée. Quelques p'_>rsoMnes
disent aussi panée. (V. ce dernier mot.)
lîeiay, mitnunade.
MiYASSE, S f., gâteau de maïs, jadis de milb-t, [)lus petit et
un peu pins ferme que le mijjet. (V ce mot.)
Montr., milha^se.
MiYASSiÈRE, s. f., vase en ferre, d'un certain diamètre, très
plat, et dans lequel on fait cuire, au four, le miyet.
Montr., miltassière.
i,anga'^;e populaire verd'no-ciialonnais 209
MiYRT, s. m., grand ilan, mou, prrpaiv avec d 's (Piifs, du
lait et de la farine do froment ou de maïs, et cuit au four.
Cogn., niii/at. Montr., mille/. (V. Mii/nssicrc.)
M'nange, s. f., vendange.
Par un adoucissement, phonétique, — analogue à celui (pii
fait dire : m'chb pour p'c/?ô, ni nu pour v'na, — nous a\ons
ici une famille de quelques mots dont le v initial s'est changé
en m {m'nange pour vnange, etc.). Il n'y a pas autre chose
h trouver Là qu'une euphonie p ir mollesse de prononciation.
(V. V'nanr/e.)
Champ., rc/wi/i'/r. Jui'a, rciuinf/cd. Moiv. , inriio'iKjf'.
ni'nnnc^c. Suiss. r.. rcnccnd/c.
M'nangeoû, s. m., vendangeur.
Moi'V., nit'iioiiifji'iiit, in'naii ion. Vx. fi'., r"/t()i/i'j<'i(/'. (V.
l '/Ui iit/coû . }
M'nangku, V. tr., vendanger.
Morv., incnoiiiijcr, m' nan.zcr. (V. V'nani/er.)
M'NANGEiiôr. S. m., pi?tit panier servant à recevoir le rai-in
coupé pendant la vendange. (V. V nangevoi.)
M'iNKr;, V. ir., jouer, exécuter un nir pour mener une danse,
une marche. S'applique au musieien (tambour, fifre, ou
violon) : « Allons! lo v'ià qu o va ni'ner la marclie de la
mariée. »
Lat , ini.na/'c. Itai., mi'narc. Boui'g., mcnnnl. Nh"ic , nicnl.
Morv., iiiciincr. Prov., //(cv/r//-. Wall., iiuncr, inùitcr. Vx. fi'.,
nmlncr, iii'iicr (un bi'uit). (V. Monncr.)
M'nî, V. intr., venir : « .l'ain-me ben meù m'en ni nir iqui. »
Le r supprimé se prononce devant une vo3'elle et n'existe
pas devant une consonne : « M'en ni' ni cheû nous. »
Analogie avec ni'nange et ses composés.
Lat. et ital., cenirc. Berry, ceiiulvc, cciiire. Prov., venir.
Wall., ri ni. Vx. fr., ce nir.
M'noû, s. ju., meneur, celui qui dirige une noce, une fcte,
une danse, conducteur.
Ital., nienufore. Bourg., mcnoii. Morv., incnon. Piov.,
menairr, menador. Vx. l'r., meneur.
270 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS
M'nu, part., venu. (V. M'nî.)
M'nuser, V. tr., menuiser, faire des choses menues, rompi-e
en petits inorceaux.
Ital., nii/iri.~.^arc. Prov., mcnicar.
Mo, s. m., mot, parlé on écrit.
I.at.. niiitt-iin. Ital., molto. Bourg., ladX. niô. Prov., mot.
Vx. fr., mot.
MôcHE, s. f., mouche, insecte et femme finaude : « Y et une
fine moche. »
Lat., mi(sca. Ital., m.osca. Boui'g., moiL-ijuc. Hinn., Diorr/uc.
Mac, mnclte. Morv., môchc. Nani., moche. Norm., monqde.
Pic, monhc. Prov., niosca. Suiss. v., mafia, Diots'-Itu. Wall.,
mohc. Vx. fr., mnsc/w, mousdic.
Mode, s. f., trajet déterminé fait sur la rivière par les
mariniers delà Saône: k J'ons fait une modr", deux modes, »
disent-ils. Lyon n, le verhe moder, modo, pour pariit. Les
modes de nos majiniers vieniii-nt de là.
Bourg., mci'tilc. Mac, monde.
MÔDRE, V. tr., moudre.
Lat., mnicre. Ital-, macinare. Ben-y. meùdre, niende. Morv.,
nioiire. Pic, mnrre, meider. Piov.. imdre. St-Am., iundfe.
Wall., nioùrc. V.\. fr., tïtourie, iinmldri-. more, maaldre.
(V. Mou (In.)
Moë, s f., moue, grimace, mauvaise liumnir.
Champ., niorjne. Geiiev., moinjne. Morv. . me:,e. Xam., maire.
Pic, mouse. Roueh., rnouse, dppe. Wall., /y/o/rc. V.\. fr.,
moes, moe. (V. Moiise.)
MÔGNE, S. f., foi'ce et adresse du joueur de billes : (( (3lad'la
mogne; à poquo de joliment loin. )) Mo'guon est il pour
queUjue chose dans l'origine do ce mot?
MoissE, adj., moilc, humide : «Aile a métu dansson ormoire
son linge tout moi.sse. »
Lat., /niididus. Ital., itmido. Angl., molst. Lille, moisS''.
Wall., mat', Vx. fi'., inoiste.
MoiNRE, adj., nuindre, diminué.
Lat., niiiior. Lorr., maure. Luxemb., minre. Mess., maure.
LANGAGE POPULAIRE VEnoUNO-CHALONNAIS 271
Morv., nwinrc. Prov., meiulrc, niciire. Siiiss. r., ihcindre.
Wall., rnolnr. V\. le., /nciwe, iiw/ii/re.
Moi-z-i, Moi-z-EN, euphonies très usitées : (( \)\s-inoiz-i;
baille-7noi-.;-e/i. »
MÔLE, s. f., meule à moudre, à aiguiser.
Lat. et ital.. inula. Lyon., iiiola. Prov., inola. Vx. IV.,
tnuvlL% mole, niculle.
MÔLER, V. tr., mêler, brouiller, confondre.
Lat., /nisccrc. Ital., inisc/iiarc. Bei-ry, mirlwlcr. Bourg.,
maillai. Prov., mcslar. !St-Am., niclf/c. Vx. fr., niesl'T, /nedlei-,
mcllcr, mci'lci-.
MÔME, S. m., enfant, gamin.
Morv., inoinc {tii'e-momc, sage-feuiine). Vx. fr., monw.
MÔME, adj., sot, slupide : (( C'tu gas? Y é ben l'pu môme de
cheû nous. ))
Champ., /y(o/uo/i.Genev. , moine, momasse, mô/nichon.Rouch.,
momcu. Suiss. i'., mômo, mouina (t'ém.).
MOQUE, s. f., moquerie, raillerie^, grimace : « Voui, quand ô
vous dit qu'été chouse, y é tôjor eùne moque. »
Bourg., niô(iac. Genev., moque-
MOQUOÛ, adj., moqueur, gouailleur.
Berry, /nof/uai-d. Bourg., môqacu. Daupli., moquou. Lorr.,
moaquoii. Morv... moquou. Vx. fr., movqucui-.
MÔH. s. f. , la mort, fort appréhendée des paysans malades.
Lat., mors. Ital., moi-tc. Bourg., màr. Lyon., mor. Mess.,
moue. Prov., mort. Vx. fr., mort.
MÔR, adj., mort. Se dit déjà d'un moribond.
Lat. mortuus. Ital., morte. Bourg., mor, mô. Wall, moirt.
Vx. fr., mort. (V. Mouru.)
MoucHiLLER, V. tr., mordiller, mordre à petites dents :
« 0 n'a point d'opétit; quand ô mainge, ô morchille. »
Genev., morsiller. Roucli., morjelier. Vx. fr., mordiller.
MoRCiAU, et MouRCL^u, s. m., morceau, fragment.
Bas-lat., morsellus. Ital, morsc^/o. Berry, morciau. Bourg.,
morcea. Lim., morcèu.. Morv., morccai, mouciau, mourciau.
91-?
LANGAGE POPULAIRE VEUDUNO-CH ALONNALS
Pic. niourchcd. Prov., niorscl, inorscits. St-Aiii., moucc.
Suiss. 1'., niovcc. Wall., /Hoi'cùdi, moirsnl. Vx. fr., inorsia/i,
niorscdii, morccl.
MÔRDE, V. tr., mordre.
Lat. et ital., wordevc. Bourg., niôdrc. Lyon., luodrc. Piov.,
mordre. St-Am., nieùdrc. Vx. fr., iiujrdrc.
MÙRON, s. ni., mouron (( pour les petits oiseaux )).
Pvov. , inoi/rroua, niOLirel. Rouch., nioron. Wall., moron.
MoRVANDiAU, DELLE, S. m. et f., habitant du Morvan.
Moi'V., inoi'candcati.
MoRVL-\L', S. m., morveau. amas de morve.
Il.-V% morciaa, nwrcias. (Y . Moncheriâ.)
jMorvoù, adj., morveux, mal mouché.
Bei-ry, morcoiix. Genev ., niourccux. Morv., morcoii. Norm.,
morcou, nioi-easse. Poit., morcoa, morcliou^ inouchuu. Roiich.,
inoaqHL'H-'.iix. Suiss. r., inoccaa. Wall., moitquicu. (V. Mou-
chou, Naquou.) .
MÔTE, s. f., gazon.
Ital., molta. Berry, moutte. Norm., motte. Vx. fr., mote,
mot lie.
MoucHERiÀ, s. m., morve, humeur visqueuse qui sort du nez
Rouch., mouqucllnn. (V. Morclau.)
MoLXiiON, s. m., moucheron, bout de mèche non éteinte:
u 01 a bentôt fait; d'avou ses dèts ôl ôte le mouchon d'ia
chandéle. »
Cogii., mouchon. Daupli., moue Forez, /))Ouchon. Fr.-Cté,
mousseron. Genev., mouche. Guern.. cmouquilton. Lang ,
moue, mousc. Luxemb., mouchiruu. Lyon., mouchon. Morv.,
mouchet on. Noi-ni., mouqueron, mouquet. Pic, mot/uei.
Rouch., mouhlion, mouqueron. Saint., moachiron. Wall.,
mohe, molui. Vx. fr., mouclieron.
MoucHÔTE, S. f., raouchettes : (( Passe-me la mouchàte, que
j'côpe l'nazo d'ia chandéle. »
MoucHoû, adj., morveux. Petite injure adressée à un enfant
malpropre, mal mouché.
Bress., mouehoa. hoir., mouchoux. Montr., mouchou. Poit. ^
mouchou. (V. Morxoû, Naquoù.)
LANGAGE POPULAIRH VERDUNO-CHALONNAIS 27'î
Mouciiû, S. m., mouchoir de poche.
Berry, mouchouer, mouckouè. Bourg-, mouchen. Morv.,
mouchouè, mouchou. Pic, moukoir. Rouch., mouco, moucau.
St-Am., mousô. Saint., mouc/wnc^. 'ïoul., moucadoa. Vx. fr.,
tnouchouc7\
MouDU, part., moulu, fatigué, brisé : a L'mûgnier a moudu
tout son grain. » — « J'ai sié é peu monté du bôs lôte la
jornée; j'n'en peux pu; j'sis mouda. »
Bourg., mclii. Bi'ess., inolii. Rouch., inolii. Wall., moln.
(V. Môdrc.)
MouDURE, S. f., mouture.
Lat., molitura. Bas-lat., modura. Berry, rnodare, mondare.
Forez, modura. Prov., mooudnra.^ inoldava, inoltara. Vx. fr. ,
mousture, moulcturc, moullure.
MouÉ, pron. pers., moi.
Lat., me. Ital., io, me. Mac, mai. (V. Me.)
MouÉ, s. m., mois.
Lat., mensis. Ital., mcf^e. Bourg., n\ô. Hain', mô. Il.-V%
màs. Prov., mes. Rouch., /nos. Sav., ma. Wall, meâ, Vx. fr.,
nicls.
MouÉ d'âvri, loc, poisson d'avril : « On li fait encroire tout
c'qu'on vont; on li a baillé ein fameux moue dWorL »
Genev., mois d'avril.
Mouess'noû, s. m., moissonneur.
Berry, méticeux. Fourgs, mèss'ni. Hain', mesn.et(.r. Morv.,
moichenou, mouchenon, monèclienoa. Nam., mùchencn. Pic,
mèchoiioux. Poit., mèlitscur, mèéinoiix, niâHoier. Prov., mes-
souiner. Wall, mèheiieu (glaneur). Vx. fr., moissoiicor.
MouÈssoN, s. f., moisson.
Lat., mcssio. Berry, mèticc. Fourgs, /»c'.s.so/i. Hain', m«c/(07î.
missoii. Liai., meissou. Metz, moclion. Montr., /nonss-Iioii,
maiss-hon. Morv., moichnn, moitchon. Nam., mcchon. Poit.,
mètice. Prov., meissoua, meisho. Rouch., michoii. Saint.,
mètioe. Suiss. r., messon. Wall., méchon. Vx. fr., moisoii.
MouÈssouNER, et Mouèss'ner, V. tr., moissonner.
Berry, mètiGcr. Bourg., moisëcnai. Forez, marc. Fourgs,
mems'nai. Hain', muchcncr, mes'ner. Montr., mouss-hener,
30
274 LANGAGE POPULAIRE VËRDUNO-CHALONNAIS
maiss-hener. Nam., mèchener. Poit., mètioer. Prov., meis-
sounar. Rouch., rnesncr. Saint., mèticer. Wall., inchcner
(glaner). Vx. fr., messonner.
MouFEs, s. m., moufles, gros gants de peau fourrés, servant
à ceux qui coupent les épines dans les baies. Les doigts,
excepté le pouce, ne sont pas séparés.
Bas-lat., buffula. Genev. et Lille, moujjes. — Norm., mouffles.
Wall., mouffes, inofes. Vx. fr., inojles.
MouFLÔT, ad]'., doux, gonflé, joufflu, fourré, rebondi. Se dit
des joues d'un enfant, d'un gâteau, d'un édredon, etc.
Bas-lat., miiffida. Bourg., môjlô. Bress., moujlo . Montr.,
mouflot. M.OVV . , mq/lan, môflot. Norm., moujlu. Prov., moflet.
Roucb., mouflu. Wall., mafiè. Vx. fr., majle, mafflu.
MouGNON, et MÔGNON, S. m., moignon.
Berry, nieugnori. Genev., )no(cgnon, mogiion. Lang., nwu-
gnoà. Montr., mougnot. Rouch., mogiwn.Yx. fr., mougnon.
Mouillasse, s. f., bruine, petite pluie, ondée légère.
Morv., mouèlUaissa (endroit marécageux).
Moule, s. m., mesure de capacité pour le bois à brûler :
(( J'ons éch'té eùn moule de bôs por noteliivâr. » Équivaut à
un mètre cube. On le mesure à l'aide de deux tiges ver-
ticales et d'une horizontale, chacune d'un mètre et
ajustées l'une dans l'autre. Elles servent ainsi de cadre aux
bûches, longues également d'un mètre. De cette manière,
on obtient naturellement le mètre cube.
Berry, roule (pile de bois). Prov., molle. Vx. fr., moelle,
molle, mole.
Mouleton, s, m., molleton.
Genev., mouleton.
MouMENT, s. m., moment.
Lat., momentum.' Ital., mcnento. Berry, mnument. Morv.,
mômeiign' . Prov., moment. Saint., mouman.
MouN, et Men, pr. pers., mon.
Lat., meus. Ital., mio. Berry, moun. Hain', mêfi. Pic, men,
min. Prov., mas. Rouch., mèn. Wall., mi. Vx. fr., meon, mi,
men.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 275
MouNER, V. (r. , mener, conduire.
Ital., mcnarc. Morv.. inoiaicr, moifjneryinoucncr, niourjncr.
(V. M'ner.)
MoÛNiAU, et MÔGNiAU, s. m., moineau. Au fig., d'un gas
prétentieux: « V'ià-t-i pas eùn ben biau moùniau, ma fi ! »
Ard., moellon. Berry, moigaeau. Mac, inoiiiô. Norm.,
moisson. Pic, morrgneau, moinet. Rouch., moniau. Wall.,
nwhon.Yx. iv., moine, moisnel, moiniaii, moisSun, mousson.
MouRÎ, et Meùrî, V. intr., mourir,
Lat.,»(07"t. LtSil., /norii'c. Berry, mouvi, motii'cr, mourir.
Bourg,, /nef^rï. Bress., mnri. Fr.-Cté, meurt. Lim., mûri-,
LoiT., mcuri. Lyon., mari. Morv., meuri, mûri, niou/ii, mou-
ritrc. Pic, morir. Prov., morir, mûrir. Sav . , mocri. Suiss. r.,
mure. Wall., morl, morir. Vx. fr., mûrir, morir.
MouRu, part., mort : « L'pauv' diâbe! ôl é ben vite été
mouru! ))
St-Am., mcû. Wall.; moru. (V. Môr.)
Mou.sE, s. f., moue, maussaderie, mauvaise humeur,
Lille, mousse. (V. Moë.)
Mou-SER, V. tr. et intr., bouder quelqu'un, faire la moue.
Bourg., moulai. Fland. et Hain., mouscr. H'-Main., mnus-
sincr. Lille, mouser. Morv., mouser, fèrc lai tneue. Norm.,
mulcr. Rouch., faire la mouse, la lippe; Wall., mouscr,
muser. Vx. fr., faire la moe.
MoussERiYON, s. m., petit moucheron : (( Au bord de l'iau,
vou ben dans le p'tiot bois, y en a des mousserii/ons ! on
en é dévoré. » (V. Mousseron.)
Mousseron, s, m., moucheron, cousin. Notre ceinture de
deux rivières nous en fait naître parfois des nuées. Alors,
gare aux peaux douces !
Bourg., mouson. Genev., mouchillon. Lille, mouq'ron. Pic,
mouheron. (V. Mousserii/on.)
MousTAFA, s. m., moustachu, gaillard qui a de fortes
moustaches. Ironique,
Wall., moustajîa.
Mousu, adj,, qui fait la moue, boudeur.
Fland. et Lille, mouson. Rouch., mousète (fém., maussade).
Wall., mouson, inuss. (V. Mouse.)
27G LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
MouTEiLLE, S. f., nioutelle, petite lotte.
Lat., niustcla. Bourg., mouteule. Champ., motcllc. Genev.,
inoutalle. Morv., moutcillc.
Mout'nei, s. m., petit berger, jeune gardeur de moutons :
« T'sais pas qui y é qu'a fait c'qui? Y é le p'tiot moiWnei
du père François. »
Mouton, s. m., petit ver, larve qu'on trouve dans les cerises
noires : « Je u' maing' pas de tes cerises; y a des moutons
d'dans. »
Bourg., môton. Mac, inoncton {\e monton), Montr., mouton.
Prov., inolto, multo, moto.
MouTRÔT, s. m., petite élévation de terre, monticule. Dans
les environs de Tournus, des émiueuces de terre, qu'on
suppose être des sépultures, sont dénommées mearbt,
muvot.
Lat., murus. Bress., tnciitro.
MouYER, Y. tr., mouiller, humecter.
Lat., mollirc. Berry. moillicr- Prov., maelhar, moUuu\
moillav. Vx. fr.. moilicr, moillicr, meuiller.
MûcHER, et MussER, V. tr. et pr., cacher, se cacher; pour le
soleil, se coucher : « Soulô mûohant. »
Bourg., mcûssai, caichai. Champ., muser. Il.-V% enter.
Lille, mucher. Morv., uicusser. Norm.. mcusser, ntuchcr,
muchier. Pic. et Rouss., mucher. \Vall., muchi. Vx. fr., mu-
echcr, muchier, muhier.
MûcHÉTE, S. f., cachette, petite cache.
Bourg., eaicheiïte. Lille, muche. Norra. et Pic, à la muche
ienpot. Rouch., muche., muclictc.
MÛGNiER, s. m., meunier.
Lat., molinarius. Bas-lat., moncrius. Ital., molinaro. Bourg.,
mufjnié, mugnai. Genev., mûnier. Hain', monier, mouiller.
Lim., moùniè..-. Midi, mûnier. Morv., tnugnicr. Nam., mounî.
Norra., mounier. Pic, magnier.' Prov., molinier, mounier,
monier. Wall., mouni, molinier. Vx. fr., mounier, meusnicr,
mulnier. {Y. Meùlc.)
MULE, s. f., engelure : « J'ai les ynùles au talon. » Cette
phrase, très usitée, est, moins l'inversion, le vers d'un
de nos vieux A^oëls.
LANGAGI-: l'Ol'ULAlUK VKKUUNO-CMALuNN AIS 277
t'iaiul., inni/lc. Genev. et Lorr., umlc. Moiv., mâle, l'oit.,
/iiiilo/i. Wall., iiieùlc
MuLÔT, s. m., mulet.
Ij'aI. , iiudus. It'àl. , III ulctto. Moi'v., iiinlui. St-Am,, mule.
Vx. fr., mulet.
MuRGEi, et MeÙrgei, monooau, tas : (( Eùn miirf/ei de
piâres » est un tas de pierres qu'on forme dans les vignes
en défrichant.
Bei'ry, manjèc. Bourg., inuri/ci, mcurgcl. Brie, mcr>jcr.
Fi'.-Cté, mut'gic, murfjier, niuv'jcrot. Fonvgs, morgic, inouvchi,
mourgiict. Genev., moè . Jura, iiiurger. Mac, morgt\ ropeille.
Montr., mcurot, niurot. Morv., nicurgé, meur:^èrc. Poit.,
murgé. Rom., moye. Sav., nioai. Suiss. r., rnorgiè, mordju,
mourguet. Vosg., mcurgèe.
MusiAU, s. m., museau : « Oh! l'maulépris! v'tu ben
mei^isscr ton peut musiau! »
Bourg., musca. Bress., mcsiau, musillon, mcu^clion. Genev.
etU.-V', mougiie. Lira., inuséa . Meiz, /neu^gnou. Morv.,
meugiwau. Nani:, iiui.:ia. Sav., mo<\;ai. Wall., mu.cai,
musiau. Vx. fr., inusel. (V. Mcûsiau.)
MusoN, s. et adj., musard, lambin, flâneur.
Morv., tnuson, bidon, bu/on. Prov., mn.idr/., luusunl.
Vx. fr-, ntusurt.
MusÔTE, S. f., musette, jadis choyée des danseurs.
Bourg., muscutc. (V, Gu/i/la.)
N
Naige, s. f., nage, action de nager : (( l'or ratrapai Tbatiau,
ô s'é j'té à la naif/p. »
St-Ain., na^re. Wall., a nuïc (à la nage). Vx. fr., iwjc.
Naiger, V. intr., nager.
Lat.. nature. Ital., iftare. Hain'-, nanger. Morv., nouer.
Pic, nanger, langer, larger. Roucb., ininger. Wall., nui.
Vx. fr., naiger, nagier, nagger, neer, noer.
278 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Naipe, s. f., nappe : « L'côsin veinra gôter; faut niéte la
naipe. »
Lat., mappa. Ital., tcœoglia. Berry, naplllon (guenille).
Bourg, et Morv., naippc. WaW.. , iriapc. Vx. fr., napc, mappc.
Naisir, et Nâzir, v. intr., moisir, sentir l'aigre.
Lat., mucere. Ital., nmffarc. Bress., naiècr (faire rouir le
chanvre). Jura, naisir. Prov., m^zir. St-Am., lau^'i. Wall.,
nuisir. Vx. fr., rntdsir, moisj/r. (V. Nà^é.)
Naissu, part, du v. ndtre, né.
Berry, natchu. Bourg., nal . Bress., noctt. Lim., nàcu.
Lorr., nahlii. Mac, naqui. Morv., nâssu.
Nan-ne (faire), loc., dîner, faire le repas de midi.
Angl. . noo/i (midi). Ait., iione. (V. Quut' heures, Vèprô,
Rècle.)
Nan-ni, adv., nenni, non.
Lat., non. Ital., no. Berry, nannî . Bourg., nainrn, nèna,
nennain. B'iand., nin. Fr.-Ctéj nc.net. Morv., nini. Norm.^
nannin. Vx. fr., ne/lnil, Jienal, nennin, nennjj.
Naque, s. f., morve, mucosité qui sort du nez d'un enfant:
« Mouch' donc ton p'tiot; la naqne li tombe dans l'bec. »
Bourg., naiqne. Morv., nùtqnr. Poit., nacre. Wall.,
nacqKC (odorat).
Naqué, part-, craché. Se prend dans un sens figuré. Pour
exprimer, par exemple^ qu'un enfant a les traits de son
père : « Eh! dit- on, coume ô le ressembe ! Y é lu tô
naqué. ))
Bourg., naquai, riaiquni. Bress., naquer (faire jaillir de
l'eau, de la boue. A peu près l'équivalent de notre Jicler).
Naquoû, s. m. et adj., morveux, et au fig. gamin qui fait
l'important, de ceux dont on dit : (( On li tordrôt l'nâze,
qu' y en sortirôt côre du lot. »
Bourg., naiqnun, naqria (Naquet était jadis le surnom du
garçon de salle d'un jeu de paume). Champ. , n((C((rd, aaqueux.
Genev ., nuinibot. Lang., ninhot. Morv., niaquoii. Norm.,
nabot. Poit.. narrnii. Renn., nachard . (V. Morvoû.)
Nasiait, s. m., r.aseau : « L' voués tu d'avou son ch'vau?
1 t'ii fiche des r.ops su 1' nasiau qu'la pauv' béte en saingne. »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 279
Lat., nas((s. Ital.» narlcc. 1L-V% nnsiau . Pic.^ nasleii.
.Vx. fr., naseau.
Nâtre, V. intr., naître.
Lat. etltal., nasccre. Bourg., nâtre. Morv., nâte. Prov.,
nascer, naisser. Vx. fr., nestre, naistrc.
Naviau, s. m., navet, et au fig. objet de peu d'importance ;
■(( Ça? y et eùn naciau! »
Lat., napus. Ital., ncwonù. Berry, naveau, tiaoiau. Midi,
naoeau. Nam , navia. Pic, naciau . Poit., naina. Roucli . ,
naviau. St-Am., naoë. Saint., naceau. TouL, nap. WalL,
naciau^ naoai. Vx. fr., navlel, naviet.
Navôte, s.»f., navette, plante dont la graine fournit l'huile
de ce nom.
Berry, nahelte, nabla. Morv., naiootte. Vx. fr., naoete.
Navôte, s. f., navette, outil du tisserand. — On se rappelle,
à Verdun, cette ruse d'un ancien tisseur de toile. Il payait
un gamin, qui descendait dans la cave et mettait en
mouvement le battant du métier, pour que ce bruit, joint
à celui de la navette, fît croire à la femme que le mari
travaillait, tandis que le buveur levait le coude au cabaret.
Bas-lat., naceta. Ital., novetta. Vx. fr., navette.
Nâze, et Nazô, s. m., nez.
Lat., nasus. Ital., naso. Bas-norm., ««ej'. Bourg., né, née.
Bress., nave, no. Lim., nà. Lorr., né. Nam.^ /id.ô'. Prov.,
nas, nas. Rom., nas. Ronch., nac, naso. St-Am., nô. Saint.,
nazot. Sav., raâ- Toul., nas, na.se t. Wall., nase. Vx. fr.,
nés, nés. (V Nâsà.)
Nâzé, adj., qui a mauvaise odeur, moisi. — Lajardinière lavait
à grande eau, dans un tonneau près du puits, ses salades.
Elle les déposait ensuite, toutes ruisselantes, dans une haute
corbeille : « Les laissez- vous là-dedans? demandai-je. —
Tant s'ment pour les égouter; pas longtemps, ail' sen-
tireint Vnàzé. » — Naze voulant dire : nez, n'y a-t-il pas,
dans nazé, l'idée de punais?
Bourg., meusi, inesi, naizô (rouissoir) . Dauph. , naiser
(rouir). Fr.-Cté, naiser (rouir). Genev., naisé. Montr., nniz-hi.
Morv., ai^er, naiz~er (rouir). Neufch., nasi, gcsi. Vx. fr.,
naizer (rouir). (V. Naisir.)
280 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
\
Nè, adj., net, propre, clair, luisant.
Lat., nltidas. Ital., nctto. Bourg., nai. Prov., net, ncd, ncde.
Vx. fr., /le/^j, /ie.s, net^ nect.
NÉGRESSE (la), s. f., marmite dans laquelle font la soupe les
mariniers d'un équipage. (V. Pérole.)
N'empôche que, loc. contractive, cela n'empêche pas que...
Cogn., Il empêche quc...
Nentille, s. f., lentille, légume. On donne aussi ce nom
aux taches de rousseur : « Y ôt bé vrâ; la Toinon serôt
cor pu brûve , si ail' n'avôt pas des nentilles plein la figure. »
Lat., Icnticula. \idi\., Icnticchla. Berry, nentUl&i Bourg.,
naïuillc. Gogn., Morv. et Pic, nentille. Prov., lentille. Toul.,
dentilho. Vx. fr.. lentille.
NÉTÉYEMENT, etNÉTEYAGE, S. m. , ncttoicment, nettoyage
Ital., nettamento. Morv., noteyaige. Rouch., nétinien. Vx.
fr., nettotjenxent.
NÉTÉYER, V. tr., nettoyer : « AU' vous nétèije ça qu'y é
prope coume cinq sous. »
Lat., nitidare. Ital., nettare. Berry, nettetjer, nctteger,
nettir. Bourg., nottouè. Champ, et Fland., nottier. Genev.,
nettat/cr., Hain' nétier. Morv., nètèger, nètèïer, notèj/cr,
Norm., néquier, nater, nètier, nétir. Poit., nettir. Prov.,
netejar, nedeyar. Rouch., nétier, renétier. \\all., nettir, nèti-
Vx. iv.^ nctoier, ncsto//er, nectier.
Neù, adj., neuf : « Son onque veint d'ii bailler eùn hébit
tout neù. ))
Lat., novus. Ital., naovo.Bervy et Bourg., nen. Bress., nia.
Gasc, néon. Hain' et Lille, nué. L'im., niau.'Lorr., niif. Morv.
et Pic, neu. Poit., 7*0. Prov., non, niieu. Sa,v., nietioc. Wall.,
noâ. Vx. fr. , nuof, noef.
Neûrî, et NÔRÎ, V. tr., nourrir.
Lat. et ital., nutrirc. Bourg., norri. Hain' norir. Morv., yiârc.
Pic, norir. Prov., nurir, noirir. Wall., noùri, nori. Vx. fr.,
narrir, norrir.
Neûrice, et NÔRicE, s. f., nourrice. Réputées sont les fraîches
et saines nourrices de la Bourgogne.
LANGAGK POPULAIRIî VEIiDt;NO-CHALONN.\ IS 2^1
Lat., nntritia. Ital., ntitricc. Morv., iieiiric<\ iinricc, noricc.
Pi'ov., niiirissa, noi/riasd. Vx. fr., no/'i-icc, nurricc.
Neûriteùre, et Nôhiteùue, s. f., nourriture.
Lat. et Ital., natrltara. Berry, noarreture, nourrisscrnent.
Morv., nurltcarc. Prov., noi/ritara, noiridara. Wall., noii-
tare. Vx. fr.. nui-tare, norreiure, noureture.
Neùsance, s. f., nuisance, tort, préjudice.
Lat., nocentia. Ital., noceasa. iiei'ry, musse, nuiscmcc.
Norm., neùsance. Prov., nojjsensa, nosensa.Yx. fr., neusu/ice,
nuisance.
Neùt, s. f., nuit : (( Bonsouér, compeire; i fait neùt; j'vons
dremî. »
. Lat., nox. Ital., notic. Angouni., ncut. Arden., Besanç. et
Bourg., neu. Biess., né. Dauph., not. Il.-V% nuitée. Jura,
nat, net. Lini., ne, nèit. Lorr., neut, neutje, neu. Lyon., ncj/.
Mac, neu. Midi, iiccht. Montr., net. Morv., neu, nuée, gnuèe.
Pic, neuit. Poit., neut, neuil, neet, nit. Prov., noit, noich,
nuoit, nuot, nueh, nuh. Rom., nuech. St-Am., nâ. Saint.,
neat. Sav., niuai. Wall., nute, neit. Vx. fr., noit, nuis, nuits,
nuict, nujjt.
Neûyer, s. m., noyer, arbre.
Lat., nux. Ital., noce. Berry, nogier, nou^er, nouer, calou-
nier. Bourg., calôtei, caleute.i. Bress., noyi. Lira., néjo.
Morv., noué, noujé, calenè. Poit., nourjcai, nouât/ , nouqi,
noai. Prov., nouguier^ norjuier, nogier. St-Am., nongi. Sav.,
nager. Suiss. r., nolii. Vx. fr., nager, noier.
On remarquera que le Bourguignon, le Berrichon et le Mor-
vandeau ont chacun un ou deux verbes répondant à notre subst.
cala. (V. ce dernier mot.)
Neûzille, s. f., noisette : « Vons nous preùmener sur la
levée, por miger brament nos neùzilles. »
Lat., nucella. Ital., nocellç.. Any, nosille, nouzille, nouscille.
Berry, nousille, noisiUe. Bourg., nesille, nosel, nou^eiite,
nôsotte. Bress., nu^ille, anaille. Champ., riougette. Dauph.,
oulagni. Forez, aulagne. allongne. Fr.-Cté, ndillofe. Frib.,
alogne. Hain.. neusétc, noséte, nogéte. IL-V'^e, nosille, nosctte.
Jura, n6'5j7/c Lim., nou^illias. Lorr., neuhatte, nujote, cacatle.
Mac, alogne. Messin., nugeotte. Montr., nusillc, alogne.
Morv., nouée, nouotte, nouillotte. Nam., neùje. Pic, neusctte,
31
'2iiZ LANGAGE POPULAIRE VERDUNQ-CHALONNAIS
nesette. Poit., nouille, nousUle, nouseille. Rom., aulanie.
Rouch., nogètc, Jiojètc, nosète. Sav., alôgne. Vend., no^cille.
Wall., nojette, noujette, neûchc. Vx. fr., noiiille, nousille.
Neûziller, s. m., noisetier.
Ital., nocciaolo. Aunis, nou;;illie7\ Berry, noisillier, noti-
silliev. Hain., ncusià, nosiei\nosetiev. Morv., noujetiei. Nam.,
ncû/'i. Pic, ncigetier. Wall., nojetier, neâhi. Vx. fr., noi-
selicr.
Neveùr, s. 111., neveu : « 01 é ben le neoeur à son onque, »
dit-on pour constater l'identité de quelqu'un.
Lat., iicpos. Ital., ncpote. Lyon., nccou. Montr., necciir.-
Prov., nops, ncbs, ncbot. St-Am., necô. Toul., nehout. Vx. fr.,
ncpccd, nié, nieps, ncud, nevol, nevo^.
Néye-Chrétien, s. m., périssoire. — Cette appellation
plaisante n'a dû être imaginée qu'après un certain nombre
d'accidents. Elle a son analogue dans le Centre, où une
sorte de pâtisserie indigeste est appelée : « Étouffe-
Chrétien. »
Toul., iicfjofol. (V. Avluquiii.)
NÉYER, V. tr., noyer, faire périr par immersion.
Lat., nccare. Ital., ncgare. Bei-iy, narjcr, negcr. Bourg.,
jièjjai, noyai. Catal., negar. Champ., iiaj/er. Dauph.^ noya.
Forez, naisâ. Fr.-Cté, naser.nâsi, iiaisir. Gasc. ,iicga. Genev.,
nager. Hain., néicr. Jura, nagi. Lim., ne/as. Morv., neiger,
niycr. Norm., ncachcr, nier, noyer. Pic, ncyer. Poit., nau^ai,
négeai. Prov., negar. Rom., negcr. Roueb., nier, nèicr, noter.
St-Am., nayë. Suiss. r., néJii, neilii. Toul., ncga. Tour., negcr.
Wall., nier., negcr, nouycr, iièi. Vx. fr., nayc, ncyer, neir,
no ici'.
NiÂR, s. m., nerf : « Quà ç'a-t-i qu'aile avôt fait? L'butôr!
ô t'ii flanquôt des cops de niar de beû. »
Lat., nercus. Ital., nerco. Gênev., nicrfe, niarfe. Prov.,
nervi. Toul., nerbi. Vx. fr., nier, ner.
NiARGUER, v. tr., narguer, gouailler, persifler.
Lat., naris. Bas-lat., naricus. Bourg., niarguai. Vx. fr.,
faire des }iares.
Pour narguer on contracte les narines.
LANGAGE POPULAIRE \l';RDUNO-CIlALONNArS 283
Niflet! excl. nêg., non, non! pas du tout! Du A-ocabulairc
des écoliers : « Ah! t'crais que j'vas t'en bailler? Nijtet! »
— Quelle origine trouver à ce mot? A Provins, on nomme
niflettea de petites pâtisseries à la crème, et iiijlet un
gourmet. Il n'y a, là, aucun rapport avec notre négation.
(V. Nix!)
NiNE, S. et adj. f., naine, petite femme.
Lat., nanus. Ital., riano. Berry, Genev. et Lyon, /tt/it;. Pic,
naintressc. Vx. fr., naine.
NiNFiA, s. m., nénuphar.
Lat., niiniph.œa. Ital., ninfca. Vx. fr., ncufart.
NiôcHE, adj., sot, niais, nigaud : « 01 a ben été li dire
l'afàre; ôl é prou nibche, ma fî ! » Par une sorte de
réduplicatif plaisant, on dit aussi : nionio. Un vieux pro-
verbe disait : (( La nience de Chalon. »
Ital., nidiacc. Berry, nioche, niolc. Bourg., gniole. Bross.
et Forez, nioche. Genev., niôc/ae. Jura, niauche. Norm., nio.
Prov., nizaic, niaic. Sav., nioche. Suiss. r., niohu. Wall.,
ninoche. Vx. fr., m/ais, nie^. (V. Niqucdoiiillc.)
NioÛD, et NÙD, s. m., nœud : (( N'y a si gros nùd qu'on ne
défasse. »
Lat., nodus. Ital., nodo. Berry, non, noud . Bress., niond.
Il.-V, neu. Lyon., noi(, nu. Morv., /loii. Nam., /ikL-. Xoiin.,
non, noue, noud. Pic, nou. Pi'ov., not, no, nous, noune.
St-Atu., nô. Toul., nouiél. Wall., nouk. Vx. fr., neu, u lu,
noud.
NiQUEDOuiLLE, S. m., simple, niais, imbécile : « Oh! Tgrand
nifjuedouille! 6 n'sait tant s'ment ran dire! »
Berry, ni'juedouille. Fland., nicdouille, Jura», niijuedouillc,
Lille, nicdoul. Morv. et Norm., niquedouillo. Rouch., nique-
doule. Saint., nir/uedoui/e. Suiss., niqucdouille. Yonn., nica-
d ouille. (V. Nioche.)
N'iTOU, loc. adv., non plus : (( Y a eùn bal; ma, à cause de
la Jaqueline, ô n'veut pas y aller. . . et moi nitoa. » Itou
voulant dire : aussi, n'itou est conséquemment : non itou.
Mieux vaut donc l'écrire n'itou que nitou.
Xoi-in., nitou, itetou.
284 LAXr.AGE POPULAIITE VERDUNOCH ALONNAIS
NiuAGE, S. 111 , nuage, nue, nuée.
Lat., niihcs. Ital., inibc. Bourg., iKiaiijc, nitcùjc. Forez,
niolla. Laiig., nioul, /licuiil, iiibonl. Lyon., (jiilola. Prov.,
nioti, niodl, nioiila. Rom., nica. Toul., nibnul.
NiviAu, s. in., niveau, égalité.
Lat., HIicUk. Ital., h'rrllo. Guern., licf't. Hain., iiiciau.
Prov., lire!/, /tircl. Ivouch.. iticiuK. AVall., Icoai. Vx. Ir.,
liceau.
Ni.\! etNisfù! oxcl. nég. non! non pas! Le premier est la
prononciation adoucie du nicldz allemand.
Lat., niri. Ital., no. Boirg., nain.. Morv., no. Pic, neiii^
naie, na. Prov,, non. no. V.\-. [r., niut. (V. Nijlet!)
Noble, adj , fort, grand, mais pres(jue toujours ironique et
en niau\aisc part. J'ai enfrudu une paj'sanne admonester
ses poules en termes non équivoques : (( Attends! nobles
p. . . ! )) leur ci'iait-elle, pour les empjcher de picorer dans
le jardin et les faire rentrer. Ce singulier attends n'est
point une faute; le pluriel attendez eût été beaucoup trop
long pour l'impérieuse.
NOiNOSPANT, prép., nonobstant, malgré.
Lat., nmt ijbstan:>. \i?d., non ostnnte.'BQtvy , nostant. Bourg.,
noaostan. Bress., no.itun. Vx fr., non obstttiit.
Non pas, loc. redondante : « 0 cor meû que non pas son
freire. »
Nos, pron. pers., nous. N'est pas toujours employé. Vient
plus volontiers au début de la phrase : « Nos v'ions ben. »
Lat., nos. Ital., noi. Bourg., no. Pic. et Prov., nos. Wall.»
noise- . Vx. i'r., nus. (Y. Je.)
Note, et Noute, adj. poss,, )iotre : « Noute fonne; note
fieu. »
Lat., nostcr. Ital., nostro. Berry, noùtc. Bourg-, note. 11. -VS
no'/tre. Mac, n'ton. Morv. et Noim., noute. Pic, no. Piov.,
nostro. Suiss. r., nontro. Vx. fr., nostro, nostre, no.
Nou!';, s. L, source naturelle, rigole, et aussi prairie maré-
cageuse. — Près de Chalon-sur-Saône, un pou plus loin
que le village de Saint-Marcel {VHuhiliacus à l'église
LANGAGE POPULAIRE VKKDtJNOCM ALONN.\ IS :285
fondée par Gontran et aux dorniors jours d'AlxMa rd) se
trouve une maison de maître, entourée de ses fermes, et
qui porte le nom de « Domaine de In Noue ». A Mon-
tereau, une promenade sur la rive gauche de l'Yonne est
appelée Les Noues.
Bas-lat., noa. Norm., noc, noue. Vx. fr., noe.
NouÉGE, s. f., neige : (( J'ons été pris; j'pouvions pas rentrer
du marché : y avôt d'ia nourpe pa dessur les saibots. »
Lat., nrx. Ital., necc. Berry, ncitjc mêlée de pluie (neige
pourrie). Bourg., nage, noir/e. Bress., nôgc, nese. Catal., neu.
Fr.-Cté, noigc, nedgc. Hain., niée. Isère, net, alfa. Jura, na.
Lim., ncil, necio. Lorr., nadge. Montr.. noucge. Morv., notiègc,
nnlge, noue. Nam., nivc. Norm., nii/e. Poit., nèrc, nice.
Prov., ne((, nien, niex. Rom., nicx. St-Am.. nc;e. Sav., nd.
Toul., nèii. Wall., nlcuic. Vx. fr.. nolf, ncif, negc, noigc.
NouÉGER, V. intr., neiger : « Y é i)rou joli, quand on vouét
c'ment c'qui nouéger tout blanc dans les prés. »
Lat., nlngere. Ital., rwcarc. Ilain., /liter. Moiv., noiger,
nouègcr, noi^er. Nam., nli-cr. Prov., necar. Vx. fr., negei\
negier.
NouÉL, s. m., Noël, la fête et les cantiques. Ce mot se pro-
nonce 1res rapidement, comme s'il (Hait monosyllabique.
Nau est aussi très usité, surtout dans les vieux Noels.
Lat., naialis. Ital., nalale. Berry, nonel, nau, no. Bourg.,
noëi. Bress., noyé. Hain., noè. lAm., nodau. Mac, nuër.
Mons., noue, nouée. Morv., noé. Pic, noué. Prov-, nadal,
nddau. Rouch., noé. St-Am., /wr/gé. Toul.. nadal, nouel.
Wall., noie, y X. îv.,noiicl, iioc, /ioiicu.-i. [V. Greicbe, Seicche.)
NouÉL (chandelle de), dénomin. locale. Chandelle bariolée,
multicolore, enjolivée de reliefs, que les femmes et les
enfants portent et allument à la messe de minuit. Dans
certains ménages, on en laissait toujours une neuve dans
chaque chandelier, comme ornement sur la cheminée.
Nouer, adj , noir, au fig. triste.
Lat.. nigcr. Ital.,. nci-o. Bas-nonu., nair. Bourg., noir,
noiri (noirci). Mac, /<«'/. Morv., nouer, iiur. Prov., negro^
nier, ner. St-Am., nà. (V. Nouéi'te.)
286 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
NouÈRTE, adj., fém. du précédent, noire.
Lat., nif/ra. liai., ner-a. Bas-noim. et 11. -V% noire. Morv.,
nouére, nare. Prov., nicre, acre. Rouch., noirfe. St-Ani.,
nâre. Wall., neûre. Vx. fr., iicirc. (V. Nouer.)
NouvEÛLE, s. f., nouvelle : (( Dis donc, sai.s-tu pas ben la
nouveùle? La Dodiche, ail' se marie d'avou son boun
aimi. »
Ital., noucUa. Bourg., nôccllc, nem-ele. Bress., nocala.
Dauph., noceltc. Lille, nouoielle. Lim., iiouoolo. Lorr., iioeéle.
Mac, nôca'Uc. Morv., nocclle. Prov., nocella, nocelha, noela.
Vx. fr., iiocelc, nucclc, novclle.
NouviAU, adj., nouveau : « Eh! vouésin, 3^ a du novxiau
cheiî vous? — Ben voui, ein gros p'tiôt, si genti, ^ rament
ein amor d'ange. »
Lat., noce/lus. Ital., noccllo. Bas-norm., nouriaon. Berry,
noiinau. Bourg., /lôreà, /icf/uùî. Bi'ess. , //oeto. Il.-V% nourlau.
Liua., liOuocà.LiOVv., iiocè. Pic, nonciau. Prov., iioccll, iiorclh,
aocl. St-Am., notice. Sav., nociau. Wall, noudau. Vx. fr.,
nocele, nociau, nouoiax, nouvclet.
NovALE, adj., terre navale, précédemmentenboisou pàquiers
défrichés, et nouvellement rendue à la culture.
NuN, pron. indéf., personne : « J'seû été cheû les Simon,
j'ons treùvé 7iun », ou (( y avôt jmn. »
Lat., ne untis, niilltis. Ital., wssuno, niuno. Bourg., nnn,
niuis. Bress., nion. Champ., ne^^im. Esp., niuitijano. Forez,
Iffj/ai, Icnr/iui. Isère, nengiin, nciyiin. Lang., neijnn, nengnii,
ilt'ij((n. Lorr.. nuson. Lyon., niijon. Mac, nion, ncdian.
Montr., ncquin, nicn, nion. Morv., nu, nun. Rom. nejun,
nc(jus, ncus, dcnf/((n, dcnf/iis. Sav., nion. Suiss. r., nion, gnion.
Toul., (le'iun, ilcijuao. Vx. fr., nnn.s, nc-<un, nesung, ncssunc.
Nylù, s. m., œil : « Eh! mon chat, j'avons donc babo à nos
p'ii'ts nijeui'-nijenri' » (V. Œtuji-, U;jot, Zieù.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CII ALONNAIS 287
0
ô, pr. pers. m., iJ. S'emploie devant une consonne : '(( O veint ;
dm'dit; à s'en va. » On entend parfois ô, mais rarement.
Saint., ô. (V. Ôl, Ôl.)
b, et ÔT, 3°^® pers. s. indic. prés, du v. être : « 01 à vrâraent
bé brave. » — « Allé ô/férivée qu'aile évôt mau. » S'emploie
concurremment avec é.
Bourg., a. Lorr., ot. Moiv., ô. (V. É.)
ÔBLi, s. m., oubli, négligence.
Lat., oblitus. Ital., oblio. Morv., obli. Prov., oblit. Vx. fi'.,
obli, oabltj.
ÔBLiANCE, s. f., manque de mémoire, à peu près synonyme
du mot précédent.
Ital. oblian^a. Prov., oblidaiisa. Vx. fr., obliunce, ou-
hliciice.
ÔBLiE, S. f., oublie, cette petite pâtisserie mince et en cornet,
que font tirer les marchandes de plaisir, el qui fait la joie
des enfants.
Bas-lat., oblata. Genev., oubli. Prov., oblia. Rouch., oblic.
Vx. fr., oublèe.
ÔBLiER, V. tr , oublier, négliger.
Lat., obUoisci. Ital., obliare. Berry, oblier, obelicr. Bourg.,
obliai. Lim., aublidas. Morv., oblier, obier, oubier. Norm.,
oblier. Prov., oblidar. Rouch., oblier. St-Am., éblei/é. Vx. fr.,
ublier, oblier, oubltjer.
Obuseau, et Obuvau, s. m., amusette, jouet, joujou, à
l'usage des enfants.
,Bress. , obusau. Bourg., aubusiau. Morv., abujotlc, aibii'iot.
Rouch., relusète, crlusète, relusoir.
Obuser, et Obuyer, v. tr., amuser : « Y et eùn prope cà pas
grand'cliouse; ô n'songe qu'à s'abuser. »
Bourg., aubusai. Bress., obuser. Dauph., amusié. Moiitr.,
288 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
aiibuser. Morv., abii/c/\ abuher. Rouch., rclaser, vcluster.
St-Am., abicyc, uniui/ë. Vx. fi*., abuser. (V. Ébuijei\ Éinuscr.)
OcÂsioN, s. f., besoin : « J'ons d'ia bé brave tèle; n'en av'ous
pas ocâsionf »
Lat., occasio. Ital., occaslone. Geiiev., occasion. Prov.,
occasio, ochaiso, uc/iaiso. Vx. fr., ochoison, achoisoa, ache-
son, ocquoisoii.
ŒuYE, s. m., œil. On dit, assez grossièrement : « Pisser des
œiujes » pour : pleurer.
Lat., oculus. Ital., occhio. Berry, //e«.. Bourg., caille.
Dauph., œa. Hain., onail, oaùle. Lim., e/. Lorr., et(jjc. Maine,
net. Prov., ol, olh, oill, hacl, Juielh, uil. St-Am., sa. Sav.,
jeu. Wall., oàie. Vx. fr., otV, cl, ieu, eu, uetl, icx, œil, œl,
œul. (V. Ucllot^ Ntjcû, Zieii.)
ÔF'AR, et ÔFRi, part, du v. o/rî, offert.
Bourg., ojar.
ÔFRÎ, V. tr., offrir, présenter.
L'ai;., qffervc. Ital., offcrirc. Dauph., u^ffri. Morv., cujfri,
oujjrl. Prov., ufriv. Vx. fr., oajfvir.
Ogres, s. m., orgues.
Lat., organum. Ital., organo. Fr.-Cté, ogres. Prov., orgue.
Wall., ôre. Vx. fr., orgciics, orgrcs.
OÏAU, OusiAu, et ÔSLÀ, s. m., oiseau. Un gas disait à une
fille entreprenante : (( T'sais prou chanter, bel oïau! . . .
ma. . . )) Et il la plantait là.
Lat., acis. Bas-lat., ucellus. Ital., ucccllo. Aunis, osia, osa.
Berrj', oisiau. Bourg., ougia, ousia, osea, oisca. Bress.,
ugeau. Dauph., u::ea. Forez, xuaï. Hain., oslaii. Il.-V, oisiau,
soiscatt, gasiau. Jura, ugc, agcau, ï(sai, usiau. Lim., auzcû,
auzèou. Lyon., ziziau. Mac, esiau. Montr., usieau. Morv.,
ouïou, oùïai. oûïa, oujà. Nam., oùja. Norm., acias. Pic,
cusicu, oisieu. Poit., ausea. Prov., oousseau, ousel. Rouch.,
osiau. St-Ain., jouâsc. Saint., ôslâ. Sav., àjô, àgcau. Suiss. r.,
osé, osl. Toul., auzèl. Vosg., ougc. oajcix. Wall., ojeaa,
osiau, oùhai. Vx. fr., oiscl, aciaalx.
ÔL, et ôl, pron. person. m., il. S'emploie devant une voyelle:
(( bl érive ; ol entre. »
LANCAGl': POPUI.AIlil': VKKnUNO-ciIALONNAlS 2S9
l.at., Ulc. Ital., //. Herry, /, /. Moiv., ol. Piov., il, ils.
Saint., o, ol, ni t' (c'est). Wall., /, //. Vx. li-., el, il.
Oliéte, s. f., œillette, tête de pavot blanc, dont on fait de
l'huile. Celte huile sert généralement pour les fritui'es,
de préférence au saindoux.
hàt. , olcuin . Pic, oullettc. Rouch . , oliètc. Vx. h'. , oliciic
Ombréte, s. f., ombrelle.
Ital., ombrclla. Genev .. ombrelle .
Ongue, s. m., ongle.
Lat., inif/nis. Ital., nnçjliia. I\^or\^, nni/hi'. Pic, onijue.
Prov., ongla, inigla. Saint., onglle. Vx. fr., iingle.
O.NQUE, s m., oncle.
Lat., acuncnli/s. Morv., oii/,/ii\ Prov., oncle, avoncle. Vx.
fr., iincle. (V. Toulon.)
Ons (]'), et i'AvoNS, 1^''^ pers. pi. du prés, du v. avouer, nous
avons.
, Bourg. /'afco/(S. Il.-V°, /'o/is.
Opêtit, et Op'tit, s. m., appétit.
Lat., ap'petilus. Ital., appelilo, Rourg. , àrtpètl. Bress.,
opeti. Dauph., apeti. Lim., opèti. 'Prov., appétit, apviit. Vx.
fr., apctit. (V. Épetit.)
Opôser, V. tr., empêcher; mais, ici, employé intransiti-
vement : « Te crais qu' t'es l'pus fort; w'opâse que j'ie
flanquerai eùne raclée. »
Lat., opponerc. Ital., oppor-re. Vx. fr.. oposer.
Oquéle, s. f., difficulté, discussion, paroles : (( Oh! v"là ben
des oquéles pouran! »
Lat. et ital., loquelu. Jura, oquel.
ÔR, s. m., or, richesse.
Lat., auruni. Ital., oro. Bourg , ô. Prov., avr. St-Am., eu.
Vx. fr., aur.
Oragan, s. m., ouragan.
Ital., orarjano. Genev., oragan. Vx. fr., houragan.
Orde, s. m. , ordre : « 01 é ben planté d'avou sa bêle ; alT
n'a pas d'orde pou deux yards. »
32
-90 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Lat., ordo. Ital., ordiac. Rerry . orde. Bourg., odre.
JSIorv., orde, ordon (rangée). Prov. ^ horde, ordc , orden.
Saint., orde. Vx. fi'., ordre.
Orgelôt, s. m., orgelet, petite tumeur au bord des paupières,
et qu'on appelle vulgairement : compère loriot, graind'orge.
Morv., or(jelot. \Vall., oriou.
Orges (faire ses), loc., faire finement ses affaires, tirer bon
parti d'une chose. Pareille formule est usitée en Lorraine
et autres lieux. — Cette locution en a une autre pour
conséquence : c'est quand on a « fait ses orges » qu'on a
(( du foin dans ses bottes ».
Lat., hordeum. ItaL, or.^-o. Prov., ordi. Wall., icoirj .
Vx. fr., orge.
Orille, s. f., oreille : « On en a prou dit su toué, va; les
orille.s ont dû t' seùner. »
Lat., aiiris, aiiricida. Ital.. oreceJua. Bas-norm., olllère.
Bourg., or aille, oroillc, airoarlle, atroille. Lim.j ôrelio,
ànréillo. Lorr., araillc, èrâ]ic. Morv., aireillc, eille . Norm.,
aulière. Pic, areille, airèle, èraile, èrelUc. Prov., axreVia.
St-Am., ourclije. Vosg., airaille. Vx. fr., aureille, orille,
orelle, oroillc, aroillc.
Oriller, s. m., oreiller.
Ital., origiiere. Bourg., o'rillirr. jSIorv., orille. Prov., au-
rclhier. Wall., oriller. Vx. fr., orillicr, oriller, oreiller .
(V. Tète.)
Oriot, s. m., loriot. Notre patois, plus près de la source, a
conservé la forme pure, le / n'étant que l'article incorrec-
tement agglutiné avec le substantif (l'oriot). On verra
plusieurs mots dans ce cas.
Lat., auréolas. Ital., rigogolo. Berry, lourioa. Bourg.,
oriô. Genev., oriot, oriol, ouriou. Montr., oriot. Pic, uriot.
Prov., auriol. Wall., oriiniel. Vx. fr., oriox, oriou, curiels,
leurieul (compère-loriot. )
Orjù, s. m., feu-follet. Longtemps on a cru que ces exha-
laisons des cimetières étaient les âmes des trépassés.
Montr., orjue. (V. Clâ.)
ÙRLER, V. tr.. ourler.
LANGAGE POPULAIRE \'EKI)(INO-CH ALONNAIS 291
Ital., orldic. Bourg , orhii . Moiv., orler. l'iov., orlar.
Toul., unrcla. \'x. fr., orler.
Orlot, s. m., ourlet.
Lat., oruhi. Ital., o/'/o. Beri-y, Bourg, et Champ., orle.
Forez, orloii. Morv., orle. Toul., ourèl. V'x. h-., tirlc, ur,
orle.
Ormiau, S', m., orinc, ormeau.
Lht. , Il linn.i. Ital., o//»o. Bevry, oi-niiaii. Bourg., orinca.
Gasc, onriiic. Il.-V'', oi-iniaii. Marne, ourtncl. Norni . .
ourtnc, our/nct. Poit., ouiiia. Prov., o//>/(", olm . Rouch.,
ouvrne. Saint., ounniô . Toul., oum , ounn. ^^'aIl., lioimniau.
Vx. fr., on /ne, online.
Ormise, s. f., remise, Jiangar pour les provisions, les che-
vaux, les voitures.
Morv. , ormise .
ÛRMomi:, s. m., armoire : (( Son armoire, ôl é plein de
linge. )) C'est là un des luxes de la province.
Lat., arinurinin . Ital., ar/nario. Anjou, ornionère. Berry,
orinoirc, armoire. Bourg., orniuire, ormairc, omeille, ornicle.
Champ., anmuire. Esp., (imiario. Fr.-Cté, aurniuire, uii-
rc/nare. Lim., èijinâri. Lorr., a/»('/7t'. Midi, orrnoire. Moiv.,
orniouùre. Pic, ornière. Prov., armari. Rouch., cunère,
onièrc. Wall., orinoire. Vx. fr., almarie, armar'ic, uu/naire,
aunioire.
Ortillons, s. m , doigts des pieds, le gros surtout. Peut
passer pour un diminutif d'orteil.
Ital., nrlif/lio. Berry, oriè, artj, arfoiil, ortiijnollc. Dauph.,
artou. Douai, oi'to. Forez, artjio. Gonev., or/euil, artcuil,
artieu. Hain., artoilte. II. A'', orial, orta. Lyon et Midi,
urteil. Pic, orlii-n. Piow, (irtril. Rouch., artoil. SaV.,
artar/. Wall., orinil. ùrila.. \\. h-., orlel, ortil, arleil, ortanx.
(V. Artù.)
ôsELOT, S. m., oiselet, petit oiseau. Diminutif d'oisel. Littré
cite un diminutif non latin : aciceUus.
Bas-lat., aiiceilus. Ital., uccellino. Rouch., oselot, osclei.
Vx. fr., oi/.-ic/cl, oiselon .
OsiÈRE, s. f., oseraie, lieu planté d'osiers.
WA^Aiii. . o.'idriœ . Berry, oiiscrie. ^loiv . , oucicre . Rouch.,
292 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO -CHALONNALS
osière. Wall., osil, osicrc (l'osier môme). Vx.,o.-crf, o;craic'*
o;croi .
OUILLE. S. f., oseille : (( Quand ail' vous parle, on dirôt
qu'air veint d'miger àTosille. »
Lat., oxalr's. Ital., acctosa. Morv. et Poit., otuillc. Suiss.
1'., saletta. Vx. fi'., o::eiUe.
O.sTiNÉ, adj., entêté : c X'm'en parlez pas; j'n'en pouvons
ran fâre. Y et eun ostiné du diâbe. »
Lat., obstiiiafns. Ital., ostinato. Rouch. et Vx. fr., ostinè.
OsTiNER, V. tr., ennuyer, contrarier, tourmenter : « Là là!
qu'ô ra'o.s/'mé' donc! » — La forme réfléchie restreint ses
acceptions à s'obstiner, s'entêter.
L,s.t.,ohstinarc'. Ital., ostinarc. Prov., obstinar. Vx. l'r.,
osiiner.
ÔT, terminaison fait) de la 3'"^ pers. du sing. de l'imparfait:
» O iesbt, 61 allô^!, ô venô^, » etc. S'applique à ce temps
de tous les verbes. Certains verbes lorrains ont aussi cette
terminaison. (« J'voyô.s qu'ai' li bouiiô/. . . »)
OucHES, s f., entailles, créucluros faites sur un double ^
morceau de bois (à l'instar des boulangers), pour marquer
les dcmrées prises à crédit. On marque de cette façon le
nombre des verres d'eau que les buveurs absorbent à
Santenay. D'autres en tii'niient compte à l'aide de petits
cailloux posés sur la table, près du vase.
Bi-ess. et hyon .., ntic/ic . Montr., quantc. Morv., /ncrr/nc.
Norm., orhe. (V. Patara.)
OuÉë, s. f., oie : (( Veins-tu d'avou? J'vons porter à note
dame l'ouê'éd'la Saint-Martin. »
Bas-lat., auca. Ital., oca. Beri'y, ocltc. Morv., oiié. Nam.,
cmwc. Toul., auc, auqno, auquclo. Wall., àœe. \'x. ir.,
aiuce, oe, o«e, oijc, hoijc. (V. Ot/oa.)
OÙGNiON, s. m , oignon.
Lat., unio. Morv., oiKjnion. Prov., uignoit, iij/wn. St-Am.,
^eni/on. Vx. fr., ouKjnon, onfjno/i.
OaicHE! particule exclamative, oui! bah! Ne s'emploie
LANGAGK POPULAIRE VF,RDUNO-(Il A I.ONNAI -, 203
qu'ironiquement et nêgalivenicnt. Se dit conçu ireuinient
avec vouiche. Affaire d'euphonie.
Norra., onichc ! (W . Vonlche.)
Où LE, s. f., marmite, vase en terre, dans lequel se loin la
soupe, les gaudes, etc.
Lat. et Ital., olla. Berry, oulle. Rourg., oie, otilc. Bress.,
eule. Dauph . , oiile, ola. Forez, oida, ouleta, onlUi . I""r.-Cté,
eulà. Guern., houle Lang., oiilo. ou la. Lyon., iil/((. Mac,
ouïe. Môrv.. toule, to'ilon.. Poit., oulle . ouille. Piov., oiilo,
onla. Rom., oUi. Suiss. r., cuhi^ olla., (jullha. Toiil., oulo.
Vx. fr., olc, ollc, oulc, olllc.
OuvÀRTURE, S. f., ouverture.
Itâl., apertara. Bourg., orâlure. Pi'ov , nhcrium .Yx. fr.,
ouverture.
OuvERiER, et OuvREi, S. m., ou\"rier.
hnt. , opcrarius. Itul. , opéra /o. Bourg., ourrai, ôcrel {\e^
vignerons appellent leur femme : note ôrrelre). Cogn . , ocerier.
Morv., ouvré. Poit.. or/rré, -rr (jeune garçon, — fille). Prov.,
ohrler. Rom., ohrla . Roueh., oncèrier. St-Am., oiicri.
Wall., oucericr. Vx. fr., ocerer, ocricr^ ocerier.
OuvERiER (jour), s. composé m., jour ouvnible, où l'on peut
ouvrer. (V. ce dernier mot.)
Lim., Jourbran. Sav., ;enorrà. Wall., oucrant.
OuvR.ÀGE, et ÔVRÂGE, S. f., ouvrag<i : « De la bêle, de la
boune oiwràfie. »
Lat. , o/)?^s. Ital. , o/)f'^r/. Berry, ocrai (je. Bourg., oc rai (je.
ourrai;je. P ro\ ., obral;/e. Ton\., obro . Wall . , oc/y'. Vx. fr.,
ou c rai g e.
Ouvrer, v. intr. , travailler.
Lat., o/)erari. Ital., operarc. Bourg, et Lille^ or/'a«. Prov.,
obrar. Vx. fr., ocrer., oucrer. œuvrer.
OuvRÎ, V. tr., ouvrir.
Lat., aperire ital. aprire. Berry, ocrir. Bourg , ôvri.
Mac, ?(c- f. Montr., ;/r77>. Pvo\.. ubrir, obrir. Wall., ocri.
Vx. fr., iicrir, uccrir, ocrir, olcrir, auhrir.
OuvRi, part, d'ounr'i, ouvert : (( Y é trop tùt por entrer; y é
pa ouvri. ))
294 LANGAGE POPULAIRK VERDUNO- CHALONNAIS
hat.. apcrtits. Ital.., aperto. Berry. ovrl. Bourg., ovar.
Bress. et Dauph., ucri. Fr-Cté et Morv., ouvri. Sav., (cri.
Vx. fr., aubi'i, etc. (V. le mot précédent.)
ÔYON, s. ni., oison. On ne se gêne pas pour donner ce nom
aux gens simples : a Te n'comprencls pasc'qui? Y é portant
pas déficile... Oi/on, va! »
Ben-y, oihoa, ochoii, oijnn. Bourg., ôson. Bress., or/on,
i'ujon. Jura, ouilloii. Lorr., onsson, oullloii. Montr., oijon.
Morv., oàïon, oitjo/i, oiïioW'. Pic, en son. Rouch., oàon.
Suiss. r., oa/ûe, ouhion.Vx. îv.,oi/e, oijon, oj/son. (Y.Otd'c.)
PÂ, adv. nég., pas : (( 0 n'é pà tant s'raent ra'nu au
d'vant d'son onque. »
Bourg., pa . Mac. po. Prov. , pas. Rouch., pa. Vx. fr., pas.
Pà, s. f , paix, silence : « Voyons, galopin, ficlie-me eùn
p'chô la pà! ))
Lat , pax . Ital., pacc. Bourg., pat, pot. Lorr. et Morv.,
pa Prov ., pax, pat;. St-Am., pè. Vosg., pa. Wall., pà'w,
paide. Vx. fr., pars, j>cs, pc;. (V. Rànotc.)
Pàcot, s. m., boue, crotte; au fig. embarras : (( D'avou tous
ses micmacs, ô s'ê mètu dans V pàcot jeiisque au cou. »
Genev., paco.
Padouc, s. m., padou, ruban mi-til et mi-soie : k La p'tiote
a été m'qu'ri du padoiic pou border ma mante. »
Nonn., padoue (ièm.). Vx. ir.,padoiic..
Pàdreau, s. ]n., perdreau, jeune perdrix.
Ital., pcridclotto. Berry, pevdriaa, pardruin, pardrijaa.
Morv., padfean. Prov., /lei-di^jul. pcrdl(jo. TouL, perdvjal.
Vx. fr.. pri-drinu, pertri.-^caii .
PAdri, s. f., perdrix.
Lat., /;(■/■(//./■. liai., /;(V7(/(7 . Bourg., fiaidri, podn/. 11. -V%
firdri.r /icnlcri.r- Mor\'., padii. Piov. pefdit.;. St-Am., pcdii.
W<\\\ . , pcrtrl , plein. Vx. IV.. perdrix, pcrtrlx, plctris.
LANGAGIC r^OPULAIRK \KUDUNO-CII AI.ONNAIS 29")
Pafe, adj., gris, iyyc : « Vrâ, ôl on pi'cn-t-i, d'ccs gôlcs 6
pi d'ces gôtes! Aussi, drès rmaiin, ùl é pafe. »
Genev., pafe. Vx. fr., paf.^
Pafouiller, V. intr,, bavarder, causer beaucoup, causer
trop, sans rien dire do sérieux, et aussi s'exprimer d'une
manière confuse.
Pagane (en), loc, en pagaie, pêle-mêle, terme de marine
fluviale : « Toaé, pô côrî, te laiss' tout ton clieii-\ous en
pacjane. )) J'ai aussi entendu prononcer : en pagaille.
Pagnié, s. m., panier.
l^at. ., panarinn. Ital.. panière. Borrj', pei//iié, panier, pènè.
'Boxxvg., penei. h\m. . jionlè. Loir spegni. Prov .. panier. Sav.,
caoè. Vx. iv., pennier. j)annier. (V. Pagnière, Penei.)
Pagnière, s. f., corbeille en osier, plus grande et plus
évasée que le pagnié, dont elle est devenue le féminin.
C'est généralement dans la pagnière que les villageoises
apportent leurs marchandises au marché.
Bress., panire. Genev. et Rouch., panière.
Paillôt, s. ni., balle, enveloppe des grains.
Morv., pailloù, balol, bouffe.
Paillote, s. f., paille des épis du maïs. Sert à remplir les
paillasses, et quelquefois des matelas. (V. Panouille.)
Paipié, s. m., papier : « Le p'tiot, ô sait d'jà lire en paipié
(lire l'écriture). »
Ang\., paper. Bqiivg., paipié. Mac, papi.
Paire, s. m., un paire : (( J'm'é écheté an paire de bas, et
un paire de saibots. »
Lira., poréî. Mac, èpaire. Poit., un pareil de sabots.
Saint. j /)a(/-6'. Toulon. , />a7'e/. Vx. iv., paire.
Palanche, s. f., perche, levier.
Lat. , palanca. Montr., palanche. Toul., palanco (planche
à passer un ruisseau). Vx. ïv., palangue.
Paléte, s. f., petite pelle, et battoir des laveuses, avec lequel
elles battent le linge sur leur selle.
Ital . , pale/ta . Morv . , palette (dent incisive) . Norni . , palette
29f) LANGAGE POPliLAIRH VERDUNO-CHALONNAIS
(l-elle à feu). Poit., palette. Prov., palcia. Reims, polclte
(pelle à feu). Vx. fr., paclletio.
Palfeùrmier, s. m., palefrenier,
Rouch ., p a IJeivriicr . Wall., pal fiirni. Vx. fr., palefrenier.
Palisse, s. f., haie, palissade vive.
Bas-Iat.. paliciam . Ital., paliz^ata. Berry, palisse. Poit.
palisse, polisson. Rom., pallia. Saint., palisse. Vx. fr.,
palis, pallis, paslis. (V. Boac/turê, Plessis.)
Pampiyon, s. m. papillon.
Lat., papilio. Ital., parpaglione. Art., picolet . Berry,
parpillon. Bourg., parpaillon. Bress., parpilloa. Dauph.,
parpaillon. Forez, parpaillon. Genev., parpillon. H"-Âuv.,
parpaillhor. him ., parpoillaii, parpoliô. Moi'v ., panpillon,
parpouillon. Poit., parpion, parpaion. Prov., parpalhoun,
Rom., parpalho, parpalhol. St-Am., parpcluon. Wall.,
pau'ion. Vx. fr., paceillon, parpaillon, papillot.
Pan.às, et PANES, s, m., vieux linges^ vieux vêtements, tor-
chons, chiffons.
Yjdil., pannu s. Ital., pannaccio. Fovez, pana, pana (essuyer).
Lille, pana (benêt). Lyon., pananian (essuie-main). Mac,
pauneinain (essuie-main). Morv., ponais. Norm., pannas (plu-
meau). Vx. fr.,/)«/(/K?, /)a/mefliam (essuie-main). (V. Paniaux,
Paies, Pièces, Pajiosse.)
Pancher, V. tr., épancher, répandre : « 01 a panché iont son
siau par terre. » Se dit aussi pour : Satisfaire un petit
besoin naturel. L'ivrogne sort du cabaret pour panchev
de l'eau.
Lat., expandere. Ital., spandere. Bourg., èpainchai. Genev.,
pancher d'eau. Montr. , piisshir. Morv., èpinchcr . Vx. fr.,
espanchcr. (V. Lâcher.)
Panée, s. f., panade, soupe qu'on prépare volontiers pour
les enfants.
Ital., panata. Berry, panée, panache. Bourg., paiiiaide.
Prov., panada. (V. Papète, Papoutc.)
Paniaux, et Pan-nlâs, s. ra., haillons, vieux vêtements :
« Aile é braque, ma fi ! all'côrt les rues en paniaux. »
Lat., pannus. Ital., pannaccio. Bourg., pannô. Vx. fr.,
pcneaux. (V. Panas, Panosse, Pattes, Pièces.)
LANGAGE POPULAlRIi VKUUUNO CHAI.ONNAIS 2')7
Panichets, Panissets, et Paneciiats, s. m., fciiilh's qui
foi'nuMit ren\'(>loppo de la grapp(; de maïs, et qu'on enlève
en ècliaillaiit.
Bress., panichct. Montr., paiiniisct. (V. Echaillcs.)
Panosse^ s. f., vieux linge, mauvais chiffon, toi'chon.
Bng., paiioce. F'orez. panoussa. Fr.-CtL', pa/iuusse. Genev.,
panossc. Lyon., paaoïissa, paiinossc. Montr., pdiinoAsu.
Prov., paiioncha, vd/iouchon. Suiss. r., pannoséu. (V. Pa/ias,
Paniaux.)
Panosse, s. f., personne paresseuse, mollasse, sans caractère:
« Que grande panosse! a' n'Hclie ran tout Tlong du jor. »
— (( Jacot travaille, lu; ma, toaé, feignant, t'né qu'eùne
vieille panasse. » C'est l'acception figurée du mot pré-
cédent.
Sav., panossa. Vx. ïv-, panosscax (fainéant, déguenillé).
Panouille, Penouille, et Paneille, s. f., grappe de maïs
mûre. Le paysan a parfois abondance de mots.
ItaL, paniioc/du. Autun., /ifuiomlle. Cogn. , paneulllc.
Montr.. pennoulllc. Poit., penouille (tige), /tenon (épi égrapé).
(V. PalUàte.)
Panouillon, et Penouillon, s. m., grappe de maïs qui n'a
que quelques grains mal venus, ou qui n'a pu mûrir.
Dimin. de Panouille.
Panserôt, s. m., abdomen saillant. Tout naturellement
diminutif de panse.
Lat., pantex . Ital., pa/icia. Bourg., pansero. Montr.,
pansercau. Pic, jKincke. Prov., pansa, pailla . Vx. l'r.,
pancc, panchc.
Pansoû, s. m., pansu, gourmand, biberon.
Genev., panfu. Morv., pansou.
Pantet, s. m., pan de chemise qui sort de la culotte, parti-
culièrement de celle des enfants : (( L'toqué! ô n'sait pu
c'qu'ô fait; ô veint de s'preùm'ner tout en. pantet! » — Un
grand-père verdunois du commencement du siècle déam-
bulait gravement en chemise, les matms d'été, dans son
jardin. Il appelait cela « se promener en robe de chambre
de grenadier. »
33
298 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Bourg., pannô (en pannô, en chemise). Fr.-Cté, Genev. et
Jura, pantet.
Pantion, s. m., chiffon, morceau de mauvaise étoffe :
(( Que qu't' veux que j'fasse de tous ces ch'tis pantions? »
(V. Panas, etc.)
Papéte, s. f., soupe pour les enfants, bouillie.
Berry, pépcttc. Bourg., papote, papa. Dauph., papct. Fr.-
Cté, paipct. Genev., papet, papette. Pic, pépetle. Rouch.,
papin. Tovà., papct. Wall., pape. (V. Panée, Papoute.)
Papon, s. m., poupon, expression enfantine.
Movv., papou. (V. Papàneau.)
Papône, s. f,, poupée. Considéré comme fém. de papon.
Movv. , paponae. (V. Papàneau, Papounôt.)
Papôneau, et Papouneal', s. m., personnage dessiné, gravé,
émaillé, sculpté, ou découpé : « V'ià d'jolis papbneaux
dans c'cadre. » — u J'ii ai baillé eùne vieille àissiéte où y
avôt des papbneaux. » — » Vous savez ben, son ormoire
avec des papbneaux taillés d'ssus. « Dirain. de papon.
(V. Papounbt.)
Papounôt, s. m., synon. de Papbneau, mais pris dans un
sens péjoratif. Statue grossière taillée au couteau, dessin
informe : « C'marmot-là, à l'école, au lieur d'étudier, ô
fait des papounbts su tous ses liv'es. » (V,. Papàneau.)
Papoute, et Poupoute, s. f., soupe d'enfants : (( Allons,
p'tiot, y é temps; veins raiger la papoute. »
Bervy, papoute, papoue. Bonvg., papôtc. Cha.mp. , papoute.
Fla.nd. , papin. Forez, papa. Genev ., papot, papote. H'^-Auv.,
papa. Movv ., papoute. Saint., poupou. (V. Panée, Papéte.)
Pâquiers, et Pâquers, s. m., pâquis, pâturages qui étaient
autrefois des bois, et dont la qualité est médiocre.
hât. jpascere' Ital ,pascolo. Bourg. , pâquc'i, parpiei. Lon'.,
pâqui. Morx., pâquis. Vx. h'., pastis.
Par, s. f., part, portion, morceau.
Lat., pars. Ital., parte. Bourg., pa. Prov. et Vx. fr.,
part.
LANGAOK POPULA1RI-: VERDUNO-CHAI-ONNAIS 299
Parai, s. f., cloison, muraille. Corruption de paroi.
Lai., paries. Ital., pareio. Bress., parai/. Forez, pareij .
Montv., poirai. Movv., parié. Norm. , /)a/-e;, paroit. Prov.,
parct. Wall., pareusc, paveuie. Vx. fr., pareil, pareil.,
p a rojj , parai. ( V . Po iré . )
Paraissu, part., paru.
Morv., paraissu, pairaissu.
Parapel, s. m., parapet.
ha.t, , parare pectus . Ital . , parapetto. Berry,/)a/7ve< (estomac).
Genev., Wall, et Vx. fr., parapel.
Par après, loc, adv., ensuite.
Berry et Norin., /la/' a/)/'è5. Prov., cii après. Vx fr., en
après, par après.
Parasine, et Parésinr, s. f., poix-résine. Parasine n'em-
pêche psis pouége. (V. ce dernier mot.)
Rouch., poix-rasiiie.
«
Parcer, V. tr., percer.
Lat., perciderc. Ital.. perfugiare. Bourg., parce. Morv.,
porccr. Vie, percher, putcr. Prov., perlusar. Vx. fr., per-
cier.
Parceréte, et Percerôte, s. f., vrille, foret.
Genev., percet, percerctte Mavne, percette. Montr., per-
cerette. Movv., porçou. Norm . et Voit., pcrcetie.
Parche, s. f... perche, long brin de bois, soutien d'un jeune
arbre, d'une plante,
Lat. et Ital., perlica. Berry, Bourg, et Mac, parche.
Movv., parce. Pvov., pergua, perga, per/a. St-Am., parse.
Wall. /u'ss. Vx. îv., perche, parche.
Parchie, s. f., perchée, ce qui tient sur une perche. Perchée
d'oiseaux, d'herbe, etc.
Morv-, pcrchie.
Parde, V. tr., perdre.
Lat. et \ta,ï., perdcre. Berry. pnrde. Bonvg., padrc, paidr
pardre. Mac., /u'cdre. Movv ., /lardc. Vvov ., perdre. .St-Ani.,
padre. Wall., pied. Vx. iv., perdre.
Pardié! Pardine! et Pardiènl;! excl. , pardieu! Juron
300 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
affirmatif familier à toutes les classes. Ces trois formes
s'emploient indistinctement.
Bourg., padci! Vx. fr., par De! par Dieu!
Pardouner, V. tr., pardonner.
Lat., pardonarc. Ital., pcrdonarc. Morv., pairdouncr
Prov ., pci-donar. Vx. ïi'., pcrdiincr, parduincr, pcvdoncr.
Pare, Père, et PEmE, s. m., père.
Lat., patcr. Ital., padrc. Bourg., poire. Bress., porc.
Dauph., /)rt/-c. Lim., pài. Morv., pce, poupa. Prov., paire,
parjrc. Sav.-pa/v. Vx. h., pedrc, pcrc.
Pàre-grand, s. m., grand-père. Inversion très familière
chez nous.
Bomg., peirr-rj rail. (V. Grand.)
Pariûre, s. f., gageure, pari : « TTain-mcs tant que t'vas
côri la vouer; j't'en fais laparinre. »
Fr.-Cté, Geiiev. et hyon., parinre.
Parler à, loc. d'un sens bien local, fréquenter, faire sa
cour : (( Toinot yja/'/e à la Jeannéte; j'vouérons ben si ô
la d'mande, à la fin des fins. »
Berry,/)alei\ pa/lcr. Bovwg., palai, pairollai. Lille, parler
à. Morv., pàler, pairlcr. Norm . et Pic, paroler . Prov.,
parler. Wall., parlé à, paârlè. Vx. fr., paroler., parler.
Parleûre, s. f.^ parlerie, parlage, babillage.
'Qonvg.^parhire Morv ., pairlement. Poit., parlange. Prov.,
parlaria. S<iini. , pari are. Vx. ïr., parlerie.
Parusse (que j'), Parlît (qu'ù), subj., que je parlasse, qu'il
parlât : « Y érôt donc folu que yparlisse à c't houme?
J'érôs été ben empochée. »
Parméte, V. tr., permettre.
Ijdil.. permittcre. Ital., peiineitere. Bom-g. , pariiielre, par-
maitre. Vx. h\ , perineiire.
Parmetu, part, de panmUe, permis.
Berry, penneita. Bourg., parniailtu.
Par'pleûe, s. m., parapluie.
Genev ., parepluic. (V. Pc(r'sol.)
LANGAGE POI'ULAIHE VERDUNO-CHALONNAIS 301
Parsî, s. m., persil.
Lat., petroselinuin . \ta.l. , pctrosclllno. Berry. parsL Bourg.,
piarsl. Fland., /)erst/t. Morv., /u'ars/. Norm. et Pic, />t'/'.sm.
Suiss. r., pierrassel, picrrossct. Wall., plc^^^in. Vx. fr.,
picrrcsill, pcrsiii.
Par'sol, s. m., parasol.
Itsil., pcwasolc. Geney . , paresol (V. Pav'pleûc.)
Parsône, et Parsoune, s. f., personne.
Lat. et Ital., /îerso/ift. ^Qvvy , pavsounc . Bourg. , parsonnc,
porsùnc. Movv., parsonc. Prov., pcrsoaa. St-Am., pcchcna.
Sa,y ., parsc lia. Vx. iv., pcrsoiic.
Par' VENT, s. m., paravent.
Ital., paraccnto. Genev., parccent.
Pas, s. m., marche d'escalier. Le pa.f do la porte : « Peùrnez
garde, la bonne mare; por entrer, y a eùn pas. »
Lat.. passns. liai., passa. Gaevn., pas d'us (seuil). Moi-v. ,
Norra., Prov. et Vx. fr. , pas.
PÀSQUE, contraction de la loc. conjonct. parce que.
St-Am., preqaà. (V. A cause que.)
Passée, s. f., trou, passage pratiqué dans une haie: « T'voués
\di passée; les p'tiots s'fouront par là por picorer. »
Ben-y, Morv., Norin. et Poit., passée. Suiss. r., /lassaira,
passiau (échelle pour franchir une haie). Vx. fr., passée.
Passer, v. tr., achever, terminer : « J'poux ben côrî m'obuyer
ein p'chô; j'ai passé ma l'çon. »
Itsil., passarc. Cogn., passer. Midi, passer un livre. Prov.
et Vx. fr. , passar.
Passera, s. m., passereau, moineau.
Lat., passer. Ital. passera. Berry, passe, prase. Brcss. et
Monte., passera. Sav ., passera. (Y . Tiri .)
Passerôte, s. f., passoire.
Fr.-Cté, passerotte.
P'assez, loc. adv., contraction de : pas assez : « J'ai ben
faim de sôpe; te n'm'en hiùWe p'assez. »
Patàche, adj., fém. de patachon (au lieu de patachouse,
302 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
peu usité), femme mal tenue, sans tournure, et parfois de
mœurs équivoques : (( Quand t'voux t'preùmener, n'vas
donc pas d'avou c'te patàche. »
Ital., patacc/iia. (V. Patachoû.)
Patachoû, adj. m. et parfois subst., homme sans beaucoup
de conduite, qui boit trop fréquemment, et court la ville
et les chemins : « Que v'tu! ô travaille deux jôrs par
semain-ne, é peu, drès qu'ôl é payé, ô s'en va bouére ça
qu'ôl a gangné;, . . n'y é ran qu'eùn patachoû. »
Morv., patachon. (V. Patache.)
Pataille, adj., bavarde, cancanière : (( Si vos v'iez l'acouter,
air vos en dira, là pataille!
Pataler, V. intr., galoper. Se dit surtout d'un cheval qui va
grand train. Notre patois a peu de mots plus expressifs que
ce verbe, qui fait entendre le bruit rapide des quatre pieds
du coureur. C'est un peu le quadrapedanie putrem.. . —
Signalons, en passant, une étymologie fantaisiste et naïve
d'une vieille verdunoise : « On dit coume ça pasque,
quand le ch'vau jjatale, en entend ses pàte'aller. » (Cela
rappelle l'étymologie de pantalon, ainsi nommé parce qu'il
pead sur le talon, et autres de cette force.) Pataler se dit
aussi d'un enfant qui court en frappant fort des pieds.
Jura, pataler (courir bruyamment). 'Sovxn., patarë. Vx. fr. >
pètclcr.
Patapouf, adj., homme lourd, corpulent : (( Ton lichoij
d'vouésin, y et ein gros patapouf. »
Rouch., patoiif, patapouf.
Patàr, s. m., patard, monnaie ancienne valantenviron cinq
liards : «. D'ta poche de la jôrnée, j'n'en baillerô pas tant
s'ment ein patâr. »
Ital., patacco. Lille, patdr. Prov., patac. Wall., patâr.
Vx. fr., patart, pactac, pastur.
Patarà, s, m., vase ou pot, contenant une certaine quantité
de liquide, et qu'à Santeuay Ton remplir de l'eau laxative
que les amateurs y vont boire. (V. Oarlies.)
Patak(ju, s. m., embarras, préoccupation mouvementée.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 30o
Être, se mettre en paf.aron, remuer, ranger, mettre en
ordre chez soi pour les préparatifs d'une réception, etc. :
« Y é donc ben grand'féte clieCi l'gros, qu'ôl é dans tous
ses patarous ?
Bourg., Jura et Morv., patarou.
PÂTE, s. f., chiffon, morceau de linge, neuf ou vieux. Un
confesseur grognon, qui n'aimait pas à confesser les
femmes (?), renvoyait toutes celles qui venaient à lui,
en leur disant : « Allez-vous en, têtes de paies:! » Par là
il faisait allusion à l^ur cale, ou bonnet de linge. Dans les
jardins, près des endroits boisés et humides, on fait des
feux de pâtes pour se défendre contre les cousins; mais,
en étouffant ces bestioles piquantes, on s'asphyxie à moitié
soi-même.
Bourg., paitc. Bress., patte. Dauph., pata. Forez, pata.
patte, petas. Fr.-Cté, paie. Genev., paie., piotc. Jura, patc,
Lang., pelhot, pel/ia. Lyon., pâte, pata. Midi, pâte. Prov.,
pata. Rom., peUia, pellle. Suiss. r., pata. Toul., patarocos.
Vx. fr., peille, peillol. (V. Patin, Petas, etc:)
Pate-mouillée, s. f., personne, homme ou femme, sans
énergie : (( 0 n'sait pas se r'torner; y et eiàne vrX pàte-
mouillée. »
Vx. fr., patte-moaillce.
Pâtés (crier les petits"), loc. Se dit des cris que pousse une
femme en mal d'enfant. Jadis, les marchands de petits
pâtés les criaient très fort dans les rues. On voit l'analogie.
Lorr., même loc.
Patevôler, V. intr., aller de droite et de gauche, courir de
tous côtés, être un peu partout : (( D'avou vot' raau d'piod,
vous d'vez gros vous enniùer? — N'm'en parlez pas, moi
qui ain-me tant paiecùler. . . » — Plus loin, on trouvera
le verhe pjatipoter. (V. ce mot.) L'un, celui de cet article,
semble s'employer pour les personnes ; l'autre, pour les
habitants delà basse-cour. — Analogie avec batifoler, et
harivoler cité par M. Jaubert.
Patier, s. m., marchand de chiffons, qui achète et revend
304 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
des paies. Jadis c'était le nom du marchand de chiffons à
faire le papier.
Montr., patticr.
Pâtière, s. f., maie, coffre à boulanger la pâte. (V. Bal-
longe.)
Patin, s- m., diminut. àa pâte. (V. ce mot.)
Pativôler, V. intr., voler bas en s'aidant des pattes, comme
les oiseaux de basse-cour. (V. Paieoàler.)
Pâton, s. m., petit bloc détaché de la masse de pâte.
Genev., Morv. et Saint., pàton.
Patoué, s. m., patois, ce langage qu'on prétend corrompu,
qu'on dédaignait jadis, et dans lequel on puise maintenant
pour remonter aux étymologies, et connaître les usages,
les coutumes, les traditions des localités.
Midi, patois (compatriote). Morv., patouc.
PATRiGÔt, s. m., patrouillis, patrouillage. Au fig., mauvaise
affaire, embarras : « Y é pas por dire; ma ô s'é métu là
dans un fichu patrigbt. »
Dauph. et Genev., patrlgot. Yonne, patouillat (ruisseau).
Patrigôter, V, intr., patauger, barboter : « Diabe d'enfant!
V'tu ben n'pas tant patrigôter! )) — Au fig., mettre la
main à des affaires peu claires.
Bourg., patrimavgotai. Champ., patricotter. Genev., pa-
irigoter. (V. Patroiller.)
Patroille, s. f., sorte d'écouvillon, étoffe sale emmanchée
au bout d'une perche, pour remuer et nettoyer le four.
Montr. et Norm., patroille. Orne, paiouillc.
Patroille, s. f., patrouillage, eau sale, boue liquide.
Aube, patouitlas. Berry, paioille, patouillat. Marne, pa-
touillas. Midi, patouilleric. Montr., patroille. Morv. , pa-
touéillat, patouéillc. Norm., patouillat, patouillis . Poit.,
patouil, patrouil. Yonn., patouitlas. (V. Gouillat.)
Patroiller, v. intr., patrouiller, patauger, marcher dans
le patrouillis. Se prend aussi dans le sens impersonnel ;
(( Auj'deù i patroille (aujourd'hui il y a mauvais chemin). »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CUALONNAIS 305
Aube, paioidller. Berrj', putoiller, patr'njiiL'r. Champ.,
patouillt'i', platroiùller. Lyon., pit/'ogiœr (gâter, écraser). Midi,
patoiiillcr. Morv., patonciUcr. Norm., patonlUer, uutrouilU'v,
jxitriijonsser. Pic., [xiti-otnllci^ pdtonlUcr. l'oit., patrouiller^
patlfagncr. Saint , puti-onUlcr-. Suiss. v., pnlrullhi ^fxdrijjola.
Tour., ericaycr. Vx. fr., pfttroiiiller. (V. Ptitriijotcr.)
Patroilloû, s. m., enfant qui s'amuse à remuer de l'eau
sale. Pour tous les mots de cette famille, la prononciation
d'une certaine contrée supprime volontiers le /• (Patouille,
Patouiller, Patoailloù).
Poit., pafr'ouillon.
Pàturiau, s. m,, petit pâturage.
Berry, pàturall, pàtarcrm, pàtnfinu. Il.-V, pàlour, pàlii-
riiiti, pdstourl.aii. yhi'iwe, /Ktfin-as. Morv., patfni-cdu. Nivern.,
pàtiireau, pjâfjiriau, pàttivdil.
Pau, s. m., pal, pieu, poteau.
Lat., palus. Ital., jxilo. Berry et Bourg., pau. Lim., paon.
Mac, j>ô, pan île bciinc (pal à bennes, perche qui sert à porter
les bennes de vendange). Montr. et Morv., pau. Norra., pô.
Poit., pati. Pvov., pal. Sav., palgn. Toul., esptoiin. Wall., pa,
poteau. Vx. fr., pau,
Pauforciie, s. f., pieu terminé en fourche. Les chasseurs
appellent pauforceau le piquet auquel ils attachent le
filet pour pluviers.
Cogn., pauforr/ir. Genev.. paufa- (\ev\ev en fer, et pieu qui
servait à enlever les gerbes des dîmes). Morv., paufichot. Poit.,
paufourclit'.
Paule, s f., pelle, pour le feu, pour le four,
Lat. et Ital., /)«/«. 'BevrY,pali\ pullc Bouvg.. paule. Champ.,
palle. Mac. et Montr., paule. Morv., pall<\ poUc, pâlotte.
Norm. et Poit., pallr. Prov., jHtla. Sav., pàla. St-Am., pôla.
Suiss. v.,pala. Wall., pàl . Vx. fr., pel(\ polie, palle.
Paulée, et Pâlee, s. f , pellée, pelletée, le contenu d'une
pelle
Berry, pallerèo. Bourg, et Montr., paulée. Morv., polletèc.
Norra., Pic, Rouch. et Wall., paléc. (V. le mot suivant.)
Paulée (repas de la), souper qui se donne à la fin du battage,
et ainsi nommé de la dernière pellée de blé que l'on vient
34
306 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHaLONNAIS
de ramasser. {Voir Renard.) Également repas donné aux
gens du pressoir après le pressurage qui termine les ven-
danges. — Quant à rét3'mologie du mot, j'abrège un
article spécial de J. Durandeau : « Pour M. Cunisset-
Carnot, \a paulée est un mot dijonnais signifiant la fin des
récoltes (moissons ou vendanges), et aussi la fin d'un
ouvrage : (( Si le temps reste beau, nous ferons demain la
pôlée des blés... » Mais paulée veut dire aussi le repas de
réjouissance qu'on fait une fois la récolte terminée, et
alors />au/ee est peut-être pour poêlée... M. Maillard de
Chambure est de cet avis. De son côté, Clément Janin
observe que « dans la Côte et une partie de l'Auxois on
donne le nom de paulée à la fête qui termine les moissons;
c'est le tue-chien des Dijonnais ))... Puis Mignard, qui
pille Delmasse, lequel a écrit : (( Lai paulée, repas donné
aux faiseurs de vins après le pressurage, à'epulia : faire
la paulée, se régaler. » Le bouquet de la paulée est aussi
usité chez les ouvriers du bâtiment, qui, dès qu'ils l'ont
posé, ne manquent pas de l'arroser en abondance. »
Berry, poêlée. Bourg., pelée, paulée. Morv., poaalée, paulée.
Norm . , pelée.
Pauler, V. tr., remuer, netioyer avec la pelle.
Bourg., pauial. Champ., /^la/c/'. Forez, paleyi. Morv., palier,
potier. Poit., paleijer. Suiss. r.. palà.
Pautrer, v. tr., marcher sur, piétiner, broyer, écraser:
« Ô t'ia vorteillé su Tsable, épeu ô t'I'a paulré c'ment ein
tas d'pàtes. »
Art., èpôtrer. Berry, pautrer. Cogii., pautriguer (presser
dans ses doigts). Fland., épautrer. Genev., piotonner. Mac,
petougiai. Moiv. , pautrer, ai/nartoiller . Pic, épautrer,
épeutrer. Rouch., épautrer. Wall., épautrer, pautrier, pitié.
Vx. fr., pictler, pieloicr. pietiler, pietonrr, picteller. (V. Tré-
pill'r, Trlper.)
Pauv'e, s. et adj., pauvre, malheureux.
Lat., pauper. Ital., pocero. Ban-yioim., pouer. Berry, ponre,
fioucre, paître. Bourg., pùcre, prô'-e, preiïoe. Bress., paurioa.
Lorr., pore. Lyon., poiiro. Montr., poucre. Morv., ponre.
Norm., jioure, ponret. Pic., jxjure, paure- Prov., paupre,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 307
paiibrc, paiirc. Rom., pou rc. U ouch., po/r. St-Ani., paàcrou.
Toul., paiirc. Wall., /jôr. Vx. i'i'., pnnrc, pdoiir.
Pauv'ment, adv., pauvrement.
Ital., poccramciite. Bourg.. prôrPivan. Lorr., pôniuui. Prov.,
paabrainrn, paitroineiit.. Roueh., pocc.fmcn. Toul., /ladro/twii.
Pauvrôsse, s. etadj., pauvresse, mendiante. En ce mot le r
reparaît.
Morv., paurossCj ponro'<sc, patircllle.
Pauv'té, s. f., pauvreté, dénuement.
Lat., paupevtas. Ital., poccrUt. Bei"rj\ padretc, poiirctc.,
poKPcrd'. Bourg., pôcrctal. Morv., poiireti'. Pic, paucerté.
Prov., paiipretat, paubrctat^ panretat. Rouch., poocrté.
Sl-Ani, peùcrcto. To[i\., /Kuirièfo, pcuirctat. Wall., vocrité.
Vx. fr., poi'ortcit, porcrtè, ponccrtc, poiircté.
P'cHÔ, adv. de quantité, peu : « T'as ein fameux quignôt
d'pain; baille-moi-z-en donc eùn p'chb. » Un ramollisse-
ment de prononciation a fait que certains en sont venus
jusqu'à dire : un m'cAô. (V. ce mot.)
Lat., pattciis. Ital., poco, pochctto. Berry, p'chon. Bourg.,
pcc/iô, poHc/iot, p'chcïi. Rress., pou, pc.c/io, poncho. Bugey,
pou. Jura, pcehot, pic/iot. Lim., pdu. Lorr., pô. Lyon., pou.
Mac, potion. Montr., pochot. Morv., poiclicuot, p'chot. p'sot,
p'son, poué. Pic, p'chot, pohe à pohc (peu à peu). Prov.,
pic/iot, piclwun, pour. Rouch., pou. St-Am . , peu. Sav., pou.
Suiss. r., pcc/iot, pic/ion. WaU., pau, pô, pok. Vx. fr., poi,
pou, pocket.
PÉ, et Pî, s. m., pied.
La.t., pcs. Ital., pici/c. Bress., pie. Genev., piôtc. Lim., pé.
Lorr., /){. Mac, /Jei'V'S. Montr., /hV. Norni., pic. Poit., piotc.
Vvow., pc. St-Am., />//(;'. Toul.,/)é. Wall.,/)/. Vx. fr., pict,
pic. /lied.
Pécheler, V. tr., paisseler, f^arnir d'échalas. Se dit pour
étayer la vigne, et ramer les pois. (V. Pessiau.) .
PÉCHELEÙRE, S. f., paissclurc, petit lien de chanvre. Les
vignerons s'en servent pour attacher, après la taille, la
vigne aux paisseaux. (V. Pesaiau.)
308 LANGAGE POPULAIRE VERDUKO - CHALONNAIS
PÉCHiLLER, V. Ir., niaiiger peu, et presque avec dégoût:
« D'pei'i qu'ôl a été mau, l'opetit ne r'veint pas; ô n'fait
qu'péchiller. »
Bress., pèchlllcr.
PÉcuNiAUX, s. m., argent. Ne s'emploie qu'au pluriel :
(( C'iéqui, ôl et à son afâre ; ôl a des pccimiaux. »
Lat. et Ital., jiccimid. Vx. fr., j>ccuiue, peniiie.
Peindu, part., peint : (( Jarnidié! ç'd biau cheùlu; ses vôlots
sont peindds en vâr. »
Boui'g., piiidu, poiadii. Vx. fr., peiii;:, /xiiiit, painct.
Pelnturlurer, V. ir., peinturer, peindre grossièrement,
barbouiller.
Morv., paùi(carlc!(rci\ Vx. fr., jialiitnrcr.
Peinturluroù, s. m., celui qui peinture; barbouilleur d'en-
seignes.
liai. , /jitiorcllo . Vx. iv., paintnric7\
Pelisse, s. f., fragment de peau de mouton, que l'on met sur
les sabots en en rentrant le bout en dedans, afin d'amortir
la dureté du bois sur le cou-dc-pied.
hsit., pellis. Ita.]., pe II icia. Movv., plisse (semelle en paille
pour les sabots). Norm., pclette. Piov., pclissa. Vx. it., police.
Pelosse, s. f., prunelle, petite prune sauvage.
Montr., ])clossc, poulesse. (V. Pciirnéle.)
Penaillons, s. m., vieilles bardes, guenilles.
Po'it. ,fe/iailloiLS, fieiinilles., penillcs. Rouch., pendci-lor/ues.
Saint., penaillons. Yx. ïv., peiudllon (moine). (V. Pendrillon.)
Pendriller, V. inti'., pendiller, flotter: « Les penaillons, ô
pendrilleint à la bise; y étôt, ma fi, prou peut! »
Bonrg., pa/u/rlllai. Morv., pandriller. Vx. fr., peiidier,
pendeier.
Pendrillon, s. m., ce qui pend, cbifîon ; cordon qui pend
derrière un vêtement mal ajusté: « Aile é, ma fi! prou
bêle, avou tous ses pendrillon.^ pou darrei sa robe! »
Berry, pcndilluchc. Fo'avg^, pcnd'llon. Morv., }>cndrillon.
(V. Pendillons.)
LANGAGE l'OPULAlUK VKHOCNl )-CII ALOXNAIS 309
PÊNE, S. f., ]);inne, graisse gaiiiissaiil la peau du porc.
Gencv. et Vx. h\ , priiuc.
Penei, s. ni., panier.
Berry, pcfjnici\ pèitè, pcrjur. Boui'ii., pfiic'i. Maine, pi'uicr.
Movx. , pciiè. Voii. , pané, j)Ciu\ St-Ani., /.(iiii. (V. Pdfjnier.)
Pénerée, s. f., le contenu d'un panier.
^lovv. , J>éiui"éc . Y*\t.^ jKiijn.crrc, pfdi/iicrèr. \ x. iv- , jKiiivrèc.
Peneù. adj., penaud, inquiet, mortifié, qui est en peine.
^evvy , ]>i'nt'ii.r. Bourg. . /''vtr//. Geiiev.. jx'tiut. Morv. . ///(c».
V\Q.., jK'iii'H.r . Wall . . /j('/(r'M. Vx. \v . , j:cii< n.r. pei.aut. .
Penser, v. intr., faillir, Tnanquer, être sur le point de.
(( 01 a pensé cheûdre. »
Penser (se), v. réfl., mais sens intr., penser : « I in pense
que t'pourôs ben m'rend' les quêtes sous quej't'ai prôtés. ))
Morv., sf /iL'itscr.
PÉR.ÀT, s. m., grosse pierre servant à amarrer un bateau.
Perchôte, s. f., petite perche, perchette, soutien d'un jeune
arbre.
Lat. et Ital., pertica. Berry et Bourg., parchc. Prov.»
pergiicta. p'rrjn, fierja . Wa.U. , ptss. Vx. h., perchette.
PÉRÎ, V. intr., mourir. Le part, est souvent employé subjS-
tantivement pour mort : (( 01 é pérî, » comme en jNIorvan.
Lat. et Ital., perire. Movv., />èfitfe. Prov. etVx. iv.. j>erir.
PÉRÎ (se), V. pron., se donner la mort : (( 01 avot eùn ben
gros torment; y é pou c'qui qu'ô se péri. ))
Fr.-Cté, S(? pèi-i.
Pérôle (la), s. f., marmite de l'équipage des mariniers. Cette
appellation n'est pas la seule qui désigne cet ustensile.
(V. Négresse.)
Pessiau, s. m., paissean, échalas : (( J'ons prou d'raïins
autôr de nos pessiaux. »
Lat. , /K(x///«s. Berry , paUsiau, pessi.o/i. Bourg., pais.seâ,
poicià, po/'çot, poiciot. Da.uph . , pej/ssel. Forez, pei/s.'iai/. Fr.-
Cté, pdlssL'l, puis.>eaii. Genev., paf^sei. Lang., pm'.-isel. peissel.
Lyon., paissean, passeau. Morv., palchà. pctiau. Prov.,
yiO LANGAGE POPULAIRE VERDUNO -CH ALONNAIS
p'dssi'lh, priisscl. ïiom., pai.iscl. pni/sso. Sa.y ., pac/iô, passai.
Toul., paj/ssêl . Vx. fr., paisscl^ paisscaii, paisson.
Pessie, et P'ssiE, s. f., vessie.
Lat., vcsica. Ital., vcssica. Bourg., meujie. Piov., ccsica,
cesi'ja, veissigu. Wall., cesscte, Vx. fr., cesie, cecte.
Pkt, s. m., pis, mamelle de la vache : (( Dis donc, p'tiot, tes
vaiiLies sont ben crotoûses; quand on lieu tire le lot, i dèt
pas été ben prôpe? — Ah! si; on lieù-z-y lave le pèt. » —
L'orthographe pè ou pei serait préférable; elle anéantirait
une forme qui soulève inutilement une idée d'incongruité.
L'\[., pi'i^fKs. Ua.\., petto. Bourg., /)('(". Genev . , pètrc.pritrc.
Maine, /"'. Montv. , pet . Morv., [)é. Prov., pcc/i, peit, piec/i.
/lieif, perjr, pi t. St-Am., pirnr/w. Wall., pë. Vx. fr., pect,
pi:: (seins).
Petas, s. m., chiffons, pièces pour nipetai^ser
Mac, peta. Poit., fietas. Saint., petat. Toul. , pelas.
(V. Pâte, Patin, etc.)
Peta.s.ser, V. tr., rapetasser, raccommoder de vieilles hardes.
Foriez, petassa. Poit. , petasser. Rom., padassar.
Petassoû, s. m., ravaudeur, fripier, celui qui commerce en
vieux chiffons.
Toul., petassnu.
Peteû, adj., honteux, timide, craintif : « Oh! l'drôle de
Jean-Jean! 01 é là d'vant vous c'ment eùn peteù! »
Liin., pètoù .
Peteû, s. m., roitelet.
M ic, ptea. (V. Roitelet.)
Petî ! s. m., cri dont se servent les paysans pour appeler les
poulets : « Peti! petî! » — Se dit concurremment avec
petiot.
Petiot, et P'tiôt, s. et adj., petit. Ce mot, qui nous est
si familier, se trouve en de nombreux exemples de ce
vocabulaire.
Lat., t<-ni{'S. ltA\. , piccolo . honvg. , petiô. petic/nô. Bress.,
pciiot, pctiet. Bugey, petion . Dâuph ., petiot. Fr.-Ctè, pcr/iii-
giiof. 'jenev., petiot, petiolct. Lira., piti. Lorr., pequial.
LANGAGE POPULAlHK VERDUNO-CHALOiNNAIS ."> 1 1
Mac . pcils. Montr., petiot. Morv.. /•'rion. petiot. Norm.,
tiot. Pic. piot. p'tiot. p''/i/iut, f/niot. Roncli., p'tiot, tiot.
St-Am., peti. Sav., pctiu, petioit. 'l'oul.. fiir/ion, j)ic/tot.
\\d\[., petiot, tiot, piti. Vx. fr., petiot, peti;, petit;;.
Petiôt-baisselon, s. m., liouc de petite dimension, servant
à sarcler le sarrasin.
Petiôtement, adv., petitement.
Pvov ., petitement. Rouêh. , j')tiote/)ten . Vx. i\-..petiteni'-iit.
Peton (peiiôt ), s. m., pelit pied. Quoique peton soit déjà
un diminutif, nous disons très \^olonliers : (( Tes petHjtn-
peton^. »
\i?i\. , pcdiao. Fr.-Cté, />'"o/i. Maine, péton . ISIoi'V., pinri,
peton. Kouch., pe ta t. Suiss. v., pion (pied de bas). Toul.,
penet. Tour., p'Hons. Wall., pèiot. Vx. fr., peton.
Pétrà, s m., empêtré, lourd comme une pierre, sot, gros-
sier, niais : (( Que gros péirâ! »
Bonvg., pétr. Bvet. , petra. Marn., petrat. Morv. et Norm.,
pètra. Poit., pétvâ.
Pétrissoire, s. f., pétrin.
h^i., pistriniini. Boarg. , prête (pétri). Fr.-Cté et Genev.,
pètri.<.-^'>ii-(' . Lyon., pâtrièi-e. Pic, pertrissoir. Wall., prtis-
tein. Vx. fr., peati-in. (V. Mée.)
Peu, adv., puis, ensuite, d'ailleurs.
Lat., post. Ital., poi. Bourg., j)eix. Forez et Morv., peu.
Pvov ., poiii, paois, pdeis, pos, pus. S--iV.,poai. Toul., péj/s-
sou/i. Vx. (v., post, pui/s, puissec/i (depuis ce jour). (V. Epeù.)
Peùce, s. f., puce.
Lit., pulic. Ital., pu.lee Bourg., peiice. Lyon., pu:;i.
M.ot\U'., pu'ie. Pic, puchc. Poit.. piouse, piousèc. Prov.,
piu:;e, piat.;. Yiowch ., ji au che, poche, puehe. St-Ani., puzc.
Tou\., pui/se, piouse. V^^iûl., puc/ie, poiiss. Vx. fr., pulee,
jiuchc .
Peùce, s. m., pouce.
Lat t poliex. ][a.\., polliee. Amiens, pu uch. Bourg., peiice.
Breifi. . poge. Fland., pauc/ic ^lontv .. pou;/e. Morv., peuce.
Pic, peu, peuce, /leuche, /lOuc/ie. Prov., polce, pouse,
312 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALOXNALS
po^c. poitA, ponf; . ^l-kva. , pn;oa . AVall.. pôss, poù.îs. Vx.
t'r.. p'iiif/i, pdiic, poii:<!^(', potdcf.
Le Petit Poucet devient Pôgcrl dans nos vieux contes.
Peùc;^le, s. f., pucelle; Il n'est pas de Noël où ce mot ne se
trouve employé pour désigner la vierge Marie.
Ital., pnicclla. Berry, plnccHe. Uress., peiiça la. Prov.,
jv''icrl(i, pii:ac''la. Rouch., pucliclc. Vx. fr., pucelc, pulcella,
jjtiii-rlc.
Peùceron, s. m., puceron.
lievi-y, piôson. Rouch., piichero/i. Vx. fr., pnlçon, pulçof.
Peû.nAs, adj., punais, qui exhale une mauvaise odeur par le
nez.
houvg-, p''na, pt'iiai. yioniv. , penas. Morv., pcanâ . Pic,
pnuuàsc.-Vvox ., patnais. Vx. îv., /xir/nès, punés^ panes.
Peûn.vse, s. f., punaise, hôtesse a.charnée et puante de cer-
tains lits.
Bourg., /)(?/ia»?t'. Fland., pnaassc. Lille, punac/w. Morv.,
pci(/i<i:;e, peunâiUc, p'ad/'e. Rouch., piina.-ise, panache. Vx.
fr. . pinjnesc .
Peûxitance, s. f., pénitence.
Lat., pœnitcntia. Ital., pi'niten^la. Bourg., pegnitaacc .
'\lo\'v .. pcanltence. Prov., pcnitcncia, pcneden^a, pciitciua .
Vx. fi'., peuitaare, penitenche, peneance.
Peuple, et Peûpier, s. m., peuplier.
Latin. /'0/9/;/'<s. Ital., pio/ipo, popolo. Aan'i^, pihlc. Barry,
piiiipc, pou/ilc. popidicr, popelicr. Lang., piboal. Lyon.,
p'ibli}, piifo. Montf., peaple. Morv., peuple, plplnier, pipl-
Ijner. Norni . et Pic, peuple. Poit.. poapc, popalon. Prov.,
pibonla. Rouch., peaple, poupier. Saint-, populot, poaple.
Sav ., pchle. 'Voa[. , pihoal. W-àW., poapcer. Vx. iv., pouplier.
popalier, popilwr.^ popliei\ puii/x/lin.
Peùrée, s. f , purée, bouillie. On fait chez nous d'excellentes
« soupes à la purée » : de pois, de haricots, de pommes de
terre.
Bas-lat., purca. yiovx .-, peurèc. Vx. h . , purée .
Peùrge, s. f., purge, médicament purgatif.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 'U3
Ital., piii'iia. Genev., pnrijc. H"" Auv., pnrd^a . Moiv.,
pcnrr/e.Xx. ïv., purge.
Peùuî, V. intr. , pourrir.
hsit., piiircrc. Ital., imputridlrc. Bourg., pôvrti . Morv..,
pcnvl. pari. Prov., poirir. St-Ani., piiri. (poun i). Vx. fr.
purir, purrir, porrir, potmrijr.
Peûriau, s. m., purin, urine des bestiaux, recueillie dans
des réservoirs, et qui sert à certains arrosages dos terres.
Rouch., pnriau.
Peùrier, V. Ir. , prier, supplier.
hht., pi'ocari. lta\., pr-rr/arp. Buvvy, p"'i'r/'i\ vei/er, poûrlcr •
Morv., pruricr. Piov., prt^ipn-, prcçjtiar , prcipiv. Saint.,
pciiricr. Vx. fi'., proicr, prcicr.
Peùriére, s. f., prière, supplication. ' ■
Lat., prccatlo. Ital., preghiern. Berry, prèi/ùre, pcriècrc.
Bress., jireiilrc. Lira., pràji'ro. Morv., pcurlcro, pcuricle. Pic,
pragére. Pvov. , [tnigicicra. Vx. fr., proicre, prcierc.
Peûriteùre, s. f., pourriture.
Berry, ponrritancc. Morv., pcurltcnrc. Prov., poirldnra,
ptirldiira. Vx. i\\, piirrcturc, porrcture.
Peùrnant, part, du v. prende, prenant.
Berry, pi'riiant. Vx. ir., pren.it n^^ peinant.
PEÙRNE,et Preùne. s. f., prune.
Lat., prunum. Ital., prugiia. Bourg., prenne, preugne,
peiirne. L\l\e, pmnnr'. Lyon., porna. Mac. et Montr., prenc.
Morv.. peurne. Pic, proiine. Prov., prnna. Rom., prone.
Roueh., prone, praune. Sav . , pronna. WsiW. , pronne, preiinn.
Vx. fr., prune.
Peùrnei, s. m., prunier.
Ba.s-La,t., prnnarius. Bourg., prene'f. Mor\tr., prené. Rouch.,
pronier. Wall., pronnler. 'V^K. fr., prunier.
Peurnéle, s. f. , prunelle : « J'ai évu ben des psùrnéles ;
j'vons en faire de la boisson. »
Berry, preunellc. Bourg., peurnaUc. Morv.. peurnais, peur-
ncllc. Prov., agrena.Yx. fr., purnclle, plonele. (V. Pelossc.)
35
314 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Peùrn'lei, s. m., prunellier.
Berry, prciincllier, pciirneliier. Bourg., pcurnelai. Morv.,
pcuraclè. Prov., agj-cnier. Vx. iv., purnelicr.
Peùrnez, impérat. du v. prende, prenez.
Bourg., pcHvnci. Loir., pcrno.;.
Peùrniau, s. m., pruneau.
Bas-Noi m-, /)/•«/»'««. Berry. pctirniati. Boiwf:.. prcnià. Bress.
et Il.-V, prnnlau.
Peùrnoû, aclj., preneur.
Ital.. prciuHtore. Bourg., prcnon. Morv,, pcurnou. Piov.,
prciididor. Vx. fr., prcndcor, prc/icor.
Peùrnu, part, du v. prende, pris.
Bourg., prciiK, pria.
Peùrtauger, v. intr., patauger. Au figuré, faire mal les
choses, mettre le désordre : « Ah ben, voui! J'ai vu dans
son ormoire. Pauv' linge ! y é prou peùrtaugé! »
Montr., pvctaugcr. Norm. , patôchcr. Wall., padgtè, paglè.
Vx. fr., patoier.
Peûrte, et Porte, s. f.. porte.
Lat. et Ital., porta. Bout'g.. pote. T)auph., porta. Lorr.,
pôtc. Lyon., porta. Mac, pourtc. Marcig., paôrtc. Prov.,
porta. ^t-Am. , peiirta, paarta, Yx. fv.. porte.
Peùrter, et Porter, v. Ir., porter.
Lat. et Ital., portarc. Berry, pourtcr. Bourg., pota'.. Bress.,
pcurtè. Dauph., port<;. Lorr., pôtvr. Morv., pourtcr. Prov..
portar. Vx. ïv., porter .
Pei^vf, adj., laid, désagréable.,, sale, méchant : « Oh! l'peiJt!
v'tu ben te t'cacher! » — (( 01 a peut âr. peùte façon. » —
M. Jouve constate que ce mot est un des plus anciens du
patois lorrain. Il le soupçonne d'origine celtique. Ce mot
est bien aussi ancien chez nous. On a même appelé le
diable : « le Peut. »
L.a.t., putidus. Bonrg., peu, peut. Fr-Ct', petit. Jura, Lorr.,
Motilr. et Morv., peut. 8t-Ani., Icdou.
Peùtf.fin, s. f., fin triste, di'plorable, malheur, catastrophe :
« O va mau, l'gas; ô Ve^ psùtejin. » — Pour cette locution.
LANGAGE POPUF.AmE VERDUNO-( H ALONNAIS ol"5
J. Guillcniiu dit. qm^ la Bresse clialonnaise a le vcrh)3 pcii-
tefener.
Bourg., pcnteflii. Danph., pctalhi. Forez, pidafin. Lang.-
piitofi. Lyon., pidafin. Montr. et Morv., pcutcjhi. Vx. fr.'
putcfi, putejin.
Peùtement, adv. , laidement;, vilaiiiemeut.
Morv., pcutcmcnt .
Peùvez, 2o pers. pi., ind. prés., pouvez.
I,orr., peurè.
Pî, s. m., pic, instrument de fer, pointu des deux bouts.
Ital., /)Acco/if. Berry et Morv., /)/. Prov., pic. Vx. [v., pis
Pî, s. m., petit morceau de bois, appointi djs dea\;bouts,
que les enfants font sauter à l'aide d'un bâtonnet. A chaque
saut du bois pointu, les joueurs, sans s'inquiéter de com-
prendre, disent : « Pi! mi! trois-picotis! » Qu'est-ce que
cela signifie? Les Limousins appellent ce jeu picotai. Il y
a là une analogie frappante. Un poète de Limoges le
nomme killola (?). — Les Normands du Bessin appellent
le petit bâton pointu piv!i, et le lancent à l'aide du haculo,
' hagulot. — Les Genevois disent aussi haculo. — Les
Foréziens ont donné au jeu le nom de baculon, nou\ elle
analogie. Ils l'appellent encore quinet, et ils ont le mot
pi-côte pour dire courte-échelle.
PiÀLER, et PiÔLER. v. intr., piauler, crier. Se dit du cri des
enfants, des oiseaux, et des volailles
Itàl., pi;/olarc. Berr}^ pioulcr. Bourg., piaillai. Champ.,
piailler, piailler. Forez, piôld. Fr.-Cté, piauler. Genev.,
piiiler, piiiler, piauler. Il.-V% qaérier. Lim., piaulas. Maine,
pii/ner. Morv. et Norm .. piauler. Saint., piâler. Suiss. r.,
pioula. Toul. , piaula. Vx. fr., /a'oler. (V. Piauner, Piner.)
PiÀLOÙ, s. m., qui piaule, qui crie.
Vx fr., piaulcur.
PiÀRE, S. f., pierre.
Lat., petra. Ital., pintra. Bourg., piarrc. Bress., piare .
Lim., peira. Lorr., pirre. Prov., pi'tra, peira, /lei/a. St-Am.,
piàra. ?>a,v . , piera. 'l'oal.. /n'i/ru. Wall., pir. Vx. fr., /lierc,
pierre.
316 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO- CIIALONNAIS
Pi AU, et Pl-\, s. f., peau, épidémie : « 0 n'vout pas aller
s'bât' ; ôl a peur pour sa pian. » (Ne pas confondre avec le
mot suivant.)
Lat-, pcllis. Ital., pelle. Bas-Norni., piaoa. Berry, piaii.
houvg., peoj piâ. Bvess., piau. DaMph., pet. Gasc.,/3e/. 11. -V%
pian. Lira . pé'i. Mcàc, piau. Movv. , peai, plan. Norm., pian,
pelettc. Pic, pieu, pian. Poit. , pca, peai. Prov., pel, pcl/i.
Rom., pé. Ronch.. f/ian. St-Am., pc. Sav., pian. Toul., pel.
Wall., pai, pian. Vx. fr., pel, peal, piuu, piax .
PiAU, S. ni., poil, cheveu. Ne se prend pas voloniiers en
bonne part. On ne dit jamais piaujc pour parler des beaux
cheveux d'une femme.
Lat., pHns. Ital., pela. Boui-g., //ai. Bress., pai. Foiez,
peliuc/ii. L\m. , piàii. Mkc, pa;/. Poit., pian. Prov., peil. Sâv.,
pà. Vx. fr., pcil, peal, poil. (V. Foi.)
PiAu-MORTE, s. f., durillon, aux pieds ou aux mains, cor,
œilde-perdrix.
Plauner^ \. intr , crier comme les oiseaux de basse-cour.
Fr.-Cté, pianner, pionner. Jura, piùnev. Moiv., pianaer,
pioniier. Norm., p'anar. (V. Pidler, Piuer.)
PicoN, s. m., gouvernail de môme genre que l'empeinte,
mais plus court et placé à l'avant. Terme de marine
fluviale.
PicÔT, s. m., produit du chardon pir/nblot. (V. ce dernier
mot.) Par leurs mille crochets, ces petites têtes s'attachent
aux vêtements. Les gamins s'amusent à les lancer sur les
passants, qui ont du mal à en débarrasser leurs habits.
Aux promenades du dimanche surtout, cette espièglerie
triomphe.
Picot, s m., pointe, aiguillon, épine, écharde, tout ce qui
pique : « Prends garde à tes dèts, p'tiote ; la branche a
des picots.
Bourg., picot. Morv , jtiipiot. Poit. et Rouch., picot. »
Picote, s. f., petite vérole..
Morv.,. i5flro/e. Norra., cèrcitc, cèrenlc. Poit., picotte. Piov.,
ceirola, pichota. Toul.. picoto.
LANGAGK POl'UI^AIRK VKRDdNO CIIALONNAIS 317
Picoté, adj., marqué do la petite vérole : (( La pam'lillc!
aile é restée la figure toute picotve. »
Morv., picassc.
PicÔTis, s. m. (V. Pi.)
PiDANCE, parfois Pitancur, s. f., pitance. A aussi l'acception
de bonne cuisine, gâteau, etc.
Bas-Lat., /Jfc/lonf/a. lUi\., pictaii.ra. Yiovry. pida/icc. Bourg.,
pitaiiic/ic, pldance. Genev., pidancc Morv., /^/(/«/tce (maillet).
Prov., pi(tta/tsa, piedaiisn .piilan^a. Vx. fr., pitandic.peddiLCc.
PiDER, V. tr.. mesurer, avec le pied ou une paille, la distance
d'un palet à un autre. Expression dont se servent les
enfants qui jouent au palet.
Genev. , pidcr. Sav. et Suiss. \'.,pldà. (V. p'ifjer.)
PiDiÉ, s. f., pitié, compassion.
'Ldii., pietas. lidi\., pl'-tn. Berry, pinaw. Bourg, et Bress.,
pidià. Forez, pidn. Fr.-Ct('', puli . I,im., picita. Mâcon., pcdji.
Montr. et Morv., pidlc. Poit., pidi , pidè. Vïov., pictat, plaint,
pitat, pidat. St-Am,, pcdijà. Toul., /datât. Vend., pldàù.
Vx. fr., l'itc, pitvi, /iitc..~.
PiDiou, adj., piteux, pitoyable, qui inspire la pitié
Béarn, picta((oiis. Bress., pldion. Lyon., pidoti (coniiia-
tissant). Montr. ,/^/i'//o/^. \loiv.. /lididulc, jjidion. Poit., /ik/ok.
Prov., piatable. Saint., j>idons. TouL, plctadous. Vend.,
pldou. Vx. fr., /dteatjlc., jiituible, pdons (plein de pitié).
Piéton, s. m., facteur rural : a J'atendons Vpiéton, raport
aux nouveùles du p'iiot. Si ù veint xhe, j"li baillerons à
bouére eîin bon cùp. »
Ital., pedoiic. Genev . , /noton. Mo;\- , pictoii. Prov.. pc.;o,
pcoa. Sav ., pcdoii. Wiûi. . pito/t.
PiFRE, s. m., pif, nez gros et bourgeonné. Jadis on se faisait
presque gloire de cette décoration du buveur.
Berry. /;('/'• Bouig., /hY/'/'c (gars). Norm ., /)//'. Poit.. piJJ're.
Prov., fd/JUrt (replet). Toul. , /^///'c (fifre), /y//a»n gros pendart).
Vx. fr., pijrc (gourmand).
Pige, s. f., mesure, point de comparaison, et aussi attrape.
Berry, pige (mesure, et piège), Bourg., pl;jc. Geuev., pidc.
Morv. , pif/c, pisc.
318 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO - CHALONNAIS
Piger, v. tr., mesurer, particulièrement au jeu de bouchon,
où l'on a à constater la distance des sous.
Berry, Bourg, et Morv., piger. (V. Pldcv.)
Piger, v. tr., attrappar, tromper et dérouter quelqu'un qui
médite un projet mauvais : « L'aut' voulôt l'mét' dedans;
ma ô l'ia brament pigé. »
Berry et Pic, phl^''^-
Piger, v. tr., écraser, fouler, aplatir avec les pieds. On pige
le raisin dans la cuve; on pige et avarie une récolte en
marchant dessus ; on pige la terre pour la durcir, etc.
Bourg., Bress., P'orez, Montr. et Morv., pii/cr. Poit., pi;/cr
(creuser, piquer). Sav., pifjcr (écraser la pomme à cidre).
(V. PauCfcr, Piler.)
PiGNARD, s. m., peigneur de chanvre.
Forez, pi/j/wres. Movv., pirjiiai\ pigiiàroa.
PiGNE, S. m., peigne.
\.ai%., pecten. Mal . , petti ne . Berry et Bourg., pignc. Mac,
peignic. Montw, pigne. Movv., pingiie, pi;/ne. Piov., pif/no,
, penche. Sav., pêne. Suiss. r., pi'jna. Vx. fr., pigne, piegne.
Pigne-cu, adj. m. et parfois subst. , être sale, méprisable,
homme de rien, servilo, hypocrite.
Rouch., penecn.
PiGNÉE, s. f., peignée, roulée : « Ah! j'te li ai fichu eùne
pignée. . . ô s'en sôvenra. )) — A de noinbrcux synonymes.
Bourg, et Moiv., piijnée.
PiGNER, V. tr., peigner, démêler.
Lat., pcctiaare. îtal., pettinare. Bouig., plgntd. IL-V',
peugner. ^Slorv., pigner. Prov., pcuchen<ir. St-Am., pgeaé.
Sav-, pend. Wall., peigni. Vx. fr., pigner, pignier.
PiGNÔLOT, S. m., chardon à foulon. J. rUiillcmin cite ces
deux vers du cru :
Les chardons, les pignolos
Etaient pour /noi des roses.
Ce chardon sert de peigne dans l'industrie du foulon.
(V. Picot.)
LANGAGE POF'ULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 319
PiLK, S. m., inillol cuit cl prêt à être mangé. Mets jadis assez
répandu.
Bve^s., pile, pf'lc.
Piler, v. tr., piétiner, fouler aux pieds.
Lat., pilare. ]ta\. , pillaro. Il.-Y% piler. Pvov., pilar. Vx. fr.,
piler. (V. Pautrer, Piger.)
PiLURE, s. f., pilule.
Lat., jnlula. ÏVà\., pillola. Rross.. pilare. Prov., pillula.
Wall. pcll. Vx. fi'., ]nhile.
PiMPÔNER, V. tr., pomponner, parer. Ce verbe implique tou-
jours l'idée de prétention : « Ah! la p'tiote drùlesse! I
n'sais point trop c' qu'ail' deveinra; ma ail' se pimpone
gros. ))
Genev., se pouponner. Isère, pinipona.
PiNçÔT, s. m., pincée, minime quantité d'une chose.
Fr.-Cté, pinçot.
PiNçÔTE (à la), loc, à la pincette, exprimant une agacerie
gentille. Les enfants se disent entre eux, et les mamans
aux bébés : « Bise-me k \a, pinrijle », quand ils désirent
que l'enfant les embrasse en leur prenant les joues ou le
menton avec ses menottes.
Bour^;:., pinçôte. Fr.-Cté, pineoite. Wall., pisseil.
PiNçÔTES, s. f. , pincettes, instrument du foyer.
WâU., pissett. Vx iv., p'ucet/e.
PiNER, V. intr., piauler. Se dit des poussins, et aussi des
jeunes oiseaux, (jui jettent de petits cris et commencent
leurs chants. — Autre acception : quand l'enfant embrasse
la mère, la mère dit à l'enfant : « Fais piner », c'est-à-dire
fais chanter ton baiser.
Morv., pi/icr. Nonn., pi;/nei\ picler^ pigler. Saint., pi/ner.
Wall., piler.
PiNGÔLE, s. f., perche, gaule. Se dit principalement des per-
ches ajustées au-dessus de certains puits pour lircr les
seaux, le gros bout faisant bascule : « Va qu'rî le siau,
écroche-le à {"x pinrjàle, et tire-nous de l'iau fràche. »
320 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALONNAIS
PiNJON, S. m,, pigoon.
Lat., pi/iio. Ital., picclonr. Bourg. . rn'/ijnn. Norm. et
Pic, pinr/eon. Pïov., pi/on. \Ya\l. , pic'oii. /xïrion. Vx. fr.,
pignon, pif/on, pcnjon.
PiÔLÉ, adj., qui a des lâches de rousseur: « Ali! voui, je
l'counais; y é c'iu qu'é tout piôlé. ))
Berry, Morv. et Vx. fi=.. plnlc. (V. Pipolù.)
PiÔNE, S. f-, pivoine.
h^t., pu'on i(/ . It'dl. , pconia. Genev., piroine (m^^c). Norm.,
pione, pianmc. Vie, pione. Poit., pilonne. Roucli., plone.
Vx. l'i'., /ij/onc.
PioucHE, S. f., pioehe.
Bas- Lat. , /)/oe?;.s. Bevvy, plcuche, pleuche. Morv., plenckc,
plccho. Vx., pioc/ict, pleuche.
Pioucii(-:r, V. tr., piocher.
Berry, plenc'ici^ pleacher. Bourg., pleiirhal. Morv. ,pleitc/ter,
plencer. Vx. fr., piocher.
Piper mot (ne pas), loc, ne pas souffler mot, ne rien dire.
Morv., piper n\ot. Vx. plf)er.
PipiE, s. f., pépie. Incommodité bien fréquemment ressentie,
et qu'on augmente en clierchnnt à l'npaiscr. Le couplet
suivant est trop d'à-propos pour ne pas être cité. Les
buveurs le chantent à cœur joie :
Hein! Itelttl behcons donc
De ce /V/s, le inelUenr (ht monde!
Ileln! hein! benrona donc
De ce jus, car ôl é hon!
Si j'n'cn l)eùcl/is pns,
J'airlns hi pi pic ;
Si f II en heltilnt^ pas,
J'airlns le li/iiipi((.
Je ne suis pas fixé sur le sens de ce dernier mot, que
j'ai aussi entendu : larnpin. A moins qu'il ne veuille
exprimer le besoin de Lainper? . . . (V. Sétier.)
Lat., pilnlla. Ital., plpltn. Bourg., pi pie. Genev., plpl.
Lim., pepldo. Lyon., pipi. Morv.. pipée. Prov., peplda.
Houcli.. jnple. WalL, pepln. pcpeln. Vx. fr.. pejilc.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 321
PiPOLÉ, adj., qui a le visage plein de taches de rousseur.
Étoffe, drap piqués : « AU' se creit gentite. Ah ben,
vouiche! aile ê ben trop pipolëe. »
Bress., />f/Jo/c'. Montr., pipé. Morv., pipe, pipolc. Poit.,
hvc^olai, pignevli.
Le Normand appelle ces marques tacht^s de son. {Y. Ploie. y
PipoLER, V. tr., marquer de taches, de points, pointilier.
Pique (prendre la), loc., se piquer, devenir hostile, se
brouiller, prendre la mouche.
Vx. fr., picque.
Pique du jour (à la), loc., à la pointe du jour : (( Y et ein
rude piouchoù; ô part à la pique (hijbi\ »
Jura, piqueta du dzon. Movy ., pi(/iic, pirincite doit jor. Poit.,
j)l(iuelte lin jour. (V. Pile.)
PiQUE-FEÙ, s. m., tisonnier. Très efficace pour provoquer la
mitraillante éruption des étincelles.
Piquet (compter au), loc, se dit d'une chose importante:
(( 01 évôt pinte dépeû l'maitin ; quand ôl é rentré, sa fonne
li a fichu eùne tripotée qui comptât au piquet, n Vient
évidemment du jeu de ce nom.
Genev., même locution.
Pire, s. m., empire. Rive gauche, en terme de notre ancienne
marine fluviale : « Vira de pire! )) Tourne du côté d'em-
pire! c'est-à-dire du côté de la rive gauche. (V, Bvonquev,
Riaume.) — Depuis que notre mot Tj/'onç-î^er est imprimé,
J. Durandeau, dans sa piquante étude ^\xt Les deux Bour-
gognes, a donné une varian-te curieuse des deux mots Pire
et Riaume. Il a recueilli ceci : a Tra-ré » [trans regnum),
côté de la Saône appartenant au royaume de France;
(( tram-pi )) [trans ijnperium), côté du rivage franc-comtois.
Cela pourrait sembler ingénieux; mais c'est très vraisem-
blable.
PiRÔLE, et PiRAULE, S. f., tcrmc dont se servent les mariniers
pour désigner le repas, les mets : « Préparer la piràle;
manger la pirôle, de bonne piràle. »
36
322 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
PiSQUE, conj., puisque : « Plaque y é c'qui, va ben! »
Bas-Noim., /)(e/s7?/e. ^owv^., puque. Genev., puiqiic. Il.-V",
plsque. Loi'i"., peaqae, pisqae. Mac, pi-que. St-Am., pichqiie.
Vx. h'., puisque.
Pisse, s. f., pissat, urine: « Ma fi, voui, dans ton escayé y
sent gros la pisse de chat. »
Champ., pichon. Genev., pisse. Lille, pichntn. Mac, jnssi
(pisser). Morv., pic/tot. Rouch., pissiate. Wall., picliate.
PissERÔTE, S. f., pissote, canule, petit canal, gouttière.
Moi'v., pichcvottc.
PissoTiAU, s. m., récipient pour le soulagement des buveurs
de cabaret; parfois moitié de vieux tonneau.
Rouch., pissotiau.
Pissoû, ad]'., pisseur, particulièrement le buveur.
Lille, pichoUx. Morv., pichou. Rouch. , pissiou. Wall.,
picliou,
PiTE, s. f., poule toute jeune, qui n'a pas encore pondu.
Bress., pite. Moiitr., pi/c. Morv., pi(e. (V. Poiineùse.)
PiTE, s. f., uniquement employé dans cette locution : « A la
pite du jôr », pour : au point du jour, à la pointe du jour.
Ital., punta. Bourg., jiiquc du jo. Mac; pequc du j'ou.
Prov., poncha, punta. Rouch., piqueté du jour. Wall., pont.
Vx. fr., puinte, poincte. (V. Pique du jour.)
Pitou, s. m., putois.
Bas-Lat. , pntaclus. Ital., pu;.c:ola. Berry, chat-pitois.
Boni'g., pi tiei'i, pitô (fouine). Montr., pitou. Morv., pitois.
Nonn., pitou. Vx. ir., putois.
PivER, V. intr., tourner sur un pivot, pivoter. Un enfant dit:
« J'fais piver ma fiarde, » quand celle-ci tourne, pour ainsi
dire, en dormant.
Bourg., picai. Champ., pilcottcr.
PiYOCHER, V. tr., pignoclier, manger malproprement : (( Y et
eùnmauprôpe; ô n'fait quepiïjocher dans son eissiéte. »
Bevry, pignocher. Forez, pignorchd. Genev., chafouillcr .
haus., picliogiier. Lyon., pillocher. Neufch., pichonner.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 323
PiYON, S. m., envie, petite languette de peau qui se soulève
autour des ongles, et qu'on a tort d'arracher.
Bvess., pt lion.
PiYÔT, et PiYEÛ, s. m., thym, plante aromatique utilisée en
cuisine. Il y a une sorte de pij/ot sauvage, que les Ijonnes
femmes vont « racoter » pour en préparer des infusions
contre le rhume.
Bress., pillcu. Morv., poiilot.
Plaice, s. f., place publique. La nôtre a son côté ombreux,
sous ses larges platanes plantés en 1811.
Lat., platca. Ital., pia:;za. Bourg., plaice, plaice. Mac,
plautre. ]SIontr., plliaiç-he. Morv.. plaice. Pic, plache.
Prov., plassa. Vx. iw, plache, place.
Plaignoû, et Plaignard, adj., qui se plaint, et souvent
sans raison.
Morv., plaiadou, plaingnou.
Plaignu,, participe de plainde, plaint.
Morv., plaindu.
Plainche, s. f., planche. Les scieurs de long en façonnent
avec les longs sapins qui nous arrivent.
Lat., planca. Montr., plionchc. ISIorv., plainche. Pic,
planke. Prov., planca, plancha, planqua. Wall., plang .
Vx. fr., planque.
Plaincher, s. m., plancher, fenil, grenier, resserre au grain
et au fourrage.
Movy ., plainche. Prov.., plancat. Wall-, planchi. Vx. fr.,
planchicr.
Plainde, v. pron., se plaindre : « On l'entend toior plainde ;
ma, vouah ! ô né pas si mau qu'ô veut ben dire. »
Berry, se plainer. (V. Plainder.)
Plainder, V. tr., plaindre.
Lat., plangere. Ital., pianijere. Berry, plaïner. Bourg.,
plaindre. Prov., planhcr, plaigner, planger. Toul., plaigne.
Wah., plalnd. Vx. ir., plclndre, plaindre. (V. Plainde.)
Plain-nk, s. f., plaine. Nous en avons de vastes, couvertes
de beaux champs de mais.
324 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNALS
Ital., plana. Bourg., piai ne. Prov., plana, planlia, plaujna.
Vx. fr., plaigne.
Plaisu, part, du verbe plaire, plu.
Morv., plâïu.
Plate, s. f., bateau plat pour les laveuses. La plate est un
lieu de prédilection pour les « jasons » et les cancans de
la ville. — On donne aussi ce nom au grand bateau du
bac, dans lequel on passe chevaux et voitures.
Ital., platta. Lyon , plata, plattc .
Platiau, s. m., plateau.
"Lille, platlaa, parler plailau (parler patois). Genev ., plateau
(madrier). Wall., ptatai, platiau. Vx. fr., plalel.
Platine, s. f., poitrine, dans le sens d'organe propre à parler
fort et longtemps : « Ah voui! c'té-là, ail' vous en a eùne,
de platine. N'y en a qu'por elle! » — Encore aile et elle
ensemble.
Mac, platcnc.
Plâtrée, s. f., platée, contenu d'un plat copieux.
Pic. et Vx. fr., platelée.
PlÀyant, adj., plaisant.
Movv ., plaïan, pldhiant. WaW. , plalhan. Vx. iv., plaisant.
Plàyi, s. m., plaisir : <( Si j'veins por iqui, y é pas tant por
mon plàyi. »
Ital., /Jf'acc/'^?. Bei'ry, pliasl, plaisl. Bourg., plaul, ptâsi,
plaij'i. Bress., /)/a//.s/. Champ., plarji. Dauph., plei.;(. Lim.,
plo^èl. Lorv. ,pièhl. Morv., pldi, plaihi. Pvov ., placer . St-x\m.,
pU'ul. Sav., pliaisl. Vosg., plahi. Wall., plaisl. Vx. fr.,
plcsir^ plaisir.
Plàyi (au)! loc. elliptiq., au plaisir! Jetée tout court de la
sorte, elle veut parfaitement dire : « Au plaisir de vous
revoir! »
Plein-nôt, s. m., planche assez forte et large, posée de la
terreau bateau, pour qu'on puisse y entrer ou en sortir.
Plessis, s. m., haie vive. (V. BoucJiure, Palisse.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CUALONNALS 325
Pleùdre, et Plôdre, V. intr., pleuvoir.
La,t., p lucre . lta,[., pioocre. Berrj', jilctirc, plenvo. Bourg.,
plcucre, pieitiarc. Bress., piôre. Daupli., il plot. Moiitr.,
pllioure. Morv., picurc^ picadrc, pleure, /)luirr. Norm.,
pleudrc. Pi'ov., plooure, ploure, piuoure. St-Ani., ploucû.
Wall., plour, ploure. Vx. Ir., pluccir, ploucocr, ploooir,
plui/r.
PLEÛë, s. f., pluie.
Lat., plucia. Ital., ploca. Beri'v, pleue. Bourg., />leu(/e,
plcuc . Bress., plô;e, piô . Dauph., pleici. Fr.-Cté, pleuije.
Genev., plioi]e, plio;c, plio(hc. Jura, pietif/c, pieuiha. Lyon.,
plaii-i. Mess., plioucc. Montr., plllouc. Morv., picue, plcue.
Pic, pleuce. Prov., plucia, ploia, plucia. Rom., ploip-.
Rovwh. , pluèfc. St-Am., ploucc. Saint., plcue, picue. Sav.,
placée. Wall., pleuce, plaie, ploie. Vx. fr., pluiete, />lur/e.
PleùmÀche, s. m., phnnage, pauadio, ornement de coiffure :
(( Aile a été d'ia noce; ail' vous évôt ein pleùmàcJie su son
cliapiau ! . . . falot vouer. ))
Bourg., pieu/rtei;/c, plu/jieige, plcunici'jc. Genev., plumac/te.
Morv., pieuinar. Vx. iw, pluinuiijc.
Pleùme, s. f., plume.
hat., pluma. lta.\. , piunia . Hevvy, plcuntc. Bourg., pleiune,
picunw, plcuinùtc. Jiress. , plcuinc, pieuino. Fland., plcuinc.
Lim ., pluma, horv. , pieume. Mac, plcumc. Merv., pieume.
Montr., plliùume. Morv., pieitme, pleumc. Prov., pluma.
Rouch., plcuinc. .St-Am . , plêma. Sav. , plonn\a. Wall.,
plomm, plcumc. Vx. îv., plume.
Pleùmer, v. tr., plumer, et aussi parfois peler.
Bei'i'y, plontei-j pleumer (peler), liourg., plcu/uer, vicuuiai.
Fland., plcumc/-. ]SIorv., plcumer, èplcumer. Poit., piaumcr
(muer). Prov., pluniar. St-Am., plemc. Wall., plcumer,
ploumè. Vx. fr., plumer. (V. Pôlcr, Plurer.)
Pleùmiau, et Plumiau, s. m., plumeau, et aussi aile d'oie,
dont les ménagères se servent pour épousseter, ramasser la
cendre devant le feu, etc.
Berry, /)/c'»//(r(s (fait d'aile d'oie). Maine, plumas. Morv.,
pieumeau, plcumâ. Xorui., plumas. Poit., plumall (d'aile
d'oie). Wall.j jdeumiau.
326 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALONNAIS
Pleurer, v. tr. etintr., pleurer, et, dans un sens tout parti-
culier, mesurer parcimonieusement : « Pleurer la nourri-
ture à quelqu'un, )) la lui reprocher.
Lat. et Ital. , /)/o7'a/'c. Bourg., pr'ctirai. Bress., plorev.
Dauph., /)/of<re. Genev., pleurer (reprocher). Il.-V% plorer.
Lyon., plourer. Montr., plliourer. Morv., pieuher. Norm.,
pleurer. Prov . , plorar. Wall., /)/orc. Vx. fr., plurer, plorer,
plourer. (V. Couiner.)
Pleùvocher, V. intr. , pleuviner, pleuvoir légèrement.
BvefiS., pleuviner. Genev., plarigner, ploucif/ner. Rouch.,
pluvèner. Sav., plocègner . Vx. fv., plouciner, pluciner.
Pleùvu, S^* pers. s. du parfait de ;j/e?((i''e, plu : « Je v'ieins
côri; y a pleiœu tôte la jornée. »
Morv. , pleuvu.
Plot, s. m., billot, escabeau, bloc de bois scié dans un gros
tronc, et sur lequel la cuisinière hache sa viande, ses
herbes, etc. On entend souvent dire de quelqu'un qui a le
sommeil lourd : « 0 dort c'ment eîin plot. »
Bas-Lat., ploda. Berry et Forez, plot. Fr.-Cté, éploton,
Genev. et Lyon., plot. Montr., plliot. Morv., piot, pioton,
plot, ploie. Prov., plot. Sav., plô.
Plote, s. f., pelote, tas, amas de diverses choses. N'est pas
le féminin de plot.
laSii., pila. lta,\., fil Iota. Bevvj, pelote (du fumier). Bourg.,
peleïUe. Vrov., pelota, pilota. Vx. h'., pilote, pelotte.
Plùcher, V. trans., éplucher.
Lat., pilarc. Ital. , piluceare. Genev., pluehcr. Pic,
épluker, PvoY. , pelucar. Vx. fr., esplucher, esplucicr.
Plùchons, s. m., épluchures, rognures.
Genev., plùchons.
Plurer, v. tr., peler, ôter la pelure d'un fruit.
Morv., pleumer, polcr {\in arbre). Norm., plurer. Prov.,
pelar. Vx. (v., peller. (V. Pleiinicr.)
Pô, prép., par, et aussi : pour. N'est pas exclusivement
employé, /'or inl. rvient devant une voxelle. C'est affaire
d'oreille.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 327
* Lat. et lta.1., pcr. Bourg., po. J.ovv., /la. Mac, prr. Piov.,
per. Roucli., po . Vx. fr., pcr. par. (V. Par.)
POCHE, s. f-, pêche, action de pêcher, et poisson qu'on a
pris : « Eh ben! mon gas, la poche â-t-éle boune? »
Ital., posca. Bourg., poche. Bress. etMontr., poche. Morv.,
pouéee, pouache. Wall., peli. Vx. fr., poische, pesc/te.
(V. Pôchouse.)
Pocher, v. tr., pécher : « J'm'en vas au Doubs, pocher la
friteùre pou le dîner. »
Lstt. , pLScarL Ital., pcscarc. Bouvg., pochai, poché. Bress.,
pocher. R^"-Novm., pcr/ uer. Morv., pouâcher. Prov., pescar .
RoMch. , pèciacr St-Am., /jéci. Wall., pehi. Vx. fr-, pesxier,
pocc/iier, pcschcr.
PôcHERÔTS (rats,, loc, rats pêcheurs; rats d'eau, qui font
concurrence à l'homme pour la chasse au poisson. (V. Po-
ol toà.)
PôcHON, s. m., cuiller à pot, louche pour servir la soupe 'î
(( L'goinfe! ô mainge ses gaudes à plein pbchon. »
Genev., pochon. Mac, pôchon. Morv., poiche. Rom.,
poçon. Wall., pochon (pleine verrée).
PÔCHON, s. m., tache, pâté d'encre : « Que p'tiot saligot! Su
toutes ses pages ô n'fait qu'des pucliona. »
Rouch., tacon.
PùcHoù, s. m., pêcheur. Aux bords de nos deux rivières,
chacun l'est. Un fantaisiste nous disait : (( Chez nous,
tout enfant vient au monde une ligne à la main. »
Lat., pi.scalor. \Isl\. , pcscatore. Bourg., Bress. et Montr.,
pochon. Morv ., pouâchoii. Prov . , pa^cairc, pescador. Rouch.,
pêqueux. Vx. fr., peschcrre, pcceldcre, peschcur. (V. Pô-
c lierais.)
PùcHOUSE, s. f. Ce mot n'est pas le féminin de yàchoù. 11
désigne une matelote particulière assaisonnée au vin blanc.
Cette manière d'accommoder le poisson est spéciale aux
bords de la Saône. Verdun est si renommé pour la con-
fection de ce mets, — son mets national, — que des
gourmets viennent de Beaune, par groupes, par bandes,
pour s'en régaler. Le goût prononcé de nos voisins rend.
328 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
par périodes, le poisson relativement cher clans le petit
pays.
Bress. et Montr., pnc/tnii.^c. (V. Meùrctc.)
PÔDRE, s. f., poudre, et tout ce qui est pulvérisé.
Mâe.j pendre.
PÔFER, V. intr., poulîer, éclater de rire en s'efforçant de se
contraindre : « 01 étot si drôle; ô nous VsbX pbfer. )i
Boai'g., pùfai.
Poi, s. m., pois, petits pois. D'un dormeur dont l'haleine
bouillonne, on dit qu'il (( sôfle les pois ».
L.dii., pistun . Bourg., /)o/. Roiich . , /)05. Wall., /)ch. Vx. fr.,
poix, pois. (V. Sôflcr les pois.)
Foi. s. m., poil, cheveu, brin d'herbe, menue chose : « 0
n'vout ran fâre du tout ; ôl a ein fameux poi dans la main. ))
Lat., pilns. Ital., pelo. Bourg., poi. Gasc, priel. Il.-V",
jia,pai. \^\\\\ . , pi aoH . Montr. . /jo/. ^iovx . , poué . Voit. .pian.
Pvox ., pc ou, peh pelli, pcll. Saint., pan. Sav., pà, pioeu.
Toul.,/*e/. Vx. h-.,pau, peil. (V. Pian.)
Poi-FouLÔT, S. m., poil-follet, duvet. Se dit aussi bien de la
jeune barbe qui pousse, que des plumes des jeunes oiseaux
et de la première toison des moutons.
Moi'V., poaéfoiilot. Poit., pifolet. Rouch., sot poil.
PoiLOÙ, adj., poilu, velu. vSe dit de l'homme, de l'animal
et de la plante.
Morv., ponèloa. St-Ani., picaleii.
Pointer, v. intr., poindre. Se dit du jour, soleil levant:
« O s'ieùve à bonne heure, pou xouér pointer l'jèr. »
Lat., piiiiQcre. Ital., spuntare. Cogn., pointer. Prov.,
punger, ponger, poigner. Vx. fr.. puindre.
PoiNTusE, adj. f., pointue,
Lim., pouiichiida . Prov., ptinchiita. Vx. fr., poinctne.
Poiré, s. m., muraille.
hat., paries. Ital., parete. Norm.. parei. Prov., paret.
Wall., pareass. parente. Vx. fr., pareil, parot/, pareg,
paroit. (V. Parai.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNALS 329
Poison, et Pôïon, s. f., poison : (( Qu'é-co qu'y (t que c'qui?
Jéte-s-y vite ; y é (ïla poison.)) — Le vieux français a main-
tenu cemot féminin jusqu'au milieu du XIV*^ siôelc.
Lut., potlo. \ia.l., pojio ne. liervy, poison, liourg., poumon.
Cogn.,poéson. Genev ., poison (tém .) . him., pouôi..:ou. Morv.,
poidllon. Prov., poi^o, orjsou. St-Am., picaj'on. Sav.,
poàxon. Vx. fr., poison (fém.).
Poison, et Pouéson, adj., épithète injurieuse donnée à une
méchante femme : (( C'te mauvàs'-là, n'ii parle point; y et
eùne vrâ poison. »
Poisse, adj., poisseux, gluant : « 01 a tant patrouillé ses
peùrnes, qu'ôl en a les mains toutes poisses. »
Herry, pègeux. Vx. h'., poisseux.
PÔLER, V. tr., peler, arracher le poil : « Mon Diou! à que
c'qu'i r'sembe, d'avou son chapiau tout pôle! »
Movy . , poler, pèoler. Prov., pclar. Vx. îv., peler. (V. Pleii-
mer.)
PoMÂCHE, s. f., mâche, doucette, blanchette, « salade de
chanoine ».
Montr., ponimàche. Morv., poniâcJie.
PoMEiLLER, V. tr., visitcr des engins de pêche sans les enlever
de l'eau...
Pômon, s. m., poumon.
Lat., pulino. lta.\., pol/none. Bourg., pômon. Bress., porinon-
Genev., polmon. Prov., polino, pulnio. Rom., pon\n\on.
Wall., ponton. Vx. fr., ponion, polmon., ponlmon, pulmun.
PôNER, v. tr., poser, mettre en place.
La.t. ., ponere. Ital., posare. Champ., poncr. Forez, ponà.
Genev., paner (payer, contribuer). Lim., douné. Prov., pausa>-,
pauzar. Vx. fr., pouser, poser.
PoNGER, v. tr., éponger, enlever l'humidité avec une éponge,
Norm., èpinger. Rouch., ponger.
PoNTENiER, S. m., pontounicr, passeur préposé au bac, celui
qui, glissant les mains sur la corde, fait filer le grand ou
le petit bateau d'un bord à l'autre de la rivière.
37
330 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIl ALONNAIS
Berry, panioniiier. Bourg., pontcnei. Bress., pontani. V. fr.,
pontonier.
PoQUE, et PoucHE, s. f., i)oclie.
Bas-Lat., puiicha. Berry, poche (^ac). Novn^., poriqKc. Vosg.,
pcuc/ic, pôchc, pouche. Vx. fr., poque, pouchc.
PoQUER, V, tr., atteindre. Verbe usité entre les enfants jouant
aux billes. C'est toucher la gobille de son partenaire avec
celle qu'on lance d'assez loin. — Pris quelquefois dans le
sens de laisser : « Pogue-me iqui c't imbécile. »
Fr.-Cté,/i/o7Ha. Eure-et-Loir et Poit., /ior/«er. (\'. Chiquer.)
PoQUÉTE, et PouQuÉTE, S. f., petite poche^ pochette.
Bâs-^Oï-m., pouquette. II. -V% ponchetle. Vx. fr., pochette.
PoR, prép., pour, et par. Pô devant une consonne.
Lat., pro. Ital., per. Berry, peàr. Bourg., po, pôr. Bress.,
por. Dauph., pc. Lorr., /)o, pou. Mà,Q. , pre. Morv. et Pic, /)o/".
St-Am.. prc, per. Sav., pé. Toul., per. Vx. fr., pro, por, pur.
(V. Pô, Poiire.)
Por iqui, por ilai, loc, par-ci, par-là.
Bourg., por iqui, por ilai. Mac, premequlé. jMorv., porqtii
porlai, pourqui pourlai.
PoRQuÉ, conj. et aclv., pourquoi.
Ital., perche. Bourg., porquel, poquei. Sav., parcâ. Wall.,
pokol. Vx. fr., porqucL porcoi, potirr/noi/.
Portail, s. m., porte d'entrée, grille : « 0 s'ét érâté d'vant
V portail delà cor. » L'entrée la plus minime est portail.
Lat.,/Jor/!o. Bas-Lat., yoor/'a/e. Berry, portau, portai. Genev.,
portail. Morv., portail. WalL, poirtâ, poirtau. Vx. fr.,
portai, portaa.
Portant, conj., pourtant.
Bourg. , /)Oi!«/t. Vx. fr., pour tant.
PoRTEFEÙiYE, S. m.. Ht : (( J'ai seùne; i va m'fôrer dans
V porte feùiije. «Cette appellation originale estforten usage,
comme celle de « ciiapelle blanche )), qui signifie la même
chose.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 331
Portion, s. f., potion, remède qui n'a pas toujours les sym-
pathies du paysan.
h^i., poiio. Ital., po:ionc. Genev. et Lyon., portion. Vx.
fr., pocion.
PoRToû, s. m., porteur, commissionnaire.
\ta,\., portatore. Bonvg. , pôtou. Pic, portcux. Prov., por-
tador. Vx. ir., porter re, portcor.
PoRTU, S. m., pertuis, trou, trouée.
Lat. , pertusus. Ital., pertuso, pcrtugio. Berry, partus,
pcrtas. BouL'g., pottc. Bress., pctiii. Daiiph., pcr/i(s. Forez,
partu. Fr.-Cté, pouthu. Il.-V'et hz,\\g., portas, hyon., purins,
pnrtsu. Mac, prêta. Montr. , poartas, pourtusi. Morv., pear-
teu. Pic, pertuis (d'aiguille). Pvov., par^tus, pertus, partais.
Renn., porta. St-Am., goalë, capoà. Suiss. r., perle, perti.
Toul., traac Vx. Ir., pariai/s, périrais, pertuiks. (V. Crût.)
PoRTusER, V. tr., creuser, trouer.
Bat-Lat., pertasarc. Ital., pcrtar/iare. Berry, portusor,
portnser. Bourg., potasai. D3iU.]}h., pcrta^^olé. Fovaz, par taza.
Mac, prctusi. Morv., venrtuïer, peurta/er. Rom., pertasar.
Toul., traaca, Vx. fr., parta(.scr, /tcrtuisier, pertai/ser.
PoRVUQUE, loc. conj., pourvu que.
Sav., paroi qa'.
PossiBE, adj., possible : « Y ét-y l)en Dieu po-ssihe! »
Lat., possibilis. Ital., possihilo. Berry, possible (peut-être).
Bom-g., possible (peut-être). lÂm., /loassibtè. Prov ., possible.
Postillon, s. m., languette de papier, ou carte percée, enfilée
à la ficelle d'un cerf-volant, et qui rejoint celui-ci quand
le vent souffle. Très employé jadis.
Lille, postillon.
Potée, s. f., soupe épaisse et savoureuse, dans laquelle on a
mis, avec la viande ou le lard, toutes sortes de légumes,
choux, pommes de terre, haricots, carottes, etc. Grand
régal des paysans.
Lille, potée (mesure pour les liquides). V^all., potaie .
PoTER, V. intr., péter. Une femme, qui ne voyait rien au-
dessus des agréments (?) de son homme, lui disait : « Potey
pote, m'aniie ; y é du bonbon. » C'était délicat.
332 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
L3.t., pcdcr-c. Ital., spefc^^are. Bonvg. , potai.Frov. , petar.
Sav., pcttâ. Vx. fr., poirrc.
PoTET, s. m., petit pot, encrier : c( Je n'peux pas écrire;
j'n'ai pus d'encre dans mon poiei. »
Bas-Lat., potellas. Bourg., peu, pô. Forez et Fourgs, pontet.
Fr.-Cté, poutot. Jura, potct, poutot. Lorr., poutat, pota.
Lyon, et Morv., potet. Pic, potequin. Poit. et Saint., potct.
Toxxl., poutet. Vx. tr., pos, pot.
PoTiAU, s. m., poteau, pilier.
Ital., /)«/o. Prov., />05(lc/. Ronoh. , potiau. Wa.\l., posstai.
Vx. fr., postel.
PouDRiYER, V. tr., éparpiller, semer autour de soi; répandre
de la poudre, poudrer. — Au fig., chercher à paraître:
« Pou f are ses embarras, ô n'é pas manchot; o poudrille
prou. ))
Montr., poudriller. Rouch., pourer. Vx. fr., pouldrer, poul-
droier.
Pouë, et Pour, s. f., peur : « Va donc! a pas pouë! »
Lat., pacor. Ital., paurn. Bas-Norm., poucs. Béarn., poou.
Bourg., peiïy pô (prononcé pôë). Bress., po. Dauph., pou.
Yï.-Ciè, pouc. G&sc poou. H'^-Mne, poue. Il.-V% pou. Lim.,
pàu. Mac, pou, paeu. Montr., po. Morv., peu, poù. Poit-,
pou. Pi'ov., pacor, paor. St-Am., pô. Saint., pour. Toul.,
poou. Yend. . paour. V^âll., pawou. Vx. iv.,poû,poor, poour,
paor, pcor.
PbuÉGE, S. f. , poix.
Lat., pix. Bas-Lat., pega. Ital., pece. Auwerg., page. Berry,
péje. Bîess. , pe^e. Da,uph., pegi. Genev ., pège, pègue. Lang.,
pego. Maine, paige. Montr., po/^/c Morv., /)o«t'. Vvow., pes,
pes, Rom., pégue. Sa.v., pé:^e. Suiss. r.,pedge. Toul., pego.
Vx. h., pège, pel~, pois. (V. Parasine.)
PouEiN-NE, S. f., peine : « Ah! voués-tu, d'avou tes bouderies,
te m'fais prou à^l^ipouein-ne. »
Lat., pœna. Ital., petia. Bourg., pone. Bress., plana.
Dauph. et Fr.-Cté, /)o?;/îe. 'Lim., peno. Lovr., pouêne. Mac,
pai/tnc. Mess. , polnc. Montr. , poiii-ne. Morv. , poiqne,
poingne. Pic. , poine, peigne. Itonch . , poinc , St-Xm. , penna.
Sàw., pêna. Wall., yoôn/i. Vx. îr., poine, poenr, paine, pegnc.
LANGAGE POPULAIRE VKRDUNO-CUALONNAIS 333
PouÉRE, S. f., poire.
Lat., piriini. Ital., pcra. Bort'y, po'sc, ponèsc. Genev.,
poj/'c (masc). Morv., pouèe, pouère. St-Xm. , parc . Vx. i'r.,
poire, porc.
PouÉREi, s. m., poirier.
Lat.,/>j>«s. Ital., pero. Bevvy, poisier, pouèfi'wr. Bourg.,
pôreï. Loi'r., poirci/e. Morv., poucrù, poire. Wall., pcri.
Vx. fr., perier.
PouÉssoN, s. m,, poisson, ressource de nos deux rivières.
h3it.\ piscis. Uni., pescionc. Art., posson. Lille, pichon.
Lorr., pouchon. ISIorv., pouâc/wn, pouchon. Pic, ptsson,
pichon. Pvov., peisso. St-Am., pnchoii. Suiss. r., posson.
Wall., pisson, pichon, pehon. Vx. fr., pcscion, poisson.
PouÉTRiNE, s. f., poitrine.
Lat., pectus. Ital., petto. Bourg., poitraignc, poitrcne.
Prov., pcitriiia, pcctri/ia. Vx. fi'. , poitrine, petrinc, poictrinc.
PouGNE, S. f., poigne, poignet : « Ah! l'bigre, que pour/ ne
qu'ô vous a! »
L.a.t. , pugnis. lia.\., pufjno. Bevvj, porignet . Genev., poiir/ne,
pofjne. Movv ., pou^nct. Prov., panh, poing. Hom. , ponngne.
Ro{\ch . , poinCj por/ne. Wall., pougnet, pouniet, pogn. Vx. fr.,
poigne:?, poingne.;, poin, puing, pniii;.
PouGNiE, s. f., poignée, ce qu'on tient dans la main.
Hevrj, pougnie. 'Bovwg., pognic. Lyon., pugnato. Montr.,
pougnie. Morv., poingnie, pougnic. Pic, ptngnie. Poit.,
pougnage. Prov . , podhnda, ptcnchada. Rom., pitgnie. Rouch.,
pognie. Suiss. r., pngna, pougna. Vs^all., pougni/', pougneic.
Vx. iv ., poingnie, pngn'.e, pnignic, jminiiie. (V. Poagnon.)
PouGNON, S. ni., petite miche ((ue les ménagères font pour
les enfants a\'ec le restant de la pâte; gâteau fait d'une
pougnie de farine.
'bilowiv., pougnon. Vx. îv., èpoignc (gâteau). (V. Pougnic.)
Poui! interj., pouah! fi! Exprime le dégoût, la répulsion:
(( Poui donc! poui caca! » dit-on aux enfants pour les
empêcher de toucher à quelque chose de malpropre.
Bourg., poui! pouef Bress., poui!' Sav., pouai (porc).
Vx. iv.,pog'
334 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALOiNNAIS
PouiLLE, et, PouiLLÔT, S. m,, pou.
Lat., pediculus. Ital., piilocckio. Berry, pouell. Boui'g.»
Bress. et Fr.-Cté, /)0Ht7/e. Lyon., pui, piou. Montr. et Morv.^
pouillot. Voix., poiieil. Vnow., pe^olh, pcsoill, pcoill. Saint.,
pouil. Suiss. r., pian. Vx. fr., paon, pou.
PouiLLER, V. tr., chercher et ôter les poux, plutôt avec les
doigts qu'avec le peigne.
Berry, peuiller. Bourg., poaillal. Moi'v. , dcpouillencr .
Vx. fr., pooiller.
PouiLLOÛ, adj., pouilleux, misérable. S'emploie pour inju-
rier : « Oh! VpouiUoû! » dit-on à un traînard, fainéant,
mal accoutré.
Lat., pedicidosas. Ital., pidocchioso. Berry, poueillou.
Bonrg., poaillou^pouillcu. Bress. , ponillou. Fouvgs, pouail/oa.
hyon. , pouUlu, pulllu. Montr., pouilloux . Morv., pouiUou.
Prov . , pc^olhos, peoillos . St-Am . , pieali/cù.
PouisER, V. tr., puiser, de l'eau, etc.
Berry, poiger. Bourg., poisci'. Champ, poiigcr. Morv.,
pouïcr, pou/cr. Norm. et Pic, puc/a^r. Prov., po.;ar. Suiss. r.,
pouaisi. Vx. iv., puiser.
PouiT, s. m., puits.
Lat., puteus. Ital., po::;o. Bourg., poué. Lang., ports, him.,
peu . Moniv., poidts. Movv. , poué. Pic, puche. Poit., potiè.
Prov.^ pot:^, pont:;. St-Am., pwà. Suiss. r., ponè. Wall.,
passe. Vx. h\,pnch, pni.c-, put.
PouLÔT, s. m., jeune poulet. Il y a, en Bresse, une chanson
du Ricochet, qu'on appelle la chaiifton du Poulo rouge.
iVàl., podastro. Bonvg. , ponlô, /lonlcà. Bvess. , ponlo, polet.
Forez et Lyon., piiliot, piliotta. Montr. et Morv., poulot.
Prov., polet, pollat. St-Am., poule. Wall., polet.
PouLÔT, adj. employé dans les deux genres. Expression
d'amitié, terme de caresse, qu'affectionnent surtout les
enfants entre eux : (( .l't'ain-me ben, mon poulot, ma
poulbte. )) — « Y et eun gentit poulot. »
Montr. et Norm., potdot.
POUME, s. f., pOUi'.UO.
Lat., poninni. Ital., /^o/uo. Berry, paume. Bourg, et B'orez,
LANGAGE POPULAIRE VERDCNO-CIIALONNAIS 335
poinc. H'^-Auv., pniiin (niasc). Lille, juin. Lorr., pciime.
Lyon., porinic, fiotand. Monfcr., jinninmc . Morv., j^niimc,
poame. Pic, peinte. Prov., jioni. Roneh . , pnn, peiia. St-Ain.,
poiunn. ^■d'ini , pounie. Vx. ïv., prune, jio/nc .
PouME d'amour, s. f., baie du pommier (L'amoni' [amome
des jardiniers, oranger du savetier).
PouME DE TARE, pommc de terre.
Lille, ptia-d'-tievre. Rouch., peanetlére. Vosg., 'jn entoile
de tiare. (V. Tarteufle.)
PouME d'orange, s. f., orangG. Dans Olivier de Serres on
trouve ces dénominations : pomme d'orange, pomme de
coin, pomme de grenade, etc. Dans une chanson populaire
on a ce vers :
Aux qtuitre coins du lit s-rj a qnatr' ponini's d'orange.
Berry, paume d'orange.
PouMEi, s. m., pommier. A Mellecey on chante, aux noces,
, une chanson du Poumei.
Ital., poniiero. Boui-g., pouincl. Lorr., peniei, pemèj/e.
Islontv., pouiiniè. AIoi-v., poantè, pouniè. Prov., panier, po-
niier. Rouch., peumier. Vx. fr., punier, poniier. (V. Dèpar-
tiau .)
PoÙNER, V. tr,, pondre.
Lat., fio/te/'c. Bevry, pouner. poaer, ponre. Morv., paner,
pouner. Norm., ponncr. Poit., pougner. Prov., pouner.
Vx. îr., pouner, panner. (V. Grouer.)
PoÙNEÛSE, S. f., pondeuse, poule qui pond.
Movv . , poneuse, pouncusc. Sarth., poneuse. (V. Pite.)
PoÙNL', part, de pouner, pondu.
Champ, et Morv., ponit. Xx. fr., pouf, pounu.
PoùPONER (se), V. pron., sepoupiner, se bichonner, se parer,
se friser, comme on ferait d'un poupon.
Genev., se pouponner.
Po ÙPÔTE, s. f . huppe.
Lat. et Ital., upupa. Berry, id)e, duhe, Montr., poupotte.
Prov., upa. Vx. l'r., liupe, puput.
336 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
PouRCiAU, S. m., pourceau.
Lat., porrcllf/s. Ital., porcello. Tl.-V% pourciau. Pic,
porc/lieu. Prov., porcel, porcelh. Wall., ponrsai, poursia.
Vx. ti'., porccl, poiirceL p^fciau, poi-ceatt.
Poûre, prép., pour : « Vous baulez tôjor poure rien. » La
finale de ce mot est des plus accentuées, de sorte que
(( pour rien » se prononce : pourenrien (la seconde syllabe
comme la première d'heureux) . — Plusieurs ne disent déjà
plus ran ; « Y é bé seùr, dit le vendeur à l'acheteuse
économe, vous voudreins que j'vous baillisse tout c'qui
poure rien. » (V. Por.)
Pourie, s. f., sorte de plante ligneuse, qu'on trouve volon-
tiers dans les haies. Très recherchée des enfants pour sa
saveur sucrée. — Fait partie, comme Véternbt et le tendron,
des friandises naturelles que les jeunes écoliers vont cher-
cher dans les prés et dans les champs. — Le comte Jaubert
donne : herbe à la pourrie (consoude officinale), et l'appelle
encore saigne-langue.
Vx. fr., pourrée (poirée).
Pourôt, et PÔRÔT, s. m., poireau.
ha.t. ,porrus. lta,l., porro. Bei'vy, pourèc, poarièe.. ponreau,
pouriau. Bourg., porro. Genev. et hyon ., ponrreau . Morv.,
pourèe, parée. Pic, porioa, porgeon. Prov., porr, poijre.
Rom., poret. Sav., porre. Wall., porai. Vx. li\, poiriau,
porr eau.
PoÛRoii, adj., peureux, timide.
Ital., pauroso. Bourg., polrou, poreux. Lyon., pouroii.
Morv., pourou, polrou, pouiiou. 'Pvov.,paoros, pacoros. Wall.,
pawoureu. Vx. fr., paoros, pcuros, paoureux.
PouRERiEz, 2® pers. pi., cond. de pouool, pourriez. — Les
1res et 2^^'-^ pers. pi. de ce temps des verbes en voir :
savoir, revoir, etc., subissent presque toutes l'intercalation
de la syllabe re (très fortement prononcée).
PoussERÔTE, s. f., poussière, celle de la paille brisée par le
fléau, d'abord; puis, par extension, toute autre poussière.
Bourg., pousserôte, ponsseire. pouricre. Bress., paussire-
Fï.-Cté, pousserotte. LiUe, pourette. Lim., poussiciro. Morv.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 337
pntisscrollc (neige fine), 'l'oul., poidhoro. Wall., poiiretie.
Vx. t'i'., ])oidclei\ poiisiere. (V. Poussât.)
PoussÔT, S. f., petite quantité, parcelles de poussière.
Bourg., poussa, ponssciï. Fr.-Cté, pousse, poussât. Lyon.,
noussa. Morv., poussot, pousstè. St-Am., pocha. (V. Pous-
scvôte.)
Pouvoî, V. tr., pouvoir.
Lat., possc. Ital., potcrc. Bourg., pôcoi. Dauph., pocci.
Wa.[\., poleur. Vx. fr., poder, pocr.
Pouvu, parf. de poacoî, pu : (( Je v'ieins tirer les Roués;
j'ons pas pouou, faute à Colas, qu'étôt bé mau. »
Morv. et Rouch., pouvu. Wall., pocii.
Pre, adj. abréviatif, premier. Du langage des enfants, dans
tous les jeux où ils ont à donner des numéros d'ordre :
(( Y é moue Vpre; toué, Vse; toué, Vder. n (La pronon-
ciation est tout simplement celle de la première syllabe
de : premier, .second, dernier.)
Berry et Bourg., yO/'e?<. Lille, preinmc. Norm., prcii. (V. Se
Der.)
Premei, adj., premier.
hât.. pin/nus. lta,l. , priiniero. Bonvg., premei. horr., preinôL
M.kc.,prenii. Movv. , peurmê. Pvov ., primer, pritnier. Rouch.,
preumo. Wall., prumi. Vx. fr., premer. (V. Pre.)
Prende, y. tr., prendre.
Lat. et lta.1., preaderc. Berry, prenre. Bonrg., prâre, pare.
Morv., prenre. Pic, prinde. Prov., pcnre, prener. Wall.,
preind. Vx. fr., prende, panre.
Prés-bàtards, s. m., prés situés au fond des vallons, ou au
bas des pièces cultivées, dont ils reçoivent les eaux. Ont
une grande ressemblance avec les prés-de-fauclie. (V. ce
mot.)
Prés-de- FAUCHE, S. m., prés arrosés, situés au bas des
collines, sur le bord des rivières et des ruisseaux. — Dans
le Charollais, on distingue trois classes de prés : les pré.^-
de-fauche, les prés-d'embouclie, et les pàquiers. (V. Prés-
bâtards.)
38
338 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNALS
Prés-d'embouche, s. m., prés situés sur le versant des
coteaux, et destinés à l'engrais, au vert, des bêtes à cornes.
(V. les deux mots précédents.)
Presse (avoir), loc, être pressé de..., avoir hâte de... :
« Tons presse de vouer not'gas r'veindu. »
Morv., avoir presse.
Pressouèr, s. m.-, pressoir, dont les approches ne sont pas
sans danger quand il fait couler le vin doux.
La,t. , prcssorii(/)i. Bevvy, pressouè., persnnè. Bourg., treû.
Norm., persoax. Vx. fr., pressoar, pcessouer. (V. Treuil.)
Prête, s. m., prêtre.
hat-, prcsbi/ter. Itsil., prête. Bourg, et Morv., pi'éte. Prov.,
prcire, precuire, prestre. Wall., pryess. Vx. fr.^ preccire,
provcire, pruveire, procoire, prestre, prebstre.
I
Preû, s. m., provin.
Lat., propago. Ital., propaggiiie. Berry, prouin, pcroui/i,
prognis. Bourg., preu. Prov ., probaina. Vx. ir., provain,
poarcain.
Preîimener, V. tr., promener, conduire.
hsit., prominai'e . Berry, poarmcncr. Bourg., promeunai,
parnienai,preumcriai. Dauph., />/-o/»c/ia. Morv., proinouègncr.
St-Am., premené. Wall., por/ninè. Vx. fr. , pourrnencr,
proumener.
Preùpos, s. m., propos, causeries, potins.
hat., proposituin. Berry, perpos, prepoux. Bourg., propô,
prepô. Dauph., prapou. Lim., pèrpàïi. Lyon., parpous.
Vx. fr., propos.
Preiiposer, V. tr., proposer.
Lat., nroponere. Ital., proporre. hervy, perposer, propotiser.
honrg. j proposai . St-Am. , prepeù^é. Vx. îr., proposer.
Prévenî, V. intr., provenir : « C'te montre que t'voués, aile
se dérange jamâs. Aile me préoeinl d'mon grand. ))
L.at. ., procenire. Genev ., prévenir. Vx. h'., provenir .
Prijon, s. f., prison.
Lat., prehcnsio. Ital., prigionc. Jura, prigeon. Morv.,
prijon, prihon. Prov ., prcisô. Wah. , prihon. Vx. h., prison,
Drisun.
LANGAGE POPULAIRE VKRDUNO-CHALONNAIS 339
Prmounier, s. m., prisonnier.
Ital., prir/ioiiiere. Morv., pr/'/'ongnè. Prov., preisonier.
Wall., prihalr. Vx. iv. , prisonnier.
Prlsoû, acij., priseur do tabac. Ils n'ont pas toujours été
sympathiques : Aniurath IV les faisait piler dans un
mortier. C'était radical.
Prô, adj., près, proche.
Lat., prope. Ital., pressa. Lyon., prochi. Prov., près.
St-Am., prè. Toul., prèp. Vx. ir., prc^, près.
Prôcher, et Prâcher, v. tr., prêcher.
hat. , prœclicare. Ital., prcdlcarc. Bourg., prôchai, proche.
Dauph., prêcluè. Lon., prâchè. Prov., predicar, prcsicar.
St-Am., prëzè. Wall., prèchi. Vx. iv., prescher, precschicr,
preecher, preticr.
Prôpe, adj., propre, qui appartient à, convenable, net:
« Vouah! y et ein prope à ran. »
Lat., proprius. Ital., proprio. Bourg., prôpe. Morv.,
prope, peurpc. Prov., propri. Kowah.., prope. St-Am., peû-
prou. WaM., prope. Vx. îv., propre.
Prôpeté, s. f., propreté.
Bourg., prôpeiai. Movv ., prop'tè. St-Am., peâpretô.
Prôt, adj.. prêt, préparé à.
Lat-, paratus. Ital., pronto. Bourg., prot, proo. Lorr.,
prât. Morv., prôt. Pvov., prêt, prest. St-Am. , prétou. Vx. fr.,
/77'6'.^, près t.
Prôter, et Preûter, v. tr., prêter.
Lat., prœstare. Ital., prestare. Berry, preûter. Bourg.,
preàtai. hovv., prâtè. Morv ., prôter . Prov ., prestar. Wall.,
pruste. Vx. ir ., prcster.
Prôtoû, adj., prêteur.
Bourg., preutou. Morv., prôtou. Prov. , prestou, prestarfre.
Vx. fr., prestere, prestei/r, presteor .
Prou, adv., assez, suffisamment : (( Vous m'baillez tout
c'qui? marci ! J'en ai prou. »
'Qo.rry, prou. Bvea^. , praii. preu. Champ., prou. Dauph.,
pro, prout. Espal., prou. Forez, pro, prou, prot. Genev.,
340 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
pvca. Lang., pron, prouii. I.im., prou. Lyon., pro, prou,
prot. Mac, Morv. etPoit., prou. Prov., pro, prou. Rom.,
pneu. Saint. . />ro?<.c. Sav.. prou, proeu. Suiss. r., pru, prou,
pru, preu. To\il., prou. Vx. fr., pru, prcu, pro, prou, prod.
Proufit, s. m., profit, gain, bénéfice.
Ital., profitto. Berry, proufit. Morv., prouji, pourfi. Prov.,
projieg, projiejjt. Vx. i\\, proufit, porjit.
Proufiter, "\'. intr., profiter.
\ta,[. , profittare. Forez, proufitâ. Movv., prou Citer . Prov.,
profcchar, prof'eitar. Vx. fr., proujfiter, proufiictcr,
ProumÀte, V. tr., promettre.
Lat., proniitterc. \ta.\. , promrttere. Honvg., premaite. Prov.,
proinetre. St-Am., premëtre. V^âW. , proniett. Vx. fr., pra-
nietre, proumaitrc.
Proumàtu, part, deproumàie, promis.
Bourg., prcmaitu. Lorr., preiui.
Prousse (être en), loc, être animé, excité, colère: « 01 é gros
en prousse après son p'tiot. »
Roucli., même locution.
Provàrbe, s. m., proverbe.
ha,t., procerbiuin. Ital., proccrhio. Bourg., prôoarbc. Prov.,
procerbl. Vx. fr., procerbc.
Plrer, V. tr. et intr., égoutter, couler.
Lille et Norra., purer.
PÛRÎsi, s. m , pleurésie.
Miû., pleur Isia. Genev . , purè^ie, plurésie. Montr., purèsi.
Pi'ov ., pleurc^ia. Vx. iv.,purizi (masc). (V. Echaufaison.)
Pus, et Pu, adv. de comparaison, plus : a Quand t'vas la
vouer, te prends Vpus cor. »
luAt. , plus. Ital., plu. Bas-Norm., pues. Berry, pus. Bourg.,
pu. Bress., pie. horv., pu. Mîic. , plicù. Morv. et Norm . , pu.
Pic, pus, puche. Prov., pus, plus. Rouch., pus. St-Ara.,
plë. Saint-, /5«s. TouL, pu. Wall., pus, pu. Vx. fr., plus.
Pu.çsiN, et P'ssiN, s. m., poussin : (( Aile et empêtrée c'ment
eijne poule qui n'a qu'eùn p'ssin »
hât., pulliccnus. Ital., pulcino. Bourg., pucènc (poussine).
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 341
Genev ., piis.-iin, pucin. LiWe, poiichin. Mà.c., puJlioa. Morv.,
p'cin. Prov., potu~i, poLri. St-Am., piuèn. Wall., poijon.
Vx. fr., pulcin, pouciii.
Put! interj. de dédain : « Eh ben! quoi? put!... éprâs
tout, j'm'en moque. »
Poit., pute! Wall., pal!
PuTÔT, adv., plus tôt, et plutôt.
Bourg., piitô. Lyon., piiitoa. Mac, petou. St-Am., ple-teû.
Toai., pulcu. \Ya.U., pittàt. Vx. iv.,plus tost, plustost.
Q
QuÀVetQu'À-CE?pr. rel. et interj., quoi? et qu'est-ce? Figure
dans le plus grand nombre des phrases interrogatives :
« Ma, qua c'a-t-i qu'aile a qu'à crie? — Aile a qu'aile a
chu. »
Bourg., r/u'a-ce, qu'a-çii? Il.-V", qua, quai? (V. Que.)
QuAiNGNÔ, S. m., était jadis le nom du présent que les par-
rains faisaient à leurs filleuls le premier jour de l'an après
leur baptême. (V. Quignot, Quin-nbi.)
Quand, adv., avec, en même temps que : c( J'irai là-bas
quand vous. »
Genev., quand. Il.-V", quand et. Norm . , à quand nous,
quant et nous. Sav., quand. (V. A quand.)
Quand que, loc, lorsque : (( J'prendrons noute grande
panière quand que j 'irons au marché. »
Morv., quanqne (autant que). Pic, quandquc.
Quante, adv., quand. Nous avons vu « quand », mais qui
a une autre acception : « Quante la p'tiote veinra, j'ii
baillerai eiàne flameùsse. »
Lat., quando. 11. -V% quante. Pic, quat, quainde. Prov.,
quan, can. Wall., quant. Vx. fr., quand, quant.
342 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
QuÀréle, s. f., querelle, dispute.
Lat. et Ital., qncrela. Bourg. ^ quarollc. Prov., qucrela^
querella. Vx. fr., qaerlele, carelle.
QuARTEi, S. m., quartier, morceau, portion.
Lat., quartavins. Ital., qaavûeve. Bourg., quaioi, catei.
Prov., Cartier. Vx. fr., quarter, cartier, quartier.
Quasi, et Quasiment, adv. , presque. Entre dans une locution
assez piquante : « Y a du quasi, » comme qui dirait : Il
y a du presque, c'est presque cela : « 0 va d'avou elle;
aile Tainme quasiment . » Remarquez elle et aW employés
concurremment.
Lat. et Ital., quasi. Berry, quamcat. Bourg., quasiman.
Bress. , quosi, cosiment. Champ., quasiment. Jura, casi.
Lorr.,c'as(, quasiment. Is/làb., rosi, quosi. Morv., quaihiment.
l:^ovm. et Pic, quasiment. Prov., quais, cais. Rom., casi.
Rouch., casi. casimen. St-Am., quosi. Saint., quasiman.
Sav.j quasi. Wall., quasimint. Vx. fr., quasj/, quasi.
QuÀTE, adj. numérique, quatre : « Quàte sous. »
Lat., ciuatuor. Ital., quattro. Berry, quat' . Bourg., quatc.
Morv., quaite. Prov., quatre, catre. Rouch. et Wall., quate.
Vx. fr. , quatre.
Quat'enchiffe, s, m., quatre-de-chifïre, piège pour prendre
les rats, les oiseaux, et composé de trois petits bâtons à
peu près disposés en forme de 4. (( Les glossaires du Nord
de la France désignent le même appareil sous le nom de
cat in chiffe, ou chat de bois, cat d^bos; caté/ust, souri-
cière » (E. deChambure.)
Morv., quatre en chiffre. Rouch., quatechife.
Quat'fers d'un chien (ne vaut pas les), loc. imagée et
expressive pour dire : Ne vaut rien. (V. QuaVcingt dix
neuf coups.)
Quat'iieùres, s. m., goûter, léger repas que l'on fait vers
les quatre heures. La mère, panier au bras, rentrant de
courses, demande à son p'tiot : « As-tu fait quaf heures? ))
(V. Récie, Vèprer.)
Quat'vingt dix neuf coups (avoir fait les), loc. dont on se
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 343
sert pour dire de quelqu'un qu'il a mené une vie joyeuse,
dissipée, avenlureusc, et qu'il ne vaut pas cher. (V. QuaV-
fers d'un chien.)
Que, pr. relat., quoi : (( Q^/r-' qu't'as? Q«e qu'te voux? ))
Lat., quid. Bourg., qiwi. Lorr., 7«è. Sav. cà. Vx.fr., quel,
coi, quoi/. (V. Quà.)
QuEMENT, conj., comment. Nous mettons ce mot à cette
lettre parce qu'on ne manquera pas de l'y chercher. Mais,
pour son orthographe plus logique, nous renvoyons à
Cment. Un cas analogue se présentera pour quelques
autres lettres.
QuEMiN, S. m., chemin, route â suivre.
Ital., cammino. Bourg., c/iemi. Champ., chemi. Lille,
qacmin, qu'/nin. Nivern., sem in. Pic, cainiii. Prov., canii.
Vx. fr., qucmin, chemin. (V. Chtirnin.)
QuÉQUE, et QuÉTE, adj. indéf., quelque.
Bourg., quoique. Bress., quoque . Bugey, quoquè. Lim.,
càuc. Rouch., queque. St-Am., quoquj/e. Vx. fr., quel que,
quelque.
QuÉQu'cHOUSE, et Quét'chouse, loc, quelque chose.
Mac, quoque chuse. Rouch., quct'cosse. Sav., câquerê.
Quéqu'fois, et Quet'fois, adv., quelquefois.
Bress., quoquefaij . Dauph., quoque fei. Lorr., quèque fouè.
Lyon., quauquecei/, quoqueté. Rouch., qucqucfos, quet'fois.
Sav., quaque vcq. Wall., queq'fos. Vx. fr., quelquefoys.
QuÉQu'uN, pr. indéf., quelqu'un.
Bourg., quficun, quécun. Bugey, quaquion. Lira., càûcu.
Lorr., inq . Morv., qncqiia. '^ovm., quécun, queuqu'ua. Poit.,
quicqu'un. Rouch., quçqu'uu, quèquccun. St-Am. , quôquj/on.
Sav. , cftco/i. \Va.[\. , quéqu'un. Vx. fr., qnelcung, quelcun.
QuERÎ, et Q'rî, V. tr., quérir, chercher : « Attends! attends!
si tu n'veins pas, j'm'en vas aller Vq^rî. » — « J'peux pas
ouvrî l'tirouér; va m' r/uri la clé. ))
Lat., quœrcre. Ital., cUicdei-e. Bas-Norm., f/'//. Berry, /.Tt.
Bourg., queri, qucri. Champ., querre. Forez, qnarre, carre,
kare. \l.-V\ qu'ri. Lang., quere.LïUe, quère. 'Lyon., quarre,
carre, care. Mot\ ., quarre, querre, quùhi, qu'ri. Na,vû.,quêre.
344 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Norm., kri. Poit., qnlavc, cri. crir. Prov., qacvrcr, qaerrc.
Rom., qiiercr, querrc, qucriv. Saint., q'vi. Sav., qu'vl.
Vend., quiare. Wall , qucri. Vx. fr., querrc^ quierrc, qucrri,
quérir.
QuEÛ, et Que, adj., quel.
Lat., qualis. Ital., qualc. Berry, qucu, quculle, queux.
Bourg., quoi. Il.-V% queu. Morv., qucu, quieu. Prov., quai,
cal. Rouch., queu, qucul. Vx. fr., quei, qex, quel.
QuEÙLÔT, S m., culot, dernier né d'une famille, d'une couvée.
Le fumeur appelle aussi qiieùlot ce qui reste au fond de
sa pipe. (Culot, de là culoter.)
Berry, culot, chnitculon, queulot (croupion). Champ, et
Fland., culot. Forez, couassoii. Genev., conâtre. Morv., bos-
queuion, Doussot, queulot. Pic, culot. Poit., clocu, coculau.
Rouch., erculot. Wall., coulo, houlo.Yon. , jaculon. Vx. fr.,
culot.
QuEÙRLE, s. f., grosse souche, racine d'arbre.
Bourg., queute. St-Am., surla. (V, Greùbe, Seûehe.)
QuEuvEU, s. m., cheveu.
Lcit., capillus. Ital., capcllo. Nam., chejia. Pic, ccwieu.
Prov., cabelh. Rouch., qu'oeu. Wall., chetsè.Wx. h\, cheeoel,
cheoel, cliecol, cecol, cheooil. (V. Poi.)
Qui c'qui? et Qui É c'qui? contract. de Qui est-ce qui?
« Qui c'qui veint por iqui nos déranger? »
Berry, qui c'quif Lorr., quiasque?
QuiEN, S. m., chien. Sert souvent d'injures.
Lat., canis. Ital., cane. Berry, quieii, chin, c/iiaii. Bourg.,
chen. Pic. /àen Prov., caii. Rouch., quicn, tien, Saint., cbein.
Sauter., tchèn. Wall., chen. Vx. fr., chen, cien. (V. Chin.)
QuiGNÔT, s. m., quignon de pain, de gâteau : « Y étôt la
fête; le drôle a v'nu; j'ii ons baillé un quignbt de flan. »
Lat., cutieus. Bourg., quignô, chignon. Champ., cugnon,
cuignon. Fr.-Cté, quignot, quigneu, cugneu. Genev., tignon.-
Lorr., cugnon. Maine, cheignon. Montr., grugnot. Morv.,
queugnon. Norm., chiff'un. Pic, quignot, kignon. Rennes,
chiffon. Rom., quignon, lîouch., keuniè, chiquet, chippe.
Suiss. r., quegnon. Toul., crouquet. Vx. fr., esquignon.
(V. Quaingnô.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 345
QuiN-NÔT, QuiN-NOTE, S. aux allures d'aclj. : « Mon quln-nbt,
ma quin-note, » connue qui dirait : (( Mon canard, ma
canette. » Terme d'amitié qu'échangent entre eux les
enfants. — A prononcer, la première syllabe de ce mot est
très simple; il est moins facile de l'écrire. Le son qui n'y
entre pour rien ; c'est quin, comme dans le mot quinqiiin,
comme la fin d'avleqain. Pour l'œil, aussi bien que pour
l'oreille, il faudrait presque écrire quainnot.
Norm., qucnnot, quénaud, caignot^ queniot. Saint., chenot
(petit chien). Poit., queniau (petit enfant).
Quelqu'un voulait, à tort, voir là le masculin de quenotc.
Ne pourrait-on remonter à qaaingnô (v. ce mot)? L'idée
de présent, de chose agréable, a pu facilement arriver à
désigner une personne qu'on airae. D'autre part, on vient
de voir qu'en poitevin queniau veut dire petit enfant.
Faudrait-il chercher de ce côté?
QuiNQuiN, et QuiNQUE, S. m., le cinquième des doigts de la
main, le petit doigt : « T'n'as pas été sage; mon quinquin
m'y a dit. »
Lat. , quiiitus. Bress., quinquin. Flam., quinquin (petit,
petit, terme de caresse). Genev., glin-glin. Lille, quinquin (tout
petit). Montr., quinquin. Norm., quien-quien (pinson). Sav.,
guinguelin.
On serait tenté de voir en ce vocable le réduplicatif de
guin, dont quin-nbt (v. ce mot) n'est probablement qu'un
diminutif. Une des chansons les plus populaires du chan-
sonnier lillois A. Desrousseaux a pour titre : Le jftit
Quinquin ; mais ce mot n'a pas le sens du nôtre.
QuiNSON, s. m., pinson.
Lat., pincio. Ital. , pinsione. Bourg, et Champ., quinson.
. Dauph., quinçon. Forez, quinson. Fr.-Cté, couisson, quinson.
Genev., quinson. Jura, quinson. Lang., quinsoun. Lyon.,
et Morv., quinson. Norm., pinchar. Prov., quinsoun, Idnsou.
Wall., pinc/ion, pisso/i. Vx. fr., pinçun.
QuiNTAU,s.m., quintal: « J'ii ai vendu eùn quintaudCiwcme. »
Bas-lat., quintallus. Ital., quintale. Prov., quintal. Sav.,
quintau. Vx. fr., quintal.
^uiTERj V. tr., laisser, lâcher, diminuer de prix : (( 01 a
39
346 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALONNAIS
quité son d'ventai. » — « J'ai quité mon coutiau su l'plot. »
— « 0 m'a quité trois francs su ma note. »
Bas-lat., quietare. Ital., qaetare. Morv., quitter. Prov.,
quitar. Vx. fr., quitcr, quitter.
QuiTER, V. intr., cesser, interrompre : « Qu'ôl et en-niuant!
ô n'quite pas de tracasser. »
Qui veint, formule adjective pour dire : prochain, prochaine:
« L'an qui veint, la semaine qui veint. »
Gen., qui vient.
Quouë, s. f., queue. Nous disons, comme partout : « N'y é
ran d'si deùr à éracher qu'la quouè. »
Lat., cauda. Ital., coda. Art., qéeu. Berry, coue. Bourg.,
eoae, quoue. Bress., coue. Dauph., coûat. 11. -V, coue. Lim.,
coua, cuuo. Marn., conè. Montr., couë. Morv., coue., quoue.
Nam., caice. Poit., coue. Prov., cou., coda, coi^a. Rom., quoue.
St-Am., couva. Saint., coue. Sav., coa, cava. Toul., quo,
couo. Wall., coœe. Vx. fr., eue, coe, coive, keuë., coue.
QuoÙNEiLLE, s. f., quenouille, colonne de bois placée à
chaque coin du lit pour en soutenir le ciel, et autour de
laquelle on enroule par moments les rideaux. Sans doute
comparée, quoique plus volumineuse, au bâton de la
quenouille à filer : (( Nout' Dodiche va se marier; j'ii
beillerons ein biau dodo à quoùneilles. »
QuoiJNEiLLE, s. f., bâton auquel tient le chanvre à filer. Au
figuré on dit : « 01 a de l'œuvre à la quoùneille. » Certains
écrivent couneille ; mais notre mot ne subissant qu'un
simple déplacement de voyelles, il est bon de lui conserver
le plus possible sa physionomie orthographique. — Le
maçonnais appelle pq^^e l'attache qui soutient la quenouille
sous le bras. — La quenouille a été, dans beaucoup d^
nos anciennes provinces, et est encore, dans plusieurs de
nos départements, un des gages les plus précieux offerts
par le promis à sa fiancée : chez les Romains, on portait
derrière la nouvelle mariée une quenouille garnie de
laine. — A Carnac, on fait présent à la mariée d'une
quenouille qu'elle est obligée de filer. — Dans l'Orne, on
vient chercher le trousseau de la mariée avec une charrette^
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 347
sur le devant de laquelle on a planté une quenouille. —
Dans la Manche, le bedeau présente une quenouille à la
mariée, qui y attache un ruban et une pièce de fil. — En
Sologne, cinq paysans présentent à la future une quenouille
et un fuseau. — Dans les Landes, une vieille femme porte
la quenouille de la mariée pendant toute la durée de la
noce. — Dans le Lot-et-Garonne et dans le Tarn-et-Garonne,
on porte en pompe la quenouille et le fuseau de la mariée
à sa nouvelle demeure, etc., etc.
Bas-lat., conucula. Ital., conocchia. Berry, qncnoille, c/aou-
neille, counoille. Bourg., qucnoillc, quelogne, felogne. Forez,
couleigne. Fr.-Cté. quelogne, qrœlouille. Genev.. cologne.
Lyon., cologni. Mac, coneUe. Montr., quouneille. Morv.,
concilie. Prov., coulongne. Rouch., quéneule. Sav. , cologne.
"Wall., kinoïe, quenoille, qiieuneule. Vx. fr., connoille, que-
longne.) keneule.
QuoÙNEiLLÉE, s. f., provisiou de filasse qui garnit la que-
nouille.
Bourg., quelongnèe.
R
RÀ, syncope et synonyme de Arrà. (V. ce dernier mot.)
RÀ, s. m., mot dont se sert le paysan pour appeler les
cochons : « Rà! va! vein iqui! »
Râ, et RÂë, s. f., ligne, raie, ruisselet. — La prononciation,
ouverte et longue, se rapproche plus du second des deux
mots. (V. Roie.)
Rabiau (au), loc, en diminuant. Lorsqu'on joue, aller au
rabiau, c'est perdre des points. Dans un marché, avoir
du rabiau, c'est obtenir une diminution de prix.
Morv., ralbiau. (V. Racaut.)
Rabistoquer, V. tr., rapiécer, raccommoder, mais sans
donner bien bel air à l'objet avarié.
348 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Genev., rahistoquev. Rouch., rahistiquer. Sav., rahlstocâ.
(V. Rabobincr, Rebcrdauler.)
Rabobiner, et Rabobicher, v. tr., rajuster, remettre en
état, réconcilier : « Aile é si jentite, qu'ailles a rabobinés
en sera be. »
Genev., rabobiner. Morv.. raipouoiner. Norm., rabaubiner
(répéter lioniquement le dire de quelqu'un). (V. Rabisloquer,
Ramiauler.)
Rabônir, V. tr., rabonnir, rendre meilleur, bonifier : « Après
c'qu'ôl a fait, l'vauran, y é pas lu qu'on veut rabànir. »
Montr., rabonder. Morv., rabouni, raibouni. Suiss. r.,
rabouana.
Rabot, s. m., petit soulèvement, inégalité de pavé, de terre
sur les routes : « J'seû été au mitan d'ia levée; y avôt ben
des rabots. »
Bourg., raibô.
Rabotoû, ad]'., raboteux, inégal. Plancher, chemin vabotoû.
Genev., rabota. Morv., raibotou. Vx. fr. , rabottcux.
Rabouter, v. tr., raboutir, coudre bout à bout : « L'pauvre
houme! ôl a l'air minâbe. Sa fonne devrôt ben li rabouter
ses nipes. »
Raboutoner, et Rabout'ner, v. tr., boutonner de nouveau:
« Vouéyons, chin d'sâlôt, raboutone donc ta cueûlote. »
Wall., ribottné.
Racàter, et Raquàter, v. tr., ramasser : « Eh! vieux! que
qu'te fais? Racàte donc ton bounôt. »
Racater (se), V. pr., se retirer, s'abriter : « Eh! boune
vouésine, que d'venez-vous donc? On n'vous vouét pus. —
Que v'iez-vous, vouésin! par ce grô-t-hivâr, i m^racate
au counôt d' mon feù. »
Râche, s. f., teigne, gale. On entend souvent dire : Ça teint
bon, ça teint coume râclie. »
Berry et Bourg., raclœ. Bress. , râche. Forez, rachi.
Fr.-Cté, râche, raitse. Genev., râche. Jura, rache. Lang.,
rasca. Lyon., rachi. Montr., râche. Morv., râche. Prov.,
rcdzc, rasca. Suiss. r., ratse. Vx. fr., râche.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 349
Râchet, adj., mot qui, d'abord synonyme de Râcîioù, a
ensuite son acception figurée, qui le fait l'équivalent de
(( gamin » : « Allons, dit une femme à un drôle qui l'en-
nuie, va-t'en donc, ch'ti râchet. »
Ital., raschid, Bourg., râchai. Dauph., rachct. Jura, racket.
Lang.. rascas. Montr., rachct. Rom., rasca, rai/cha. Vx. fr.,
rachat, rachats. (V. Rnckoù.)
Râchoû, adj., rude, rugueux, qui a la teigne.
Aunis, ruchou. Beiry, râchons. Bourg. , râchou. Forez,
ràchous, rochous. Lang., rasroiis. Lyon., ràc/ions, rochous.
Morv., rdchou. Prov., rascas. Vx. fr., racheux. (V. Rdclict.)
Râcloû de boyaux, loc, crin-crin, mauvais joueur de violon,
— qu'on est encore bien heureux de trouver et de jucher
sur ses tonneaux pour les noces, les foires et tous les bals
de fêtes,
Rouch., racleux d'boïau.
R.\CLÔT, s. m., raclure, croûte ordinairement d'un beau
brun doré, qui reste au fond de la marmite oiî l'on a fait
cuire les gaudes, et que la cuillère enlève par rubans. Très
recherché de certains. Les mères abandonnent volontiers
ce régal aux enfants.
Berry, rdclon. Chalon., raclo. Maine, râclon. Morv.,
rdghiot. Sav., rupon. (V. Rdsure.)
Rac'moder, V. tr , raccommoder.
Berry, rac'moder. Morv., raic'moder. Norra. et Poit.,
rac'moder. Wall., rakomodè. Vx. fr., raccommoder.
Racoin, s. m., recoin, coin sombre, angle retiré : « J'ons
sarché dans tous les racoins, et j'ons pas pu y treiàver. »
Berry, racoin. Bourg., recoij. Lille, racoin. Morv., racoin.
Norm., rencoin, rincoin, racoin. Wall., rcncoin. Vx. fr.,
recoin. (V. Counàt.)
Racôti, adj., raccourci, de petite taille; et aussi : desséché,
retiré, racorni par le feu.
Lat., recoctum. Bourg., raicôti, récôti. Vx. fr., r'acourci.
(V. Recoquerillcr.)
Radelier, s. m., celui qui confectionne les radeaux. La
350 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
prononciation élide le premier e autant que possible, et
finit par donner racVlier, et chez certains même ?'ad'ier.
Radiau, s. m., radeau.
Lat., ratis. Ital., sattera. Bas-Lat., radellus. Prov., radclh.
TouL, rach. Vx. fr., radeau.
Râfe, ad]'., rugueux, rude au toucher, au fig. revêche :
« T'as les mains ben ràfes: on dirôt la langue d'ein chat. »
— (( Qu'ôl é don rd/e en vous parlant! »
Bress., rdfc Fr.-Cté, revache. Montr., rafe.
Rafler, v. tr., effleurer : a 01 avôt bu ein coup d'trop; ô
ràjlbt les murs en rentrant. »
Bourg., rajUai. (V. Rijler.)
Rafouillon, s. m., chose de rebut, mauvais reste de viande:
({ Que c'qu'ié que ces ra/ouillojisqu'ie m'bailles à mainger?
Notre chin n'en vourôt point. »
Bourg., raifouillûii. Norm., r affreux.
Ràfu, s. m., bruit, tapage : « Que râfu qu'te nous fais!
V'tu ben t'taiser ! » — « La neùt j'ons entendu ein vâfa
du diâbe. »
Berry, rajfut. Morv., raffut, raiffut.
Ragâcher, V. tr. et intr., rabâcher^ gronder, taquiner, parler
sans cesse, sans raison, et surtout d'une manière ennuyeuse.
Berry, rahûter. Bourg., rabâchai, rabâchai. Champ.,
racâter. Fr.-Cté, ravouner. Jura, rahûter. Morv., ralcdter.
Norm., ragâcher. Pic, racacher. Poit. et Saint., rahûter.
(V. Racjogner, Randoiicr.)
Ragâcher, v. tr., gagner aux billes, en faisant rouler dou-
cement la sienne. Terme de jeu enfantin.
Ragâchoû, s. et adj., rabâcheur : (( 01 é enniuant, c'vieux
ragàchoù; à rec'mence tôjor lamain-me chouse. » (V. Ra-
(jognon.)
Ragogner, v. tr., gronder à tout propos, murmurer, bou-
gonner, maugréer : (( Que c'que t'nous vagognes donc là,
toué. »
Morv., racjosser, raigoigner. Prov., regaugnar. (V. Ragâ-
cher, Randoner.)
LANGAGK POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 351
Ragôgnon, s. et adj., grognon, mécontent, grondeur, qui
trouve à redire à tout.
Morv., ragossoii, vaiijoignon, vaujolfjnou. (V. Rar/dc/iou.)
Ragotoû, s. et adj., bavard, cancanier, diseur de menteries,
faiseur de ragots : « C'tô-là, all'vous en débile! ma y él
eùne ragotouse. ))
Morv., ragotoû.
Ragouillage, s. m., mauvaise ratatouille, cuisine d'auberge,
mets à sauce trop longue et fade.
Bas-Lat., regiistus. Cogn. etPoit., ragouillage.
Ragouer, V. tr., rassasier, dégoûter : (( J'n'en voux pu, d'ton
fricot; j'en seû ragoué. »
Raïin, s. m., raisin : « h'raïin è meùr; j'allons v'nanger. »
Lat., racptnus. Ital., raceino. Berry, rasia. Bourg., rasin,
ra^iii. Isère, raisl. Lim., rosïn. Mac, rainsain. Metz, rejin,
rèliiii. Montois, roiijin. Morv., ràj'in, rdsin. Pic, roslii, raisin.
Prov., rnsin, ra^ain, ra;ini. Rouch., rosiii. St-Am., rcn:;cn.
Sav., re^in. Wall., rojin. Vx. fr., reisin, roisin.
Raïinet, s. m., raisiné, cette confiture locale, faite de fruits
cuits dans le vin doux, excellente comme on la façonne
chez nous et dans le Midi. On en connaît le nom à Paris,
mais on n'y connaît guère la chose.
Genev., la raisinée. Vx. fr., raisinet, résinée.
Rkih, s. m., organe, voix, parole : « J'te réponds qu'on l'en-
tend, c'tu-là ; ôl a eùn fameux rail. »
Morv., raille.
Raim, et Rain, s. m., ramée, ramille, branchetto. On dit un
rain de balai, de fagot. De là : rainsée, correction donnée
avec un 7'ain. — Se dit aussi d'un bord de chemin, d'une
lisière de bois.
Lat., ramas. Bress. et Montr., 7Yiin. Morv., raime. Prov,,
rama, ramasse. Vx. fr., raim, raime, ram, ramel, ramon.
(V. Ramiau, Remesse.)
Rain-néte, s. f., crécelle. Même source que Rânote, le
bruit de la crécelle imitant volontiers le coassement de la
grenouille. — Les trois derniers jours de la semaine sainte,
352 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
cet instrument peu harmonieux remplace les cloches
(( parties à Rome », et dans les mains des enfants sert
à appeler les fidèles aux offices et principalement aux
Ténèbres. — Dans la Franche-Comté, certains villages
dénomment la rainette : cri-cri, ou bruyant. (V. Tar-
tevéle.)
Rain-non, s. m., murmure, bruit confus de paroles. Quand
le chat ronronne, il fait son rain-non.
Morv., rainon.
Raïon, s. f., raison : É-t-i godiche, c'tu-là! ô n'a pas à'raïon
de s'ensauver c'ment c'qui. » — Prononciation analogue
à : Râïin, Mâïon, Plâïi.
Lat., ratio. Ital., ragione. Bourg., roison. Fr.-Cté, rason,
ra/'on. Lorr., ràkon. Morv., raïon, ràjon. Prov., ra/o, raxio.
St-Am. , rajon. Sav., rcijon. Yx. fr., raistin, reson^ reison.
Raïouner, V. intr., raisonner, discuter.
Lat., rationare. Ital., ragionare. Morv., râjouner. Prov.,
razonar, rasonar. S t. -A m., rajouné. Vx. fr., raisnier.
Raïons (avoir des), loc, être en querelle, en dispute, en
altercation : (( N'ii dis donc ran; ôl a tôjor des ratons
d'avou tout r monde. »
Genev.. aooir des raisons. Morv., avoir des raïons.
Raisse, s. f., sillon double, tracé au moyen de six raies,
pour l'ensemencement du maïs et des pommes de terre.
Indre, raisc.
R^ALER, v. intr., aller de nouveau : « J'avions à r'vouér la
p'tiote cheû sa grand'; j'y sons r'alés. n — « J'n'ai pu mau
au genô; je r^cas à l'école. »
Vx. fr., râler.
Rambôr, s. f., rambour, sorte de. pomme originaire de
Rambures, territoire d'Amiens. (V. le Glossaire des Noëls
Bourguignons.)
Bourg., rainbor.
Ramendever (se), v. pr., se i-appeler, se remémorer.
Lille, rainintucoir. Rouch., ramentacer. Wall., rarnintrwer.
Vx. fr., ramembrer, ranienter, ramenteooir. (V. se Recorder,
se Remembrer.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 353
Ramiau, s. m., rameau, petite branche feuillue.
Lat., ramcllus. Bourg., raimea. Morv., raimiau. Prov.,
ramel. Sav., rainpau. Toul., vamadeto. Vx. fr., ra/nel,
rameau. (V. Raiin.)
Ramiauler, V. tr., rendre amis, réconcilier : (( J'ies ons
invités, é pi j'Ies ons ramiaulés. » Dans la première moitié
du mot on trouve un réduplicatif d'ami (r'ami).
Maine, amianler, ramiauler. Morv., raimiauler. Norm.,
ramiauler^ ramiclier. Poit., ramtgiiaudcr. (V. Rabobincr.)
Ramounà, et RoMONÂ, s. m., ramoneur : « On entend Vra-
mound chanter. Gare! y é l'hérondale d'hivar. ))
Ma.'ine, ramogiiard. Morv., ramona, raimougnà, raimoignâ.
Pic. , ramonai.
Ramouner, V. tr., ramoner : « Pour pas mett' le feù à ta
ch'vinée, faut la fâre ben ramouner. »
Morv., rainiouner. Pic, ramonner (balayer). Vx. fr.,
ramoner.
Ramouner, et R'mouner, v. tr., ramener : « Veins, veins,
p'tiot drôle, j'vas Vramouner cheû vous. »
Bourg., rémené. Morv., raimouiior, raimougncr. Wall.,
reminer. Vx. fr., rameiner, ramaincr, ramcyaer, r'amener.
Ran, s. m., rien : (( Te nVaux ran! » — « Je n'te dois ran! »
Par-ci, par-là on entend également ren (pr. rin). Vient,
par une bizarrerie étymologique, du latin res (chose) : Non
habeo rem, je n'ai rien, littéralement : Je n'ai pas quelque
chose.
Berry, re/i, rin. Bourg., ran. Bross., ran, rin. Dauph.,
ren. Fland., rin. Fr.-Cté, ran. 11. -V% ren. Jura, ran. Lim.
et Lorr., ré. Mac, ran. Mont., rié. Montr., ran. Morv., ran.,
rin. Poit., ren. Prov., re. Sav., rè. Suiss. r., ran, rein. Toul.,
re, res. Vosg., ron. Wall., rin, rein. Vx. fr., riens, rien
(chose).
Rancâser, et Rancasser, v. intr., jeter les derniers souffles,
râler. Se dit de l'agonisant qui respire avec peine et
suffoque : « 01 é ben prô d'pâsser ; ô rancàse. »
Lat., rancare. Bourg., rancôssai. Dauph., ranchcisier.
Fv. -Cté, rancot/er. Genev., ranquemeler . Isère, rancheisié.
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354 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Jura, rancasser. Montr., rancaser. Morv., ranqueaer. Noi-m.,
ranccr. Wall., rôld. Vx. fr.. raller. (V. Raticot. )
Ranchée, et Rang[E, s. f., rangée : « Eùne ranchée d'âbres,
eùne rangie d'mâïons. »
Berry, ranchée, ranche, range, rande. Genev.^ ranchée.
Lyon., ranchée, ranche. Morv., ranchie, rancie. Norm.,
ranguie. Prov., rangiera. Wall., reingeaie. Vx. fr., rengée.
Rancôrsî, V. tr., raccourcir. ^
St-Am., racoursë. Vx. fr., r acourcir .
Rancôt, s. m., enrouement, respiration de moribond : « J'ai
évu frèd, à c'maitin, é pi v'ià qu'j'ai Vrancbt! »
Lat., rctucus. Bress., ranco. Forez, ranquct. Fr.-Cté, rancot.
Genev., ranco. Jura et Montr., rancot. Morv., rangot. Norm.,
rancie. Toul., ranguil, rascle. (V. Rancaser.)
Rancoû, adj., qui a le rancot, enroué dangereusement.
Montr., rancou.
Rancueiine, s. f., rancune, animosité.
Bas-Lat. , runcurina. Ital. , rancura. Berry, rcmcure.
Champ., rancor, rancour, rancœur. Maine, rancœur. Morv.,
ranqueune. Prov., rancura. Vx. fr., rancure, rancune.
Rancueûnoû, adj., rancunier.
Lat.j rancidus. Morv., ranqueunou. Vx. fr., rancuneux.
Randoner, V. intr., gronder, être de mauvaise humeur :
« L'pauv'vieux, ô n'é pas émusant; y é si sôvent qu'ô
randone. »
Artois, randouler, rindoulcr (faire un bruit prolongé).
Norm., randonner, randouiner, rantouiner {honiWiv trop long-
temps. (V. Rngâchor, Ragogncr.)
Ranfrôchî, V. tr., rafraîchir : « Aile obliôt de m'rende mes
sous; j't'li ai ranfràchi\si mémouére. »
Bourg., ranfraichi, ranfroichi, rcfroichi. Morv., ranfraî-
chi. St-Am., refrcsë. Wall., rafrechi. Vx. fr., refreschir,
rafreschir.
Ranfrôchissement, s. m., rafraîchissement, refroidissement.
Morv., ranfraichisiCDwnt. Vx. fr., refreschissenient, ra-
f reclassement, rajraiscliissement.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 355
Rangueûgner, V. intr., être colère, mais en dedans; garder
les vilains mots qu'on voudrait dire aux autres, mais qu'on
ne dit qu'à soi tout seul : « Je n'sais pas c'qu'ôl a; ma ô
rangaeùgne tô l'temps. »
Lang., rampela. Lyon., rampcUo. Prov., ramproti;/nar\
rampeiav. Vx. fr., ramponner, ramprosncr.
Rangueûgnoû. adj., qui gronde intérieurement.
Lim., roungouniou.
Ranlargî, V. tr., rélargir : « Not'fonne m'a ranlargi mes
jambes de cueùlôte. »
Wall., rildrgi .
Rànôte, s. f., rainette, petite grenouille verte. — On peut se
rappeler le couplet :
Pd ! pâ!
Rânàtes, pâ!
Vequi Mossieu
L'abbé de Luxeu!
Que Diou gâ!...
Pâ! pâ!
couplet malheureusement trop connu des paysans de jadis.
Lorsque l'abbé de Luxeuil, seigneur de Montureux-sur-
Saône, venait en cet endroit, ses vassaux étaient obligés
de battre l'eau des fossés pendant la nuit, afin d'empêcher
les grenouilles de coasser. Pour se dédommager, ils chan-
taient ce couplet en chœur, mais sans doute en sourdine.
Quel sybarite que cet abbé ! et comme il soignait son
rejios! — Une autre version, celle que donne Jules
Guillemin, prétend que les paysans avaient cette tâche
pendant les couches de la dame de Luxeuil. Cela se com-
prendrait mieux et serait plus vraisemblable. Pourtant le
vers est là, et, puisque l'abbé était le seigneur du château,
quelle châtelaine pouvait-il donc y avoir en couches?
Lat., rana. Forez, rcnna . Norm. et Pic^ raine. Prov.,
raineta. Rouch., roignc. Wall., raine. (V. Rain-ncte,
Renoille.)
Ran que, loc, rien que : « 0 n'm'a beillé ran que c'qui. »
Bourg., rail que. Cogn., rein que.
356 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Rapapilloter (se), v. réfl., se remettre en meilleur état.
Peut se prendre au physique et au moral.
Norm. et Pic, même mot.
Rapatafioler, V. tr. N'est à peu près uniquement employé
que dans cette locution : « L'bon Dieu X;r a-pat ajiolel »
c'est-à-dire te bénisse! Se dit ironiquement à quelqu'un
qui vous ennuie.
Rouch., rapatafioler. Y^ic, patafiolcr.
Râpe, s. f., crochet au long manche pour tirer la braise du
four.
Morv., râpe. Vx. fr., râpe.
Râpé, s. f., piquette faite avec du raisin, sur lequel on verse
de l'eau. Du tonneau on tire jusqu'à épuisement. Alors,
sur le même raisin on reverse des seaux d'eau, et l'on
obtient un faible diminutif de la première piquette.
Genev., râpi. Saint., râpé. Vx. fr., rappé.
RÀPEAu, s. m., appeau. Jeune oiseau dont on se sert pour
attirer les autres. Petit instrument qu'on met dans sa
bouche (à soi, bien entendu), et à l'aide duquel on imite le
chant des oiseaux.
Lat., rapellum. Forez, râpai, rapaji., rapio. Lang., rapel-
laire. Morv., aippeau. Prov., rampeou. Wall., appel. Vx. fr.,
rapcau, apex, apax, apcls.
Rapiamus (faire), loc, chiper, soustraire un objet. Terme
latin introduit d'abord dans le langage des collégiens,
mais passé ensuite dans celui de tous les enfants, parmi
lesquels le mot et la chose sont passablement usités.
Devenu populaire.
Lat., rapere . Norm. et Vie, faire rapiamus.
Rapiéc'ter, V. tr., rapiécer : « La couraude! all'ne treùve
jamû l'temps à.^ rapiéc'ter son lioume ; ô va tout dég'nillé. »
Wall., rapcssi. Vx. fr., rapiécer., rappiéccr.
Rapondre, V. tr., rallonger, ajouter, rejoindre deux mor-
ceaux : (( T'crès donc que j'sons bitous? On y vouét prou
qu'y é rapondu. »
Genev., rappondrc, appondre. Morv., raipondrc. Sav.,
rappondre. (V. Apondrc.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 357
Raponsr, s. f., pièce d'étoffe, de linge, ajoutée sans soins
minutieux à une autre pièce.
Jura, rapponsc. Suiss. r., rapponsa.
Raport à, loc, à cause de : « L'niariage a manqué rapport
à lu, qui v'iôt pu gros d'écus et pu long d'târe. »
Rapôrter, et Rapûurter, v. tr., rapporter, faire des rap-
ports en sournois.
Morv., raipouiier.
Rapsauder, V. tr., raccommoder, mais imparfaitement :
(( Lapauv'fille! aile a ben Tintention de r'tenî son linge;
ma air le rapsaude. »
Aunis, rapsauder . Geuev., rapsodcr. Morv., rapsôder.Vic,
rapsauder. (V. Ratapiaclier, Rataponer .)
Rase (au), loc, au ras, jusqu'au bord, comble.
Lat., rasus. Ital., raso. Morv., au rase. Prov., ras. Vx
fr., r««, ras.
Ràsure, s. f-, synonyme de Raclot. (V. ce dernier mot.)
Bress., râsurc. Jura, rasure . Montr., rdsure.
Rat, Rate, s. m. et f., terme d'amitié donné aux petits
garçons et aux petites filles : « Veins, mon p'tiot rat!
Bise-me, ma p'tiote rate! » Ces mots caressants naissent
spontanément de la bonne humeur du pays.
Ratapacher, V. tr. , rapetasser, raccommoder imparfai-
tement, sans soin et sans goût.
Morv., raipatachcr. (V. Rapsauder, Rataponer.)
Rataponer, et Ratiponer, v. tr., retaper et rapiécer.
Genev., retaconner. Morv., rabiauder . Poit., rahlller.
Rom., tacon (pic'Ce, morceau). Rouch., rataconcr. Wall.,
rabii. (V. Rapsauder, Ratapaelier .)
Rate, s. f., souris. Est-ce parce que les petites souris blan-
ches sont gentilles, qu'on a appelé rates les dents blanches
des enfants? — La rate est la femelle du rat. Mais, chez
certains fantasques d'entre nous, on a apparié des couples
d'une manière plus excentrique : le rat et la, souris ; le
crapaud et la grenouille; le pou et la. puce, etc., etc.
35& LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Bourg., raite. Bress. et Genev., rate. Morv., raite. Poit. ,
ra?!(Vi (rat et souris). Prov., rata. St-Am., rata. Suiss. r.,
rattc. Toul., ratclo. Vosg., raite. (V. Rates.)
Rate (faire la), loc, faire sautiller, courir de tous côtés,
mais surtout faire arriver brusquement devant les yeux de
quelqu'un, un ra3'on de soleil réfléchi par un petit miroir
qu'on manœuvre. Amusement déplaisant des gamins.
Genev., faire la rate.
Rater, v, tr., chasser le rat, la souris. Se dit du chat.
Bress., rater.
Rates, s. f., dents d'un petit enfant. Mamans et nourrices
emploient ce mot d'une façon toute gentille : (( M'amie,
montre-me tes p'tiotes rates. » Dans plusieurs provinces
les dents de lait portent ce nom.
Genev. et Saint., rates. (V. Rate.)
Rate-volerate, et Rate-voluche. s. f., chauve-souris. Les
paysans, ignorant qu'ils ont affaire à un destructeur d'in-
sectes nuisibles, clouent encore impitoyablement la chauve-
souris aux portes de leurs granges.
Bas.-Alp., rate-pléne. Dauph., ratapena. Forez, ratni'ou-
lac/i, rate-colage, ratapenna. Gasc, rato-penno. Genev.,
ratoulite . Isère, ratapena. Lang. , rato-pcnado. Pic. , casseuris,
cateseuris. hîm., pissorotto. Lyon., ratacolagi, rate-colage,
ratapenne. Montr., rate-i'oalace.lSlovv., chaucoucfieri, chau-
vouchie, seri. Nam., chau-sori, chéhau-sori. Norm., souris-
gangue. Prov., ratapcnada. Rom., ratapennada. Rouch.,
cate, caute-soris, queue d'sori . St-Am ., rata-coulache. Sav.,
rataoolà^a. Suiss. v. , ratta-i:olairc. Toul.. rato-peno.'Vend.,
ratacolaire. Vosg., colant-raitte. Wall., chaice-sori. Vx. fr.,
ratepenade, saris chauve, chauve la sori^.
Râtiau, s. m., râteau, et râtelier pour le foin et la paille.
Lat., rastelluni. Ital., rastrello. Dauph., ra^ew. Il.-V%
rdtiau, rdtè, rdtel. Lim., ràteii. Lorr., r'tei. Lunév., rètio .
^loniv., ratieau . Morv., ràteai, rdtiau. Rouch., rètiau. St-
Am., rôté. SdiX .,rdtai.To\x\.,rastél. \\.iv., rastel, rasteau.
Ratichon, s. m., réprimande, reproche : « En rentrant
d'I'écôle, ôl a r'cevu du père ein ratichon soigné. »
LANGAGE POI^ULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 359
Ratoire, s. f., ratière, souricière.
Berry, ratouève. Bourg., raitore, raitoûre. Cogn., ratocre .
Montr., ratenre. Morv., raUouère. Prov., vateira. Vx. fr.,
ratouere, ratoire.
Ratour, s. m., retour, détour, chemin qui force le marcheur
à se retourner.
Ital., ritorno. Berry, ratour. Bourg., retor . Norm., ratour.
Prov., rctorn. Rouch., ratour. Vx. fr., retor, retur, retour.
(V. Retor.)
Ratourner, V. intr., retourner, détourner.
Ital., rltornare. Berry, ratourner, artourner. Bourg., re-
toiiiiai. Prov., retor/iar. Rouch.. rctonnai. Wall., ritourné.
Vx. fr., returner, retorner, retourner. (V. Retoracr .)
Ràtri, adj., flétri, desséché au four : (( Eh! dites donc, la
mère? C'te miche é ben vàtrie. »
Bourg., râtri.
Rauger, V. tr., mouvoir, agiter, remuer : « Allons! v'tu te
t'nî; Vrauges tôjor. » — « J'vas qu'rî du lait; rauge les
gaudes. » (V. Roger.)
Raug'mente, s. f., augmentation de prix, renchérissement:
« Ben marci! sur les troquets y a gros d'ia raug'mente! »
Morv., raugmente .
Raug'menter, V. intr., renchérir : « V'ià l'pain qui raug'-
mente; faudra s'sârer la sous-ventrière. »
Morv., ra.ugmcntcr.
Ravàchelins, s. m., débris de toutes sortes, entraînés
d'abord, puis laissés par les courants d'une inondation
(branchages, fragments de bois, de joncs, de roseaux,
outils, fragments de meubles, de vaisselle, etc.). : « Grand
Dieu! Y a-t-i été tèribe! Y avôt haut c'ment c'qui d'raod-
chelins sur les bords ! ))
Rayasses, s. f., feuilles de raves, ramassées pour le bétail.
On appelle les Bressans « migeous de raives », et les
Savoyards « croque-raves ».
Montr., raisasses.
360 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Ravaut (au), loc, au rabais. Presque synonyme de Rabiau.
Wall., au îYioaiit. (V. Rabiau.)
Raviaule, s. f., mets dans lequel on a mis force raves.
Poit., rahiaule.
Ravier, s. m., tas conique de raves, de pommes de terre,
disposé dans les champs ou dans les cours.
Montr., rdoier.
RAvoNÉE, s. f., sorte d'herbe, ayant de la ressemblance avec
le chiendent, mais qui n'est d'aucun usage, et qu'on briîle
par tas dans les champs pour la transformer en engrais.
Genev., vuKonet (raifort), ravonaille (roquette). Sav., ra-
voiiind (terrain sec et peu fertile), hocrllii (mauvaises herbes
que l'on brûle comme nos raconées).
RÉBARBARAT1F, ad]., rébarbatif.
Genev. et Lyon., vébarharatif. Vx. fr., reuharbatif.
RebÀte, s. f., meule verticale des moulins, servant à gruer
l'orge.
Lyon., vabata (faire du bruit, se disputer). (V. Gruer.)
Rebauler, et Rebôler. v. intr., pleurer, gémir, crier très
fort, pleurer en criant. S'emploie comme Banler, dont il
est cependant le réduplicatif : « D'abord que j'ie quitte, ce
p'iiot, ô s'met à r'bauler. »
Morv., rébolcr. (V. Brainier.)
Rebéquer (se), v. pr., se rebifïer, se révolter. En Bourgogne,
ou appelle vebecca un enfant insoumis.
Ital., ribcccare. Bourg., se rebaiqual. Genev., rebéquer
(dégoûter, en parlant des aliments). Movw .,ser'bailier. Vx. fr.,
rebecquer, rebec (qui résiste, s'insurge).
Reberdauler, v. tr., refaire mal quelque chose : (( Ce diâbe
d'carloij, ô m'a drôlement r'berdaulé mes souleis! ))
(V. Rabistoquer.)
REBEiàiLLER, Rebuyer, ct Reveûiller, V. intr., chercher en
remuant avec désordre, mettre sens dessus dessous, fureter,
bouleverser : « As-tu fini de 7''beùiUer dsons mes afâres? »
Bervy, rebeuiller, rcbouler. Bourg., rebeuillai. Bress., re-
LÀ'NOAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 361
iieuillei'. Genev., rabouUlcr, vebouilier. Jura, rchcalller .
Montr., rpociiiUcr. Mow .^ r'bculller, arbeidllcr, erbcuiller.
Niv., rebcuiller, rebouler. Suiss. r., rebouUhi. Vx. Iv., iri-
bouiller.
Rebeûillon, s. m., bulles d'air, bouillonnement que le
poisson fait monter à fleur d'eau.
Rebor (à), loc, à rebours.
Bas-Lat. , rebursus. Bourg., ai rebor. Vx. f r. , rebors,
reburs, arrebours, rebous.
RÉBORGER, V. intr., déborder, passer par-dessus les bords;
« 0 prend tant de sôpe, que son assiéte en réborge. »
Lat., vergere. Bress., réborger.
Reboufer, V. intr., saillir, ressortir avec gonflement, bouffer :
(( Sapeùrju! la bail' robe qu'aile avôt! pou darrei, y
r'boujbt c'ment eùne marmite. »
Poit., rebouffer.
Rebouler des zieù, loc., rouler des yeux, faire les gros
yeux : « L'peut drôle! tout l'temps ô m,er boule des zieù,..
On dirôt qu'ô va m'miger. »
Lat., revolvere. Bourg., riboulai. Bress., rebouler. Morv.,
rebouler, erbouler, Poit., rtbouler.
Rebuillon, s. m., dérangement, bouleversement. Faire le
rebuillon, mettre tout sens dessus dessous, mais pour
nettoyer et remettre en place ensuite. La bonne ménagère
fait souvent le rebuillon. Si la prononciation était logique,
elle dirait rebeûillon, puisque le verbe est rebeùiller.
(V. ce dernier mot.)
Bress., rebeûillon.
RÉCHANDÎ, V. tr., réchauffer : « Fais eùne flambée; j'voudrôs
ben XQ^réchandi l'bout des dèts. »
Lat., recandescere. Ital., riscaldere. Bress., réchandir.
Montr., rechandre. Norm., recofer. Pic, récaujer. Wall.,
rehâdi. Vx. fr., reschauffer.
Rechâner, V. intr., hennir.
Lat., hinnire. Berry, hannir, rechâner. Bourg., rccliànai.
Montr,, rècaner. Poit., rechanai. Vend., rechegnai. Vx. fr ,
henir, hanir.
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362 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
RÉCHAQUER, V. ti., recueilHr, rattraper, recevoir, saisir au
vol quelque objet qu'on vous jette : « Réchaque donc l'iau
dans ton bassin. » — « Hé! jéte-me des cerises; j'vas les
réchaquer. )) — « Coume le réchaques ben rvolant! ô
n'tôche tant s'ment pas la raquéte. »
Bress., rechoquer. Montr., réchaquer.
Rechaud (au), loc. : « S'coucheraw i^' chaud, )) c'est se coucher
sans faire son lit entièrement. On appelle encore cela
retaper non lit. Mauvaise coutume de quelques ménagères
qui craignent leurs peines.
RÉCHETER, V. tr., racheter.
Bourg., re'chetaî. Pic, racater. Vx. ir.,rachater, racheter.
Rechigner, v. tr., singer, contrefaire, imiter en raillant,
mal accueillir : « Poui ! c'musiau d'singe-là, ô r'chigne
tout l'monde. »
Lat., regeminare. Ital., scliemire. Berry, rechigner (velever
la lèvre supérieure). Bourg., rejannai, regignai, requignai.
Bress., rcjenner. Chai., r^echig ner. Cha,ii\, , rejauner. Dauph.,
eichargnier . Forez, echar/iie, êchargni, échargnâ. Lang., es-
carni. Montr., rechigner. Morv., rechairgner, regigner. Pic,
rejongler. Prov., rechinar, rechinhar. Rom. , cscarnir. Rouch.,
arénier. Toul., rufa. Vx. fr., escharner, reschigner.
RÉGIE, s. f., goûter, ou petite collation après le repas du
soir. Répétition du souper.
Bourg, et Champ., recie. Rouch., cine. (V, QuàVheûrcs,
Rossignon.)
RÉciNER, V. tr., faire la récie.
Lat., recœnare. Bourg., recinai. Champ., reciner. Lille,
rechenner. Rouch., rechiner, rechèner.
Rec'mencer, V. tr., recommencer.
Ital., ricominciare. Bourg., requeniancé. Prov., recomen-
sar. Wall., rikniainsi. Vx. fr., recumencer, rccomniencier.
(V. Arc'mencer.)
Recôqueriller, V. tr., recroqueviller, racornir par le feu:
« L'pauv'petiot! rfeii a pris ché eusses; on n'a pas pou vu
l'sauver. Quand on l'a r'treùoé dans les c'nises, ôl étôt
tout recbquerillé. n
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 363"
Lat., rccoquere. Bourg., recocrillai, recôquillai. Vx. fr.,
recorbiller. (V. Coqueriller, Racôtl.)
Recorder (se), v. pr., se ressouvenir.
Lat., rccordare. Ital., ricordare. Bourg., recôdai. Lorr.,
se recouder. Pic, ercorder (encourager). Prov., recordar.
Rouch., se recorder. Wall., rikoirdé, recorder (enseigner,
répéter une leçon). V. fr., se recorder. (V. se Ramendeoer, se
Remembrer.)
Recounaissu, part, de Recounâtre, reconnu.
Bourg., requenu.
Recounâtre, v. tr., reconnaître, observer, découvrir.
Lat., recoçinoscere. Ital., riconoscere. Bourg., recueuneutre,
rcqueuaoUre. Prov., recognoscer, reconoscer, reconnoisser.
Wall., riknuh. Vx. fr., recoaoistre, recognoistre.
Récurer, et Récueùrer, v. tr., écurer, nettoyer : « Putôt
que d'tailler des bavétes, va donc récueùrer tes chaudrons. »
Lat., curare. Bourg., récurai. Montr., récurer. Morv.,
écuhicr. Rouch., récurer. Wall., rihuré. Vx, fr, , recurer.
RÉcuRON, s. m., lavette, mauvais linge à écurer.
Bourg., récuron. Morv., écuhion, requeuron (bouchon de
paille pour vaisselle).
RÉDicuLE, adj., ridicule, et aussi petit sac que les dames
portaient jadis au bras et qu'elles reprennent maintenant.
Lat., ridiculus. Rouch., rédicule. Vx. fr., ridicule.
RÉFRiGNÔLÉ, adj., frileux, refroidi : « J'ai fait, à c'maitin,
eùn tôr su la levée; ma i f'sôt eùne bise du diâbe. . . j'seû
tout réfrignôlé. ))
Lat., frigidulus. Ital., freddoloso.
RÉFRiQUER (se), V. pr.^ se réjouir d'avance : « Les griôtes
seront bentôt meùrtes; i vcCréfrique d'en miger. » —
« J'vons-t-i nous obuyer à c'te fête! Je mréfrique d'y
ginguer. »
Montr., se rafriquer.
RÉGAUDIR (se), V. pr., se réjouir, se divertir, s'ébattre : (( Dà!
hier, à l'aport, j'ons fricoté, j'ons bu, j'ons dansé; j'nous
sons prou régaudis! » De ce mot, M. Mignard, par une
364 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
étymologie à lui, conclut que l'on devrait dire : danser un
régaudon (et non un rigaudon).
Lat., gaudere. Ital., rallcgrarsi. Bourg., se règaudi. Bress.,
se rc^oyi. Montr., s'évaudir. Rom., engausir,
RÈGE, s, f., sillon, raie qui sert de sentier dans les terres.
Bress., i^ègc. Prov., rcgo. Vx. fr., i^ega.
Reginguer, V. intr., regimber, se rebiffer. N'est pas le rédu-
plicatif de ginguer : « 0 n'é pas ben c'mode ; drès qu'on li
fait eùne reprémande, ô r'gingue. »
Berry, reginguer.
Regiper, V. intr., gigoter, tressaillir, lancer des coups de
' pieds, se débattre avec des soubresauts : (( Quand j'vons li
bailler l'titi, à ce p'tiot, ô r'gipe tô c'ment eùne sarpent. »
— (( L'pauvre houme ! ôl é bé mau ! ô n'peut pu r'giper. »
— Quand il est hors de l'iau, le poisson regipe. — La
forme pronominale de ce verbe (se i^egiper) n'en change
presque pas l'acception. Ainsi, dans les exemples cités, on
pourrait aussi bien dire : « Se regipe. ))
Lat., repedare. Berry, giper, regiper. Bourg., regippai,
giper, j'upcr. Bress., regiper. Cham^. , giber. Flund., regibier.
Fr.-Cté, giper, juper. Montv., regipper. Morv.^ regiber. Poit.
et Saint., giber. Vx. fr., rccjipper^ regiheir.
Regret, s. m., déplaisir, contrariété, peine, chagrin : « I
m'fait regret d'vouér ces pauv'gens si maupourtants. »
Lat., régressas. Forez, Lyon, et Nam., regret. Wall., regret
c/'on nmu (retour d'un mal). Vx. fr., regrès, regret. (V. Ma-
lice . )
Regrigner, V. tr., froncer, rider : « L'vieux, ôl a la mine
prou peùte; ô n'fait qu'la rgrigner. » On dit : (( Eîine
poume regrignée. »
Bourg., regrignai.
Regrigner (se), v. pr., se rider au moral, s'assombrir:
« Pasqu'ô va su l'âge, le père Chose se r'grigne de pu
en pu. O craint la môr. »
Régûzer, V. tr., aiguiser, appointir.
Lat., acuere. Bourg., régusai, égousai. Cbatill., règuser.
Morv., raiguïer. Vx. fr., raguiser. (V. Remôler.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 365
RÉGÛzoû, S. m., aiguiseur, rémouleur.
Bourg., règusou. Moi'v., rai(juiou. Toul., atjuset. (V. Re~
môloà.)
Rein-ne, s. f., reine : (( La mignonne Magrite étôtla rein-ne
de la fête ; tô Ttemps aile a dansé. »
Lat. et Ital., résina. Prov., rcfjtna, rcina, rcijna. Rouch.,
roine. Vx. fr., rcïiie, roïne, roi/ne.
Rejauper, V. intr., rebondir : « Ma balle? Gageons que j'ia
fais rjauper pu haut qu'toi. » Se dit aussi d'une personne
qui saute lestement : « Le bigre! ô n'é pas gambi; ô r'Jaupe
tô c'nient eùne bique. »
Bourg., rejoupal.
Rejicler, V. intr., rejaillir.
Lat.. rcjiccrc. Dauph. et Genev., rcçjicler. Lang., rcjiscla.
(V. Jicler.)
Relaver, v. tr., laver, mais seulement pour la vaisselle:
« V'tu ben aller r'/are/' tes assiettes; » autrement, pour le
linge, par exemple, on dit : laver.
Pic, Rouch., WaU. et Vx. fr., relaccr.
Relaveuse, s. f., laveuse de vaisselle, qu'on prend souvent
en aide dans les grandes occasions.
Pic, rclavensc. Rouch., relaceussc.
Relavure, et Relaveùre, s. f., eau sale provenant du lavage
de la vaisselle.
Rouch., vclaGuve.
Réleiîmer, V. tr., rallumer : « J'ai èicindu la lampe; faut-i
que j'ia véleàmef »
Bourg., rélernai. Morv. , railcmer. Rouch,, valeunicr.
Vx. fr., ralumer, ^'allumer.
Relicher, V. tr,, lécher : (( Qu'ô bouéve, qu'ô mainge, le
fichu gormand, ô se r'iiche tô l'temps la babouine. »
Relucher, V. tr., reluquer, lorgner du coin de l'œil,
Genev., relucher. Luxemb., lâcher. Morv., eurluquer.
Pic, erlukcr. Rouch.. relouquer. Wall,, louki, rilouki,
louker, loukier.
366 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Relùre, V. intr., reluire, briller.
Lat., relucere. Ital., rilacere. Bourg., reluire. Prov.,
reluzei', reluzir. Wall., rilûr. Vx. fr., reluire. (V. Trèlure.)
Relusôt, s. m., étincelle, tison, reste de feu : « 0 v'iôt
s'chaufer les dèts, ma n'y évôt pu qu'ein r'iusbt dans la
chvinée. » (V. Lusbt.)
Remander, v, tr., repriser, raccommoder des vêtements, du
linge, etc. « Drôl' d'emplâtre! a\n'sait pas tant s'ment
r'mander ses bas ! ))
Ital., rammendare . Esp., remandar. Bress., remcnder.
Mac, remander. Montr., remeader. Morv. , reinander,
raimender , ermander . Rom., ramandcr. Sav. , remêdâ.
(V. Rabistoqucr^ Rahohlner.)
Remarcier, V. tr., remercier, rendre grâces.
Bourg., remarcié. Prov., reniarciar. St-Am., remâche.
Wall., rimersi. Vx. fr., mercier.
Rémasser, V. tr., ramasser, prendre, relever.
St-Am., rarnôsé. Vx.fr., r'a/nasser.
Remaugeoîi, et Remaugeù, s. m., rebouteur, celui qui remet
les fractures, les foulures. Ces sortes de raccommodeurs,
qui parfois réussissent, sont très courus dans les villages,
et la ville n'est pas sans y avoir encore un brin de con-
fiance. Se croire guéri est donc quelque chose?
Berry, armigeux, remcgeux, i-egoiigneux. Bress. ,rcmaufjeur-
Morv., raimoingeou, remanceu, rcbouteu, rcgôgnou.
Remauger, V. tr., remettre les foulures, les fractures. Quand
le rebouteur cherche à remettre en place un membre cassé,
un muscle déplacé, il remauge.
Mont., remauger. (V. Elicher.)
Remeimbrance, s. f., mémoire, souvenir : (( J'I'ai voyue
quête part; j'en ai ben eùne idée de r meimhrance . »
Berry et Montr., remenbrance. Morv., mcmbrance . Poit.,
remembrée. Pvov . , remembransa. Vx. fr., ramembrance.
Remeimbrer (se), v. pr., se rappeler, se remémorer.
Lat., rememorare. Ital., remembrare. Angl., to remcmber.
Bourg., se remrnnhrai. Norm., se remambrer. Poit., se re-
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 367
mernhrai. Vx. fr., memhrer, amcmbrer, ramembrer. (V. se
Ramendcvcr, se Recorder.)
Remesse, s. m., balai. Les sorcières allaient au sabat à
cheval sur des manches à balais; on les appelait ramas-
sières. Au XV'^ siècle, une « ramassière » fut brûlée à
Nuits. En balayant, on remesse.
Lat., ramus. Ital., rama^ura. Bourg., remaisse, reniaice,
7'atV?tosse (correction). Forez, ramat.Yv.-Ciè, remaisse. Genev,,
ramassa. Lille, ramon. Mac, ramo . Mess., rèmon. Montr.,
remai. Norm., ramon. Prov., ramas. Rom., donner la
ramasse (avec un fouet formé des ramées du balai). Rouch.,
ramon. Sav., remasse. Wall., ramon. Vx. fr., ra«io/t (ramo-
nage). (V. Raim.)
Remesser, V. tr., balayer.
Rouch., ramoner. (V. Balii/er, Remesse.)
Remessure, s. f., ramassis, balayure.
Bourg., remaissure. Roucli., ramonure. (V. BaUyure.)
Remétu, part., remis.
Morv., remettu.
Remôler, V. tr., aiguiser couteaux et ciseaux sur une meule.
St-Am., remoulé. (V, Réguser.)
Remôloû, etR'MOULEÛ, s. m., rémouleur.
Bas-Norm., èmouleux. Genev., moliére. Pic, rameuleux .
Wall., rimoleu, (V. Régusou.)
Remontrer, v. tr., montrer, apprendre, enseigner : « Le
mâtre li r'monire l'écriture. »
Lat., monsirare. Ital., mostrare. Berry, rebontrer, bontrer.
Hain', monstrer, montrer. Morv., remontrer . Prov., mostrar.
Wall., rimostré, mostrer. Vx. fr., remonstrer, mostrer,
mustrer, monstrer.
Rempirer, V. intr., aller plus mal : « L^méd'cin é ben v'nu;
n'empôche que l'pauv'diâbe rempire. »
Rouch., rempirer. Vx. fr., r' empirer.
Rempleinsir, V. tr., remplir : « Aile évôt trop rempleinsi sa
marmite ; la sôpe a reborgé. »
Prov., remplir. St-Am., repli. Wall., reinpli. Vx. fr.,
rempler^ replenir, raemplir, reamplir.
368 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Rempleûmer (se), v. pr., se remettre clans ses affaires.
Rouch., rcinplcumer. Wall., reploumé. Vx. fr., remplumer.
Renâquer, V. intr., cracher de gros crachats tirés du nez.
Bourg., renaquai.
Renard (prendre le), loc. C'est se livrer aux réjouissances
qui, tous les ans, terminent la grande opération de la
moisson. Le soir du dernier jour, pour la rentrée à la ferme,
on enjolive la voiture finale, que les plus ingambes sur-
montent d'une croix confectionnée avec des épis, et ornée
de tleurs et de rubans entremêlés. Toute la bande des gars
et des fillettes, que précèdent les vieux, suit le char en
chantant et surtout en huchant, c'est-à-dire en jetant à
tout propos et hors propos leur cri favori de : You cou cou!
qui se répercute, sonore, tout le long de la route. Arrivé à
la ferme, ce nombreux personnel s'attable, fait au copieux
dîner l'honneur d'un appétit et d'une soif pantagruéliques;
puis, pour aider à la digestion, l'on gagne la grange où
l'on danse au son du crincrin et de la gonfle, qu'on a tou-
jours sous la main pour la circonstance. — Analogie avec
la. paulée (v. ce mot). — Mais « le Renard'^ » On ne le
voit guère apparaître dans tout cela, — C'est vrai. La
coutume a survécu à son étiquette. On ne retrouve pas le
pourquoi de cette dénomination.
Montr., prendre le renard.
Renâré, adj., défiant, fin, rusé comme un renard.
Bourg., rendrai. Lille, renarè. Poit., renarde. Wall.,
renarè. Vx. fr., renarde.
Renârer, v. intr., rusailler, user de finesses comme le
renard.
Bourg., rendrai. Poit. et Vx. fr., renarder.
Rendoublée, s. f., redoublement, souvent d'injures. Ne
s'emploierait pas pour la répétition d'une chose agréable.
Il.-V% reoeni. Montr., rendoublée.
Rendoublée (de), loc. adv., à nouveau : « Quand ôl a évu
bise la p'tiote, ô l'a cor bise de rendoublée. »
Renfrougné, adj., refrogûé, mécontent.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 369
Genev., reJroii(jnc. Pic, crfrigac, recafrofjiiô. Vx. fr.,
rcfronf/ni\ rcfroiijité, f(!iiJron;jnc.
Rengueùgner, V. tr., reboiitcr. Ne pas confondre avec lian-
gaeàgner. (V. ce dernier mot.)
Ren-nhausser, V. tr., rehausser, mettre plus haut (prononcez
/•an . . . )
Morv., rcimausser. Wall., l'ihôssi. Vx. fr., rchaulsor.
Renicler, V. intr., renâcler; au figuré, hésiter, reculer :
(( Qu'é c'qu'y ét-i qu'ôl a dans l'nazô, qu'ô r'nicle tôjor? ))
— « On disôt qu'ô li flanquerôt eùne trempe; ma ôl a
reniclé. »
Berry, re/ilclcr. Genev., renasqner. M'all., reniclé. Vx. fr.,
rcnaquer, renasqaer.
Reniquer, V. tr., renier, refuser la chose promise.
Moi'V., euvniquer.
Renmouceler, V. tr., amonceler, ramasser en tas : « Attends
vouer, que yrenmoucéle mes calas dans mon d'vantei. »
Pic, ranionckeler.
Renoille, s. f., grenouille.
Lat., vnnicula. Bourg., renoille, reiiouille, renouvelé. Bress.,
renoille. Four., reneidlle. Fr.-Cté, renoille., renotieille. Genev.,
renoille. Lim., gronoaillo. Lyon., granolli. Montr., renouille.
Morv., renoueillc. Sav., reneidlle. Vx. fr. , renouille. (V. Râ-
note.)
Renter, V. tr., repriser, remonter, rempiéter : « Aile tricote
bé ben; aile m'a rente qIxïi paire de bas. » C'est tricoter
des pieds à de vieux bas dont on a conservé les jambes.
Morv., renter. Vx. fr., rantcr.
Rentôrner (se), v. pr,, s'en retourner : « Piarot é v'nu. 0
v'iôt m'dire qu'ô vourôt ben... ma, l'béta, ô s'é ventorné
sans oser. »
L.B.t.,retornare. lta,l., ritornare. Berry, ratourner, artourner.
Bourg., retonncd. Prov., retornar. Wall., ritourné. Vx. fr.,
retorner, rcturner.
Renvarser, v. tr., renverser, détruire, faire tomber.
Bourg., rancarsè. St-Am., rèvresé. Vx. fr., rcnoerser.
42
370 LANGAGE POPULAIRE VERDUXO -CH ALONNAIS
Renvïer, V. tr., renvoyer, rendre, restituer.
Morv., rcnvicr. Vx fr., reiircicr, rcncoier.
Repailler, v. tr., rempailler : « La Giraude a passé; j'ii ai
baillé mes cheires à r' pailler. ))
Genev., repailler.
Repailloû, s. m., rempailleur de chaises.
Genev., repaillcur.
RÉPANCiiER, V. tr., épancher, répandre.
Bourg., rcpanchai, èpeinchai. Vx. fr., respniidre.
RÉPARME, s. f., épargne, économie.
Bourg, et Morv., rèparnie. Vx. fr., espergne, cspargne.
RÉPARMER, V. tr., épargner, mettre de côté : « Si ù n'dépense
ran, y é pas faute d'avouer; ô réparme prou. »
Lat. , parcere. Ital., risparmiare. Bourg., rèparmai, épar-
mai. Bress., Fr.-Cté, Montr. et Morv., rèparmer. Prov.,
cspargnar. Suiss. r.. rcperma. Wall., spàrgni . Vx. fr.,
es/iarner, esparnier, cspargnier.
Repentu, part., repenti.
Morv., repeiita. Wall., ripeinti. Vx. fr., repcnli.
RÉPEÙLER (se), V. pr., se rappeler, se souvenir : « Voui,
voui, l'malhureux, bs'vépeùle^tvow d' l'avouer argardée! »
Vx. fr., rapcler. rappeler.
Repiquer, v. intr., augmenter de prix, reprendre de la
valeur : (( Au marché, i n'se vendôt pas gros d'aibord;
ma, par après, la vendue a r' piqué. »
Morv. , repiqué .
RÉPOUNER, v. tr. etintr., répondre, raisonner : « A tô c'qu'on
li a dit, ôl a tôjor répounu. »
Lat. et Ital., responderc. Cogn., répouner. Morv., repnuner^
Prov., rcspondrc. Wall., rcspond'. Vx. fr., respniidre, res-
pondrc.
Reprémande, s. f., réprimande.
Lat., rcpriine/ida. Vx. fr., repi'iinande.
Reprocher, v. intr., revenir, en fait de digestion, donner
LANGAGE FOPL'LAIIŒ VEKDUNO-CMALO.NNAIS 371
dos rapports : « Je n'inuingc pu (l'boudin; loiUe la jornée
ô me r proche. »
Beri'y, rcprcnchcr. Bi'ess., rc/oui/lcr. Genev., rcproclivr.
Prov., rcprofx'hdv. Vx. fr., rc/n-oc/iicr, i-c/iruccr., fcproiivlicr.
(V. Farfouiller.)
RÉPUGNER, V. ti'., regarder avec répugnance : (( C'te Toinéte,
allée si mauprope, i[\\Q y répugne c'qu'all' nous fricote. »
Lat., repii(/iiarc. Ital., r('pi((jii:irc, rifudjuare. Prov., rcpu-
giiar. Vx. l'r., rc/iKfjiicr.
RÉsiPÈLE, s. ni., érésipèle, ou mieux érysipèle.
Roucli., ri:-<ipcrc.
Ressembler, v. intr., l'essemliler à : a I/genti p'iiot! 0
ressembe son peire; y é lu tout naqué. » — On dit bien :
ressembler, ressembleint ; mais, devant Te muet, le l
tombe : ressembe.
Ital-, rit^entbrarc. Berry, arscmhlcr. Bourg., rcsaii/iai.
Bugey, rc's.^iinhla. Lorr., rcsaniicr. Montr., retirer de...
Morv., inutei' (sow père), l'ic, rassa/iei', re.'isa/ier, ersianer.
Piov ., ressemblai', resse/Jilur . W'nïl.. 7-issoué, rassoie. Vx. fr.,
reseinhler, r-essambler. (V. Sembler.)
RÉssu, part., ressué. Se dit de certains corps qui rendent de
riuimidité iiiléricure. Chez nous, réssu constate que ce
rendement est terminé. Une chose réf>sue est une chose qui
a été mouillée et qui cesse de l'être, ressuyée.
Ita!., risudare. Prov., resitdar, re^adar. Vx. fr., rrssuc.
Rétaquer, V. intr., bruire avec éclat. Ce verbe, sans équi-
valent, ne s'applique guère qu'au bruit du tonnerre. Le
paysan dit : (( Le tounare rétaqae. n Le réduplicatif indique
l'intention d'exprimer des coups qui se succèdent.
Retinton, s. m., écho, reflet, léger souvenir d'une personne
ou d'une chose : « 1 m'répeùle eùn brin la p'tiote; j'en ai
c'ment eùn r'tinton. ))
Cogn. et Poit., retinlon. (V. Retintoiùn.)
Retintouin, s. m., arrière-goût, reste, retour : « Quand j'ai
migé du fromage, j'en ai tôjor eùn r tintouin dans l'gar-
guillôt. » — « 01 a évu eùn r'tintouin d'coli(iue. » — En
372 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
plus d'un cas, ce mot et le précédent sont S3aionymes, avec
cette nuance que le premier s'applique volontiers au moral,
et le second au physique. (V. Retinton. )
Retor, s. m., retour, action de revenir d'un endroit.
Ital., ritorno. Berry, ratour, artour. Bourg., vctor. Piov.,
rctora. St-Am., rctou.Yx. h\, retor. (V. Rutonr.)
Retôrne. s. m., retour, remise sur un marché, échange :
(( 0 v'iôt m'bailler son pré cont' le mien; ma ô d'mandôt
eùne trop grosse retôrne. »
Bourg., retonèe. Morv., retôrne.
Retorner, V. intr., retourner, revenir.
Ital., ritornare. Berry, ratourner, artoiirner. Bourg.,
retonai. Morv., retorner. Prov., retornar. Wall., ritourné.
Vx. h'., rétamer . (V. Ratourner.)
Retrait, s. m., lieu où l'on se retire, latrines. Nos grands-
pères n'avaient d'abord que les champs et les prés, où
chacun allait « voile au vent )^ Puis ils établirent ce
réduit intime, mais le plus loin qu'ils purent de l'appar-
tement : au fond d'une cour, au bout d'un jardin. Au point
de vue de l'odorat, c'était bien; mais ayez donc la colique
la nuit, et par la pluie ou la neige!...
Vx. fr., retraict, retret.
Reùbe, et ROBE, s. f., robe.
Ital., roba. Prov., rauba. St-Am., roula. Vx. fr., reube,
robe, robbe.
Reûche, s. f., corbeille en osier, d'une forme spéciale, pour
mettre la pâte à porter au four.
Fr.-Cté, ruchote. Morv., i-euchon. 'Sorm., ruchof, ruehrtte.
(V. Boinon .)
Reûme, s. m., rhume.
Lat., rheuina. Ital., reuina. Bourg, et Morv., reuinr. Prov.,
rcuma. Rouch., rlieuine. St-Am., rëniou. Toul., raunias.
Vx. fr., reumc, rheurne.
Reûmoû, adj., enrhumé, qui tousse habituellement.
Bourg., reumculoa.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 373
Reûtoner, V. iiitr., trop tromper. .Se dit de la soupe dans
laquelle on a coupé le pain trop longtemps d'avance, et do
sauces, de mets qui cuisent et recuisent indéfiniment:
« Ta fricassée n'a pas bon goût; t'ias laissé reûtoner, »
(V. Beùrtaler.)
Revarper (se), et Reverper (se), v. pr,, se redresser, se
raidir contre quelqu'un, lui tenir tête, se rebiffer : « Le
diâbe! drès que j'voux l'envier à l'école, ô se r' carpe coume
ein chat en coulàre. »
Bourg., rcparpi, vccarpai. Bress., rccarpai. Montr., re-
varper. TouL, rcguina. Vx. fr., hcrpcr, lierapcr, rcharber.
Revenge, s. f., revanche, coup rendu pour un coup reçu.
Bei'ry, revenchc, revangc. Bourg., rcoainche. Bress., re-
ecage. TouL, rcbcnjo. Vx. fr., receiicke, revanche.
Revenger, v. tr., venger, revancher, défendre quelqu'un :
« On li f'sôt du mot, à c'petiot; je l'ai reoengé. »
Lat., oliidlcare. Berry, reoaii;jcr, rccciiclicr. Bourg., re-
vainchai, reoain/ai.Co'^n.,rccenoer. Genev. et Midi, rccanger.
Montv. , reoenger. Morv , rcooiiiger. Pic, crcinger. Rouch.,
crccngcr, recengcr. Vx. fr., reccngcr, reeanchcr, reocngier.
Revenî, v. tr., ranimer, redonner de la vigueur : « 01 étôt
bé mau; ma j'ii ai beillé eiane gôte pou li roeni l'cœûr. »
Lat., reoeiiire. Ital., rineairc. Berry, areenir. Bress. et
Prov., recciiir. Wall., rient. Vx. fr., reoenir.
Reverdière, s. f., verdier, oiseau.
Berry, cerdrin. Bress., reoordière. Doubs, vo'ijotiere. Guern.,
Kcrtbernant. Morv., verdais, acrdin, ccrdoie, ccrdulc, ver-
dange. Norra,, tcrdvix.
Reviauler, v. intr., aboyer en gémissant : (( Tôte lai neùt
j'entends pô lai rues des chins qui r\naidont. »
Morv., reviauler.
Revoiller, et Ravoiller, v. tr., réveiller : « 0 dremôt su
l'ôvraige; j'te l'ai brament réooillé. »
Lat., eoigilare. ItaL, risoegliare. Berry, draoiller. Bourg.,
rèoaillè. Lim., reoe/(er. Lorr., rcoaillé, récoillè, ravài/i. Mac,
cceilli. Morv., rêcaillè. Prov., reoeihar. St-Am., récelr/ë.
Vx. fr., resoeiller. reoeliier, esceillcr.
374 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO -CHALONNALS
Revouérons, fut. de recouér, reverrons : (( Boasauér! J'm'en
vas; ma j'nous r'oouérons. »
Bourg., rci'oiron.
REVU, part. pass. de rarmter : « J'évô guâri mon reùme, é
pi j'en ai t'^écu eùn aute. » Eu {(kni) avec réduplicatif.
R'gueùlisse, s. m., réglisse : « J'ieùsse; j'vas m'éclieter du
v'yaeùlisiie. » Encore un des mots dont nous avons changé
■le genre.
Lat., lii/iiiritia. Ital., i'eijolhu(. Berry et Genev., argue-
lisse. Pic, régolic/ic, fiii'jolii'/i(\ ringolisse. Prov., rcgulecia,
rcgalicia, regiiellcia. Rouch,, règtièlissc. Wall., i^e/iOuUss.
Vx. fr., fccnlisse, ficollsse, regulisse^ iccitetllisse ,
Rl\che, adj., rèche, âpre au goût, au toucher. — S'applique
au figuré pour un caractère diliicile.
Allem., rcsche. Bourg., rldclœ. Pic, réiic. Rouch-, rldche.
Vx. fr., recch.
Rl-^u, s. m., œuf que les villageoises laissent en réserve
pour indiquer aux poules l'endroit où elles doivent pondre.
Riaume, s. m., royaume. En terme de notre ancienne marine
fluviale, rive droite : « Vira de riaume! » Tourne du côté
de royaume! c'est-à-dire du côté de la ri\e droite.
Le Forez a : mare pour rive droite, et : galerne pour
rive gauche. (V. Bvonquov, Pire.)
Ribon-Ribaine, loc, bon gré malgré. Aujourd'hui peu em-
ployée chez nous, et rép;indue plus loin que la Bourgogne.
On la trouve chez Rabelais, Saint-Gelais, etc. — C'est
par ces deux mots que débutent les fameux Noeï Bor-
guif/non de Gui Barôzai :
Grand Dei, ribon-ribène, ai fan qiianjinféclaite. . .
Bourg., ribon-ribène. Tou\. ,rihou/i-ribogro. Vx. iv.,ribon-
ribnnnc. (V. le Glossaire de La Monnoye, dans notre première
édition des Noëls, de 1842.)
RiDiAu, S. m., rideau, toile tendue pour cacher.
Bourg., ridià. Il.-V% ridiau. Lorr., ridia. Mac, ridiau.
St-Am., rcdgo. Vx. fr., ridel, rideau.
LANGAGE POPULAIRE VERDUXO-CHALONNALS 375
RiFLER, V. tr., effleurer, raser, frôler : « Crapau! ton caillou
m'a rijlé l'orille. »
Champ., èri/Icr. Genev., rillcr . Lang. ,///.-;«. Lim., rljlfr,
Morv., fret lier, f'rilcr (anagramme de rijler.) Norm., èrajler,
crifler. Pic, rijler. Wall., rijjfler. Vx. fr., èra/ler, ùrijler,
riffler (pi-endre). (V. Rafler.)
RiGOULE, s. f., rigole, petit fossé, tranchée pour planter.
Vx. fr., rigolla, rigiiotc.
RiGouLER, V. intr., couler dans une rigolo.
Lat. et Ital., rigwe. Berry, rioler. rûjoler. Bourg., rif/ôlai.
Champ., rigoiiler, rigoler. Morv., rigouler.
RiGUE, s. f., réunion d'individus qui font un travail en
commun : « La rigne des crocheteurs. » Par extension,
bande, société : Une joyeuse rir/ue; faire partie d'une
rigue. [Y. Bade.)
Rimé, adj., odeur et goût désagréables, contractés par les
aliments trop cuits qui se sont attachés au fond du vase
sur le feu : « Ah! Jean-néte, tes gaudes sentent Vrimé! »
Bourg., rimai. Forez, riima . Lang., rima, riimn, rnmagn.
Poit., rimai. Prov., rima, rninaga. Rom., rima. Saint.,
riniè. Toul., ratnn. Vx. fr., rime.
Rincée, s. f., averse, réprimande, volée de coups. (V. une
quantité de synonymes de cette dernière acception : Daubée,
Dégelée, Pignée, Pile, Raclée, Roulée, Volée, etc.
Genev., Montr. et Midi, même mot.
RiNGUER, V. tr. et intr., regretter, être privé d'une chose, se
passer avec tristesse de. . . : « Ah! voui, ma pauv'petiote,
quand t'vas été partie, j'vas joliment i'ringuer! »
RiÔLE, s. f., gaieté. « Être en viole, » c'est être en joie,
presque faire la débauche. Se prend en bonne et en mau-
vaise part.
Berry, riole. Bourg., riàlc. Bress., riole. (Y. Riôler.)
RiÔLER, V. intr., fêter, se réjouir, se livrer au plaisir.
Boui'g., riôler. Genev., rioler (rabâcher). Morv., riôler.
(V. liiùle.)
376 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
RiON, S. m., rayon, sillon. « Semei* les rions, » c'est semer
quelques grains le long de la raie mitoyenne des sillons.
(Ce mot n'est qu'une contraction de rayon, comme riaiune,
de royaume.)
Norni., rion.
RiORTE, s. f., brin d'osier tordu et servant de lien, lien fait
d'une brancliette d'arbre. On lit dans J. Guillemin : « Sur
les bords du Doubs on les appelle des illons, je suppose,
parce qu'elles (ces branchettes) croissent sur les petites îles
qui parsèment le fleuve. )) Ce n'est pas tout à fait juste.
(V. notre mot lions.)
Lat., vetorta. Auv., redorte. Berry, r^otie, rlotte, rouelle.
Bourg., èrouelte. Champ., rouelle. Dauph., riorla. Forez,
ariôle, riôlo. Fr.-Cté, rorle, riorle, rôlio. Genev.. rloulc.
l-.yon.^ riota. Montr., riorle, rorle. Morv., rouèlc, rouole.
Poit., rouelle, riorle, rlorlonc. Prov., rcdorla. Rom., rorle.
Suiss. r., rioula. Vx. fr., rlole. (V. Riôle, Rôle.)
RiÔTE, s. f., perche de chêne tordue, servant à la confection
des radeaux. (V. Riorle, R(Jle.)
Riper, v. intr. , glisser, s'échapper : « Oh! c'gueîirdin
d'pouésson, ô m'a ripé entre les dèts. »
Bei'ry, riper, criper. Aunis, Morv., Poit., Saint, et Vx. fr.,
7'iper.
Riquiqui, s. m., toute liqueur de dessert quelconque, eau-de-
vie, rhum, genièvre, etc. : « Hardi! mon vieux! eùne gôte
de riquiqui pou fâre descende le dîner. »
Bourg., Dauph. et Genev., rirpdqui. Pic, rikild. Sav.,
riquiqui (garçon espiègle).
RiSANT, part, prés., riant, caressant.
Bourg., risan. Vx. fr., riaiil.
RisÔTE, s. f., risette, entre le rire et le sourire, surtout bon
rire enfantin : « Allons, p'tiot, fais risole à man-man. »
Berry, riole. Champ., rios, riol, riole. Morv., risolle. Norm.,
riole, rioc/ie. Pic, liole. Prov., riscl. Saint., risolle.
Risoù, s. m., rieur, moqueur : (( C'drôle! yéteinch'ti risoù;
ô r'chigne tous ceûsses qui passont. »
LANGAGE POPULAIRE VF.RDUNO -CMALONNAIS 377
Bei'ry, rieiix, vicaiicax. Laiig., fi::u((Uè. Morv., riou, risou
rlckea. Norm., richoinc. Iloucli., rio((.'lo\i\. ^ risoul/ic. Wall.,
rioa, riourtc, ryca.
Risu, pass. du verbe rire : « AU' li a disu quét'chouse à
l'orille, é peu ôl a /v'.s'u, ùl a visa!! . . . »
Moi'v. et Suisse, /v'j».
RivEiRE, s. f., rivière. Nous sommes fiers des deux nôtres.
Lat., ripa. Ital., ridera. Berry, rioièe. Bourg., riccire.
Miic -, rcoiro. Montr., rccùrc. Morv., ricicc. Pvov., ribeira,
rlbaijra. St-Am., retire. Vx. fr., rivière.
R'loge, s. m., horloge. Encore un genre changé : « J'ons
un bon }''lofje cheii nous. J'veins d'ie r'raonter; ô marche
quasiment tout l'moués. »
Lat., horologiuin. Ital., orolo^jio. Aube, reloge. Berry, r'ioge,
reloge. Bourg., reloge. Cogn., reloge. Gasc, rellotge. Genev.
horloge (masc). Midi et Montr., reloge. Morv., heurloge
(masc.) Poit.j reloge. St-Ara., ourloiuoa. Saint., reloge. Sav.,
relœuc/e. Toul., relotge. Yonn., reloge. Vx. fr., reloge, orloge,
oriloge, orloige, auloge, ierlogc.
RocHEr, s. m., louchet, hoyau à lame tranchante, dont le
manche. est terminé par une poignée transversale ou ma-
nette, sorte de bêche.
Indre, loaclie ^bande de terre). Laiig., lachet. Wall., losè
(bêche). Vx. fi*., lacet, louche;^.
RÔDE, s. f., bande, troupe. A presque le même sens que
Rigae, et pourrait passer pour son synonyme.
Montr., rote. (V. Rigne.)
Rôë, s. f., roue de véliicules, de moulins, etc.
Lat. et Ital., rota. Bourg., renë. Lang., roda. Liai., rodo.
Lyon., roa. Moi'V., rot te, reue. Pic, reue, renie. Poit., rode.
Prov., roda. Rom., i-oe. Rouch., rue.:^. St-Ani., reùca. Sav..
rôa. Vx. fr., roe, roue.
ROGER, V. tr., syn. de Raager, bouger, remuer : « 01 é cousu
de douleurs ; ô n'peut pu s'/'oyer. ))
Lat., roture. Ital., roteggiare. Bourg., rôgé. Bress., rô g cr.
Champ., rager. Montr., rogcr. (Y. Ranger.)
Rogne, s. f., talure, meurtrissure, écorchure d'un certain
43
378 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
endroit chez un apprenti cavalier : « 01 a été à ch'vau à
c'maitin, é pi ôl a étrapé la rogne. »
Lat., robir/o. Ital., rogna. Bress., rogne. Genev., rogne
(chicane). Prov., ronha. Wall., ragn. Vx. fr., roingne, rongne.
RoiE, s. f., ru, petit cours d'eau, raie entre sillons.
Berry, ri, ri/, riau. rieu. Bourg., rote. Flam., rien, rie:x.
Forez, ru, rio, rui, risa. Frib., ru, riô. Lang., rial riau, riou.
Lille, richo. Lini., riii, riou. Mons, rirhat. Montr., roio.
Morv., ru, raue, rcue, roie. Pic, ruie. Poit., l'i, riau. Prov.,
7-cc, 7-is, rios, regu. Rom., riu. Rouch., roile, rissiau. St-Am.,
râ. Saint., l'ège. Sav., ria. Toul., l'ia. Vosg., ru. Wall.,
roie, richo, rucheau. Vx. fr., rieu, ru, rug, mis, roie, ruissel,
russeau. (V. Râ, Russiau.)
RoiRÔTE, et RouARÔTE, S. f . , petite serpette pour couper le
raisin. Le vigneron a un assez riche vocabulaire. (V. Sarpe,
Sarpéte, Goui, Gouiftbt.)
RoiTELÔT, s. m., roitelet.
Bress., roidelo. Wall., rôietai. Vx. fr., roitel, roietcl,
roietiau, rogtiau, rogtrlet. (V. Petcù.)
RÔLER, v. tr. et intr., rouler, faire tourner, aller en tournant.
h?i\,., roture. \i?L\. , rotolare. Bervy, roler, roller. Bourg.,
rôlai. Prov., rolar, rotlur. St.-Am., reùlé. Wall., rôle.
Vx. fr., roler, voiler.
RoNCHONER, V. intr., grogner : « Qu'é ce qu'ôl a donc, c'diâbe,
qu' tô l'jor ô ronchone? »
Bourg., ronchounai. Quercy, rou/,ouna.
RoNFE, et Ronfle, s. f., sommeil d'ennui : « 0 nous en
dégoise trop, c'bestiâ-là. . . J'en ai la ronje. »
Bourg., ronfe.
RoNGEON, et RÔGEON, S. m., cœur qui reste d'un fruit rongé ;
rongeon de pomme, de poire, dans lesquels on a mordu :
« 0 n'é pas chiche, lu; ô vous beillerôt ben voulentier
ses rongeons. »
Berry, rougeon, rouillon. Bress., ro/'on. Montr., rogeon.
Morv., rongeon, ringeon.
Roquer, v. intr., roter : « En miugeant, ô n'fait que roquer ;
y et ein vrâ goret. »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 379
Lat., cructavc. Ital., eruttare. Bress. et Montr., roquer.
Pic, réper, rciipcr. Wall., reupè, reupi. Vx. fp., roter ^
router, roue ter.
Roquerai, s. m., rot, explosion incivile.
Lat., ructus. Ital., rutto. Pic, rèpe, reupe. Wall., reupp.
Vx. fr., rot te.
Rossée, s. f., bonne raclée, roulée. Ce mot, dans ce glossaire,
a plus d'une demi-douzaine de synonymes. On le trouve
dans Littré, ainsi qu'un certain nombre d'autres, auxquels
le célèbre lexicographe a donné une facile hospitalité.
Nous voulions d'abord les supprimer; mais nous avons
reconnu que cette rigueur porterait préjudice à la physio-
nomie de notre langage populaire.
RossiGNÔ, s. m., rossignol : « L'av'vous entendue, la preîi-
menouse? AU' chantôt tout c'ment Vrossignb. »
Lat., luscinia. Ital., rusignuolo. Berry, rossicjnot, rossignou,
roussignol, roussignau . Bourg., reucigneu, rossignô. Il.-V,
j'oussignol, rossignoulet. Morv., rossignot. Pic, oursignot.
Poit., rossignot, rossignou. Prov., rossinhos, rossignola.
St-Ara., reusegneû. Wall., ràskignou, raskigno. Vx. fr.,
lousseignol, rossigniau, luscignol.
RossiGNON, S. m., repas que l'on fait le soir, après la veillée.
On le prend aussi parfois pour synonyme de : réveillon,
ce repas bourguignon invariablement attaqué au retour de
la messe de minuit, et où l'on n'épargne ni boudin, ni car-
bonnade, ni marrons, ni vin blanc. Le mot est, comme
l'avance J. Guillemin, « une corruption du vieux mot
recinoji, qui se disait et qui vient de recœnare, souper une
seconde fois. » « V'ià l'cô d'méneù; i nous faut fâre
vossignon. ))
Bourg., rôssignon. Bress., rossignou. Montr., rossignon
(petit repas avant le coucher). (V. Rècic.)
RÔT, s. m., grappe de maïs, encore laiteuse et rôtie devant
le feu. Les grains se durcissent, se dorent, et éclatent.
Régal des gamins, qui, trop souvent, font de cette gour-
mandise la cause d'une picorée en règle. Les jeudis, ils
reviennent des champs les poches pleines de ces jolies
380 LANGAGE POPULAIRI': VERDUNO-CH ALONNAIS
grappes. Heureux lorsqu'ils ont esquivé le garde-cham-
pêtre!
Montr.. rôt. Prov.^ ratist. Vx. fr., r-osi. (V. Panouille.)
RÔTE, s. f., route, et chemin qu'on a à faire dessus.
Lat., rupia. Bourg., rôto. Sav., rota. Vx. fr., roupie.
RÔTE, s. f., baguette flexible : (( 0 m'a baillé su l'dos des
bons côps d'/'d^e. J'en ai core mau. » (V. Riôte, Riorte.)
RÔTI, et RouTÎ, V. a., rôtir, griller : (( 0 n'fait qu'la montrer
au fei^i pou fâre roidï sa viande »
Bas-Bret., ros^ft. Ital., arrostire. Esp., ros^tr. Berry, j'oâti,
roiitir. Moi'v . , i^oûti . Prov., ranstir. St-Am., ruti. Suiss. r.,
routi, rotisti. Wall., rosti. Vx. fi'., rostir.
RÔTIE, s. f., tartine de pain, souvent de la longueur de la
miche, et sur laquelle on étend beurre, confitures, etc., etc.
Une des plus préconisées est celle du fromage blanc frais,
que l'on couvre de rondelles de radis, de ciboule ou d'ail.
Berry, roùtic. Montr., ronde. Morv., roûtic. Norm., dorée
(dorée au feu). Sav. rutia. Vx. fr., rosiic.
RouÂcHER, V. intr., mâchonner comme les animaux qui
ruminent, tourner et retourner quelque chose dans sa
bouche sans l'avaler.
Lat. et Ital., rumiaare. Berry., rouingcr, ranger, roinccr,
roingner. iura, roingi. Pic, roHOiir. Prov . ,roin(ar, rorninar.
Nancy, ringcr. Norm., rouingcr, rtinger. Vx. fr., ronger,
ritngicr, ranger.
RouBAN, et RiBAN, S. m., ruban : « Aile étôt bé brave; ail'
s'é métu des roubans partout. »
Angl., rlbbon. Awey r.,ribon. Berry, Bress. etIl.-V°, ribaa.
Morv., rouban, ribaa. Wall, et Vx. fr., riban.
Rougeurs (les), s. f., rougeolle : (( La Hyôte a les rougeurs;
pauv' chàte! faut brament la soigner. ))
Moi-v., roitgie. Prov., rogor. WnU., rogear, roaciu. Vx. fr.,
rogear-, rogncur.
RouiN, s. m., regain.
Ital., rjadiinc. Noi'in., reroln, rcfnln (foin nouveau). Pic,
régula, ruuaiu. Wall., riguiii. \x. fr., regain.
LANGAGE l'OPULAIHE VliRDUNO-CIIALONNAIS 381
Roupille, s. f., roupie, goutte qui tombe du nez.
Bas-Lat., royoc'rfa. hervy, ri(ichc,rouiche. Poit., russe. Vx. fr.,
ronpjic, rubije, ruhic.
RoupiLLoû, s. m., roupilleux, qui a la roupie au nez. Un
bébé avait une telle aversion de son grand-père, un peu
trop souvent roupilleux, qu'il se relirait avec effroi toutes
les fois que celui-ci voulait l'embrasser. Pour ne pas se
priver des caresses du p'tioi, le pauvre vieux cessa de
priser.
Rouch., roupclicH.v . V.\. fr., roupicnx.
RoûsE, S. f. , rose : « T'é béll' coume eùn' voùae. » — Une
large feuille de rose, disposée ad hoc, et qu'on a bien
gonflée en soufilant dedans, produit la même explosion
que la groseille à taperiau.
Lat. et ital., rosa. Bourg., rcihc, rcusc. Prov., rosa.
St-Am., roi'ua. Wall., roc-. Xx. fr., ro^c, rose. (V. Taperiau.)
RousÉE, s. f., rosée : « Tendre coume rouf<ée. »
Lat.. ros. Ital.. rujjiada. Bourg., reiuée. Lim., rousado.
Morv., ronsce. Prov., rosada, ro:xada. Sav.. rosâ, érosà.
St-Am., rcCuô. Toul., ros. Wall , rouséc. Vx. Ir., rousèe,
rusée, rosede.
RousEiLLER, V, intr., tomber sous forme de rosée : « A
c'maitin, Ttemps s'é couvri; é peu v'ià qu'i roiiseille. »
Morv., rons'dllcr. Poit., rosader.
RousiAU, s. m., roseau.
Annis, rouc/ie. Berry, roache, ruuc/ic. Guern., ros. H'-Maine,
rouclic, rousse, l^ixn. , rouseii. Morv. , rosiau^rousiau, roseai.
Norm., 7-os, rauche. Poit., rouchc. Prov., raujcl, ro^eu.
Saint., rouchc. Wall., rosiau, ro^ai. Vx. fr., rosel, rouscau.
RousiER, S. m., rosier.
lta.1., rosaio. Prov., ro^er. St-Am., rouc-l. Wall. . /'ô.rt.
Vx. fr., rosier.
RousiÈRE, s. f., roseraie, endroit planté de roseaux.
Berry et Morv., rousièrc. Vx. fr., rosière, rouclière.
R0US.SÔT, adj., roux. Les paysans emploient fréquemment
ce mot; c'est un nom donné à leurs bœufs. Adressé à une
382 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
personne, se prend en mauvaise part. Saint-Simon dit
que le cardinal de Bissy était un rousseau.
La.t., j-ussus. Ital., rosso. Bress., rousso. Lini., roussèii.
Montr., 7'oussot. Prov., ros. Vx. fr., roas, rousseait.
RousTi, adj., accablé, ruiné, fichu, mort : « 0 m'a gagné
toutes mes gobilles; j'sei'i rousti. » — 0 rancâse, le pauv'!
ôl é rousti. ))
Lille, rousti.
RouYER, s. m,, roulier. Jadis, ce terme désignait spécia-
lement les conducteurs de voitures de roulage.
Vx. fr. , roulier .
RouYÈRE, s. f., blouse solide, portée jadis par les rouliers.
Bress. et Wall., routière.
RuDÉYER, V. tr., rudoyer : (( AU' ne pourra pas rester d'avou
lu ; ô n'fait que d'ia rudétjer. »
Berry, rudoyer, rudê;/cr. Morv., reudoijcr. Vx. fr., rudoi/er.
RuÔTE, s. f., ruelle, petite rue, sentier entre murs ou haies.
Également la ruelle du lit.
Berry, rueite. Bourg., roulade. Morv., airiotte. Nivern.^
riot, riolle. Pic, ruelette. Vx. fr., ruele, ruelle.
RussiAU, s. m., ruisseau, petit cours d'eau.
Lat., ripus. Ital., rusccllo. Berry, riau, roussirai. Bourg.,
7'ouc/tas, russéa. Champ., rouchais. Movv . , 7-oucheat, rou-
chcau. Pic, r/o, riou, riu. Rouch., réio, risso. Sav., ria.
Vx. fr., roisseu, roisscau, rur/sel, rossel, russeau. russiau.
(V. Rôle, Rà.)
S (faire des\ loc, tituber, aller de droite et de gauche par
suite de trop copieuses libations. Encore une locution assez
répandue, et que nous conservons néanmoins comme bien
nôtre.
Bourg., /car e des caisses. Morv., /rrîrc des S.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 383
Sâ, s. m., sac, au propre et au figuré : « J'ii ai baillé ein sa
d'poumes de tare. » — « T'as métu moun at'àre dans Vnâ. »
N'empêche pas sac.
Lat., saccns. Ital., sacco. Berry, sa. Bourg., sai, sa;/, set.
Montr., sa. Wall., sâ, sofj. (V. Sac/œ, Suchot, Sar-à-Didhc.)
Sa, s. m., sas, tamis de crin : « Por fàre ses corniotes, aile a
passé sa fleur au sa. »
Ital., sctanio. Auvergne, seda. Forez, siot. Guern., sê^.
Il.-V% sâs. Morv., sâ, sasse. Norm., set. Prov., sedas.
Vx. fr., saas, susse, saad.
Sabat, s. m., bruit, tapage : « V'tu ben n'pas faire tant
û^sabat, ch'ti p'tiot; t'm'essourdilles les orilles. »
hàt. , sabbatuni. Ital., sabato. Bourg., saibai. Pic, sabat.
Prov., sabat, sapte, sabde. Vx. fr., sabat.
Sabat, adj., qualification donnée à un enfant turbulent et
dont le bruit fatigue : « V'ià eùne heure que t'tapages
autor de moue; taise-te donc, sabat! n
Sabouler, V. tr. , gronder, secouer, troubler, réprimander
vertement, rosser : « T'as pas été à l'école aujord'heù;
gare! ta mère va i' sabouler. »
Lat., sabularc. l'^orez, saboalâ (rouler dans l'ordure). Montr.,
sabouler. Morv., saibouler. Pic, Poit., Rouch. et Suiss.,
sabouler. Wall., sabouler (poursuivre à coups de pierres), ce
qui, chez nous, est cadouner. (V. ce dernier mot.)
Sabouler, et Sabouter, v. tr., mal faire sa besogne : (( Ah !
y et eùne pauv' condense; ail' vous saboule toute son
ôvrage. ))
Bress., sabouler, sabolé. Pic, chaboter . Prov., sabotar.
Vx. fr., saboter.
Sac-à-diâbe, loc. injurieuse, sac-à-diable, vaurien, étourdi,
qui brave et saccage tout.
Rouch., saquadlale .
Sache, s. f., grand sac : « J'ii porte eîine sache de joulis
calas. AU' s'ra contente. »
Genev. et Mac, sache. Morv., sal. (V. Sâ, .Sachot.)
Sachée, s. f., contenu d'un sac.
Art., sacquic. Wall., secheie. Vx. fr., sachée.
384 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Sachot, et SÉCHOT, S. m., sachet, petit sac.
Ital., sacclœtto. Berry, sachot. Bourg., saichà . Bresse,
chacet. Bugey, sacet. Lorr., socke^ sèche. Montr., saichot.
Poit., sachot. Prov., saquct. Wall., séchai. Vx. iv. , sçac/ict.
(V. Sa, .Sache.)
SàcleRj V. a., sarcler : « 01 et liébile à sclcler son champ. ))
A Paris, du temps de Ménage, on disait : sclcler.
hat., sarculare. Ital., sarc h ia re. Fiand. , sarqueler. Genev.,
sercler. Guern., serclair. Montv., saucllier. Morv., sâqhier.
Nonn.,jercir, sorcier . Pvov . , salclar, serclar. Rouch . , .sa-
(/wcr (arracher). St-Aiii., cliali/è. Wall., saucier, sarqueler,
sakler. Vx. fr., cercler.
Sâclot, s. m., sarcloir. A un jardinier qu'on trouvait au
cabaret un camarade disait : « Eh ben! y et iqui qu'le
serches ton sàclot? » — On entend parfois : sàclote.
Lat., sarculus. Ital., sarchiello . Berry, sarciaa. Fland.,
sarquelot. Genev ., sercloret. Montv. , saclot. Movv ., sdq/iiot.
Prov ., sauclet. Ronch., sarqucloi . St- A.m., feùchô. Saint.,
sarclât. Wall., sarquelo, saùcleu, sâcleu. Vx. fr., sacleau,
sarc/iiau, sarceau.
Sâcloû, s. m., sarcleur.
Ital., sarchiatore. Morv., sâqhiou. Pvov. , salclaj/re. Vx. fr.,
sercleur.
Sagouiller, et Sagoiller, v. tr., secouer, remuer, barboter
dans l'eau sale, mal laver le linge. Par extension s'applique
parfois à d'autres besognes mal faites : « AU' sagoille
joliment sa lissive! »
Bress., sangoiller. Gasc, sargoullla. Montr., segoiller.
Poit., sacouiller, sigouillai. Saint., sagouiller. Vx. fr.,
segoiller.
Sagouillon, et Sagoillon, adj., souillon, personne mal-
propre, qui fait du pauvre ouvrage,
Rouch., saadroulion.
Saibôt, s. m., sabot. On dit d'une fille enceinte qu'elle a
(( cassé son salhot ». Variante de la « Cruche cassée ».
Berry, sî6oi;. Bourg., sat^CM. Friand., chabot. Morv., s«i-
hot. Pic, cliabou, chabot, cabou. Vx. fr., cabot. (V. Esclôt.)
LANGAGK POPULAIRK VKUDUNO-CII ALONNAIS 385
Saiboteu, V. inti'., saboter, niarcher bniyamnieiit,, dounor
des coups de pied avec ses sabots. S'emploie aussi pour
dire qu'on a mal lra\aill('' : « Ob! ri'eignau, ô ftalhofe tout
c'qu'ô fait. ))
B^;•^'J^ sa.!)otci\ saihcutdi . Fland., r/iabotcr. Morv., scii-
boter. Norni. et l'ic, chabotcr. Poit., sahotaillcr. l'rov.,
sahotar. Saint, et Vx. li'., saboter.
Saignerôte, s. f., plante (l'acbillêe millt'feuillos) (pie les
enfants s'amusent à s'introduire dans le nez pour le faire
saigner.
Saignépe, s. f., gerçure, fente, crevasse que le froid produit
sur les mains, et qui saigne.
Montr., savj nette.
Saillâ, s. f., femme malpropre, souillon, qui met en désordre
et salit tout autour d'elle : (( Que sai'/Zc/.' quand all'fait son
diner, sa cueûsine et eùne écueùrie, ))
SAïon, s. f., saison. Analogie avec màïon, vain, etc.
Lat. , .s«<('o. \ii\\., stafiione. Bourg., saison. JAm., soson.
Lorr., sâhon. Morv., sd'/on,. Prov., sa^o. St-Am., c/id/'on.
Sav., f^a^on. Wall., saidion. Vx. fr., saison.
Saint-Amour! excl. des vieillards du commencement du
siècle : « Quand il boit mon bon vin, et surtout la. honiip
denrée : Saint-Anionr! s'écrie t-il, que ça ne dure-t-i
encore vingt-cinq ans! » [Correspondance de 18 17.)
Saint-Longin, loc., jeu de mots, sobriquet donné au garçon
qui va, vient, et travaille avec lenteur, qui est long.
Rouch., Saint-Lo/i(jui.
Saite.s, 2™' pers. du prés, de l'indicatif du verbe saoouèr :
(( J'vous ain-me gros, saites-vous l)é?. . . ))
Mac. , suite.
Saive, s. f., sève, liquide nutritif des végétaux, force du vin,
vigueur de l'homme.
Lat., sapa. Berry, sèpe, sicc. Forez, saca. Prov., saba .
\'x. fr., sece, cecc. (V. Saicer, Seàillùt.)
Saiver, V. intr., faire sortir la sève de la branche de saule,
44
386 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
de noisetier, de merisier, que les enfants frappent du
manche de leur couteau pour fabriquer des sifflets.
Angoum., saber (donner de la sève). Berry, sàpcr, sicer.
Forez, saccr. Lang., saba. Montr., saccr. Morv., saicer.
Norm., càsacer. Poit., subi-, sabcr. Piov., saba, sabla. Saint.,
sabc, saber. Wall., chaccr. (W SeùUlôt.)
Saligôt, adj., saligaud : Y « éteùn' petiote saligoie ; aile a
tôjor la frimousse crassouse.
Genev., Srt//<;o^. Rouch., sa/f'^o. (V. Saliplau.)
Saligôter, V. tr. , salir : « Ma, voué donc coume t'as saligoté
ta jupe; te n'pourâs pu aller à la fête. »
Genev., saliffoicr.
Salipiau, adj., sale, mal vêtu, mal appris.
St-Am , chôlua. (V. Saliijin.)
Salîre, s. f., salière.
Ital., salicra. Mac, salirc. Wall., salir (coffre à sel).
Vx. fr. , salllcre.
Saloper, v. tr., faire maladroitement quelque chose : « Ah !
c'te Marion! Je n'ii baillerai pu ran à faire ; ail' m'a si ben
salopé ma robe!... »
St-Ara., c lia loupé.
San, s. m., sang : « A quand j'ons vu c'qui, ça nous a torné
Vsan. »
Lat., sani/ids. Ital., sanguc. Bourg., san. Prov., saiic.
Vx. fr., saiic, sans.
Sanger, V. tr. et inti'., changer une chose, et varier de figure,
d'embonpoint, aussi bien (juc d'habitudes.
Lat., curnblre. Ital., canibiarc. Berry, sanger. Bourg.,
clieingcai. Genev., sanger. Pic, ranger. Prov., ca/nblar,
canxjar. St-Am., sè;ë. Wall., ca/igi, ca/nbgler, cliainbger.
Vx. fr., changicr, changer.
Sangouner, v. tr., secouer violemment, sans précaution : (( On
a, c'te neùt, sangoané la porte; j'savions pas c'qu'iétôt. »
San.souille, s. f., petite écope, avec laquelle on vide l'eau
de la santeine d'un petit bateau. (V. Santeine.)
LANGAGE POPULAllîE VKRDUNO-CIIALONNAIS 387
Sansouiller, V. tr., gargouiller, barboter, secouer un linge
dans l'eau. S'emploie au figuré : (( Attends, ch'ti vauran!
j'm'en vas i' sansouiller! »
(( Sans-pli, » surnom donné plaisamment à un suisse de
l'église, lequel, dans l'exercice de ses fonctions, se tenait
raide comme sa hallebarde, ses vêtements ne faisant pas
un pli. (V. les Sonnets Verdunois.)
Santeine, s. f., sentine, l'endroit le plus bas d'un bateau, où
l'eau se rassemble en raison de la pente, et d'où on la
rejette à la rivière à l'aide de \a sansouille. La santeine,
— en petit la sentine d'un navire, — se trouve entre deux
traverses. (V. Sansouille.)
Lat. et Ital., scntina. Vx. fr., sentine.
Sapigne, et Sapeigne, s. f. jale, ou cuve, vaisseau en
planches de sapin, servant pour la lessive, les provisions
de lait, et autres besoins du ménage.
Bourg., saipeignc. Cliamp., sapine (hotte pour le raisin).
Forez, sapine (soc de charrue). Jura, sapine (cuvier de ven-
dange). Lyon., sapina (grand bateau en sapin, transportant sur
la Saône du sable et des pierres). Morv. et Vx. fr., sapine.
Saquer, v. tr., jeter, pousser, enfoncer, blottir du foin, des
pommes de terre et autres denrées dans des coins.
Berry , sacquer. Bourg., saqaier. Forez, saquà. Lille,
saquer (tirer, travailler fort). Lyon., saqua, saquo . Mac,
saquai. Morv., sacquer, saiquer. Poit., sacquer. Vx. fr.,
sacher, sacier, sachicr (tirer).
Saqueùrdiéne! juron honnête des bons vieux d'autrefois.
Corruption adoucie de Sacredié! Chaque fois que mon
« bon vieux » grand-père éternuait, il ne manquait jamais
de s'écrier, après l'explosion : « Eh! saqueùrdiéne! »
Rouch., suquerdiè !
Sarazenère, champ planté de sarrasin.
Ital., grano saraceno. Vx. fr., sarrasin.
Sarazin, s. m.;, nom d'une ancienne tribu, éteinte aujour-
d'hui, mais dont le souvenir persiste. J'ai entendu, dans
mon jeune temps, cette qualification jetée comme une
388 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
grosse injure à la face d'un mauvais drôle : « Attends,
saraz-in! » L'inconscient qui se servait de ce mot était
dans l'orthodoxie étymologique, l'arabe ■ srtrrV voulant
dire : voleur, brigand.
S ARCHER^ et Sercher, V. tr., chercher.
Lat., circarc. Ital., cercare. Berry, sercher, sarchcr, char-
clicr. Bouig., charc/ial. Genev., cerchcr, sctrcher. St-Ani.,
sonrchc. Moi'v., sercher. Pic, cerquicr. Prov., cercar,
scrqttar. Nivern., sercher. Vx. fr., cercer, cerc/ier, ccrchier,
sccrcler. (V. Cliarcher .)
Sàrer, y. tr. , serrer, enfermer, presser.
Lat.,scvrt/r. MA., serrare. Berry, sarrcr. Bourg., sarai.
Fove'A, sarrâ. Mi\c. , sarrai . Morv. et Xorui., sarrer. Pic,
serer. Poit., assarer. Prov., sarrar, sei'rar. St-Ani., c/icrc.
Wall., sei-c. Vx. fr., serer, serrer.
S ARGOT, s. m., cahotement, choc, secousse, occasionné aux
voitures primitives du pays, par les ornières de dimension
de certains petits chemins. . . où il y a aussi des pierres:
(( Les sargots de la vouéture ont démantibulé mon r'ioge. »
Au figuré, peut signifier malheur ou contretemps.
Berry, sagot, sargot. Bourg., sargô, sargeû. Bress-, Champ:
et Fr.-Cté, sargot. Isère, segrola. Montr., segrot. Morv.,
soubà. Norra., saquet.
Sargoter, V. tr. et intr., cahoter, secouer : « C'te vouéture
n'a point d'bonté por nous; ail' nous a jouliment .sfl/^^o^r'.s-,'»
— (( Hiâr, vous éteins parti ; on a sargolé vote porte. »
Berry, sagotcr, sargoter. Bourg., sargentai, sargotat.
Bress. et Champ., sargoter. Fr.-Clé, sargonler. Met/, c/ier-
goter. Montr., segroter. Poit-, sicotai. Wall., hlhoter.
Vx. fr. , sargotar.
S.^RiN, s. m., sciure de bois : « Ma page d'écriture ne veut
pas chesser; j'y vas métro du sàrin. »
Montr., sarrlii. Roucli., soi/en. Sav., raisso/i. Wall., sçoin.
Sarment, s. m., serment : « Seùtes çartain; j'\os en fais
. Vftarmcnt. »
Lat., .iacraiiu'utiiiii . Ital., sagranienlo . Bourg., sarment,
sarrnan. Morv., sarment. Prov., sacrament. ^^'all., scrmain.
Vx. fr., sagrament.^ sairemerU, screment. (V. Serment.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONXAIS SSO'
Sarmon, s. m., sermon : (( Noute cueiirè, quand ô prôclie, ô
nous débite lôjor le nuMu-ine snvuwn. »
Lat. , .se/v)/o. Ital., sci-nione. J-îourg. et Morv., sarinoit.
Pi'OV., sprinn, sermon. V.\. l'i-., scrnuiit. sicriiioii.
Sarmoxer, V. ti'., sermonner, faire de la morale.
Lat. et Ital., sennonare . Rourg., sannonal. Morv., sar-
moncr, sarinoiuwr. Prov., scrinonar. Vx. fr., sarmoncr,
sci-inoiicr.
Sàrpe, s. f., serpe, serpette.
Berry, aarpc . Bress., snrpa. Getiev., Mac. et Morv., sarpc,
Vx. fr., serpe, sarpe. (V. Goi(i\ Goinsuf.)
Sarpent, s. f., serpent. On dit « eùne sarp('nt ». De temps à
autre j'ai fait entrer dans ce glossaire un de ees mots où
la prononciation locale change Ve en a. C'est seulement
pour rappeler le fait; je n'ai pas le moins du monde l'in-
t'mtion de les recueillir tous : Le S3'Stème est indiqué; cela
suffit. — « Nos charmeur.s morvandeaux, dit M. de Cham-
bure, possèdent des formules pour arrêter la marclie des
serp;Mits. Il leur suffit de regarder le reptile en face, et de
lui dire à voix basse : « Te voilà, servante du Peut; je te
dis que Noël était (ici la date de la fête), et je t'ordonne de
ne pas aller plus loin. » La mauvaise bête, entendant ces
paroles, rebrousse aussitôt chemin, et s'en retourne dans
le bois. »
hcit., serpens. lia.]. , serpente. Bevfj, sarpent . Bourg., 5«r-
pan. Bress.. sarjtaa (fém.). Dauph., sarp/n, serpen. Fr.-Cté,
surpa . Genev., serpent (fera.). Lim., ser, serpen. I.orr.,
serpaa. Morv., sarpent, sarpe, serpe. Piov., sarpent. ser,
cer. St-Am ., sarpc. Sav.. sarpê. Suiss. r., serpein. Toul.,
serp. Wall., sierpaln. Vx. fr., sarpent, serpent, serpente
(fera.).
Sarpiyère, s. f., serpillière, toile grossièje et claire pour
emballages.
Genev.. r/iarpilière, elierpllière. Piov., sarpellieira. Roiich.,
sarpcllère. Vx. fr. . serpcliere.
Sarqijeù, s. m., cercueil.
Lat., sarcopliagus. Beiry, sarcv, sarquev, serqueu, sercœur,
Cliarap., sarr/aloa, sarqiieu. Maine, sarquenl. Morv., sar-
390 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
qucu. Pic, sarhcu, suvh'cul. Wall. , sa/V.ô. Vx. iv. , sarcoiis,
sarquc.^, sarcacux, sarciicîl.
Sârure, s. f., serrure. Ignorée encore de plusieurs de nos
paysans, qui n'ont que le simple loquet pour fermeture.
Ital., scrratiira. Berry, sarnirc, sarriisc, scrritse. Moi-v.,
sârcurc. Prov., sarral/ia, scrradnra. Sav., saraillc. Wall.,
scr, serre, soir. Vx. fr., seredare, serreare, sei'rouse, sicritre.
(V. Gielùt, Licàte.)
Sarvante, s. f., servante, support, ustensile de cuisine ser-
vant à soutenir sur le feu marmite et poêlon.
Beny, Dauph., Forez et Genev , sitrcante. Prov., ser-
caille, sircenla. St-Ani., scrccta. Wall., siercantt. Vx. tr.,
sercante.
Sarvî, V. tr., servir, obliger.
Lat. et Ital., scrcire. Berry, sarcir. Bourg, et Morv., .sarct.
Prov., sirclr. Wall., siei'ci. Vx. fr., t^erci/r, sercir.
Sarvice, s. m., service, ouvrage à faire, bon office à rendre.
Lat., serciùiu/n. Ital., seraicio. Bei-ry, Bourg, et Morv.,
sareice. Prov ., scfcisi. St-Am., sercichon. Wall., sicrciss.
Vx. fi'., seifcise, sercisc.
Sarviéte, s. f., serviette. « C'qui? ces paipiès?. . . Y é bon
à faire des sarciétes sans orlôts. » Chacun sait à quoi s'en
tenir sur la nature de ces serviettes.
Ital., salcietia. St-Am ., serdëia . Vx. fr., serciete.
Sarviteur, et S/.rviteû, s. m., serviteur.
htxt., sercitor, Ital., sercitorc. Bourg., savciteur. Prov.,
scrindor, sei-ceife. Wall., slciritenv . Vx. fr., serviior, ser-
cltar, scrcltonr.
Sau, s. f., sel : « Ton bouillon é fadasse; mets-y donc cime
bonne pincée d'.sa?<. »
Lat.,sr</. Ital..sa/6' Berry, sa«. Bourg., sei,sau. Bugey
et Dauph., sa. Fi'.-Cté, sal, saii. Gasc, sal . Hain' et Lille,
se. Lorr., .<«. Montr., sau. Morv., sai. Pic, se. Poit.,
seul, saau. Pvov ., saa, sal. Rom. sau. Rouch.,sc'. St-Am.,
c/iô. Saint., sau, saau. Sav., sd. Vosg., sau. Wall., se.
Vx. fr., sel.
Saucée, s. f., averse, pluie vigoureuse qui met les gens à
une jolie sauce. (V. Trempée, Rincée, etc.)
LANGAGE POPULAIRE VKFtDUNO-CIIALONxNAIS 301
Sauceron, s. m., clianipignon. J. Guillciiiiu justifie le nom
en disant que ce produit sert à relever les sauces de certains
mets.
Bres8. et Montr., i^auccron. Vx. i'i-., snnlccron.
Sauceiion, s. ni., saucière, vase de terre à mettre la sauce.
Rouch., sauceron. Wall., sassi. Vx. fr., saussicrc.
Saucette, s. L, mouillelto trempée dans la sauce.
Rouch., saiicèfe, toui/nùle.
Saufre, et Sauv', prép., sauf, excepté : (( J'veinrai vous
vouer, saufre l'hivâr, » — « Lu? Y et ein goret, sauo'vote
respèt. »
Lat., salcus. Ital., salco. Berry, so/re. Genev., so,"i-e, sauce.
Morv., sojfre, saufre. Prov., sw/r, salf\ sal. St-Ara., se ne
pô. Saint., sauo. Vx. fr., salce, saus, sauce.
Sauge, Sause, et Saus, s. m., saule. — Lorsqu'une jeune
fille a été délaissée par son amoureux et qu'il en épouse
une autre, les jeunes gens du pays vont couper des
branches de saule et les plantent devant la porte de l'aban-
donnée. Quel est le sens de cette coutume? Il semble
presque maintenant qu'il renferme une pointe d'ironie.
C'est cependant le contraire de ce qu'il a été dans l'origine.
L'erreur est tout entière dans le mot. La coutume a été
d'abord de porter à la triste fillette de la sauge, la plante
aromatique qui passait pour curative, et on symbolisait
par là le désir qu'on avait de guérir la blessure morale de
la pauvre affligée. Puis, sauge signifiant également saule,
on s'est reporté à ce dernier, oubliant la signification pre-
mière, — et l'on plante le saule sans plus savoir ce que
l'on fait.
Lat.,s«/tx. Ital., salcia. Bourg., sau;/c. Lim., assolai.
Montr., sauije. Morv., sauce, sauciw, sauge. Poit., sau^e.
Prov., sause, sausct. Rouch., sau. St-Am., cliôsou. Saint.,
sau;e. Suiss. v.,saudja. Yo^g. . saussc. Wall., saulx,sauc/te.
Vx. fr., saulge.
Sauseri, s. m., espèce de moineau, qui niche principalement
dans les saules. Vient naturellement de notre mot sauge.
(V. Passera, et 77/'/.)
392 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO -CH ALONNAIS
Saumeùre, s, f., saumure.
Lat.. (sal) iiKirui . Ital., sdla inojti . Genev., nwiiarc, moire
Movx ., saunicai-e. WiiW ., sa incur. Vx. ïv, sauniiiijrc .
Saute- EN-BVRQUE, s. f., rediugolo courte, à l'instar des
vestons de pêcheurs, commode pour sauter en bateau, et
que portaient les jeunes gens à l'entour de 1830.
Sauterfau s. m., sauterelle.
Beri'y et Flandr., siKitcriaii. Fr.-Cté, sautcurlau. Ilain',
saiUriau, .•iaullan. Lille, sauterlau . Moi-v., sautcreau. snii-
trallc . Xiveni., s'iKfercau. Poit., sautcrùiu, sautci'ea, sautra.
Piov ., s((u(arflla . Rouch., saiitèriaii. Saint., saiiirû, san-
ircau. Vx. fr., sal/crclc, santcrcan.
Sauterie, s. f., sauteuse, danse rapide et mouvementée, qui
s'exécute presque toujours au son enfiévrant du tambour,
et qui termine nos farandoles.
Lat., saltare. Moi'v,, sauterie. Wall., satlcu. Vx. fi-.,
saitlteuse.
Sauve, adj. des deux genres, sauvé, vée : « 01 a été ben
raau; ma ô va miei^i. . . le v'ià sauve. » — « Y é c'ment la
vaque à Nicot. A.lle étôt bourenfe; aile é .^auve itou. »
Genev. et Midi, sauce.
Sauvon, et Savon, s. m., savon.
Lat., sapo. Ital., sapoue. Bourg., saicon. Bress. etMonfr.-
saucoii. Pic, sucelon. Prov., sabo. St-Am., cliacon. Toul.,
sabou. ^'x. l'r., sacelun.
Sàvonade, s. f., savonnage : (( J'évô hé du linge sale. J'iai
métu à tremper, é pi c'tantùt j'ai fait ma snconade. »
Genev. et Midi, savonnadc.
Savouér,v. tr., savoir, connaître.
Lat. et Ital., saperc. Bourg. , 5ea«roi. Il.-V% saca, sacai.
Mac, sacaï, sctc;-cous (savez-voux)? Morv., saivoua. Prov.,
saber, saper. Toul., sabc. Wall., saveur. Vx. ir., sacer,
sacoir, sçucoir.
Savouér mau, loc, savoir mauvais gré, être fâché, prendre
en mauvaise part : « O m'a saca mau d'ii avouer dit ça. »
Midi, savoir mal .
LANGAGE POPULAIRIÎ VERDUNO-CEIALONNAIS 393
Savu, part, de sacoaér, su : (( Drè qu'ùl a savu c'qui, ôl a
côri li pourter quête chouse. »
Bourg, et Morv., saicu. Vx. fr., seu, sçu.
Sav'vous? loc. contractive, savez-vous?
Cogn., sao'coas? Vx. fr., sçaa'ousf
SciÀLER, et SiÀLER, V. ti'., fermer liermétiquemenl, cacher,
bondonner une futaille : « L'pâre Tournas a fini de sciàler
son tonneau, » — « L'argent é sciàZe dans l'orraoire. »
Morv., siâler, seller. Vx. fr., saaler, scelcr.
Se, adj,, second. Est l'abréviation de ce mot. Employé par
les enfants dans leurs jeux pour se compter.
Berry, seu. (V. Prc, Der.)
Se, pron. pers., employé pour : nous, vous : « Vous s'portez
ben? » — (( Aujôrdeu dimanche, nous s'preùm'nons su
la levée. »
Berry et Morv., se.
Secôr, et S'coR, s. m., secours.
'Ldii . , saccursuni . Ital. , soccorso. Bourg, et Morv., secor.
Prov., socors^ sccors. Vx. fr., sueurs, S'-cors, souscors.
Secôrî, et S'cÔRÎ, V. tr., secourir.
hat., succarrere. Ital., soccorrerc. Morv ., secorre, s' eori.
Prov., soccorre, secorre, secorrcr. Vx. iv.,sccorir, sequcurir,
souscourir, suceur rir.
SÉcÔT, adj,, sec; au figuré, égoïste : « Lu? ô n'doune jamâ
ran ; y et ein sécbt. »
Lat,, siccus. Ital., seeco. Berry, chèche, se. Bourg., sa.
Pic, se. St-Am., chë, sëche. Wall., seg. Vx. fr., seque,
sèche, sec. (V. Sô.)
Seichez, imp. de savouér, sachez : (( Seichez ben, vieux
malin, qu'vous n'valez ran du tout. »
Bourg. , seiche.
Seille, s. f., seau, baquet, vase de bois qui sert dans le
ménage et aux vendanges. Petit seau pour traire les vaches.
Lat., s'dula. Bourg., saillô. Bress., seille, soille. Forez,
scilloa. Genev., seille, seillot. Lang., selio. Lyon., seille.
45
394 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNALS
Montr., soillc. Morv., Norin. et Pic, seille. Poit., seilleau.
Prov., sc-lha. Rom., scil/a, sclha. Vx. fr., seille, soille.
(V. Siau.)
Seins, impér. et subj. d'eï/'e, soyez, soyons : « Y a pas
d'danger que ] seins si bêtes; je l'counassons. »
Bourg., sein. Lorr., sins.
Séjôr, s. m., séjour, résidence.
Ital., soggiorno. Bourg., sè/'or. Prov., sojor/i, scjorn.
Vx. fr., sn/'urn, se/or, sii/'nr.
Sembler, v. intr., ressembler à : « Colas semhe jouliment
sa mère. »
Bugey, simbla. Midi, sembler. Sav., sêblâ. (V. Ressei)iblcr.)
Sen d'vant DIMANCHE, loc., sens dessus dessous.
Morv., sen d'can dimoinge.
Sentu, part., senti.
Cogn., scntut. Genev., Morv. et Roucb., sentu. Wall.,
sintu. Vx. fr., santi, sentu.
Serciller, v. tr., écouter. — Ce mot est un de ceux qu'on
m'a communiqués. Je n'ai recueilli aucune phrase où il
figure. Le Berry a sarciller, qui veut dire : ravauder. Ce
n'est plus cela.
Serment, s. m., sarment, bois de la vigne. — On a remarqué
sarment pour serment. Voilà maintenant que nous avons
serment pour sarment. C'est un peu comme l'allemand qui
dit bichon pour pigeon, qI pigeon pour bichon. Ainsi vont
langues et dialectes.
Lat., surnienlum. \ià\. , sarmento. Genev., Lyon., Neufch.
ei)?iOw ., serment. St-Am . , sar/»c'. TouL, eissermen. Vaud.
et Vx. fr., serment. (V. Sarment.)
Sersifi, s. m., salsifis.
Ital., sasscfrica. Lyon., sarsijl. Norm., serciji. Roucli.,
cramola. Vx. fr., serciJl. (V. Aller au..., Berland .)
Seter (se), et S'ter (se), v. réfl., s'asseoir. Abrév. de asseter.
Berry et Maine, sî'e^e/", asstt'iîer. Morv., se siétcr. Norm.,
siéter, assièter. Suiss. r., se sètà. (V. Asseter, Cheiirter.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 305
SÉTiE, et SÙTiE, S. f., sécheresse du gosier, grand'soif. Indis-
position bien entretenue dans la localité. — Plus près du
latin que notre mot français.
hat., sitis. lta,l., sete. Bress.. setic, sotie. Vx. fr., scid.
(V. Pipie, Soi, Soichcrosse.)
Seli, s. m., seuil : « L'vieux reste iqui su Vseii, qu'ô s'chaufïe
tout bêlement les genô au soulô. »
Lat., soliiiin. Ital., sogliu. Bourg., seuil le. Morv., scti.
Prov., sol, suhl. Rouch., seulicr, soeil, suail, sueil. Wall.,
soâ. Vx. fr., suel, soil, sole, esseuil.
Seû, et Seûrô, s. m., sureau. Sert à la confection de plusieurs
petits ustensiles d'enfants : taperiau, jiclerôte, etc. (V. ces
mots.)
Lat., sanibucus. Ital., sambuco. Berry, seû, seue, sens,
suis. Dauph., seu. Fland., sahu, schu. Fr.-Cté, saivii, seii.
Genev., sait, saiu. Isère, scù. Jura, sou. Loir., seu. Maine,
scur, su, sûr. Morv., seu. Nam., seussc. Norm., seu, scur,
sus. Pic, seurj, séu, sèiju. Poit., seu, seuje. Prov , sambuc,
saug. Rom., seu, sahué. Rouch., sèu. Sologne, scus. Suiss. r.,
saii, siutu, sahu. loul., sa/aie, sauquié. Vaud., suau, sahu,
sau. Wall., sé/iu, sayu, sahoii, sawe, sawoii. Vx. fr., sèu,
sèur, suraut, suc^cau, sul.:r, .se»s. (V. Seùt/cr.) '
Seû, l»"*^ pers. du v. ét?^e : « I seû bé seijr qu'aile et iqui. »
Bourg., seii, se. Fr.-Cté, seu. Morv., cheus, seu.
Seûcer, V. tr., sucer : « Le p'tiot seûce tôjor ses dèts. »
hat. ,sugere. Ital., succiare. Bourg., seuçai. Fland., churher.
Morv., seucer, ckucher. Norm., chuchcv. Pic, chukei\ Prov.,
sucar, succar. Vx. fr., sucicr, succher, suger.
Seûche, s. f., souche, tronche, grosse bûche.
Ital., socco. Berry, suc/io, socfic. c/iuc/ie, choche, cosse.
Bourg., suche. Fland., c/ioque. Fourgs, soutse. Fr.-Cté, seuche.
Montr.. soche. Morv., cheuche. Norm., cliouque, c/iuque.
Pic, choque, choke. Prov., soc, soca. Saint., cosse. Vx. fr.,
suche, cuchc, souche. (V. Greiibc, Queùrle.)
Seûçôt, s. m., objet que l'on suce, réglisse, sucre d'orge^ etc.
Bourg., seûçot. Movv .,seurot . Prov., sucet. Rouch., chuchot.
Sgûçoter, V. tr., suçoter, faire fonctionner le seàçbt.
Berry, seûçotai. Morv., scuçoter.
396 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Seûçoû, s. m., suceur : « Poui! quand ô vous bise, ce gros
mastoc, y et ein vrâ seùçoû! . . . »
Bourg., seiiçou. Pic, ckuclœu. Vx. fr., succeur.
Seûcre, et Seûque, s. m., sucre. Au figuré, chose très bonne.
hat., saccharum. Ital., succhcro. Bourg., seucrc . Fland.,
suc, chue. Lille chue, chuquc. Lorr., scuc. Morv., seucrc,
seuque. Pic, suc, chue. Pvov. , sucre. Rom., chucrc. .St-Am.,
sëcrou. Wall., souk. Vx. fr., cuere, chucrc, sucerc.
SEÛë, s. f., suie : « 01 é blanc coume la seùë. »
Berry, suje. Dauph., s«/c/(t- Fr.-Cté, scuche, seutche. Jura,
sache, sutse. Metz, sieue. Montr., surje. Morv., chue, seue,
Poit., s?/^e. Prov., SMfrt, sucia, sua, suc/a. St-Am., sur^c.
Saint., surjhe. Vosg., scuche. Vx. fr., suie.
Seùer, V. intr., suer, transpirer.
Lat. et Ital., sudare. Morv., chucr. Prov., su;ar, suar.
St-Am., trôché. Wall., souu^è. Vx. fr., suer.
Seûiller, v. intr., siffler, de la bouche, ou avec un sifflet.
Aunis et Berry, siler. Châtill., SHt7/e/'. Guern., si/illd. Lang.,
s'oùla. Movv ., ehuler, schiler, su'ier, suillcr. Nam., c/iufflcr.
Norm., scier, schller. Poit., siler. Prov., siular, eschiular.
Rouoh., chiffle.r. Saint., siler. Wall., hujler. Vx. iv.,chijjler,
cijler. (V. Seûillot, Subler.)
Seûillôt, et Suillôt, s. m., sifflet, surtout celui que les
enfants taillent dans des branchettes de saule. En tapant
avec le manche de leur couteau sur l'écorce de la branche
pour qu'elle s'en détache, ils chantent:
ou bien
Sève, sève,
Mon seûillot ! . . .
Seùillc, scifillc , ma pincte,
Su le c... de Nan-nète;.
Scûille, seùillc, mon seûillot,
Su le c. . . de Piarot 1
Préalablement ils y ont pratiqué une incision en forme
d'anche. On fait la même opération avec les branches
d'osier, muse d'osatj. La muse de ble est un sifflet fait
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS
397
avec un chalumeau vert. — Ch. Nisard donne une autre
chanson :
Sève, sèt'C, scce,
Sur le pont de Scce ;
Sécillon, sèvillon,
Sur le pont de Châtillon.
Une comparaison avec d'autres couplets peut être inté-
ressante. En voici quelques-uns:
FORÉZIEN
Sava, saoa,
Quia de madame!
Savasstcu,
Quio de monsicu !
De ce quio on peut rapprocher le : « Catiau de Madame
Lala, » jeu usité à Lille.
Franche-Comté
Sèce, sève,
Contidtème ! (?)
S'te reins ben,
J'te barrai du bon cin;
S'te veins mau,
J'te barrai d' la peiiss' de c/ioan.
Poitou
Sabe, sabe, ma pibole,
Tu boiras dau Jus do fjrole,
Si tu n'sabes pas,
Tu n'en boiras pas.
MORVAN
Saice, saice, mon Jleuteau,
Tôt en piau de colincau!
Se teu saices bin,
Taire deu vin;
Se teu saives mau,
T'airé d'iiau.
Saintonge
Sabe, sabe, mon petit.
Te baiWrai des œufs rôtis!
Sabe, sabe tout àjait.
Te baill'rai des œufs mollets!
Berry, cldfflet. Bourg., scuillot. Lille, chifflotiau. Morv.,
suillet. Norm.. suflet. Pic, chiflot. Rouch., chifflot. Wall.,
chujlot.
Seùne, Seûme, et Seùnon, s. m., somme, sommeil.
L.3ii., somnus. Ital. , son/io. Vr.-Ciè. sanne. Lim., souniei.
Lorr., soméi/e. Lyon., suin. Mac, scne. Montr., scunne.
Poit., songe. Prov., som , son. St-Am.. sr.noii . Saint.,
sonrjhc. Sav., sonne. Toul., son. Vx. fr., souine, sann,
somme. (V. Soume.)
398 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Seùr, adj. et ad\^, sûr, certain.
Lat., sccuras. Ital., sicitro. Berry et Bourg., scar. Lim.,
segur. Morv., scar. Prov.. scijur. St-Am., sui.'Wx. ir.,soiir,
sciir', segur, seiir .
Seûre, s. f., sœur.
Lat., soror. Ital., sororc. Bourg., seu. hjon., sorre. Morv.,
clieiir. Prov., sor, seror. Rouch., seure, siièrc. Sslv., c/iunira.
Toul., sor. Vx. fr., seur, suer, seriir, sofur, serour, 6crcur.
(V. Seùrùlc.)
Seûrement, adv., sûrement.
Ital., sicuramente. Morv., soureineni. Prov., scguraincnt.
St-Am., é bèii sai (c'est bien sur). Vx. fr.. soarcincnt, seu-
re me /i t.
Seûreté, s. f., sûreté, assurance,
Lat., securitas. Ital., sicurta. Bourg., seurtal, seurclai.
Morv., scuretè. Prov., segurtat. Sav., churctà. Vx. fr., scùrtè,
seurcté.
Seûrôte, s. f., petite sœur. Diminutif.
Morv., chearotte. (V. Scùrc.)
SeÛrtout, adv., surtout, principalement.
Bourg., suteû. St-Ara., surtou. Vx. fr. sur (/ne tout, en sur-
quetout.
Seûte, s. f., suite, conséquence, ordre.
Lat., sccta. Bourg., seute, suttc. Morv., chuite. Rouch-,
sieute. Sav., rhnita. Vx. fr., sicute, stcutte, suitte.
Seûtes, irapérat. et 2"i« pers. plur. du subj. prés, du verbe
être, soyez, et soyiez : « Allons, les p'tiots, seùtes bé sages. »
— « Dépôchez-vous; faut qu'vous seùtes là-bas d'main. »
Seùvre, et Seuv', v. tr., suivre.
Lat., sequi. Ital., scguire. Aunis, sègre. Berry, suire, suce,
sucre, seucre. Bourg., sucre, scùgre, enseàgre,, seucrc, en-
seucre. Bress., suire. Forez, sègre. Fr.-Cté, suire, seudre.
Guern., sicre. Lyon., sioure, siore. Morv., c/nitre, cladtre,
sègre, sigre, signer. Norm., sieucre. Pic, suire. Poit., sigre,
sègre, signer, scguer, seucre. Prov., seguir, sogre. Rom., sègre.
Roach., suife, sieure. Saint., sègre. Sav., cliuicre. Suiss. r.,
seigre. Vend., segàer. Wall., sûr. Vx. fr.. sugcre, suire, sicre,
§uioir, segre.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 399
SeÙvu, part, do t:^eàDre, suivi.
Bourg., scûfjti. Moi'V., scijd, sidrii. Vx. fr., scgu.
Seùyer, s. m., sureau.
Berry, sui/aa. Montr., seuillicr. (V. Seù.)
SÉYON, et, SoiLLON, S. m., sillon.
Berrj', scillon. Montr., soilloii. Vx. fr., scillon, scifjlon.
SiAu, s. m., seau. Pour indiquer une bonne averse, nous
disons : « I pleut à siaax. » — Parce que Vs se fait for-
tement sentir, quelques-uns pencheraient pour écrire sciau,
comme en Picardie et en Lorraine.
Lat., sllala. ItaL, sccclùa. Aunis, ser/Ua, sc'gliaii. Art.,
sclUcaa. Berrj% sicm. Bourg., saillô. Bress., scille, seillet.
Forez, sc'dU, sellloa. Fourgs, saille, sailloii. Fr.-Cté, seille,
soille. Genev., siau, scille, seillot. Il.-V, slau. Lille, séiaii.
Lorr., sciau. Mac, selietc. Midi, siau. Morv., chiau, soillot.
Norra., setZ/e. Pic, scian. Poit , scil, seilla, seilleau. Prov.,
selha, selh. Rora., saiau,sciet/. Rouch., sciau. St-Am., chclr/e.
Suiss. r , scll/ia, sellhon. Wall., scan, scijai. Vx. fr,, scille.
Siau, s. m., seigle. (V. Saille.)
SicHE, adj., chiche, avare, parcimonieux.
Lat., ciccuni. Ital., cica. Fr.-Cté, sichc. Vx. fr., chic/ie,
sichc.
Si fait, loc. adv., mais si, si bien. Affirmation très accen-
tuée : « Je n'ia créyôs pas gentite? — Oh! si fait! » —
Dans son Dictionnaire du patois normand. Ed. du Méril,
à l'article Si fait, dit : « Cette forme de négation est d'au-
tant plus remarquable que, dans les poèmes dialogues de
Roswitha, .s-i est employé comme particule négative. » —
Dans son Glossaire du patois picard, l'abbé Corblet, après
avoir dit que si fait est « une réponse de redressement à
une phrase négative », continue en empruntant l'alinéa
d'Ed. du Méril, ce qui met la fin de son article en contra-
diction avec le commencement. — Le comte Jaubert, dans
son Glossaire du Centre, se garde bien de cette opinion et
dit : « Le si fait, affirmation particulière du français, n'est
que le si (oui) des Italiens, avec un certain degré d'insis-
tance. » — Dans les autres patois, si et si /ait sont des
400 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
plus affirmatifs. Comment le Normand peut-il y trouver
une négation?
Ital., sijfato. Mac, se (si). Norm., si fait (négation, d'après
Ed. de Méril). Pic, si fouet. Rouch., sifè, si/ra.
SiFLOÛ, s. m., sirtleur, qui siffle constamment, homme ou
oiseau.
Lat., sibilator. Ital., sibilatorc. Lyon., sifflou. Sav., schlarai.
Vx. fr., sijieur.
SiGNÔLE, s. f., vielle, instrument de ressource pour les bals :
Jean a pris sa signale;
O va nous fàr danser.
Jcan-ne a mis sa bàl' robe;
J'cons aller la biser.
Ital., sonella. Bress., signole. Jura, signôle. Vx. fr., soi-
gnole.
SiNiFiANCE, s. f., signification.
'Lâ.t., signijicatio. \i2i\., signiJîca.;ione. Prov., signijicatio.
Vx. fr., sencjication.
SiNiFiER, V. tr., signifier^ déclarer.
Lat. et Ital., signijîcare. Morv., senifier. Prov., signijiar,
signijîcar. Wall., signifii. Vx. fr., sener, senejîer.
SiRUGiEN, s. m., chirurgien.
Ital., chirurgo. Bourg., sirujiea. Genev., cérussien, céru-
gien. Vx. fr., swgicn, sei'urgien, cgrurgicn.
SisiTE (fâro), loc. , s'asseoir : (( Veins, p'tiot, \eh\sfàre sisite
au counôt du feù. »
S'mal\-ne, s. f., semaine.
Lat., septiinana. Ital., scminana. Bourg., scmeigne. Dauph.,
seinane. Lorr., stnàne. Pic, essemangnc . Prov., semmana,
septmana. Wall., seinainn. Vx. fr., semuigne, sepinaine.
S'mences (les), s. f., époque des semailles : Y é bentôt les
s' menées. »
Lat., scininalia. Ital., seininasione. Berry, senaille. Charent.,
semerailles. Montr., senaille. Prov., scmenalha. Wall., se-
niaw. Vx. fr., seniaill.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 401
S'ments, s. m., enscmcncemonls fournis par le locataire
d'un terrain, que le bailleur est chargé de labourer.
Ber-r-y, sèment, sunience. Forez, essemcnis . Genev., semons.
Morv., sonxencc, se/nens. Poit.,se«!e. Pvov ., senicnsa. Wall.,
se/nains. Vx. fr., semenchc.
S'mer, V. tr., semer.
Lat. et Ital., semmare. Berry, s'niej\ seumcr. Est, sener.
Norm., snnicr. Prov., scnienav, seinnar. St-Am., chcné.
Vx. fr., somer, sicmcr, semer.
S'mer les épousés, loc, jeter sur le couple, à son retour de
l'église, différentes sortes de graines : blé, avoine, fèves, etc.
Cette coutume, ancienne et toujours pratiquée, contient
certainement un symbole, celui de la prospérité, de l'abon-
dance que l'on souhaite au jeune ménage. Dans certaines
noces, des amis riches, au lieu de se servir de grains pour
« semer les épousés », les saupoudrent de dragées. Ce sont
les gamins qui jubilent... et se battent pour ramasser les
sucreries! Ils voudraient des noces tous les jours.
S'mondre, V. tr., offrir, proposer une affaire, une emplette:
« J'ii ai s'mondu mon blé. )) Se dit généralement des
domestiques : « Aile é venue se s'mondre. »
Lat., subinonere. Berry, semouner, scmonncr. Forez, se-
mounâ. Lorr., senionde. Montr., semoadre. Morv., scmonre.
Prov., semondre, somondre, somonre. Vx. fr., soinandrc,
sumondre.
S'moû, s. m., semeur.
Lat., se minaf or. Itdil., se mi natore. Bourg., senioû . Prov.,
semenaire, semenador. St-Am., che/n/eû. Wall., scmcu. Vx.
fr., semeour, semer c.
S'mouye, et S'môye, s. f,, semoule.
Lat., simila. Ital., semola . Genev., simolat. Lyon., si-
mouille. Vx. fr., sinile, simencL
Sô, Sôche, adj., sec, sèche.
Lat., siccus. Ital., secco. Berry, so, chèche. Bourg., sô.
Bress., so. Montr., sô. Pic, se. Rouch., seque. Wall., seg.
Vx. fr., sec, seque, sèche. (V. Sécôt.)
46
402 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Sô, et Sou, prép., sous.
Lat., stib. Ital., sotto. Berry, sos, sonr. Bourg., so, 20.
Bress. et Lyon., so. Moi'v., sos, sô. Prov., sotz. Sav., dc^œu.
Wall., so. Vx. fr., so.:;, sost, suz. soub.;.
S'ô, et S'ou, coiitract. de Si vous : « Eun p'tit sou, s'a plait
(ou s'ou plait). » — Aux visiteurs qui vont au Mont-Saint-
Michel les gamins demandent : « Sou, s'plait, » pour : Un
sou, s'il vous plaît. C'est laconique.
Poit., s'o.
SÔFLER, V. tr., souffler, respirer.
'Ldii ., su fflave . \idi\. ^ soffiure. Bourg., so/?rtt. Bress. et Lyon.,
sojler. Piov., soffiar, sufflcw. St-Am., scâlyè. Toul., bu/a,
poulsa. Wall., sojlè. Vx. fr., sojler, stiffler, soujîcr.
SÔFLER LES POIS, loc., rouller en faisant sortir de sa bouche
un souffle qui ressemble à une ébullition. Employé par La
Monnoye dans ses fameux Noëi.
Ital., soffiarc. Bourg., so/lai. Prov., ro/i/?rt/\ Tou.\., roujla,
rounca. Vx. fr., ronchier. (V. Poi.)
SÔFRANCE, s. f., souffrance.
Ital., soJfevnn.^a. Bourg., sôfrance. Mac, sofrance. Prov.,
stijrcnsa, stifrunsa. Wall., sojrants. Vx. fr., sufrancc, sou-
fra nce.
SÔFRÎ, v. intr., souffrir, endurer.
Lat., su/ferre. Ital., sojfrirc. Berry, soffrir. Bourg., sôjri.
Lim., su/ri. Lorr., soufri. Lyon., sojfri. Morv., souffri,
sojfri. Poit., sofrandcr. Prov., siiffrir, souffrir. St-Ara.,
snj'rt. Vx. fr., soffrir, sufrir, soufrir. soefrir .
SÔFRÎ, part, du verbe précédent, souffert: « Ah! que gros
maux sùfri par ce chin d'temps! »
Bourg., sô/'ri. Lorr., soufri. Morv., soujfri.
Soi, s. f., soif : (( 01 a tant buvoché, c' lichoù, qu'ô n' fait
qu'crier la soi. »
Lat., sitis. Ital., sete. Berry, soi, souè. Bourg, et Champ.,
sot. Cogn., set. Fr.-Cté, soi. Isère, seï. Lille, so. Lim., se.
Maine, sert. Morv., souè. Prov., set. St-Am., châ. Saint.,
soi. Sav., sa. Wall., seu. Vx. fr., soi, soef, soucf. (V. Pipie,
Sùtie . )
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 403
Soi, et Soie, s. f., haie sèche.
Bas-Lat., sotum. Montr., soie. (V. Hâë.)
SoiCHER , V. tr., sécher, dessécher ; « Ton vin blanc,
l'gueùrdin, ô m' soiche la garguillôte. »
Lat., siccarc. Ital. , seccarc. Berry, chécher . Bourg., soichai.
Montr., soichcr. Morv., soaccher^ soicher. Norm., sèquer.
Prov., secar, sccliar. Wall., scchi. Vx. fr., seccher, scicher,
sec /lier.
SoicHEROssE, S. f-, sécheiesse.
Berry, chècherèche, sécheté. Morv.. soichcrosse, soicheroUe,
souèchcrcsse. Norm., sèqueresse. Prov., secaressa. Rouch.,
sèqucrcsso. Wall., segress. Vx. fr., secerecke, secherece,
sekcreche.
SoiFEB, V. intr., apaiser sa soif, boire, et parfois beaucoup.
Morv., souêj'er (avoir soif).
SoiFOÛ, s. m., soiflfeur, ivrogne : « Vrâ! que soi/où qu'ça
fait qu'ton houme! »
SoiLLE, s. f., seigle.
Lat., secnle. Ital., scgalo. Berry, seillc. Bress. et Bourg. ,
soillc. Champ., soilc. Fr.-Cté, soille, soila. Jura, seillou.
Montr., soille. Morv., seillc, soillc, soucillc. Nam.. soil.
Norm. et Pic, soilc. Prov., sctjuel. Suiss. r., sei/la, chala.
Wall., soilc. Vx. fr., soille, segle, seillc. (V. Sicai.)
SoiTURE, s. f., étendue de pré qu'un homme peut faucher
(soûer) en un jour. — ha soiture morvandelle est, comme
le journal, de 22 ares 35 c. La grande soiture, dont ce
pays n'use point, est de 35 ares 28 c. On dii journal pour
les terres labourables, soiture pour les prairies.
Bas-Lat., soittira. Morv., soiteure. (V. Soïicr.)
SoiTUREi, s. f., faucheur, celui qui soiie.
Montr., soiturier.
Soldas, s. m , étincelles qui s'échappent en feu d'artifice
d'une bûche lorsqu'on tisonne activement. (Voir, dans la
liste suivante, ses traductions imagées.)
Forez, aubes. Làng., espagnols, espagaôous. Morv ., soldas,
Poit. et Saint., bretons de feu.
404 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
SÔNE, S. f., la Saône, dans laquelle le Doubs se jette à
Verdun. Le confluent a lieu à la pointe de l'Ile. (V. les
Sofinets Verdunois.)
SÔPE, s. f., soupe. C'est l'aliment de prédilection pour le soir;
aussi dit-on sôper. Plusieurs s'en contentent pour leur
dernier repas.
Ital., sopa. Bourg., sôpe. Lyon., sopa. Movv., sô/)c. Prov.,
sopa. Sav., sepa. Wall., sop. Vx. îv.,soappe, soupe (tranche
de pain).
SÔPER, V. tr., souper, manger la soupe.
Bourg., sôpai. Movv., sôper. Sav., sepâ. Vx. fr., sopcr,
souper.
SÔPiR, s. m., soupir. Combien nous avons regretté, d'abord,
notre ancienne et belle « Allée des Soupirs! » Heureusement
elle commence à renaître. Petit peuplier deviendra grand.
hat., suspiriuin. Ua.[., sospiro. Bourg. , so/)j>. Prov., sospir,
sospire. St-Ara.. scûlyon. "Wall., sospeur. Vx. fr., sopir,
souspir, suspir.
SÔPiRER, V. intr., soupirer, désirer.
Lat., Sf^s/jn-a/'C. Ital., sospirarc. Vvov., sospirar. St-Ara.,
scûli/ê. Vx. fr., suspircr, souspirer.
SÔR, s. m., sort, difficulté, empêchement. Dans bien des
phrases s'emploie d'une façon particulière : « Oh ! gueùrdin
à'sôr! j'ai-t-i du mau !» — « Ona jetéeun.sdr su ma vaque. »
— « Eh ben ! la p'tiote ne peut pas v'nî? Y é donc eun aàr! »
Lat., sors. ItaL, sorte. Lyon., sôr. Prov., sort. Vx. fr.,
sors, sors, sort (f. puis m.).
SÔRD, adj., sourd: « 01 é sorti c'ment eun pot. »
Lat., siirdus. Ital., sordo. Berry, sord. Bourg., sor, sodé.
Lyon., sor. Morv., sor, de. Prov., sord, sort. Vx. fr., sord,
sour,sourt. (V. Sourdiau.)
SÔRis, s. f., souris.
Lat., sorex. Ital., sorlee. Bas-Norm., soucris. Berry,
souris (m.), souriite. Prov., sorti..:;, sorrits. Rouch., soris.
Vx. fr., soris, sourie-, suris. (V. Rate.)
SORTE, S. f., sorte : « 01 é métu d'dans d'eùne bàle sorte! »
Lat., sors. Ital., sorta. Bourg., soie. Vx. fr., sorte.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALONNAIS 405
SÔRTÎ, V. intr., sortir, partir, — et, acception parliculière,
venir de. Ainsi : (( U sort de pocher, ô sort de miger. »
hKi., surgere. Ital., sortirc. Bourg., sôti. Mac, sourti.
St-Am., chourti. Vx. îv., sortir.
SÔRTu, part, de so/'tl, sorti, parti.
Morv., sortu.
Soù, et Sô, s. f., souë^ établé à pourceaux.
Lat., sus. Bourg., sa, son, sea. Fourgs, sauc, sca, soute.
Forez, soue, soute, souda. Fr.-Ctô. essoutc. Guern., soute.
Jura, assout. Maine, soue. Montr., souc. Morv., soue. Norm.,
sou, souc, souille, souctte. Prov., soude. Vend., souque.
Vx. fr., sou;:. (V. Tecq à porcs.)
Souci, s. m., sourcil.
Lat., supercllluin. Ital., sopracclgllo. Berry et Genev.,
souci. Isère, surrcllle. Lyon, et Norm., souci. Prov., sobreclll,
sohreciiha. St-Am., seùccli/c. Vx. fr., sorclllc, sourcih,
surcil, sourciculx .
SouER, V. tr., faucher.
Bress., soucr. Montr., soucr . Vx. fr.^ so'icr. (V. Soiturc.)
SouÉR, s. m., soir : « Bonjor, vouésin! A G'souér! »
Lat., scrus. Ital., sera. Berry, souér, soli-, de soir (ce soir).
Bourg., sol. Fourgs, sa, essa. Guern., scr, scrdïe. H'°-Auv.,
scr. 11. -V", sa. Lim., set. Mac, sa'/ . Morv., sur. Norm., se,
ser, serèe, scrancc, scrange. Pic, série. Poit., ser, seras,
serce. Prov., sera, ser. St-Am., chd. Saint., a ser. Sav.,
vèpoernâ. Vosg., sa. Wall., serâf. Vx. fr., selr, soir.
SouFLÔT, s. m., soufflet de feu.
Bourg., sôflal. Morv., souf/lot. Wall., soflet. Vx. fr.,
soujlet.
SouLEi, et SÙLEi, s. m., soulier. Chaussure à laquelle les
sabots font une forte concurrence.
Lat., solea. Berry, soui/cr. Bourg., soulal. Bress., seulai/.
Il.-V, sole, soleuil. Isère, solar. Lille, sorlet. Lim., soullliè..
Lorr., sole. Mac, soular. Montr., suies. Pic, seulet, sole,
soulè. Vvov., soiicr. Rouch., sorlè. St-Am., cliould. Sav.,
solâr, Toul., sabatou, souleto (semelle). Wall., sorlet- Vx. fr.,
soller, soulier, soter.
406 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
SouLÔ, S. m., soleil : (( Si ô s'couche d'avou Vsoulb, ô s'ieùve
itou d'avou lu ; ôl é du maitin. »
Lat., sol. Ital., sole. Art., sole, soleil. Berry, soulé, soulëil.
Bourg., solo, sercH. Bress., selea. Bug., sèlay. Dauph. et
Fland., solci. Fr.-Cté, sonlet. Lim., soulei. Lorr., slod. Mac,
sleu, selon. Morv., sordnu, soûlai, choulet. Norra., solai, soie,
soulè. Pic, sole, solcu. Perch., soûlai. Poit., soulail. Prov.,
souieou, solclh, soleilh. St-Am., chelô. Saint., soulcil. Sav.,
chuélâ. Suiss. r., selau, selea. Vosg., solo. Wall., solci, solo.
Vx. fr., soleib, solau:;, sonleux, solci, souloy.
SoÛLÔT, s. et adj., soulard, ivrogne : « 0 û'déraâre pas du
cabaret; y et eun vrâ soùUjt. »
Lille, soûlot.
SouME, s. m., somme, sommeil : « 01 é prou feignan; ô n'a
jamà fini son soume. »
Lat., somnus. Ital., sonna. Poit.. son(/c. Prov., som, so7i,
sonelh. Saint., song/ie. Wall., somcic. Vx. fr., songe, sonic,
soume, soninc, saan. (V. Seûne.)
SouMÉTU, part., soumis : « J'étôs l'pus fôr; ô s'é soumétu. »
Morv., soumettu.
SoÙNER, et Sener, V. tr., sonner.
Lat. et Ital., sonnrc. Bas-Noi'm., sounâer. Berry, souncr.
Bourg., sénat, seitnai, dindai. Dauph., sonna. Forez, sauna.
Lyon., sono. Morv., son-ner, sonner. Prov. et Rom., sonar.
St-Am., cliouné. Saint., souncr. Toul., souna, (inda.Yx. fr.,
soncr, suner, sonner.
SoÙNOÙ, s. m., sonneur, qui sonne les cloches.
Ital., sonatore. Morv., sounou. Prov., sonador. Vx. fr.,
sonneur.
SoupiRAu^ s. m., soupirail : « L'bétâ! ôl a fremé Vaoupirau
d'sa cave. 0 n'y vouét pu ran. »
Ital., spiraglio. Prov., sospiralh. Rouch., supèruclc. (V. Lar-
mier.)
SouRDiAU, s. et adj., sourd, iuattentif.
Bourg., sodid. Bress., sourdiau, seudiai. Morv., sordiau,
sordeai, chour, chourdiau. St-Am.. chou, ...rda. Vx. fr.,
sourdeau, sourdaut. (V. Sàrd.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 407
SÙVENANCE, et SÔVENÎ, S. f., souvcnif.
Ital., sooeiiea^a. Bourg., sôccnancc, seaccnance, sôocni,
seucc/ii. Bress., sociniance. Morv., soccnance. Prov., soci-
nensa. Rom., soccnciisa. St-Am., seceni. Wall., soornance,
sofni. Vx. fr., sonccnancc, sousccnir, siibrcntr.
SôvENT, adv., souvent : « Qu'j'irons? Pu savent! »
Lat., subinde. Ital., sooenf.e. Bom'g., sôoan^seacan. Dauph.,
sovin. Morv., soueii. Prov., soccii, sooii. Rom., sovcnt
Sav., sovê. Suiss. r., sovein. Vx. fr., socant, savent, sucent.
S'tôt, adv., sitôt, aussitôt.
St-Am., chasteû. Vx. fr., si tost, sltost.
Su, prép., sur. Cette prononciation contraclive n'empêche
pas le /• dans certains mots : sui-loiœr, etc.
Lat., super. Ital., sopra. Bas-Norm. et Berry, sus. Bourg,
et Dauph., s». Il.-V% sh.s. Lorr., sup, cisu, d.rur. Lyon, et
Mac, sa. Morv., ,sw, chu. Norm., su. Pic, seur, sus. Prov.,
sobre. Wall., sol, sor. Vx. fr., sur, su:;, sorc, sovre, sour.
Su! interj., sus! debout! allons! (( Allons, su! »
Lat., sursurn . Ital., suso. Bourg., su, sus. Morv., su.
Prov. et Vx. fr., sus.
SuBLER, et SiBLER, v. inti'., siffler.
Lat. et Ital., slb'dare. Anj., subier. Berry, sublcr, sibler,
chiijier. Bourg., subiai. sublai. Champ., sibler. Chat., suilter.
Cogn., subier (corner). Dauph. et Isère, sibla. Jura, subier.
hille, chiffîcr. Lyon., sublô. Mac, sebliai. Montr., subllier.
Norm., subier. Nam., chujjlcr. Poit,, sublai, subier. Prov.,
siblar, ciblnr, siular, eschiular. Rom., subier. St-Am. et
Saint., subie. Sav., seblà. Suiss., subier, zubbla. Toul.,
estifal. Wall., hufler. Vx. fr., sibler, sublcr. (V. Seûiller.)
SuBLÔT, et SiBLET, S. m., sifflet.
Lat., sibilus. Ital., sufolo. Berry, subiet, sublct, chifflet.
Bourg., sublôt. Champ., sible, subiet, sablot. Chat., suilleau.
Dauph., stfc/e^. Jura, subiot, sibiot. Mac, sebliai/. Montr.,
sublliot. Morv., sulot, chulot. Norm., subiet. Pic, cliifjlot.
Prov., siblet. Poit., subiet, sablot. St-Am., subie. Sav.,
sebtet. Ton\., estijlet. Vx. ir., subiet. (V. Seûillàt.)
SuBLOû, s. m., siffleur.
Bourg., sublou. Morv.^ chulou. Vx. fr., sifjleur.
408 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CH ALONNAIS
SucHENÔTER, V. iiîtr., cliuchoter : « Que c'quô s'disont? 0
sont tôjor à auchenbter entre eusses. »
Bourg., suchenôiai, cluichcnôtai. Rom., chuc/teter, chu-
chiller. Wall., sassiné. Vx. l'r., chuchoter.
SÛGNiER, V. tr., fournir de, subvenir, alimenter : (( Crais-
tu que j'porai Vsùgnier d'saibôts, si t'ies casses coume ça? »
— « Voui dà! faudrôt côre que j'te mgne de toubac! »
Suî, s. m., suif : (( L'malin! ô f'rôt des chandéles sans sut. »
Lat., semun. Ital., seco. Berry, souif. Chât.-Chin., chi.
Fland., sien. Fourgs et Fr.-Cté, sn. Guern., sif. Morv., sut.
Norm., sicu. Prov., ceii, scf . Rouch., sicu. Sav., chui. Wall.,
scw. Vx. fr., 8eu, sicu, suis.
SÛL, et Seù, adj., seul : « L'pauv'vieux! ôl é tôjor tout.s-eiî.' »
Lat., solus. Ital., so/o. Berry, seù. Bourg., sô,sou. Morv.,
chu, chctil,sou. Norm., seà. Prov., sol. Wall., seu. Vx. ir,,
scu, sol, sul, suis.
SÙLON, et S'lon, prép., selon, suivant : « Si j'irai? Y é
6-7o«. »
Lat., secunduin. Uà\. , second o. Bourg., senon. Pi'ov. , segon.
St-Am., chclon. Vx. fr., seluc, selonc, soulonc.
SÙMERGER, V. tr., submerger, couvrir d'eau.
Lat., suhincrgcre. Ital., sommergere. Prov., somergir,
sub/iiergir. Vx. fr., submerger.
SuposiTioN (eùne), loc. complétive, supposé que : « Vous
v'nez, eùne suposition, eh ben! drèsqu'vous êtes là, j'vous
raconte l'afâre. « Parfois même, quand la phrase est
rapide, on dit simplement : « saposition. »
SÛRÎ, v. intr., surir, devenir aigre.
Morv., suri. Wall., sori.
Surlouer, v. tr., sous-louer : « 0 surloue eùne de ses deux
chambres ; ôl a prou d'ia grande. »
Genev., surlouer.
Sus, et Sis, l'^ pers. prés, indic. du verbe être : « Je sus, je
sis. ))
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 409
Suspente, s. £., soupente : « AU' couche pas loin d'eûsses,
dans le counôt d'ia suspente. »
Genev., soasscpeiiic. Wall., suspeinit. Vx. tV., soupenduo.
SusTANCE, S. f., substance.
Lat., substantia. lta,\., sostan^ria. Bourg., seustance, sus-
tance. Genev., sistance. Morv., suctancc. Prov., sustancta.
Vx. fr., sustance.
SÙTi, adj., subtil, fin, rusé.
Lat., suhtllis. Ital., sotlilc. Bourg., suti. Prov.^ subtil.,
sotil. Wall., sûti. Vx. fr., sutil, soutil, soiitils, soubticf.
Tâbe, s. f., table. Se dit aujourd'hui plus volontiers que
taule, néanmoins maintenu. (V. Taule, où sont réunis les
congénères des deux mots.)
TÂBiER, s. m., tablier.
Lat., tabulariuin. Ital., tacoUere. Morv., tùbié. Prov., tau-
lier. Vx. fr., tablier, taulier. (V. Dccantei.)
Tabouler, V. tr., frapper, du pied, de la main, d'un bâton,
surtout sur un corps sonore, faire grand bruit, battre du
tambour : « J'iai prou taboulé; ma ô n'm'a ran acouté. »
Aunis, tabuler, lierry, tabouler. Bourg., tabouillai,taboulai.
Champ., tabouler. Forez, taboulâ., tanbuter. Montr., tabouler.
Poit. et Saint., tabuler. Vx. fr., taborer, labourer. (V. Ta-
boulôt.)
Taboulôt, s. m., bruit retentissant, surtout celui du tonnerre:
(( Ça s'mitoune là-haut; va y avouer du tahoulbl. »
Morv., tabouleau. (V. Tounâre.)
Tabouniau, s. m., récipient en planches, boîte grossière,
percée de trous nombreux, destinée à tenir le poisson en
eau vive, et qu'on met à flotter à côté du bateau. — Se dit
aussi, par une analogie assez claire, d'une masure, d'une
bicoque, d'une pauvre maison , délabrée et à jours : « Mon
47
410 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Dieu! qu'é c'qui é que son cheû lu? Ein ch'ti tahouniaii. »
Par dérision, une maison où l'on ne se plaît pas : « 0
peut ben m'étende (m'attendre) ; j'n'y rVeinrai fichtre pas,
dans son tahouniau. »
Tâcher moyen, loc, trouver moyen : « Oh! laboune petiote,
allé é prou c'mode à ainmer; ytàclierai moyen d'aller la
vouer. ))
Ardèche et Saint., tâcher moyen.
Tacôt, s. m., morceau de bois, souche de petit arbre taillé,
battoir de laveuse.
Berry, chicot. Bourg., tacot. Champ., tacotte. Forez, tancot,
Maine, tacot. Morv., tancot. Poit., tacot. Prov., taparel.
Rouch., tacon. Suiss. r., takon.
Tacôter, y. tr. , frapper à petits coups.
Morv., tacoter. (V. Taquàter.)
Tâgner, V. intr., geindre, se plaindre en travaillant, comme
le mitron qui pétrit. A une autre acception plus... intime :
faire les efforts d'un constipé. Mots des plus expressifs,
que le linguiste ne peut passer sous silence. L'italien
ajfanno, donné par J. Guillemin, nous semble assez éloigné.
Montr., tagncr. Morv., taincr. Norm., taigncr. Pic, taiguei\
Rouch., tèqucv.
Tailler eùne bavéte, locution pittoresque, employée pour
dire babiller longuement : (( Tout coup qu'ail' sort por
aller qu'rî quête chouse, ail' s'érâte pou tailler eùne bavéte. »
'Lim., joquètas. Morv., vaioaiidcr.
Taiser (se), V. pr., se taire : « Te couines trop fort, p'tiot
drôle; v'tu ben t'taiser! »
Lat. et Ital., tacere. Berry, taiser. Lim., ta'i^^é. Morv., taiser.
tajer. Poit., taiser. Prov., to^er, taiser. (V. Côger.)
Tambournier, s. m., tambour de ville, celui qui va à tous
les coins de rues « faire assavoir » au son du tambour.
Genev., tambournier. Vx. fr., tabourinear. (V. Assacoir.)
Tampôner, v. intr., s'amuser, tuer le temps en plaisir, mener
la vie de garçon : « Nous autres fous, nous lampànons
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 411
toujours. . . conlinuellemcntù l'iiôtcl, au café. . . » (Corres-
pondance chalotinaiso de 18SS.) Comme il s'agit de perte
de temps, l'orthographe ne serait-elle pas meilleure en
écrivant : ienipànerY
Tantôt, s. m,, après-midi : « Veinrez-vous c'taniôtf » Ce
mot implique toujours un délai. Au contraire, dans cer-
taines localités, tantôt veut presque dire : à l'instant.
Mac, tantou. Genev. et Midi, tantôt. Sav., tantou.
Tant qu'à, loc, quant à, jusqu'à : « Tant qu'à la Nan-néte,
i n'en faut pus parler; n'y é pus ran qu'eùne couraude. »
Cogn. et Mac, tant qu'à.
Tant s'ment, adv., seulement : « Allée joulite, sa coumédie!
on n'y vouét tant s'ment ran du tout. »
Moi'v., tanseuleinent. Poit., ianscrcnient, tant solament.
Saint., tanseureman. Vx. fr., tant seulement.
Tapée, s. f., grande quantité : « Eùne tapée d'monde; eùne
tapée d'poumes ; eùne tapée de livres. »
Bonrg. , foudri . Genev., Lyon., Meuse, Midi, Morv., Norm.
et Rouch., tapée.
Taper, v. intr., faire du bruit^ éclater. Ne pas confondre
avec l'acception transitive du même verbe, et qui signifie
donner des tapes : « L'as-tu entendu? mon canon veint
&'taper. » — a Côvre benla casse; les dragées vont taper. »
Le morvandeau appelle tapantes les pommes de terre qui
crèvent en cuisant.
Vx. fi'., tapper, tappir.
Taperéle, s. f,, diminutif de taperiau, taperiau en petit.
Le tube est formé d'une plume d'oie, ouverte aux deux
bouts, et qui découpe ses tampons en se piquant dans une
écorce de courge, une rondelle de rave ou de pommes de
terre; les coups partent de même. (V. Taperiau.)
Taperiau, et Taprïau, s. m., instrument en bois de sureau,
qui, pour sa confection, a de l'analogie avec la Jiclerbte.
Seulement, au lieu de servir à chasser de l'eau, il chasse
avec explosion les tampons de filasse humide qu'on fixe à
ses deux extrémités. Vient de taper (faire du bruit.) —
412 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Nous nous rappelons tous les groseilles à taperiau, belles
groseilles à maquereau qu'on a vidées par une aspiration
attentionnée, dont on gonfle l'enveloppe en soufflant dedans,
qu'on ferme ensuite en en pinçant l'ouverture, et qu'on
frappe vigoureusement dans le creux ou sur le dos de la
main. Il en résulte une détonation agréable... à ceux qui
aiment ce bruit. (V. Bouse.)
Anjou, caiinc-pètoire. Bress., potrale (de poter). Champ.,
taperct. Morv., pôtâ^ pôtâr, pôteralle, tapereau. Norm., pè-
tonnière, cannepétoarc, èliançoure, èlijoire. Poit., pèiouère.
Saint., pétoire. (V. Tapcvèle.)
Tapéte, s. f., petite tape. Expression usitée dans le jeu
enfantin, dont les paroles ont été mal disposées au mot
Bavhéie, et que nous rétablissons ici:
Je te tiens.,
Tu me tiens
Par la barbette.
Le premier de nous deux qui rira
Aura
La tapette.
Genev., tapette (battoir, et langue babillarde). Morv., tapette
(langue babillarde).
Tapine, s. f., pomme de terre : « 0 n'é pasdéficile; pou son
diner ô n'mainge que des tapines. »
Morv., tapine (galette de pommes de terre). (V. Pouine de
tare, Tarteiife.)
Tapon, s. m., tas, tampon, poignée, bouchon : « Eùn tapon
de fi; eùn tapon d'cheveux ; eùn tapon d'étoupes. » Ce
mot emporte toujours l'idée d'emmêlement.
Auv., Berry et Bourg., tapon. Morv., lalpon, talipon. Saint,
et Vx. fr., tapon.
Tapouner, V. tr., fermer d'un bouchon, d'un tapon, arranger
les cheveux en tapon.
Auv., tapouna. Bourg., tapônai. Guern., taponnair. Morv.,
taponncr. Norm., tamponner, taponncr. Rennes, tamponner
(toucher à tout). Saint., tapouner. (V. Tapon.)
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 413
Taquer, V. tr. etinli'., battre, fouler, tasser, claquer. Imite
le bruit du tic-tac du moulin.
Rerry, taquer. Lorr., toquer^ taquè (frapper à une porte).
Montr., Morv., Vosg. et Yonne, taquer.
Taquer le marmot, loc, avoir froid, et avoir peur. On voit
que c'est autre chose que la locution française « croquer le
marmot ». Cependant, comme forme, elle lui ressemble.
Tar/uer voulant dire claquer, « taquer le marmot », c'est
claquer des dents de froid ou de frayeur.
Taqui, adj., épais, lourd. Se dit du pain qui n'a pas beaucoup
de trous, mal levé : « J'ai migé du pain taqui; à n'vout
point passer. »
Taquôt, adj., bavard. Vient de taquer^ le bavard faisant,
pour ainsi dire, claquer sa langue.
Taquôte, s. f., petite tape, et aussi cliquette. Tout est bon
aux gamins pour se façonner cet instrument : des bâtons
fendus, des planchettes coupées, des os plats bien net-
toyés, etc. Souvent ils se mettent par bandes et, le soir,
exécutent des retraites pittoresques et furieusement ryth-
mées.
Bourg., tiaquente (les deux acceptions).
Taquôter, V. intr., bavarder, tapoter, faire claquer.
Bourg., tiaqucutai. Norm., lacoier (frapper à petits coups).
Rouch., cllcoter. Vx. fr., cliquer. (V. Tacotcr.)
Târ, adv., tard : « 01 é v'nu su Vtàr. »
Lat., tarde. Ital., tarda. Berry et Genev., à tard. Lim.,
târ. Lorr.. tair. Prov., tard, tart. Wall., târ., taur. Vx. fr.,
tart, tard.
Tarbouiller, V. tr., troubler, tourmenter, secouer, bousculer
quelqu'un.
Berry, tcrbouler. Bourg., tai-bôlai, tarbeulai. Morv., teur-
bouler. Rom., tribular. TouL, treboula. (V. Tribouler .)
Tare, s. f., terre, bien, sol à cultiver, le plus profond amour
du paysan. Une bonne femme, veuve, s'en allait à tous
les enterrements, et, s'approchant de la bière du défunt,
disait à celui-ci : « Te vas vouer mon houme. Dis-li que
414 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
j'nous poLirtons ben, que j'nous corapourtons ben, et seùr-
tout que j'faisons ben valouér ses tares. » Il y auroàt
beaucoup à trouver dans cette bizarre allocution.
Lat. et Ital., terra. Bourg., tarre. Daaph., terra. Lim.,
tèro. Lorr., tare. Mcâc, Montr. et Morv., tarre. Prov., terra.
Rouch., tière. St-Am., tara. Wall., ter. Vx. ff., tere, terre.
Tareûche, s. f., synon. de trape. (V. ce dernier mot.)
Tareùche est de la Bresse louhannaise.
Taribe, et Tèribe, adj., terrible.
Lat., terribilis. Ital., terribile. Bourg., tarbe. Lorr., tèribe.
Morv., taribe. Rom., tarrible. Wall., terib. Vx. fr., terrible.
Tarine, s. f., terrine, soupière.
Bas-Lat., terrineus. Berry, terrasse. St-Am., ga/nèle. Vx. fr.,
ierriii, tierin.
Tarôt, s. m., gros robinet des foudres : « 01 ainme tant
s'piquer l'naz, qu'ô s'couch'rôt su l'dos pou bouére au
tarot. ))
Tartavéle, s. f., babillarde, femme qui jacasse toujours.
Le mot s'applique non seulement à l'artiste en babil, mais
aussi à son instrument, la langue : « On n'entend qu'éle à
toutes les portes; y et eùne vrâ tartavéle. » — « AU' va
vous en débiter, dà ! ail' n'a point oblié sa tartavéle. »
Forez, bartacelle. (V. Tarlevùle.)
Tarteùfe, et Tarteùfle, s. f., pomme de terre. De l'alle-
mand kartojfel. Introduit chez nous au commencement
du siècle. J. Guillerain l'appelle catrofle.
Ital., tartiifû. Berry, tartoufle. Bourg., tartouche. Genev.,
ta/elle. Lang., tufedas. Prov., tartiflo. Suiss., tortijle, tartujle.
Vx. fr., turtufle. (V. Poume de tare, Tapine.)
Tartevéle, s. f., crécelle. La tartevelle étant une partie de
la trémie d'un moulin, on comprend l'analogie de l'appli-
cation, comme on l'a comprise pour Rain-néte. (V. ce mot.)
Bourg., tairtecelle. Morv., tvaquotte. Norm., traquette.
Suiss. r., traqaelette. (V. Tartavéle .)
T'as, 2m« pers. ind. prés, du v. avouer, tu as : « Tau donc
ben du mau, que t'baules jôr et neîit? »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 415
Tatan, s. f., tante. Du Langage enfantin.
Lat., utnita. Ital., ^ia. Il.-V", iuiUlnc. Pic, anlc, nante.
Prov., ainda. St-Aiii., tanin. Saint., laniaa. Sav., lanta.
Wall., antin (gfand'tante). Vx. fi-., ente, unte, antain, tante.
(V. Tonton.)
Tatouille, s. f., tripotée, volée de coups de poings : a Gare!
si j'te r'trouve, j'te ficherai eùne tatouille. » (Se reporter
aux nombreux synonymes.)
Cogn., tatouille. Dauph., Genev. et Lang., tatouille (piquette-
ripopée). Lille, tatoulle. ï>iG., tatoule. Voix.., tatouille. Roxxch.,
tatoule, toutoule.
Tatouiller, V. tr., donner, flanquer, ficher une tatouille.
(V. ce mot.) Veut dire aussi : chiffonner, souiller, tatil-
lonner.
Lat., titillare, turbave.
Taule, s. f., table. S'est mieux conservé que faule, et,
quoique moins souvent, se dit encore concurremment avec
tàbe. (V. ce dernier mot.)
Lat., tabula. Ital., ^aco/a. Artois, tab. Berry, tabe. Bourg.,
taule. Bress., tobla. Champ., taule, talle. Fland., taule, tau-
lette. Lim., tàiilo. Lorr., tèle, taie, tâi/e. toill' . Mac, troblie.
Monti'., taublle. Morv. et Pic, taule. Prov., taula, tauletta.
Rora. et Rouch., taule. St-Am., irôbla. Sav., trâbla. Vosg.,
taule. Wall., tâf, tare, taule. Vx. fr., table, taule (planche).
Tauléë, s. f., tablée, ensemble de convives réunis autour de
la table, et aussi série de mets qu'on y a déposés : « Y
étôt la fouére. Si vous éveins vu que taulée!... Ah! mes
aimisl... »
Aveyr., entauiat (attablée). Bourg., taulaie, tôlée. Vx. fr.,
tablée.
Taupière, s. f., monceau de grains. Analogie avec les mon-
ceaux de terre soulevés par les taupes.
Montr., taupière.
Taupine, s. f., abrév. de topinambour. On en voit fré-
quemment de petits champs ; mais ne se cultive que pour
les bestiaux.
Morv., taupine.
416 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Tavin, s. m., taon, grosse mouche.
Bas-Lat., tabanns. Ital., tafano. Esp., tavano. Bourg.,
taivin. Dauph., tacan. Forez, tauna, tôna, iacan. Fourgs,
tooan. Genev., tavan. Lyon., tôna, tauna. Montr., tacain.
Morv., taicin, ataicin, taibin. Prov. et Rom., tacan. Suiss.,
taban, tacan. Wall., tahan. Vx. fr., tavan, tahon.
Te, pron. person., tu, toi : « Te m'fais droguer, te m'fais
gémî. )) — (( Dépôche-z'e; sauve-^e. »
Lat. etital., tu. Il.-V% ta. Pic., ti. Prov., tu. Vx. fr.,
tu^ toi., te.
Té! interject., tiens! Marque l'étonnement, l'ironie.
Bourg, et Prov., tè! Morv., tan!
Tecq-à-porcs, et Tect, s. m., réduit où l'on fourre les
pourceaux.
Lat., tectum. Ital., tetto. Ain, tect. Berry, tet. Bourg.,
ètoi. Cogn., tet. Fr.-Cté, ta. H'-Main., têt. 11. -V% tat.
Montr., tecq. Morv., tec. Poit., techon. Prov., teg, tet.
Suiss. r., tet. Wall., tau, teu. Vx. fr., tect, toict. (V. Soû.)
Teiche, s. f. , tache, salissure.
Bas-Lat.. tasca. Ital., tacca. Bourg., teiche. Genev., tache
(petit clou à sabots). Pic, tahe. Prov., taca, tacca. Wall.,
tetsch, teg, tak (plaque de fer acheminée). Vx.fr., teke, tetche,
techc, taiche.
Teinde, V. tr., teindre, imbiber d'une couleur.
Lat. et Ital., tingerc. Bourg., toindre. Prov., tengner,
tenher. Wall., tid. Vx. fr., cendre, taindre.
Teindu, part, de teinde, teint.
Bourg., toindu.
Tèle, s. f., toile, de lin ou de chanvre.
Lat. etital., tela. Bas-Norm., taile. Berry, touèle. Bourg.,
tèle, teulc. Champ., telle, toielle. Dauph., tela. Il.-V% taile,
taïlc. Lorr., tôle. Morv., toueille. Poit., touaille, tiuaille.
Prov., tela, tella. St-Am., tâla. Sav., tàla. Wall., teule,
teâll. Vx. fr., toillc, toj/lle, toueille, touaille.
Temple, s. f., tempe : « L'mauvâ drôle! ô m'a fichu eùne
beûgne sur la temple. »
Lat., tempera. Ital., tempia. Berry, Genev. et Morv.,
temple, Prov., tempia. Vx. fr., temple {ma.sc.).
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 417
Tendron, s. m., bugrane, arrête-bœuf, plante à la tige
épineuse, et dont la racine, longue parfois de 50 centi-
mètres, est un obstacle à la charrue et en même temps un
objet de gourmandise pour les gamins. Ils la rccherclient
assidûment, en grattent la peau et la croquent à belles
dents. Quand la terre est trop sèche, ils ont parfois de la
peine à l'en arracher ; mais l'expédient ne leur manque pas :
sans aller chercher de l'eau... ils l'arrosent. Pas difficiles
sur les moyens !
Tendue, s. f., grande et grosse toile, que l'on tend pour
certains usages : tente devant une boutique, bâche sur une
voiture, etc. Pour la lessive, c'est la pièce de toile qui
reçoit les cendres, et qu'en Champagne on appelle le sadri.
Morv., tendue (cloison en briques). Vx, fr., tendue.
Tenî, etT'NÎ^ V. tr., tenir, garder.
Lat. et Ital., tenere. Morv., teni, fni. Prov., tener, tenir.
Wall., tini, tuni, tir, ter. Vx. fr., tenir. (V. Tiendre.)
Tepeîine, s. f., grand vase en fer-blanc, de forme particulière,
contenant le lait qu'apportent les laitières des campagnes.
En quelques parties de Saône-et-Loire, on appelle tepin
un petit vase de terre pour faire chauffer les liquides (de
tepere, ad tependum?). F. Brachet fait remarquer que
tepin est l'anagramme de pitite. — J. Chevrier a touché la
question dans son Vieux Chalon.
Bas-Lat., tupina. Aveyr., topino. Basq., iupina. Bourg.,
tepin. Bress., tcupin, tepin. Champ., tippin. Char., ioupi.
Dauph., tupin. Forez, tupin, tchupin, t:evpin. Fr -Cté. tepin>
toupin, toupi. Genev., toupin, toupine. H'°-Auv., toupi., tou-
pina. Jura, tepin. Lang., toupin, tonpin, toupina. Lira., toupi.
Lorr., tepin. Lyon., tupin, tsipin. Mac, tepain. Montr., tepin.
Morv., teupin. Prov., toupin, toupi. Rom., tupin, teppin.
St-Am., tepén. Sav., tepena, tepin, topin. Suiss. r., tepin,
toupin, toupenet, toupenette. Toul., toup, toupino, toupinat.
Vx. fr., tuppin. (V. Mesure.)
TÈRAGE, s. m., action déterrer, de butter. (V. ce dernier mot.)
Tèreau, et TÀREAU, s. m., fossé. Un titre du XV^ siècle,
48
418 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
cité par .1. Guillemin, « amodie la peschc des fossés et
terreaux de Chalon ».
Bi'ess. et Montr., terreau. Vx. fr., terrau, terreau.
TÈRÉE, s. f., terreau, fumier réduit en terre.
Tergéte, s. f., targette.
Berry, targette (rideau de lit). Genev. et Lyon., tcrgette.
Vx. fr., targette (bouclier).
Tessier, s. m., tisserand, « tessier de tèle ». — On se sou-
vient, à Verdun, du tisserand qui payait un gamin pour
faire battre son niélier, tandis qu'il allait au cabaret boire
le vin blanc avec les camarades. Pendant ce temps sa
femme, qui entendait le bruit du travail, croyait naturelle-
ment que son homme travaillait.
Bas-Lat., teàsellas (pièce de toile). Ital., tesserandolo.
Berry, texer, tissier, tesaier. Morv., leichcran . Norm., tller.
Prov., telsseran. Tovl\., tcgsseijre. Wall., telier, telien. Vx.
fr., tessier, tcllier, leissant, toissarant.
Tessu, s. m. et adj., tissu.
Morv., tèchu. Vx. fr., tijssu.
Testicoter. V. intr., cliipoter, contester : « Oh! l' mauvou-
lant! à tout bout d'champ ô testicbte. »
Lat., testis. Pic. et Rouch., testicoter.
TÊTE, s. f., tête, sommité : <( La télé de l'âbre. »
Lat. et Ital., testa. Bourg, et Morv., tète. Prov., testa.
St-Ani., tcta. Wall., tiess. Vx. fr., teste.
TÉTE (de), loc, par cœur : « Aile sait ben ; aile répète de
tête toute sa leçon. »
Genev., de tète (savoir de tête). Midi, de tète.
Tète, s. f., taie : (( La laveuse m'a pardu eùne tète d'oriller. »
Bas-Lat., teca. Champ., toge, togctte. Fr.-Cté, toge, tô.
MdàïiQ, tète. Morv., touèe, toie. Rouch., taie. Wall., tuée,
tuaie, tik. Vx. fr., teic, toie, tagc, toge.
TÊTES, s. f., fils de chanvre de seconde finesse.
Tètèt, s. m., sein. Se dit tout particulièrement, en langage
enfantin, des seins de la nourrice.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 419
Bourg., tétaignc. Cogn. et Grenobl., tcict. Morv., ioieine,
totôt. Pic, tettc, iottlnc. Prov., tetina. Rouch., tctetc. Sav.,
tcttet. Vx. fr., tciinc. (V. Titi .)
TÊTIÈRE, S. f., bande de linge faisant partie de la cale, ou
bonnet de femme; petite coifïe d'enfant.
Ital., testlera. Genev., têtière (chevet). Midi, têticrc. Prov.i
iesticra. Vx. fr., testicrc.
Teû, s. f., toux : (( Que teù qu'aile a! »
Lat., tussis. Ital., tossc. Berry, tousse, ticsse. Prov., ios.
St-Am., teû. Wall., toss. Vx. fr., toux. (V. Tousse.)
Teûcher, et TôcHER, V. tr., toucher.
Berry, touche-aux~nues (homme petit). Bourg., tâchai.
Bress., tocé. Morv., t'cer, tcucer, tcucher, toclier. Prov.,
tocar. To\x\., touca. \\. fr,, tocer, tochcr, toucer, tucher.
(V. Toquer.)
Teûrie, ToRiE, et TouRiE, s. f., taure, génisse, jeune vache
qui n'a point encore vêlé.
Lat., taura. Angev., taure. Aunis, tore. Bourg., torie.,
tourte. Jura, touria. Merv., teurie. Montr., touria. Morv.,
taure, tauric, ioirie, tauhic. Norm. et Poit., taure. Prov.,
taura.
Teûsser, et Tosser, v. intr., tousser.
Lat., tussire. Ital., tossire. Bourg., tossc. Morv., tcusscr.
Wall., tossé. (V. Toussi.)
TiÂR, s. f., clé. Prononciation corrompue et devenue dentale
de cliar, qu'on retrouve sous la forme clar dans le patois
bourguignon de La Monnoye.
Lat., cluvis. Ital., chiacc. Bourg., clar. Prov., clau.
Vx. fr., clé, ciel, clef.
TiAU, s. m., fétu, fragment de bois, ramille.
Berry, tiot. Morv., tiau, luau. Norm., tuât. Vx. fr., tuel,
tuet, tuau. (V. Tiaux.)
TiAULER, V. tr., chanter pour exciter ses bœufs : « Egué!
v'qui le p'tiot barger qui tiaule. »
Berry, hriolcr. Morv., tiauler, tiâler, hiauler. Poit., arauder,
liarauder. Suiss. , triôler , trioulcr. Suiss. r. , ritlioula,
ritioula.
420 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
TiAUME, S. m., baraque en planches à l'arrière des bateaux,
où couchent les gardiens. — Le nom ne viendrait-il pas
de ce que, jadis, elles auraient été couvertes en chaume?
TiAux, s. m., petits tuyaux de plumes qui garnissent le corps
des jeunes oiseaux. Ces plumules sont comme les ramilles
de la bête.
Bress., ttaux. (V. Tiau.)
TiÈLE, s. f., tuile. Un des anciens produits verdunois.
Lat., tegula. Ital., tegola. Bourg., tlèle. Bress., tUde.
Gasc, teoule. Montr., tielle. Norm., tieulc. Pic, tcale.
Poit., tieuble. Rouch., tieulc. St-Am., hjcla. Saint., tculle,
SsLV., tiuaila, tiuila. Toul., teulo, teoulo. Wall., thleulle.
Vx. fr., thiule, tieiille, teulc.
TiÉLER, s, m., tuilier : « Les tiélers ont été d'ia noce; i
s'avont preùm'nés pendant deux jors por la ville, d'avou
canne-major, fifre et tambour. »
Bress., tièler. Montr. ^ tiellier. Wall., thlculUcv. Vx. fr.,
tieulev.
TiÉLERiE, s. f., tuilerie. Nous en avons encore quelques-unes.
Bress., tièleric. Genev., tiiillcrc. Montr., tlcUcrie. Wall.,
thicullcrie, tCdrcic. Vx. fr., tculerie.
TiENDRE, V. tr., tenir.
Berry, iiendrc, tienrc, tiare. (V. Teiiî.)
TiENDU, p3,rt., Âe tiendre, tenu.
Vx. fr., tenu.
TiGNE, s. f., teigne, insecte, gale à la tête et à l'écorce des
arbres.
Lat., ti/ica. Ital., tigna. Lang., vasque. Prov., teiaa,
tcinia. Vx. fr., taigne, teigne.
TiGNER, V. tr., gratter : a Que c'qu'ôl a donc, c'peùt houme,
qu'ôl é tout l'temps à ^'ligner? »
TiGNoii, s. m., teigneux, qui a la teigne.
Lat., tineosns. Ital., tignoso. Berry, tigneux. Bourg.,
Bress., Isère et Montr., tigaou. Prov., tinhos. Wall., tigneu.
Vx. fr., tingneus, tigneu.
I^ANGA,GE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 421,
TiLLER, V. tr., teiller, enlever les filaments des tiges de
chanvre. On connaît l'entrain, le charme de ces veillées
où, réunis à la porte des habitations, parfois, en plein
champ, on se livre, à travers mille propos joyeux, à la
captivante occupation du teillage.
r/Z/er est français aussi bien que teiller; mais ce mot
se relie à d'autres mots de chez nous, dont on ne peut le
séparer.
Rerry, teiller, tiller, téicr. Bourg., tillai. Fi'.-Ct<', tilli,
t'ili. Moi'v., teiller. Prov., tclhar. Sav., blo'ier. Suiss. r.,
teilli.
TiLLERiE, S. f., groupes de femmes teillant le chanvre.
Morv., teillerie.
TiLLONS, s. m., fils de chanvre de troisième finesse, mèches
d'étoupe.
Montr., tuions.
TiLLÔT, et TiLLOL, S. m., tilleul. La rue du Tillot, à Dijon,
si connue des lecteurs des N'oeï borguignon, a été « ainsi
nommée d'un énorme tilleul qui s'y trouvait autrefois ».
Lat-, tilia. Ital., tir/lio. Berry, tillaa, tillol, tuiolle. Bourg.,
tillot. Fr.-Cté, tcillot. Genev., tillot, tillol. Morv., tillot.
Pic, tile, tille. Poit.. tcil, teilloii. Prov., tilhoou. Rora.,
tilloel, tilloet, tlieil. St-Am., tthjole. Saint., tileuil. Suiss. r.,
iè, teliii, teliot. Wall., tijou. Vx. fr., tilluel, tilocl, tillol,
teill, tilleau.
TiLLÔTE, s. f., action de teiller, veillée où l'on teille.
Morv., tcillottc.
TiLLOÙ, adj., celui qui teille. Le féminin [tillouse] est plus
employé, le teillage étant principalement un travail de
femmes.
TiNE, s. f., cuvier, grande cuve dans laquelle on met à fer-
menter le raisin.
Lat. et Ital., tina. Bei-ry, Une. Lang., tina. Luxemb., tinau,
Morv., tine. Nord, tinè, tinet. Prov., tina, tincou. Wall.,
tcinn. Vx. fr., tine, tinne.
T-i-PAS? loc. interrogat., n'est-ce pas? « T-i-pas qu'y é c'qui
qu't'as été qu'rî? » — T-i-pas entre aussi dans une autre
422 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
locution exclamative : « Eh ben! quoi? l'Heû à Jean l'a
embrassée. É pi éprâs?... \'\-à-i-i-pas! »
Artois, cnoii? annoii? est-non? n'cst-pont?
TiQUET, S. m. (V. Bête nouére.)
Tira! tire! marche! impératif du v. tirer, employé par nos
mariniers : « Tira louïa la mailla! » Tire en suivant la
maille (la corde)! (V. Fn tira, Louïa, Mailla.)
Tire, s. f,, trait, haleine : « J'ons marché dru; j'sons v'nus
iqui tô d'eîine tire. »
Vx. fr., tire.
Tire-lignôt, s. m., cordonnier. Employé dans le sens iro-
nique. (V. Lignât.)
Tirer, v. tr., traire, se diriger vers. On dit aussi tirer un
portrait, et tirer en portrait.
Lat., trahere. Ital., trarrc. Berry, tirer. 'Mà.G.,teri. Moi'v.,
tirer. Norm., traire. Prov., traire, tirar. Vx. fr., tirer.
TiRi, s. m., moineau. On se sert aussi parfois de ce mot,
presque une onomatopée, pour donner une idée du chant
de l'oiseau. (V. Paaaerà, Afonniau, Saugeri.)
TiRoîi, s. m., tireur à l'arc, au fusil.
Ital., tiratore. Bourg., tiroû. Mow . , tirou . Prov., tirador.
Vx. fi'., tireur.
TiROUÉR, s. m., tiroir.
Berry, tirouc, tirouer. Morv., tiroué. Vx. fr., tiroucr,
tiroire (fém.).
Tirpailler, v. tr., tirailler. S'emploie surtout dans le sens de
réciprocité : « Te i'tirpailles tôjor d'avou tes camarades. »
TisAiNE, s. f , tisane. Quand nos villageois pensent avoir
besoin d'une infusion, ils la font avec n'importe quelle
plante : mauve, tilleul, camomille, quatre fleurs, ou autre.
Pour eux une infusion est une infusion; elle; doit toujours
produire le même résultat.
Lat., ptisana. Ital., tisana. lào\xv^.,di^ène. Bress., tisaine.
Morv,, tisaigne. Prov., ii^^ana., tipsana. Rouch., tisène.
Vx. fr., tisannc, ptisane.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 423
TiTER, V. tr., téter. Du parler enfantin.
lta.1,, tcttare. Bourg., tcçal, tnçai, teussai. Doubs, tnssic.
Jura, toutcr. Morv., toter. Prov., tetar. Rouch., iuter.
Vx. fr., tettcr.
Trn, s. m., sein, mamelle : « Aga ce p'tiot, coumc ôl agripe
le ti I i d'sa neûrice! »
St-Am. et Vx. fr., teton. (V. Tètct.)
Tô, TÔTE, S-, adj. etadv., tout, toute.
Lat., totus. Ital., tntAo. Bourg., tô^ ten. Lyon., lot.M.or:v.,
tôt. Prov., tôt. Wall., to. Vx. fr., tôt, tout, tut, tu;:, tait.
TÔFEUR, s. f., touffeur, chaleur lourde, temps étouflfani :
« Auj'deù, on n'y teint pus. Que chaud! I fait tbfeur. »
Bress., toffcur. Fr.-Cté, touffe, chaud-touffe. I.orr., tofc,
touje. Montr., touffeur. Morv., touffau (adj.). Prov., touffa.
TôjE, et TÔJOR, adv. , toujours.
Angoum., tearjoux, iear/aux, trejaux. Artois, ^oh(//. Aveyr.,
touchour. Berry, torjous, tonjous. Bourg., tôJoi\ torjo, tô/ô,
teujo. Bress., tov^o, io/'e. Dauph., tojour. 11. -V% tourjous.
Lille, ^OHc/iis. L.QVY . , tocou . Mac, tôr/ôr, tuje. Montr., toje.
Morv., /ô/"o/', toufou, to.:o. Nivern., to^or. Poit., tourjou.
Rom., torsiors. St-Am., toutou. Saint., tre/aii. Sav., ta^a.
Vx. fr., toj'or, touf^/ours, to.^ jors. tu^ furs,
ToMBEÙRiAU, S. m., tombereau.
Bas-Lat., tuinbreilum. Bervy, ttmberiau, tuinberlau. Champ.,
tuniereau, tumcriau. Guern . , tuinbré. Morv., tunibereat,
tombeuillau, toinbllldau. Rouch., tuniereau. Vx. fr., tuii-
berau, tuinercau, tumberel, tuincrel.
ToMiRON, S. m., gâteau grossier, que les ménagères, confec-
tionnent avec de la pâte et un peu de graisse, quand elles
font la cuisson du pain. Les enfants dévorent tout cela.
Tonton, s. m., oncle. Du langage enfantin.
Bress., oiiclio. Lorr., onclia. Saint., tonton. (V. Tatan.)
Tonton, s. m., toton : « La diâbe de malin! ô l'fait virer
c'ment eùn tonton. »
Pic. et Saint., tonton. (V. Trebi.)
424 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
TopÉTE, S. f., petite fiole, flacon : « Eh! laGlaudine,baille-rae
eùne topéie de sirop. »
Berry, Dauph., Genev. et Jura, topetle. Midi, iaupctte.
Morv.; f.ôpette. Rouch., topclc. Suiss. r., topetie.
Toquer, v. tr. et intr., toucher, frapper, heurter : « 0 s'é
toquéla, tête cont' eùn âbre. » — « A c'maitin, j'ai iogué
à ta porte. »
Ital., toccarc. Esp., tocar. Berry, toquer. Bourg., toquai,
queutai. Bress., toquer. Champ., tocquer. Fovez, riqua, riquo.
Genev., toquer, tioqaer . Morv., Norm. et Rouch., toquer.
Toul., toc (folie). Vx. fr., touqner .
TÔR, S. f., tour, bâtiment rond.
Lat., iuri-is. Ital., torre. Bourg., tor, tô. Morv. et Prov.,
tor. Sav., tear. Vx. fr., tor, tur, tour.
TÔR, s. m., un tour, une tournée.
Lat., toriius. Ital., torno. Bourg., tô, tor. Morv., tor.
Prov., tor, torn. St-Am., ton. Vx. fr., tor, tour. (V. Tornée.)
TÔR, s. m., tort, dommage.
Bas-Lat., ^07"/:«/». Ital., torfo. Prov., tort. St-Am., ^e?i.
Wall., toir. Vx. fr., tor;;, tords, tori.
Torche, s. f., faisceau tordu de foin, de chanvre, de
paille, etc. N'a rien de commun avec la torche éclairante
ou incendiaire.
Lat., tortus. Ital., torcia. Berry et Bourg., torche. Champ.,
torcis. Fr.-Cté, tôrtche. Genev., Morv. et Norm., torche. Pic,
iorke. Prov., torcha. Suiss. r., tortsa, toueirtsa. Vx. fr.,
torse, torssc.
ToRiAu, et TouRiAu, s. m., taureau.
Lat., taurus. Ital., toro. Berry, tauriau. Bourg., touriâ.
Mac, touriau. Morv., toireai, tauriau, tauliau. St-Am.,
touré. Suiss. r., touar, touair. Wall., tarai. Vx. fr., torel,
toreau.
ToRLORiGOT (à), loc. adverbiale, beaucoup, considérablement.
Corruption de « tire-larigot )), mais employée dans une
autre acception que celle de boire : « J'peux pas sôrlî ; i
pleîit à torlorigoi. ))
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 435
ToRMENT, S. m., tourment, inquiétude.
Lat., toniiciitum. Ital., torinento. Berry, Morv. et Pic,
tonnent. Prov., turmeiit, torment. Wall., tour/nain. Vx. fr.,
tonnent^ turment, tourment.
ToRMENTER, V. tr,, toumienter, inquiéter.
hat., torr/uerc. Ital., lor/nentare. Lim., treblas. Morv.,
tormenter. Prov. , tomientar, turmentar. St-Am., trouiaètè.
Vx. fr., tormenter, turmcnter .
ToRNAiLLER, V. intr., tournailler, tourner de côté et d'autre
sans but bien arrêté.
Prov., tornalhar. Saint., tôrnaiiler.
ToRNÉE, s. m., tournée : « L'piéton a fini sa tornée. »
Boui'g., tonée. Morv., tornée. Wall., tournaie. Vx. fr.,
tournée. (V. Tôr.)
ToRNER, et Teùrner, V. tr. et intr., tourner, et aussi re-
tourner : (( Piarot, torne-te, qu'on te vouéye eùn brin. »
Lat. et Ital., tornare. Berry, torner. Bourg., tonai. Forez,
torna, tourna. Lang., tourna. Morv et Pic, torner. Prov.,
tornar, tournar. Rom., tornar. St-Am., tourné. Sav.,
teurnâ. Vx. fr., torner, turner, tourner.
ToRNiÔLE, s. f., torgniole, coup : « 0 m'fesôt mau ; ma j'te li
é fichu ennQ boune iornible. »
Lille, tarniolle. Pic, tor g noie, \di\og., torniole. Wall.,
tarniolle. Vx, fr., tournlole.
ToRNis, s. m., tournoiement, maladie (hydalite dans le cer-
veau) qui envahit parfois les troupeaux de moutons. Ces
bêtes, alors, perdent l'appétit, baissent la tête, tournent du
môme côté, ont des vertiges, chancellent et tombent. On
appelle encore ce mal lordot. (V. ce dernier mot.) — Même
cause que la pourriture, qui réside dans le ventre, tandis
que le tamis frappe le cerveau.
Ital., torniamento. Indre, lourderie, lourdèae, lourdieu.
Prov., torneiament, tornei/amen. Vx. fr., tournoi/ement.
ToRNis (je), prêt, de torner : « Je tamis j je r' tarais... J'ai
évu biau fâre; j'n'ai ran treuvé. »
ToRTAMPiON, ad]., boiteux, qui oscille fortement des deux
49
426 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
côtés, comme un battant de cloche : « La vouéte-vous
aller couci-couça, d'avou sa panière aubrai? Y et eiîne
drôle de tortampione ! » (V. Gambi, Jarréard, Tortibi.)
TÔRTE, Tourte, et Tôrtelôte, s. f., tourterelle.
Lat. , turtur. Ital. , tortore. Berry, tourte, tourtoavellc.
H'-Maine, teurte, tourte, tourtre, turtre. Montr., torte. Morv.,
teurtelotte, toterelle. Norm., teurte, teurtre. Poit-, tourtre.
Prov., tourdourela, tortre. Saint., tourte, tourtre. Vx. fr.,
tourte, tourtre, tortre, turtre, tuertre.
TÔRTE, S. f., tourte, pâtisserie.
Lat. et Ital., toi-ta. Berry, tourte. Bourg, et Morv., torte.
Poit., tortca, tortia. St-Ani., tourta. Vx. fr., torte, tourte.
ToRTEiLLER, V. tr. , tortiller, tordre.
Berry, tortiller (se mouvoir sans besogner). Bourg., totcuillai.
Morv., torteillcr, teurteiller. Vx. fr., tortiller.
ToRTEiLLON, S. ui., paille tortillée, bois, chiffon tordu, — et
aussi petite servante de village.
Berry, tortillon. Bourg., totillô, Morv., tortcillon, teurtcillon.
Prov., tortillo (gâteau en couronne). Vx. fr., tourtillon.
Tortibi, adj., tortu, bossu, bancal, quiconque a une forme
déviée. Devient volontiers le nom propre du mal partagé:
« Dis donc, Nan-néte, Tortibi voudrôt ben t'fâre les doux
zieùs. ))
Lat., tortus. Ital., storto. Toul., tortipé. Vx. fr., tortu.
Tou, s.- m., aqueduc établi sous une route, sous une chaussée.
TouBÀ, s. m., tabac. A ses passionnés. Quand un nécessiteux
vous demande quelques sous, c'est plutôt pour son tabac
que pour son pain.
Ital., tabacco. Morv., tébé. Pic, toubake. Rouch., touhaque.
AVall., toubac. Vx. fr., tobac.
Touë ! Touë, appel adressé aux chiens pour les faire venir.
Faut-il chercher autre part le nom de toutou qu'on leur
donne?
TouLiPE, s. f., tulipe.
Ital., tulipano. Vx. fr., tulippe.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 427
TouNÀRE, S. ra., tonnerre. Sert fréquemment de juron : « Ah!
te n'voux pas m'acouter. . . miWe-tounâres! »
Lat., tonilru. Ital., tuono. Berry, toune. Bourg., tonare.
Fr.-Cté et Lorr., toiinarre. Morv., tounare, toune, tonne, tou-
neillc. Nani., tonoivc. Prov., tron, tondre, toncdrc. Rouch.,
tounoile, tonoivc. St-Am., toiinérou. Toul., trouncj/re. Wall.,
tonir. Vx. fr., tuneire, tonnoirrc, tonoirrc. (V. Tahoalàt.)
ToÙNEAU, S. m., tonneau. Un vieux VerdunoiSj bon comme
le bon pain, jurait par : « Mille-touneaux! Saint-Amour! »
Ital., hotte. Bourg., tonea. Cogn., tounâ. Mac., ponçon,
Prov., tonel. St-Am., panchan. Sav., bosse. Wall., tonai,
tonniau. Vx. fr., tonel, tonnau, tuneau.
TouNER, V. intr., tonner.
Lat., tonare. Ital., tuonare. Berry, touner. Fr.-Cté, touener.
Lorr., tinner. Morv., touner. Prov,, tronar. St-Am., tounè.
Saint., touner. Vx. fr., toner, tonner.
Tousse, s. f., toux : « L'pauv'vieux ! ôl a eùne tousse qui ne
persupôse ran d'bon. »
Lat., tussis. Ital.. tosse. Berry, tousse, tusse. Forez, tussia.
Morv., teusse, toussie. Prov., tus, tos, tous. Rouch., tousse.
Wall., toss. Vx. fr., toux. (V. Teû.)
Toussî, et Tossî, v. intr., tousser : « Queù rei^nne! 01 a
ioussi tôte la neiàt. »
Lat., tussire. Ital., tossire. Berry, toussir. Fr.-Cté, teuchi.
teuchencr. Genev. et Pic, toussir. Prov., tussir, tossir. Rouch.,
toussi. St-Am., tusi. Suiss. r., tussi. Vx. fr., toussir, tossir.
(V. Teùsser.)
Tout-contre, adv., tout près : « J'voulôs li parler; je m'sis
éprôché tout-contre lu. »
Lorr., tout d'cont'. Norm., tout contre.
TouT-DuÈT, adv., tout juste, à l'instant : « Je v'iôs aller d'vé
lu, quand tout-drèt ôl et érivé. »
Bress., to dray. Norm., tout dreit.
Tout-plein, adv., en quantité, beaucoup. Chaleureusement
défendu par Vaugelas.
Bourg., tô pion. Jura, tout plein. Mac, tô pliain. Midi et
Norm., tout plein. (V. Trèben.)
428 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Tbain-ner, et Trâner, v. tr., traîner.
Lat., trahere. Ital., tvarrc. Morv., traner. Prov., trainar,
Vx. fr., tvaïnei\ trahincr, trainner, traisiicr, trayncr.
Train-ne-bÀle , s. m., triqueballe, éfourceau. C'est ce
véhicule qui sert à transporter les longs et lourds troncs
de sapins qui nous viennent du Jura, et passent comme
des géants défunts en faisant résonner les galets des rues.
[Y ,\e.'& Sonnets Verdunois.)
Tracasser, v. tr. et intr., aller et venir, ranger, replacer,
remettre en ordre, mais en se donnant du mal. Forme
réfléchie : se faire du souci.
Bourg., tracassai., traicaissai, Guern., tricachier. Morv.,
traicaisser. Pic, tracasser (aller et venir). Vx. fr., tracasser.
Train-niaux, s. m., vieux linges, vieux rideaux, vieux
débris. Non pas tout objet qui traîne, mais plutôt tout
objet qui, par sa chétive qualité ou sa vétusté, est presque
hors de service et bon à laisser traîner : « Oh ! qu'é-ce
qu'y é que c'qui? V'tu ben j'ter tous ces train-niaux! »
Trâjer, v. intr.;, rôder, aller çà et là, parcourir, traverser :
(( On dit qu'eùn loù a tràjé dans l'bos. » Rappelle le
substantif trajet.
Lat., trajicere. Ital., traversare. Berry, trajer, triger.
Doubs, tragai. Forez, trageâ. Fr.-Cté, trachi, tred^i. Genev.,
trâgucr. Jura, trajer. Morv., traijer, tre^cr. Prov., traversar.
Suiss. r., tragua, iragidlha. Vx. fr., transverser. (V. Trâler,
Trôlcr, Tràcarser.)
Trâle, s. etadj., mauvais. — En quelques localités signifie
aussi une petite servante. Pourquoi? Elles ne sont pas
toutes mauvaises.
Berry, trâlé (sec, hâlé).
Trâlée, s. f., troupe, aflQuence, grande quantité, ribambelle:
« Que trâlée à c'te fouére! »
Auv., ieira. Aube, taulèe, Berry, tralet. Genev., tralèe.
Norm., triolée. Pic, tralèo. Poit., tratdée, tralèe. Rom.,
tral/i. Saint, et Vaud., tralèe.
Trâlée, s. f., raclée, volée, et toute cette curieuse famille
LANGAGE POPULAIRE VERDUN0-CHAL0NNAI8 429
de mots : Daubée, Dépelée, Peignée, Pile, Rincée, Roulée,
Tricotée, etc. — On n'a que l'embarras du choix dans
cette abondance de synonymes.
Trâler, V. intr., aller, se promener avec excès, courir de
tous côtés.
Bourg., tràlai. Morv., trainier, trallcr (avancer sur un
pied). Norni., trcdlcr. Poit., traler, îraliiier. Saint., trâler,
trâliner. Vx. fr., trallcr. (V. Trâler, Trâ/'er.)
Tran, s. m., fourche en fer à trois dents, trident.
Tranchôt, s. m., grand couteau tranchant, hache, hachette.
Forez, tranchât. Wall., treinc/iet. Vx. fr. , tranchct.
Transpir, s. m., transpiration, sueur : « J'ai sâclé tout
l'tantôt. Y étôt deùr; j'en ai V transpir. »
St-Am., trôchon.
Trape, s. f., vase en terre, de grande dimension, dans lequel
on met principalement le lait.
Bourg., traipc. Montr., trappe. Morv., traipe. (V. Târcuche.)
Trapon, s. m., planche, ou feuille de fer, fermant l'ouverture
inclinée ou horizontale des caves. Diminutif masculin de
trappe : « As-tu benfremér^r(7/)on?)) — « U trapon éibiovri',
ôl a métu le pied d'dans, é pi ôl a chu à bas d'I'escayé. »
Genev., trapon (trappe). Morv., trapon.
Tràsor, s. m., trésor, tout ce qu'on croit d'une grande
valeur. . . et qui trompe souvent.
Lat., thésaurus. Ital., tesoro. Bourg., trèsô. Morv., irâ^or.
Prov., thesaur. Vx. fr., trésor, thrcsor.
Tra.sse, s. f., tresse, cheveux nattés, etc.
Ital., treccia. Berry, tersc. Morv., trasse, traicc, trèche.
Prov., tressa, trcza. Wall., tress. Vx. fr., tresce, trece.
Trasser, V. tr., tresser, arranger en tresse.
Ital., trecciare. Berry, terccr. Morv., trasser, trùcher. Prov.,
tressar. Wall., tressi. Vx. fr., trecier.
TrÀvàr, s. m., travers, caprice, inconduite : (( L'pauv'garçon,
je n'sais pas c'qu'ô d'veinra ; ma ô donne dans Vtrcwâr. »
Lat., transcersus. Ital., traversa. Berry, tracé, traçais.
430 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
travars. Bourg., tracar. Mac, trazars. Prov., transvers.
St-Ain., tracà. Vx. fr., travers.
Tràvàr (à), loc. préposit., à travers : (( J'seû donc été cheû
lu, tôt à tràvàr le bôs ; ma je l'ai pas treùvé. »
TrÀvarse, s. f., vent âpre de l'Ouest : « Le vent de tràvarse.
La tràvarse. »
Ital., traversa. Poit., tràvarse (vent de travers). Prov.,
traversa. Vx. fr., traverse. (V. Vent.)
Tràvarse, s. f., chemin qui coupe en diagonale, et rac-
courcit. Le paysan prend toujours a la tràvarse ».
Tràvarser, V. tr., traverser, passer d'un côté à l'autre.
Lat.j transire. Ital., traversare. Mac , travessi. Prov., tra-
versar. St-Am., travesé. Vx. fr., transverser. (V. Trâjer.)
Travau, s. m., poutre, solive.
Lat., trabs. Ital., travc. Dauph., trau. Forez, trat, travon.
Fr.-Cté, trâ, irai, iravat, Iravot. Lorr., irai. Morv., travau.
Pic, trate. Poit., traoa. Sav., trà, tras.
Trében, adj., contraction de très bien, beaucoup : (( Si l'cœur
t'en dit, j'peux t'en bailler, des calas; j'en ai trében. »
Berry, très ben. Morv., trèbin. Norm., trèbé.{Y. Tout-plein.)
Trebi, et Trebillot, s. m., toton, toupie, petite toupie : « 01
et adrèt; ô fait joliment virer son trebillot. » il arrive assez
fréquemment qu'on prend le plus court des deux mots, et
qu'on se contente de trebi.
Lat., turbo. Ital., girlo. Bourg., trebi. Bress., trebillo.
Fr.-Cté, trebi, trebillot, tourbillot. Mac, trebclioxi. Montr.,
trebillot. Morv., tribolot. (V. Tonton.)
Trebiller, V. tr., tourner rapidement, comme un toton, se
trémousser. Se prend aussi parfois dans l'acception de
chanceler : « J'seû tout élourdi; yirebille. »
Bourg., (jx'billai, trepUlai. Bress., Montr. et Vx. fr., tre-
biller.
Tréliire, V. intr., briller, luire, luire à travers.
Lat., lucere. Ital., relucere. Berry, terluire, terlutcr. Bourg.,
lu^ai, rehuai. Dauph. et Forez, tralure. Lille, terluire. Lorr.,
r'iuhan (reluisant). Lyon., traliure. Montr., trelure. Morv.,
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 431
ieurluer, tcurlùrc. Norm., rclurc, erliser. Poit., trèlure^ tre-
luser, ireluttai. Prov., ireltisir, lu:;er, luc^ir. Saint., lerluscr.
Suiss., iraluire, irallldre. Valogn., relure. Vend., treleuser.
Wall., lare, tcvlairc. Vx. fr., tvcsluvc, trcàluive. (V. Relûre.)
Trembe, s. m., tremblement : « Aus'tôt qu'ô r'moiitit d'ia
cave, V trembe i'peùrnit; ôl avôt évu frèd. »
Cogn., trembe. Morv., treiinblement. Vx. fr., trenible.
Trembe, s. m., tremble, arbre.
Lat. ,popuU(S treiiiula. Ital., treinula. Prov., treniol, tremola.
Morv., treiinble. Rouch., trèine. Wall., trôna. Vx. fr., tremble.
Trembler, v. intr., pris dans un sens particulier : « 01 a
tremblé la fieûve tout l'maitin. » Le l tombe devant l'e
muet.
Lat., tremulare. Ital., tremolare. Berry, trémiaer. Bourg.,
tranblai^ tranbiai. Genev., trembler. Hain., trianer. Liég.,
tronler. Lille, tranaer les Jièoes. Midi, trembler. Morv.,
treimbler, trémanci, trèmoinci. Pic, traner. Prov., tremblar.
Saint., trembloter la poiire. Wall., trôné. Vx. fr., trembler,
trambler. (V. Grûler.)
Tremis, s. m., semailles du printemps, blé, orge, avoine, etc.
Plusieurs localités de Bourgogne appellent les « tremis ))
carémages. En effet, ils se font à l'époque du Carême.
Montr., tremis. Morv., trémies, teurmies. Vx. fr., tremis.
Trempe, s. f., trempée, raclée, roulée : « 0 li en a ben prou
fait ; ôl évôt pigé ses poumes la neùt. Ma itou ô li a fichu
eùne trempe! . . . »
Wall., treimp. Vx. fr., trempe.
Trempe, adj., trempé: « Ah! voui, qu'çatombôt! Quépleuë!
J'sis toute trempe.
Bourg., trampai. Genev. et Midi, trempe. {Y. Enfle, Gonfle,
Trouble.)
Trempée, s. f., forte pluie : « 01 a reçu, en r'venant d'ia
fête, eùne fameuse trempée; l'iâ li dégoulinôt du dos. »
Berry et Midi, trempe. Morv., trempée. Poit., trempe, trcm-
pure. Rouch., trempe. (V. Saucée.)
Trempée, et Trempéte, s. f., pain trempé dans du vin chaud
432 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
et sucré ; grand régal pour les enfants. Le bourguignon
l'appelait goguée. Quand le vin sucré était chauffé à point
dans les cendres, on y trempait du pain grillé; c'était
(( faire la goguée ». — Se reporter à la coutume de la
trempée des mariés, usitée dans plusieurs provinces.
Fr.-Cté, trempotte. Midi et Pic, trempette. Poit.. treinpine.
Rouch., trompeté.
Tréparcer, V. tr., transpercer, traverser : « U^owYo tr^éparce
les niuages. » — « I pleuvôt, y pleuvôt! ôl é r'venu tré-
parcé. ))
Lat., transjodere. Ital., traforarc. Champ., trapercer, trè-
percer. Dauph., traf'ori. Lyon., traforo. Morv., trèpocer,
treporccr, trèfongcr. Pic, trèpcrcher, trèpocer. Prov., tra-
forar, trafurar. Rom., trasforcu\ transforar. Vx. fr., trc^brer,
trespercer, transpercier.
Trépiller, V. tr., trépigner, sauter, fouler aux pieds : (( 01
étôt si gros en coulâre, qu'ô VtrépiUbt. »
Lat., tiipudiare. Berry, trcper, tripcr, trepoucr. Bourg.*
trépillai, trébillai, tripui. Bress., trépiller, trapir. Champ.,
tréper, tripier, tripoter. Chàtill., triper. Dauph., trepa, tre-
pita. Isère, trepa. Jura, trébiller, triper. Lang., trépiller.
Lorr., trépeler. Montr., trappir. Morv., trépiller. Poit., treper.
Prov., trepar. Rom., ircpir. Saint., trcper. Suiss. r., trepa,
troupa, irepetoana. Toul., trampi, trepa, trepeja, trepi. Wall.,
tripler. Vx. fr., treper, triper, trépigner. (V. Pautrcr, Triper.)
Très, adv., beaucoup, extrêmement. Abréviatif de trében :
(( J'évôs très faim; j'ons été soper d'avou l'vouésin. » N'est
pas d'un usage bien courant; on dira plutôt : (( J'évos gros
faim. »
Lat., trans. Bourg., tré. Genev., très. Vx. fr., très.
Trésaler, V. intr., chevroter en chantant. Ce mot, autrefois,
a signifié trembler. La voix tremble, en effet, quand on
chevrotte.
Vx. fr., trésaler.
Trésir, V. intr., surgir, pousser, poindre, germer, sortir de
terre. Se dit des plantes et des herbes : « Y'ià l'blé qui
trésit. » J. Guillemin soumet pour étymologie ira exire.
Bourg., iresir, traiter. Bress., trésir. Dou.hs, tiedre, tricdre.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 433
Fr.-Cté, tre^i, treusl. Jura ot Montr., tvèsiv. Morv., trù^i,
(relier, Irelllcr.
Tressauter, v. intr., faire un soubresaut, tressaillir.
Moi'V., tressauter. Prov., trasaular. Vx. fr., tressauter.
Tressuer, V. intr., suer abondamment : « Oh! laisse-me;
quand ô jabôte, ô m'fait tressuer.
Norm. et Vx. fr., tressuer.
Trétiau, s. m., tréteau. Soutient souvent la planche sur
laquelle se hisse le violonneux des fêtes.
Lat., transtruin. Ifca!., trespolo. Angl., trcstle. Bourg.,
treitea. Vx. fr., tretel, tretiau, trestiau.
Tretous, et TEÙRTOus(fém. teùrtousaes), \n'on. indéfini, tous;
mais dans une acception superlative, comme qui dirait :
très tous, tout à fait tous.
Berry, tertous, tretous, tous tretous. Bourg., tretô, teurteu.
Bress., tartou, tretui. Champ., tertous, tretous. Forez, tretou,
trej/tou, tartou. Fr.-Cté, tretous. Lang., trestut. Loir., teur-
tous, tortos. Lyon., tartou, tretou, trei/tou. Mac, trctô,
tieur. Maine, tertout. Montr., tretous. Morv., teurtôs, teur-
tous, tourtous, tretous. Norm., trèstout, tertous. Pic. tertous,
terllns. Poit., tretous, tertous. Prov., trestut, traitais, tre-
tous. Rom., trastot. Rouch., tertun. Saint., tretous. Wall.,
tretous, tretuit. Vx- fr., trestos, trèstout, tertout.
TREÎië, s. f., truie. Un garçon disait à une fille couraude :
« Va-t-en ; l'né qu'eùne treùë. »
Anj., trèe. Berry, treue, triie (cloporte). Bourg., treuë.
Cog., treàe. Fr.-Cté, truë, trouille. Maine, trâe, traie, iruùe.
Montr., trei'ie. Morv., treue. Norm., traie, trouie, irue.
Poit., treue. Ptov .., trueia, truiga, trouia. Rouch., (roule.
Saint., treue. Sav., trou'ie. Suiss., trouia. Wall., troie,
trauie. Vx. fr., truie, trui/e. (V. Gaille, Garoille.)
Treùfe, et Treùfle, s. f., pomme de terre : « J'ai métu à
cueùre des treùfes d'avou des raves; y é gros bon. »
Berry, truffe. Bourg., treujë. Champ., truque. Forez et
Fr.-Cté, triffe. Genev., tu/elle. H"-Auv., trcuj'à, trijola.
H'-Malne, truffle. Lang., tujèrc. Morv., treuffe. Norm.,
truffe, truffle. Poit., trafic, (roufle. Prov., (ruj'a. Suiss.,
treufa, trufflla, trijola. Vx. fr., trufe. (rujle, truffle. (V. Tar-
teùje . )
50
434 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Treûfe, s. m., trèfle, plante.
Lat., trifollum. Ital. , trifoglio. Berry, troujlc. Bourg.,
treufc. Fr,-Cté, trôije. Morv., treûfe. Poit., troujlc, trcnjîe,
transe. Prov., trefaeil. Vx. ir., trcjeul, trefflc. triollet.
Treuil, et Treù, s. m., pressoir.
hat. , torculu m. Ital., torcolo. Bourg., trex'i, trô. Fr.-Cté
et Lira., treuil. Norm. et Poit., trouil (dévidoir). Prov.,
troill, trueill. Rom., troill. Vx. fr., troil, troul, treullc,
truel. (\ . Prcssouér.)
Treûillôt, s. m., pain résultant de l'écrasement des noix,
résidu apiv'S l'iiuile faite.
Avign., trouilL (marc d'olives). Berry, trouillon. Bress.,
trouillo. Genev., nilloii. Jura, trouillot. Montr., truillot.
Roucli., touvtia^ tourtiau. (V. Trouille, Tvouillor.)
Treùver, v.tr., trouver. Ce verbe n'a pas donné le substantif
treùve.
Ital., trocare. Berry, treitcer. Bourg., trôcai. Lim.,
iroubas. Pic, trcuter. Poit., Iroacr, treure, trourc. Prov.,
trobar, troubar. Wall., troi'è. Vx. fr., trucer, troever,
trcui'er. (V. Trouve.)
Trevoir, V. tr., entrevoir.
Bourg., tréeoi, enteroir. Vx. fr., entrccoir.
Trézeûler, V. intr., carillonner, sonner les cloches solen-
nellement. — Jadis, la musique du carillon se faisait à
l'aide de quatre cloches, d'où le verbe quadinllonner, ce
qui a donné le mot français carillonner. Trézeûler est
carillonner en trois tons. (V. le Glossaire des Noëls de La
Monnoye.)
Boxxvg. ,trè:;eulai ^ trc^elai, ^/-(vea (clocher). Fr.-Cté, trader.
Montr., ti'èsaller.
Tribouler, V. tr., turbuler, tourmenter.
Lat., tribulare. Ital., tribolare. Berry, tribouler. Bourg.,
tribler, triubler {(sQxa'^QV') . Montr., tribouler Noini., tribouler,
iribouiller, tribouillade (œufs brouillés). Poit., tribouler, tri-
bouillai. Prov., trobolar, triboiar. Rouch., tribouler. Wall.,
tribouler (parler inutilement), se tribouler (faire péniblement
ses affaires). Vx. fr., tribuler, triboler, tribouler.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 435
(( Le fou de François I^^' était de corps bien iriboulè. »
(V. Tarbouiller.)
Tricoter, v. intr., traîner le pied en raarchani, battre le
pavé à la manière des ivrognes.
Berry, tricoter. Fr.-Cté, tru/tœbôler. Moi-v., irtqnotcr.
Norni. et Poit., (!r«co/c/-. Wall., triqueballer, truiriuchaller.
Trifouiller, v. tr., chercher, mais en remuant beaucoup et
sans ordre; mettre sens dessus dessous. A de nombreux
quasi-synonymes.
Genev., trivongncr. Poit., trifouillai. Rouch., trifoiilier.
Wall., trifouiller (secouer, tirailler).
Triper, v. a., broyer, écraser. (V. Pautrer, et, pour les
congénères, Trépiller.)
Tripot, s. m., besogne, ménage : « Aile é dégordie, tô
d'meinme; tô les jôrs aile a fini son tripot d'boune heure. »
Noi'iu., tripot (marché). Pic, tripot (cuisine). Vx. fr.,
tripot, trippot.
Tripougner, v. tr., farfouiller, déranger, abîmer avec les
mains.
Trique, s. f., jambe : « J't'li ai fichu des coups de saibot su
ses triques; j'iai ben fait lâcher. »
Norm. , trique.
Triquôt, s. m., gourdin, bâton taillé dans une grosse
branche. Nous croyons triqabt meilleur que tricot, le mot
étant un diminutif de trique.
Bourg., tricô. Fland., trii/ue. Fr.-Cté, trique, triqnet, tri-
quôt. Mess., triquot. Morv. Qt^ovxn., trique. Poit., troualon,
trouillon. Prov., trica, tricot. Rouch., tricot. Saint. , trique,
trille. Suiss. r., trikka. Wall., trik. (V. Triquotèe.)
Triquôtée, s. f., roulée, trempée. Nous écrivons triquotèe,
le triquôt étant l'instrument apte à remplir l'office.
Bourg., tricàtaic.
Trô, adv., trop. Plusieurs dévots au culte du vin blanc
trouvent souvent que trb ce n'est pas assez.
Ital., troppo. Bourg., treu, trô. Fourgs et Mac, trou.
Prov. et Vx. fr., trop.
436 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Trochf, s. f., trochée, gros épi, souche à plusieurs liges,
poignée d'herbes, tresses de maïs suspendues pour sécher,
touffe ou bouquets de fleurs ; « Eùne troche de sersi/is,
de vàïns, )) etc.
Lat., «î/'ocAms. Aunis, trocha, tvochot. Bevïy , troche. Bourg.,
troche, trochée. Champ, et Forez, troche. Fr.-Ctê, tretse,
troutse. Guern., troque. Jura, truchc. Lorr., trotchi. Lyon.,
troche, trochée- Montr., troc/te. Morv. , tréche, troiche, troi-
chenotte. Norm . , troche. Pic, troche, trochée, troukelet.
Poit., troche, trochée, trochelat. Rouch., trofre. Saint.,
troche. Suiss. r., trotta, trosctta. Wall., troh, trokette.
Vend., trochâcc. Vx. fr., troiclie (bouquet).
Trocher, V. tr., pousser par le pied, devenir dru : « Les
blés ont déjà Iroché, )) ont poussé en troches.
Bourg., trôchai. Champ., trôchcr (pulluler). Genev., tro-
c/ier. Jura, trucher (pulluler). Mess., trancher. Montr.,
trocher. Morv., trécher, troicher. Suiss. r., trot.^â, trotschi,
trotsi.
Trôlée, s. f., coureuse, fille dévergondée, qu'on trouve
partout... et qu'on laisse.
Trôler, et Trauler, v. intr., courir çà et là.
Bourg., trùlai. Champ., trioler. Lorr., troiller . Maine,
trôler, treuler. Morv., trauler. Norm., troler, trculer. Pic,
trauler, clroler. Suiss. r., traula. Vx. fr., trauler, troller.
(V. Tràlcr, Tràjer.)
Trompoû, s. et adj., trompeur, un qui promet... et ne tient
pas.
Fr.-Ctê, troinpicu. Morv., trompon. Suiss., trompiau.
Wall., tronpâf, tropaf. Vx. fr., trompeur.
Tronche, s. f., tronc, arbre dépouillé de ses branches, grosse
bûche qu'on brillait jadis dans les cuisines, bûche de
Noël.
Lat., truncus. liai., tronco. Berry et Champ., troncc,
tronche. Fr.-Cté, tronce, trontche, trouintse. Fourgs, trouintse.
Genev., i!ro/ic/(e. H'-Maine, tronce. Lyon., tronchi. Morv.,
tronce, troinche. Prov., trounca. Suiss. r., tronche, tront:?e,
tronchet. Vx. fr., troncc, tronche.
LANGAGE POPULAIUK VERDUNO-CUALONNAIS 437
Tronciïon, s. m., troïK^on.
Ital,, truncoac. Berry, traaçon, iransoa. Prov., Ironso,
troncho, trenson. Rouch., tronchoii. Suiss. v. , trochon.
Vx. fr., trunciin, tronsoii, troiic^on, transon. (V. Trot.)
Tronquillon, s. m., pied de maïs qu'on arrache avant de
labourer, parce qu'il détournerait la charrue.
Trôpe, s. f., troupe, foule.
Lsit. , tiirba. Ital., truppa. Bourg., trôpc. Morv., tropc.
Prov., trop (troupeau). Vx. fr., tvope, irouppe.
Troquet, et Troquis, s. m., maïs. C'est avec la farine de
maïs qu'on prépare les gaudes, ce mets si aimé et si répandu
en Bourgogne. Troquis est une corruption de turquis,
pour blé de Turquie (lequel, par parenthèse, nous vient
d'Amérique).
Bress., trequla. Montr., troqaie. Morv., troquet^ turquel.
SsLÏnt., garoicil. Sav., tr'quet, maillic.
Troquiyère, s. f., champ de maïs (de troquis), parfois d'une
belle étendue.
Trot, s. m., trognon, tronçon de diverses sortes de choses :
« Trot de chou, » tige intérieure du chou dépouillée de
ses feuilles; (c Trbtde boudin », morceau coupé de la spirale
du boudin, etc.
Esp., tro^o. Berry, trou (de chou.) Bourg., trau. Bress.,
tro. Champ., tros, trous. P'r.-Cté, trou, trû. Forez, troc.
Genev., troue. Maine, trou, trouessc. Montr., trot. Morv.,
trô, trou. Norm., tige de chou, coun/oot. Poit., trô. troi.
Prov., trouuc. Saint., trô, trôd. Suiss. r., tro, trosson.
Vx. fr., tros. (V. Trouchon.)
Trouble, adj., troublé : « A quand j'I'ai vu, ça m'a baillé
eùn côp; j'en seû core toute trouble. )) (V. Enjle, Gonfle,
Trempe.)
Trouille, s. m., résidu de divers produits écrasés.
Forez, trouille (marc de raisin). (V. son synonyme Trcûillàt.)
Trouiller, et Treùiller, v. tr., écraser, surtout en pariant
du raisin, mais aussi des noix, etc.
Dauph., trouiller. Genev,, touiller, trouiller. Lang. ,
438 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
trouia. Morv., ^ro«î7/er (gobelotter). Rom., ^/7«7/e/-. Suiss. r.,
trollhi (trop boire). (V. Treàillot.)
Troupiau, s. m., troupeau.
Lat., turha. Ital., gregrjia. Bourg., treupiâ, tropca. Lim.,
tropèu. Lorr., tropé. Morv., trôpiau. Prov,, trcpel, tropnl,
tropeil. Sav., tropai. Vx. fr., tropcl, trouppel, tropean,
tropeiau.
Troussiau, s. m., trousseau.
Bourg., trousscâ. Morv. trousseai , iroussel. Vx. fr. ,
trousscl, troussiau, tourscl, toursiaii.
Trouve, S. f., trouvaille : « Ma fi! j'ai fait iqui ei!ine ben
ch'tite trouve! »
Berry, trouée. Genev., trouco, trouvurc. Morv., trouée.
Wail., trocaie. Vx. fr., trouvaille . (V. Treùcer.)
Trijte, s. f., truite. Olivier de Serres l'appelle : « La perdrix
d'eau douce. »
Lat., tructa. Bourg., trute, ireute. Morv., truie, treute,
truite. Wall., trùtt. Vx. fr., trute.
T'tàlheùre, adv., tout à l'heure. Prononciation très rapide.
Rouch., t'taleure, taleure.
TuMER, V. tr., répandre, verser.
Cha.mp., teanier . Fr.-Cté, tuiner. Lorr., teuiner, Morv.,
tourner, tourner. Vx. fr., tuiiicr, tuniher.
Turluter, V. intr. , jouer du fleùtiau. Sens ironique.
Berry, turluter. Dauph., turlura. Maine, turluter. Morv.,
turluter, tearleuter. Norra., tarer, lurasser. Poit., turluter,
terluter. Suiss. r., lerlouna.
TùzoN, s. m., tison. S'emploie au figuré : « Y et eûn vrâ
tùzon que c'crapaud-là; ô côrt épras tôtes les filles. »
Lat., titio. Ital., ti:?so. Lorr., tehon. Morv., tu'ion, teuj'on.
Prov., tuon, tiso, tuso. Vx. fr., tijson, tissoii.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 439
U
Û, s. m., œuf. Ne change pas au pluriel.
Lat., ovuni. Ital., tiovo. Rerry, a?«. Bourg., en. Lille, œué.
Montr., u. Pic, ué (pi. u). Prov., or, uoi\ucu. St-Am., îHë.
Wall., où. Vx. fr., uef, ooJ\ oc, eiif. (V. Eu.)
Ugnon, s. m., oignon, comestible, et racine de plante.
Lat , unio. Prov., aignon, if/noii.Vx. ir.,oiiignoii, onr/non.
UiLLET, S. m., œillet, fleur, et trou pour lacet.
Montr., uillet. Vx. fr., œillet.
Ule, S. f., huile : Faut pas j'ter Vide su l'feù. »
Lat., olenm. Ital., olio. Bourg., cïdc, ouïe. Hain', oie.
Lim., ôli. Lorr., ôlc, aie. Morv., Iieulc. Pic, cale. Prov.,
ol. Rom., oil'e, oale. Rouch . , oie. St-Am., clou. Sav.,
ouille. Toul., oli. Wall., ôle. Vx. fr.. oilc, oj/le, oelle, huille.
Urtie, s. f., ortie : « 0 s'a piqué les mains aux indien. »
Lat., urtica. Ital., or/ica. Berrj', ortruge. Bourg., ôtie.
Genev. , ourtie. Hâin., oi'ti le. Morv., ourtige. Nam., ortie.
Pic, ortilc. Poit., ortige. Prov., ortiga, ourtiga, urtica.
Saint., ortruge . Wall., ourtaie. ourtèic. Vx. fr., ortie, hortie.
Use, s. m., usage, user, usure : « Qu'voux-tu ! les afàres ne
peuvent pas tôjor durer; y a d'ïuse dans l'ménage. »
Lat., usas. Ital., ufiaggio. Genev., use. Morv., usaige.
Prov., usatge. Wall., u:2cg . Vx. fr., luagc, uscuge, husage.
Use, adj.jUsé : « 0 cort trop ; ses saibots sont d'jà toutz<se.s'. »
Lat., usus. Ital., usato. Berry et Genev., use. Morv., uti,
outi, use. Saint., use. Vx. fr., use, usé.
Usille, s. f., oseille.
Lat., oxcdis. Ital., acetosa. Montr., usille. Vx. fr., oseille.
Utau, s. m,, intérieur d'une maison, logis, cuisine.
Ital., osteria. Bress., utau, uteau. Fr.-Cté, outeau. Gasc,
liosUxu, oustal. Prov., oustuu. Toul., oustel. Vx. fr., ostel,
hostiau.
440 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Uti, s. m., outil, ustensile, instrument.
Lat., utilis. Ital., stvumcnto . Berry, uti, util. Bourg, et
Champ., nti. Lille, otieti. Morv., uti. Pic, otieti. St-Am.,
oti. Suiss. r., uti. TouL, utissc. Wall., ustcie. Vx. fr., util,
cstijl, hustil, outieu, osticx, œustille.
Uyôt, Uillôt, et Euillôt, s. m., œil : « Aile é si gentitei
j'ii ai biqué les deux ui/bts. »
Lat., oculus. Ital., occhio.'Bevv'y,i/cu. Bourg., cuille, euillot,
eïl. Bress., uillo. Hain', ouail., ouèle. Maine, uct. Montr.,
uillc. Morv.,/0», willot, cuill' . Poit., eil. Prov., o/A, oill.
huelh, uil. Rouch.. ueil. \Vall.,oàîe. Vx. fr., eu, ieu, iex,
œul, oil, ueil. oueil. (V. Nyeu, Œm/e, Zieù.)
V
Vachelin, s. m., nom donné au fromage de Gruyère. Figure
dans quelques dictionnaires français.
Auv.. rachelin. Forez, cachard. Fr.-Cté, cachelin. Genev.
et Vx. fr., vacherin. (V. Vaque.)
Vailler, V. tr., veiller, passer la soirée à causer, à chanter
en teillant le chanvre ou égrenant le troquet.
Lat., ri(jilarc. Ital., vigliar. Bourg., raillai. Prov., ccl/iar.
Wall., ceui/. Vx. fr., ciller, relier. (V. Voilier.)
Vantise, s. f., vantardise, vanterie. N'est pas notre défaut
dominant. Le caractère ouvert y prête peu.
Lat., cauitas. Ital., vaiito. Beny, caiitaiiec. 'Movv., caritise.
Vx. fr., vantise, cantance.
Vantoû, adj., vantard, vaniteux, « coq de village ».
Berry, vantois. Morv., i-arJou. Vx. fr., vantard.
Vaque, s. f., vache. Cette prononciation n'empêche pas de
dire : (( Fromage vac/ie\\n. » (V ce dernier mot.)
Lat. et Ital., cacca. Fland., vaque. Fr.-Cté et Lorr., vèche,
vaitche. Montr., caiche. Morv., vaice, caiche. Xorm., vaque.
Pic, vaque, vake. Prov., vaca. Rouch., vaque. St-Am.,
vase. Vx. fr., vache, vaiche.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO -CIIALONNAIS 441
Var, s. m., ver de terre, de fruits, etc. — Malgré var, nous
avons De/% que l'on trouvera plus loin dans trois mots
composés.
Lat., cer/?i la*. Ital., verine. Bourg., v,ar. Prov., tenu. Rouch.,
mer. St-Am., vâro/i. Saint., var. Wall._, tièr. Vx. fr., ver,
ver me.
Vàr, adj., vert; au figuré, bien portant, solide : « Voui,
Tbounlioume, ôl é car et drèt c'ment eùn châgne. »
Lat., viridis. Ital., oe/'rfe. Berry, vard. Bourg., var, vor.
Fr.-Cté, var, va, vo, vodge. Mopv., var, ver, vor. Nivern., var.
Prov., vert. Wall., ver. Vx. fr., vert.
Var, prép., vers. (V. Te.)
VARDEiàRE, s. f., verdure.
Bourg., c>or</^/re. Morv., vardeure. Prov., verdura. Wall.,
verdeur. Vx. fr., verdure.
Vâre, s. m., verre, à boire, de vitre, etc.
Lat., vitrum. Ital. vetro. Bourg., vârre, vôre. Mac, varre.
Prov., veire. Toui., beyre. Wall., veul. Vx. fr., voire, voirre,
voeire.
Varge, et parfois Vorge, s. f., verge : « Pou l'fâre aller, i
m'faut la varge. »
Lat., virga. Ital., verga. Berry et Bourg., varge. Forez,
varjat. Montr., varge. Morv., varge, varze. Prov., verga,
vergua, verj'a. Rouch., verc/ue. Sav., var^e. Wall., vég.
Vx. fr., verge.
Varger, s. m., verger. Nos fruits y sont excellents.
Lat., viridariuin. Ital., verrière. Berry, varger. Morv.,
vargé, veursé. Prov., verdier,vergter. Vx. fr., vergier, vregier.
Varjète, s. f., vergette, brosse pour habits : « 0 n'se beillerôt
jamâ ein pauv'coup de varjète! »
Ital., verghetta. Bourg., vargette, varjôtte. Morv., varjette.
Norm., verguette. Prov., verga, vergueta. Rouch., évergette.
Vx. fr., vergeté.
Vargougne, s. f., vergogne.
Lat., verecundia. Ital., vergogna. Bourg., vargogne. Prov.,
vergonia, veryonha. Vx. fr,, vcrgolgiie, vergoing/ie, vergoiigne.
51
442 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Varjus, s. m., verjus, et tout ce qui est acide par manque
de maturité.
Berry, varjus. Lang., aygras. Wall., vergeu. Vx. fr., ver-
jus, vergus.
Varitâbe, adj., véritable, qu'on peut croire.
Vx. fi'., verable, véritable.
Varité, s. f., vérité.
Lat., Veritas. Ital., verita. Bourg., vritai, vritiai. Prov,,
vertat, veritat. Vx. fr. verte, vérité.
Var-luzôt, s. m., ver-luisant. On sait que c'est la femelle
seule du lampyre qui jette sa lueur dans l'obscurité.
Varmine, s. f., vermine.
Lat., vermis. Aunis, vertnèe, varmenée. Berry, varmine.
Bourg., varineigne, verrnaigne. Fr.-Cté, vormiine. Guern.,
verm (asticot). Morv., cormine, vormcune. Norm., vernièe,
verminier. Poit., ver/nin. Prov., vermena. Wall., cermainn.
Vx. fr., vermine.
Varnager, V. intr. Se dit lorsqu'on voit le temps se couvrir
de nuages : « Eh! j'pouvons rentrer, compare; i va var-
nager. ))
Morv., varnager. Norm., vernailler. Poit., verner, ver-
nailler.
Varô, s. m., verrou.
Lat., vernacalum. Ital., catenaccio. Bourg., varô, varulô.
Lim., l'oroueï. Montr., courrai. Morv., varou. Prov., verrolh.
berrolh, ferrolh. Rouch., verriau. Wall., verou,ferou. Vx. fr.,
vierel, verreuil. (V. Vorou.)
Varser, V. tr. et intr., répandre : « 01 a voulu sarvir le
fricot, é pi ôl a varsé toute la sauce. » — « Ton siau é trop
plein ; ô va varser. »
Lat. et ital., versare. Genev. et Midi, varser. Morv., vorser,
vosser. Prov., versar. Wall., viersé. Vx. fr., verser, vierser.
Vartu, s. f., vertu, qualité de l'âme, et propriété d'un médi-
cament, d'une plante.
Lat., virtus. Ital., viriii. Berry, vartu. Bourg., vatu. Vx. fr.,
vertut, vertu.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 443
Vaudru, adj., qui pousse vigoureusement, presque avec
excès. Se dit des plantes.
Bress., vaudru. (V. Vaudrugcr.)
Vaudruger, V. intr., pousser dru. (V. Vaudru.)
Vaulée, s. f., vallée.
Lat., vallis. Ital., valle. Bourg., vaulée. Prov.. callada,
valeya. Vx. fr., valèe, calede.
Vauran, s. m., vaurien, fainéant.
Lat., nihil valens. Berry, vaurin. Bourg., vauran, côran.
Pic, valerien. Wall., vârein, reincà. Vx. fr., vault-neant.
VÉ, prép., vers, auprès de : « Quand sa blonde veint vé lu,
ôl é tout chouse, é pi ô n'pout ran li dire. »
Lat., cersum. Ital., verso. Berry, vé, vos. Bourg., vè, vê;^,
var. Bugist., var. Dauph., ver. Forez, vé, ve^. Il.-V, vars.
Lyon., vé, vet, ves. Morv., vé. Sav., ver. "Wall., ver, vet.
Vx. fr., vers. (V. Vdr.)
Veigne, s. f., vigne, le « bois tortu ». Une chanson a dit à
un qui aima trop boire :
Dis, t'en souviendras -tu
Du jus du bois tortu?
et il s'en est souvenu, mais pour continuer à le cultiver.
Lat., cinea. Ital., vite. Berry, ceigne, veingne. Bourg., ceigne,
vaigne. Lira., einio. Morv., veingne. Pic., vaine. Prov., vinha,
oinna. Rouch., vaina. St-Am., venge. Sav., vegne. Wall.,
veigne. Vx. fr., vingne, vigne.
Veigneron, et Veigneroune, s. m. et f., vigneron, et vigne-
ronne.
On se rappelle peut-être la ronde si vive, si animée,
chantée dans le Bac des Vendangeurs, et dont le premier
couplet dit :
Je sic veigneron,
Aile è veigneroune.
Si l'râïn é bon,
La venange é bounc.
Aile é veigneroune.
Je su, vigneron!...
444 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
On ne résiste pas à l'entraînement ; les mains s'accrochent,
on trépigne, et on vire furieusement la ronde.
Lat., cinitor. Ital., vignato. Berry, vat-aux-cignes. Bourg.,
vaigneron, vaingneron. Vx. fr., cingneron.
Veignôbe, s, m., vignoble.
Bas-Lat., vinolîum. Ital., cigneto. Rouch.^ veniope. Vx. fr.,
vinobre.
Veignôle, et Vignôle, s. f. , vigne sauvage.
Lat., vineola. Bress. et ]SIontr., cignole. Vx. fr., cignolat
(Rabelais a : sirop oignolat.)
Veille, s. f., vieille, dont le masc. est le français vieux.
Lat., vetula. Bas-Norm., vueillc. Bourg., veille. Fourgs,
cille, vielle. Mac, cille. Morv., ce?7/e. Suiss. r., ceillha. Wall.,
vîll. Vx. fr., vie^.
Velor, s. m., velours, toute chose douce au toucher.
Lat., tellutuin. Ital., celluto. Bourg., velor, veleur. Vx. fr.,
veleur, velox, tcloux.
Ven, et Vein, 3« pers. indic. prés., vient.
Bourg., cein. Lim., ce.
Venange, s. f., vendange. — La bonne chose que son pro-
duit! Il fait du mal parfois, mais du bien toujours. Le tout
est de savoir en user. En diverses de ces pages, on a assez
parlé des incorrigibles biberons; on ne veut, ici, que
donner un conseil quasi idyllique aux buveurs de lait :
Lait s il tin
Rend l'cœur chagrin;
Ma tin su lait
Rend l'cœur gai.
Lat., vindemia. Ital., tendeminia. Bourg., tenonge, tenoinge.
Bress., candanze. Champ., venoinge. Jura, tenandsu. Morv.,
cenoinrje. Poit., cindigae. Pvov. , oendemia, oinde/nia. St-Ara.,
védé^e. Suiss. r., teneindjc. Vx. fr., tendenge, venenge, te-
noinge. (V. Mcnange.)
Venangeoû, s. m., vendangeur.
Lat., cindeniiator. Ital., tendeniiniatore. Bourg., tenonjou,
venoingeou. Isère, cendeï/nou. Lyon., tindcmiou. Prov., cen-
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 445
demiaire, cendemiador. Vx. fr., cenoingenr, condenseur.
(V. Menangeoù.)
Venanger, V. tr. , vendanger.
Lat., oindemiare. Ital., cendcininfare. Bourg., cenonjai.
Bress., oandansé. Champ-, rcnouujicr. Isère, ccndeimie. Poit.,
vinillf/na. Prov., vendemiar. Suiss. r., rencvuhji. Vx. fr.,
venangier, cendengier. (V. Mennnger.)
Venangerôt, s. m., panier à vendange. (V. Menangerbt.)
Vendue, s. f., vente : « Etès-tu à la rerîf/ae de c'pauvTiénot?
On n'en a, dà! pas r'tiré grand'chouse... »
Lat., oonditio. Ital., cendUa. Rouch., ccndure. Wall.,
oindue. Vx. fr., vente.
Veneûsse, subj. de venï, vînt : « Por miger d'ia pôchouse,
y érôt folu qu'ô oeneùsse pu tôt. »
Venî, et V'nî, V. intr., venir : (( Te m'proumets ben de v'nt
au raitan du jôr; jVouérons ça. »
Lat. et Ital., centre. Bevry, ceindre, rclnre. Bourg., v'ni.
Mac, cent. Morv-, o'ni. Prov., venir. Wall., oini. Vx. fr.,
venir. (V. Viendre.)
Vent, s. m., vent du Sud. Acception absolue. Nous avons
entendu maintes fois cette locution : « Un fort vent de
bise. )) Il lie faudrait pas s'exprimer ainsi à Verdun. Chez
nous, le Vent est exclusivement le vent du Sud; la bise,
exclusivement le vent du Nord. Parler autrement soulè-
verait quelques points d'interrogation. Écoutez : « Auj'd'heù
y é la bise, i n'pleûdra pas; ma si d'main y étôt Vcent,
gare la balrasse ! » — Nous avons aussi la travarse, vent
de l'Ouest. Dans le Forez, le quatrième est nommé matinat,
vent d'Est. — Le comte Jaubert a extrait d'un journal de
l'Ain les indications suivantes : le matin, le soir, la bise,
le vent, pour l'Est, l'Ouest, le Nord, le Sud.
Lat., ventus. Ital., cento. Bourg, et Mac, van. Morv., vent
(respiration). Prov., ven, cent. Vx. fr., cent. (V. Tracane.)
Vêprer, V. tr., faire le goûter de quatre heures : « Allons,
les p'tiots, v'ià quat'heûres qui sounont; j'nous en vons
vêprer. »
Montr., céprotter. (V. Quat'heûres, Vèprô.)
446 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Yêprô, et VÊPRAU, S. m., le goûter de quatre heures du soir
(pris à la vesprée). On l'appelle aussi « les quat'heûres ».
— Le goûter, pris par les moissonneurs, les vignerons, et
tous ceux qui travaillent aux champs, se composait jadis,
pour la majorité, de fromage blanc étendu sur le pain et
mélangé ou saupoudré d'ail coupé menu. En ville, les
enfants le prennent aussi ; il se compose de ce qui se
trouve dans la maison, fruits, tartines de fromage, de
confitures, etc.
Bourg., vêprot. Montr., cèprot. TouL, brespe, brespado (soir'
soirée). (V. Quat'heûres, Vêprer.)
VÊPRÔ (éprâs), loc, après le soir, à la nuit tombée.
Lat., vesper. Ital., vespro. Il.-V% vesprèu (après midi). Montr.,
véprùe. Vx. fr., vêpre.
Vequi, et V'qui, prép., voici.
Berry, vol le cl. Bourg., ceci, i^equl. Bress., tetla. Dauph.,
celqula. Forez et Fou rgs, vequlot. Il.-V% vécl. Jura, eèqul. Lira.,
velqul. Lorr-, eace, oaci/. Morv., volqiil, v'chl. Nivern., eotV/f»".
Norm., vechl, eechln. Poit., véqul. Prov., ce, vec. Rouch.,
vlachl. St-Am., céqui/a. Sav., oàtla. Vend., véqul. Wall.,
EOcl, codai. Vx. fr., ce;;-ct, celz me ci, ce le cl, coi/ cl.
Ver-coquin, s. m., chenille, qui attaque le raisin à sa ma-
turité. Elle occasionne moins de dégâts que le ver-de-vigne.
Se dit aussi, au figuré, pour le ver-couraud. — C'est
encore le nom familier de l'helminthe qui se développe
dans la têle du mouton, et lui occasionne le tournis.
Vx. fr., cerd coquin. (V. Var, Ver-couraud, Ver-de-clgne.)
Ver-couraud, s. m., ver fantaisiste, que l'ouvrier ou le
paysan prétend avoir dans l'estomac, et qu'il s'efforce de
tuer en buvant la goutte (souvent des gouttes) chaque
matin.
. Forez, cerde corà. Movv.,vercourlau. (Y . Var, Var-coquln,
Ver-de-clgne.)
Ver-de-vigne, s. m., chenille ainsi nommée par les vignerons.
Au moment de la floraison, elle attaque le raisin, dont
elle coupe les tiges tendres. Plus dangereuse que le cer-
coquin. — Et cependant c'était avant le phylloxéra!
(V. Var, Ver-coquin, Ver-couraud.)
LANGAGK POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 447
Vergillon, s. m., manche de fouet, verge. A quelque parenté
avec oorgine.
Mcâc, vrcgi d'ècousseux (verge de fléau).
VÉRiMEUx, ad]., venimeux.
Lat., vciic/iosds. Ital.. velcnoso. Berry, oarlncux. Bourg.
vetiineux. Norru., oelinieux, voulineu. Poit., verlneux. Prov.,
vercnos^ cerinoà. Roxxch.., oli/neux. Wall., vilrncu. Vx. fr.,
veniincus.
VÉRIN, s. m., venin.
Lat., veiieiiuin. Ital., veleiio. Bcrry, varln. Bourg., vatrin,
vclia. Bress., ve/in. Champ., olin. Forez, verlii, eerun, varon.
Fourgs, vrla. H'-Maine, c/f/t. Montr., celui. Morv., voUn.
Norm., vclln. Poit., vérin. Prov., vcre, ceri, cerin. Rom.,
vicre. St-Am., verèii. Suiss. r., oelein, cerein. Vx. fr., velin,
rcnlin, vérin.
Verpiller, et Varpiller, v. intr., remuer.
Montr., verpiller. (V. Fregniller.)
Verpillôt, et Varpillôt, adj., remuant.
Montr., verpillôt. Vx. fr., vcrpil. (V. Freguillôt.)
VEÛë, s. f., vue.
Lat., visas. Ital., veduta. Berry, vùte. MovY.,veue. Wall.
vuLC, vei/aiv, vetjoio. Vx. fr., veue, voitic.
Veîirder, v. intr., rôder, tourner de droite et de gauche,
sans but déterminé; voisiner chez l'un, chez l'autre:
« Tôjorle oeùt'des; te n'peux donc pas rester iqui? »
Lat., veHere. Ital., voUare. Aunis, vertir, vertre, vertiller,
Berry, cerder, vertiller . Bourg., verder, vredai, verdinguer.
Champ., cerder. Châtill., veurder. Morv., veurder, veurdiller,
vertauder, vernailler. Norm., verdaller. Poit.^ vreder, verte
gliouner. Saint., verder. Vx. fr., verter. (V. Veicrneûler.)
Veùrdin, s. m., caprice, idée fantasque, folie : « Que qu'te
voux donc c'ment c'qui? V'ià côre tes veùrdins qui te
preùnent! »
Poit., vrcdin. (V. Eveùrdin, Veùriingô.)
Vei'irdon, Verdon, Verdot, Vredot, et Vrediot, s. m.,
corde de la grosseur du doigt, avec laquelle on attache un
448 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
bateau. Le veùrdon est plus fort que la crisse. (V. la
locution suivante, et Vrisse.)
Veùrdon (tirer le), loc., bercer un enfant à l'aide de la corde
attachée au berceau, et qui le balance.
Veùrdoû, s. m., flâneur, musard, qui va et vient en perdant
son temps.
Berry, vcrtUlou, vertilloa. Morv. , vcurdillou, veurdillon.
Veùrneûler, et Vernauler, v. intr., flâner, rôder, se pro-
mener sans but, courir, perdre son temps. (V. Gueùr-
nouillery Veùrder.)
Veùrtingô, s. m., vertigo, fantaisie, caprice, toquade, idée
déraisonnable : a A prepos de bottes, all'vous a des veùr-
tingàs!... » — « Quand ô prend son veùrtingô, n'y a pus
moyen d'en jouir. »
Lat. et Vx. fr., vertigo. (V. Vcàrdin.)
Veùv', s. m., veuf. Ce mot est le même pour le féminin.
Lat., vi'Xuas. Ital. , vedovo. Berry, ce/, velhe, veiwe (m.).
Bourg., vaioe (veuve). Champ. etFr.-Cté, vôve. Jura, veuee (m.).
Morv., couéce (deux genre.s). Norm., vef, vêce, veuce (m.).
Pic, caive (deux genres). Prov., ceuva, tesoa (veuve). Wall,
ce/. Vx. fr., cedcc, vefce, veuf ce.
Viâge, s. m., voyage, longue course.
Lat., via. Ital., viaggio. Berry, vugâge. Bourg., viaige.
Champ., viage. Dauph., viageo. Guern., viage. Il.-V, vér/age.
Jura, viaige. Mac, viôge. Montr. et Morv., viaige. Norm.,
viâge. Prov.. viatge. St-Am., viasou. Suiss. r., viad^o.
Wall., voi/eg. Vx. fr., cciage, viage, voiage.
ViÂJoià, s. et adj., voyageur.
Lat., ciator. Ital., viatore. St-Am., viasageû. Vx. fr.,
vogaigeur.
ViANDOÙ, adj., qui aime la viande, qui en mange beaucoup.
Berry, viandouneux . Morv., viandou.
ViAU, s. m., veau. Un paysan avait à écrire à un acheteur
de bétail. Il lui confectionne une lettre verbeuse, rusée et
pas mal énigmatique. Il la ferme, puis la retourne, réflé-
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 449
chit, reprend la plume et ajoute au bas de l'adresse : a Y é
por ein viau. » Ça valait mieux que toute sa lettre.
Lat., titellus. Ital., vitello. Berry, viau. Bourg., cea, cid.
Bress., viau. Cogn. et Doubs, via. Fland., viau. Fr.-Cté, veot.
Guern., vée. ll.-V% viau. Lim., védci'c. Montr., vieau. Morv.
vcai-i vieu. Norm., viau. Pic, vicu, viau. Prov., vedel/i,
oecicou. Rouch., viau, celo (jeune veau). St-Am., ré. Saint.,
vedcuu. Sav., viau. Suiss. r., vè, vi. Vosg., ré, vei/. Wall.,
vai, via, viau. Vx. fr., veel, cedel, veau.
ViAULER, V. intr., vêler : « Noute vaque a brament viaulé. »
Berry, viauter. H'-Maine, vidler. Morv. et Norm., viauler.
Prov., vedclar. Vx. fr., vcllcr, veslcr, veeller.
VïÉ, impérat. de vouer, voyez : « Vïé donc c'qui! »
Morv., vie.
Vieille, s. f., vielle. Vieille n'empêche pas viéleà. On
remarquera que pour « vieille » nous disons veille, et que
nous trouvons moyen de dire vieille pour l'instrument
« vielle ».
Genev., vieille. Montr., viole. Movv., veille. Suiss. r., viould,
Vaud,, viofcle. Wall., viole. Vx. fr., viele, vielle, viiele.
(V. Vièleû.)
ViÉLEÛ, et ViÉLoià, s. m., joueur de vielle. Personnage indis-
pensable aux fêtes et aux bals, oh. il a pour trône une
planche posée sur deux tonneaux, ou deux tréteaux,
Berry, violeux. Bourg., vièleû. Montr., violer, violier. Morv.,
ceilleu, veillou. Suiss. r., violare. Vx. fr., vielleres, vieuleur.
(V. Vieille.)
ViENDRE, et Veindre, V. intr., venir.
Lat. et Ital., veiiire. Berry, veinre, veindre. Bourg., veinre.
(V. Venî.)
ViENDu, et Veindu, part, de veni, ou de viendre, venu.
Bourg., veindu. Lira., vengu.
VÎFE, v. intr., vivre, être en vie, se nourrir.
Lat. et Ital., vivere. Prov., viure., vieure. Roucb., vife.
Vx. fr., vivre.
ViGRÔT, adj., vif, éveillé. — Se dit aussi de tout corps poli,
52
450 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
de la glace surtout : « Allons glisser; la glaice é ben
vigrbte (glissante).
Lat., vigorosus. Ital., vigoroso. Morv., vigrot. Poit.,
cioche, vioge, vigacc. Prov., vigoros. Rouch., vivole. Wall.,
vigreu. Vx. fr., vioge, vigreux, tiguereux.
ViNÂGRE, et ViGNÂGRE, S. m., vinaigre : « J'nain-me point
causer d'avou éle ; c'qu'all'vous dit, y é du vinâgre. ))
Ital., vinagro. Bourg., eingnaigre. Prov., viaagre. Rouch.,
venaique. St-Am .. venègroti. Wall., vinaik. Vx. fr., vgn ogre,
vinaigre.
ViLAiGE^ s. ni., village.
Ital., inllaggio. Bourg., mlleigc. Morv., villaigc. Prov.,
vilatge. Vx. fr., cillage.
VioiJLON, S. m., violon. Qu'il soit joué bien ou mal, il fait la
joie des noces et des fêtes.
Ital., violiiio. Bress., violon, hovv., viou Ion . Prov., rioloii.
St-Am., vioulon. Vx. fr., violon.
. VioîiLOUNER, V. intr., jouer du violon.
Genev., violoner. Morv., vionner. Suiss. r,, vioulà.
VioÙLOUNEux, s. m., joueur de violon. Indispensable à ceux
qui aiment à danser. Aussi tant recherché de la jeunesse.
Berry, violouncax. Morv., riolouneu, violenè., vionnou.
Poit., violoneux, violonour. Prov., vioulounaire. Saint.,
violounaij^e .
Vira! impérat. de virî, tourne! Terme de marine fluviale.
(V. Pire, et Riaume.)
Virandiau, s. m., dévidoir, et aussi ustensile servant à
envider le fil pour la pêche.
Toul., traboul. (V. Dèrirou.)
ViREBROQuiN, S. m., vilcbrcquin.
Berry, virehrequin, vireberquin. Bress., virehrequin. Genev.,
virebrequin, virabonquin. Lyon., virebrequin. Morv., virc-
beurquin. Pic, biberkin. Prov., virabrequin, virobouquin.
Vx. fr., wibrekin, vebrequin.
ViREMAiN, S. m., tour de main^ action rapide, le temps de
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 451
tourner la main : « En eùn viremain ôl a métu l'éteûle
su sa cadole. »
Bourg, et Bress., viremain.
ViRÎ, V. intr., tourner : « Arrà dou bou cirî! » Vite, et
tournez! Du vocabulaire de l'ancienne marine fluviale.
Bas-Lat., mrare. Ital., girarc. Bourg., virai. Bress.,
virer. Mac, viri. Morv., virer. Poit.,trèfirer. Prov. , oirar.
Vx. fr., virer.
ViRÔT, S. m., panaris, dit tournant; mal blanc qui vient au
bout du doigt, dont la peau s'enlève à peu près en spirale,
et par conséquent vire.
Bress., tiro. Montr., cirot.
ViSAiGE, s. m., visage.
Lat., visum. Ital., visaggio. Berry et Bourg., visaige.
Forez, vialle, viaille. Morv., ciaige, cisaige. Prov., cisatgc.
Wall., viair, tiseg . Vx. fr., vis, oiaire, visaige.
Vite (se dépêcher), loc. redondante très usitée : « Hardi!
hardi! dépôche-te vite! »
Morv., vin via! (viens vite!)
Vivant, part. prés, employé dans la formule invocative du
(( Bonjour à Mars )). Il signifie, là, l'état d'une personne
éveillée. (V. Dormant.)
Vivu, part, du v. vivre, vécu : (( Seigneur! tô l'temps qu'ôl
a vivu, at-t-i été minâbe! »
Berry et Bourg., vicu. Fland., vi. Fr.-Cté, victi. Morv.,
vivu. Vx. fr., vescu.
V'là! prép., voilà! « Allons, bon! o'/àqu'ô s'metàchougnier,
mét'nant! »
Berry, vclà. Bourg., v'iai, telai. Pic, v'io. Rouch., via'.
Vx. fr., ces là, vog là.
V'lu, part, du v. valoir, voulu.
Bourg., v'lu, velu. Morv., v'lu. Wall., valu. Vx. fr., voulu.
VoGRER, V. tr., écosser, égrener : « A c'maitin, j'ai vogré
des pois ; à c'tu souér, j'vous vogrer l'troquet cheû l'pâre
Toumas. »
Jura, vougrcr.
452 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Vogue, s. f., fête popuiaire dans un village. On dit volontiers
tout simplement : « Vons à la fête, vons àlafouére (la foire
de Ciel, etc.). »
Bress., togiic. Dauph., vaudo, vaudou. Forez, vogue, vogua.
Genev., vogue. Lang., vot, vota, voto. Lira., vot, vota,
holadô. Lyon., vogue, vogua. Sav., vôga. WalL, vok.
VoiLLER, V. intr., veiller, faire la voillie.
Lat. , vigUare. Ital., vigliar. Bourg., vaillai. Morv.,
vouéiller, voilier. Prov., velhar. Wall., veug. Vx. fr.,
voilier, voilier. (V. VaiLler.)
VoiLLOÛSE, s. f., fleur d'automne (Colchrcum autumnale),
nommée « veilleuse » parce qu'elle fleurit à l'époque des
veillées. Femme qui veille les malades. Petite lampe de
nuit.
Bress., voillouse. Montr., voille. Morv., voillouse, vouèil-
lousc.
Voillie, s. f., veillée. Un des délassements les plus goûtés
du village. C'est là que les amoureux se donnent carrière.
Une bonne femme du pays appelait ces réunions des « nids
à mariages ». On y est moins grivois que jadis dans les
« écraignes ».
Bourg., vailléc. Il.-V% veillade. Mac, veille. Morv.,
voillie, vouèillic. St-Am,, velga.
Volant, s. m., faucille qui n'est pas dentée en scie. On
appelle diàbe volant un enfant dont on ne peut venir à
bout.
Berry, volant, volant. Bress., volant. Fr.-Cté, volan, voulan-
Montr., voilant. Morv., voulan. Poit., volan, volon. Prov.,
oulame, voulante. Suiss. r., volan^ voulain. Vx. fr., volin,
vollain.
VOLER, V. intr., voler, dans l'air, et aussi dans les poches.
Lat. et Ital., volare. Berry, Fr.-Cté et Mac, vouler. Morv.,
voûter. Prov., volar. Wall., volé. Vx. fr., voler, coller.
VÔLOiR, et VÔLOUÉR, V. tr. , vouloir : « Eh! pardine! Je v'ions
ben. V'iez-ù, vous? »
Lat., velle. Ital., volere. Bourg., voloi, veloi, vculoi. Il.-V*,
ror/To^s .^ (voulez-vous?). Prov., voler. W&W., voleur. Vx.fr.,
voler, vouloir.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 453
VÔLOT, S. m., volet, fermeture de fenêtre.
St-Am., vù/ci/ô. Vx. fr., coulei, voleté.
VÔLOT, Vaulot, et Vâlot, s. ra., valet, domestique : « Dis
c'que t' voudras, je l't'rai point; j'sis pas ton côlot. » Dans
une tout autre acception du mot que l'on vient de citer, on
dit parfois aux enfants, comme terme d'amitié caressante:
(( Mon côlot. »
Bas-Norrn. et Berry, tâlet, tâlot. Bourg., caidô. Bress.,
volet. Champ., callat. Fr.-Cté, vôlot, vâlot. Genev., valet
(terme d'amitié aux petits garçons). Liège, varlet. Lorr., volot,
vâlot. Mac, volé. Montr., volot. Morv., vâlot. Nam.,
vaurlet. Prov., vallet, vaslet, vaj/let. St-Am., vôlè. Suiss. r.,
volet. Vosg., vaula. Wall., vdrlet, valet (célibataire). Vx. fr.,
varlet, vastes, vadle^, va lès.
VoNS, 1^"^ pers. pi. du prés*, du v. aller, allons : « Toons bon
train, bé seiîr; ma n'a pas pouë, le ch'vau sait son afûre. »
VoRGiNE, s. f., branche de saule, d'osier, baguette : « Si te
r'veins trop târ; ta meire prendra eùne vorrjine por te
fouailler.» Diminutif de vorge, peu usité. — C'est également
la branche que coupent les enfants pour y tailler unt^eùillôt.
(V. ce dernier mot.)
VÔROU, s. m., verrou. (V. Varb.)
Vorteiller, v. tr. , rouler (quelqu'un) par terre, sur l'herbe,
le battre : « Si te m'dis quête cliouse, j'te vorteille dans
l'pré. » A la forme réfléchie : « U a' vorteille sur les meiiles. »
Lat., oerterc. Champ., se vertir. Guevn., vertir. Lim.,
tràïdllé. Moutr., eiivorteiller (entortiller). Morv., vorteiller.
Saint., veàrlutè. Sav., êvortoiller, vortollion (tas d'herbe
enroulé). Suiss. r., vortholli.
Vorteillerie, s. f., ce qui est traîné, sali, maculé. Par
analogie, les gens qui ne se respectent pas, qui se traînent
dans le vice ou la débauche : « Que c'qu' yé que c'qui?
Y é d'ia vrâ vorteillerie! »
Vos, pron. pers., vous : « Vos v'iez v'nî. »
Lat., vos. Ital., vol. Bourg., va. Mac, vHès. Pic. et Prov.,
oos. Wall., va. Vx. fr., uos, vus. (V. F's.)
454 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
VossE, S. f., explosion comprimée et muette, vesse.
Ital., cescia. Morv., veuche, rousse. Toul., loufo. Vx. fr.,
vcsne.
VossER, V. intr., vesser. Ne commentons pas.
Lat., visire. Berry, eessir., vcncr. Morv., veusscr,vcitcher.
Toul., loufa. Wall., cessi. Vx. fr., ccssir, vcsiier.
VossE-DE-Loû, s. f. , champignon vénéneux, et mal odorant.
Lat., Ijjcopcrdon . Morv., veusse de loup.
Vou, conj. alternat., ou, ou bien.
Lat., aut. Ital., o. Beriy, Bourg., Fr.-Cté, Lorr. et Morv.,
vou. Poit., €Oure. Prov., o. Saint., vou. Wall., au. Vx. fr.,
u, ou.
Yoùj adv. de lieu, oi^i : « Là voù donc.qu'te vas? » — a Là
voû qu'c'est, c't endrèt? »
Lat., uhi. Ital., occ. Berry, coù, ccoà. Bourg., vou. Lille,
M, uche. Lorr., vo. Prov., o. Wall., wiss. Vx. fr. û, où, oui.
VouAH ! excl., bah! ah bien oui ! — Se jette également comme
cri de douleur: « Ah! vouah! que coup! J'n'en poux pus! ))
Lat., vœ! Bress. et Genev., vouah! Vx. fr., voih!
VouARME, s. m., sapin femelle.
Genev., vouarme.
VouATE, S. f., ouate. Consulter l'opinion de La Monnoye,
qui y voit « un diminutif de l'ancien français oue (oie),
ouette, ouate ».
Ital., ocata. Bourg., ouaitc. Norm., ouette. Wall., watt.
Voù c'À-T-i Qu'ÔL É? loc, où cst-il? littéralement : où c'est-il
qu'il est? — Dans les conversations, cette redondance du
(( c'est-il que » revient très fréquemment. (V. le mot
suivant.)
Voù 'c'que? loc, contraction de voù c'â-t-i que : « Voîi 'c^que
t'as été? Voù ^c'que c'est? » — On a pu voir écrit oùsque,
plus court, mais moins correct. (V. le mot précédent.)
VouDERiEz, 2'3 pers. conditionn. de valoir, voudriez.
Vouer, v. tr., voir : « T'f'ras c'qui? J'voudrôs ben V vouer. »
Lat., cidere. Ital., vedere. Bourg., voai, coi. Bress., vay.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 455
Dauph., cei. Doubs, tore. Fr.-Cté, oouè, coc. Il.-V', ad.
Lille, vir. Lim., veire. Lorr., veur, tore. Morv., coaâ. Norm.,
viè, cir, ceir . Pic, vir. Poit., vâre, votre, ccure. Prov .,vc^cr.
Rouch., rà*. Suiss. r., vi, veirc. Wall., ceï. Vx. fr., cir,
vcïr, coier, vcoir, voir.
VouÉsiN, s. m., voisin.
Lat., clclnuà. Ital., vlciiio. Bourg., coisan, voisaigne
(voisine). Norm., vèsin. Prov., ve^in, rc.c-i. Rom., vesin.
Rouch., ôisin, rtèx'/ie (voisine). St-Am., vuèn. Sav,, vc^in.
Vx. fr.i, coijsin.
VouÉsENAGE, S. m., voisinago. Très cultivé dans nos con-
trées. Des bancs hospitaliers sont installés à toutes les
portes, et chacun, — chacune surtout, — va de l'un à
l'autre, s'y arrête, s'y assied, colportant nouvelles, confi-
dences et potins. Pendant ce temps , certaines mains
cousent ou tricottent; ça ne gêne pas la langue.
Bourg., couaisenair/c. Prov., vesiage. Rouch., vosinache.
Wall., voulncg. Vx. fr., le voisiné, voisinetet.
VoiTEÛRE, S. f., voiture.
Lat., cectura. Ital., vettura. Montr., voiteiirc. Vx. fr.,
vecture.
VoiTEÙREi, s. m., voiturier, messager d'un point à un autre.
Vx. fr., coituron.
Voui, particule affirmât., oui: « Quand j'te dis que coui! »
Lat., iia. Ital., si. Berry, voui. Bourg., vouei. H'-Maine,
cère, voire. 11. -V, ian. Lille, awi. Mac, vaï. Morv., voué.
Pic, oivi. Poit., vao, vay, voui, voueil. Rouch., avoi, voire-
dia {oui -dk). St-Am., vicâ. Saint., voui, vouei. Sav., voa,
voi. Wall., acvoi. Vx. fr., al, oïl, oui/, ouail, oal, ouïl.
(V. Vouiche!)
Vouiche! particul. exclamât., oui! C'est un oui presque
toujours dérisoire : « Te crais, pauv' petiote, qu'ô t'parle
pou l'bon motif?... Ah! hencouiche! » (V. Ouiche, Voui.)
Voulante, s. f., volonté.
Lat., voluntas. Ital., volontà. Berry, voulante, voulonté.
Bress., voulante. Champ., voulance. Norm., coulenté. Prov.,
voluntat. Vx. fr., volenté, voulenté, voUonté.
456 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
VouLANTEi, adv., volontiers.
Lat., volcnter. Ital.. tolontiere Berry, voulcniiers. Bourg.,
velantei, vclontei. Morv., vUonté. Wall., volti. Vx. fr.,
volenticrs, voulcaticrs, volcntè.
Voulu, adj., velu. — A remarquer encore que nous disons
voulu pour « velu », et vlu pour « voulu ».
Lat., villas. Ital., veluto. Bourg., côlu. Morv., voulu.
Prov. et Saint., crlut. Vx. fr., relu.
VouT, 3*^ pers. prés, du v. valoir, veut.
Lat., vult. Vx. fr., veut, volt, veult.
Voûte (donner), loc., terme de marinage, qui signifie:
attacher. (V. le mot suivant.)
VoiiTE (lever), loc, terme de marinage, qui signifie : déta-
cher. (V. le mot précédent.)
Vout'e, adj. poss., votre.
Lat., vester. Ital., vostro. Berry, vous, voûte. Bourg., vote,
Fr.-Cté, vote. Morv., vous. Norm., co, vote. Pic, vo. Prov.,
vostre, vostra. Rouch., vous. Suiss. r., voutra, voutro,
vontron. Vx. fr., vo, vos, voss.
VoYÂBE, adj., visible.
Lat., visibilis. ItaL , visibile. Berry, voj/âbe. Bourg., vol-
sible. Prov., vesiblc, vuible. Vx. fr., visible.
VoYu, part, du v. vouer, vu.
Berry, vûte. Guern., vis. Mac, vieu. Vx. fr., teu.
VrA, adj., vrai : « De vrâ. Pô d'om. »
Lat., ocrMS. Ital., op/'o. Bourg., prâ. Morv., vrè. Norm.,
vraiclà (oui-dà). Prov., verai. St-Am., va. Vx. fr., vray,
ver ai.
Vreille, s. f., vrille.
Champ., vrillctte (filet de vigne). Morv., vreille. Prov.,
Jilheirouii. Vx. fr., culte, visle, veillette, villctte.
Vrisse, et VÉRissE, s. f., corde avec laquelle les mariniers
tirent les bateaux : (( Tirer la vrisse. » Elle est d'un usage
aussi fréquent que le veùrdon; longue et d'un diamètre
moindre, elle sert pour amarrer.
Forez, vrisse.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 457
V's, contraction de vas, vous : « V'nez donc causer eùn brin
d'avou moi à c'tu souér; c's aivez ben l'temps. » (V. Vos.)
VuiDE, adj., vide : « 01 a la tête vuide coume ein touneau
parce. »
Làt., cid uns. ItSil., oac HO. Bourg., vude, vende. Fr.-Cté,
veu, vende. Genev., vuide. Guern., viède. Montr., vade.
Morv.. vende. Pic, nide. Prov., voh, voig, vuei, ouech.
St-Am., vëdrou. Sav., voàde, vouide. Wall., vûd., vu. Vx. fr.,
ivit, wide, vuid, voide.
VuiDER, V. tr., vider.
Lat., viduare. Ital., cvacnare. Annis, vidrc. Bourg., vuder
vendcr. Champ., veudior. Montr., vndier. Morv., veuder.
Prov., ooidar, voijard, vniar. St-Am., vedr/ë. Wall., oùder,
iiûdi. Vx. fr., voider, coidier, cuider, vuidier.
VuiT, adj. numéral, huit.
Lat., octo. Ital., otto. Bourg., vut, vute. Prov., oit, ueit.
Wall., ut. Vx. fr., t«7, huit.
Y, pron. démonstr., ce, cela. Remplace et le sujet impersonnel
et le régime direct : « Y va faire un peut temps. » —
(( Ranges-?/, nétoye-s-y. » — « J'// maingerô ben. » —
(( Yé lu! )) (c'est luil)
Yârd, s. m., liard : « 0 n'a pas por deux ?/àrû?s de jugeote. »
Morv., iavd. Pic, liurd.
Yarder, v. intr., liarder, lésiner. C'est : « côper eùn yârd en
quate. »
Mory., iarder.
Yards, s, m., boutons éruptifs des enfants au premier âge.
{Y. Curie.)
Yèvre, s. m., lièvre : « O n'a pas évu d'prix à l'école. Que
v'tu? 01 a d'ia mémouére c'ment ein yièore! »
53
458 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Lat., lepus. liaA.^lcpre. Berry, licuoe, licube. Bourg., yènre.
Genev. , liècro (fém.)- Maine, giieuore. Pic, lieuve, ycuoe.
Wall., Iw. Vx. fr., lèvre, lièvre.
ZiEÙ, s. m., œil : « 0 m'a foré son dèt dans Vzieù. »
Lyon., x;ù<, xio. Mac, i/ou. Monti'. , ax. St-Ani., ^h.
(V. Nyeù, Œuije, Uijàt.)
ZoGUER, V. tr., pousser avec le bout d'un bâton, frapper,
serrer du coude. Un écolier dit en classe : « M'sieu, mon
vouésin wx'zogae. » Après une mauvaise rencontre :
(( L'gueùrdin! ô t'ii a zogué son rotin dans l'dos. »
Berry, Morv. et Poit., i^agucr. Saint., .liguer.
Zou! excl., vite! promptement! « Allons, zou! »
Prov., ::ou!
Zbzb, s. m., niais, badaud; plutôt : pitre. Jadis, à une de
nos plus grandes foires (celle de la Saint-Jean), il y avait
toujours, pour la parade, un « Zbzb-la-qaeue-vouge )). Il
fallait le voir (alentour de 1830) à celle du théâtre qui
s'intitulait « les grands Pantagoniens du Palais- Royal de
Paris », marionnettes qui jouaient la Passion, Geneviève
de Brabant, et autres pièces légendaires. Il était très fort,
ce zbzb, et l'on aimait presque autant le spectacle du dehors
que celui du dedans. Ce qui n'empêchait pas les bancs
d'être bondés, quand ceux qui n'entraient pas s'étaient
régalés à la porte.
Norm., ;:;oio. Pic, sosot.
SUPPLÉMENT
L'astérisque (*) désigne les mots qui figurent déjà dans le Dictionnaire,
et auxquels ou fait une addition.
Est-il un chercheur de mots qui puisse
se vanter d'avoir achevé son œuvre sans
quelques Desiderata non satisfaits ?
Abeiller, s. m., éleveur d'abeilles.
Bress., arbclL Poit., aheidllou.
Abléger, V. tr., fatiguer, rompre, briser : « J'peù pas aller
pu loin ; j'seu ablégé d'douleurs. »
Morv., aiblèger.
AissiÉTE, s. f., assiette. Comme quelques autres que l'on
verra, ce mot a parfois un emploi particulier : Dans cette
locution : « Eùne aissiéte de gaudes, » le contenant est pris
pour le contenu. (V. Cuyère, Paule.)
Arnaison, et Arnâyon, s. f., mal de reins, lombago : d D'peu
quêtes jors, j'ai eùne avnchjon qui m'empôche quasiment
d'marcher. » Ce mot, qui est bien de chez nous, je ne le
trouve pas dans les Glossaires que je consulte; mais, s'ils
n'ont pas le substantif ils ont l'adjectif, car j'y rencontre
le suivant. (V. Arné.)
Arné, adj., qui a mal aux reins, qui a une arnaison. Cet
adjectif ne peut cependant manquer d'avoir ailleurs son
substantif, comme il l'a chez nous.
Morv., arnc. Berry, evnc, éreiné. (V. Arnaison.)
*Atreaux. y ajouter l'acception de : viande brûlée, qu'un
imprimé local nous donne.
460 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Bastion, s. m., battoir de laveuse. Ce mot m'est commu-
niqué; ma mémoire ne me le rappelle pas.
Baudaine (faire la), loc, se rouler à terre comme les baudets.
Jeu d'écoliers, qui n'arrange guère les vêtements et ne
semble pas étranger à l'école buissonnière. On trouve dans
Rabelais : « Quel baudouinage me dis tu, baudet...? »
Beûtier, s. et adj., grossier et lourd personnage, bon à
mener les bœufs aux champs. Pour le sens, se rattacherait
à bestiâ.
Berry, borjcr. Morv., beutié, boue. Poit., boue, bouler.
Saint., boujjer, boier.
*Blô, Blosse. y ajouter ces acceptions : Qui ne peut parler,
qui bégaye, et aussi personne trop mûre.
Bornéyoû, s. m., perche armée de fera son extrémité, dont
le batelier fiche la pointe en terre, et sur laquelle il appuie
pour ôpailler. (V. ce dernier mot.)
Berry, bourde.
Et pour dire : appuyer la bourde, le Berry a le verbe bour-
nager.
Caporal, s. m., nom que, pendant un certain temps, on a
donné à profusion aux chiens en Bourgogne, et spécia-
lement dans nos localités. Quelque vieux militaire aura
été le premier parrain de ce plaisant baptême.
Capuchon, s. m., abat-jour d'une lampe. On voit volontiers
celle-ci encapuchonnée comme la tête d'un moine.
Catalou, se, adj., meurtri. Se dit des fruits qui ont été
maltraités. Au figuré malpropre, crotté. Ne serait-ce pas
une corruption de cantaloup?
Cataquoi, s. m., chignon de femme, et queue que portaient
jadis les hommes.
Indre, cataquoi. (V. Châgnion.)
Chàgnion, et Chànion, s. m., le derrière du cou, la nuque :
« Ah! que V chàgnion m'fait donc maul j'peù pu r'tôrner
la tête. »
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS 461
Borry, câgnoii, chdt/noii. Champ., cnengnon (collier). Morv.,
câgnon, chacignon. Poit., cIkkjiioii. Vx. fr., caf/gnon.
(V. Caiaquoi.)
Charogner, V. tr,, charcuter, tailler, et surtout mal tailler:
(( Bon! qu'é c'que t'me fais là? V'ià qu'te m'charognes
ce paipier! »
Berry. charpir, charpigner.
Chourlète, s. f., galette à la courge. Se prépare en abon-
dance pour les foires et les fêtes, et s'y débite entièrement.
(V. Flamusse.)
Conscrit, s. m., employé par les anciens dans un sens tout
spécial : « Ah! vous v'Ià? ben Tbonjôr, mon conscrit! »
c'est à dire mon camarade de tirage au sort. C'est ainsi
que nos vieux se rappellent au souvenir de ceux qui, jadis,
ont (( tiré à la conscription » avec eux.
*CoRÉE, s. f., le cœur, les poumons. Au figuré on dit:
« Qu'é c'qu'ôl a dans la corèef » pour : qu'est-ce qu'il a
dans le ventre? Nous avons vu traduire : Qu'est-ce qu'il
a dans la tête? Et, au fond, ce ventre-là veut bien dire
quelque chose comme Vidée. Mais, littéralement, corée
ne veut pas dire iête. — Maintenant quelques lignes de
J. Durandeau : Ce qui toutefois est bien bourguignon « ce
sont les locutions : ne réfiaudi lai corée (se réjouir le cœur,
se désopiler la rate), et ne breùlai lai corée en buvant des
liqueurs fortes ». Le brùlement de la corée s'entend de
cette chaleur soudaine et vive, accompagnée d'une légère
douleur de l'estomac et de la gorge. On s'écrie alors : « Lai
corée m'breùle! » ou l'on dit : « C^qui nié hreùlé lai
corée. » Un père prudent, qui veut détourner son enfant
d'une boisson dangereuse, telle que l'eau-de-vie, dira:
a N'éoaule pa de c'iai; ce Vfero hé sur du mau; cqui
t'breùlerb lai corée. » (Du Réveil Bourguignon.)
*CoRÎ, v. intr., courir. Au futur fait : je courirai.
Cornet, s. m., tuyau de poêle. Les mains le caressent, —
avec quel bien-être! — pendant les longs froids de l'hiver.
Morv., cornât (étui à aiguilles).
462 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Couine, adj., bébête, peureux. On donne ce nom à fille ou
femme ne sachant pas se débrouiller et ayant crainte de
tout.
Coule (à la), loc. « Etre à la coule, » c'est être malin, c'est
rendre des points aux autres.
*Crâchie, s. f. La cràchie est aussi le résidu écuraeux des
confitures.
*CuYÈRE, s. f. Le contenant pour le contenu : « Eùne ciujère
de sôpe. » (V. Aissiéte, Paule.)
Dégaine, s. f., allure gênée, ridicule : « L'voués-tu pas
marcher? oh! c'te dégaine qu'ôl a! » J'ai vu ce mot
employé comme adjectif; mais on n'est pas dégaine, on a
une dégaine.
*DÉPiAUTEn, V. tr. Ajouter l'acception : efïiler.
DÉRANGER (s'en), se déranger. Emploi surabondant de la
préposition en.
Devé, prép., vers, près, auprès : « Eh! mon genti p'tiot,
veins d'vé moue, que j'te baille eùne lïamusse. »
Berry, devers. Morv., dccé (de vers).
Eboiler, V. tr., embrouiller, lasser, trop serrer, écraser, et,
au figuré, mettre dans une fausse position : a Oh! l'chin
d'matou, dans c'i'afâre ô m'a tout éboilé! »
Berry, éboailler. Forez, cbolll, éboullld (cventrer). Lang.,
embouïa). Lini., èbonlUn. Lyon., èbolli, èbouilld. Morv.,
èbolller. Poit., .cboaillcr (écraser). Suiss. r., éboiihlli (avoir
une hernie).
*Erâte, pour érâié. Comme gonjle, trempe, etc. (V. ces
mots.)
Eternôt, et Eterneau, s. m., produit naturel qu'on trouve
en terre, dans les champs, sans racines ni queue, de la
forme d'un œuf, à la peau noire, à la chair blanche
comme celle de la noix de coco, et assez agréable à manger.
LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CIIALONNAIS 463
Les enfants s'en régalent. — Gesse tubéreuse, famille des
papilionacées. (V. Mâchon.)
ÉvENT (tête à r), loc, tête légère, évaporée, qui ne s'arrête à
rien de sérieux et oublie ce qu'on lui recommande : « Ah!
c'te p'tiote! à n'sait ran de c'qu'on li dit; y et eùne iéte à
récent. »
FuTURER (se), V. réfl., se fiancer. En certains de nos endroits,
cette cérémonie préliminaire a lieu à l'église, dans la
chapelle de la Vierge. Parents el amis accompagnent les
jeunes gens. Allocution du curé, anneau passé au doigt de
la hen-aimée. A la sortie de l'église, la poudre parle:
pistolets, et fusils acclament ce premier lien du futur
ménage. Parfois on rentre chez les parents, où il y a
collation, et les heureux futures n'ont plus qu'à attendre
le jour désiré de la noce.
Galin, s. m., galet, petite pierre. (V. Galine.)
Geindre, et Genne, s. m. et f., résidu du pressoir, marc du
raisin quand ou a fait le vin. Ce qui sert à confectionner
la boisson.
GÔNE, s. m., gamin, polisson : « Ah! c'gône-lh, j'peù pas
l'faire aller à l'école! »
Goupiller, v. tr., tailler, arranger, disposer à sa manière,
et pas toujours à la bonne : (( Quelle emplâtre qu'tem'fais,
va! t'm'as brament goupillé ma robe! »
Grap'ter, v. tr., grapiller, faire la chasse aux raisins laissés
dans les vignes. Certains graifteuvs abusent de la tolérance
en grap'tant trop tôt.
Berry, gvappetcr.
*Griau, s. m. Ajoutez cette autre forme : Gueùriau.
Grôlons, s. m., chaussures, qui souvent ne sont pas neuves,
savates.
*Grume, s. f. Ajoutez l'acception : larme. Elle est bien d'un
464 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
Bourguignon, cette comparaison d'une larme à un grain
de raisin.
GuÈROT, s. et adj., pauvre, miséreux, qui ne possède guère.
La formation n'est-elle pas un peu risquée?
Mâchon, s. m., produit sucré, que l'on trouve dans les
champs et près des fossés. Pourrait bien être Véternbt.
(V. ce mot.) — Mâchon serait chalonnais, et éternbt ver-
dunois.
Maniance, s. f., maniement : (( Aile a tout en maniance; y é
la grande ôvreire de la maïon. »
Moi'V., niaignaace. Vx. fr., inaiiaiicc, mamjance,
Marcelots, s. m., nom donné aux « camps-volants », ces
bohémiens qui roulent dans des voitures rudimentaires, et
ne sont pas toujours indemnes de certaines subtilisations
opérées sur leur passage.
Berry, marcclot (merciei- ambulant).
Marche donc! loc. exclam., va donc! Se prend aussi dans
un sens beaucoup moins impératif et pour désintéresser
d'une chose. Marche donc veut dire alors : laisse donc
faire.
Ménager, s. m., mari qui s'occupe des soins du ménage,
mais non pris dans le sens ridicule. Le Berry désigne
ainsi « celui qui s'approprie les objets que les autres
laissent traîner ».
*Meûron. Ajoutez la forme : Mouron.
MiONCHE, adj., mou, mollasse, sans vigueur : « De quoi!
t'nas pas pouvu train-ner c'qui? T'é vrâmcni mionche. ))
Maugré que, conj., quoique : « Maugré que j'dremôs, j'I'ai
tout de mein-me éporçu. » [Y. Quoique.)
Morgôner, v. intr., marmotter, murmurer entre ses dents.
En cette dernière acception, a de l'analogie avec rémiauler.
(V. ce mot.)
*MouRÎ. Le futur de ce verbe fait : je mourir^ai.
LANGAGE POPULAIRE VKRDUNO-CIIALONNAl.S 4G5
*OuÉë. Ajoutez : — D'une plaignarde qui geint sans cesse
de quelque incommodité, réelle ou imaginaire, on dit :
Aile est connue l'oucc blanche;
Tùjor inau à la patte on à l'/ianchc.
Indre, oche. Morv., oué. Vx. fr., oc, ouc.
*Paillôte. Ajoutez l'acception : lit.
*1*ATACHE. J'ajoute avec plaisir à ce mot la réflexion suivante
de J. Durandeau : « Ce qui est particulier aux Bour-
guignons, c'est d'avoir appliqué aux femmes légères ce
terme qui les assimile à des ooitares publiques et de bas
prix. Chacun peut monter dans ces pataches-lk. »
Paule, s. f. Le contenant pour le contenu : (( Eùne paule de
chenis. (V. Aissiéie, Cuijère.)
*Pautrer. Ajoutez la forme : Plant rer.
P'encore, loc, forme elliptique de : pas encore ; « Te creis
qu'ô va avouer la Mariéte? Vouahl ô n'y é p'encore. »
Contraction analogue à celle de p^ assez. (V. ce mot.)
Piautoner, V. intr., piétiner, rester sur place, marquer le
pas, comme on dit.
Point, adv., nul, aucun : « Côgete. T'n'as d'mau à. point
d'end rèt, »
PouÉRE A BON DiEU, S. t., Ic petit fruit rouge de l'aubépine.
PouGNOTER, v. tr., carcsscr, dorloter : (( T'ain-mes donc ben
tant ]a. pougnoter, cet'e p'tiote? »
*PouRiE. Ajoutez : famille des solanées.
Quoique, prép., malgré : « 01 a ben été la d'mander à son
peire; quoique ça, j'crès pas trop qu'ça s'érange. » (V. Mau-
gré 'fue.)
*Quouneille. Rectifier dôdô en dâdô. — On peut faire
remarquer que dâdo est un terme enfantin, et qu'on ne
54
466 LANGAGE POPULAIRE \ERDUNO-CHALONNALÇ
l'emploie guère en parlant du lit d'une grande personne.
Mais la maman qu'on vient d'entendre ne s'est point
trompée; elle a dit cela en mère caressante et câline, et
qui, dans son fils à marier, aime à voir encore (( son p'tiot «^
C'est une nuance.
*Rate. Un mien ami, critique fin et l)ienveillant, m'a fait
une peur terrible à propos de ce mot : « Comment, m'écrit-il,
avez-vous pu faire imprimer ceci : La rate eut la femelle
du rat!.'! » Immédiatement j'ai voulu me rassurer, et,
sans chercher beaucoup, j'ai trouvé la phrase textuelle
dans Littré, Bescherelle, le comte Jaubert, Fouret, en ne
comptant ni La Fontaine, ni d'autres. Ces autorités
suffiront- eJ les à rassurer mon ami? — Autre point. J'aurais
pu, en traduisant Rate par Souris, dire que « souris »
s'applique plutôt à la souris de ville qu'à celle des champs.
Mais, tout cela mis de côté, qu'on veuille bien songer
qu'ici il n'est point question de faire de l'histoire naturelle,
et qu'on relate simplement les acceptions, justes ou non,
données chez nous à tel ou tel vocable.
Regiper (se), V. réfl., se crisper comme par l'action d'un
acide, et aussi se raidir contre une injonction quelconque.
Se démener, se débattre, sauter, regimber.
Berry, gipcr (danser). Bourg., f/'pcr, juper (folâtrer). Champ.,
giher (jouer des jambes). Fland., regibier (lutter), Morv.,
regiper. Poit. et Saint., giber (ruer).
RÉMIAULER, V. intr., se fâcher, murmurer. (V. Morgoner.)
^Ressembler. Ajoutez cet exemple : (( I me rssemhe que...,
pour : Il me semble que. » (V. Sembler.)
*Reûtoner. Ajoutez la forme : Reùt'ner.
Revoyôte (à la), loc, au revoir! « J'm'en vas dremî. Ben
l'bonsouér, peire Thouma. A la rh'oijbte!
*RoGNE, s. f. Ajoutez les acceptions : grimace, prétention :
« Faire sa rogne », prendre des airs.
LANGAGE POPULAIRE VEUDUNO-CIl ALONNAIS 467
Saône (en), loc. où l'on remarque la singulière suppression
de l'article : « AU' s'a jetée en Sciàne. » On ne dirait pas:
« Air s'a jetée en Doubs. »
*SArGE. Ajoutez : Cette coutume de la branche se retrouve
assez loin hors de chez nous. Walter Scott dit, dans Za
Inoncée de Lammernioor : « ]\x\ Ecosse, quand un homme
» n'épouse pas la personne à qui il faisait la cour, on dit
» vulgairement que cette jeune fille « porte la branche de
)) saule. )) Ce n'est plus la même nuance; là, il n'y a plus
de sauge; c'est bien le saule qui reste absolument. Cepen-
dant il ne semble pas y avoir ironie; il s'agit peut-être
d'une branche de saule pleureur. Cela symboliserait bien
la part que l'on prend à la peine. En tout cas, il y a des
analogies. — Est-ce en Ecosse, est-ce chez nous que la
coutume a commencé? et comment, d'un paj's, est-elle
allée ou venue dans l'autre?
Tant peu que peu, loc, si peu que peu : « Tant peu que peu
qu'ô travaille, ôl é tôjor seùr d'avouer fini. »
*Tendron. Ajoutez : Le nom semblerait dire, — est-ce
par antiphrase? — que cette racine n'est pas dure. Elle
l'est, au contraire, tellement que la charrue butte contre,
qu'elle lui fait obstacle et que, pour cela, on l'appelle
arrèie-hœuf.
Teûgner, v. intr. , lanterner, tourner autour du pot, même
sens que : Flairer la rneurette. Ce mot m'est communiqué.
Je l'aurais volontiers pris pour un synonyme do Tàgner.
.!<' lui laisse les deux acceptions.
Teùgnoû, s. m., celui qui icùf/ne.
TiAUME, s. m., petite baraque construite à l'arrière du bateau,
habitation des mariniers pendant les longs parcours sur les
canaux et les rivières.
*
*Tigner. Ajouter l'acception : peigner.
*T-i-PAS? Ajoutez cette autre forme : Es-pas! en prononçant
468 LANGAGE POPULAIRE VERDUNO-CHALONNAIS
fortement Vs du premier mot. Es- pas n'est autre que est-ce
pas {n'est-ce pas, privé de sa négation).
TÔLER, V. tr., couvrir de tôle. S'emploie plaisamment au
figuré, et l'on entend dire, en parlant d'un qui boirait du
feu : « 01 a l'palais tolé. »
Trop (de), loc. , trop : (( Eh ben! te n'vas donc pas vouer la
Jacôte? — Nenni, ma fi ! j'en ai ben cflrop. »
•■Veùrder. Ajoutez les acceptions : nettoyer, essuyer, frotter.
FIN
POSTFAG
Notre Inti'oduciion contient à pou près tout ce qu'il y
a d'important à dire sur ce Dictionnaire. Conçu d'abord
en des proportions restreintes, il a jour par jour pris
d'amples développements: aux multiples tableaux com-
paratifs des congénères se sont ajoutées successi-
vement des informations que les folkloristes ne seront
pas fâchés d'y trouver.
Dans nos exemples, avons-nous dit, on est sûi' d'en-
tendre parler et de voir agir notre pittoresque et sympa-
thique population.
Nous avons donc l'idée que ce Glossaire pourrait
presque, en une part appréciable, être un livre de lec-
ture. — ce qui n'est pas le propre de ces sortes d'ou-
vrages, que l'on ouvre pour s'assurer d'une expression
et que l'on referme aussitôt. Coutumes, traditions,
superstitions, couplets, proverbes, nous n'avons rien
laissé échapper de ce genre dès qu'un de nos vocables a
provoqué la citation. C'est là notre contribution au
folklore, et nous lui croyons quelque intérêt.
Un grand nombre de nos mots, d'un constant usage
oral, étaient jusqu'ici non imprimés et même non écrits.
Il nous a donc fallu, non sans tâtonnements, en établir
l'orthographe. Nous nous sommes acquitté de cette
tâche le plus rationnellement que nous avons pu.
L'aurons-nous fait sans retouches nécessaires f
Nous n'insistons pas davantage sur ces questions. Le
472
POSTFACE
but principal de ces dernières lignes est d'exprimer nos
remerciemenls pleins de cordialité aux cofripatriotes
qui ont bien voulu nous aider dans nos recherches. Ils
ont certainement enrichi notre ouvrage. Nous nous
félicitons donc du concours zélé des ami's Jeandet,
Damichel, Morin, Magnien, Légey etGaiiIin. ^ans leurs
précieuses communications, notre nomenclature n'eût
certainement pas été aussi complète.
Une fois muni de ces mots, par exemple, une autre
tâche nous incombait: celle de fournir a la sauce au
poisson». Travail laborieux et auquel je me suis pas-
sionné environ une quinzaine d'années. Mais de ce
labeur je ne me vante pas. Je l'ai accompli de monmieux
— c'était mon simple devoir, — et ça été avec un plaisir
infini. D'abord, point déjà entrevu, j'espère y avoir
donné un peu la couleur de notre cher petit pays;
ensuite, je me berce de l'idée d'avoir, selon mes forces,
comblé ou commencé de combler une lacune glosso-
graphique.
L'intention est louable. Que C{uelques-uns me sachent
gré de l'exécution, et je serai récompensé.
F. F.
ERRATA
Page 123, au mot DioNT,au lieu de è qui, suppi-imez la virgule
et lisez : c' qid.
Page 143, au mot Empoche, au lieu de coac, lisez : conèr.
Page 252, au mot M'amie (vx. fr.), au lieu de ma mie, lisez:
m 'amie.
CHALON-SUR-SAÔNE, IMP. DK L. MAHGEAU. — 30-5-96
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ricain, comique). Phonétique et commentaire, avec une intro-
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